Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

etats-unis - Page 58

  • Tour d'horizon... (89)

     

    Observateur marine.jpg

    Au sommaire cette semaine :

    - sur le site du Monde, Antoine Lefébure revient sur la loi sur le renseignement, dont la source d'inspiration se situe aux Etats-Unis...

    Une loi de renseignement sous influence

    Américanisation.jpg

     

    - sur RussEurope, Jacques Sapir évoque la recomposition du système monétaire international et la fin inéluctable de l'étalon-Dollar...

    La fin de l'après-guerre ?

    Bretton woods.jpg

     

    Supplément : la polémique autour de Le Corbusier...

    Le Corbusier, fasciste militant: des ouvrages fissurent l'image du grand architecte, un article d'Alexis Ferenczi

    Le Corbusier fut-il fasciste ou démiurge ? un point de vue de l'architecte Paul Chemetov
     
    "Qui a peur de Le Corbusier ?, un entretien avec Antoine Picon, Président de la Fondation Le Corbusier
     

    Le Corbusier 2.jpg

    Lien permanent Catégories : Tour d'horizon 0 commentaire Pin it!
  • A propos du Traité transatlantique...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un entretien réalisé par Kontre Kulture avec Alain de Benoist à l'occasion de la sortie de son essai consacré au Traité transatlantique, actuellement en cours de négociation entre les Etats-Unis et l'Union européenne. Le Traité transatlantique et autres menaces a été publié en janvier 2015 aux éditions Pierre-Guillaume de Roux.

     


    Alain de Benoist présente son livre "Le Traité... par kontrekulture

    Lien permanent Catégories : Entretiens, Multimédia 0 commentaire Pin it!
  • L'américanité ou l'Europe...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Diego Fusaro, cueilli sur le site du Cercle Aristote et consacré à la domination qu'exerce les États-Unis sur l'Europe. Professeur d'histoire de la philosophie à l'université de Milan et déjà auteur d'une dizaine d'essais, Diego Fusaro est considéré comme le principal disciple de Costanzo Preve, mort en 2013.

     

    Diego Fusaro.jpg

    L'américanité ou l'Europe

    Après la disparition des systèmes socialistes sous les décombres du Mur de Berlin (9 novembre 1989), et l’élimination subséquente de toute alternative politique digne de ce nom, l’ancien dilemme de Novalis « L’Europe ou la chrétienté » (de l’ouvrage du même titre) s’est  reconfiguré sous les traits d’une alternative perverse et macabre : celle de « l’américanité ou l’Europe ».

    La puissance sortie victorieuse de la Guerre froide a depuis lors renforcé ce processus délétère d’américanisation intégrale du « Vieux Continent », déjà entamé à partir de 1945. Cela s’est manifesté notamment dans la culture, non seulement celle de masse, avec l’américanisation de la musique populaire, mais aussi la culture scolaire, qui a subi toute une restructuration capitalistique de son logiciel, et qui s’est dès lors vu de plus en plus façonner sur le modèle entrepreneurial, selon la logique « dettes/crédits », faisant ainsi des professeurs des managers, et des étudiants des apprentis-consommateurs. Cela s’est également manifesté dans les politiques sociales, au travers de la démolition du système européen d’assistanat.

    De fait, dans l’histoire récente de l’Europe, de la chute du Mur jusqu’à l’implosion de l’Union soviétique (peut-être la plus grande tragicomédie géopolitique du XXe siècle), plusieurs événements successifs sont venus alimenter un plus vaste processus de substitution paradigmatique du modèle américain, fondé sur un capitalisme dépourvu de toute base éthique, au modèle européen, qui s’était lui constitué en haute lutte comme équilibre entre le capitalisme, le Welfare state et de solides fondations axiologiques. Aujourd’hui, on voit l’Europe devenir de plus en plus un protectorat américain, les États européens étant aux États-Unis ce qu’étaient les satellites du pacte de Varsovie vis-à-vis de l’URSS et de sa ligne de conduite marxiste.

    Dernière manifestation en date de ce scénario scandaleux, la stupeur déclenchée il y a quelques temps lors des révélations sur les pratiques obscènes d’espionnage des États-Unis à l’égard de leurs prétendus « alliés » (dans les faits leurs subordonnés).  Mais en réalité, pourquoi tant de stupeur ? Est-ce une nouveauté que cette absence de relation inter pares  entre les États européens et les États-Unis ? Qu’y a-t-il d’exceptionnel à cela ? Fallait-il s’attendre à ce que l’Empire du Bien traitât l’Italie, l’Allemagne, et l’Espagne comme des États libres et égaux à lui ?

    La « Quatrième Guerre mondiale » [1] (selon le concept de Costanzo Preve, sur la séquence historique qui s’étend de 1991 à nos jours) a vu la puissance américaine systématiquement entrer en lutte contre les forces qui résistaient à sa domination ; et, aussi bien avec l’Irak en 1991 qu’avec la Libye en 2011, l’on a vu à chaque fois ses soi-disant « alliés » se retrouver acculés à servir leur maître en prenant activement part à ses agressions impérialistes. L’on songe ici à ce que Carl Schmitt écrivait déjà en son temps dans La notion de politique (1927) : « Si, sous forme de sentence ou de quelque autre manière, un peuple se laisse prescrire par un étranger l’hostis (l’ennemi) qui doit être le sien, contre lequel il lui est permis ou interdit de combattre, c’est qu’alors il n’est plus un peuple politiquement libre, mais un peuple satellisé ou subordonné à un autre système politique ». Ces mots sont à l’image de l’Europe actuelle.

    Il apparaît chaque jour plus évident que cet État sorti vainqueur de la Guerre froide, qui œuvre aujourd’hui à la stigmatisation de toute contre-puissance se refusant à subir sa domination et sa vision du monde (elle se voit alors immédiatement condamnée comme rogue State, « État voyou »), repose sur une culture impérialiste foncièrement incompatible avec la perspective d’un véritable rapport à l’Autre : qu’elle le présente sous les traits du « terrorisme » ou de la « dictature », ou qu’elle le range avec mépris dans le champ du « Rest of the world », dans tous les cas, elle se refuse a priori à lui accorder la moindre légitimité. Cette règle n’épargne pas les États Européens : dans l’horizon de l’idéologie impériale américaine, ces derniers ont le droit d’exister tout au plus comme protectorat de la Mère-Patrie.

    A cette caractéristique, que l’on retrouve dans presque toutes les formes d’impérialisme de l’Histoire, doit être rajoutée une autre : le facteur explicatif majeur que constitue en soi la prégnance aux États-Unis du protestantisme puritain d’origine vétérotestamentaire. Telle est l’idéologie qui alimente la « monarchie universelle » [2] américaine : sous sa caution, les Américains tendent naturellement à se concevoir comme le « Peuple élu », si ce n’est même comme la seule nation digne de ce nom, entraînant par là des conséquences désastreuses sur la vie internationale.

    « America stands as the world’s indispensable nation », pouvait-on entendre dans le discours de Bill Clinton du 20 janvier 1997. Si l’Amérique est la seule nation indispensable au monde, alors toutes les autres ne sont plus bonnes à exister que comme ses colonies, au mieux ses subordonnées.

    Porte-drapeau d’une « Special mission » qui lui aurait été assignée par Dieu, « l’Empire du Bien » étiquette immédiatement comme « terroristes » toutes les formes de résistance que peuvent lui opposer les peuples opprimés ou les États (de l’Iran à Cuba, en passant par la Corée du Nord jusqu’au Venezuela),  qui, malgré des contradictions internes parfois très lourdes, ne se plient pas au diktat de la mondialisation capitaliste. Par leur positionnement géostratégique courageux, ces derniers rappellent ainsi aux Européens que résister est encore possible (pour prendre à-rebours le titre du peu glorieux best-seller de Walter Sitti : Résister ne sert à rien).

    Dans une opposition revendiquée aux chantres du Politiquement correct et à nos éternels « repentis », toujours prompts à discréditer comme pure nostalgie la récupération des catégories de pensée à même de déceler les contradictions de notre temps, la revivification de la critique de l’impérialisme est aujourd’hui d’une importance vitale. Face aux stratégies manipulatoires de la propagande officielle, capable de déclarer à son gré telle ou telle perspective critique comme complètement dépassée, l’impérialisme est aujourd’hui plus vivant que jamais – et que, par son pouvoir d’adaptation, il se soit métamorphosé sous un nouveau visage, compatible avec l’idéologie mondialiste, n’y change rien – ; face à lui, la tendance à le disqualifier comme une catégorie politique désuète  révèle une volonté mal cachée d’anesthésier toute critique en faisant passer pour mort l’objet pourtant bien vivant sur lequel elle est censée s’exercer.

    Comme Voltaire en son temps, nous n’aurons de cesse de le répéter : il ne pourra y avoir de démocratie en Europe tant que son territoire sera sous l’emprise de bases militaires états-uniennes. Il ne pourra y avoir d’Europe sans souveraineté géopolitique. Il ne pourra y avoir d’Europe démocratique d’États libres et égaux tant que le « Vieux Continent » continuera d’exister comme simple protectorat d’une monarchie universelle, ou simple pion de l’Eurocratie en place. S’étonner qu’une telle affaire d’espionnage ait pu avoir lieu est un privilège de vierges effarouchées. Il faut, au contraire, s’appliquer à éliminer à la racine les conditions qui rendent possibles des scandales comme celui-ci.

    Diego Fusaro (Cercle Aristote, 26 février 2015)

     

    Notes :

    Texte original en italien : Diego Fusaro, « Americanità o Europa », Lo Spiffero, Pubblicato Lunedì 08 Luglio 2013.

    [1] Constanzo Preve, La Quatrième Guerre mondiale, éd. Astrée, 2008, trad. 2013. Disponible sur : http://www.editions-astree.fr/BC/Bon_de_commande_Preve.pdf

    [2] On se réfère ici à l’« Universal monarchie » mentionnée par Kant dans son Projet de paix perpétuelle (1795)

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • L'Occident est-il dangereux aujourd'hui ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Ivan Blot, cueilli sur le site d'informations Sputnik et consacré à la dangerosité de la politique occidentale...

     

    Obama armée US.jpg

    L'Occident est-il dangereux aujourd'hui ?

    D’après le blog Slate du 3 janvier 2014, un sondage de Worldwide Independent Network et de Gallup sur la question « Quel pays est la plus grande menace pour la paix dans le monde aujourd’hui ? » a été effectué dans 65 pays où 66 806 personnes ont été interrogées.

    Le résultat est net: pour 24% de la population mondiale, les Etats-Unis sont le pays le plus menaçant pour la paix mondiale. Le Pakistan est second avec 8%, et la Russie vient en 12ème position! Il s'agit de l'avis des citoyens. Certains organismes « d'experts » comme le « Center for Peace and Conflict » de Sidney s'arrangent pour mettre les Etats-Unis en milieu de classement. Mais le citoyen sondé, lui, n'est pas payé et à l'inverse de « l'expert », il n'a pas de marché ou de carrière en jeu!
     
    Qui a précipité l'Afghanistan, l'Irak, ou la Libye dans le chaos sinon l'Occident groupé autour des Etats-Unis? L'intervention en Irak, en 2003 qui s'appelait « liberté en Irak » (sic) débouche en 2015 après des années de guerre civile sur l'apparition de Daesh, un Etat islamiste d'une cruauté exemplaire! On peut comprendre que face à leur image de va-t-en guerre impénitent, les Etats-Unis cherchent à faire peur avec la Russie. Mais l'opinion mondiale ne s'y trompe pas comme le montre le sondage ci-dessus.

    Au-delà de cette réalité indiscutable, l'Occident véhicule par ailleurs un message philosophique mortifère, celui de l'arraisonnement utilitariste qui considère l'homme avant tout comme une matière première pour l'économie. Cet arraisonnement a été appelé le « Gestell » par le philosophe existentiel allemand Heidegger, enterré avec les sacrements de l'église catholique en 1976.

    Le philosophe, disciple d'Aristote, a accusé le monde occidental moderne de détruire le monde traditionnel chrétien des Européens qui assurait tant bien que mal l'épanouissement de l'homme. Ce monde était structuré par quatre pôles: Dieu, les hommes en tant que mortels, les valeurs éthiques de l'honneur et du sacrifice de soi (non utilitaristes) et les racines familiales et patriotiques.

    L'Occident moderne, surtout après 1968 pour la France, a tué Dieu dans la conscience des hommes pour le remplacer par les caprices de l'égo. Il a remplacé l'éthique du sacrifice de soi par le culte matérialiste de l'argent et des droits qui y sont associés. Il a remplacé l'éducation des personnalités grâce à l'humanisme classique par le conditionnement des masses. Il a enfin remplacé les racines charnelles, famille et patrie, par l'idolâtrie de la technique sans mesure. Il faut en effet que les hommes deviennent des matières premières interchangeables et l'on instrumentalise l'égalitarisme dans ce sens!

    On retourne ainsi, depuis les années 1960, vers la barbarie des instincts libérés au nom des droits de l'homme, instincts dont la « libération » est justifiée par le cerveau calculateur, cette « crapule » dont parlait Dostoïevski. Résultat: le nombre de crimes en France a été multiplié par quatre depuis mai 1968. On est passé de 1,5 à 4,5 millions de crimes et de délits. Aux USA, le nombre d'emprisonnés est passé de 0,5 million en 1965 à 2,3 millions en 2013. Les Etats-Unis sont le pays qui a le plus d'emprisonnés au monde.

    Autre résultat: l'effondrement démographique de l'Occident signalé par le président Poutine (qui parla de suicide) au cercle de Valdaï en 2013. L'Occident ne fait pas que semer la mort par ses interventions militaires en série, notamment au Proche Orient. Il se suicide peu à peu et le Pape catholique Jean-Paul II avait parlé à son sujet de « culture de mort ».

    Les quatre idoles actuelles de l'Occident, la technique, l'argent, les masses et l'égo aboutissent à dévaster la terre, détruire les idéaux traditionnels, soumettre les hommes libres au conditionnement des masses et exalter l'égo dans ses caprices les plus ignobles. Le président Poutine affirme qu'il veut préserver la Russie de cette idéologie mortifère. C'est pourquoi la majorité de l'oligarchie occidentale, qui déteste les peuples enracinés et gère le « Gestell » au pouvoir, ne peut pas supporter Poutine. Elle voudrait l'éliminer et faire de la Russie trois ou quatre protectorats divisés comme le rêve le géopoliticien des récents présidents américains, Zbigniew Brzezinski. Washington espère ainsi conserver le contrôle sur le monde, et sur le continent qui pourrait le concurrencer: l'Eurasie. La subversion à Kiev a été créée dans ce but. Le coup d'Etat de Kiev a mis au pouvoir un gouvernement qui tire à coups de canon sur les citoyens qui réclament des référendums de décentralisation. Les va-t-en guerre américains rêvent d'une guerre de plus en Ukraine et brûlent d'intervenir!
     
    Vladimir Poutine défend ouvertement les traditions qui fondent les civilisations. C'est insupportable pour ceux qui idolâtrent l'argent et le droit abstrait, ces deux instruments de pouvoir qui sont le socle des injustices sous les prétextes les plus hypocrites. Déjà le grand humaniste romain Cicéron le disait: « summus jus, summa injuria »: le droit poussé à l'extrême créé l'injustice la plus grande comme ce fut le cas avec la Cour suprême américaine en 1857 (arrêt Dred Scott contre Sandford) qui justifia l'esclavage des Noirs au nom des droits de l'homme inscrits dans la constitution américaine!
     
    S'il y a un danger aujourd'hui pour la paix et l'humanité, il ne vient pas de la Russie mais désormais de l'Occident. L'Occident prétend imposer son modèle de « moralité », ce qui n'est rien d'autre que du pharisaïsme et du néo colonialisme. Ce n'est pas la Russie qui a généré Daesh mais l'Occident qui a tout fait pour ruiner les régimes laïcs arabes, certes critiquables mais moins dangereux. La Russie a toujours été cohérente dans sa lutte contre le terrorisme, ce qui n'est guère le cas des principales puissances occidentales. D'ailleurs, les chrétiens d'Orient persécutés ne s'y trompent pas. Ils mettent leur espoir dans l'influence internationale de la Russie et non en Washington.

    Le danger change de camp avec le déroulement de l'histoire. Avant la seconde guerre mondiale, il résidait en l'Allemagne nazie. Le communisme a pu dans le passé être aussi un danger. Mais aujourd'hui, c'est l'Occident qui menace la paix du monde par un néo-colonialisme qui va jusqu'à provoquer des guerres. C'est l'Occident qui agit en idéologue conquérant et qui a une idéologie d'Etat intolérante. Ce n'est plus la Russie depuis qu'elle a surgit à nouveau lors de l'effondrement de l'Union soviétique. On doit conseiller à l'Occident de pratiquer la maxime de Socrate: « connais-toi toi-même »! Car c'est la seule façon de pouvoir se corriger.

    Ivan Blot (Sputnik, 21 février 2015)

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • « L’État islamique a été créé par les États-Unis ! »...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire et consacré à l'ennemi islamiste, au Levant et en France...

    alain de benoist,turbocapitalisme,hollande,taubira,révolution

     

    « L’État islamique a été créé par les États-Unis ! »

    Pour que cette union nationale dont on nous rebat les oreilles depuis des jours ait un sens, cela nécessite la menace d’un ennemi commun. Mais quel est-il, sachant que personne ne l’a pour l’instant désigné ? Car se contenter d’évoquer le « terrorisme », ça demeure un peu vague…

    Nous assistons actuellement à d’incessantes gesticulations visant à tout faire pour ne pas désigner l’ennemi sous son nom. La notion d’ennemi devient problématique dès l’instant où l’on ne veut pas en avoir, parce que l’on a oublié que l’histoire est tragique et qu’on a voulu mettre la guerre hors la loi. Mais il y a au moins deux autres raisons à ce refus d’appeler l’ennemi par son nom. La première est que cette désignation paraît politiquement incorrecte, car susceptible d’« amalgame » (le mot est d’origine arabe : âmal a-jammâa). La seconde, la plus fondamentale, est que la classe politique n’est pas étrangère à son apparition.

    La France a fait deux erreurs gravissimes : la guerre en Libye, qui a plongé ce pays dans la guerre civile et l’a transformé en arsenal à ciel ouvert, et l’affaire syrienne, où nous avons apporté notre appui aux adversaires de Bachar el-Assad, qui sont les mêmes islamistes que nos troupes combattent en Irak et au Mali. À cela s’ajoute que « l’État islamique a été créé par les États-Unis », comme l’a rappelé sans ambages le général Vincent Desportes, ancien directeur de l’École de guerre, au Sénat le 17 décembre dernier, et que le terrorisme n’a cessé d’être financé par le Qatar et l’Arabie saoudite, que nous considérons à la fois comme des clients et des alliés.

    Dans le cas du terrorisme intérieur, le problème est le même. Nous ne sommes plus en effet confrontés à un « terrorisme global » tel qu’on en a connu par le monde à la grande époque d’Al-Qaïda mais, comme Xavier Raufer ne cesse de le répéter, à un terrorisme autochtone, qui est le fait de racailles des cités ayant fait leurs classes dans le grand banditisme avant de se transformer en bombes humaines sous l’effet de l’endoctrinement ou d’un délire partagé. De Mohammed Merah aux frères Kouachi, ce terrorisme est indissociable de la criminalité (ce n’est pas avec des pétrodollars mais des braquages de proximité que les terroristes se procurent leurs kalachnikov). Lutter contre le « gangsterrorisme » implique donc de s’appuyer sur le renseignement criminel. Or, si les renseignements existent, ils ne sont pas exploités, précisément parce qu’on se refuse à admettre la réalité, à savoir que ce terrorisme est l’une des conséquences de l’immigration. La France, en d’autres termes, a sécrété un nouveau type de terrorisme en laissant s’installer un milieu criminel qui échappe en grande partie à son contrôle. C’est pour cela que chez ces terroristes, qui étaient pourtant surveillés, on n’a pas repéré le risque de passage à l’acte. Les directives données par le renseignement intérieur n’étaient pas les bonnes. On a préféré surveiller Internet et spéculer sur le retour des djihadistes plutôt que d’être sur le terrain, au cœur même des cités. Or, le problème ne se situe pas au Yémen ou en Syrie, mais dans les banlieues.

    Sommes-nous en guerre ?

    Le terrorisme, c’est la guerre en temps de paix. Et aussi, comme l’a dit Paul Virilio, la « guerre sans fin, aux deux sens de ce mot ». À l’étranger, nous sommes en guerre contre le djihadisme, branche terroriste de l’islamisme salafiste. En France, nous sommes en guerre contre un terrorisme intérieur, pur produit de cette immigration incontrôlée qu’on a laissée se développer comme un chaudron de sorcières d’où sortent des racailles plus ou moins débiles, passées du gangstérisme à l’islamisme radical, puis de l’islamisme radical au djihad pulsionnel.

    Qui peut croire que l’on résoudra le problème avec des « cours civiques » à l’école, des incantations à la laïcité, de pieuses considérations tirées de l’histoire sainte du « vivre ensemble » ou de nouvelles lois en forme de gris-gris vaudous « contre-toutes-les-discriminations » ? C’est pourtant très exactement là que nous en sommes. La classe dirigeante est devenue totalement prisonnière de son incapacité à voir les choses en face, cause principale de son indécision (et de son désarroi, car elle ne sait plus que faire). Elle prétend se battre contre un ennemi dont elle ne veut pas reconnaître qu’il s’agit d’un Golem qu’elle a engendré. Le docteur Frankenstein ne peut pas lutter contre sa créature parce que c’est sa créature. Les terroristes dont Mohammed Merah reste le prototype sont les fruits de trente ans d’angélisme et de cécité volontaire sur l’immigration, d’une « politique de la ville » qui se résume à 100 milliards d’euros partis en fumée après avoir été distribués à des associations fictives, et d’une « culture de l’excuse » qui s’est muée en culture de l’impunité.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 16 février 2015)

    Lien permanent Catégories : Entretiens 0 commentaire Pin it!
  • Le Minotaure planétaire...

    Les éditions du Cercle viennent de publier un essai de Yanis Varoufakis intitulé Le Minotaure planétaire - L'ogre américain, la désunion européenne et le chaos mondial. Professeur d'économie politique, Yanis Varoufakis est devenu ministre des finances de Grèce à l'occasion de la victoire de la coalition Syriza aux élections législatives.

     

     

    yanis varoufakis,grèce,syriza,minotaure,chaos,états-unis,dollar

    " Le Krach de 2008 était-il programmé ?

    Tout commence en 1929, avec la Grande Dépression et son cortège d’immenses souffrances. L’absence de régulation bancaire aux États-Unis et la cupidité sans bornes des acteurs de Wall Street plongèrent le monde dans un chaos tel qu’il fallut une guerre mondiale – plus de 50 millions de morts et un champ de ruines sur l’Europe et le Japon – pour remettre un peu d’ordre dans les esprits.

    Se saisissant de l’occasion qui leur fut offerte au sortir de la guerre, les États-Unis s’arrogèrent alors le rôle de maître d’œuvre de la reconstruction du monde occidental. Les ennemis d’hier, l’Allemagne et le Japon, sont désormais leurs protégés et deviennent de fait les deux piliers de leur nouvel ordre mondial, ouvrant ainsi la voie aux « Trente Glorieuses ».

    Cet ordre mondial cédera cependant sous le poids écrasant des déficits américains et poussera Washington, en 1971, à suspendre la convertibilité du dollar en or afin d’assurer son hégémonie sur des bases radicalement différentes. C’est à ce nouvel arrangement que Yanis Varoufakis donne le nom de Minotaure planétaire : un ogre à la fois tuteur et cannibale de l’économie mondiale.

    Portant en lui les gènes de sa propre destruction, le Minotaure planétaire tombera sous les coups de la nouvelle dérégulation bancaire aux États-Unis et de la cupidité redoublée de la finance internationale, provoquant le Krach de 2008.

    Quel avenir pour le monde après le Minotaure planétaire ? Et qu’espérer de l’Europe quand l’insuffisance de ses dirigeants et les égoïsmes nationaux mènent droit à la désunion ?

    C’est la question, vitale, à laquelle Yanis Varoufakis tente de répondre dans cet essai à la fois brillant, iconoclaste et palpitant. "

    Lien permanent Catégories : Economie, Livres 0 commentaire Pin it!