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etats-unis - Page 9

  • « Sleepy Joe » ? Non, « Super Biden » , malheureusement !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy, cueilli sur Polémia et consacré aux succès de la présidence de Joe Biden....

    Ancien haut-fonctionnaire, Michel Geoffroy a publié le Dictionnaire de Novlangue (Via Romana, 2015), en collaboration avec Jean-Yves Le Gallou, et deux essais, La Superclasse mondiale contre les Peuples (Via Romana, 2018), La nouvelle guerre des mondes (Via Romana, 2020), Immigration de masse - L'assimilation impossible (La Nouvelle Librairie, 2021) et dernièrement Le crépuscule des Lumières (Via Romana, 2021).

     

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    « Sleepy Joe » ? Non, « Super Biden » !

    Dans nos milieux, on aime bien se moquer du président américain Joe Biden et notamment de son gâtisme supposé. Ne prend-il pas l’air absent quand on l’interroge ? Ne tombe-t-il pas de vélo devant les caméras ? Ne se prend-il pas les pieds dans les escaliers ? Pourtant ces péripéties ne doivent pas faire oublier que, si Joe Biden est certes âgé, sous sa présidence, les États-Unis accumulent les succès stratégiques d’envergure. Sleepy Joe ne cacherait-il pas un Super Biden ? Explications.

    Premier succès : le découplage durable de la Russie avec l’Union européenne

    Les États-Unis ont toujours eu la hantise d’une « Europe de l’Atlantique à l’Oural » qu’ils ne contrôleraient plus. Ils ont hérité en cela de la diplomatie anglaise, qui a toujours veillé à diviser les nations d’Europe pour mieux les dominer.

    Zbigniew Brzezinski avait donc théorisé la nécessité d’empêcher tout rapprochement entre les parties orientale et occidentale du continent européen : dans ce grand jeu d’échecs, il fallait détacher l’Ukraine de la Russie pour empêcher cette dernière de retrouver sa puissance d’antan.

    En 2014 le coup d’État d’Euromaïdan, plaçant à la tête de l’Ukraine des équipes pro-américaines a constitué la première étape de ce plan. La répression kiévienne contre les populations russophones du Donbass qui a suivi, la seconde étape.

    Les opérations militaires spéciales de la Russie contre l’Ukraine en 2022 permettent d’achever la manœuvre grâce à la complicité de l’Union européenne et à l’alignement de la France macronienne. Le Parlement européen désigne même la Russie comme « État terroriste » !

    Biden vient donc de réaliser le programme de Brzezinski : un nouveau rideau de fer sépare désormais l’Europe et la Russie !

    Second succès : le renforcement de l’OTAN en Europe

    L’OTAN est l’instrument du leadership militaire américain en Europe. Il est donc vital pour l’Oncle Sam de maintenir cette organisation.

    Emmanuel Macron affirmait en novembre 2019 que l’OTAN était en état de « mort cérébrale ». Mais la guerre en Ukraine l’a manifestement ranimée d’entre les morts.

    Mieux, des pays neutres envisagent même de rejoindre l’OTAN, comme la Suède ou la Finlande. Adieu, l’Europe de la Défense que préconisait une France de plus en plus isolée !

    L’industrie américaine de l’armement peut donc se féliciter des choix diplomatiques de Biden : l’Europe, qui vide en outre ses arsenaux au profit de l’Ukraine, continuera d’acheter du matériel américain pendant longtemps, à l’instar des Polonais.

    Bien joué Biden !

    Troisième succès : la destruction de l’industrie européenne

    Les États-Unis sont nos « alliés », mais à la condition que nous achetions leurs marchandises et qu’ils nous dominent.

    Or les sanctions annoncées par les États-Unis et reprises par l’Union européenne contre la Russie ont justement pour effet principal de détruire ce qui reste d’industrie européenne.

    D’abord par un renchérissement massif du coût de l’énergie, puis des matières premières importées – l’aluminium ou les phosphates, par exemple. En effet, l’Europe, ayant adopté une politique libre-échangiste, importe l’essentiel de ses ressources. Les antinucléaires ont refermé le piège en obligeant à investir massivement dans des énergies dites renouvelables, mais de faible rendement et très coûteuses. Résultat : la France autrefois exportatrice d’énergie nucléaire se prépare donc maintenant à des coupures de courant cet hiver ! Et l’Allemagne rouvre les centrales à charbon. Bravo, les stratèges européens !

    Les États-Unis n’avaient jamais caché aussi leur opposition aux projets Nord Stream, sous prétexte de la trop grande dépendance vis-à-vis de l’énergie russe qu’ils provoqueraient pour l’Europe. Désormais, ces projets sont sabotés et l’Europe se coupe du pétrole et du gaz russes avec entrain ! Ouvrant une voie royale à l’achat du gaz de schiste américain !

    Et si les sanctions ne semblent pas avoir eu l’effet attendu sur la Russie, en revanche elles ferment le marché russe aux producteurs européens, ce qui touche particulièrement l’Allemagne, la première puissance économique européenne. Enfin, elles sapent la crédibilité de l’euro comme monnaie de réserve, puisque les Européens n’ont pas hésité à bloquer les avoirs russes, après avoir fait de même avec tous les pays désignés comme ennemi par l’Oncle Sam. Comment faire confiance à l’euro dans ces conditions ?

    Bravo, Biden !

    Quatrième succès : les États-Unis vont se retirer du conflit ukrainien, sans pertes

    Super Biden n’est pas si gâteux qu’on ne le dit : il a su conduire les Européens là où il voulait, en se servant de l’Ukraine comme d’un appât.

    Et maintenant que l’Union européenne se trouve dans une impasse, les États-Unis commencent à négocier avec la Russie une sortie du conflit, sans les Ukrainiens bien entendu, dont ils se contrefichent. Les élus républicains trouvent même, outre-Atlantique, que Zelensky est un peu trop jusqu’au-boutiste…

    Désolé pour BHL, l’Oncle Sam ne fera pas la guerre à la Russie pour le Donbass ! Il pourra ainsi se préparer à affronter, le moment venu, la Chine, son principal concurrent, dans les meilleures conditions possible.

    Pendant que les chômeurs européens s’éclaireront à la bougie.

    Qui est le plus gâteux ?

    Emmanuel Macron peut bien « macroner » devant les caméras, comme disent ironiquement les médias russo-ukrainiens, ni l’Europe ni la France, tombés tête baissée dans le piège ukrainien, ne jouent plus dans la cour des grands.

    Macron peut bien tenir papy Biden par les épaules, il n’obtient rien de lui.

    Finalement, lequel des deux est le plus débile ? Le jeune bobo immature ou le vieux roublard yankee ?

     

    Michel Geoffroy (Polémia, 11 décembre 2022)

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  • La liberté qui se joue en Ukraine n’est pas celle que nous croyons...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Laurent Leylekian, cueilli sur le site de la revue Éléments et consacré à la la guerre russo-ukrainienne... Analyste politique et spécialiste des questions aérospatiales, Laurent Leylekian collabore à la revue Conflits.

     

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    Cimetière militaire arménien

     

    La liberté qui se joue en Ukraine n’est pas celle que nous croyons

    Les situations de crise ne sont guère propices à l’exercice du discernement. C’est encore plus vrai des périodes de conflit où – pourtant – cette faculté s’avère plus nécessaire que jamais. Les émotions bien légitimes que suscitent les horreurs de la guerre et les effets surajoutés de la propagande polarisent plus que jamais les sociétés, et les intelligences sont rapidement sommées de « choisir leur camp » qui, quel qu’il soit, est pourtant rarement celui de l’intelligence.

    L’agression russe de l’Ukraine n’échappe pas à la règle et rester fidèle à soi-même est plus que jamais considéré comme une trahison pour tous ceux – et ils sont nombreux – qui veulent nous voir embrasser leur foi. Le dilemme est pourtant de taille pour les authentiques partisans de la liberté.

    Passons rapidement sur l’apologie facile et captieuse de Vladimir Poutine. Certes, il est vrai que c’est l’Ukraine de Porochenko, puis de Zelensky qui, la première, n’a pas respecté les engagements pris lors des accords de Minsk I, puis de Minsk II, sur l’autonomie relative des provinces orientales et russophones du pays. Certes, l’OTAN a bien joué un rôle pervers et déstabilisateur en faisant implicitement miroiter une promesse d’adhésion à l’Ukraine sans jamais la lui offrir explicitement. Certes, les démocraties occidentales en général et l’Union européenne en particulier se sont conduites de manière inavouable comme autant de pousse-au-crime en excitant – voire au besoin en créant de toutes pièces – un ressentiment antirusse qui n’est pas loin de constituer aujourd’hui l’essentiel de l’identité ukrainienne ; une identité qu’on aurait eu bien du mal à discerner de l’identité russe voici encore quarante ans. 

    Une indignation à géométrie variable

    Il n’en reste pas moins que les peuples sont censément libres de leur destin – surtout lorsqu’ils le subordonnent à la mise en œuvre préalable de mécanismes démocratiques – et que les Ukrainiens avaient bien le droit comme tant d’autres avant eux de décider de leur avenir en tant que nation indépendante. À cette aune, on peut cependant d’autant plus regretter le traitement indigne que le régime de Kiev imposait depuis 2014 à ses citoyens russophones qu’il ne relevait précisément pas de ces fameux mécanismes démocratiques et qu’il a constitué le plus sûr chemin à l’intervention russe dont Kiev prétendait justement se départir.

    Mais la question que je veux évoquer n’est pas celle-là. Comme beaucoup le sentent confusément, ce qui est en jeu n’est pas tant la liberté de l’Ukraine que la nôtre, chaque jour un peu plus érodée. Si l’Ukraine n’était pas qu’un prétexte pour affaiblir la Russie, pourquoi ce silence sur l’Arménie ? pourquoi ce silence sur les Kurdes ? pourquoi ce silence sur le Yémen ? pourquoi ce silence sur tant d’autres vallées de larmes où la sérénité des criminels se nourrit de l’indifférence – non pas des occidentaux – mais ceux qui fabriquent leur opinion. La question vient alors immédiatement : pourquoi donc notre immense arsenal médiatique conspirerait-il jour et nuit comme il le fait à établir de manière surabondante les crimes de Vladimir Poutine ; et pas ceux d’Ilham Aliev ; et pas ceux de Recep Tayyip Erdoğan ; et pas ceux de Mohammed ben Salmane ?

    Pour paradoxal que cela apparaisse, la réponse est que Poutine et ce qu’il représente sont les meilleurs garants de nos libertés. J’insiste : de nos libertés à nous, Occidentaux, et non pas bien sûr de celles des Ukrainiens. Évidemment, Poutine est un salaud comme le sont les autres. Mais – pour reprendre l’aphorisme bien connu – les autres sont « nos salauds ». Ce que nos pouvoirs reprochent à Poutine n’est pas tant d’être un salaud que de ne pas être le leur.

    Un lecteur hâtif ou malintentionné pourrait penser que j’excipe de ces quelques vérités l’idée que la vie serait plus douce sous la férule russe. Certainement pas, faut-il le préciser ? Mais dans un monde où de grands blocs totalitaires s’affrontent, la liberté de l’Homme ne subsiste qu’aux franges, qu’aux marges, que dans ces zones de subduction que seul leur affrontement préserve de la solidification monolithique. Partout ailleurs, la pensée libre s’étiole que ce soit sous la botte impitoyable des tyrans orientaux où dans l’étouffoir intellectuel que sont devenues les démocraties occidentales.

    La liberté a besoin d’ un monde multipolaire

    Quelques prophètes – de Georges Bernanos à Jacques Ellul et de Pier Paolo Pasolini à Ivan Illich – l’avaient bien vu avec une prescience à faire frémir : servie par une technique sans cesse plus intrusive, une société au conformisme de termitière interdit chaque jour un peu plus toute dissidence. Là où les bons vieux totalitarismes devaient se contenter d’une adhésion de façade, le totalitarisme postmoderne a les moyens de ses ambitions, celui de surveiller, de rééduquer et de domestiquer les masses avec une finesse et une profondeur inouïes. Les ergoteurs qui prétendent que les démocraties garantissent le pluralisme là où les systèmes autoritaires imposent la voix de l’État sont des plaisantins : chacun utilise ses méthodes – voilà tout – et la variété « démocratique » des médias occidentaux ne constitue que le décorum flexible et protéiforme d’une domination qui ne l’est pas du tout.

    Dans un article récent et remarquable, Gabriel Martinez-Gros affirme que « la guerre en Ukraine est caractéristiques de ces résistances [contre les empires]. La Russie n’est pas l’empire qu’on décrit ici mais un État-nation. L’empire, c’est nous : l’Occident ». La première proposition sur la nature d’État-nation de la Russie est certainement contestable. La seconde sur l’empire et sa religion post-moderne que nous représentons l’est beaucoup moins. Cet empire a longtemps pu paraître bénin en raison de facteurs qui se nourrissaient mutuellement : l’existence d’une menace en termes de projet idéologique global concurrent – le communisme – et la relative modération des pratiques politiques d’un système libéral qui devait compter avec ce concurrent dont les appâts captieux séduisirent et séduisent encore pourtant tant de nos compatriotes.

    La disparition du communisme a conduit l’empire libéral à jeter le masque désormais inutile de la démocratie pour imposer de manière autoritaire – et avec une brutalité qui va en s’accroissant – ses dogmes religieux. S’il est de bon ton de dénoncer les démocraties illibérales, cela ne doit pas masquer que nous vivons désormais un libéralisme antidémocratique : ce libéralisme intégral – économique et sociétal, totalement débridé – ne se donne plus la peine de cacher la cupidité cynique et illimitée qui constitue son ressort psychologique et s’attache à détruire avec une violence décuplée les États-nations et ses institutions qu’il perçoit à juste titre comme les dernières digues capables de restreindre sa toute puissance.

    La stratégie de choc employée provoque un état de sidération au sein nos sociétés qui en sont les victimes, exactement comme un boxeur KO debout ne ressent même plus les nouveaux coups qui vont le mettre à terre. On ne compte plus les faits avérés qui – il y a dix ans encore – auraient jeté le peuple dans la rue et ne provoquent plus aujourd’hui qu’un haussement d’épaules fataliste : les preuves de la corruption d’Ursula Von der Leyen ? haussement d’épaules ; le prix de l’électricité nucléaire indexé sur celui des carburants fossiles ? haussement d’épaules ; la spoliation au nom du marché d’entreprises nationales telle EDF payées avec les impôts des Français ? haussement d’épaules ; l’assassinat quasi quotidien de Français par les troupes d’occupation de la « diversité » ? haussement d’épaules ; notre entrée progressive mais irrémédiable dans un statut de supplétifs cobelligérants de l’empire ? haussement d’épaules ; l’extraterritorialité du droit commercial américain et corrélativement l’exemption juridique par laquelle les États-Unis prétendent soustraire leurs citoyens aux lois des autres pays où ils résident ? haussement d’épaule, etc., etc. C’est bien pour cela que nous devons souhaiter le maintien permanent et même le renforcement de différents pôles de puissance à travers le monde même, et surtout, si plus rien ne les distingue dans leurs fondements. Car – hormis l’hypothèse improbable à court terme de leur effondrement – c’est bien de leur seule concurrence impériale et dans les seuls no man’s land de leurs affrontements que l’Homme libre et affranchi gardera encore à l’avenir une chance minime de subsister.

    Laurent Leylekian (Site de la revue Éléments, 6 décembre 2022)

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  • Sommes-nous des "Occidentaux" ?...

    Nous reproduisons ci-dessous une mise au point de Laurent Ozon, cueillie sur sa boucle Telegram et consacrée au débat qui monte dans les milieux identitaires sur la question de l'Occident...

    Essayiste et analyste politique, tenant d'une écologie localiste et identitaire, premier promoteur de l'idée de remigration, Laurent Ozon est l'auteur de l'excellent essai intitulé France, années décisives (Bios, 2015).

     

     

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    Sommes -nous des "Occidentaux" ?

    Pour répondre à cette question il faut préalablement définir le sens de ce concept. Il y a plusieurs définitions de ce qu'est l'Occident. La première : l'Occident c'est ce qui est à l'Ouest. A l'ouest de quoi ? Chez les platistes ou dans un monde qui n'a pas compris la rotondité de la terre et découvert l'Amérique ça peut se défendre. Genre au 14e siècle. Parce que depuis, nous savons que nous sommes à l'Est des États-Unis qui sont eux-mêmes à l'Est de la Chine et personne n'imagine nommer la Chine "Occident" pour autant. Définition foireuse, on oublie ! . Deuxième justification possible : Si on nous appelle "occidentaux" et nos pays l'Occident alors nous sommes l'Occident. Que cela soit imprécis et daté peu importe, c'est une convention de language qu'il faut accepter. Curieux pour des personnes qui se disent identitaires, de se laisser nommer et définir par d'autres non ? Mais il y a des précédents dans l'histoire et peu flatteurs (Deutsch, Slave, etc.). C'est évidemment un argument très faible d'autant qu'il faut avoir peu voyagé pour croire que ce vocable est si souvent utilisé pour nous définir à l'étranger. On pourrait par ailleurs s'étendre sur le processus mimétique identitaire et ses renforcements sous contraintes conflictuelles mais ce n'est pas le sujet. Pour les "occidentistes" donc, l'Occident est un mot ancien que nous devrions utiliser autrement aujourd'hui pour nous désigner, pour désigner la civilisation commune qui s'étend de l'Amérique du Nord à l'Europe de l'Ouest. Peu importe le sens initial de ce mot, l'important c'est ce que nous voudrions qu'il dise. Nous partagerions une civilisation avec les États-Unis et le Canada et par acte affirmatif, nous décidons d'appeler ça "Occident !

    On a là un truc intéressant.

    D'où quelques questions : sommes-nous réellement le même bloc ethno-civilisationnel que les États-Unis ? Que nous soyons "etatsuniés" culturellement depuis quelques décennies comme d'autres pays et peuples dans le monde c'est indéniable. Mais est-ce notre identité ? Est-ce notre culture ? Est-ce notre histoire ? Est-ce notre géographie ? Sont-ce nos intérêts ? N'avons-nous pas de proximité civilisationnelle, géographique, culturelle, religieuse, ethno-culturelle ou d'intérêts communs avec la Russie qui n'est pas l'Occident ? Avec les autres pays méditerranéens qui ne sont pas l'Occident ? La Finlande, l'Australie ou l'Ukraine sont-elles "occidentales" ? La Géorgie est-elle "occidentale" ? Nous sommes un pays de longue culture catholique et l'Amérique du sud est principalement de culture catholique est-elle"occidentale" ? Israël qui est à l'Est du Maroc, est-il un pays occidental ?

    On aurait certainement beaucoup étonné Goethe, Copernic, Hypathie d'Alexandrie, Vernadsky, Rabelais ou Cervantès, Nietzsche ou Selma Lagerlöf, Léonard de Vinci ou Archimède en les qualifiant d'occidentaux. Claude Monnet "occidental"? Martin Heidegger "occidental" ? Napoléon ou Bismarck "occidentaux" ?

    Mais bon, revenons à nos moutons. Après avoir répondu à ces questions on arrive évidemment à un constat : "ok ce n'est pas un concept géographique, culturel, religieux, ou d'intérêts, c'est un ensemble techno-economique et ethnique partageant des valeurs communes".

    On avance.

    Il n'est donc pas question de religion, de géographie, d'histoire ni même réellement de culture. On désignerait alors par "Occident" le "monde blanc-caucasien" moderne et ceux qui portent la volonté de s'y agréger et qui sont de souches caucasiennes.

    Précision : on dit "blanc" chez les WASP, ce qui met hors-jeu les méditerranéens qui parlent français ("Speake White !"), qu'ils portent ou non des chemises hawaïenne. Il faut évidemment que ces "blancs" (on en reparlera aussi de ça) soient non musulmans. pourquoi non-musulmans et non non-juifs ou non-boudhistes ? Parce que nous serions en guerre "à mort" avec le "monde musulman" (l'Indonésie aussi ?) ou le "tiers-monde" (concept remis au goût du jour récemment : en clair tout ce qui n'est pas "occidental").

    Donc poursuivons! Peu importe la culture, la géographie, l'histoire, la continuité territoriale,. Un Occidental serait un habitant blanc de l'Occident, non-musulman, non-russe. Ainsi, selon cette définition, BHL est bien-sûr plus "occidental" que Éric Zemmour (oui, et on n'est pas assimilationniste normalement si on est essentialiste). Patrick Bruel ou Kim Kardashian sont plus "occidentaux" que le pianiste russe Alexandre Malofeev. Sympa.

    Bref, n'en jetons plus. Le concept d' "Occident" peut à la rigueur désigner la continuité transnationale du monde anglo-saxon judéo-chrétien (mieux vaudrait donc le désigner directement ainsi) et toutes ses colonies mentales et économiques (mais un identitaire ne peut se définir comme un colonisé n'est-ce pas ?). Mais pour un Français, un Polonais, un Serbe ou un Allemand, bref, pour nous, ce concept ne dit rien de ce que nous sommes, de qui sont nos amis, nos frères en culture ou en spiritualité, de qui sont nos partenaires, de ce qu'est notre culture et notre histoire, des dynamiques économiques, technologiques, politiques que nous devons suivre.

    Le concept d'Occident désigne un périmètre de soumission. Se dire "occidental" dans le contexte actuel c'est ni plus ni moins plier le genou comme un vulgaire joueur de foot de l'équipe d'Angleterre, devant une puissance impériale et messianique dirigée par une élite corrompue et toxique. Se dire "occidental" c'est aussi se mutiler de notre histoire méditerranéenne, eurasienne et nier notre culture profonde.

    Les valeurs de cet occident parlons-en ! Le seul occident réel actuel (puisque tous les autres critères doivent êtres oubliés pour une définition immédiate qui se croit pragmatique), c'est la Cancel Culture. L'Occident réel est un empire moribond qui ne tient debout que grâce à une dette abyssale tirée sur le travail et les ressources du monde par un budget militaire phénoménal et une industrie médiatique du mensonge. L'Occident réel, ce sont les milliardaires de la Silicon Valley qui se font construire des bunker en Nouvelle-Zélande. L'Occident réel c'est un complexe de transnationales contrôlées par des mafias financières qui détruisent nos peuples, notre économie, nos libertés, notre santé, nos cultures.

    Alors qui sommes nous ? Des enfants, des pères, des habitants d'un lieu, issus de familles qui vivent ici depuis des centaines voire des milliers d'années. Elles ont des noms, nos pays et nos langues en ont déjà aussi.

    Occidental ? Pour faire la guerre à qui et pour le compte de qui ? Se dire "occidental" aujourd'hui, c'est se dire colonisé, soumis et heureux de l'être. Se dire occidental quand on est un Français ou un Européen, c'est passer à l'ennemi.

    Laurent Ozon (Boucle Telegram Ozon, 7 décembre 2022)

     

    PS : Pour répondre à l'objection "réduire les USA à leurs élites toxiques c'est gênant". En effet, nous avons les mêmes chez nous, mais ce n'est pas le sujet en fait. Nous pouvons avoir de la sympathie et des affinités avec des individus de toutes les parties du monde mais le sujet ici est "Sommes nous des Occidentaux?" et non "Puis-je avoir des potes dans le Minnesota ?".

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  • Patria mia...

    Les éditions RN viennent de publier la traduction inédite d'un essai d'Ezra Pound intitulé Patria mia - Réflexions sur les arts, leur usage et leur avenir aux Etats-Unis.

    Poète maudit, auteur des Cantos, Ezra Pound a aussi combattu toute sa vie l'usure, qu'il considérait comme une maladie de la civilisation...

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    " Avec Patria mia, Pound dresse un portrait enthousiaste des Etats-Unis dont il loue l’optimisme impérissable, la fierté de sa richesse et de son sens pratique. Mais il émet aussi des critiques parfois âpres à l’encontre des revues littéraires formatées au goût du jour et surtout des universités qui offrent un enseignement de plus en plus spécialisé au détriment d’une formation humaniste propice au développement d’une pensée libre. Cet essai inédit est rédigé au moment où Londres et Paris se disputent les expérimentations littéraires et artistiques les plus novatrices. Lorsqu’il développe ces réflexions, Pound vient de connaître une percée poétique en donnant naissance à l’Imagisme, mouvement s’affranchissant de la tradition victorienne et proposant un renouvellement radical de la poésie. Il est aussi devenu le correspondant en Europe pour la revue Poetry, devenant ainsi un exilé, tels Whistler ou Henry James. Mais s’il s’éloigne de son pays, c’est pour mieux le servir et participer activement à sa renaissance intellectuelle qu’il pressent comme imminente et dont il perçoit par exemple les germes dans l’essor architectural de la ville de New York. Dans ce combat ouvert contre l’inertie culturelle de ses compatriotes, ce qu’il l’importe c’est l’avenir de la littérature américaine et de la vie culturelle de son pays. Ces pages témoignent de l’attachement profond qui lie le poète à celui-ci. "

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  • Le déclin d’un monde...

    Les éditions de L'Artilleur viennent de publier un essai de Jean-Baptiste Noé intitulé Le déclin d'un monde - Géopolitique des affrontements et des rivalités en 2023. Docteur en histoire économique, l'auteur est rédacteur en chef de la revue Conflits.

     

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    " L’Occident n’a plus le monopole de la puissance. Le rêve universaliste, en vigueur deux siècles durant, s’estompe, laissant place à un monde fragmenté. En ce premier quart du XXIème siècle, les affrontements et les rivalités sont multiples : militaires et politiques bien sûr, mais aussi économiques et civilisationnels. Luttes pour le contrôle des énergies, guerre des monnaies, militarisation de l’Asie, affrontement de la Chine et des États-Unis, de la Russie et de l’Occident par pays interposés ; partout, les épées sont sorties et l’Europe est déjà l’un des principaux champs de bataille.

    En convoquant la pensée des grands auteurs et stratèges, Jean-Baptiste Noé brosse le portrait d’un ancien monde en déclin qui annonce une nouvelle ère pour l’Occident.

    S’appuyant sur les recherches menées par la revue Conflits et sur 40 cartes qui illustrent ses démonstrations, il propose une analyse novatrice de la géopolitique pour mieux appréhender le nouveau monde qui émerge. "

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  • Ukraine : une guerre si parfaite...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Bruno Mégret, cueilli sur Polémia et consacré à la guerre en Ukraine.

    Ancien haut-fonctionnaire, numéro 2 et organisateur du Front national dans les années 90, puis fondateur du Mouvement national républicain, Bruno Mégret est retiré de la politique depuis 2008 et a publié en 2016 un roman de politique-fiction intitulé Le temps du phénix.

     

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    Ukraine : une guerre si parfaite

    Imaginons un instant que la guerre en Ukraine ne soit pas exactement ce qu’en disent les médias et que ce soit en réalité des stratèges américains qui aient conçu ce scénario ukrainien pour mettre Poutine échec et mat. Si tel était le cas, les auteurs de ce plan mériteraient d’entrer dans les livres d’histoire pour l’intelligence et l’efficacité de leur savoir-faire. Car ils ont réussi à faire de ce conflit entre les États-Unis et la Russie ce que j’appellerais, au risque de choquer certains, une guerre parfaite.

    Une guerre sans risque

    Cette guerre ne présente pour les Américains aucun risque de quelque nature que ce soit. L’action se déroule sur un autre continent, très loin de leur territoire et, comme l’avait annoncé le président Biden, il n’y a aucun soldat américain sur le terrain à côté des Ukrainiens. Il n’y aura donc, quoi qu’il arrive, aucun blessé ni aucun mort dans le camp américain.

    Une guerre gagnée même sans victoire sur le terrain

    Le combat est en réalité mené par les Ukrainiens, massivement soutenus si ce n’est dirigés par les États-Unis. Mais les but de guerre ukrainiens et américains ne sont pas les mêmes. Les uns se battent pour sauvegarder leur souveraineté et l’intégrité de leur territoire. Les autres ne se préoccupent que secondairement de la liberté des Ukrainiens, car leur but de guerre vise avant tout à jeter l’opprobre sur la Russie pour l’isoler durablement du monde occidental et la couper définitivement de l’Union européenne. Peut-être même veulent-ils provoquer la chute de Poutine, obtenir la mise en place à Moscou d’un régime qui leur soit plus favorable, voire démanteler la Fédération de Russie. Aussi fallait-il que les Russes prennent l’initiative d’attaquer l’Ukraine pour que les Américains et leurs alliés puissent lancer l’anathème sur l’adversaire russe et dénoncer son président comme l’incarnation du « mal absolu ». C’est maintenant chose faite et les Américains ont d’ores et déjà atteint leur objectif premier quelle que soit l’issue militaire du conflit. La guerre est gagnée même si les troupes ukrainiennes ne la gagnent pas sur le terrain.

    Une guerre par procuration

    Les Ukrainiens se retrouvent dès lors dans la situation de devoir mener la guerre contre les Russes. Une guerre dont on peut dire que ce sont les Américains qui ont tout fait pour la déclencher sous la forme d’une agression caractérisée des Russes. Tout se passe donc comme si les Ukrainiens se battaient par procuration pour le compte des États-Unis. Car avant l’ouverture des hostilités, la souveraineté et la liberté des Ukrainiens auraient pu être assurées pacifiquement par un accord diplomatique dont les bases avaient été jetées à Minsk avec l’aide des Français et des Allemands. Un accord qui prévoyait de donner aux provinces russophones de l’Ukraine un statut constitutionnel d’autonomie et qui aurait pu être complété du côté ukrainien par une déclaration de neutralité comparable à celle qu’avaient adoptée en leur temps l’Autriche ou la Suède.

    Malheureusement, cette perspective de paix, que les Ukrainiens auraient pu accepter si les États-Unis les y avaient poussés et à laquelle les Russes auraient dès lors pu donner leur accord, aurait privé les stratèges américains de leur guerre par procuration. Aussi les États-Unis n’ont-ils pas incité le gouvernement ukrainien à appliquer cet accord. De même qu’ils ont fermé la porte à toute négociation avec les Russes, n’hésitant pas à provoquer ceux-ci en laissant ouverte la possibilité d’une adhésion de l’Ukraine à  l’Otan comme à l’Union européenne. Ce faisant, les Américains ont poussé Poutine dans une impasse dont il a cru pouvoir sortir par l’agression militaire de l’Ukraine.

    Zelensky, le président ukrainien qui est aujourd’hui présenté comme un héros, porte à cet égard une lourde responsabilité. Car, en s’alignant sur les Américains il a exposé ses compatriotes à l’agression russe. Une politique qui n’avait d’ailleurs aucune rationalité puisqu’elle a consisté finalement à déclencher l’invasion russe pour avoir cherché à entrer dans l’Otan afin de se prémunir d’une telle agression.

    En choisissant de suivre les injonctions américaines, plutôt que de rechercher une solution reposant sur la négociation et la neutralité de son pays, Zelensky a donc délibérément entraîné son peuple dans une guerre contre la Russie au bénéfice des États-Unis. Une guerre dont le bilan en destructions, en blessés et en morts sera lourd.

    Une guerre financièrement et économiquement profitable

    Aux États-Unis, elle coûtera quelques dizaines voire quelques centaines de milliards de dollars en armements, en équipements, en renseignements et en formation. Une somme, certes importante, mais qui sera plus que largement compensée par les bénéfices que tireront les Américains et leurs entreprises de la reconstruction de l’Ukraine et des conséquences économiques du conflit.

    Car cette guerre offre aux États-Unis l’occasion de renforcer leurs positions commerciales. Les sanctions économiques qu’ils ont demandé à leurs alliés d’appliquer à la Russie pénalisent en effet de nombreux pays européens mais nullement les États-Unis. Ainsi en est-il par exemple du boycott du gaz russe qui va leur redonner une certaine maîtrise de ce marché stratégique. Cette mesure, catastrophique pour les États européens, oblige en effet beaucoup d’entre eux à acheter le gaz de schiste que les Américains possèdent en abondance ou à se fournir au Moyen-Orient auprès de pays qu’ils contrôlent pour la plupart.

    Ajoutons que la crise économique qui résulte de cette crise énergétique va fragiliser les entreprises du vieux continent sur les marchés internationaux, favorisant de ce fait leurs concurrents américains.

    Une guerre qui rend plus fort

    Cette guerre permet aussi aux États-Unis de renforcer l’Otan qui demeure l’instrument principal par lequel les Américains assurent  leur tutelle sur l’Europe. Ainsi deux nouveaux pays, la Finlande et la Suède, ont rejoint le volet militaire de l’Alliance atlantique, une organisation qui perdait peu à peu de sa légitimité et qui, avec cette guerre, a retrouvé de  la crédibilité auprès des dirigeants européens, renforçant ainsi la suprématie américaine sur le vieux continent et notamment à Bruxelles.

    Avec cette guerre, les Américains ont aussi pu tester leur capacité à contrôler leurs alliés européens, que ce soit au niveau de leur opinion publique ou de leur classe politique et médiatique. Ainsi, les stratèges d’outre-atlantique ont-ils pu constater avec satisfaction à quel point leurs mots d’ordre et leurs opérations de désinformation sont adoptés par leurs alliés sans la moindre réserve. Une sujétion qui leur a permis d’obtenir de leurs vassaux qu’ils prennent des mesures aussi contraires à leurs intérêts vitaux que le boycott du gaz russe. Et cela avec les encouragements militants de la Commission européenne et de sa présidente Ursula Von der Leyen, dont on ne sait si ses positions relèvent de l’aveuglement idéologique ou de la simple bêtise. Ils ont pu observer de même le succès de la manipulation visant à faire croire que les gazoducs Nord Stream 1 et 2 en mer Baltique ont été sabotés par les Russes alors que cette action s’inscrit parfaitement dans le projet américain de désarrimer dans la durée la Russie de l’Europe.

    Une guerre parfaite donc menée par les Américains contre les Russes. Une guerre sans risque, une guerre par procuration, une guerre financièrement et économiquement profitable, une guerre qui rend plus fort, une guerre déjà gagnée même si les troupes ne gagnent pas sur le terrain.

    Mais, bien sûr, rien de tout cela ne correspond à la réalité ! Du moins si l’on en croit les discours assurés de nos politiques et les messages du président Zelensky, calibrés comme les textes d’une agence de communication anglo-saxonne.

    Bruno Mégret (Polémia, 14 octobre 2022)

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