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occident - Page 8

  • Spengler, l'homme des faits...

    Les éditions de La Nouvelle Librairie viennent de publier un court essai d'Hermann von Keyserling intitulé Spengler, l'homme des faits, avec une préface de Laurent Schang. Héritier de la noblesse balte d’origine allemande, Hermann von Keyserling (1880-1946) est un penseur à part dans la galaxie germanique, au carrefour de la Révolution conservatrice et d’un européisme aristocratique, qui est notamment l'auteur de L'analyse spectrale de l'Europe et du Journal de voyage d'un philosophe

     

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    " On a souvent qualifié Oswald Spengler de prophète, rarement d’« homme des faits ». Ce n’est qu’en plongeant dans la pensée d’Hermann von Keyserling que l’on comprend combien ce titre a valeur d’accusation, nonobstant l’admiration que son auteur porte au génie si singulier du héraut du Déclin de l’Occident. Mais pour lui, « l’homme des faits est l’homme superficiel par excellence ».
    Spengler, l’homme des faits constitue le troisième chapitre des Figures symboliques de Keyserling, paru en Allemagne en 1926. Au-delà de la personnalité de Spengler, cet essai est une critique lapidaire de ce qu’il incarne : la pensée mécaniste allemande de l’ère wilhelmienne. Keyserling lui oppose la quête du Sens créateur : un au-delà spirituel qui préside aux choses et illumine la conscience des peuples. Sa philosophie ouvre des pistes de réflexion, à une époque où nous peinons à préparer l’avenir. Cette réédition propose de redécouvrir une pensée originale et féconde, injustement tombée dans l’oubli. "

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  • Réflexions sur le passé et le présent de l'Europe...

    Les éditions L'Æncre viennent de publier un essai de Bernard Plouvier intitulé Décadence et invasion : la destinée de l'Occident. Médecin, Bernard Plouvier est, notamment, l'auteur de plusieurs études historiques décapantes, comme La ténébreuse affaire Dreyfus (Dualpha, 2010) et Faux et usage de faux en histoire (Dualpha, 2012), et d'une imposante Biographie médicale et politique d'Adolf Hitler (Dualpha, 2007).

     

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    " Pour un État, pour une Nation, la franche bêtise, la sottise crasse installées au Pouvoir ou dans ses apparences, c’est la ruine assurée pour une génération, voire davantage. C’est ce qui est arrivé en Europe occidentale et scandinave, à l’ère globalo-mondialiste.

    Durant les années 1960, un certain patronat – celui des travaux publics, du textile et de la métallurgie – avait commencé d’importer des travailleurs extra-européens. Durant ces « golden sixties », tout se passait assez bien : les matières premières étaient bon marché, le plein emploi assuré et les immigrés maghrébins limitaient leur délinquance à des rixes internes, pour des raisons de politique exotique qui n’intéressaient personne.

    Vinrent le premier choc pétrolier (1973) et la navrante dénatalité des autochtones, évidente dès la première moitié de la décennie 70. En 1976, deux politiciens-liges du capital, le Président Giscard d’Estaing et son très ambitieux premier ministre Chirac, crurent bon de renforcer une consommation intérieure stagnante par le décret sur « le regroupement familial des travailleurs immigrés », aussitôt comparé, par ceux qui avaient quelques connaissances historiques, au funeste Édit de Caracalla. En 1994, ce décret fut « consolidé » dans sa capacité de nuisance. Et l’exemple français fut imité presque partout en Europe occidentale, où l’immigration africaine et moyen-orientale tourna à l’invasion. Les faibles gouvernements laissèrent s’installer des zones de non-droit et toléraient les émeutes raciales. Vingt ans plus tard, l’on connut la féérie des attentats djihadistes.

    Entretemps, le féminisme et l’hédonisme avaient été promus au rang de « valeurs » et l’on imposa à la majorité saine des pays le triomphe illégitime des minorités. On tuait à tour de bras des fœtus et l’on abolissait la peine de mort pour les grands criminels ; on importait de l’immigré souvent analphabète alors que progressait le chômage des autochtones.

    La bêtise des gouvernants est rarement gratuite. On peut même affirmer qu’elle est télécommandée par ceux à qui ce crime d’État profite. La passivité & l’inertie des peuples sont énormes. Toutefois, il suffit d’une minorité pour faire éclater un monde de pourriture et d’absurdité. "

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  • Femmes d'Occident...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous le nouveau numéro de la Revue d'Histoire Européenne, dirigée par Laurent Berrafato. Ce trimestre le lecteur trouvera un dossier de fond consacré au pouvoir et à l'influence des femmes dans l'histoire de l'Occident, des articles variés et les rubriques régulières : actualités, interview, expositions, mémoire des lieux, portrait, histoire politique, cinéma, l’autopsie d’une bataille, l’histoire dans l’art,… 

    Il est possible de se procurer la revue en kiosque ou en ligne sur le site de la Librairie du collectionneur.

     

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    Sommaire :

    L'HISTOIRE EN ACTUALITÉ

    EXPOSTION

    Autour de Napoléon

    MÉMOIRE DES LIEUX
    Le château de Langeais

    PORTRAIT
    Le lieutenant-colonel Jeanpierre.

    ENTRETIEN
    Alain de Benoist

    DOSSIER
    Femmes d'Occident. Pouvoir et influence (avec des articles de Dominique Venner, Yann Trébaol, Damien Bouet, Jean du Pélem, Jean Thibault, Claude Franc, Diane A. Roger, Christine Delavigne, Olivier Frèrejacques, Adélaïde de la Coume, Paul Villatoux)

    1456 : LE SIÈGE DE BELGRADE
    La grande défaite de Mehmet II

    LES CATHARES
    Une hérésie méconnue

    1947 : LA RÉVOLTE DE NOÉ
    Un camp de l'épuration française

    HISTOIRE POLITIQUE
    L'Union fasciste britannique

    AUTOPSIE D'UNE BATAILLE
    6 août 1870 : la bataille de Woerth

    UN TABLEAU, UNE HISTOIRE
    La mort de César, de Vincenzo Camuccini

    L'HISTOIRE AU CINEMA
    7 films pour 6 femmes

    L'ABOMINABLE HISTOIRE DE FRANCE
    Une chronique iconoclaste de notre Histoire

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  • Le déclin de l'Occident...

    Les éditions Gallimard viennent de rééditer au format poche le grand ouvrage d'Oswald Spengler intitulé Le déclin de l'Occident - Esquisse d'une morphologie de l'histoire universelle, avec une préface de Johann Chapoutot. 

    A titre d'introduction à cette œuvre puissante et foisonnante, les lecteurs pourront utilement consulter le numéro de la revue Nouvelle Ecole (n°59-60, mars 2011) dédié à son auteur ainsi que les essais d'Alain de Benoist, Quatre figures de la Révolution conservatrice allemande (Les amis d'Alain de Benoist, 2014) et de Gilbert Merlio, Le début de la fin ? (PUF, 2019).

     

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    " Déracinement par l'exode rural, aliénation par le travail, nervosité et neurasthénie de la vie urbaine, mais aussi migrations et mélanges. Oswald Spengler se penche en philosophe sur ces questions et y voit le déclin de l'Occident, perçu comme une dégénérescence biologique. Chaque grande civilisation est un organisme vivant qui naît, croît, se corrompt et meurt, puis est remplacé par un nouveau au rythme de la lente pulsation des siècles.
    Le premier volume paraît en 1918, au moment de l'effondrement allemand, le second en 1922, et Spengler semble fournir à un public en désarroi une herméneutique de son malheur, ainsi qu'un message d'espoir. Le pédagogue inconnu devient une figure majeure de la "révolution conservatrice", qui prône de réagir au déclin et aux effets négatifs de la modernité par l'instauration d'un régime autoritaire et d'un socialisme national, qui n'est cependant pas, tant s'en faut, le national-socialisme. "

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  • Le recul de l’Occident, une si mauvaise nouvelle que cela ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Alexis Feertchak, cueilli sur Geopragma et consacré au recul de l'Occident et à ses conséquences potentielles. Alexis Feertchak est journaliste au Figaro et membre fondateur de Geopragma.

     

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    Le recul de l’Occident, une si mauvaise nouvelle que cela ?

    Rien n’y fait, les Etats occidentaux ont beau savoir que la Chine se rapproche chaque jour qui passe de la place de première puissance mondiale – sur le plan économique, c’est en réalité déjà le cas en parité de pouvoir d’achat -, ils ont trop pris le pli de la puissance pour vraiment réaliser qu’ils devront, dans les années qui viennent, partager avec elle l’influence qu’ils exercent sur le cours du monde. Alors qu’ils semblent, y compris les Etats-Unis, douter en même temps d’eux-mêmes, leur puissance peut donc paraître des plus paradoxales.

    C’est que cette puissance de l’Occident a quelque chose de quasi-naturelle, relevant d’un autre ordre que celui des seuls classements macroéconomiques ou militaires. Elle est une force mystérieuse, sédimentée pendant des générations, qui offre des fondations discrètes mais solides que l’on pourrait ainsi résumer : la puissance occidentale est d’autant plus forte qu’elle avance de conserve avec le « bien ». Qu’entend-on par « bien » ? Ce qui serait naturellement bon pour le monde, au-delà et souvent contre la volonté des Etats souverains qui peuplent la planète : libre-échange, démocratie, état de droit, droits de l’homme, droits fondamentaux, droits subjectifs, pluralisme, liberté de la presse, d’opinion, tolérance, etc. sont quelques-uns des qualificatifs juridico-politiques de ce « bien ».

    La fin de la fin de l’histoire ?

    Même si le concept de « fin de l’histoire » a pris à partir du début des années 2000 un sérieux coup sur la tête quand on s’est rendu compte que les Etats-Unis – toute unique hyperpuissance qu’elle était – ne maîtrisaient pas tout, demeure pourtant au fond de nos inconscients collectifs l’idée d’une téléologie dont le terme serait ce « bien » et dont nous serions les gardiens pas forcément exclusifs mais privilégiés. Lors, si ce « bien » est le terme inéluctable et que, même s’il existe des soubresauts historiques, il est nécessairement inscrit dans notre avenir, cela signifie que, d’une façon ou d’une autre, la puissance restera du côté du bien et donc de l’Occident. Que la Chine puisse gagner à court terme nous paraît possible et même peut-être probable, mais qu’elle puisse gagner à long terme nous paraît encore farfelu.

    L’histoire semble d’ailleurs nous conforter dans cette idée. Par le passé, l’Allemagne nazie ou l’URSS ont pu donner l’impression d’ébranler profondément cette téléologie, mais sur des échelles de temps historiques finalement relativement courtes, de quelques années à quelques décennies. De la même façon, peut-être la Chine l’emportera-t-elle provisoirement, mais, le « bien » devant finalement l’emporter, elle finira par perdre ou s’y rallier. Et nous, Occidentaux, étant du bon côté de l’histoire, nous finirons par gagner, avec ou sans Pékin. De façon plus ou moins consciente, ce raisonnement renforcé paradoxalement par l’ombre portée de la Seconde Guerre mondiale et de la Guerre froide demeure la pierre angulaire de la confiance en soi, certes affaiblie, de l’Occident. La marche vers l’état de droit et la consécration des droits subjectifs des individus prendront certes du temps, seront même marquées par des échecs transitoires, mais ne pourront jamais être réellement dépassées en tant que telles. La Chine, en tant que régime totalitaire disposant encore d’un parti unique et méprisant l’individu comme valeur suprême, ne le sait pas encore, mais elle a déjà perdu, nous dit une petite voix au fond de nous.

    Plus de prudence, moins d’hubris

    Certains idéologues néoconservateurs ont poussé très loin ce fondement de la puissance occidentale en voulant – de bonne ou de mauvaise foi – accélérer la réalisation de ce destin de la démocratie libérale, quitte à plonger certains pays comme l’Irak, l’Afghanistan ou la Libye dans des guerres sans fin. Si encore cela fonctionnait à ce prix… mais cet interventionnisme ne fabrique aucun démocrate libéral et au contraire pléthore de djihadistes dont l’un des principaux carburants reste le ressentiment qu’ils nourrissent à l’endroit d’une puissance occidentale d’autant plus écrasante qu’elle se présente sous les atours du bien. Néanmoins, le néoconservatisme n’est que la face la plus visible (et néfaste) de la puissance occidentale. Dans des proportions bien moindres que chez les authentiques néoconservateurs, ne reste-t-il pas chez la grande majorité d’entre nous au moins une trace de cette idée que le modèle occidental, quels que soient les soubresauts historiques, est fondamentalement le moins mauvais de tous les modèles et celui qui finira inéluctablement par s’étendre au monde ? Ce modèle politique est bien sûr perfectible, mais le destin auquel il est associé sert d’horizon régulateur à l’Occident. Même quand tout semble aller à rebours de cette vision téléologique qui demeure la nôtre, reste la pensée qu’une ruse de l’histoire interviendra un jour pour en quelque sorte remettre « l’histoire dans le bon sens ».

    L’idée que nous aurions atteint « la fin de la fin de l’histoire » est excessive. Nous sommes plutôt comme les premières générations de chrétiens qui se rendent peu à peu compte que le Christ ne reviendra finalement pas de leur vivant… ce qui n’a pas empêché l’Eglise de prospérer, bien au contraire ! La chute de l’URSS était un moment, mais pas le dernier. L’histoire tragique est bien de retour, illustrée notamment par la réaffirmation de certains Etats-puissances ou le spectre de catastrophes globales (le Covid en étant un parfait exemple). Si elle supprime l’espérance d’une victoire à portée de main, cette histoire tragique n’emporte pas avec elle cet horizon régulateur qui demeure là, quoique cerné de brumes. Depuis au moins le 18e siècle, l’Occident s’est fondé sur le mythe d’un progrès qui ne serait pas seulement matériel mais également moral. Abandonner d’un coup d’un seul ce fil qui nous relie à l’avenir paraît aussi difficile que peu souhaitable. On est là face à un exemple typique de pharmakon, ce terme signifiant en grec « poison » autant que « remède ». Ce progrès qui est à la source de notre civilisation est en même temps notre plus grand danger puisqu’il nous expose à une hubris infinie. Colonialisme, totalitarisme et impérialisme en sont autant de manifestations.

    Le piège de Thucydide 

    A cet égard, l’affaiblissement relatif que connaît aujourd’hui l’Occident pourrait paradoxalement être une bonne nouvelle. Le décentrement du monde vers l’Asie ne détruit pas notre horizon régulateur mais nous empêche – par limitation physique et matérielle – de continuer à nous croire partout chez nous et à croire que la victoire est pour demain. Nous n’aurons plus d’autre choix que d’abandonner notre toute-puissance et de mieux mesurer chacun de nos gestes. Ce peut être une source de prudence, vertu dont l’histoire récente a révélé combien nous en avions manqué en Irak, en Syrie, en Afghanistan ou en Libye. Elle rappelle aussi la finitude tragique du politique : il y aura des drames face auxquels nos moyens manqueront certainement. Mais, au-delà de la satisfaction narcissique évidente que cette idée nous procure, est-il vraiment heureux que l’on appelle l’Occident à la rescousse dès qu’un problème se pose ? La réaffirmation d’autres puissances (Turquie, Russie, Iran, Egypte, Inde, Chine, etc.) dans certaines régions du monde induit certes des risques nouveaux qu’il ne faut pas sous-estimer (comme le retour des rivalités étatiques, y compris militaires), mais peut en même temps nous tenir éloignés du poison de la démesure.

    A la condition bien sûr que, dans les années qui viennent, les Etats-Unis comprennent qu’il est dans leur intérêt de ne pas refuser cette nouvelle réalité d’un monde dont toutes les puissances ne sont pas occidentales. Cela les oblige à accepter de recevoir une leçon de modestie, qui n’est pas une leçon d’impuissance mais la reconnaissance que toute puissance est par nature limitée. Si ce n’était pas le cas et qu’ils se refusaient à l’admettre, leur duel systémique avec la Chine ne pourrait finir que funestement, en suivant la voie du piège de Thucydide. A cet égard, les Etats européens ont un rôle essentiel à jouer puisque, tout en ayant encore un poids non négligeable dans les affaires du monde, ils réalisent depuis bien longtemps – sans toujours se l’avouer – que leur marge de manœuvre est structurellement limitée.

    Protéger ses abords

    La situation de l’Europe est donc symétrique de celle des Etats-Unis : las, les pays européens ont conscience qu’ils ne pèsent plus autant que naguère, mais se rassurent en se disant qu’ils ont au moins la conscience pure. Certes, en Syrie, nous ne comptons plus, mais nous avons choisi le camp des « gentils », se dit-on. La morale est ainsi le dernier restaillon de notre puissance passée. L’idée que nous devrions accueillir toute la misère du monde en est un autre exemple. Remarquer que les déshérités de la planète souhaitent encore rejoindre l’Europe offre inconsciemment une certaine satisfaction narcissique. A ce triste égard, ne resterions-nous pas un peu le centre du monde ? Cette voie européenne de la morale dans l’impuissance est dangereuse et sans issue. Elle ne permet en rien de faire contrepoids à la toute-puissance américaine d’autant plus inquiétante aujourd’hui qu’elle s’érode rapidement (et peut donc sur-réagir).

    Le maintien d’une puissance occidentale réelle mais contenue dans des limites que nous imposent déjà les nouveaux rapports de force internationaux est le chemin de crêtes qu’il nous reste à emprunter. Il est celui d’une réaffirmation occidentale assumée mais mesurée. Par son histoire ancienne et par son affaiblissement relatif, le continent européen est probablement le mieux placé pour favoriser un tel équilibre, notamment entre la Chine et les Etats-Unis. Et particulièrement la France, qui a su pendant la Guerre froide continuer d’affirmer une certaine grandeur malgré le duel russo-américain qui se jouait au-dessus d’elle. Si cela revient à reconnaître que l’on ne pourra plus se projeter politiquement, militairement ou économiquement n’importe où dans le monde avec la force et la plasticité dont nous croyions disposer dans les années 1990, il faudra aussi réaliser que, dans un monde qui nous échappe partiellement, davantage contrôler nos marches et nos abords immédiats sera une nécessité vitale. Plutôt que de vouloir exporter à tout prix vers le marché chinois nos richesses, ne faudrait-il pas commencer par substituer certaines de nos importations pour regagner en autonomie et commencer tout simplement par dresser la liste de ce que nous voulons construire directement chez nous ? Et ce même si cela affecte un certain luxe auquel nous nous sommes habitués comme l’on devient dépendant à une drogue (des biens économiques vendus anormalement peu chers, favorisant un pouvoir d’achat artificiel et érodant nos propres structures économiques) ?

    Endiguer la Chine ?

    De même, pour prendre un exemple militaire, il est très heureux de voir que la Marine nationale est encore capable de se projeter en mer de Chine méridionale, comme l’a montré récemment la patrouille d’un sous-marin nucléaire d’attaque ou le passage du porte-hélicoptères amphibie Tonnerre. Pour tout amoureux de la Royale, le spectacle de ces navires portant le pavillon français à 10.000 kilomètres de Toulon est un spectacle émouvant. Le symbole est également fort, les renseignements acquis précieux, l’exercice formateur pour les marins, mais cette projection politiquement mâtinée de « containment » à l’américaine traduit en même temps un certain irréalisme eu égard à ce que sont devenus les rapports de force dans la région.

    Pourra-t-on réellement endiguer Pékin, qui joue à domicile ? En passe d’être dotée d’une flotte de « classe mondiale » (formule employée par les Chinois eux-mêmes pour signifier qu’elle sera au moins équivalente à l’US Navy dans un avenir proche, probablement bien avant 2049, date du  centenaire de la RPC), la Chine déploie a contrario sa marine avec une certaine retenue, se focalisant d’abord sur ses abords immédiats et n’élargissant de façon que très progressive son périmètre d’action, notamment aujourd’hui vers l’océan Indien. Son approche n’est pas globale et tous azimuts, mais au contraire mesurée et limitée sur le plan géographique, ce qui crédibilise d’autant plus sa puissance réelle que sa force est en accord avec sa stratégie. Plutôt que de nous projeter vers la Chine au risque de voir notre discours affiché et notre force réelle se découpler rapidement, ne nous faut-il pas en priorité renforcer nos abords ? Protéger davantage nos territoires ultramarins, notamment dans la zone Indo-Pacifique où ils font l’objet de la convoitise des Chinois ? Renforcer notre présence en Méditerranée, mer à laquelle nous sommes le plus directement exposés, où les Etats riverains remontent rapidement en puissance sur le plan naval, encouragés par des enjeux économiques, énergétiques, politiques et migratoires colossaux ?

    La Chine nous force aujourd’hui à abandonner notre rêve de toute-puissance qui, confronté au réel, se muait rapidement en une impuissance désespérante. Dans ce nouveau monde, l’Occident est voué à reculer en termes relatifs, ce qui n’est pas forcément une mauvaise nouvelle. N’est-il pas plus sain que la puissance soit mieux répartie à la surface de la planète, que des puissances régionales jouent également un rôle dans la définition des équilibres régionaux ? L’on ne pourra plus dire que l’Occident dominateur est la source de tous les maux. Libérés de cette accusation, nous pourrons de façon beaucoup plus réaliste redessiner les contours de notre puissance, une puissance bornée, limitée, maîtrisée et, par-là, peut-être beaucoup plus crédible et forte. 

    Alexis Feertchak (Geopragma, 10 mai 2021)

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  • Tour d'horizon... (207)

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    Au sommaire cette semaine :

    -  dans la Lettre de Comes Communication, Bruno Racouchot interroge Gérard Chaliand pour évoquer avec lui un Occident rongé par son mal-être, qui refuse de se battre et s'enferme dans ses illusions.

    Guerres perdues et reflux de l'Occident : les clés mentales qui paralysent la puissance

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    - sur iPhilo, Maxime Sacramento, professeur de philosophie, s'intéresse aux Hobbits de Tolkien...

    Les hobbits, personnages conceptuels. Essai sur «Le Seigneur des anneaux»

     

    Edelfeldt_Une fête depuis longtemps attendue.jpg

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