Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

oligarchie - Page 22

  • Circus politicus !...

    Les éditions Albin Michel viennent de publier Circus politicus, une enquête des journalistes  Christophe Deloire et Christophe Dubois consacrée au système de domination que l'hyperclasse met en place progressivement. Un ouvrage intéressant et utile destiné au grand public, mais qui, curieusement, omet de citer le travail remarquable d'investigation accompli sur ce sujet par Emmanuel Ratier avec sa lettre bimensuelle d'informations Faits&Documents...

     

    Circus politicus.jpg

    "Circus politicus révèle les dessous d’un véritable « putsch démocratique », une tentative de neutralisation du suffrage universel par une superclasse qui oriente la décision publique. Il montre comment le Pouvoir a capitulé devant les puissances financières. Il dévoile les stratégies de double discours et d’hypocrisie française entre Paris et Bruxelles. Histoires, anecdotes, preuves, documents… tout dans ce livre tend à démontrer que les Indignés ont raison de réclamer une « vraie démocratie » ! Entrons dans ce Circus politicus où le peuple est jugé dangereux et la démocratie archaïque. Nous voici dans les réunions ultra secrètes des Conseils européens où tout se joue, dans les coulisses, dans de mystérieux clubs d’influence où les banquiers américains expliquent la vie à nos politiques, dans les officines et les bureaux d’agents secrets…
    La France est sous la tutelle d’un pouvoir aveugle. La souveraineté, nationale ou européenne, n’est plus qu’une image pieuse entretenue par des « idiots utiles ». Une enquête inédite, iconoclaste qui fait surgir une réalité qu’il vaudrait mieux affronter plutôt que de la nier."

    Lien permanent Catégories : Livres 0 commentaire Pin it!
  • Des médias en servitude ?...

    La fondation Polémia poursuit son travail d’analyse du phénomène médiatique. Après La tyrannie médiatique, le Dictionnaire de novlangue et le Dictionnaire de la réinformation, elle vient de publier Les médias en servitude. Il s’agit d’une étude serrée de la médiaklatura, cette centaine d’hommes et de femmes qui donnent le la à l’opinion, cette sainte alliance du trotskysme de salles de rédaction et du capitalisme financier.

    L'ouvrage est disponible gratuitement à la lecture ou au téléchargement (format PDF - cliquer ici). Il peut aussi être commandé en version papier (15 € franco de port) à :

    Polémia, 60 ter rue Jean-Jacques Rousseau, 92500 Rueil-Malmaison

     

     

    medias en servitude.jpg

     

    "En principe la France est une démocratie.

    Le suffrage y est libre. Le suffrage, sans doute, mais en est-il de même de l’information des électeurs?

    Assurément non ! Les médias asservissent et ils sont eux-mêmes asservis aux grandes puissances financières.

    Derrière une façade de diversité, les grands médias scénarisent l’actualité selon la même grille de lecture, celle de l’idéologie unique qu’ils partagent : laisser-fairisme et libre-échangisme économique, cosmopolitisme et sans-frontiérisme, rupture de la tradition et révolution des mœurs. C’est la sainte alliance du trotskysme de salles de rédaction et du capitalisme financier. L’union des milliardaires et de la médiaklatura.

    Le propos peut paraître polémique. Mais les faits accumulés dans cette étude, réalisée avec la collaboration de Claude Lorne, montrent, hélas, comment un tout petit nombre d’hommes a accaparé le contrôle des grands médias français.

    Voici quels sont les acteurs majeurs de cette prise de pouvoir sur les esprits :

    • – les banques : cinq d’entre elles siègent au conseil d’administration de Bouygues, propriétaire de TF1 ; Rothschild contrôle Libération ; Lazard siège au Monde ; et le Crédit Agricole et le Crédit Mutuel se partagent la Presse quotidienne régionale (la PQR) à l’est d’une ligne Amiens/Marseille ;
    • l’industrie du luxe et les grandes fortunes : Bernard Arnault, Serge Dassault, François Pinault, Martin Bouygues, Vincent Bolloré, Arnaud Lagardère, Claude Bébéar sont omniprésents;
    • – les grandes agences de communication et de publicité : Euro RSCG de Stéphane Fouks et Publicis de Maurice Lévy sont au cœur des stratégies d’influence adossées à de puissants budgets ;
    • les paladins de « l’antiracisme » : Louis Schweitzer (la Halde), Pierre Bergé (SOS-Racisme), Bernard-Henri Lévy donnent le ton ;
    • – les grands éditocrates : Erik Israelewicz, Laurent Joffrin, Nicolas Demorand, Denis Olivennes ont un rôle clé, celui d’assurer la cohérence entre les bailleurs de fonds et les soutiers de l’information.

    En tout une centaine d’hommes dirige la machinerie qui règne sur les esprits. Il n’y a pas de chef d’orchestre clandestin. Mais tous ou presque participent au lieu de pouvoir le plus sélect de la classe dirigeante française : le Club Le Siècle. Cette classe dirigeante française n’a plus aujourd’hui ni vision nationale ni conscience européenne et n’est plus que la section française de la Superclasse mondiale (SCM).

    Notre société est de plus en plus exigeante en matière de transparence. Cette transparence doit aussi s’appliquer aux médias : leurs auditeurs et leurs lecteurs, qui sont aussi des électeurs, doivent savoir d’où ils parlent pour connaître les arrière-plans financiers, commerciaux, idéologiques ou communautaires qui structurent leurs prises de position et qui expliquent la disparition de tout véritable esprit critique.

    Ecartant toute polémique inutile, Polémia se borne à rassembler des faits. Des faits qui éclairent d’une lumière vive la médiaklatura."

     

    Au sommaire :

    1 Les médias tyranniques… mais eux-mêmes asservis


    2 M comme Milliardaires… et comme Médiaklatura


    3 Lagardère ou les missiles de l’information-désinformation


    4 OPA bancaire sur la presse régionale


    5 Libération, de l’anarchisme à… la banque


    6 Avec le « trio BNP », la fin du Monde ?


    7 Un très mauvais Bergé


    8 Xavier Niel, ou quand le porno mène à tout


    9 Pour Matthieu Pigasse, Le Monde, tremplin vers l’Elysée ?


    10 Louis Schweitzer, paladin de l’antiracisme et roi des cumuls


    11 La face cachée de BHL


    12 « Pure Players » ou purs désinformateurs ?


    13 Gros argent et corruption de mineurs : la preuve par Gulli et Skyrock


    14 TF1 ou comment rendre les cerveaux disponibles


    15 La publicité au service de la « diversité »


    16 Publicité et politique : la chute de DSK, une catastrophe industrielle


    17 L’opinion manipulée par les sondages


    18 Les hommes du Siècle au coeur du pouvoir


    19 Qui dirige l’information ? L’oligarchie mondiale et ses mercenaires hexagonaux

    Lien permanent Catégories : Décryptage, Livres, Manipulation et influence 0 commentaire Pin it!
  • Le soulèvement ou l'effondrement...

    Vous pouvez regarder ci-dessous une intervention particulièrement percutante de l'économiste hétérodoxe Frédéric Lordon à l'occasion d'une table-ronde organisée par l'association ATTAC.


    "Leur dette, notre démocratie" : Frédéric Lordon par BTrenaissance

    Lien permanent Catégories : Economie, Multimédia, Points de vue 1 commentaire Pin it!
  • L'oligarchie des incapables...

    Les éditions Albin Michel publient cette semaine une nouvelle enquête de Sophie Coignard et de Romain Guibert, intitulée L'oligarchie des incapables. Après La Nomenklatura française (1986) et L'omerta française (1999), une enquête de plus sur les turpitudes de nos maîtres et de leurs laquais... En cette année électorale, il reste à espérer que le livre sera lu et que des conclusions en seront tirées...

     

     

    Oligarchie des incapables.gif

    "Ils monopolisent les postes les plus importants, cumulent les privilèges et font de l'argent leur principale passion.
    Ils se servent de l'Etat pour aider leurs amis, fabriquent des lois sur mesure pour leur bon plaisir et laissent le pays aux mains de bandes rivales. Patrons, hauts fonctionnaires, élus ou experts, ces oligarques nous gouvernent avec un mélange d'incompétence et de lâcheté. Après L'Omerta française, Sophie Coignard dont les enquêtes font trembler le monde politique et Romain Gubert, journalistes au Point, nous révèlent vingt ans de compromissions et d'affaires cachées, qui ont permis à une caste de maintenir son règne malgré ses échecs répétés.
    En toute impunité."

    Lien permanent Catégories : Livres 2 commentaires Pin it!
  • Gianluca et Nordine : un exexemple de manipulation de l'information...

    Dans cet article cueilli sur Polémia, Michel Geoffroy revient sur le traitement de deux faits divers sanglants qui se sont déroulés le même jour...

    Nordine et Gianluca.jpg

     

    Gianluca et Nordine ou Comment les médias de l'oligarchie travestissent deux atroces faits divers

    Gianluca Casseri tue au pistolet deux Sénégalais, vendeurs à la sauvette, et en blesse trois, dont un grièvement, sur les marchés de Florence. Cerné par la police, il se suicide ensuite. Gianluca est italien et son crime est « raciste », d’autant qu’il est déclaré proche de Casa Pound. Le quotidien La Repubblica le qualifie d’ailleurs de « tueur néofasciste » (Les Echos du 15 décembre 2011).

    Nordine Amrani, Belge d’origine marocaine, après avoir lancé des grenades, tue au fusil d’assaut quatre personnes sur le marché de Noël de Liège, dont un bébé de 17 mois, et fait 125 blessés dont 5 sont en état critique à la date du 15 décembre. Il se suicide ensuite.

    Vous pensez peut-être que si ces deux crimes sont odieusement comparables, celui de Nordine est plus grave par son ampleur que celui de Gianluca? Voilà un crime de la pensée !

    Car ce n’est pas du tout le cas pour les médias, au contraire.

    Un crime raciste ou une tragédie ?

    Pour la presse, en effet, le crime de Nordine n’est qu’une « impensable tuerie… une tragédie qui demeure inexplicable » (Le Parisien du 14 décembre 2011) mais pas du tout un acte raciste. Car après tout ce n’est qu’un Belge qui tuerait d’autres Belges. D’ailleurs, la police belge indique immédiatement que le criminel n’avait « aucun lien avec une idéologie extrémiste ou avec le terrorisme islamiste » (Le Monde du 15 décembre 2011).

    Ouf ! On respire ! Pas d’amalgame : ce n’est qu’un banal « tueur de masse », un « suicide extraverti » (sic) (Le Monde du 15 décembre 2011). S’il avait tué des Sénégalais cela aurait peut-être été différent, mais ce n’est pas le cas. En plus, ce Nordine serait « mystérieux ». La police belge voudrait « tenter de comprendre » son geste (Le Parisien du 15 décembre 2011). Ah les braves gens !

    Par contre, Gianluca n’est pas mystérieux du tout : on nous dit tout sur lui, qui serait « un néofasciste silencieux et solitaire diplômé en comptabilité » (La Repubblica). On nous précise même le type et le calibre de l’arme qu’il a utilisée : 357 magnum et Smith & Wesson 44. Sans doute pour nous le présenter comme un émule de l’Inspecteur Harry, flic brutal et plutôt « réac » incarné au cinéma par Clint Eastwood.

    Tout est normal

    On est quand même obligé de nous dire que Nordine, outre un passé judiciaire chargé et l’imputation d’un autre crime, cachait chez lui un impressionnant stock d’armes de guerre.

    Mais il ne faut pas s’inquiéter. Comme le dit la presse avec ingénuité il « n’a jamais donné la moindre indication sur la destination de ces armes » (Le Parisien du 14 décembre 2011). D’ailleurs, pour les médias l’affaire est entendue : il « collectionnait les armes » (Les Echos du 15 décembre 2011). Donc pas de problème : ce n’est pas un terroriste mais un simple collectionneur de grenades, de fusils d’assaut, de pistolets automatiques avec silencieux qu’il confectionnait lui-même d’ailleurs, par amour de la chose. Tout ce qu’il y a de plus normal.

    Il semble toutefois que Gianluca était un plus petit collectionneur que Nordine, puisque lui ne disposait que de deux pistolets.

    Pourquoi ?

    On nous dit que les Belges se demandent « pourquoi ». Vraiment ?
    Mais quelles sont en effet les motivations du criminel ?

    Pour Gianluca la réponse est simple : c’est un raciste car on nous dit qu’il a crié « Nègres, c’est votre tour ». Pas la peine d’aller plus loin ni en particulier de s’appesantir sur les raisons qui auraient pu le conduire à agir.

    Pour Nordine, par contre, la réponse est différente : on ne sait pas s’il a crié. Mais surtout c’est une victime. En effet, par le truchement de « l’un de ses avocats » (Le Monde du 15 décembre 2011) on nous dit qu’il se sentait « harcelé » par la police (Le Monde du 15 décembre 2011). L’explication est ensuite reprise en chœur par les médias. S’il a agi ainsi c’est parce qu’il « était inquiet de retourner en prison, ce qui pourrait expliquer ce geste fou » (Le Parisien du 15 décembre 2011). La prison belge étant, comme chacun le sait, vraiment terrible, on tremble en effet rétrospectivement pour Nordine…

    Décodons

    Cette affaire démontre une fois de plus la façon dont les médias de l’oligarchie traitent inégalement des faits criminels, selon l’identité des auteurs et des victimes.
    Car dans ces deux affaires il y a une différence essentielle qui n’a échappé à personne : Nordine est un « Belge d’origine marocaine » qui a tué des Européens et Gianluca un Italien de souche qui a tué des Africains.

    Or, pour l’oligarchie, par construction une personne d’origine immigrée est une victime, jamais un coupable. Si on ne peut cacher qu’elle commet un crime – ce que les médias font le plus souvent – on le transforme alors en « tragédie incompréhensible », formule abstraite destinée à rendre plus floue la dure réalité des faits. Il va de soi en outre qu’une personne d’origine immigrée ne saurait être qualifiée de « raciste », puisque l’oligarchie cherche à nous persuader, d’une part, que l’immigration est un chance pour nous et que, d’autre part, seuls les Européens de souche sont « racistes et xénophobes ». Car il faut délégitimer par tous les moyens l’inquiétude identitaire qui monte partout en Europe.

    Les médias font donc tout leur possible pour éviter de rapprocher des informations qui dresseraient de Nordine un tout autre portrait que celui, bisounours, qu’ils veulent nous présenter : celui d’un criminel endurci, en possession d’armes de guerre, qui a froidement prémédité son acte, accompli sur un marché de Noël.

    On suggérera modestement aux fins limiers belges qui se sont saisis du dossier de Nordine de se demander si cette « impensable tuerie » (titre du Parisien du 14 décembre 2011) ne serait pas tout simplement un attentat kamikaze.

    Michel Geoffroy (Polémia, 15 décembre 2011)

    Lien permanent Catégories : Décryptage, Manipulation et influence, Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Une colère sourde...

    Nous reproduisons ci-dessous un article particulièrement éclairant, publié dans le quotidien le Monde daté du 7 décembre 2011 et consacré à la colère des classes moyennes qui sont frappées de plein fouet par la crise et l'insécurité...

     

    classe moyenne 2.png

     

    La colère sourde des français "invisibles"

    Les politologues sont convaincus que la clé de l'élection de 2012 est détenue par une population rurale et périurbaine. Exposée à la mondialisation et abandonnée par la démocratie.
     
    La société française se fissure, une partie fait le constat d'un " abandon démocratique ".
    C'est la " France des invisibles ", la " France d'à côté ", celle qu'on n'entend pas, dont on ne relaie pas les colères et qui se sent de moins en moins représentée. Avec des outils d'analyse différents, des sociologues, des géographes, des politologues et des spécialistes de l'opinion travaillant pour des institutions différentes et parfois concurrentes arrivent au même diagnostic. A cinq mois de l'élection présidentielle, ils partagent la même conviction : la clé de l'élection se trouve dans la réponse que les candidats sauront apporter à cette partie de l'électorat, de plus en plus nombreuse, qui oscille entre colère sourde et résignation rageuse.
    " Une rupture d'ordre existentiel  s'est produite ", affirme le sociologue et sondeur François Miquet-Marty, qui vient de publier Les Oubliés de la démocratie (Michalon, 304 p.). Des franges de plus en plus larges de la population ont le sentiment que ce qu'elles vivent n'est relayé par personne. Alain Mergier fait le même constat. En 2006, cet ancien professeur de sémiologie avait publié, avec le sociologue Philippe Guibert, une enquête sur les milieux populaires dont le titre avait marqué les esprits : Le Descenseur social (Plon, Fondation Jean-Jaurès). Cinq ans plus tard, le regard qu'il porte sur la société française est beaucoup plus inquiétant. Plus que jamais, explique-t-il, s'est installée l'idée que " deux France suivent des chemins opposés ".
    L'image n'est plus, comme il y a encore quelques années, celle d'une " société à deux vitesses ", dont une partie profiterait plus que l'autre des fruits de la croissance. Désormais, " une partie de la société a le sentiment qu'elle fait marche arrière parce que l'autre fait marche avant ", explique M. Mergier. Comme si le bonheur des uns ne pouvait passer que par le malheur des autres.
    Ce sentiment de " faire marche arrière ", combien sont-ils au juste à le partager ? " Jusqu'au milieu des années 2000, on pouvait dire que c'était l'apanage des milieux populaires ", répond M. Mergier. Grosso modo la France du " non ", celle qui avait voté non aux référendums européens de 1992 et 2005, parce qu'elle se sentait perdante dans la mondialisation. " Aujourd'hui, une partie des classes moyennes est touchée ", ajoute-t-il, tout en convenant qu'une définition socio-économique est insuffisante.
    Plus encore que le niveau de revenu en tant que tel, c'est l'image que se font les individus de leur place dans la société qui importe. " La puissance des marchés a engendré un malaise existentiel et diffusMême certains cadres sont touchés : ils ont le sentiment de subir aujourd'hui une perte de leur valeur personnelle, car l'obligation de rentabilité à court terme remet en cause leur travail ", explique M. Mergier.
    Pour cerner les contours de cette société hantée par la perte d'identité et la crainte du déclassement, Christophe Guilluy dessine des cartes. Coauteur d'un Atlas des nouvelles fractures sociales (Autrement, 2004), ce géographe distingue deux France. La première est celle des " 25 grandes métropoles qui profitent de la dynamique de la mondialisation ". Elles vivent un double phénomène d'embourgeoisement et d'immigration. La seconde France inclut l'essentiel du monde rural et périurbain, mais aussi de très nombreuses villes moyennes, touchées par la désindustrialisation et les plans sociaux à répétition.
    Selon M. Guilly, cette " France périphérique ", caractérisée par " une part plus importante des ouvriers et des employés dans la population, un taux de chômage et d'emploi partiel supérieur à la moyenne nationale et un revenu moyen inférieur au revenu médian ", concentrerait environ 65 % de la population. Elle accueille des natifs, mais aussi des migrants qui n'ont pu trouver leur place dans les grandes métropoles.
    L'Ouest, par exemple, a connu récemment d'importants mouvements de population, mais " c'est une géographie qui va se figer, car les logiques foncières sont très fortes : une fois que vous avez quitté la ville, vous n'y revenez plus ", explique le géographe. C'est la raison pour laquelle il ne croit plus à la notion de classes moyennes. " On assiste à la réémergence des classes populaires, à qui on répète depuis vingt-cinq ans qu'elles vont profiter de la mondialisation et qui, en réalité, sont en situation de précarité sociale, éloignées des endroits importants et de l'offre scolaire la plus qualifiée. Si l'usine du coin ferme, elles dégringolent. La crise valide leur crainte de la mondialisation ", ajoute Christophe Guilly qui, comme Alain Mergier, fait partie des auteurs du récent Plaidoyer pour une gauche populaire (sous la direction de Laurent Baumel et François Kalfon, Le Bord de l'eau, 118 p.).
    Que fera, en 2012, cette " France qui se sent reléguée, à tous les sens du terme " ? Pour qui voteront ces quelque 40 % d'électeurs qui affirment aujourd'hui ne se reconnaître ni dans la gauche ni dans la droite ? Le vivier est stratégique : si elles ne sont pas reconquises, ces quelque 16 millions de voix peuvent se réfugier dans l'abstention ou le vote Front national. Anne Muxel, chercheuse au Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof), rappelle que les cinq dernières élections - législatives de 2007, municipales de 2008, européennes de 2009, régionales de 2010 et cantonales de 2011 - ont enregistré des records d'abstention. Bouder les urnes devient de plus en plus une façon de sanctionner l'offre politique.
    Cependant, depuis le choc du 21 avril 2002, plus personne ne sous-estime le pouvoir d'attraction du Front national dans l'électorat populaire. Son haut niveau aux cantonales de mars - y compris dans certains secteurs de cette France de l'Ouest où le FN était jusque-là inexistant - est souligné par tous les observateurs. " Politiquement, il s'est produit quelque chose dans cet électorat, un point de rupture ", soulignent Alain Mergier et Jérôme Fourquet qui, par des chemins différents, en sont arrivés à la même conclusion : pour une partie de l'électorat populaire, le vote FN n'est plus un vote de sanction ou d'avertissement mais un vote d'adhésion (Le Point de rupture, Fondation Jean-Jaurès, 86 p.)
    C'est que la crise de la dette a un effet ravageur : elle sape la légitimité des gouvernants qui semblent courir derrière les marchés. Elle n'est pas appréhendée par le biais des discours politiques mais à travers l'expérience personnelle du surendettement. " L'idée prévaut que c'est une dette pharaonique, qui ne peut trouver de solution dans le cadre économique actuel.  Pour rompre le noeud, il faut trancher. Pour beaucoup, cela passe par la sortie de l'euro ", observe M. Mergier. Chez les ouvriers et les employés, plus de la moitié des électeurs souhaite la disparition de la monnaie unique, alors que ce sentiment n'est partagé que par un tiers de l'ensemble de l'électorat.
    Des entretiens réalisés par Alain Mergier, mais aussi de la récente enquête publiée par François Miquet-Marty, un mot surnage : l'insécurité. Physique, économique, identitaire, liée au vécu et, tout aussi important, à la conviction qu'il s'est produit une rupture dans les règles du jeu. " Quand vous n'avez pas de réseaux, la notion de règle du jeu est vitale, explique M. Mergier. Elle renvoie à la question des habitudes qui, lorsqu'elles sont brisées, induisent la menace de l'imprévisible. "
    C'est parce qu'ils ont l'impression que les règles du jeu sont faussées que " les milieux populaires  détestent  les profiteurs du bas, ceux qui trichent avec les prestations sociales et qui travaillent au noir ", explique le chercheur. Et c'est parce qu'ils ont l'impression de subir un processus de destruction des règles de vie commune que " le terme le plus porteur dans leur discours est celui d'islamisation, qui renvoie à la peur d'une hégémonie ", assure M. Mergier. " Les milieux populaires sont ceux qui ont été les plus exposés à la mondialisation et au multiculturalisme. Or on ne les a pas armés pour ", confirme M. Guilluy.
    Pour les candidats qui veulent reconquérir l'électorat populaire, la conjugaison de la question identitaire et de la question sociale est redoutable, car celle qui fait le lien entre les deux problématiques est précisément Marine Le Pen. " Elle colle à la demande. Elle a calé son programme sur la nouvelle sociologie du FN. Elle est passée du libéralisme à l'étatisme ", constate M. Guilluy. Dans la revue Etudes, Dominique Reynié, directeur général de la Fondation pour l'innovation politique (proche de l'UMP) et auteur du livre Populismes, la pente fatale (Plon, 280 p.), qualifie le discours de la présidente du FN d'" ethno-socialiste ".
    " La question de l'extrême droite n'est pas seulement une question politique posée à la droite, c'est aussi une question sociale posée à la gauche ", confirme Pascal Perrineau, directeur du Cevipof, qui insiste sur le parallélisme avec l'évolution des extrêmes droites européennes. " Le protectionnisme culturel s'est prolongé d'un ralliement au protectionnisme économique et d'une remise en cause du credo néolibéral du début ", dit-il. Pour M. Miquet-Marty, " le grand danger de la période a un nom : le populisme ".

    Françoise Fressoz et Thomas Wieder ( Le Monde, 7 décembre 2011)
     
     
     
       
    Lien permanent Catégories : Points de vue 1 commentaire Pin it!