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migrants - Page 7

  • Feu sur la désinformation... (212)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés, consacrée au décryptage des médias et dirigée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, avec le concours de Nicolas Faure.

    Au sommaire :

    • 1 : Pillards et banlieusards, le silence des médias
      Après les violences, les médias ont largement commenté la présence des radicaux chez les casseurs. Le profil sociologique des pillards semble beaucoup moins les intéresser.
    • 2 : Le Zapping d’I-Média 
      Lutte des âges à Arzano, en Bretagne, où l’Etat veut imposer des migrants. Lutte des classes sur les plateaux télévisés où la caste politico-médiatique bataille avec les Gilets Jaunes.
      Autre bataille, celle que les journalistes de France Culture mènent contre la réalité en niant l’existence d’un lobby LGBT, en avouant au passage regarder I-Média !

    • 3: Gilets Jaunes : Matraquage de bobards
      Les médias ont multiplié les approximations, les erreurs et les bobards en couvrant la mobilisation des Gilets Jaunes. Inquiétant.
    • 4 : Les tweets de la semaine
      La Règle du Jeu de BHL attaque violemment les Gilets Jaunes tandis que Libé tente de récupérer leur colère fiscale pour expliquer qu’il faut plus de socialisme.
    • 5 : Pacte pour les migrations : « Circulez y a rien à voir ! »
      Les médias se réveillent enfin sur le Pacte pour les Migrations de l’ONU… mais il semblerait que ce soit pour mieux endormir les Français !

                                

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  • Chemnitz : fin ou renaissance du peuple allemand ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Olivier Tisier, cueilli sur Metamag et consacré à l'impact qu'ont eu en Allemagne les manifestations de Chemnitz, provoqués par le meurtre d'un Allemand par des migrants. Olivier Tisier vit et travaille en Allemagne.

     

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    Chemnitz : fin ou renaissance du peuple allemand ?

    Voilà plus d’une semaine que l’Allemagne ne parle que de ça. Dans chaque ville, à chaque coin de rue, dans chaque commerce, chaque entreprise, chaque Kneipe et Kiosk à Lotto de Bundesrepublik… absolument partout!…

    Récapitulons brièvement les faits. Chemnitz, une ville modeste de Saxe. 240 000 habitants, un soir de week end. On fête le 845e anniversaire de la ville dans une ambiance bonne enfant si propre à l’Allemagne. Quand soudain des “réfugiés“ s’en prennent à une jeune allemande dans l’idée de la violer. Un groupe d’Allemands lui vient alors en aide. Parmi eux Daniel Hillig, 35 ans. Il sera poignardé par les agresseurs et perdra la vie. Scénario tragique mais hélas dorénavant classique qui n’est pas sans rappeler la mort du jeune Adrien Perez 26 ans poignardé lui aussi à mort en France à Grenoble cet été à la sortie d’une boîte de nuit dans l’indifférence quasi générale des autorités.

    La suite ? Un coup de tonnerre, une mobilisation sans précédent, des marches et des manifestations en hommage à son acte de courage mais aussi la colère d’un peuple allemand qui est complètement à bout. Un peuple allemand qui a fait sécession avec la politique de Merkel et plus généralement avec ses élites classiques. Tout un peuple ? Hélas non, les traditionnnels antifas organisent contre-manifestations, blocages et violences à l’endroit des quidams qui témoignent leur peine et leur légitime colère. Les médias? Comme d’habitude acquis au politiquement correct et au pas d’amalgame. Ils ont pour mission de prévenir par la doxa toute évolution droitière de l’opinion. Mais aussi de maintenir la police sous pression afin de la rendre zélée sous peine d’être taxée d’empathie voire de collusion avec le peuple qu’elle est chargée de défendre. Et pour finir les traditionnels artistes engagés décidant d’organiser un concert gratuit à Chemnitz pour que l’amour soit plus fort que la haine. Le slogan est breveté internationalement, il faut le croire.

    Déjà la propagande s’enclenche, le nazisme serait de retour en Allemagne

    Oui vous avez bien entendu le nazisme! L’extrême droite menacerait à nouveau la viabilité de l’état allemand et il faudrait à nouveau la combattre pieds à pieds sans attendre. Les contre-manifestations antifas ont d’ailleurs réunis plusieurs milliers de personnes, sentant à juste titre qu’à Chemnitz se jouait une bataille symbolique. Pour l’occasion la société flixbus et blablacar ont même offert des Gutschein, des bons d’achats en cadeau permettant de se rentre à Chemnitz à moindre frais pour y défendre le vivre ensemble aux côtés des bolchos et d’assister aux concerts de rockeurs millionnaires…Mais hélas pour tous ces sinistres représentants d’une Allemagne déconfite, bien plus nombreux étaient les anonymes et les militants nationalistes de toute obédience venus rendre hommage à plusieurs reprises à Daniel. „Nous sommes le peuple“ scandaient ils comme d’autres avant eux lorsqu’ils défiaient le pouvoir totalitaire de la RDA.

    Il y aura un avant et un après Chemnitz car cela a été le crime de trop

    Les Allemands de l’Est ne pardonneront ni n’oublieront jamais. Il faut bien comprendre qu’après guerre on a troqué en Allemagne de l’Ouest le sentiment national contre une douce qualité de vie. Beaucoup d’Allemands de l’Ouest se sont alors vautrés dans un matérialisme répugnant fait de grosses berlines impeccables, de costumes hugo boss, d’appartenance à des clubs de tennis ou de golf, de voyages sur des îles plus ou moins lointaines en compagnie de créatures exotiques plus ou moins majeures… bref la panoplie intégrale du gros beauf fier de son affiliation à une classe moyenne supérieure tant fantasmée. Mais en Allemagne de l’Est, ce fut bien différent et il existe encore des survivances de traditions anciennes, de solidarités locales, de sociabilités et de comportement non-mercantiles. Les „ossies“ , les habitants de l’Est placent leur art de vivre avant toute autre contingence. Ce sont des gens rugueux, peu ouverts au compromis et manquant de souplesse dans les affaires. Mais la préservation de leur modus vivendi est à ce prix. Et c’est de là que provient cette solidarité ethnique. Celle là même qui a fait fuiter le nom de l’assassin et son origine dans la presse ainsi que celles de ses complices. J’imagine qu’un fonctionnaire de justice n’a pas voulu laisser passer. Notons encore que l’importance de l’implication des corps constitués dans un processus révolutionnaire s’avère toujours crucial.

    Pour aborder l’affaire sous le volet politicien, indiquons que l’AfD, parti qualifié d’extême droite a lui aussi manifesté. C’est le seul parti chez qui on ne peut reprocher une quelconque récupération politique car ils ont fait du refus de l’immigration leur cheval de bataille. En Saxe, ils sont de plus sur leurs terres et le cortège fut suivi par plusieur milliers de personnes.

    On entend parler en France d’une arrogance allemande, d’une domination allemande. La domination politique et économique de l’Allemagne sur l’Europe est incontestable mais la domination culturelle ou la fierté nationale? Elle n’existe presque plus ailleurs qu’en Allemagne de l’Est. Figurez-vous que les gens ont plus peur de se faire traiter de facho à l’ouest que d’avouer leur tristesse et leur colère face à la mort de cet homme qui est venu en aide à une femme. Je discutais avec une amie à Berlin originaire du land de NRW, elle ne m’a pas un instant parlé de la mort de cet homme qui est pourtant l’événement principal. Elle m’a confié sa crainte de voir l’extrême droite arriver au pouvoir. On a véritablement corrompu le peuple allemand, on l’a acheté avec de l’argent, du papier et ce dès la fin de la guerre et le début du processus de dénazification qui a vu tous les membres de l’enseignement supérieur suspecté de sympathie nazie être mis au rancard. Et dans tous les segments de la société avec notament l’utilisation du fameux Fragebogen(le Questionnaire) sur lequel a écrit un auteur qui nous est cher, Ernst von Salomon. Questionnaire visant à tirer les vers du nez et à ficher les éventuels éléments réticents au nouvel ordre démocratique et marchand. L’Allemagne a troqué sa vitalité, sa fierté, sa capacité à se penser comme un peuple… bref son identité contre du divertissement et du confort c’est à dire pour devenir en bout de course un pays de vieillards jouisseurs.

    Ce qui s’est passé à Chemnitz, cet horrible drame se reproduira à nouveau nous le savons tous. Il incombe aux jeunes Allemands d’inverser maintenant le cours de l’histoire. Tout n’est peut être pas perdu. L’Allemagne de l’Est se dresse face au pouvoir de Berlin. Il faut que d’autres foyers révolutionnaires se lèvent ailleurs et en particulier à l’Ouest. Mais le dynamisme allemand agit hélas sur tous ou presque comme du bromure. Paralysant ici et là toute volonté de révolte. C’est triste à dire mais il n’y aurait qu’une crise économique violente, plongeant l’Allemagne dans la misère pour relever ce peuple, peuple qui conserve malgré tout en lui des qualités d’organisation, de sérieux et un stoïcisme dans l’épreuve qui continue de forcer notre admiration.

    Olivier Tisier (Metamag, 24 septembre 2018)

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  • De la rue des Poissonniers à Chemnitz...

    Nous reproduisons ci-dessous une tribune de Gabriel Robin, cueillie sur le site de L'Incorrect dans laquelle il aborde les manifestations de Chemnitz contre la multiplication des violences commises par les migrants, en faisant d'abord un détour instructif par la rue des Poissonniers à Paris et par le quartier de Perseigne à Alençon...

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    De la rue des Poissonniers à Chemnitz

    Migrants, migrants, migrants. Migrants partout. L’Europe s’entredéchire sur la question des « migrants », pudique terme qualifiant des immigrés clandestins économiques bien plus que de véritables réfugiés de guerre. A-t-on tort de réduire les migrations modernes à de simples faits divers ? Oui. Par là, on s’interdirait toutes les réflexions les plus stimulantes ; anthropologiques, historiques, culturelles ou démographiques.

    Reste que faire vibrer la corde de l’émotion est une arme politique essentielle à l’heure où elle est bien la seule à se faire entendre dans des débats qui ressemblent furieusement à des séances de thérapie collective pour personnes atteintes d’un stress post-traumatique. On câline. On cajole. On comprend. On dialogue. On entend « toutes les souffrances », « toutes les interrogations », « tous les parcours de vie ». Tous ? À la vérité, pas vraiment.

    Trois cas extrêmement différents montrent à quel point l’accueil des « migrants » irrite les populations. Deux se sont produits en France, ne générant qu’une très faible couverture médiatique. Et pour cause, ils contredisent bien des préjugés. Jeudi 30 août, la préfecture de Paris annonçait renoncer à la création d’un « centre d’accueil temporaire de migrants » au rez-de-chaussée d’un immeuble HLM dans le 18ème arrondissement de la capitale. Très virulents, les riverains et les habitants de l’immeuble se sont mobilisés avec efficacité. Une fois n’est pas coutume, on leur a donné gain de cause. Un vrai petit miracle à l’heure où de minuscules « villages de paysans racistes » reçoivent sans broncher l’équivalent de la moitié de leur population en « migrants », venus d’on ne sait où. Mieux, ces ruraux qu’on dépeint en affreux jojos arcboutés sur leurs traditions archaïques manifestent parfois leur joie, font preuve d’un zèle sidérant pour aider leur prochain clandestin. « On va pouvoir reformer une équipe de foot ! Ces gens vont donner une nouvelle vie à notre bourg ! », peut-on lire ci et là dans les titres de la presse quotidienne régionale.
    Dans le 18ème arrondissement parisien, on n’essaye même pas de donner l’impression d’être généreux, ouvert à l’autre, partisan forcené du « vivre ensemble » ; parce qu’on n’y a pas subi des décennies de culpabilisation, d’ethno-masochisme. En effet, les opposants aux migrants y sont eux-mêmes très majoritairement des immigrés extra-Européens de fraiche date, soit qu’ils aient été récemment naturalisés, soit qu’ils comptent pouvoir l’être dans l’avenir. Même scénario à Alençon, où des « jeunes » du quartier de Perseigne ont fini par tuer un Afghan et faire de nombreux blessés. Une bataille rangée a opposé un gang de migrants afghans – comme on en voit parfois rôder autour des gares des grandes villes, souvent héroïnomanes -, à une bande d’habitants « calibrés ». Agacés par la présence de ces immigrés clandestins, des immigrés maghrébins ou des enfants d’immigrés de seconde ou troisième génération ont donc fait parler la poudre. Ces tensions interethniques ne sont que les manifestations d’une atomisation générale du corps social que l’arrivée massive de jeunes hommes, venus d’Afrique ou du Proche-Orient, ne feront qu’augmenter exponentiellement.

    Si le cas d’Alençon a été pudiquement relaté dans la presse, il n’en a pas été de même pour celui de Chemnitz (Saxe) en Allemagne, autrement moins meurtrier. Les manifestants qui ont rendu hommage aux victimes de migrants des dernières années, révoltés par l’assassinat à coups de couteau d’un jeune allemand par deux « demandeurs d’asile » syrien et irakien il y a quelques jours, ont été immédiatement décrits en « fascistes », extrémistes de droite assoiffés de sang, ou bien encore « hooligans ». D’aucuns, journalistes, ont même osé accoler des guillemets au terme victimes, pour décrire les propos qui étaient écrits sur les pancartes que portaient les citoyens de Chemnitz durant leur marche silencieuse. Rappelons néanmoins que les monstres avaient osé défiler derrière des drapeaux allemands ! Quant au gouvernement, il a apporté son soutien à une contre-manifestation pro migrants par la voix d’Heiko Maas, actuel ministre des Affaires étrangères : « La Seconde Guerre mondiale a commencé il y a 79 ans. L’Allemagne a causé des souffrances inimaginables à l’Europe. Si à nouveau des gens défilent aujourd’hui dans les rues en effectuant le salut nazi, notre histoire passée nous oblige à défendre résolument la démocratie ». Un mensonge éhonté au vu des vidéos du défilé, montrant des Allemands tout à fait normaux, du genre à porter des chaussettes avec leurs claquettes. Cette image du plouc « allemand » raciste est à peu de choses près celles qu’on donne du beauf raciste sous nos latitudes. Gageons que le plouc-émissaire teuton soit comme le cave : qu’il se rebiffe !

    Gabriel Robin (L'Incorrect, 2 septembre 2018)

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  • Le droit moral supranational contre l'Etat de droit...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jacques Billard, cueilli sur Causeur et consacré à la nouvelle argumentation "juridique" développée par les lobbies immigrationnistes de gauche en faveur de l'accord des immigrés clandestins...

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    Ça vient de sortir: l’accueil obligatoire des « errants »

    Après avoir longtemps enseigné que le droit n’était qu’une superstructure au service de la classe dominante pour soumettre les classes exploitées, voilà maintenant que la gauche marxiste ou post-marxiste retourne sa veste et utilise le droit comme arme principale pour contraindre l’adversaire, adversaire qui n’est plus la bourgeoisie, mais l’État.

    La nouvelle stratégie consiste donc à réclamer une loi afin qu’en la respectant, l’État devienne l’instrument de sa propre destruction. La France est déjà l’un des pays qui produit le plus de lois, notamment morales, quoiqu’elle soit également le pays où les lois sont le moins respectées. Exemple de loi morale récente (2016) : il faut protéger les prostituées, on n’interdit pas la prostitution. Mais il faut y mettre fin : on interdit l’achat « des services sexuels ». Le résultat, qui était prévisible, est désastreux, comme toujours lorsqu’il s’agit de lois morales. Le Parlement qui vote ces lois sait très bien que beaucoup d’entre elles sont nuisibles, mais il faut les voter pour satisfaire une opinion publique travaillée par les médias.

    Protéger les « passeurs d’humanité »

    On peut voir un bon exemple de ce mécanisme de préparation de l’opinion publique dans une intervention récente du philosophe Étienne Balibar publiée par Le Monde. Il y réclame, au bénéfice des migrants, renommés « errants », une réglementation internationale calquée sur la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, « obligeant les États » – entendez ceux de l’Union européenne et surtout la France. Obligeant à quoi ? À accueillir les « errants » ? Oui, mais… non. Pas à accueillir, mais à respecter les droits des « errants » à n’être pas refoulés. Saluons ici l’artiste dans sa maîtrise rhétorique et l’on comprend qu’à ce niveau de compétence les universités américaines l’aient déjà coopté !

    Ce n’est pas tout. Accueillir les « errants », mais aussi protéger ceux qui les aident et qu’on appelle maintenant les « passeurs d’humanité ». Grandiloquence ! On se demande bien de qui il peut s’agir, surtout dans un discours prononcé dans la vallée de la Roya. Cédric Herrou ?

    Ce n’est toujours pas tout, car le droit d’émigrer ne doit pas s’opposer à un autre droit tout aussi essentiel, celui du « droit au retour ». Car la défense des « errants » ne doit pas faire passer au second plan la défense des Palestiniens de Gaza, qui doivent pouvoir rentrer chez eux, en Israël.

    Tour de passe-passe 

    Et puis il faut veiller à rester subtil, faute de quoi on risque de se faire démasquer. D’où la dose d’amphigouri : il s’agit d’un droit « de » l’hospitalité et non d’un droit « à » l’hospitalité, de sorte que l’obligation d’accueillir soit une conséquence de principes humanitaires universellement reconnus, du moins chez nous. On ne demande donc pas directement d’accueillir, ce qui serait rejeté par les populations, mais d’adopter un droit dont les conséquences seraient l’accueil. Puisque vous êtes d’accord pour A et que A entraîne B, alors vous êtes d’accord pour B. Voilà une bonne stratégie, toute syllogistique, pour détruire les démocraties libérales en retournant contre elles les principes sur lesquels elles sont construites.

    Nos marxistes continuent donc leur combat non plus par la lutte des classes devenue impossible, mais en utilisant les points faibles de l’État de droit : l’autorité de la loi et le respect des droits de l’homme. Le monde islamiste l’avait déjà bien compris qui exige des démocraties libérales ce qu’elles doivent donner en vertu de ses lois, mais que lui-même doit refuser en vertu des siennes. D’où l’islamo-gauchisme où islamistes et marxistes se retrouvent dans un adversaire commun alors qu’ils sont, idéologiquement, à l’opposé l’un de l’autre.

    Droit moral, mode d’emploi

    Mais revenons au texte du Monde, exemplaire dans sa manœuvre, par le moyen utilisé. Ce moyen, c’est le droit fondé sur le sentiment moral. Suivons l’argumentation.

    1. Éveil du sentiment moral par la mise en avant de la souffrance individuelle. Voilà qui appelle une loi. C’est ainsi que la morale se substitue à la politique. Car qui peut accepter la souffrance ? Qui peut refuser de venir la soulager ?
    2. Un tour de passe-passe concernant l’État. On en fait une entité indépendante, sans lien avec le suffrage universel. Or, justement, ce ne sont pas les États qui renâclent à propos de l’immigration, mais les peuples ! Les États, eux, seraient plutôt favorables à une immigration massive, à la fois pour la maîtrise des salaires et pour apporter une solution aux questions démographiques. Les peuples sont en revanche plutôt réticents à une telle immigration, surtout lorsqu’elle est massivement islamique, apportant d’autres us et coutumes. Mais de cela, pas un mot.
    3. Pas un mot non plus sur le phénomène lui-même de la migration, ici renommé, subtilement, « errance ». Il y a dans l’humanité, nous explique-t-on, une partie errante. Pourtant, il est facile de se rendre compte que ces personnes n’errent pas du tout. Elles savent d’où elles viennent et où elles veulent aller, jusqu’à refuser d’être débarquées dans un pays qui n’est pas celui qu’elles souhaitent. Et elles ne sont pas des apatrides (problème qu’il fallait résoudre par la Déclaration de 1948).
    4. Pas un mot non plus sur les États d’origine, lesquels, généralement, refusent de reprendre leurs propres nationaux. Ni non plus sur les guerres qui sévissent dans ces pays. Il nous est simplement commandé de faire les frais des Seigneurs de guerre, massacreurs de populations des pays africains ou du Proche Orient. Ni non plus sur les dommages que cette migration cause à certains pays d’émigration. Ni non plus sur les stratégies migratoires ou fantasmes de conquête par le déferlement migratoire qu’il est pourtant facile de percevoir derrière tous ces mouvements.
    1. Dernière étape : la culpabilisation des populations des pays d’accueil, auxquelles on va reprocher de ne pas respecter la dignité et la sécurité des « errants »: l’article parle d’ « un droit de l’hospitalité, dont le principe est que les errants (et ceux qui leur portent secours) peuvent obliger l’État ‘souverain’ lui-même, de façon que leur dignité et leur sécurité ne soient pas, comme aujourd’hui, systématiquement foulées aux pieds. »

    Je dis ça, je dis rien

    On croyait qu’en Europe, tout au moins, cette question ne se posait pas. Dans nos pays, qui sont des États de droit, les migrants sont traités conformément aux lois républicaines et démocratiques. Ils sont défendus par des associations qui ne sont nullement interdites et sont correctement entendus par des juges qui peuvent contraindre l’administration, ce dont, par ailleurs, ils ne se privent pas. En fait, la manœuvre consiste à laisser entendre que la souffrance des migrants est moins le fait des pays traversés, comme la Libye, mais bien de la France ou de l’Italie qui ne font rien pour les en sortir. Nous sommes ainsi coupables des exactions libyennes, aussi est-ce à nous de réparer ces souffrances.

    On notera au passage que le mot souverain est entre guillemets, pour laisser entendre que les États sont abusivement souverains. Mais sans vraiment le dire, car c’est une telle contre-vérité qu’il serait alors facile de le voir. Les États sont évidemment souverains, d’une souveraineté qui, chez nous, leur a été déléguée par un vote constitutionnel des peuples. Mais si on le disait, on verrait aussitôt qu’aucune loi supranationale n’a de valeur supérieure à la décision nationale et la manœuvre tournerait court. Or la loi supranationale vise à empêcher l’expression démocratique pour imposer aux peuples des mesures dont ils ne veulent pas. Elle ne sert qu’à cela.

    Les experts présidents

    Laissons là cette intervention bien relayée par le journal Le Monde pour remarquer que le droit évolue spontanément vers une forme de pouvoir confiée à des experts. Toujours. Le professeur Balibar, premier de la classe, reçu premier à l’agrégation, ne manque pas de saluer au passage un autre expert, Jacques Rancière, reçu second à cette même agrégation. À eux deux, à eux tous, on n’a plus besoin du suffrage universel. Les experts sont là, et veillent à tout pour nous. Voici le Conseil constitutionnel qui tente de donner un sens normatif à la « fraternité ». Voici le Comité des droits de l’homme de l’ONU qui reproche à la France ses décisions dans l’affaire Baby Loup.

    Le droit supranational ? C’est la fin de la démocratie puisque les lois les plus importantes n’émanent plus du peuple, mais des experts. C’est aussi la fin de la République, car rien n’est plus dangereux pour les libertés que ces lois morales.

    Mais lorsqu’on n’est plus en république (État de droit) à fondement démocratique (suffrage universel), on est en… théocratie – car c’est l’une ou l’autre – et ces experts ne sont guère plus que les grands prêtres inspirés.

    Jacques Billard (Causeur, 27 août 2018)

     

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  • " Du point de vue de l’idéologie dominante, l’immigration n’est pas un problème... "

    Nous reproduisons ci-dessous entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire, dans lequel il évoque la position des Européens face à l'immigration massive... Philosophe et essayiste, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Ce que penser veut dire (Rocher, 2017) et L'écriture runique et les origines de l'écriture (Yoran, 2017).

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    Alain de Benoist : « L’Union européenne est en train de se casser sur la question des migrants »

    En s’amplifiant, la crise des migrants semble en train d’aboutir à une crise institutionnelle en Europe. Quand la fronde anti-migratoire ne concernait que des pays « mineurs » et « lointains » (Pologne ou Hongrie), la Commission européenne pouvait encore traiter cette affaire par le mépris. Mais quand c’est l’Italie, pays fondateur de l’Europe, qui tape du poing sur la table, l’affaire ne prendrait-elle pas une autre tournure ?

    Les historiens de l’avenir retiendront que l’Union européenne, qui avait survécu tant bien que mal à un élargissement hâtif, à un déficit de démocratie permanent et à la crise de l’euro, est aujourd’hui en train de se casser sur la question des migrants. C’est un tournant effectivement historique, mais peut-on s’en étonner ? Au fil des années, les pathologies sociales liées à l’immigration ont fini par occuper la première place dans les préoccupations des Européens. Les gens ne supportent tout simplement plus ce qu’ils perçoivent comme une « invasion » ou une « submersion », et ils le supportent d’autant plus mal qu’ils ont l’impression que les flux ne sont pas près de se ralentir. Plus important encore, ils ne croient plus ceux qui, depuis des années, leur expliquent doctement que l’immigration est une « chance » économique et démographique, et qu’il faut avoir le cœur singulièrement sec pour ne pas y voir aussi une « obligation morale ». Les Français sont volontiers xénophobes, mais absolument pas racistes (les Allemands, c’est le contraire). Ils savent bien que ce ne sont pas les « préjugés » qui leur gâchent la vie. Bref, ils voient ce qu’ils voient, et ils savent qu’ils le voient.

    L’Europe se disloque, mais aussi se recompose. Les pays d’Europe centrale, qui ne veulent pas se transformer à leur tour en caravansérails, se retirent du jeu. On dit qu’ils se replient sur eux-mêmes, mais ils s’associent entre eux. Non seulement les pays du groupe de Visegrád (Hongrie, Pologne, République tchèque et Slovaquie) s’opposent frontalement aux consignes immigrationnistes de la Commission de Bruxelles, mais ils ont aussi rallié l’Initiative des trois mers, lancée il y a trois ans par le président polonais Andrzej Duda et la présidente croate Kolinda Grabar-Kitarović, qui comprend également les trois pays baltes, l’Autriche, la Slovénie, la Croatie, la Roumanie et la Bulgarie. Ce bloc de douze pays et de 120 millions d’habitants, s’étendant de la Baltique à l’Adriatique et à la mer Noire, pourrait bien constituer l’embryon d’une autre Europe.

    Les sondages montrent que la question migratoire arrive depuis longtemps en tête des préoccupations des Français et des Européens, et que l’hostilité à l’immigration ne fait que croître. Pourquoi les gouvernements n’en tiennent-ils pas compte, alors que cela risque de leur coûter politiquement très cher ?

    D’abord parce qu’ils sont tétanisés par les lobbies associatifs et médiatiques, qui répètent soir et matin les mantras du politiquement correct. Ils ne veulent les affronter à aucun prix. Mais la raison la plus profonde est qu’ils sont eux-mêmes acquis à l’idéologie dominante. Or, du point de vue de l’idéologie dominante, l’immigration n’est pas un problème et ne peut pas en être un, puisque les cultures et les peuples comptent pratiquement pour rien. Seuls comptent les individus. Toute réglementation de l’immigration revient à violer le principe libéral selon lequel on ne peut accepter l’utilisation des aspects contingents de l’identité des individus, à commencer par leur origine ou leur appartenance socioculturelle, pour légitimer des « inégalités de traitement ».

    Le libéralisme aborde la question dans une optique purement économique : l’immigration se résume à une augmentation du volume de la main-d’œuvre et de la masse potentielle des consommateurs. Elle se justifie, en outre, par l’impératif de libre circulation des hommes, des capitaux et des marchandises. Un million d’extra-Européens venant s’installer en Europe, c’est donc seulement un million d’individus qui viennent s’ajouter à d’autres millions d’individus. Le problème, c’est que les habitants du pays d’accueil, eux, ne voient pas arriver des « individus » mais des contingents de Maliens, de Sénégalais, de Maghrébins, de Pakistanais, etc., dont ils constatent qu’ils sont porteurs de mœurs difficilement conciliables avec les leurs. C’est ce qui fait toute la différence.

    En Italie, l’union des populistes de gauche (M5S) et de droite (la Ligue) est une nouveauté par rapport à l’Autriche, par exemple, avec sa coalition droite-extrême droite. Ce phénomène est-il spécifiquement italien ou peut-il survenir dans d’autres pays, dont la France, toujours à la recherche de son éternelle « union des droites » ?

    Les phénomènes politiques de grande ampleur s’exportent rarement à l’identique d’un pays à l’autre, mais y prennent plutôt des formes différentes. Il en va ainsi des mouvements populistes, qui ne cessent aujourd’hui de monter dans toute l’Europe, mais qui s’y configurent de manière variable. Ils ont, cependant, un trait essentiel en commun. C’est que le sentiment d’insécurité culturelle suscité par la vague migratoire ne suffit pas à expliquer le populisme. Il ne commence à y avoir de populisme que là où l’insécurité économique et sociale s’ajoute à l’insécurité culturelle, essentiellement dans les couches populaires et dans une partie (grandissante) des classes moyennes. C’est pour cela que le clivage « exclus d’en bas contre nantis d’en haut » se substitue de plus en plus au clivage gauche-droite. Et c’est exactement ce qui se s’est passé en Italie, pays en première ligne face aux flux migratoires, mais qui a aussi été très gravement touché par la crise financière de 2008. N’en doutons pas, c’est ce qui va se produire de plus en plus ailleurs.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 16 août 2018)

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  • Crise migratoire : le suicide de l'Europe ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Douglas Murray au Figaro Vox dans lequel le journaliste britannique évoque la crise européenne provoquée par l'afflux de migrants clandestins. Douglas Murray a récemment publié L'étrange suicide de l'Europe (Toucan, 2018).

     

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    Douglas Murray : «Personne n'a donné aux ONG open-borders le droit de dicter l'avenir du continent !»

    FIGAROVOX.-Vous avez consacré un livre à l'étude de ces vagues migratoires successives qui affectent de manière continue les pays d'Europe occidentale. Quelle est votre position sur la crise de l'Aquarius? Comment faut-il analyser une telle crise?

    Douglas MURRAY.- Il est remarquable de voir se perpétuer cette même folie que je décris dans mon livre. Sur notre continent, personne ne semble vouloir apprendre quelque leçon que ce soit ou penser autrement que dans les termes les plus courts. Quelqu'un pense-t-il vraiment qu'une fois que l'Espagne aura accueilli les quelque 600 personnes de l'Aquarius, le problème sera résolu? Qu'il n'y aura personne pour observer ce qui se passe et décider d'en faire autant en suivant le même chemin que l'Aquarius? En réalité, quelle est notre politique? Que quelqu'un qui monte sur un bateau peut faire route vers l'Europe? Que quelqu'un qui arrive ainsi en Europe a le droit d'y rester? Manifestement, c'est là notre politique actuelle. Et elle est intenable.

    Emmanuel Macron a dénoncé la «part de cynisme et d'irresponsabilité» du gouvernement italien dans son refus d'accepter le navire. Que pensez-vous de ce refus italien?

    Je pense que le président Macron devrait donner l'exemple. Il devrait insister sur le fait que le prochain Aquarius, et celui qui suivra, et celui qui suivra encore, pourront tous accoster dans le sud de la France. Je séjourne à Nice en ce moment et il me semble que ce serait une solution très raisonnable. Je suis sûr que la population locale accueillera avec plaisir un grand nombre de personnes d'Afrique subsaharienne. Après tout, le sud de la France est très vaste et tous les nouveaux arrivants pourraient ne pas s'installer définitivement à Nice.

    En réalité, si quelqu'un est cynique, c'est le président Macron. Il dit une chose et en fait une autre. Il réprimande le nouveau gouvernement italien pour avoir refusé de permettre à l'Aquarius d'accoster en Italie. Pourtant, depuis la crise de 2015, le gouvernement français a rétabli les contrôles à la frontière franco-italienne. Si le président français est si partisan de l'arrivée des migrants en Italie, pourquoi oblige-t-il l'Italie à en supporter le poids et à conserver les migrants chez elle? Pourquoi n'ouvre-t-il pas les frontières de la France et ne permet-il aux milliers de migrants illégaux de pénétrer en France? Il devrait le faire s'il déteste à ce point le cynisme. En fait, on pourrait dire que Macron est simplement cynique et responsable.

    Monsieur Salvini, le ministre italien de l'Intérieur a répondu aux critiques qu'il ne faisait qu'appliquer le programme pour lequel il avait été élu. Est-il possible d'apporter une réponse aux craintes des populations tout en menant une politique qui serait humaine et respectueuse des droits humains individuels?

    L'Italie est évidemment dans une situation très sérieuse. Le parti de M. Salvini a promis d'expulser 500 000 personnes qui seraient arrivées illégalement dans le pays. J'aime l'Italie, mais je me demande s'il y a un pays dans le monde qui soit en mesure d'expulser rapidement un demi-million de personnes de manière ordonnée et humaine. En outre, l'Italie n'a qu'une version plus extrême d'un problème que nous avons tous. Où expulsons-nous les gens une fois qu'ils sont arrivés chez nous? Comment les contraignons-nous? Je pense que personne ne fera cela, même si c'est pourtant ce qui devait être fait. Parce que la distinction entre immigration légale et illégale doit tenir. Certaines personnes, qui prônent l'ouverture des frontières, demandent «quelle est la différence?» La réponse est «la loi». Ce qui n'est pas rien.

    M. Salvini ne réussira probablement pas. Il est probable que son parti imputera cet échec au parti 5 étoiles, et à un moment donné (peut-être l'année prochaine) les Italiens devront aller à nouveau aux urnes. Et à ce moment-là, c'est la Ligue qui profitera le plus de la situation.

    Dans votre livre, vous avez consacré un chapitre entier à Lampedusa. L'Italie n'a-t-elle pas déjà eu sa juste part dans l'accueil des nouveaux arrivants?

    C'est juste. Pendant des années, ils - l'Italie et la Grèce - ont porté le poids d'une politique non seulement décidée mais aussi encouragée par Berlin et Bruxelles. Bien sûr, il était prévu un «partage de la charge» en ce qui concerne les frontières extérieures de l'Europe, mais les Italiens et les Grecs étaient seuls à supporter le fardeau. Ainsi, le nord de l'Europe réprimande le Sud pour des politiques dont le Nord est largement responsable.

    Les premiers migrants sont arrivés à Lampedusa dès le milieu des années 2000. Vous rappelez qu'ils ont d'abord été accueillis avec beaucoup de gentillesse et de bonne volonté. Puis vinrent les printemps arabes. Vous dites dans votre livre que l'Italie a supporté cette énorme charge financière et humaine presque seule ...

    Les Italiens et les Grecs ont été extrêmement généreux et gentils. Il n'y a pas eu de troubles civils à grande échelle et, de façon générale, ils ont essayé d'accueillir les gens qui ont débarqué sur leurs rives. Mais êtes-vous en Italie récemment? Les gares et les parkings du pays sont devenus des camps de migrants. Pourquoi cela serait-il positif? Pourquoi cela serait-il souhaitable? Ce phénomène a augmenté pendant de nombreuses années, mais récemment, cela s'est encore accéléré. Et les politiciens ont délibérément laissé à leurs successeurs le soin de s'occuper de cela, parce que le problème est devenu trop complexe pour eux. C'est la même chose en Grande-Bretagne et partout ailleurs en Europe occidentale.

    Mais ce dont les gens doivent prendre conscience, c'est que toutes les prévisions démographiques en Afrique suggèrent que le nombre de personnes qui essaieront de pénétrer en Europe dans les années à venir sera beaucoup plus important qu'aujourd'hui. C'est pourquoi je dis que si nous ne parvenons pas à maintenir nos lois et nos frontières maintenant, alors nous n'avons aucune chance de résister.

    En 2013, le gouvernement italien a lancé l'opération «Mare Nostrum». Quel était le but de cette opération, soutenue à la fois par l'Union européenne et la communauté internationale? Quels en sont les résultats? Cette opération n'a-t-elle pas créé un environnement plus favorable et persuadé de plus en plus de migrants de venir?

    L'objectif était de répondre aux naufrages tragiques de navires hors d'âge, chargés de gens par des gangs de trafiquants désireux de maximiser leurs profits. L'Europe a vu les conséquences horribles et a voulu aider. Mais à la fin, nous avons aggravé le problème. Personne n'est prêt à l'admettre, mais envoyer des navires dans la Méditerranée pour amener les gens en toute sécurité en Europe a créé un «facteur d'attraction». Tout le monde le nie, mais c'est vrai. Les trafiquants mettaient de moins en moins de carburant dans leurs bateaux parce qu'ils savaient que les Européens intercepteraient les bateaux de plus en plus tôt et qu'ils feraient l'essentiel du travail de contrebande pour eux. Ce qui est un excellent modèle d'affaires pour les contrebandiers, mais un système terrible pour l'Europe. Entre autres choses que nous aurions dû faire (une mesure suggérée dans mon livre, et je suis heureux d'entendre que le président Macron commence à y songer), ce serait d'ouvrir des centres de traitement en Afrique du Nord. Cela empêcherait aussi les bateaux de quitter la côte nord-africaine et nous éviterait d'agir comme des partenaires des gangs de contrebande.

    Ce phénomène n'est-il pas aussi partiellement causé par les ONG?

    Bien sûr. Tous ces phénomènes sont largement favorisés par les ONG «open borders», organisations dirigées par des gens qui sont de véritables extrémistes. Ils distribuent des informations aux migrants et aux migrants potentiels pour les aider à contourner les règles existantes et en leur expliquant comment rester définitivement en Europe.

    Ces ONG pensent que le monde ne devrait pas avoir de frontières. Que les frontières sont racistes. Que les frontières causent tous les problèmes du monde. Ils ont pris sur eux d'affaiblir les frontières de l'Europe. Les autorités italiennes ont pris un certain nombre d'ONG en flagrant délit de coopération actrive avec les réseaux de contrebande. Ces ONG ont été surprises au téléphone avec des contrebandiers, arrangeant les points de rencontre et retournant même les bateaux aux gangs. Qui a donné à ces groupes le droit de dicter l'avenir de notre continent? Qui leur a permis d'être nos arbitres de moralité? Ou de décider de notre avenir sociétal à court et à long terme?

    Quel est le rôle joué par les fixeurs des frontières qui planifient les voyages des migrants transfrontaliers?

    Ce sont des barbares. Ils prennent de l'argent à des personnes nécessiteuses et souvent désespérées. Ils les plongent dans la misère et la crise, les torturant souvent afin d'extorquer plus d'argent à leurs familles. Et ce sont souvent ces personnes que nos dirigeants politiques ont jugé bon d'encourager et avec lesquelles les ONG se sont contentées de collaborer. Encore une fois, tout le monde ne pense qu'au plus court terme possible.

    Les hommes et les femmes qui viennent de l'étranger sont tous automatiquement englobés sous le terme de «migrants» ou de «réfugiés». Vous expliquez que leur situation peut être très différente. Comment? Y a-t-il des tensions entre eux?

    On utilise souvent le terme «migrant» et «réfugié» de façon interchangeable. J'ai voyagé partout dans le monde et j'ai vu beaucoup d'endroits terribles. Je ne nie pas qu'il y ait des gens qui fuient la guerre. Particulièrement la guerre en Syrie. Mais la solution la moins traumatisante est le plus souvent de les garder dans le voisinage du pays qu'ils fuient. La plupart des experts de l'aide internationale admettent, comme je l'ai dit dans mon livre, que le coût d'hébergement d'un demandeur d'asile en Europe du Nord est environ 100 fois supérieur à ce qu'il est dans un pays limitrophe du pays fui. C'est déjà là une première raison évidente qui fait du transfert vers l'Europe un déplacement illogique. Avec de tels coûts, nous pouvons aider beaucoup moins de gens. Peut-être faut-il soigner certaines personnes en Europe, mais l'Europe ne peut pas être l'endroit où tous ceux qui fuient la guerre dans le monde se sentent chez eux.

    La situation des migrants économiques est encore pire. Parce qu'il ne faut pas oublier que la majorité des personnes arrivant en Europe ces dernières années - y compris en 2015 - ont été des migrants économiques. Encore une fois, les ONG soutiennent qu'il n'y a pas beaucoup de différence entre les migrants économiques et les demandeurs d'asile. Mais si nous tombons dans ce mensonge (comme c'est souvent le cas), cela signifie que presque tous les habitants de l'Afrique et du Moyen-Orient (sans parler de la majeure partie de l'Extrême-Orient) ont le droit de s'installer en Europe. Ou ne seront pas arrêtés s'ils viennent. Ou ne seront pas renvoyés une fois qu'ils seront ici. Dans ce cas, observez bien les premiers millions. Car il y aura des centaines de millions de plus.

    Une fois arrivés en Europe, les «migrants» peuvent-ils être effectivement renvoyés?

    Oui. Les personnes qui ont menti sur leur pays d'origine, ou qui viennent d'un pays sûr ou qui n'ont pas fait de demande d'asile légale devraient être renvoyées rapidement. On ne devrait pas permettre que le processus d'appel traîne pendant des années.

    Peut-on dire que les pays occidentaux ont malgré tout une part de responsabilité importante dans cette crise de l'immigration, étant donné que leurs guerres en Irak ou en Libye, pour n'en nommer que quelques-unes, ont durablement déstabilisé toute la région?

    C'est un argument que certaines personnes font valoir, et ce n'est pas sans fondement. Les efforts de stabilisation déployés en Irak et en Libye après la guerre se sont avérés totalement insuffisants. Mais qu'avons-nous fait pour déstabiliser la Syrie? Les principaux acteurs impliqués dans la déstabilisation de ce pays ont été l'Iran, la Russie, certains États du Golfe et la Turquie. Pour n'en nommer que quelques-uns. Je montre dans mon livre pourquoi ces pays sont très heureux que l'Europe tombe dans le piège en s'accusant une fois de plus de tous les maux du monde. C'est très confortable pour le reste du monde de nous encourager dans ce travers d'auto-culpabilisation.

    Lors de mes voyages à travers l'Europe pour les recherches nécessaires à mon livre, j'ai rencontré des migrants originaires de la plupart des pays en développement. Si vous croyez que nous sommes responsables des flux de réfugiés en provenance d'Irak et de Libye, qu'en est-il des flux du Pakistan, du Bangladesh, du Myanmar, de l'Erythrée, du Nigeria et de dizaines de pays à travers le monde? Sommes-nous responsables de la situation dans tous ces pays? Est-ce vraiment la bonne solution de permettre à tous ces gens de s'installer en Europe? Ou bien s'agit-il d'un problème auquel personne ne veut sérieusement penser?

    Pour revenir à la crise de l'Aquarius, que dit cette crise particulière à propos de l'Europe? Est-ce le symbole du «suicide de l'Europe» ou peut-elle au contraire conduire à un regain de conscience politique?

    Cela prouve que pour le moment, rien ne va changer. C'est une chose positive que le gouvernement italien ait finalement dit «assez». Mais la réponse cynique des autres pays européens montre que, pour le moment, tout le monde espère éviter les conséquences de cette poussée migratoire historique vers notre continent. Peut-être que certains pays seront en mesure de se tenir éloignés encore un certain temps. Peut-être que la France évitera le pire cette année. Mais ça ne pourra pas durer éternellement. Pour aucun pays.

    C'est pourquoi, au lieu de faire du bruit ou de jouer les uns contre les autres, nous tous en Europe devons reconnaître honnêtement ce qui se passe et y faire face de front. Ce n'est qu'en agissant ainsi que nous avons toutes les chances de trouver des réponses humaines et décentes. Et de garder peut-être notre continent reconnaissable pour la prochaine génération.

    Douglas Murray, propos recueillis par Alexandre Devecchio (Figaro Vox, 19 juin 2018)

     

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