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etats-unis - Page 59

  • Tour d'horizon... (83)

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    Au sommaire cette semaine :

    - sur le site du Centre de recherches sur la mondialisation, Julien Teil s'intéresse au statut des ONG et à leur instrumentalisation par les Etats-Unis...

    Les Etats-Unis et les ONG : une alliance politique contre la souveraineté des Etats

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    - sur Metamag, Georges Maurice revient sur l'importance de la géopolitique dans la compréhension des conflits d'aujourd'hui...

    Géopolitique et guerre (1)

    Géopolitique et guerre (2)

    Julien Teil, ong, états-unis, souveraineté, géopolitique, guerre

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  • Les médias occidentaux: marionnettes ou agents inconscients de l’expansion américaine ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Alexandre Latsa, cueilli sur Sputnik France et consacré aux prises de position des médias européens systématiquement conformes aux intérêts américains dans l'affaire ukrainienne...

     

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    Les médias occidentaux: marionnettes ou agents inconscients de l’expansion américaine ?

    En mars et mai 2014 j’ai été invité à m’exprimer (très brièvement) sur la chaine française LCI, à propos de l’évolution de la situation en Ukraine.

    J'ai dit, à l'encontre de tout le mainstream médiatique ambiant de l'époque, que la Russie n'avait aucun intérêt à une partition de l'Ukraine, et les européens non plus. J'ai aussi affirmé que les évènements en cours avaient leur source hors d'Europe et plus précisément en Amérique.

    Il est vrai que quelques semaines auparavant, la presse russe avait révélé un enregistrement bien embarrassant, repris par le Huffington Post. La secrétaire d'état adjointe (américaine) chargée de l'Europe, Victoria Nuland, et l'ambassadeur des États-Unis en Ukraine, Geoffrey Pyatt, discutaient de la situation chaotique qui s'installait en Ukraine, et madame Nuland a prononcé une phrase pas très diplomatique: Que l'UE aille se faire foutre. Cette phrase résume parfaitement la façon dont Washington manage sa relation avec son allié européen: L'UE n'a pas à donner son avis sur les affaires européennes.

    Dès le début de cette crise en Ukraine, les rares commentateurs qui ont accusé Washington de déstabiliser la région se sont fait traiter d'agents russes. On entend bien que le journaliste français de LCI qui m'interroge me présente tout naturellement comme: Le point de vue russe, pour ne pas dire la voix de Moscou, rien que ça! Pourtant je ne représente ni la Russie ni la France, je fais seulement partie des millions d'Européens qui s'inquiètent de voir l'Union Européenne transformée en protectorat américain. Je fais aussi partie de ceux qui, dans de nombreux pays, souhaitent un monde multipolaire.

    A ma connaissance du reste, LCI n'a pas relevé que le président Barack Obama, qui n'est pas la voix de Moscou, vient récemment de confirmer ce que je disais, en affirmant que l'administration américaine a clairement arrangé le changement de pouvoir en Ukraine. Il confirme ainsi la responsabilité américaine dans la déstabilisation de la région.

    Washington semble du reste être passé à la vitesse supérieure dans la volonté de déclencher un conflit en Europe orientale avec la Russie. Le congrès américain discute en ce moment de l'alourdissement des sanctions contre la Russie, et aussi de la livraison d'armes lourdes à l'armée ukrainienne pour qu'elle poursuive ses opérations dites anti-terroristes, qui ont déjà couté la vie à des milliers de civils dans l'Est de l'Ukraine.
    Simple effet de prisme et démonstration de l'odieux double standard américain: Imaginons qu'en Russie, en ce moment, la Douma (le parlement russe) soit en train de discuter de la livraison d'armes à longue portée aux fédéralistes de l'Est de l'Ukraine, pour que ces derniers puissent bombarder Kiev. Est-ce qu'il n'y aurait pas une grande indignation dans la pacifique coalition occidentale et internationale?

    L'ex-secrétaire général de l'Otan Anders Fogh Rasmussen vient d'affirmer il y a quelques jours que les ambitions de Vladimir Poutine vont au-delà de l'Ukraine et qu'il pourrait attaquer un état balte afin de tester la solidarité de l'Occident justifiant ainsi un renforcement historique de l'OTAN à l'est de l'Europe.

    Certains analystes américains et certains de leurs collègues européens pensent avoir trouvé une explication à ces comportements supposés qui caractérisent le président russe: Il souffrirait d'autisme, ou plus précisément du syndrome d'Asperger! Très curieusement et alors que c‘est une obscure fonctionnaire du Pentagone qui a fait un rapport dans ce sens il y a plusieurs années, cette information a inondé de façon unilatérale et totalitaire cette semaine la quasi-totalité des médias français sans qu'aucune analyse n'allant pas dans ce sens n'ai la moindre place dans le paysage médiatique.

    Cette obsession à vouloir que le président russe ne soit pas quelqu'un de normal est une manifestation de la totale incompréhension de nombre d'acteurs du bloc occidental à accepter l'existence d'un agenda russe qui diffèrent du leur. Ce n'est pas une nouveauté loin de là. Déjà en 1996 des experts militaires américains jugeaient les russes pour la plupart irrécupérables et un fonctionnaire de l'alliance affirmait ne jamais pouvoir s'habituer à Entendre parler russe au QG de l'OTAN. C'est peut être toute cette hystérie qui a finalement contaminé jusqu'à Angela Merkel qui l'année dernière affirmait elle aussi que Vladimir Poutine vivait dans un autre monde.

    Tout ça ressemble beaucoup et surtout à une hystérie anti russe dont on doit se demander quels intérêts elle sert.

    Qui aujourd'hui pourrait sérieusement imaginer que la Russie ne souhaite ou ait intérêt à attaquer un pays Européen ou un pays de l'Otan? Pourtant, en mars et septembre 2014, j'ai donné deux conférences à Paris, au siège de l'UMP, devant des membres de la droite populaire, et à 6 mois d'intervalle, le même étudiant polonais, (représentant de je ne sais quelle association franco-polonaise) qui s'était assis au même endroit dans la salle, m'a posé la même question: Pensez-vous que la Russie va envahir la Pologne?

    On pourrait en rire si ce n'était pas tragique. J'ai posé la question à cet étudiant de savoir qu'est ce qui pouvait lui faire penser ça, il n'a su me répondre. Sans doute vivait-il, et vit-il sans doute encore, dans un autre monde. Un monde défini et modélisé par ce Russia Bashing qui prédomine au sein des soumis médias français.

    Et puisque de nombreux médias colportent cette hystérie collective au nom de la liberté d'expression, il ne faudrait pas qu'ils oublient un autre noble aspect de la profession de journaliste qui ne se limite pas à la liberté de publier des caricatures, il y a aussi la recherche de la vérité. Le 17 juillet 2014, l'avion malaisien MH17 a été abattu au dessus de l'Ukraine, 298 personnes ont ainsi été assassinées. Que sont devenues les preuves immédiatement annoncées par les américains qui accusaient la Russie ou les séparatistes pro-russes de l'Est de l'Ukraine? Pourquoi la commission d'enquête internationale est-elle silencieuse depuis des mois?

    On aimerait que des journalistes d'investigation arrêtent le Russia Bashing et, par exemple, s'intéressent à ce dossier en tentant d'apporter des faits et non des émotions.

    Alexandre Latsa (Sputnik, 9 février 2015)

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  • La politique américaine en Ukraine va-t-elle entraîner une nouvelle guerre froide ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Alexandre Latsa, cueilli sur Polémia et consacré à la menace d'une nouvelle guerre froide entre les Etats-Unis et la Russie...

     

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    La politique américaine en Ukraine va-t-elle entraîner une nouvelle guerre froide ?

    Au cœur du glacial hiver russe de l‘année 1990, le très républicain et très texan secrétaire d’état américain James Baker a fait à Moscou une bien étonnante promesse. Présent au Kremlin, il a juré la main sur le cœur pendant une discussion avec Mikhaïl Gorbatchev, que l’Alliance militaire occidentale ne s’étendrait pas vers l’est si Moscou acceptait que l’Allemagne réunifiée intègre l’Otan.

    Plus largement, cela voulait dire que les occidentaux ne chercheraient pas à profiter de la dissolution du pacte de Varsovie, et du retrait des troupes soviétiques d’Europe centrale. Ceci fut confirmé par le ministre des affaires étrangères allemand qui s’adressait à son homologue soviétique, Edouard Chevardnadze.

     

    Plus tard c’est Bill Clinton lui-même qui raconta dans un ouvrage qu’il avait écrit qu’en 1997, Boris Eltsine lui avait demandé de limiter une éventuelle extension de l’OTAN aux anciens membres du pacte de Varsovie mais d’en exclure les états de l’ex-Union Soviétique, comme les pays Baltes et l’Ukraine.

     

    Alors que la nouvelle Russie était promise à l’effondrement, le sursaut russe avant le chaos s’est traduit par l’élection d’un inconnu: Vladimir Poutine. Pendant les 15 années suivantes, (de 2000 à nos jours) il s’est attaché à rétablir non seulement l’ordre et la stabilité intérieure mais aussi à préserver autant que possible la complexe relation qui existe entre Moscou et ses marches depuis l’effondrement de l’Union Soviétique.

     

    Etrange naïveté postsoviétique, les Russes en général sont restés longtemps médusés en constatant que les élites américaine ne tenaient absolument pas leur parole, et que la promesse: « L’OTAN ne s’étendra pas à l’Est », qui résonnait encore à leurs oreilles, n’avait aucune valeur. Bien au contraire, la pression américaine n’a fait que s’accentuer.

     

    Il y a eu tout d’abord le bombardement de l’allié serbe en 1999 et l’adhésion à l’OTAN des Polonais, des Tchèques et des Hongrois la même année. Puis la création d’une force de réaction rapide à Prague en 2002 suivie en 2004 d’une vague d’extension de l’OTAN à 7 états supplémentaires: l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Bulgarie, la Roumanie, la Slovaquie et la Slovénie, amenant ainsi l’Otan aux frontières russes.

     

    N’oublions pas la mise en place qui se poursuit en Pologne, de missiles américains soit disant installés là pour intercepter des missiles intercontinentaux qui pourraient être lancés par l’axe du mal (Iran — Corée du Nord).

     

    Dans le même temps, d’étranges révolutions démocratiques managées par des ONG américaines se sont produites sur les marches russes, en Ukraine et en Géorgie. Dans le cas de la Géorgie, la situation a débouché sur des opérations militaires. La Russie et l’Ouest se sont affrontés dans une guerre indirecte et asymétrique, par l’intermédiaire d’un état fusible interposé.

     

    En 2009 c’est la France, via Nicolas Sarkozy qui opère son retour dans le commandement intégré de l’OTAN, fermant ainsi la fenêtre historique qui avait été ouverte en 1966 par le Général de Gaulle et achevant ainsi la mainmise de l’OTAN sur l’Europe.

     

    L’emprise de l’OTAN s’est en effet fortement accentuée sur l’Europe, il faudrait être sourd et aveugle pour ne pas en être conscient. L’Amérique est plus unilatéraliste que jamais, les décisions de l’Union Européenne sont de plus en plus alignées sur les décisions de Washington, c’est ce que constatent et ressentent les élites russes, qui voient que la Russie est progressivement cernée par des pays qui abritent des bases de l’OTAN.

     

    La politique extérieure de la Russie s’attache pour sa part à faire émerger un monde multipolaire. Dans ce contexte, les évènements qui secouent l’Ukraine prennent une importance particulière, et ne peuvent que détériorer gravement les relations entre l’Ouest et la Russie.

     

    En novembre 2013, un député ukrainien du nom d’Oleg Tsarev, lors d’un discours à la Rada ukrainienne (l’assemblée nationale locale) dénonce clairement l’implication directe de l’Amérique dans la préparation d’un coup d’Etat et le déclenchement d’une guerre civile en Ukraine.

     

    Selon lui, ce ne sera pas une révolution de couleur « pacifique » comme en 2004 mais bel et bien une opération sanglante visant à faire de l’Ukraine une zone d’affrontement entre la Russie et l’Ouest dominé par l’OTAN. Oleg Tsarev sera après ce discours brutalement agressé pendant que sa tête et celle de ses proches seront mises à prix par l’un des oligarques qui ont émergé après les évènements du Maïdan de Kiev.

     

    18 mois plus tard on ne pourra que constater la justesse des propos d’Oleg Tsarev alors que l’Ukraine plonge dans une guerre civile dont on se demande bien comment elle va en sortir, et alors qu’OTAN et Russie s’y affrontent de nouveau en sous-main et de façon indirecte, comme ils l’ont fait en 2008 en Géorgie, mais d’une manière beaucoup plus radicale cette fois-ci.

     

    Sur ce point on peut clairement réaliser que les élites russes ne se sont pas trompées: l’accord d’association de l’UE à l’Ukraine visait bien à accélérer l’intégration de l’Ukraine à l’OTAN pour permettre à la coalition d’achever la réalisation d’un axe Berlin-Varsovie-Kiev, nouvelle colonne vertébrale de l’OTAN au sein du continent.

     

    Les Occidentaux ont beaucoup de mal à percevoir que le printemps russe de 2014 en Crimée est un miroir du printemps allemand au moment de la réunification. Les manifestants qui ont traversé le mur les 9 et 10 novembre 1989 n’étaient sans doute pas si différents de ceux qui ont chanté à Sébastopol le 18 mars 2014 lors du retour de la Crimée au sein de la Fédération de Russie. Comme en Allemagne, il y avait bien sûr l’espoir d’un avenir meilleur, mais aussi et surtout le retour au sein de la patrie historique.

     

    A la pression militaire déclenchée par l’ingérence occidentale en Ukraine s’est ajoutée une guerre économique visant à étouffer la Russie financièrement et économiquement, en profitant de la baisse du pétrole ou par l’escalade malsaine des sanctions. Ce n’est pas une surprise, la Russie opère donc en retour de grandes manœuvres de ré-réorientation économiques et stratégiques qui l’éloignent encore plus d’une Europe de l’Ouest toujours plus dominée par l’OTAN.

     

    Un divorce total est donc en train d’émerger, qui risque de replonger le monde dans une quasi guerre froide et de scinder à nouveau l’hémisphère nord en deux blocs. Cette fois-ci le mur ne serait pas au cœur de l’Allemagne mais vraisemblablement quelque part au cœur de l’Ukraine.

    Alexandre Latsa (Polémia, 3 février 2015)

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  • La recherche-développement militaire américaine : vecteur de domination mondiale...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Sylvain Gimberlé, cueilli sur Infoguerre et consacré à l'effort considérable fourni par les Etats-Unis en matière de recherche et développement dans le domaine militaire et à ses retombées...

     

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    La recherche-développement militaire américaine : vecteur de domination mondiale

    Les USA à l’orée de la 2ème Guerre Mondiale ne disposent pas réellement d’industries de l’armement à l’instar de nombreux autres pays. Tout au long de la guerre les USA vont véritablement devenir l’arsenal des Alliés et pour pourvoir à cet effort gigantesque l’État américain va investir énormément aussi bien dans l’outil de production que dans tous les domaines de la recherche scientifique. Ceci s’appelle de nos jours R&D. À la fin du conflit il leur a fallu continuer cet effort pour tenter d’être toujours devant l’URSS. Pendant quarante-cinq ans cela leur a ainsi permis d’être le leader incontesté du bloc occidental en tirant vers le haut non seulement leur économie mais également celles de leur bloc. Avec l’effondrement de l’URSS, les USA sont devenus la superpuissance mondiale aussi bien militairement qu’économiquement. Voulant garder leur leadership mondial ils se doivent de maintenir leur effort de R&D militaire car qui dispose de la plus forte armée peut contraindre à sa guise aussi bien physiquement que par pression diplomatique. Néanmoins cet effort économique en terme de R&D militaire, même s’il draine des fonds et des moyens humains et industriels spectaculaires, peut aussi bien être vu comme un manque d’investissements dans des domaines de R&D civile tout en sachant que nombre de technologies militaires se retrouvent dans le civil mais que la réciproque est vraie également de plus en plus.

    La R&D se décompose en trois domaines essentiellement, à savoir la recherche fondamentale, la recherche appliquée et le développement expérimental (définition établie par l’OCDE). Cependant les moyens humains, industriels et surtout financiers qu’ils octroient à leur R&D ne sont pas répartis de façon homogène sur tous les Departments. De plus le budget fédéral et les entreprises civiles ne contribuent pas financièrement de la même manière selon les secteurs d’activités comme la santé, l’énergie, l’espace, les télécommunications etc… Pour cela ils ont dû et doivent encore consacrer une part importante de leurs dépenses fédérales (environ 4% en moyenne sur les 20 dernières années) à la R&D. Le résultat est qu’ils dépensent dans le domaine militaire plus que tous les autre pays au monde réunis et la tendance s’est encore accentuée depuis les attentats du 11 septembre 2001 et avec l’invasion de l’Afghanistan puis de l’Irak qui ont nécessités des investissements massifs. Le budget du DoD a ainsi presque doublé en dix ans. La R&D militaire américaine a donc fortement augmenté car l’investissement en R&D est resté quasiment stable en pourcentage du budget fédéral. Le budget fédéral alloué au DoD représente ainsi 20% du budget total de l’État américain. La R&D militaire américaine est essentiellement tournée vers le développement, le test et l’évaluation de systèmes d’armes avec 80% des dépenses en R&D du DoD qui représentent 60% de la R&D fédérale des USA. Cependant 66% de la R&D totale des USA (État + entreprises privées) proviennent du secteur privé et le budget fédéral en R&D ne représente que 27% des dépenses totale en R&D. Ces 27% sont drainés à 97% par huit ministères et agences. Il reste ainsi près de 40% du budget fédéral américain alloué aux dépenses civiles même si certaines des découvertes de part et d’autres peuvent trouver des applications dans le civil et le militaire.

    L’émergence d’une R&D civile de plus en plus indépendante de la R&D militaire a commencé avec la course à l’espace, dans les années 60, que se livraient les USA et l’URSS. Même si cette R&D pouvait avoir des répercussions dans le domaine militaire, ce dernier n’en était plus l’unique bénéficiaire. Les recherches dans les secteurs de la santé, des télécommunications, de la biologie, de l’énergie etc… ont nécessité des dépenses que n’était pas capable d’assumer seul l’État fédéral et donc des entreprises privées ont été mises a contribution pour faire avancer les recherches. Mais l’État fédéral et les entreprises du secteur privé ne pouvaient plus à ce moment là investir dans la R&D sans un retour sur investissement à court ou moyen terme. Ils ont donc commencé à faire de la R&D à fin duale (à des fins civiles et militaires) afin de pouvoir adapter rapidement d’un domaine à l’autre les recherches qui aboutissaient. Pour le long terme elles privilégiaient la R&D militaire qui nécessite des investissements plus lourds et est donc plus longue à amortir et pour le court terme de la R&D civile.

    Ainsi même si le DoD reste aujourd’hui le ministère bénéficiant des plus gros investissements en R&D de l’État américain, il n’est plus celui qui donne les avancées les plus significatives dans la recherche. Pour qu’il y ait des transferts de technologies du domaine militaire au domaine industriel civil, il faut que non seulement le DoD finance des programmes et projets d’armement mais aussi que les entreprises privées qui travaillent en collaboration avec lui aient suffisamment de ressources humaines, matérielles et financières pour pouvoir honorer ces programmes. Les firmes privées aux USA disposent de près de 80% des chercheurs ce qui leur confère une grande capacité à innover et à proposer des solutions rapidement aux exigences du DoD. Cette capacité en R&D des entreprises américaines se retrouve pour plus de 70% dans le secteur de l’industrie contre 13% dans les universités. Cela montre la forte compétitivité des entreprises américaines par rapport aux entreprises d’autres pays. En effet elles peuvent à la fois innover tester et mettre en production beaucoup de programmes en même temps. Elles ont donc tout intérêt à investir dans la R&D puisque plus elles auront d’avance technologique, plus elles auront la possibilité de décrocher des contrats du DoD.

    En outre le DoD a d’autres instruments pour favoriser les investissements des firmes dans la R&D militaire. L’un de ceux-ci est la R&D dite indépendante, ou IR&D. L’IR&D est une R&D conduite à l’initiative des firmes d’armement, en dehors de leurs contrats courants, sans contrôle et sans financement direct du DoD. Le contractant finance au départ lui-même l’entièreté des dépenses, mais il sait qu’une partie de celles-ci pourront ultérieurement être imputées comme coûts indirects dans les contrats conclus avec le DoD. Ainsi grâce à l’IR&D les entreprises sont encore plus fortement incitées à investir en R&D et c’est pour cela que c’est dans l’industrie que les investissements en R&D sont les plus massifs. C’est pour maintenir ce haut niveau d’IR&D et ainsi défendre leur position a commencé une vague de fusions-acquisitions dans les années 80-90 et qui se poursuit de nos jours.

    Beaucoup de firmes concurrentes travaillent sur les mêmes projets (ce qui stimule les entreprises) et pour maintenir les investissements en R&D il faut réaliser des économies de fonctionnement et d’échelle. Les retombées de la R&D miliaire américaine sont profitables au domaine civil en cela qu’il stimule les entreprises et permet des investissements privés massifs dans l’industrie. En contrepartie ce sont des investissements qui ne sont pas mis dans d’autres secteurs de recherche et c’est alors au budget fédéral d’investir dans la R&D civile. Les investissements en R&D liés à la conquête spatiale ont fait progresser les STIC de façon significative avec toutes les découvertes qui en découlent telles la mise en orbite des satellites, le radioguidage ou encore la navigation GPS. Même si les crédits alloués à la R&D STIC civile sont plus importants en Europe qu’aux USA, quand on regarde les crédits alloués à la R&D STIC militaire, les USA sont largement en tête car la majorité des crédits publics en R&D STIC bénéficiant aux entreprises relève des crédits de défense. En effet l’investissement de crédits publics en R&D STIC aux USA représente 60% des investissements de la R&D fédérale et est réalisé majoritairement par le DoD. Ceci a pour conséquence que le ratio R&D STIC entreprises / R&D STIC fonds publics n’est que de 4,2 aux USA alors qu’il est plus important en Europe ou encore au Canada.

    Un projet néanmoins a eu un développement particulier à partir des années 60, à savoir l’ARPANET l’ancêtre d’Internet. En effet même s’il a été développé par le DARPA, ce réseau informatique a relié en premier des universités pour faciliter l’échange de données. Le réseau évoluant suite au succès rencontré, il fut décidé en 1980 de le scinder en deux réseaux : l’un militaire, l’autre universitaire. Ce dernier a continué à grandir, s’est connecté à d’autres réseaux et ainsi petit à petit a donné l’Internet que tout le monde connaît et qui est de nos jours indispensable dans notre quotidien et dont la majorité des serveurs mondiaux sont situés sur le sol américain. Les USA ont donc compris très tôt que le monde, se rétrécissant grâce aux télécommunications, il allait être nécessaire de faire de gros investissements militaires dans les STIC pour à la fois conserver leur force militaire en C3I et leur contrôle civil de l’Internet ; les deux assurant leur maîtrise de l’information et ainsi leur hégémonie. Au sein même des STIC la part réservée à la cybersécurité va croissante depuis le 11 septembre 2001. En effet l’acquisition d’informations ainsi que la maîtrise de sa propre information fournissent le moyen d’avoir en permanence un coup d’avance et ainsi de posséder un atout maître dans sa prise de décision que cela soit au niveau stratégique, opératif ou encore tactique.

    C’est par des investissements massifs en R&D que les USA peuvent encore conserver l’avance technologique militaire dont ils ont besoin pour influer sur la géopolitique mondiale. Ces efforts n’ont pas été, au fil du temps, axés sur les mêmes priorités avec notamment depuis la chute de l’URSS des dotations en R&D à la fois dans l’armement mais aussi dans le domaine de la santé. Celui-ci est d’ailleurs le premier poste de dépense fédéral de nos jours (environ 22%), bien que le budget du DoD soit juste derrière avec 20%. L’industrie civile est grandement stimulée car près de 80% des chercheurs sont dans les entreprises ce qui leur donne une immense capacité d’innovation qui se retrouve pour 70% dans l’industrie et ainsi a permis jusqu’à présent au DoD de maintenir l’avance technologique militaire des USA. Cependant les dépenses en R&D de l’État dans les universités pour la recherche fondamentale et les investissements dans le domaine de la santé ne compensent que faiblement les fonds pour les STIC.

    Les investissements en R&D militaire des USA sont donc un immense atout pour leur économie et un vecteur de domination mondiale car massifs et réalisés aussi bien par les entreprises que par l’État. De nos jours, ces investissements sont essentiellement concentrés dans les STIC afin que les USA puissent garder l’avance qu’ils ont dans la maîtrise de l’information. En effet ces derniers savent que la Chine et l’Inde rattrapent à grande vitesse leur retard dans ce domaine et que ces pays essaieront à court terme de leur ravir cette maîtrise de l’information qui est l’arme du XXIème siècle.

    Sylvain Gemberlé (Infoguerre, 25 janvier 2015)

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  • L'Amérique et la stratégie du bélier...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un point de vue de Jean-Claude Empereur, cueilli sur le site d'Europe solidaire et consacré aux méthodes hégémoniques des Etats-Unis avec leurs "alliés"...

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    L'Amérique et la stratégie du bélier

    Le président de la République a choisi de présenter ses vœux aux armées depuis le porte-avions nucléaire Charles-de-Gaulle. Ce navire est emblématique de la multiplicité des talents et des capacités français.

    Mettre en avant la réussite conceptuelle, technologique et opérationnelle de la France dans le domaine de la défense, en l’occurrence du Rafale, du Mistral ou de nos sous-marins nucléaires, c’est inciter les États-Unis à nous neutraliser et surtout à nous interdire d’entraîner nos partenaires européens dans ce qu’ils considèrent comme une forme de dissidence stratégique.

    Les Anciens, pour détruire les murailles des fortifications de leurs adversaires, avaient inventé et perfectionné, au cours des siècles, le bélier. Les Américains ont repris le concept, pour détruire systématiquement ce qui subsiste encore des faibles protections de la vieille Europe dans des domaines pourtant stratégiques. Les exemples sont multiples. On ne retiendra que les plus récents.

    Dans l’affaire Alstom, non seulement General Electric a pris le contrôle de la branche énergie de l’entreprise, en particulier la fabrication des turbines (éléments essentiels des systèmes de propulsion de nos navires), mais aussi de manière plus subreptice, comme l’a souligné sur ce site Nicolas Gauthier, un véritable joyau technologique, une filiale spécialisée dans la surveillance des satellites.

    Dans le domaine aéronautique, la stratégie du bélier a pour nom F-35. Ce programme, le plus coûteux de l’histoire de l’aéronautique et sans doute le plus incontrôlable, avait initialement pour objectif de doter la défense américaine d’un avion de cinquième génération multi-mission adapté aux besoins des quatre armes. Mais le programme avait aussi une autre mission, moins connue mais tout aussi essentielle : détruire les capacités industrielles et financières européennes en le substituant progressivement aux développements européens, en asséchant ainsi les ressources disponibles pour de nouveaux projets. De nombreux pays de l’Union européenne ont accepté d’entrer dans ce jeu, ce qui en dit long sur la fiabilité de nos partenaires en matière de défense commune.

    Il y a quelques mois, l’affaire Snowden, dévoilant le programme d’espionnage informatique de la NSA, avait fait grand bruit. La chancelière allemande s’était émue des écoutes dont elle avait fait l’objet. La France, pour diverses raisons, était restée très discrète. Le président Obama avait promis que l’on ne l’y reprendrait plus. Depuis, plus rien. De nombreux rapports parlementaires français, du Sénat en particulier, décrivent pourtant en détail la mise en œuvre d’une stratégie américaine de « colonialisme numérique » et l’organisation systématique du pillage de nos données, ou les failles des systèmes de sécurité informatiques de nos entreprises et de nos administrations. Personne ne semble s’en émouvoir. Le récent Chaos Communication Congress, le bien nommé, vient de mettre en évidence la focalisation des moyens de la NSA sur les techniques lui permettant de neutraliser les protections érigées par les États ou les entreprises sur Internet. Le bélier numérique fonctionne à plein rendement et dans l’impunité. On pourrait multiplier les exemples.

    Le grand marché transatlantique négocié dans l’opacité et le secret viendra, si l’on n’y prend garde, parachever ce travail de démolition. Comme le récent rapport de la délégation parlementaire au renseignement le souligne de belle manière : « L’espionnage pourra se parer des vertus de la légalité. » Ainsi que l’a indiqué, non sans une feinte candeur, Barack Obama, il s’agit, grâce à ce traité, « d’otaniser » l’économie européenne. Vaste programme dont l’ultime phase sera la création d’une communauté euro-atlantique arrimant technologiquement, économiquement, financièrement et, au bout du compte, politiquement l’Europe aux États-Unis.

    Le bélier aura achevé son œuvre : il pourra se tourner vers d’autres cibles. Les Européens auront perdu non seulement leur souveraineté mais aussi leur identité. Nous regretterons alors, non pas « l’Europe-forteresse » bête noire des serviteurs zélés de la « concurrence libre et non faussée » chère à Bruxelles, mais plus sombrement « l’Europe aux anciens parapets » que chantait jadis Rimbaud dans Le Bateau ivre, image prémonitoire de notre Europe à la dérive.

    Jean-Claude Empereur (Europe solidaire, 22 janvier 2015)

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  • Faut-il revoir nos choix diplomatiques et militaires ?...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une chronique percutante d'Éric Zemmour sur RTL, datée du 22 janvier 2015 et consacrée aux incohérences de notre politique diplomatique et militaire...

     


    Éric Zemmour : "Il faut revoir nos choix... par rtl-fr

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