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  • Relations troubles entre ONG et passeurs : les médias français détournent le regard...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de l'Observatoire du journalisme consacré au silence des médias français sur les enquêtes qui mettent au jour les liens entre ONG et les passeurs de migrants en Méditerranée...

     

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    Révélations sur les relations troubles entre ONG et passeurs : les médias français détournent le regard

    L’étau se resserre autour de certaines ONG suspectées de collaborer avec les trafiquants d’êtres humains en Libye et de faciliter l’immigration clandestine en mer Méditerranée. Les récentes révélations du journal suisse Le Temps à ce sujet, bien qu’explosives, n’intéressent visiblement pas les médias français de grand chemin, probablement trop occupés à vanter les mérites de l’immigration et de la diversité.

    L’immigration clandestine en Méditerranée : un phénomène massif passé sous silence

    Il y a encore quelques mois, l’actualité était rythmée par les annonces des arrivées incessantes de bateaux chargés de clandestins sur les côtes italiennes ou à Malte. La question de la répartition des migrants entre pays européens se posait inévitablement. Les progressistes s’empressaient de minimiser l’ampleur des flux migratoires, les populistes préconisaient quant à eux la tolérance zéro face à cette immigration incontrôlée.

    Nos dirigeants ont rapidement compris le mauvais effet que les annonces sans cesse renouvelées des répartitions de migrants entre pays européens faisait auprès de l’opinion publique, en particulier en pleine pandémie de coronavirus. Ils sont désormais beaucoup plus discrets au sujet de celles-ci, et elles échappent maintenant à toute médiatisation. Mais cela ne signifie en aucun cas que l’immigration clandestine arrivant sur les côtes européennes soit à l’arrêt, comme en témoignent les statistiques tenues par le Haut-commissariat aux réfugiés des Nations Unies.

    Depuis le début des années 2010, c’est par millions que les clandestins sont arrivés en Europe par la mer méditerranée. Et comme nous le soulignions en début d’année, la pandémie de coronavirus a à peine infléchi la tendance en 2020. Cette immigration illégale massive ne serait pas possible sans un écosystème favorisant les passages incessants de clandestins, un écosystème dont les rouages n’intéressent, à la lumière des dernières révélations, pas beaucoup les médias de grand chemin.

    Des suspicions déjà anciennes

    Les suspicions de collusion entre les passeurs et certaines Organisations Non Gouvernementales pour favoriser le transport des clandestins sur les côtes italiennes et grecques ne sont pas nouvelles. L’Observatoire du journalisme a consacré plusieurs articles à ce sujet :

    - Le 16 décembre 2016, nous faisions état du travail d’investigation de la fondation néerlandaise Gefira qui accréditait la thèse selon laquelle des ONG font passer les migrants en Europe « à une échelle industrielle » en lien étroit avec certains passeurs. Ces travaux avaient fait l’objet d’un pitoyable debunkage de Libération.

    - Le 20 décembre de la même année, nous relations une enquête menée par le Financial Times à partir d’informations de Frontex. Celle-ci aboutissait à la conclusion de l’existence de liens entre des réseaux criminels et certaines ONG dont les bateaux croisent en mer méditerranée, dans un objectif affiché de « sauvetage en mer ».

    - En juillet 2017, nous consacrions un revue de presse au rôle des ONG dans la crise des migrants. Nous relevions que le journal Le Monde avait fait état le 24 avril 2017 des déclarations d’un procureur italien affecté à Catane, dans l’est de la Sicile, Carmelo Zuccaro, affirmant « avoir « des preuves » que des navires humanitaires qui secourent des migrants en Méditerranée (sont) en contact direct avec des trafiquants d’êtres humains en Libye ».

    - En décembre 2018, l’Observatoire du journalisme reprenait un article très fouillé du site l’Antipresse sur « ce phénomène étonnant : des navires qui orchestrent, financent, organisent de massifs transferts de population ».

    La justice italienne mène l’enquête

    Dernier rebondissement en date, le journal suisse Le Temps vient de révéler les conclusions du travail d’enquête mené par un juge italien, Maurizio Agnello, accréditant l’existence d’une collusion entre certaines ONG et des passeurs. Le journal suisse Le Temps a eu accès aux 651 pages de son rapport, qui est le fruit de 3 ans de travail. Il en présente les grandes lignes dans un article du 11 mars. Celui-ci mentionne en substance :

    « Les organisations de sauvetage auraient développé des relations de proximité avec les trafiquants afin d’être avertis à l’avance des départs de bateaux transportant des migrants et d’être ainsi les premiers sur place. Les trois ONG (Save the Children, Médecins sans frontières et Jugend Rettet, NDLR) auraient agi de concert et « contourné le système de secours mis en place par les autorités italiennes ».

    Le rapport pointe la responsabilité d’une vingtaine de personnes, de nationalité italienne pour moitié, et également allemande, espagnole, française et belge. Celles-ci encourent des peines de 4 mois à 20 ans de prison. L’acte d’accusation serait sur le point d’être rédigé. D’autres faits de collusion alléguée avec les passeurs sont mentionnés dans l’article du journal suisse qui viennent alourdir les charges pesant contre les membres des 3 ONG.

    Si le Temps révèle un scoop, il n’en oublie pas pour autant, pour faire bonne mesure, de donner un coup de griffe aux policiers et à certains politiciens italiens qui n’ont de cesse de dénoncer les liens entre des ONG et des passeurs. C’est oublier un peu vite que, comme nous le relevions dans une revue de presse, les ministres de l’intérieur italien, français et allemand soulignaient, lors d’une réunion informelle organisée le 7 juillet 2017, que « les ONG doivent certes répondre à leur vocation de sauvetage en mer, mais ne pas alimenter elles-mêmes ce flux incessant »…

    D’autres accusations plus récentes

    Ces accusations ne sont les seules à l’encontre de certaines ONG dont les bateaux croisent en mer méditerranée. Le site d’information Breizh Info a consacré le 3 février 2021 un article aux déclarations du contre-amiral italien à la retraite Nicola De Felice, qui était à la tête du commandement naval italien en Sicile dans les années 2015–2018, au plus fort de la crise des migrants.

    Celui-ci affirme notamment :

    « Les navires de sauvetage de migrants ne font qu’encourager des tentatives de traversée plus dangereuses et violent toute une série de lois » Des ONG européennes « coopèrent avec les trafiquants d’êtres humains et violent le droit international en mer ».

    L’opacité du financement des ONG est également fréquemment pointée du doigt. Le site Riposte Laïque a révélé récemment les grandes lignes d’un rapport rédigé par un parlementaire allemand mettant en avant l’attribution en 2019 de près de 34 millions de subventions aux ONG de l’Open Society Foundation du milliardaire américain George Soros. 

    Black-out quasi-total en France

    Les récentes accusations de la justice italienne contre les 3 ONG n’intéressent visiblement pas les médias français, contrairement à la presse étrangère qui y a consacré plusieurs articles, notamment le journal britannique The Guardian, Arabnews, etc. Le journaliste Olivier Bault a publié sur le site d’information Remix news un article très complet à ce sujet, qui mentionne notamment d’autres poursuites engagées par le procureur de Ragusa contre l’ONG Saving Human.

    Parmi les très rares médias français à parler de cette affaire, le site Infomigrants soulignait le 4 mars, soit 7 jours avant Le Temps, une « pluie d’accusations contre les ONG d’aide aux migrants en méditerranée », suivi le 11 mars par le site de revue de presse Fdesouche, puis le 12 mars par le site du journal Front Populaire et C News le 15 mars. Depuis, à l’heure où nous écrivons ces lignes, le 16 mars, plus rien. La maison mère de l’information politiquement correcte, l’Agence France Presse, a très probablement trouvé des informations plus importantes à proposer à ses clients bien peu hardis…

    Le tropisme pro-ONG et pro-migrants des médias français de grand chemin n’est pas un nouveauté.

    En 2018, c’est dans un silence médiatique assourdissant que le média anglophone The Investigative journal mettait en lumière le financement de groupes terroristes islamiques en Afrique du nord par la traite de migrants. A l’époque comme maintenant, les médias français de grand chemin avaient traité ces informations avec dédain. Il est vrai qu’il est plus facile de recopier laborieusement des dépêches de l’AFP plutôt que de s’attirer des ennuis en évoquant les sujets qui dérangent…

    Observatoire du journalisme (OJIM, 17 mars 2021)

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  • Migrants mineurs : l’aveuglement idéologique du gouvernement et des médias...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Paul Tormenen, cueilli sur Polémia et consacré à la question des migrants mineurs, qui rentrent en masse, et clandestinement, dans notre pays. Paul Tormenen est juriste et spécialiste des questions migratoires.

     

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    Migrants mineurs : l’aveuglement idéologique du gouvernement et des médias

    Les mobilisations pour la régularisation de jeunes migrants qui ont été pris en charge par l’aide sociale à l’enfance se multiplient. En pleine crise économique, la pléthore de postes à pourvoir dans certains secteurs de l’économie justifierait selon leurs défenseurs qu’un titre de travail leur soit octroyé à leur majorité. Le gouvernement déploie pour sa part des mesures pour favoriser l’insertion professionnelle et la pérennisation du séjour en France des jeunes étrangers. Cette politique ne fait pourtant qu’attiser l’afflux massif de clandestins.

    Des tranches de vie à foison dans les médias régionaux

    Ces derniers temps, les médias locaux abondent de récits de mobilisations pour la régularisation de jeunes migrants qui ont été pris en charge par l’aide sociale à l’enfance.

    Mallé, un jeune Malien sommé de quitter le territoire alors qu’un patron est prêt à le prendre en apprentissage dans sa boucherie, Mamadou, un Guinéen dont l’employeur, un boulanger, est en grève de la faim pour le faire régulariser, etc. : ils seraient nombreux à être dans la même situation. Arrivés en France et présumés mineurs, pris en charge à grands frais par l’aide sociale à l’enfance, ils s’engagent dans une formation professionnelle, souvent en apprentissage. Mais certains, à leur majorité, reçoivent des services de l’État une obligation de quitter le territoire français.

    Dans leur combat pour obtenir un titre de travail, les jeunes extra-Européens peuvent compter sur le soutien de multiples associations : Cimade, Patrons solidaires, Syndicat des avocats de France, Avocats pour la défense des droits des étrangers, etc. (1).

    Le gouvernement multiplie les mesures pour favoriser le maintien des « Mineurs non-accompagnés » en France

    Selon les associations immigrationnistes, les jeunes extra-Européens seraient donc de plus en plus nombreux à être sommés de quitter le territoire français à leur majorité. Pourtant, tant les statistiques sur les éloignements du territoire que les récentes annonces du gouvernement contredisent totalement cette assertion (2).

    La ministre du Travail était d’ailleurs catégorique début janvier : « La logique pour les mineurs non accompagnés, s’engageant dans des formations, est qu’ils puissent au bout de deux ans, continuer à travailler en France si tout s’est bien passé » (3).

    Le gouvernement a pris plusieurs initiatives allant dans ce sens :

    • comme nous le soulignions récemment, le ministre de l’Intérieur a adressé en septembre 2020 une instruction aux préfets visant à éviter toute « rupture de droits » à la majorité des mineurs non accompagnés, afin de « favoriser leur parcours vers l’emploi » (4) ;
    • le secrétaire d’État à la protection de l’enfance annonçait le 27 janvier 2021 « l’accompagnement de tous [les jeunes majeurs issus de l’ASE, N.D.L.R] vers l’emploi ou la formation et une allocation de 500 € par mois » (5).
    • dernière annonce en date, la ministre chargée de la citoyenneté a, dans une instruction du 17 février 2021, présenté aux préfets la politique d’intégration des « primo-arrivants » (comprendre : très majoritairement des extra-Européens arrivés récemment en France) (6).

    L’instruction décline les moyens à mettre en œuvre, dont le budget a doublé depuis le début du quinquennat du président Macron.

    La ministre y souligne la priorité donnée par le gouvernement à l’intégration des étrangers primo-arrivants et demande aux préfets d’inscrire leur emploi « dans [le] dialogue avec les entreprises et tout particulièrement dans les instances de pilotage du plan de relance ».
    Le plan de relance du gouvernement, dont le budget avoisinerait les cent milliards d’euros, prévoit notamment un « plan jeunes », avec une enveloppe de sept milliards d’euros et des aides à l’embauche de 4 000 euros pour les moins de 25 ans et de 5 000 euros pour recruter un alternant (7). Il y a donc des arguments de poids dans ce « dialogue » avec les entreprises.

    Le plan de relance serait-il une occasion pour le gouvernement de permettre de pourvoir des emplois vacants par des jeunes migrants ? Et si cette politique présentée comme humaniste était le comble de l’aveuglement et de l’idéologie cosmopolite ?

    Les emplois vacants, un vrai problème, mais pour quelle solution ?

    L’existence d’un important stock d’emplois vacants en France, malgré le chômage de masse, n’est pas une nouveauté. Les secteurs de la boulangerie-pâtisserie, de la restauration et de la mécanique seraient particulièrement touchés par la pénurie de candidats (8). Le gouvernement et certains employeurs ont donc une solution clefs en main pour tenter de résoudre ce problème, l’accueil de jeunes extra-Européens, dont les efforts lors de leur formation ou de leur activité professionnelle seront récompensés par un précieux sésame à leur majorité : un titre de séjour et de travail. On imagine la motivation des jeunes migrants. Mais cette solution, qui semble la plus rapide pour pourvoir les emplois vacants, comporte de nombreux inconvénients, outre son coût faramineux.

    Les emplois vacants, miroir de la société

    La vacance de nombreux emplois en France est le miroir de problèmes que le gouvernement refuse à prendre à bras-le-corps :

    – Un problème de formation et d’éducation : de nombreux employeurs se plaignent que de nombreux jeunes manquent de motivation au travail et ont un comportement qui laisse à désirer. Cette déficience, due tant à l’absence d’éducation par certains parents qu’aux carences d’une partie du système scolaire, est le résultat d’une idéologie soixante-huitarde et d’une sous-culture des cités qui ne cessent de faire des dégâts (9). On pourrait aussi parler de la dévalorisation irresponsable des métiers manuels.

    – Il est beaucoup plus intéressant pour de nombreux jeunes de banlieue d’exercer le commerce illicite mais très lucratif de la drogue que de travailler 35 heures pour gagner le SMIC. Le gouvernement actuel, comme les précédents, refuse de donner un coup de pied dans la fourmilière de cette économie souterraine. Il porte donc une partie de la responsabilité de ce problème.

    – À l’heure où le gouvernement étend le bénéfice de la Garantie jeunes, une sorte de RSA pour les jeunes âgés de 18 à 25 ans, notamment aux mineurs non accompagnés, la fameuse « activation des dépenses sociales » relève plus que jamais du serpent de mer. En 1998, la loi instituant le revenu minimal d’insertion (RMI) visait à assurer l’insertion sociale et professionnelle de ses bénéficiaires (10). Pourtant, cette fameuse insertion professionnelle d’allocataires toujours plus nombreux des minima sociaux ne semble visiblement plus une priorité pour le gouvernement.

    – Nouvelle illustration de ce manque de sens des priorités : les jeunes sont de plus en plus nombreux à avoir abandonné tout espoir d’insertion professionnelle. Ils étaient ainsi près de 900 000 en 2018 à être sans études, sans emploi ni formation, un chiffre qui doit être bien supérieur avec la crise économique actuelle (11).

    Le gisement de candidats potentiels aux postes non pourvus existe bel et bien en France, à condition que l’on veuille bien s’en occuper. Quel sens y a-t-il dans ce contexte à faire de l’accès à l’emploi des jeunes extra-Européens une priorité ?

    **********

    En dépit de la situation déplorable du pays, le gouvernement refuse d’organiser l’indispensable moratoire de l’immigration. Tout comme il refuse de revenir sur le droit existant qui permet à des extra-Européens d’obtenir une prise en charge intégrale en se prétendant mineurs ou demandeurs d’asile. Pourtant, faire de l’insertion des primo-arrivants une priorité revient à leur donner un avantage sur le marché du travail. Pire, les mesures adoptées – sécurisation juridique du séjour à la majorité, versement d’une allocation, effort considérable pour l’accès à l’emploi – ne vont faire qu’attiser l’immigration clandestine qui se presse aux guichets de l’aide sociale à l’enfance et des demandes d’asile.

    Ce mélange d’idéologie et d’aveuglement va être rapidement intenable. Aucun droit n’est intangible, comme nous l’a montré la remise en cause du droit du sol à Mayotte (12). La remise en cause de l’aide sociale à l’enfance et de l’asile dans leur forme actuelle apparaît plus que jamais urgente.

    En 1914, Jean Jaurès s’exprimait dans L’Humanité : « … il faut empêcher aussi que cette main-d’œuvre étrangère soit employée par le patronat comme un moyen d’évincer du travail les ouvriers français et d’avilir leurs salaires ». C’était il y a presque un siècle. Ses propos n’ont pas pris une ride (13).

    Paul Tormenen (Polémia, 5 mars 2021)

     

    Notes :

    (1) « Laye Traoré, l’apprenti boulanger devenu le visage de la galère des jeunes étrangers en France ». InfoMigrants. 26 janvier 2021.
    (2) Chiffres clés de l’immigration. Les éloignements 2020. Ministère de l’Intérieur. 21 janvier 2021.
    (3) « Apprenti guinéen menacé d’expulsion : la position d’Élisabeth Borne ». maCommune.info. 8 janvier 2021.µ
    (4) Instruction du ministre de l’Intérieur relative à l’examen anticipé des demandes de titres de séjour des mineurs étrangers confiés au service départemental de l’aide sociale à l’enfance. 21 septembre 2020.
    (5) « Interdiction du placement en hôtel, création d’un fichier national des agréments… Adrien Taquet dévoile ses mesures pour les enfants placés ». France Info. 27 janvier 2021.
    (6) Instruction du 17 février 2021 sur les priorités 2021 de la politique d’intégration des primo-arrivants et des bénéficiaires de la protection internationale. Ministre déléguée auprès du ministre de l’Intérieur, chargée de la citoyenneté.
    (7) « Plan 1 jeune 1 solution » du plan de relance. Ministère du travail.
    (8) Cf. (1).
    (9) « Emploi : les jeunes doivent changer leur comportement ». Le Journal de Saône-et-Loire. 26 janvier 2014.
    (10) « Création du revenu minimum d’insertion (RMI) par Michel Rocard, Premier ministre ». Site du gouvernement. 9 décembre 2013.
    (11) « Plus de 900 000 jeunes sans études, ni emploi, ni formation en 2018 ». Le Figaro. 7 février 2020.
    (12) « Mayotte : retour sur le parcours législatif de la limitation du droit du sol ». Public Sénat. 22 octobre 2019.
    (13) « Socialistes et migrations ». Gilles Candar. Fondation Jean Jaurès. 5 octobre 2016.

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  • Quand l'immigration clandestine repart de plus belle...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Paul Tormenen cueilli sur Polémia et consacré à la hausse des arrivées d'immigrants clandestins en Europe, malgré la crise du coronavirus. Paul Tormenen est juriste.

     

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    Débarquement d'immigrants clandestins sur la côte espagnole (juillet 2020)

     

    Malgré la Covid-19, l’immigration clandestine repart de plus belle

    La reprise des arrivées massives de clandestins en Europe était redoutée avec la fin du confinement. Elle se confirme depuis quelques semaines. Alors que le coronavirus poursuit sa propagation, alors que le chômage et la pauvreté explosent, l’Italie et l’Union européenne se montrent incapables d’apporter une réponse ferme à une immigration hors de contrôle.

    En cet été 2020, vous ne trouverez pas en France de touristes venant des États-Unis ou de Russie. En revanche, en dépit des restrictions de circulation, les clandestins sont de plus en plus nombreux à partir d’Afrique du Nord pour gagner l’Europe.

    Les mises en garde sur un regain possible de l’immigration clandestine à l’issue du confinement n’ont pourtant pas manqué (1). À voir l’accélération des arrivées illégales en Europe, celles-ci sont visiblement tolérées, alors que les arrivées de touristes de certains pays sont fermement refusées, ce qui affecte durement l’économie européenne. Cette immigration clandestine n’est pas le fruit du hasard. Elle résulte de décisions et de choix politiques assumés.

    Le confinement en Europe : le blocus de l’immigration clandestine est possible

     Au début de la période de confinement en Europe, les gouvernements italiens et maltais ont annoncé la fermeture de leurs ports, pour « raisons sanitaires » (2). Le résultat a été immédiat : les bateaux des organisations non gouvernementales (ONG) croisant en mer Méditerranée ont cessé leur activité (3). Les passeurs ont suivi le mouvement. Les arrivées recensées de clandestins en Italie ont été minimes en mars et en avril (4). Les morts en mer Méditerranée n’ont, en mars 2020, jamais été aussi peu nombreuses depuis 2014 (5). Preuve s’il en fallait que le meilleur moyen d’arrêter les noyades est d’organiser un blocus des ports européens aux bateaux des passeurs de clandestins et non de tolérer les arrivées illégales.

    Les arrivées massives de clandestins en Europe reprennent

    Depuis la fin du confinement en Europe, les passeurs et les ONG ont repris du service. Sur l’île italienne de Lampedusa, entre l’Afrique et le continent européen, c’est désormais toutes les heures qu’un bateau chargé de clandestins arrive (6). Les capacités de quarantaine sont au 1er août arrivées à saturation (7). Du 20 au 26 juillet, ce ne sont pas moins de 11 000 clandestins qui sont arrivés en Italie. C’est, en une seule semaine, autant que pendant toute l’année 2019 (8). Cela amène le ministère italien de l’Intérieur à parler d’un « flux exceptionnel de migrants économiques » (9).

    Parmi les clandestins, les Maghrébins musulmans, en particulier tunisiens, tendent à devenir de plus en plus nombreux (10). Les clandestins arrivant en Italie depuis le début de l’année sont par ordre d’importance Tunisiens, Bengalais, Ivoiriens et Algériens (11). Une fois arrivés en Italie, ils vont pour nombre d’entre eux gagner d’autres pays européens. La situation explosive à la frontière franco-italienne en est une illustration (12). La tendance à une augmentation des arrivées de clandestins est observable également en Espagne et en Grèce, comme en témoignent les chiffres du Haut-Commissariat aux réfugiés (13).

    Un risque sanitaire considérable

    De nombreux cas de contamination au coronavirus ont été détectés parmi les migrants arrivant en Italie. Pour ne citer que quelques exemples, fin juin, 28 cas de contamination ont été détectés parmi les migrants présents sur le bateau de l’ONG Sea Watch, stationné près des côtes siciliennes (14). Un bateau dont la capitaine a affirmé qu’il fallait « abattre la forteresse Europe » (15). Début juillet, c’est à bord du bateau de l’ONG Mediterranea Saving Humans que huit cas de contamination ont été détectés sur les 43 migrants débarqués dans la commune italienne d’Augusta (16). Plus récemment, 134 migrants sur les 293 relocalisés dans le nord de l’Italie ont été testés positifs au coronavirus (17).

    Le rythme et le nombre des arrivées de clandestins en Italie ne permettent pas de contenir le risque sanitaire. Ainsi, en Sicile, plus de deux cents migrants ont récemment enfreint la quarantaine à laquelle ils étaient soumis (18).

    L’île de Malte a également rouvert ses ports aux bateaux chargés de clandestins. Fin juillet, 65 des 95 migrants arrivant de l’un d’entre eux ont été testés positifs au coronavirus, ce qui serait la proportion habituellement constatée selon un journal hongrois (19).

    Vieilles recettes pour pérenniser l’immigration de peuplement

    Le ministre italien des Affaires étrangères, Luigi Di Maio, appelle l’Union européenne à se saisir de cette question immédiatement et à organiser entre pays européens une répartition des migrants arrivés dans son pays (20). Un accord dans ce sens, similaire à celui conclu à La Valette en septembre 2019, serait en négociation (21). Ce sont toujours les vieilles recettes qui sont préconisées : accueillir indépendamment de toutes considérations sociales, culturelles et économiques, répartir encore et toujours les migrants entre pays européens. Sachant que, selon un récent rapport, la grande majorité de ceux qui font l’objet d’une obligation de quitter un pays européen reste sur le continent, c’est un sauf-conduit qui est donné à nombre de clandestins qui foulent la terre européenne (22). Dans ces conditions, l’appel d’air à l’immigration clandestine n’est pas près de s’estomper.

    Une immigration incontrôlable

    Face à ces flux incessants, l’ancien ministre italien de l’Intérieur, Matteo Salvini, accuse le gouvernement italien d’« importer le coronavirus ». Il prend pour exemple la récente fuite de près de 700 clandestins de centres de rétention (23).

    Il est utile de rappeler que l’action de Matteo Salvini au gouvernement en 2018 et 2019, en imposant un blocus aux bateaux des passeurs et des ONG, a permis une baisse considérable des arrivées de clandestins en Italie. Mais cela a déchaîné le camp des immigrationnistes. L’immunité parlementaire du leader de la Lega vient d’être levée, afin de permettre son jugement pour avoir refusé en août 2019 de laisser débarquer sur les côtes italiennes 80 clandestins à bord d’un navire. Peu avant le vote du Parlement italien, la presse italienne s’est fait l’écho de révélations selon lesquelles les poursuites ont été engagées contre l’ancien ministre de l’Intérieur bien que des magistrats italiens considèrent son action au gouvernement comme justifiée et légale (24). On peut se demander s’il ne s’agit pas de faire payer à Matteo Salvini d’avoir rompu un consensus délétère concernant l’accueil des clandestins en Italie et plus largement en Europe…

    L’économie de l’immigration clandestine : un secteur florissant

    Comme Alexandre Del Valle le démontre récemment dans les colonnes de Valeurs actuelles, l’immigration clandestine représente un business florissant (25). C’est tout un secteur économique, parfois financé par l’impôt, qui a été mis à l’arrêt pendant le confinement. Les clandestins, les passeurs et les ONG ont attendu avec impatience la reprise du trafic en Méditerranée, où chacun semble avoir un rôle convenu.

    Selon un journal allemand, un rapport du centre allemand d’analyse de l’immigration illégale rattaché au ministère de l’Intérieur, publié ces dernières semaines, mentionnerait que des passeurs présents en Libye détecteraient activement la présence des bateaux des ONG au large des côtes libyennes et leur enverraient des migrants, voire les contacteraient par téléphone. Le rapport parle même de « départs concertés » à partir des côtes libyennes (26).

    Une seule solution : le blocus de l’immigration clandestine

    Face à une situation qui ne cesse de se détériorer, un ancien officier de la marine italienne préconise qu’un blocus naval des zones côtières libyennes et tunisiennes soit mis en place et que les navires des ONG impliqués dans la traite des êtres humains soient confisqués (27).

    Mais si de telles mesures ont montré leur efficacité, elles nécessitent réalisme, courage et conviction. Or ces trois conditions semblent faire défaut tant de la part des responsables actuels des autorités italiennes que des dirigeants européens.

    Ainsi, la commissaire européenne aux Affaires intérieures, Ylva Johansson, déclarait récemment, à l’occasion de la présentation des objectifs du prochain pacte sur les migrations et l’asile, que les migrants « font partie de nous et nous faisons partie d’eux » (28). Elle ajoutait qu’« il est crucial d’ouvrir autant de voies de migration légales que possible ». On ne peut être plus explicite : toute dimension sociale et culturelle de l’immigration issue d’Afrique est évacuée. Seule compte l’immigration de peuplement. Comme s’il fallait en ajouter, en début d’année, l’opération Sophia, initialement chargée de lutter contre les passeurs convoyant des migrants de Libye en Italie, a été réorientée au contrôle de l’embargo sur l’importation d’armes en Libye (29).

    Crise sanitaire, crise économique, crise sociale, crise identitaire : c’est au pire moment que de nombreux clandestins affluent de nouveau en Europe, face à des gouvernements tétanisés.

    En 1848, Victor Hugo écrivait : « Le jour où la misère de tous saisit la richesse de quelques-uns, la nuit se fait, il n’y a plus rien. Plus rien pour personne. » Cela pourrait avoir été écrit aujourd’hui…

    Paul Tormenen (Polémia, 06 juillet 2020)

     

    Notes :

    (1) « Après le confinement, la submersion migratoire ? ». Paul Tormenen. Polémia. 19 mai 2020.
    (2) « Le Covid-19, nouveau danger pour les migrants en Méditerranée ». Libération. 10 avril 2020.
    (3) « Secours aux migrants : les ONG reprennent la mer en Méditerranée ». France Info. 18 juin 2020.
    (4) Operational Portal, Refugee Situation. UNHCR. Consultation le 1er août 2020.
    (5) Operational Portal, Refugee Situation. UNHCR. Requête « Dead and Missing at Sea – March 2019 ».
    (6) « Italian island overwhelmed as migrants boats arrive every hour on average ». Breitbart. 27 juillet 2020.
    (7) « Italian island of Lampedusa runs out of room to quarantine arriving migrants ». Breitbart. 1er août 2020.
    (8) cf. (4)
    (9) Communiqué de presse du ministère italien de l’Intérieur. 29 juin 2020.
    (10) « Lampedusa fait face à un nouvel afflux de migrants tunisiens ». InfoMigrants. 24 juillet 2020.
    (11) cf. (4)
    (12) « Ventimiglia, il limbo dei migranti respinti dalla Francia e costretti a dormire in strada ». Il Fatto quotidiano. 29 juillet 2020.
    (13) cf. (4)
    (14) « Un focolaio sulla Moby Zaza Da Sea Watch 28 contagiati ». Il Giornale.it. 24 juin 2020.
    (15) « EU wants migrants to drown, says German captain Carola Rackete ». InfoMigrants. 30 juin 2020.
    (16) « Bufera sul numero dei migranti contagiati. Il Viminale dica la verità ». Il Giornale.it. 2 juillet 2020.µ
    (17) « Il governo spedisce i migranti al nord e crea un maxi focolaio di Covid ». Il Giornale.it. 30 juillet 2020.
    (18) « Italie : plus de deux cents migrants bravent la quarantaine en Sicile ». Le Figaro. 27 juillet 2020.
    (19) « Nearly 70% of illegal migrants arriving in Malta have Coronavirus ». Remix News. 30 juillet 2020.
    (20) Intervention de Luigi Di Maio sur Facebook. 1er août 2020.
    (21) cf. (3)
    (22) « Fewer than 40% of migrants given deportation orders actually leave Europe ». Remix News. 31 juillet 2020.
    (23) « Italy: Salvini accuses left-wing government of importing coronavirus after over 700 migrants escape quarantine ». Remix News. 28 juillet 2020.
    (24) « Migrants : scandale en Italie après la divulgation d’échanges entre magistrats sur Salvini ». Valeurs actuelles. 24 mai 2020.
    (25) « L’incroyable business de l’immigration clandestine ». Alexandre Del Valle. Valeurs actuelles. 10 février 2020.
    (26) « NGO-Schiffe geortet – Konzertierte Abfahrten aus Libyen festgestellt ». Die Welt. 7 juillet 2020.
    (27) Interview du contre-amiral Nicola De Felice par Breizh Info le 27 juillet 2020.
    (28) « New EU migration pact set for start of summer ». EUobserver. 19 mai 2020.
    (29) « L’UE va remanier l’opération Sophia pour faire respecter l’embargo sur les armes en Libye ». EURACTIV. 22 janvier 2020.

     
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  • Feu sur la désinformation... (274)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un numéro de l'émission I-Média sur TV libertés consacrée au décryptage des médias et animée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, et Nicolas Faure.

    Au sommaire :

    • 1 : L’image de la semaine
      Michel Cymès continue, mine de rien, à pontifier sur les plateaux télé malgré ses graves erreurs quant à la dangerosité du Coronavirus.
    • 2 : Coronavirus. La faillite du gouvernement
      Les médias ne savent pas sur quel pied danser face aux incroyables loupés gouvernementaux. Les journalistes semblent même de plus en plus agacés...
    • 3 : Revue de presse
      Dans la revue de presse de la semaine, nous verrons que les médias s’intéressent peu à l’arrivée possible de l’Albanie dans l’UE et qu’ils s’intéressent encore moins aux attaques de migrants à la frontière entre la Turquie et la Grèce...
    • 4 : Chloroquine : grand Raoult médiatique
      Enfin, nous nous intéresserons au débat médiatique le plus brûlant du moment : faut-il faire confiance au druide Raoult et boire sa potion magique ? Dans ce I-Média n°291, nous tenterons d’apporter quelques éléments d’éclairage...

     

                                           

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  • Face à l’invasion, les Grecs peuvent compter sur la solidarité des peuples européens !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Paul Tormenen, cueilli sur Polémia et consacré à la menace d'invasion migratoire qui pèse sur l'Europe à la frontière de la Grèce avec la Turquie. Paul Tormenen est juriste.

     

    Grèce_Frontière.jpg

    Face à l’invasion, les Grecs peuvent compter sur la solidarité européenne

    La France est un pays formidable. Alors qu’en ce début du mois de mars, un pays européen est agressé par la Turquie, les médias français de grand chemin réduisent cet événement majeur à un entrefilet présentant tout au plus des « incidents » à la frontière gréco-turque. L’annulation d’épreuves sportives à cause du coronavirus semble bien plus importante dans la hiérarchie de l’information que la défense du territoire grec.
    Il y a pourtant des motifs d’espérer : les soutiens au peuple grec dans sa résistance à la tentative de submersion migratoire organisée par le gouvernement turc sont nombreux. Et ils ne se limitent pas à un soutien humanitaire, comme celui proposé par les institutions européennes, qui refusent de comprendre que l’on ne défend pas un continent avec de bons sentiments et en donnant de l’argent au pays qui vous agresse.

    Les douaniers grecs, rapidement débordés par la manœuvre du président Erdogan, qui a poussé des milliers de migrants vers la frontière grecque, ont pu compter rapidement sur de nombreux soutiens. Ces soutiens prennent de multiples formes : renforts à la frontière avec la Turquie, propositions d’appui logistique, manifestations, déclarations de solidarité au peuple grec, etc.

    Le renfort en Grèce

    Rapidement après l’annonce du président Erdogan le 29 février de laisser ouverte la frontière gréco-turque et ses manœuvres pour pousser les migrants vers la Grèce, le gouvernement grec déploie l’armée et la police à la frontière. Le 2 mars, l’agence de garde-frontières et de garde-côtes FRONTEX envoie une mission d’intervention rapide en Grèce. Ces renforts « officiels » sont rapidement complétés par de très nombreuses initiatives de pays et de citoyens souhaitant défendre l’intégrité territoriale menacée de la Grèce.

    Le soutien de la population

    De nombreux Grecs sont venus prêter main-forte aux forces de l’ordre : agriculteurs, éleveurs, pêcheurs, retraités, ils sont plusieurs milliers à patrouiller à la frontière. Ils arrêtent parfois des clandestins qui veulent passer illégalement. Ils bénéficient d’un large soutien de la population, qui apporte des vivres aux forces de l’ordre. À Évros, de nombreux agriculteurs sont venus avec leurs tracteurs pour éclairer la frontière et faciliter le travail des douaniers. Le 7 mars, le chef de l’Église orthodoxe grecque est venu bénir les soldats qui patrouillent à la frontière.Le chef des gardes-frontières d’Évros affirme : « Il y a une grande unanimité et de nombreuses expressions de soutien, une solidarité touchante[…].Des bénévoles, des entrepreneurs, des associations culturelles soutiennent activement les gardes-frontières. » « L’État turc transporte les migrants, les criminels libérés, et parfois ses propres compatriotes aux frontières », ajoute un journaliste de Tichys Einblick, un site d’information allemand.

    Le soutien international

    Rapidement, un soutien international s’organise. Le hashtag #Istandwithgreece sur Twitter rencontre un grand succès et permet à de très nombreux internautes de marquer leur solidarité avec le peuple grec.

    Des militants identitaires allemands sont venus sur place manifester leur solidarité avec les Grecs. Ils se font agresser par des antifas sur l’île de Lesbos le 7 mars. Le chef du parti Les Démocrates de Suède est venu distribuer des tracts aux migrants à la frontière : « Ne venez pas chez nous. Nous ne pouvons pas vous donner plus d’argent ou vous fournir un logement. Désolé. »À Paris, des militants identitaires manifestent le 7 mars leur soutien au peuple grec. Certains sont arrêtés et passent la nuit au poste de police.À New York le 9 mars, plusieurs centaines d’Américains d’origine grecque manifestent leur soutien à la Grèce. L’organisateur de la manifestation affirme qu’il veut envoyer un message fort et amical aux Grecs qui protègent leurs frontières.

    Pour couper court à tout appel d’air qui serait également préjudiciable à la Grèce, le gouvernement hongrois annonce suspendre les demandes d’asile et interdit l’accès à ses centres aux nouveaux requérants. Le Premier ministre autrichien annonce le déploiement de 2 200 soldats pour assurer la protection des frontières autrichiennes. Le 5 mars, la route des Balkans semble fermée.

    Plusieurs pays manifestent rapidement leur soutien à la Grèce.

    Le gouvernement estonien propose deux patrouilleurs et vingt gardes-frontières. C’est le cas également de plusieurs pays d’Europe de l’Est, qui savent ce qu’est une invasion : la Hongrie, la Pologne qui propose 100 gardes-frontières et 100 policiers, la Slovaquie et la République tchèque.

    Le Premier ministre autrichien envoie à la frontière gréco-turque plusieurs policiers, l’équivalent du RAID, un drone et un véhicule blindé. Il ne mâche pas ses mots : « Il s’agit d’une agression contre l’Union européenne et la Grèce. » Le Premier ministre hongrois Viktor Orbán se réjouit le 5 mars au sommet du V4 à Prague que l’UE adopte sa politique de migration. « Nous étions les premiers à prendre des mesures contre l’immigration musulmane. » Un député européenpolonais, Dominik Tarczynski, met en ligne une vidéo expliciteà l’attention des clandestins : « Ne venez pas à la frontière polonaise[…].Si vous avez des problèmes avec nos forces de l’ordre, c’est parce que vous essayez de transgresser les lois de notre pays. »

    Le 4 mars, le gouvernement danois propose un soutien au gouvernement grec sous la forme de surveillance aérienne. Le ministre danois des Affaires étrangères affirme que son pays n’acceptera pas une répétition de la situation de 2015.

    Le soutien politique

    Alors que les Verts allemands font pression pour l’ouverture des frontières, c’est une personnalité politique de gauche, Sahra Wagenknecht, qui juge cette position « malhonnête et facile ».

    Le Bundestag allemand vote le 4 mars contre l’accueil d’un contingent de 5 000 migrants en provenance des îles grecques.

    Le Rassemblement national lance début mars une pétition pour le contrôle de nos frontières. Le député européen Jordan Bardella, accompagné par Jérôme Rivière, se rend le 10 mars à la frontière gréco-turque menacée. Sur son fil Twitter, il témoigne : « Agressions, saccages d’église et pillages ont lieu dans la région, obligeant les habitants à s’organiser eux-mêmes pour assurer leur sécurité. Ces migrants ont un seul objectif : l’Europe de l’Ouest[…].Des élus et militaires grecs confirment que les Syriens sont ultra-minoritaires. Les migrants sont en fait Afghans, Pakistanais, Marocains, Somaliens, etc. »

    Si cette liste d’actes et de témoignages de solidarité avec le peuple grec n’est pas exhaustive, elle reflète un fort mouvement populaire européen de soutien à un pays agressé. Contrairement à 2015, la prise de conscience des enjeux d’une immigration débridée a progressé en Europe. Elle s’est manifestée dans les urnes, ce qui prouve que le vote a toute son importance. Gageons maintenant que le rapport de force engagé par le président Erdogan tourne en faveur de la Grèce. Il y va de l’avenir de l’Europe.

    #IstandwithGreece

    Paul Tormenen (Polémia, 11 mars 2020)

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  • Erdogan n'est fort que parce que nous sommes faibles !...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Renaud Girard à Figaro Vox à propos de la crise provoquée par la Turquie et qui implique la Syrie, la Russie et maintenant l'Europe... Renaud Girard est correspondant de guerre et chroniqueur international du Figaro.

     

    Erdogan_Europe.jpg

    «Vague migratoire: le seul moyen de faire reculer Erdogan, c’est de lui tenir tête»

    FIGAROVOX.- Pouvez-nous nous expliquer la situation à Idlib et le lien avec la crise migratoire?

    Renaud GIRARD.- La Syrie est plongée dans une guerre civile qui, depuis 2012, oppose une rébellion majoritairement islamiste (soutenue, entre autres, par la Turquie) au gouvernement laïc baasiste de Bachar el-Assad (soutenu par la Russie et l’Iran). En septembre 2015, le Président Vladimir Poutine a décidé d’engager directement les forces russes aux côtés du gouvernement syrien. Cet appui a permis au camp loyaliste de gagner la guerre et de reconquérir l’essentiel du territoire syrien.

    Cependant, la ville d’Idlib, au nord-ouest du pays, près de la frontière turque, est encore aux mains des rebelles. Les Accords de Sotchi, conclus en septembre 2018 entre Russes et Turcs, faisaient de cette ville une «zone de désescalade», sécurisée par l’armée turque qui est censée y protéger les civils.

    Mais les Syriens et les Russes ont décidé de reprendre la ville, car ils considèrent que le Président Erdogan a trahi ses engagements. En effet, la zone devait uniquement servir à protéger les civils. Cependant, les Turcs y ont accueilli en masse des djihadistes, syriens et étrangers, qui fuyaient la reconquête des autres provinces syriennes par les forces gouvernementales.

    Or, Erdogan n’accepte pas cette reconquête et ses troupes se heurtent à l’armée syrienne. Par ailleurs, au lieu de s’en prendre frontalement à la Russie, qu’il sait forte, il menace l’Union européenne (UE), qu’il sait faible. Il encourage des centaines de milliers de migrants musulmans à se précipiter sur les frontières de l’Europe. Tout cela parce que 33 soldats turcs eurent trouvé la mort dans un bombardement effectué à Idlib (sur le sol syrien donc) par les forces de Bachar el-Assad. Erdogan a ainsi rompu unilatéralement l’engagement qu’il avait pris envers l’UE de garder en Turquie les migrants (Afghans, Syriens, Irakiens...) et de les empêcher de passer en Europe, engagement pour lequel les Européens l’ont généreusement payé. Erdogan punit les Européens, alors qu’ils n’y sont strictement pour rien dans le bombardement d’Idlib.

    Le Président turc sait que l’immigration est devenue le talon d’Achille des sociétés européennes et qu’elle risque de faire imploser l’Union européenne. Et ce d’autant plus que les sociétés européennes n’ont jamais été consultées démocratiquement sur la question migratoire alors qu’elles ont depuis longtemps constaté, chez elles, l’échec du multiculturalisme.

    Par ailleurs, Erdogan cherche à négocier avec Poutine, qui est en position de force, mais sans perdre la face. La rencontre des deux dirigeants, le 5 mars à Moscou, vient de déboucher sur un cessez-le-feu provisoire, qui prévoit qu’Idlib ne sera pas réoccupée par les Syriens pour le moment mais que les organisations islamistes (soutenues par la Turquie) y seront démantelées.

    Quels sentiments vous inspire cette décision du Président Erdogan d’encourager des centaines de milliers de migrants à forcer les frontières de l’Union européenne?

    Premier point, il s’agit là d’une forme d’invasion. Les frontières de l’Europe sont attaquées. Ainsi, le 1er mars 2020, on a pu voir de solides jeunes barbus, criant «Allah Akbar!», portant un tronc d’arbre en guise de bélier et essayant de défoncer le portail d’un poste-frontière grec. Ces musulmans, résidant en Turquie mais natifs de différents pays du Moyen-Orient, avaient été gratuitement transportés en autobus par les autorités turques vers la frontière grecque.

    Deuxième point. Erdogan est en grande partie responsable du chaos qui règne en Syrie. Jusqu’en 2010, il avait choisi comme ligne de politique étrangère «zéro problème avec nos voisins», et maintenait d’excellentes relations avec tous les pays de son entourage géographique. Mais en 2011, éclatent les printemps arabes: Erdogan tente alors de les récupérer à son profit et rêve d’en prendre partout le leadership. Pour cela, il appuie les Frères Musulmans. Il intervient dans la guerre civile syrienne, contre le régime baasiste d’Assad, dont il avait été pourtant l’ami personnel. Son service secret, le MIT, accueille les djihadistes venus du monde entier et les fait passer en Syrie. Il les arme et les soigne, sur le territoire turc. Erdogan se sent alors pousser des ailes et fanfaronne, annonçant en 2012 que d’ici quelques semaines le régime de Bachar sera tombé et qu’il viendra lui-même prier à Damas à la grande mosquée des Omeyaddes. Mais les alliés islamistes arabes d’Erdogan ont perdu. Si le Président turc n’avait pas joué à l’apprenti sorcier, la guerre civile syrienne aurait été terminée plus tôt et aurait fait moins de victimes et de réfugiés. Pourquoi les Européens paieraient-ils le prix des graves imprudences d’Erdogan?

    Troisième point, lorsque l’on regarde le choix d’Erdogan de sanctionner l’UE, il y a là matière à être surpris deux fois. D’abord, les Turcs ne sont pas chez eux à Idlib. La Turquie n’est ni envahie ni attaquée. C’est elle qui, au contraire, occupe une portion du territoire syrien, territoire que le gouvernement de Damas cherche à reconquérir, ce qui est dans la nature d’un gouvernement, quel qu’il soit. Quand on envoie des soldats en expédition dans un autre pays que le sien, ne prend-on pas le risque qu’ils s’y fassent tuer? Ensuite, pourquoi punir les Européens, alors que ce ne sont pas eux - mais des avions syriens ou russes - qui ont tué ces malheureux soldats turcs?

    Mais alors pourquoi Erdogan s’en prend-il à l’UE? Et comment doivent répondre les Européens?

    La seule manière de comprendre le geste d’Erdogan est que ce Frère musulman a toujours, dans sa diplomatie extérieure comme dans sa politique intérieure, préféré s’en prendre à des faibles qu’à des forts. Erdogan n’a aucune difficulté à insulter Macron. Avant d’insulter Poutine ou Trump, il y réfléchira à deux fois. Erdogan vit de nos faiblesses et de nos renoncements. Il n’est fort que parce que nous sommes faibles. Et nous sommes faibles par notre propre faute.

    Erdogan ne comprend que la force. Trump l’a bien saisi, comme le montre l’attaque sur la livre turque en août 2018 pour faire libérer le pasteur américain Andrew Brunson, emprisonné en Turquie. Poutine aussi l’a compris. Ainsi Erdogan a dû se réconcilier avec lui en 2016 après les sanctions russes suite à la mort d’un pilote russe, dont l’avion avait été abattu par les Turcs.

    La Russie et les États-Unis ne sont pas des pays que l’on fait chanter. L’Union européenne, c’est différent. Depuis la crise des migrants de 2015, les Turcs ont compris qu’ils pouvaient la faire chanter à leur guise: «Tu ne veux pas faire ce que je désire, tu ne veux pas me donner plus d’argent ou me soutenir dans ma politique? Alors, je vais t’envoyer quelques centaines de milliers de migrants musulmans supplémentaires.» C’est, en substance, le langage que tient tous les jours à l’égard de Bruxelles notre nouveau sultan néo-ottoman. Là, il vient de passer à la vitesse supérieure en révoquant unilatéralement des accords qu’il avait signés alors que l’UE lui a déjà versé plusieurs milliards d’euros pour empêcher l’arrivée de migrants. Et au moment même où Erdogan donne l’ordre à sa police de pousser les migrants vers la frontière grecque, la Commission européenne annonce qu’elle va lui verser 500 millions d’euros supplémentaires. C’est surréaliste.

    Plus nous serons faibles avec Erdogan, plus il sera méprisant et exigeant. C’est une grave erreur de croire qu’il sera bienveillant si nous nous montrons complaisants et cédons à ses menaces. Il en voudra alors toujours plus. Céder face à lui serait un nouveau Munich, comme lorsque nous avons cédé face à Hitler en pensant ainsi acheter la paix. Le seul moyen de faire reculer Erdogan est au contraire de lui tenir tête.

    Pourquoi la BCE ne spécule-t-elle pas contre la livre turque (comme le firent les USA avec succès pour libérer le pasteur Brunson)? Pourquoi ne surtaxons-nous pas les exportations turques (acier, aluminium, noisettes...)? Pourquoi ne prenons-nous pas des sanctions économiques - sur le commerce et le tourisme - contre la Turquie (comme le firent Trump et Poutine) afin qu’Erdogan cesse son chantage migratoire? La justice française vient de mettre en examen quatre personnes soupçonnées d’avoir collecté des fonds pour le PKK (organisation politico-militaire indépendantiste kurde, hostile à Erdogan). Pourtant les Kurdes nous ont rendu de grands services contre Daech. Erdogan ne fait pas la police pour nous (avec les migrants), pourquoi la ferions-nous pour lui, en arrêtant des Kurdes appartenant à un mouvement, le PKK, qu’il juge terroriste.?

    Surtout, il faut d’urgence aider financièrement et militairement la Grèce et la Bulgarie à défendre les frontières de l’Europe et arrêter cette immigration musulmane de masse, dangereuse pour la cohésion de l’UE. Nous devons mobiliser les armées et polices européennes pour bloquer le flux de migrants et neutraliser le chantage turc. Voilà qui permettrait de donner aux peuples européens une image positive et protectrice de l’UE.

    Le Président turc est-il plus faible qu’on ne le croit?

    Oui. Sa politique étrangère a été contre-productive. Nous sommes à l’opposé de la ligne «pas de problème avec les voisins» des années 2002-2010. Aujourd’hui, en plus de ne pas avoir pu renverser Bachar, Erdogan est isolé diplomatiquement. Il s’est fâché avec de nombreux pays musulmans moyen-orientaux (dont l’Égypte, l’Arabie Saoudite et les Émirats, qui - bien que sunnites comme la Turquie - considèrent les Frères Musulmans comme une organisation terroriste).

    À l’intérieur, le Président turc est aussi en position de faiblesse. Sa cote de popularité est en baisse. Son parti, l’AKP (islamo-conservateur), a perdu la ville d’Istanbul (principale ville et capitale économique du pays, dont Erdogan fut longtemps maire). Son économie connaît des difficultés. Sa population est excédée par la présence de millions de migrants arabes, africains et afghans.

    En se lançant dans une opération militaire pour stimuler le sentiment nationaliste et en tentant de se débarrasser des migrants, Erdogan espère relancer sa popularité auprès de son opinion publique. Mais si sa politique aboutissait à des sanctions économiques, son pari se retournerait contre lui.

    À Idlib, les civils sont pris entre les Turcs (et leurs alliés djihadistes) et les forces de Bachar el-Assad. Face à la guerre, au froid et à la famine, ils vivent une véritable crise humanitaire. Vous êtes l’auteur d’un livre intitulé Quelle diplomatie pour la France? (Le Cerf, 2017), ouvrage dans lequel vous critiquez la position de la présidence Hollande sur le dossier syrien. Pour vous, que doit faire la France pour Idlib?

    La France continue (depuis 2011!) de refuser tout dialogue avec Bachar el-Assad alors qu’il est désormais manifeste que cette ligne est tout à fait erronée.

    Car, qu’on le veuille ou non, Bachar el-Assad a aujourd’hui gagné la guerre et reconquis l’essentiel de son territoire. Même les Émirats Arabes Unis (puissance sunnite qui a longtemps soutenu et armé les rebelles) ont pris acte de la victoire de Bachar et rouvert leur ambassade à Damas! En agissant comme elle le fait, la France se prive de toute influence sur le règlement politico-humanitaire de la crise d’Idlib.

    Le réalisme seul nous permettra d’avoir un impact politique et humanitaire positif là où notre moralisme nous condamne à l’impuissance. Pour pasticher la formule de Charles Péguy sur la morale de Kant, nous pouvons dire que: «la diplomatie française a les mains propres parce qu’elle n’a pas de mains». Notre position n’est d’aucun secours aux civils d’Idlib là où une posture réaliste de rapprochement avec Bachar el-Assad nous permettrait au contraire de peser sur lui. Pour pacifier la Bosnie et mettre fin aux massacres grâce aux accords de Dayton, il a bien fallu parler à Milosevic.

    Depuis le début de l’année 2012, les gouvernements occidentaux ont cessé de parler au régime Assad, estimant que sa chute n’était plus qu’une question de semaines. Ils se sont trompés. Il est temps de prendre les réalités telles qu’elles sont et de comprendre qu’Assad est -qu’on le veuille ou non- un acteur incontournable, qui jouit du soutien d’une partie non négligeable de la population syrienne. Ça ne nous plaît peut-être pas mais ce sont les faits. On ne fera donc pas taire les armes à Idlib sans lui parler. Notre diplomatie moralisatrice et droit-de-l’hommiste n’a servi à rien et n’a pas fait avancer d’un pouce les Droits de l’Homme ou la démocratie. Elle a au contraire abouti à des résultats immoraux, à savoir des souffrances horribles pour les populations. On refuse de se compromettre en parlant à Bachar, mais ce sont les civils syriens qui endurent les conséquences terribles de notre position. «La vraie morale se moque de la morale», disait Pascal.

    Nous avons commis deux grandes erreurs au Moyen-Orient. La première a été de rompre avec Bachar el-Assad et de prendre les rebelles syriens pour des «démocrates» alors que la majorité d’entre eux étaient islamistes. La seconde a été d’abandonner nos amis: les Chrétiens d’Orient et les Kurdes. Or, dans cette région du monde, les gens - y compris vos ennemis - ne vous respectent que si vous n’abandonnez pas vos amis. Ainsi Poutine est respecté par tous les peuples orientaux, y compris par les Turcs et les Saoudiens, parce qu’il n’a pas abandonné son ami Bachar. À cause de ces deux erreurs, la voix de la France ne compte aujourd’hui pour rien en Syrie, alors que nous en sommes pourtant l’ancienne puissance mandataire: dans les négociations du 5 mars, Poutine a décliné la demande d’Erdogan de convier également Emmanuel Macron à une rencontre sur la Syrie. Nous payons là neuf années d’erreur et d’aveuglement.

    Faut-il condamner les frappes russes sur Idlib?

    Pour répondre, regardons les chiffres. La guerre en Syrie a fait 73 000 morts en 2013 et 75 00 en 2014, mais 20 000 en 2018 et 11 000 en 2019 (c’est-à-dire un chiffre divisé par 7 par rapport à 2014). Donc l’intervention russe (qui remonte 2015) et les succès russo-syriens sont synonymes d’une baisse du nombre de morts sur le terrain.

    Surtout, les frappes russes visent des djihadistes, c’est-à-dire notre ennemi principal, le même qui massacre les Chrétiens d’Orient, tue nos enfants dans nos rues et que nous combattons en France et au Mali. D’ailleurs, la chaîne France 24 a publié des images dans lesquelles des djihadistes français se filment fièrement à Idlib parmi les rebelles. Notre attitude est donc incohérente: en France ou au Sahel, nous combattons ces gens. Mais en Syrie, nous déplorons que Poutine les bombarde.

    Les rebelles d’Idlib, protégés par la Turquie, appartiennent à Hayat Tahrir al-Cham, conglomérat djihadiste dont la principale branche est Fatah al-Cham, nouveau nom du Front Al-Nosra, c’est-à-dire de la branche syrienne d’Al Qaeda. N’oublions pas qu’Al Qaeda est à l’origine des attentats du 11 septembre de 2001 (les plus meurtriers de l’histoire du terrorisme). C’est elle que nous affrontons dans le Sahel (sous le nom d’Aqmi). Depuis 20 ans, cette nébuleuse a aussi tué des milliers de civils dans le monde arabe.

    Pendant toute la guerre syrienne, la filiale Al-Nosra est restée fidèle à la réputation de sauvagerie de sa maison-mère Al-Qaeda. Elle s’est tristement illustrée, entre autres exactions, par des massacres de druzes, de chrétiens et d’alaouites, mais aussi de sunnites. Par exemple, le 11 décembre 2013, Al-Nosra a infiltré la ville d’Adra: au moins 32 civils ont été massacrés, certains décapités. La victoire d’Al Nosra en Syrie, empêchée par les Russes, aurait signifié l’extermination de toutes les minorités religieuses, l’instauration de la charia et la constitution d’un État islamiste et terroriste au coeur du Moyen-Orient et de la Méditerranée. Si les bombardements sur Idlib tuent hélas aussi des civils, c’est parce que les djihadistes prennent la population en otage et se mêlent à elle.

    En septembre 2015, j’écrivais «il faut aider les Russes en Syrie». Si nous l’avions fait, nous pourrions jouer un rôle dans la crise syrienne au lieu d’être ravalés au rang de spectateurs passifs.

    Renaud Girard (Figaro Vox, 6 mars 2020)

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