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populisme - Page 14

  • Guider ou suivre le peuple ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Xavier Eman, cueilli sur A moy que chault ! et consacré aux limites du populisme, vues au travers de la révolte des Gilets jaunes. Animateur du site d'information Paris Vox et collaborateur de la revue Éléments, Xavier Eman a récemment publié un recueil de ses chroniques mordantes intitulé Une fin du monde sans importance (Krisis, 2016).

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    Guider ou suivre le peuple ?

    Au-delà des très efficaces et drolatiques « infiltrations » de la manifestation des « foulards hermès rouges », les discours tenus par les authentiques participants à cette déambulation macronienne se sont révélés glaçants de mépris social, d’égoïsme économique et de morgue bourgeoise.

    Il ne faut pas beaucoup d’imagination pour discerner, derrière ces « seniors » bien nourris et apprêtés, les grimaces hargneuses, postillonnantes d’imprécations génocidaires, des Versaillais de 1871 appelant à éventrer femmes et enfants afin d’éradiquer définitivement la « classe dangereuse » suante, puante, rebelle et bruyante.

    Il est d’ailleurs fort probable que le camp d’en face, bien qu’il nous soit actuellement plus sympathique, en ait tout autant à leur service, et que le triomphe hypothétique des « gilets jaunes » entraînerait les mêmes excès et les mêmes atrocités qu’à chaque fois que le peuple sans guide se transforme en foule populacière, ivre d’elle-même, vengeresse et hystérique (du massacre des frères de Witt à l'épuration, en passant par la décapitation du gouverneur de Launay et la place Loreto…).

    Ce qui est sûr, en tout cas, c’est que l’on est aujourd’hui en présence de deux groupes de population absolument antinomiques, exaspérés, vindicatifs et, semble-t-il, irréconciliables.

    Pourtant les deux constituent le « peuple » et ni l’un ni l’autre ne peut prétendre à la possession exclusive de cette appellation, le nombre n’entrant que secondairement en jeu puisque, à cette aune , le vrai et seul « peuple » serait, comme toujours, la masse des « attentistes », des « spectateurs », qui trouvent que les uns ont raison mais les autres pas complètement tort non plus.

    C’est d’ailleurs l’une des impasses (et même des dangerosités) du « populisme » : qu’une partie quelconque (même éventuellement majoritaire) de la société s’arroge arbitrairement le titre de « peuple », excluant, de fait, toutes les autres composantes qui ne se reconnaissent pas en lui.

    On se retrouve alors avec tous les ingrédients d’une véritable guerre civile, systématiquement induite par la lutte des classes lorsqu’elle portée à son paroxysme et contre laquelle se sont dressés les régimes organicistes et corporatistes de type fasciste. Contre la dictature du prolétariat, contre la tyrannie du Capital, la troisième voie nationale, sociale, identitaire, méritocratique et autoritaire qui ne peut se réduire à une simple soumission à la volonté majoritaire (si changeante, versatile, influençable et manipulable…), ou à un simple appel à une « démocratie directe » qui nous fera fusiller demain.

    Ce dont nous avons cruellement besoin, ce sont des élites dignes ce nom, pas l’éradication de celles-ci au nom d’un égalitarisme absurde et délirant. C’est la nature des barreaux de l’échelle des valeurs de la hiérarchisation de la société qui faut revoir, et non pas abattre celle-ci.

    Par réaction à l’abject mépris de l’oligarchie libéral envers nos compatriotes, nos parents et nos frères, ne sombrons pas dans la pire des démagogies « démocratico-populiste ». Non le peuple n’a pas toujours raison, et non la masse n’a pas vocation à se gouverner elle-même !

    Mais aux élites mondialisées, incultes, corrompues, vénales, arrogantes et perverties, substituons des élites enracinées, honnêtes, aimantes, altruistes et généreuses qui font passer le Bien Commun avant tout et sauront l’imposer malgré les modes et les aléas des mouvements d’opinions. Qu’elles aient des comptes à rendre bien sûr, mais qu’elles n’aient pas à soumettre chacune de leur décision à la roulette russe du vote !

    Nous avons besoin de chefs dignes de ce titre et de cette responsabilité, pas d’une extension du domaine de la Suisse…

    Xavier Eman (A moy que chault ! , 28 janvier 2019)

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  • L'Europe et le capitalisme...

    Les éditions Mimésis ont publié récemment un essai de Diego Fusaro intitulé L'Europe et le capitalisme - Pour rouvrir le futur. Philosophe italien, principal disciple de Costanzo Preve, Diego Fusaro est un des inspirateurs du programme populiste du Mouvement Cinq Etoiles (M5S) et  un des défenseurs du rapprochement entre ce mouvement et la Ligue.

     

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    " L’Union Européenne telle que nous la connaissons aujourd’hui est trop souvent présentée comme la réalisation parfaite de l’idée d’une Europe des peuples et de la liberté. Cet essai renverse cette perspective. Triomphe d’un capitalisme désormais absolu, la création de l’Union Européenne a pu révoquer l’hégémonie du politique. C’est ainsi que pour rouvrir le futur, défendre les peuples et le travail, il faut partir d’une critique radicale de l’Europe de l’euro et de la finance. La critique de Diego Fusaro, jeune et brillant philosophe italien, auteur déjà d’une dizaine d’essais qui ont contribué à alimenter le débat en Italie pendant ces dernières années de crise financière, franchit enfin la frontière européenne. "

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  • Italie, le laboratoire politique du populisme...

    Le nouveau numéro de la revue Éléments (n°176, février 2019 - mars 2019) est en kiosque !

    A côté du dossier consacré à l'Italie comme laboratoire du populisme, on retrouvera l'éditorial d'Alain de Benoist, les rubriques «Cartouches», «Le combat des idées» et «Panorama» , un choix d'articles variés, des entretiens, notamment avec Olivier Rey, Natacha Polony et Alain Finkielkraut, les chroniques de Xavier Eman, d'Olivier François, de Ludovic Maubreuil, de Laurent Schang, d'Yves Christen et de Slobodan Despot et l'anti-manuel de philosophie de Jean-François Gautier...

    Bonne lecture !

    Vous pouvez commander ce numéro ou vous abonner sur le site de la revue : http://www.revue-elements.com.

     

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    Éditorial           

    Éléments, mode d'emploi, par Alain de Benoist

    Agenda, actualités

    L’entretien

    Olivier Rey contre les humanoïdes associés, propos recueillis par Thomas Hennetier

    Cartouches

    Le regard d’Olivier François : Jean-Louis Kuffer, la passion de lire

    Une fin du monde sans importance, par Xavier Eman

    Léo Malet et André Héléna, les maîtres du roman noir français, par Pascal Esseyric

    Hayao Miyazaki l'enchanteur , par Ludovic Maubreuil

    Pierre-René Serna, dans la lignée de Philippe Muray, par Michel Marmin

    Champs de bataille : C'est beau un char la nuit, par Laurent Schang

    Bestiaires : Un dragon contre la société nomade, par Yves Christen

    Sciences

    Le combat des idées

    Entretien avec Natacha Polony : Marianne et les Gilets jaunes

    Sociologie des Gilets jaunes : la France des ploucs émissaires, par François Bousquet

    Pourquoi tant d'inégalités : la société ouverte et ses ravages, par Guillaume Travers

    Entretien avec David L'Epée : Vers une confluence des populismes

    Fabrice Grimal parie sur la radicalisation de la jeunesse, propos recueillis par David L'Epée

    La France périphérique en culotte courte, par Anne-Laure Blanc

    L'animalisme n'est pas un humanisme, par Alain de Benoist

    Pour ou contre le véganisme, par Benoît Labre et François Bousquet

    Le plaidoyer d’Alain Finkielkraut pour les animaux de ferme, propos recueillis par PascalEsseyric

    Steven Samson, un américain de la Rive gauche, propos recueillis par Olivier François

    Pascal Thomas reçoit Éléments, propos recueillis par Nicolas Gauthier

    Louis-Ferdinand Céline aux enfers, par François Bousquet

    Dossier

    Italie, le laboratoire politique du populisme

    Dans la tête de Matteo Salvini, par Antonio Rapisarda

    Italie, le pays du populisme intégral, propos recueillis par Alain de Benoist et pascal Esseyric

    Les migrants vus d’Italie, par Guiseppe Giaccio

    La CasaPound de l’intérieur : une Rome révolutionnaire, par David L'Epée

    Brève histoire de la musique alternative italienne, par Mario Marchal

    Rencontre avec Adriano Scianca : l’esprit corsaire

    Le syndicalisme italien : rencontre avec Paolo Capone

    Les fumetti neri, un antidote au politiquement correct, par Guillaume Travers

    Campo Hobbit, le Mai 68 de la « Destra » italienne

    Panorama

    L’œil de Slobodan Despot

    Rendez-nous le cash !, par Slobodan Despot

    Un païen dans l'église : La chapelle Saint-Martial de Jabrelles-les-Bordes, par Bernard Rio

    Philo : Qu'est-ce qu'un destin ?, par Jean-François Gautier

    L’esprit des lieux : Se perdre à Barcelone, par Ludovic Maubreuil

    C’était dans Éléments : Le capitalisme tue l'âme des peuples

    Éphémérides

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  • Jair Bolsonaro, populiste ultra-libéral ?...

    Nous reproduisons ci-dessous entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire, dans lequel il évoque l'arrivée au pouvoir au Brésil de Jair Bolsonaro... Philosophe et essayiste, directeur des revues Nouvelle École et Krisis, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Ce que penser veut dire (Rocher, 2017) et L'écriture runique et les origines de l'écriture (Yoran, 2017).

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    Alain de Benoist : le programme de Jaïr Bolsonaro est consternant !

    Élu président du Brésil en octobre dernier, avec plus de 55 % des suffrages, Jaïr Bolsonaro vient de prendre ses fonctions. La gauche, qui multiplie les anathèmes contre lui (homophobe, sexiste, raciste, etc.), parle d’une nouvelle poussée de « populisme » et dit que sa victoire réjouit tout ce que le monde compte de gens « de droite et d’extrême droite ». Vous en faites partie ?

    Pas du tout. Bolsonaro a certainement bénéficié de la vogue actuelle du populisme et capté le vote des classes populaires qui votaient auparavant pour le Parti des travailleurs, mais le populisme, je vous le rappelle, n’a pas de contenu idéologique précis. C’est seulement un style, une manière de faire se répondre l’offre et la demande politiques, et ce style peut se combiner avec des idéologies très différentes (Luiz Inácio Lula, l’ancien président, était lui aussi un « populiste »). La droite frétille toujours de façon pavlovienne quand elle entend dire qu’on va rétablir « la loi et l’ordre ». Le problème est que la loi peut être injuste et que l’ordre n’est souvent qu’un désordre établi.

    Je me garderai, bien sûr, de faire un procès d’intention à Bolsonaro. J’espère de tout cœur qu’il pourra mettre un terme à la corruption et ramener un peu de calme dans un pays où l’on enregistre 64.000 homicides par an (plus d’un demi-million en dix ans). Ce que je constate en même temps, c’est qu’il était avant tout le candidat des marchés financiers (la Bourse de São Paulo a bondi de 6 % au lendemain de son succès), des multinationales, à commencer par Monsanto, et du lobby des grands propriétaires terriens (la bancada ruralista), et que ce sont les églises évangéliques, contrôlées par les télé-évangélistes nord-américains et pétries de messianisme sioniste, qui lui ont apporté le soutien le plus décisif (ancien catholique, il s’est lui-même converti à l’évangélisme en se faisant symboliquement baptiser dans le Jourdain en 2016).

    Mais que lui reprochez-vous essentiellement ?

    J’ai écouté les diverses interventions de Bolsonaro et j’ai lu avec attention son programme, que je trouve à bien des égards consternant. Après avoir décidé de se retirer de l’accord de Paris sur le climat, il a annoncé la construction d’une nouvelle autoroute à travers l’Amazonie, l’ouverture à l’exploitation pétrolière et minière de territoires autochtones dont les habitants seront expulsés, et la promotion systématique de l’agriculture industrielle au détriment de la protection de l’environnement. Pour que les choses soient claires, il a d’ailleurs froidement supprimé le ministère de l’Environnement, dont les fonctions ont été transférées à celui de l’Agriculture, et annoncé la disparition du ministère de la Culture. Sur le plan social, il entend recourir à la privatisation quasi intégrale des entreprises publiques, installer un système de retraite par capitalisation des fonds de pension, alléger la fiscalité des groupes industriels les plus puissants, multiplier les exemptions d’impôts pour les tranches de revenu supérieures et réaliser une large dérégulation du secteur financier. S’il y a des gilets jaunes au Brésil, ils y trouveront difficilement leur compte !

    En politique internationale, Bolsonaro a adopté la même ligne que Donald Trump dans ce qu’elle a de plus contestable : transfert de l’ambassade de son pays de Tel Aviv à Jérusalem, soutien inconditionnel à l’Arabie saoudite et à Israël, méfiance vis-à-vis de l’Europe et hostilité envers la Chine et la Russie. À cela s’ajoute encore sa nostalgie avouée pour la dictature qui a régné au Brésil de 1964 à 1985, ce qui n’a rien pour me plaire. J’ai vu, dans le passé, s’installer un certain nombre de dictatures militaires, des colonels grecs aux généraux argentins en passant par Pinochet et ses « Chicago Boys ». Je les ai trouvées plus lamentables les unes que les autres.

    On présente pourtant Bolsonaro comme un nationaliste…

    Plus qu’un nationaliste, ce personnage, humainement assez creux et dénué de scrupules, est en réalité, tout comme Macron, un libéral. Il suffit de voir son entourage. L’homme fort de son gouvernement, qui cumule à lui seul cinq portefeuilles de ministres, est Paulo Guedes, cofondateur de la banque d’affaires BTG Pactual, un ultralibéral formé à l’école de Chicago, ancien élève de Milton Friedman, qui a également fondé l’Institut Millenium, d’orientation libertarienne et pro-pesticides, avant de sévir sous la dictature militaire chilienne. Le ministre des Affaires étrangères, Ernesto Araújo, est un diplomate anti-écologiste lié aux intérêts de l’agro-business. Le ministre de l’Agriculture, Tereza Cristina, est la représentante de la bancada ruralista. Le ministre de l’Éducation, Ricardo Vélez Rodriguez, un Colombien naturalisé brésilien, est un disciple d’Antônio Paim, ancien intellectuel communiste devenu aujourd’hui ultralibéral. Et leur gourou commun, Olavo de Carvalho, est un « penseur » résidant aux États-Unis où il propose des cours de philosophie « online ».

    Tout cela est, pour moi, rédhibitoire. Par principe, je ne cautionnerai jamais un virage à droite qui s’accompagnerait d’un retour en force du libéralisme.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 11 janvier 2019)

     

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  • La nature dominante...

    Les éditions Plume de carotte ont récemment publié un recueil de textes de Jack London sous le titre La nature dominante. Aventurier et auteur authentiquement populiste, Jack London (1876-1916), comme l'écrit Falk van Gaver dans un récent numéro d’Éléments, a sillonné le monde des hommes et les solitudes du Grand Nord, ne cédant jamais, ni sur sa part de liberté, ni sur sa part d'humanité.

     

     

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    " Jack London (1876-1916) voit le jour à San Francisco. En 1890, faute de moyens financiers, il doit quitter l'école et intégre une conserverie d'Oakland. Mais il a eu le temps de se passionner pour la lecture et rêve en lisant Herman Melville, de mer et de bout du monde. Il tente très vite de devenir écrivain, accumule les métiers, et surtout, voyage.
    À 17 ans, il devient chasseur de phoque au Japon, découvrant l'univers marin de ses lectures. Puis, quatre ans plus tard, il se tourne vers le Nord, attiré par l'or du Klondike en Alaska. Mais la vie est rude dans " ce pays où le whisky gèle et peut servir de presse-papiers durant une bonne partie de l'année ". Entre deux ascensions de cols impossibles, il côtoie de frustes trappeurs et éleveurs de chien, observant un concentré de comédie humaine. Revenu sans or, il est cependant riche de ses histoires où hommes et bêtes luttent pour la vie dans une nature impitoyable avec son sol gelé en profondeur et ses tempêtes de neige fréquentes.
    Dans ce cadre hostile et dur, ses romans sont des récits d'aventure teintés d'humanisme et d'entraide face à un capitalisme sans âme et des éléments déchaînés. La dernière partie de sa vie est plus paisible. Il achète un ranch dans la vallée de la Lune, une région de vignes et de séquoias qu'il découvre lors de longues promenades à cheval, appréciant une nature accueillante et des bonheurs simples. "

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  • Vox : vers la fin de la « gauchisation » de l’Espagne ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un article d'Alexandre Pallares, publié en octobre 2018 sur le site de L'Incorrect et consacré à Vox, le mouvement populiste identitaire espagnol. La récente percée électorale de ce mouvement aux élections régionales en Andalousie confirme pleinement l'analyse de l'auteur.

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    Vox : vers la fin de la « gauchisation » de l’Espagne ?

    Palais de Vistalegre, à Madrid, 7 octobre 2018 : 10.000 personnes ! Le même lieu où, il y a quelques années désormais, Pablo Iglesias, le leader de la gauche populiste espagnole, avait fait son entrée dans le jeu politique espagnol. Cependant, changement d’ambiance. Le numéro deux du parti, le combatif Javier Ortega Smith, donne le ton : il tient à rappeler que ce même 7 octobre, en 1571, se déroulait la bataille de Lépante où la flotte de la Sainte-Ligue, parmi laquelle les Espagnols étaient légion, vainquit la flotte turque et mit par conséquent fin à l’expansion de l’empire ottoman.

    Il faut dire que l’irruption de Vox dans le paysage politique arrive au moment où, de l’extérieur, l’Espagne donnait la sensation d’avoir oublié son passé glorieux et conquérant, laissant place à la religion du « progressisme » de gauche, du féminisme radical et déconnecté, de l’accueil des migrants, du reniement de son histoire et de la culpabilisation. Les revendications indépendantistes et les scandales de corruption achevaient la moindre pensée optimiste pour l’avenir ibérique. C’est pourtant « grâce » à cette rapide plongée dans les abysses que Vox, inconnu par la majorité des Espagnols il y a encore un an, est parvenu en quelques mois à se faire une petite place à côté des grands d’Espagne.

    Dans un premier temps, par le biais d’un service juridique hyper-réactif, qui traqua le moindre faux pas du gouvernement pendant la crise indépendantiste en Catalogne, il y a de ça un an. Ils avaient notamment réussi à amener le gouvernement catalan devant les tribunaux suite au référendum illégal organisé, incarnant ainsi une défense intransigeante de l’unité de l’Espagne. Première visibilité médiatique, bien qu’encore assez timide.

    Deuxième fait majeur : la crise de l’Aquarius en juin 2018. L’Italie ayant montré sa ferme opposition au débarquement de l’Aquarius (et des bateaux de passeurs en général) sur ses côtes, le tout récent gouvernement espagnol socialiste l’accueillait à Valence à bras ouverts, dans la naïveté la plus totale. Là encore, alors que les partis de droite et du centre (Parti Populaire et Ciudadanos) se soumettaient au politiquement correct en ne prenant pas clairement position afin de ne pas s’attirer les foudres du gauchisme médiatique, Vox fut le seul mouvement à s’opposer très clairement à l’accueil de l’Aquarius. Là encore, Vox, qui jusqu’alors combattait principalement sur le terrain des racines catholiques espagnoles et de l’unité de l’Espagne, ajouta une forte dimension identitaire par le biais de la défense des frontières face à ce que Vox appelle une « invasion » venant du continent africain. Et de très nombreux Espagnols, par-delà les sociologies catholique et conservatrice, sont de plus en plus sensibles à ce thème qui était jusqu’alors assez secondaire sur la péninsule.

    Depuis des mois, Vox se mobilise et annonce aujourd’hui plus de 10.000 adhérents, contre 3.000 à la même époque l’an dernier. Le meeting du 7 octobre prenait un air d’officialisation du parti, qui tenait à signifier aux autres qu’il faudra désormais compter avec Vox, qui n’est qu’à son début d’ascension (les sondages les placent entre 2 et 3% pour les européennes), mais qui surtout obtiendraient des députés aussi bien au Parlement Européen en 2019 comme au Parlement national en 2020. Les médias mainstream espagnols ne s’y sont d’ailleurs pas trompés : depuis dimanche, Vox est cité sur toutes les chaînes de télévision, radios, journaux, comme le nouveau parti populiste en vogue, qui a su rompre avec le ringardisme des franco-franquistes sur la droite de l’échiquier.


    Santiago Abascal, président de Vox, qui n’apprécie guère que l’on considère Vox comme un « parti » mais davantage comme un « outil », avait prévenu ses sympathisants lors de ce même congrès : « désormais, on vous traitera de fachos, de racistes, de xénophobes, de rétrogrades ». Il est vrai qu’en s’ouvrant un espace médiatique, Vox s’est naturellement fait des ennemis parmi les médias qui ont enfin un adversaire de choix sur qui taper.

    Abascal a d’ailleurs mis en garde le centre-droit contre l’argument du fameux « vote utile » qui fait son apparition en Espagne quelques décennies après sa naissance en France…En rappelant que le centre-droit espagnol n’a pas (plus ?) le courage d’affronter le politiquement correct et que jamais ils n’avaient remodelé ce qu’avait instauré la gauche au pouvoir, les traitant de « lâches » à plusieurs reprises. Ainsi, il leur est par exemple vivement reproché de n’avoir pas supprimé la stalinienne « Loi de la Mémoire Historique », sorte de loi Gayssot qui donne une dimension morale à la Guerre Civile espagnole, où naturellement le bord de gauche est le « gentil » et celui de droite le « méchant », dans la plus pure tradition revancharde et passéiste de la gauche espagnole.

    Là encore, le positionnement de Vox qui s’oppose ouvertement à cette loi plaît puisqu’il est question de supprimer toute idéologie juridique et de ne pas rouvrir les plaies du passé, passe-temps favori de la gauche espagnole. Sur cet aspect, un bon nombre d’Espagnols sont favorables à cesser d’utiliser le passé comme argument moralisateur au XXIe siècle.

    Les électeurs déçus du Parti Populaire, qui représentent la majorité des actuels électeurs de Vox (qui pourraient également provenir du très variable parti centriste Ciudadanos), apprécient globalement le programme axé autour de l’unité de l’Espagne, de la défense de l’identité espagnole par la maîtrise de ses frontières, de la liberté économique par la défense des commerçants et entrepreneurs, et surtout l’espoir de voir enfin émerger une force politique qui mettra fin aux délires idéologiques de la gauche au pouvoir, face à laquelle le centre-droit semble idéologiquement paralysé.

    L’ascension électorale de Vox étant quasiment inéluctable, il reste désormais à observer s’ils parviendront à remplacer le Parti Populaire en suivant les exemples des partis populistes de droite en Europe (comme l’Afd en Allemagne, la Lega en Italie ou le RN en France) , ou bien s’ils seront annihilés par le Parti Populaire qui pourrait leur proposer des accords électoraux avant que le bébé Vox ne devienne adulte, et ainsi les tuer dans l’œuf.

    Alexandre Pallares (L'Incorrect, 12 octobre 2018)

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