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Points de vue - Page 71

  • L'histoire de l'État russe éclaire la politique étrangère de Poutine...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Thierry Lentz, cueilli sur Figaro Vox et consacré à la guerre russe en Ukraine.

    Historien, directeur de la Fondation Napoléon, Thierry Lentz est l'auteur de nombreux ouvrage sur l'Empereur et le 1er Empire, dont dernièrement Pour Napoléon (Perrin, 2021). Mais, on lui doit également une enquête passionnante sur l'assassinat du président des Etats-Unis John Kennedy ainsi qu'une étude intitulée Le diable sur la montagne - Hitler au Berghof 1922-1944 (Perrin, 2017).

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    Thierry Lentz: «L'histoire de l'État russe nous éclaire sur la politique étrangère belliqueuse de Poutine»

    Poutine, on le sait, ne fait pas dans la dentelle. A l'écouter, la Russie ne fait que se défendre en envahissant l'Ukraine ; Zelensky est un brigand ; l'Amérique et son Otan veulent imposer aux Slaves un impérialisme dont la première cible est la Sainte Russie.

    Mais en face, l'heure est aussi aux slogans. Sur fond de vérités simplifiées, l'enjeu est d'obtenir l'adhésion des opinions européennes, à juste titre émues par les images d'atrocités commises contre des civils, à un soutien inconditionnel à Kiev. Une sorte de guerre juste de l'Occident par procuration.

    Ces simplifications réciproques ne doivent ni nous scandaliser ni interdire la réflexion. Même une cause légitime a besoin de slogans: c'est la guerre et l'Ukraine se bat pour son intégrité. Poutine, lui, joue son pouvoir et peut-être sa vie.

    Cependant, quand chaque camp peint ainsi la réalité à ses couleurs, quand l'enjeu n'est plus que la lutte du bien contre le mal, chaque surenchère ferme pourtant une nouvelle voie de résolution de la crise. Lorsque la guerre ne sera plus dans l'intérêt de l'un ou l'autre camp, voire des deux, les diplomates devront se dépatouiller de ces demi-vérités, de ces exagérations et de ces occultations aussi volontaires que provisoirement nécessaires de la réalité.

    Quoi qu'on puisse en penser, cette crise plonge en effet ses racines dans un passé lointain, classique interaction entre les causes profondes et les causes directes. Avoir à l'esprit les premières n'excuse rien ni personne mais permet de comprendre les problèmes dans leur profondeur.

    Les gestionnaires de l'immédiat diront que l'on s'en moque et que seuls comptent les faits et l'émotion qu'ils génèrent ; que seule doit être prise en compte la personnalité cynique et cruelle du nouveau tsar ; que l'urgence est de mettre fin à son ambition impériale. C'est évidemment nécessaire pour gérer le court terme, encore qu'on puisse exiger de nos dirigeants qu'ils aient en tête quelques notions historiques et géopolitiques pour garder la tête froide et comprendre leur adversaire, ce qui est le b.a.-ba d'une bonne négociation.

    L'histoire ne donne aucune solution directe, mais permet d'avoir en toile de fond ce qui est enraciné chez les uns et les autres, car ce qui est enraciné ne peut jamais être effacé à court terme. Voici donc quelques sujets de réflexions qui ne constituent pas des excuses pour Vladimir Poutine et sa clique. Précision importante en ces temps où le moindre mot de travers vous envoie dans la case des «complices des méchants».

    Le premier élément qu'il faut garder à l'esprit est l'importance de l'histoire dans la culture politique et populaire russe. Elle est d'ailleurs soigneusement entretenue et souvent dévoyée par les régimes successifs. Ça n'est pas pour rien que Vladimir Poutine a justifié l'attaque de l'Ukraine dans un long texte à prétention historique, une histoire à laquelle il tord le bras mais qui a un écho majoritairement positif dans son peuple.

    Dans le même ordre d'idées, on s'étonne parfois du faste déployé le 9 mai par les autorités russes pour le défilé de la victoire. Sur la place Rouge et dans tout le pays, on se souvient ce jour-là des sacrifices inouïs consentis par un peuple qui perdit sans doute près de 20 millions d'hommes et connut plusieurs centaines d'Oradour-sur-Glane. La responsabilité et les erreurs de Staline dans l'hécatombe sont noyées par la fierté et le chagrin. Ne pas le savoir ou, pour être concret, mépriser de s'y rendre pour des raisons d'actualité –comme l'a fait François Hollande en 2015 pour le 70e anniversaire -, c'est humilier non pas Poutine, mais chaque Russe individuellement.

    Et lorsque Poutine traite les Ukrainiens de «nazis», c'est ce ressort qu'il utilise, reprenant l'antienne soviétique de la complicité objective de l'Occident avec Hitler. Nos diplomates de bureau et nos chroniqueurs haussent les épaules lorsque nos ambassadeurs, leurs conseillers de terrain et les russologues tentent de le leur rappeler. Cette morgue assez courante en Occident, contribue à renforcer ce que les spécialistes appellent le «tropisme eurasien» des Russes.

    De quoi s'agit-il ? L'Eurasie est certes avant tout une réalité géographique qui veut que l'Europe et l'Asie soient un seul «continent». Mais les théoriciens et publicistes russes se sont depuis longtemps saisis de ce concept qui, selon eux, donne à la Russie une mission spéciale. C'est, après d'autres, l'idée d'Alexandre Douguine, un politologue nationaliste bien en cour auprès de Poutine, qui s'inspire en la détournant de la théorie du britannique Halford Mackinder (1861-1947). Selon eux, l'espace eurasien est appelé à s'unir autour de la Russie ou d'un axe russo-turc, complété d'alliances «asiatiques» avec l'Iran et la Chine. «Monde du milieu» pour Mackinder, l'Eurasie est ainsi «le pivot géographique de l'histoire». Douguine en tire la conclusion que seule la Russie pourrait l'unifier. Poutine y croit, et avec lui son entourage et une grande partie de la doctrine géopolitique russe. C'est le fondement théorique essentiel de l'ambition impériale.

    Selon cette doctrine, le monde non-russe a compris et craint cette importance historique de la Russie. Il y répond depuis toujours par une politique d'encerclement. Inquiets des progrès et de la puissance russes, l'Occident, la Chine et la Perse ne peuvent que s'unir pour la contenir. Et Moscou doit tout faire pour l'empêcher. Elle y répond par la diplomatie et souvent par des actions militaires. Car il est vital de «briser le siège».

    Et d'abord en Asie centrale. Les règnes de Pierre le Grand et de Catherine la Grande ont ici marqué depuis trois siècles la politique russe et soviétique, avec la conquête ou la domination des espaces kazakh et ouzbek, œuvre achevée à la fin du XVIIIe siècle. Les bolcheviques ont prolongé purement et simplement cette mainmise, au prix de sévères répressions, mal amorties par une politique des nationalités en trompe-l’œil.

    Ce schéma éclata à la chute de l'URSS avec l'accession de ces anciens dominions à l'indépendance, mais ce pôle reste aujourd'hui dans la zone d'influence russe. Poutine n'entend pas en discuter. Les dirigeants de ces pays l'ont bien compris qui, s'ils veulent la paix, doivent se soumettre aux exigences du nouveau tsar. Sur l'affaire ukrainienne, on fait quasiment silence dans ces contrées pour ne pas froisser l'ours.

    Le deuxième axe pour briser «l'encerclement» est l'alliance, toujours difficile, avec la Chine. Les relations entre les deux pays ont formellement commencé en 1619 avec la réception d'envoyés russes à la cour impériale chinoise. Jusqu'à la rupture sino-soviétique, en 1961, les deux puissances entretenaient des relations essentiellement commerciales mais plutôt amicales, à quelques accès de fièvre près. Elles se sont refroidies sous Nikita Khrouchtchev, vrai-faux déstalinisateur (ce que les Chinois n'aimaient pas), et ont abouti à un bref, mais violent conflit frontalier en 1969. Lorsque Pékin voulut se rapprocher des États-Unis, dans les années 1970, la Russie ressentit à nouveau le risque d'encerclement, d'autant qu'en Europe, l'Otan resserrait sa pression.

    Il fallut attendre la mort de Mao en 1976 pour que les tensions s'apaisent. La relance de la politique sino-russe traditionnelle a aujourd'hui abouti, même si les relations restent celles des intérêts: «partenariat constructif» en 1996, traité «d'amitié et de coopération», création de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS), avec le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan et l'Ouzbékistan pour contrer l'influence des États-Unis en Asie centrale, en 2001, etc. En décembre 2017, les deux pays se sont engagés à approfondir leur coopération militaire. Si l'on y ajoute les relations nouées entre la Russie et l'Iran, même avec difficultés, Poutine est rassuré sur son flanc est. La Chine voit dans le Donbass et la Crimée le «Taïwan» de l'hôte du Kremlin et se tient coite. Rassuré de ce côté, Poutine peut s'occuper de l'Europe.

    Catherine II a entamé il y a 240 ans le renforcement du flanc ouest de son empire en achevant la conquête des steppes situées au bord de la mer Noire. La Crimée fut annexée à l'empire en 1783. La tsarine et ses successeurs, y compris communistes, repoussèrent leurs frontières vers l'ouest grâce au partage ou à l'occupation indirecte de la Pologne, tandis que la «Petite Russie» (Ukraine) et la «Russie blanche» (Biélorussie) étaient désormais entièrement en territoire russe.

    Ces deux siècles et demi ont laissé des traces dans la façon dont ses dirigeants voient la Russie et sa place en Europe. Cette certitude a été remise en cause par l'éclatement de l'URSS. Pour les élites –Poutine n'a cessé de le répéter– et même à certains égards le peuple russe, ce fut un traumatisme: réduction du territoire, délitement de la zone d'influence, abaissement de la puissance, désastre économique, menace directe de l'Otan sans cesse élargie.

    Ils oublient trop facilement que loin de vouloir la dépecer, l'Occident a tenu la Russie à bout de bras, à coups de milliards, certes en contrepartie de l'abandon de sa politique d'expansion européenne, mais tout de même de façon décisive. N'empêche que Poutine a fait un argument de cette légende de l'étranglement par l'Occident qui a suivi l'exclusion de son pays de l'espace européen.

    L'Europe reste en ce sens un terrain essentiel de la diplomatie et des ambitions russes. Depuis Pierre le Grand et Catherine II (toujours eux), la Russie a vis-à-vis de l'occident européen une politique relativement stable, à laquelle ni les tsars du XIXe siècle, ni Staline, ni Brejnev, ni Poutine n'ont renoncé. En gros, ils ont tous voulu être considérés comme «Européens» à part entière. En plus des efforts de civilisation et de relative modernisation économique, il leur a fallu développer des ambitions spécifiques et pas toujours pacifiques. Pour être Européens, il leur fallait avancer vers l'ouest (Pays Baltes et Pologne), être accepté dans les affaires occidentales (Allemagne). Comme les unions dynastiques ne suffisaient plus, ce furent les armes qui parlèrent, avec succès à la fin du congrès de Vienne (1815) et de la Seconde Guerre mondiale. Le reflux des années 1990 a été vécu comme un drame historique.

    Autre facteur, les Russes ont toujours cherché un accès aux mers chaudes et, au premier chef, à la Méditerranée, en avançant vers les Balkans, en se frottant à l'Empire ottoman et en prenant des positions stratégiques. Que l'on regarde le nombre de conflits russo-turcs, jusqu'à la fin du XIXe siècle pour se convaincre de ce projet. Après d'autres tentatives manquées à Malte (1800) ou dans les îles ioniennes (1807-1815), des guerres incessantes pour les Détroits et, finalement, l'apaisement russo-turc, ils obtinrent les bases tant souhaitées en Syrie, à Tartous et Hmeimin. Le soutien de Poutine au dictateur syrien trouve ici aussi de profondes racines historiques, spécifiquement russes et non issues d'une pseudo-ligue des dictateurs. Nul n'en a tenu compte. Pis, les Américains prétendaient expulser les Russes de ces points essentiels en Méditerranée.

    L'histoire n'est décidément pas que le passé, on peut s'en apercevoir au travers de ce bref et –ô combien– incomplet panorama de l'histoire diplomatique russe. Au moment du règlement du conflit actuel, s'il sera nécessaire évidemment de rétablir l'Ukraine dans ses droits (et aussi ses devoirs, auxquels elle a parfois manqué), il ne faudra pas non plus négliger les facteurs géopolitiques et historiques. La nostalgie de la grandeur de l'Empire des tsars et de l'Union soviétique, le traumatisme des années 1990, la réalité séculaire des zones d'influence, l'accueil de la Russie dans une Europe stabilisée pour éviter de la pousser vers l'est devront servir de toile de fond aux négociations.

    On conçoit bien que ces impératifs fleurent la quadrature du cercle. Ils n'en sont pas moins à prendre en compte. Car après Poutine, un autre viendra, qui ne changera pas l'histoire de la Russie.

    Thierry Lentz (Figaro Vox, 5 juillet 2022)

     

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  • Immigration clandestine : l’heure des choix...

    Nous reproduisons ci-dessous un oint de vue de Paul Tormenen, cueilli sur Polémia et consacré aux choix politiques cruciaux en matière d'immigration clandestine.

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    Assaut de clandestins africains contre la frontière espagnole, le 24 juin 2022, à Melilla.

     

    Immigration clandestine : répartir ou renvoyer les migrants ? L’heure des choix

    Comment faire face à l’immigration clandestine extra-européenne toujours plus importante qui arrive dans le sud de l’Europe ? Vaut-il mieux l’organiser en la répartissant entre pays européens ou faut-il la dissuader en renvoyant les migrants en Afrique ? En fonction de l’objectif poursuivi, des pays européens ont adopté des politiques radicalement différentes en la matière. Les premiers enseignements que l’on peut en tirer montrent qu’il est pour l’heure plus facile de céder au business des passeurs que de tenter de l’arrêter en organisant des relocalisations de migrants en dehors de l’Europe.

    Une pression migratoire croissante

    Avec la fin des restrictions des déplacements internationaux et la crise alimentaire qui se profile en Afrique, les migrants clandestins sont de plus en plus nombreux à arriver en Europe.

    L’agence de garde-côtes et garde-frontières Frontex a recensé entre janvier et mai 2022 86 420 franchissements illégaux des frontières extérieures de l’U.E (1). Et encore, ce nombre, en progression de 82 % par rapport à 2021, ne prend en compte que les franchissements détectés par l’agence européenne. Il apparaît largement sous-évalué au regard des statistiques tenues par le HCR des Nations unies, notamment concernant le nombre de migrants arrivés clandestinement en Espagne (2).

    Il faut ajouter à ces recensements tous les extra-Européens arrivés légalement qui se maintiennent illégalement dans les pays de l’U.E. après l’expiration de leur titre de séjour. Un autre facteur contribue à l’augmentation constante du stock de clandestins présents en Europe : la forte progression du nombre des demandes d’asile déposées au sein des pays de l’U.E. Elles ont atteint 535 000 en 2021, soit 28 % de plus qu’en 2020 (3). Bien que la grande majorité d’entre elles soit rejetée, les déboutés de l’asile venus pour des raisons économiques restent ultra-majoritairement sur le territoire européen. Ainsi, en 2021, sur les 342 100 clandestins ayant reçu un ordre de quitter le territoire européen, seuls 82 700 sont effectivement partis du pays où ils se trouvaient, soit moins d’un sur quatre ! (4).

    Face à l’essor de l’immigration clandestine et des demandes d’asile, des pays européens ont pris des orientations radicalement différentes. Les uns ont choisi d’organiser une répartition entre pays européens des clandestins arrivés dans le sud de l’Europe, au risque de susciter de nouveaux départs des côtes africaines et turques. D’autres, moins nombreux, veulent dissuader les arrivées clandestines sur leur territoire en organisant la relocalisation de migrants en Afrique. Nous présentons ci-après un résumé de ces initiatives radicalement divergentes.

    La répartition et relocalisation des migrants en Europe

    L’immigration clandestine à destination de l’Europe transitant par la mer Méditerranée a pris une ampleur considérable depuis le début des années 2010. Au plus fort de ladite « crise migratoire » en 2015, la Grèce et dans une moindre mesure l’Italie ont été confrontées à un afflux massif de migrants. La Commission européenne et des chefs d’États de pays européens ont souhaité alléger la pression sur les pays de première entrée, non pas en renvoyant les clandestins chez eux, mais en organisant la relocalisation de migrants dans d’autres pays européens sur la base de quotas.

    En septembre de cette même année, le Conseil de l’Union européenne adoptait un mécanisme temporaire de répartition et de relocalisation de 160 000 demandeurs d’asile présents dans le sud de l’Europe dans les différents pays composant l’Union européenne (5).

    Au terme de cet accord, fin 2017, seuls deux pays européens ont rempli les objectifs quantitatifs de relocalisation de migrants qui leur étaient assignés (6). Mais les foudres de la Commission européenne se sont portées sur trois pays en particulier : la Pologne, la Hongrie et la République tchèque. En avril 2020, ces trois pays étaient condamnés pour non-respect de leurs quotas d’accueil de migrants par la Cour de justice de l’Union européenne (7).

    Quatre ans plus tard, en septembre 2019, un préaccord sur un « mécanisme européen de répartition » était conclu entre neuf pays membres de l’U.E. à Malte. Celui-ci visait à répartir et à relocaliser des migrants arrivés clandestinement dans les pays du sud de l’Europe par la mer Méditerranée centrale (8). Néanmoins, les négociations n’ont pas permis d’obtenir un accord pérenne, qui s’appliquerait à tous les débarquements de clandestins en Europe. Cela n’a pour autant pas empêché que de nombreuses répartitions et relocalisations de migrants aient depuis été organisées à partir de l’Italie et de la Grèce, la France étant l’un des plus pays acceptant de relocaliser le plus de migrants (9).

    D’autres opérations de grande envergure ont été organisées, notamment la relocalisation de 1 600 jeunes migrants en mars 2020 suivie de celle de plus 4 000 clandestins présents en Grèce en juin de cette même année (10).

    Le nouveau pacte européen sur les migrations et l’asile « avance »

    Sous la présidence française du Conseil de l’U.E., les négociations sur le nouveau pacte européen sur les migrations et l’asile ont franchi une nouvelle étape. À l’occasion d’une réunion organisée le 10 juin 2022 à Luxembourg, les ministres de l’Intérieur des 27 pays composant l’Union européenne sont parvenus à un accord sur un nouveau « mécanisme de solidarité » entre pays membres de l’U.E (11).

    Celui-ci va rapidement aboutir à la répartition et à la relocalisation de migrants arrivés clandestinement en Grèce, en Italie, en Espagne, à Chypre et à Malte vers d’autres pays européens plus au nord, afin de les « soulager » de la charge migratoire. 10 000 demandeurs d’asile seront concernés la première année.

    L’accord appelé « plateforme de solidarité » doit être défini dans ses aspects opérationnels dans les prochains jours. Selon les premières informations qui ont filtré de la réunion du Conseil de l’U.E., cette répartition de migrants se fera sur la base du volontariat. Une douzaine de pays, dont la France et l’Allemagne, ont manifesté leur volonté d’accueillir des migrants avec ce mécanisme. Les pays qui ne participeront pas aux répartitions devront pour leur part apporter une contribution financière ou en personnel à la gestion des frontières de l’U.E.

    Le nombre de 10 000 migrants répartis entre pays européens volontaires la première année de l’entrée en vigueur de l’accord pourrait très rapidement augmenter les années suivantes. Tant la Commission européenne, les pays favorables à l’accueil des clandestins et les pays de premier accueil ignorent superbement l’opinion publique, majoritairement opposée à l’immigration clandestine. Le nombre croissant d’arrivées par la mer dans le sud de l’Europe et la situation totalement chaotique dans les zones où accostent les bateaux chargés de migrants (Lampedusa, Canaries, etc.) ne manqueront pas d’être invoqués par les pays de premier accueil pour faire accepter le « toujours plus » : toujours plus d’immigration clandestine, toujours plus de répartition et de relocalisation de migrants.

    Mais, au-delà de ces éléments, avec ce mécanisme pérenne de relocalisation, c’est désormais un circuit complet de migration clandestine qui est organisé des côtes turques et africaines jusqu’aux différents pays européens, avec la demande d’asile comme précieux sésame.

    Certains dirigeants européens ne s’y sont pas trompés : le ministre autrichien de l’Intérieur a déclaré à l’issue de la réunion du 10 juin à Luxembourg refuser d’envoyer un « mauvais signal aux passeurs ». Son homologue néerlandais a également décliné la participation de son pays à cette répartition car il estime que son système d’asile est déjà sous tension.

    Toutes ces considérations réalistes n’ont bien évidemment pas ébranlé les convictions des immigrationnistes les plus ultra, la commissaire européenne aux affaires européennes, Ylva Johansson, le président français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz en tête.

    Si certains gouvernements de pays européens ont choisi d’avaliser l’immigration clandestine, d’autres ont pris une direction radicalement opposée. Partant du constat que leur niveau de vie et les aides sociales sont un puissant facteur d’attraction, ils ont décidé d’envoyer un signal fort aux clandestins : si vous arrivez chez nous clandestinement, nous vous expulserons dans un pays africain. Quand certains pays envoient un puissant push factor aux migrants, un signal positif entraînant un appel d’air, pour d’autres, il s’agit de mettre en place un pull factor, un facteur de répulsion visant à dissuader les clandestins de venir chez eux.

    Les tentatives de relocalisation de migrants dans des centres d’asile en dehors de l’Europe ne sont pas nouvelles. Le gouvernement danois a en été un précurseur. En 1986, il proposait l’instruction des demandes d’asile dans des centres régionaux gérés par les Nations unies. En 1994, les autorités néerlandaises présentaient à l’Union européenne un projet de création de centres de traitement des demandes d’asile à proximité des pays de départ des migrants. En 2004, les négociations menées par le Premier ministre britannique de l’époque, Tony Blair, avec la Tanzanie pour que ce pays instruise les demandes d’asile n’ont, comme les autres démarches précédemment citées, pas abouti. Mais les événements semblent se bousculer en cette année 2022.

    Objectif « zéro demandeur d’asile » au Danemark

    Au début de l’année 2021, le Premier ministre danois annonçait son souhait d’atteindre « zéro demandeur d’asile » pour le motif qu’un trop grand nombre de migrants remet en cause la cohésion sociale du pays (12). Quelques mois plus tard, le 3 juin, le Parlement danois adoptait un amendement législatif autorisant le transfert des demandeurs d’asile vers un pays extérieur de l’Union européenne, tant pour l’instruction de leurs demandes que pour la prise en charge des bénéficiaires de la protection internationale (13). Lors d’une visite au Rwanda en avril 2022, le représentant du gouvernement danois signait deux accords de coopération en matière d’asile et de migration avec l’État rwandais, afin de mettre en œuvre la nouvelle loi (14).

    Cette initiative a été très fortement critiquée par la Commission européenne (15). Des organisations et des juristes pro-migrants estiment que la Cour européenne des droits de l’homme empêchera le gouvernement danois d’organiser des relocalisations de migrants au Rwanda, en dépit de la réserve (opt-out) du Danemark aux dispositions de l’U.E. sur l’asile (16). Force est de constater qu’un an après l’adoption de la nouvelle disposition le permettant, les autorités danoises n’ont à ce jour relocalisé aucun migrant au Rwanda.

    Le Royaume-Uni prêt à relocaliser « sans limite »

    Le Royaume-Uni souhaite depuis plusieurs années mettre un terme aux arrivées incessantes de clandestins sur son territoire par le détroit de la Manche. Le ministère de l’Intérieur britannique déplore que « les filières d’immigration clandestine amènent des migrants économiques dans le dispositif de l’asile, ce qui ne nous permet pas d’accueillir comme il faudrait ceux qui en ont réellement besoin » (17).

    En dépit du renforcement considérable des moyens mis en œuvre pour stopper l’immigration clandestine, les résultats sont plus que mauvais. Partant de ce constat, le 14 avril 2022, le Royaume-Uni et la Rwanda dévoilaient le contenu d’un accord de partenariat migratoire et économique. Celui-ci prévoit pour les migrants qui arrivent au Royaume-Uni par des « méthodes illégales et dangereuses » leur relocalisation au Rwanda, où ils pourront déposer une demande d’asile. Les déboutés pourront rester au Rwanda ou être raccompagnés dans leur pays. Le nombre de personnes pouvant être relocalisées est selon le gouvernement britannique « sans limite », bien qu’il s’inscrive dans un cadre juridique et financier contraint.

    Un premier vol à destination du Rwanda devait partir du Royaume-Uni le 14 juin dernier, avec à son bord 37 migrants. Mais, au fur et à mesure que le jour du départ approchait, les associations pro-migrants et un syndicat de la fonction publique ont multiplié les recours devant la justice britannique pour empêcher le retour forcé des migrants (18). L’estocade finale est venue de la Cour européenne des droits de l’homme qui, par une mesure d’urgence, a stoppé l’expulsion d’un migrant irakien, au motif de l’obligation pour la justice britannique d’examiner la légalité du projet de loi sur le renvoi des migrants (19). Faute d’un nombre suffisant de migrants pouvant être renvoyés immédiatement, le vol vers l’Afrique a été annulé. La cheffe de la diplomatie britannique, Liz Truss, n’a pour autant pas cédé au découragement : « Il y aura des personnes sur ces vols et si elles ne sont pas sur ce vol, elles seront sur le suivant. »

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    D’un strict point de vue numérique, le bilan actuel de ces deux expériences, la répartition et relocalisation de migrants entre pays européens d’une part, et leur renvoi dans un pays tiers à l’U.E. d’autre part, est sans appel. Alors que des dizaines de milliers de clandestins ont bénéficié depuis le milieu des années 2010 de leur relocalisation dans un pays européen, aucun migrant n’a été relocalisé dans un pays tiers dans le cadre des accords bilatéraux conclus par le Danemark et le Royaume-Uni.

    Le lobby immigrationniste évoque des obstacles juridiques insurmontables pour envoyer les migrants dans un pays extérieur à l’Union européenne. La convention européenne des droits de l’homme et la convention de 1951 sur l’asile, ratifiées tant par le Danemark que par le Royaume-Uni, ne manqueront pas d’être utilisées dans le cadre de recours contre les décisions d’éloignement futures.

    Il est cependant utile de rappeler que la Commission européenne elle-même a conclu un accord de relocalisation de migrants en dehors de l’Union européenne. En mars 2016, l’U.E. et la Turquie s’entendaient pour « réinstaller un Syrien depuis la Turquie pour tout Syrien réadmis par la Turquie après être arrivé illégalement dans l’une des îles grecques » (20).

    D’autres exemples montrent que la relocalisation de migrants dans un pays tiers est du domaine du réalisable. Depuis 2013, l’Australie envoie en Papouasie-Nouvelle Guinée, avec un effet dissuasif incontestable, les migrants se dirigeant clandestinement vers ses côtes. L’État d’Israël a envoyé entre 2014 et 2017 près de 4 000 migrants en Ouganda et au Rwanda.

    Entre les pays européens qui font le choix de pérenniser l’immigration clandestine et ceux qui cherchent, non sans difficultés, à la freiner voire à l’arrêter, le fossé est immense. L’avenir dira si les gouvernements danois et britanniques arriveront à décourager les arrivées illégales et jusqu’où ils sont prêts à aller pour y parvenir. Pour le Royaume-Uni en particulier, l’urgence et l’ampleur des flux migratoires pourraient précipiter les événements. On peut également espérer que l’appel d’air suscité par le mécanisme de relocalisation de migrants entre pays européens volontaires amène ces derniers à y mettre un terme, si tant est qu’il reste un peu de rationalité chez nos dirigeants… Mais, dans ce domaine-là, rien n’est moins sûr.

    Paul Tormenen
    29/06/1989

     

    Notes :

    (1) « EU external borders in May: Detections in Western Balkan region more than double ». Frontex. 13 juin 2022.
    (2) Operational data portal. UN HCR. Arrivées par la mer en 2022. Espagne.
    (3) Annual asylum statistics. Eurostat. 2021.
    (4) Enforcement of immigration legislation statistics. Eurostat. 2021.
    (5) « Asile, relocalisation et retour des migrants : il est temps de renforcer la lutte contre les disparités entre les objectifs et les résultats ». Cour des comptes européenne. 2019.
    (6) « “Relocalisation” des migrants en Europe : quels pays ont tenu leurs engagements ? ». Le Monde. 26 septembre 2017.
    (7) « Accueil des réfugiés : la Pologne, la Hongrie et la République tchèque ont enfreint le droit de l’UE ». InfoMigrants. 2 avril 2020.
    (8) « Comment fonctionne le “mécanisme européen de répartition” des migrants secourus en mer ? ». InfoMigrants. 20 janvier 2020.
    (9) « Participation de l’OFII en 2021 aux missions de relocalisations de migrants ». OFII. 29 mars 2022.
    (10) « Migrations : la Commission prend des mesures en vue de trouver des solutions pour les enfants migrants non accompagnés se trouvant sur les îles grecques ». Commission européenne. 6 mars 2020.
    (11) Communiqué du Conseil européen sur le Conseil “Justice et affaires intérieures”, 9-10 juin 2022.
    (12) « Danish Prime Minister Sets Target of Zero Asylum Seekers to Protect Social Cohesion ». Breitbart. 23 janvier 2021.
    (13) « Forslagtil Lov om ændring af udlændingeloven ». Gouvernement danois. 29 avril 2021.
    (14) « Statement on cooperation agreements with Denmark ». Site de la république du Rwanda. Avril 2021.
    (15) « #TimeToDeliverMigrationEU- Sending applicants for international protection outside the European Union is a bad idea ». Ylva Johansson. 18 juin 2021.
    (16) « The Danish opt-outs from EU cooperation ». Site du gouvernement danois.
    (17) « Factsheet: Migration and Economic Development Partnership ». Home Office (U.K.). 14 avril 2022.
    (18) « Les associations jettent leurs dernières forces dans des recours pour empêcher l’expulsion de migrants vers le Rwanda ». InfoMigrants. 13 juin 2022.
    (19) « The European Court grants urgent interim measure in case concerning asylumseeker’s imminent removal from the UK to Rwanda ». Communiqué de presse. CEDH. 14 juin 2022.
    (20) « Relocalisation et réinstallation : les États membres de l’UE doivent agir d’urgence ». Commission européenne. 12 avril 2016.

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  • Les ados trans, abus transsexuel sur mineur !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de François Bousquet cueilli sur le site de la revue Éléments et consacré la mode de la transsexualité chez les adolescentes.

    Journaliste, rédacteur en chef de la revue Éléments, François Bousquet a aussi publié Putain de saint Foucauld - Archéologie d'un fétiche (Pierre-Guillaume de Roux, 2015), La droite buissonnière (Rocher, 2017), Courage ! - Manuel de guérilla culturelle (La Nouvelle Librairie, 2020) et Biopolitique du coronavirus (La Nouvelle Librairie, 2020).

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    Les ados trans, abus transsexuel sur mineur

    Ce samedi, avait lieu la Marche des fiertés LGBT. Arrêtons-nous sur le «T», pour trans et pour testostérone. La testostérone, c’est le choix que font de plus en plus de jeunes adolescentes… dont elles se repentiront adultes.

    Il y a 80 ans, Henry de Montherlant publiait son prodigieux cycle sur Les Jeunes Filles. Une charge de cavalerie contre le beau sexe, injuste, féroce, réjouissante. Elle serait aujourd’hui impubliable pour un tas de raisons. La première d’entre elles, c’est que les jeunes filles en question veulent devenir des garçons. Convenons que la chose n’aurait pas déplu à Montherlant.

    Gender fluid, c’est la nouvelle mode qui fait fureur dans les cours d’école. Adieu la mélancolie de La Dame aux Camélias, finie l’hystérie du docteur Charcot, dévaluée l’anorexie des défilés de mode. Chaque époque développe son propre mal du siècle : au XXIe, ce sont les troubles dans le genre – la dysphorie de genre, si vous préférez, en charabia LGBT, qui attend son Molière pour l’épingler.

    De jeunes elfes et de vieux orques

    Autrefois, la transsexualité était surjouée, elle relevait du folklore homosexuel. Michou et son cabaret. Michel Serrault et La Cage aux folles couinant après son Renato d’amour sorti d’on ne sait quel musée Grévin du travestissement. On était au théâtre, aujourd’hui on est dans Halloween ou un film de zombie. Le 26 mars 2021, le monde entier, médusé, découvrait les frisottis capillaires de la nouvelle secrétaire adjointe à la Santé de l’administration Biden, Rachel Levine, la première transgenre de l’histoire américaine à ce niveau de pouvoir. Rachel Levine appartient encore au monde de La Cage aux folles. C’est une grosse citrouille fripée coiffée d’une perruque qui tient plus du joint de plomberie en filasse que des modèles en vigueur dans les cours européennes au XVIIIe siècle. Autre signe particulier : elle fait peur aux enfants, ce que sa profession n’indique pas d’emblée : la dame était pédiatre avant d’être ministre.

    Jeunes, les trans ressemblent à des elfes ; vieux, à des orques, elfes déchus. Laissons à Rachel Levine le soin de s’occuper des orques et concentrons-nous sur les elfes innocents. Leur modèle, c’est la comédienne Elliot Page devenue garçon, aussi lisse qu’un androïde, aussi impubère qu’un visage de manga. C’est l’esthétique Pokémon à l’heure de sa reproductibilité cosmétique et hormonale.

    Pour la première fois, une enquête fouillée fait le point sur ce phénomène qui suit une courbe épidémique. Son titre ? Dommages irréversibles. Comment le phénomène transgenre séduit les adolescentes, aux éditions du Cherche Midi. Elle est signée Abigal Shrier, journaliste au Wall Street Journal, et a valu à son auteur une belle campagne de dénigrement aux États-Unis. Abigal Shrier n’est pourtant pas un vieux chaperon austère qui veut mettre une ceinture de chasteté aux jeunes filles. Ce sont d’ailleurs les jeunes filles qui enfilent d’elles-mêmes ces nouvelles ceintures de chasteté : shoots hormonaux, stérilisation, ablation ou mutilation irréparable de l’appareil génital.

    La « T » = la testostérone

    Que nous apprend Abigal Shrier ? Que la dysphorie de genre est une construction sociale. Les médecins évoquent un phénomène de contagion par les pairs. Les filles qui veulent transitionner le font en groupe. Ultraconnectées, elles découvrent derrière leur écran ce qu’elles croient être la vraie vie. La fragilité psychique de ces ados est le revers de la surprotection des parents, majoritairement des familles blanches politiquement progressistes de la classe moyenne supérieure américaine. Ces jeunes filles, qui ont pourtant reçues une éducation très libérale, ne connaissent rien au sexe. Elles observent les transformations de leur corps avec angoisse au moment de la puberté, avec le sentiment d’habiter un corps étranger, comme une chrysalide libérée de son cocon. Comment ces filles pourraient-elles avoir le corps de Kim Kardashian, les yeux de Rihanna et la voix de Beyoncé dont on les gave depuis l’enfance ? Im-pos-si-ble. Il ne leur reste qu’une option : ne pas être. Car les filles qui transitionnent ne veulent même pas devenir des garçons. Leur objectif, c’est cesser d’être des filles. Elles téléchargent leur identité sur Internet, avant de l’expérimenter pour de bon dès l’âge de 12 ans, le seuil à partir duquel on peut transitionner en Californie, sans l’autorisation des parents, cela va sans dire, même si c’est mieux en le disant.

    La théorie du genre et la transidentité sont enseignées dans les écoles, supports pédagogiques à l’appui. Les parents qui osent s’en indigner voient une armée de cyberactivistes trans leur tomber dessus. Un grand classique. Les parents ont l’impression que leur enfant a rejoint une secte dont les gourous sont des youtubeurs qui vendent aux ados les mirages d’un produit dopant : la « T », pour la testostérone.

    « Nous sommes entrés dans une ère de “solutions miracles”, résume Abigal Shrier. La Ritaline pour l’inattention, les opioïdes pour la douleur, le Xanax pour le stress, le Lexapro pour la dépression, la testostérone pour la puberté féminine. »

    Ne donnez pas de smartphone à votre enfant !

    Les médecins sont sommés d’accompagner l’autodiagnostic de dysphorie de genre établi par des patientes qui ont 13 ou 14 ans. On parle alors de « soins affirmatifs ». En gros, les médecins doivent abonder dans le sens des jeunes filles, faute de quoi ils sont accusés de transphobie. Tel est le standard médical américain.

    Imaginons une ado qui va voir son médecin parce qu’elle se prend pour un canidé :

    – Docteur, docteur, je suis un chien !

    – Ah bon, mademoiselle, je croyais que vous étiez une jeune fille ! Mais bon puisque vous vous considérez comme un chien, je vais vous prescrire des croquettes !

    Voilà en quoi consiste cet autodiagnostic. C’est une thérapie dite affirmative. Le médecin n’est là que pour dire à l’enfant : « Oui, tu es un chien et je fais te faire illico, pour ne pas être harcelé, une demande de prise en charge pour tes croquettes. Tes croquettes seront gratuites et tes parents n’en seront rien ! »

    Voilà où nous en sommes. Les croquettes, c’est la Testostérone.

    On a beaucoup glosé sur les affaires de pédophilie et la permissivité des années 1970, mais que dire de la vogue des enfants transgenres ? « Dans vingt ans, s’alarme un psychothérapeute, nous repenserons la ruée vers le changement du sexe de nos enfants comme l’un des chapitres les plus sombres de la médecine. »

    Freud disait : « L’anatomie, c’est le destin ». N’en aurions-nous plus, ni anatomie ni destin, sinon celui tout tracé de l’indifférenciation sexuelle. Plus d’organes, ni d’orgasme. Thèse, antithèse – la synthèse, c’est la prothèse. Ni homme, ni femme, rien de plus qu’une chimère, en attendant le cyborg que nous promettent les gourous de la Silicon Valley.

    Parents, si vous voulez éviter ce futur, suivez scrupuleusement les 7 conseils que donne Abigal Shrier.

    1°) Ne donnez pas de smartphone à votre enfant !

    2°) Ne renoncez pas à votre autorité de parent !

    3°) Ne cautionnez pas l’idéologie du genre dans l’éducation de votre fille !

    4°) Protégez la vie privée de votre famille !

    5°) Envisagez des mesures extrêmes pour éloigner votre fille du danger !

    6°) Arrêtez de pathologiser l’enfance des filles et rappelez-leur, 7°), qu’il est merveilleux d’être une fille !

    Et soyez sûr que votre enfant ne vous remerciera jamais assez quand il aura 20 ans !

    François Bousquet (Site de la revue Éléments, 29 juin 2022)

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  • Le Système a perdu une bataille, mais pas la guerre...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy, cueilli sur Polémia et consacré aux résultats des élections législatives.

    Ancien haut-fonctionnaire, Michel Geoffroy a publié le Dictionnaire de Novlangue (Via Romana, 2015), en collaboration avec Jean-Yves Le Gallou, et deux essais, La Superclasse mondiale contre les Peuples (Via Romana, 2018), La nouvelle guerre des mondes (Via Romana, 2020), Immigration de masse - L'assimilation impossible (La Nouvelle Librairie, 2021) et dernièrement Le crépuscule des Lumières (Via Romana, 2021).

     

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    Succès du RN : le Système a perdu une bataille, mais pas la guerre

    Ce devait être la martingale infaillible : pour la présidentielle, un duel Macron-Le Pen conduisant la gauche extrême à voter pour le premier afin de « faire barrage » à la seconde. Et pour les législatives, la même gauche en repoussoir pour effrayer le bourgeois et présenter Ensemble comme un recours. Las, il suffisait de regarder les mines réjouissantes des médiacrates, dimanche soir, pour se douter que cette belle manœuvre avait échoué.

    Caramba, Jupiter s’est planté !

    Non seulement la NUPES n’atteint pas du tout les scores mirifiques que nous promettaient les instituts de sondage – ce qui démontre en passant le caractère hautement « scientifique » de leurs travaux ! – mais avec 89 élus, le RN enregistre une progression sans précédent.
    Au point que le Président Macron ne dispose pas de la majorité absolue des sièges à l’Assemblée nationale et se retrouve de fait dans une situation de cohabitation non-désirée, obligé de constituer des alliances de circonstance, comme au bon vieux temps de la quatrième république.

    Caramba, Jupiter s’est planté !

    Les astrologues médiatiques tombés dans un puits

    Trop occupés à faire la promotion de la NUPES, les médias mainstream (plus de 50 % du temps de parole donnés aux candidats NUPES sans que cela ne gêne l’Arcom !) et les instituts de sondage ont en effet totalement sous-estimé deux phénomènes :

    • d’une part, la très grande déception, pour ne pas dire plus, de l’opinion devant la réélection d’Emmanuel Macron, le gendre de moins en moins idéal ;
    • d’autre part, l’inquiétude que suscitait la perspective d’un second mandat sans aucun contrepoids politique. Inquiétude renforcée par le ralliement ostensible d’Emmanuel Macron au camp des bellicistes anglo-saxons et par son indifférence affichée aux conséquences catastrophiques des sanctions antirusses.

    Les experts de plateaux télé ont aussi négligé que la diabolisation de Reconquête avait aussi servi l’image du RN et que si l’union de la droite ne se faisait pas au niveau des états-majors, elle pouvait se faire dans les urnes. Il est d’ailleurs probable qu’une alliance RN-Reconquête au premier tour des législatives aurait amplifié la débandade des candidats macroniens, globalement dépourvus d’implantation locale réelle.

    Raison garder

    La belle percée électorale du RN, malgré tous les obstacles placés sur sa route, témoigne de son implantation populaire. Elle confirme aussi qu’en politique le désespoir absolu est bien la sottise absolue.
    Mais il faut cependant raison garder.

    D’abord l’histoire parlementaire abonde d’exemples où de braves gens, élus sous une étiquette de rupture, ont été vite digérés par le régime. Ce fut notamment le cas des élus poujadistes sous la IVème république[1].

    Sur ce plan la gauche échappe généralement à ce péril car elle est plus motivée idéologiquement et plus disciplinée.
    Le RN, dont l’expérience parlementaire est limitée, va donc devoir faire preuve de vigilance et de compétence afin d’éviter cet écueil.

    La France ingouvernable, vraiment ?

    Ensuite, il faut relativiser une victoire électorale parce que l’Assemblée nationale a tout simplement perdu l’essentiel de ses pouvoirs au 21e siècle. Nous ne sommes plus en 1958 ni même en 1981 !
    Les médias nous abreuvent de titres selon lesquels la France serait devenue « ingouvernable » depuis le 19 juin. Quelle plaisanterie !

    La France va au contraire continuer d’être gouvernée par la Commission Européenne – qui fixe chaque année nos grandes orientations de réformes –, par la BCE, par l’OTAN, par le pouvoir judiciaire (non élu…), par les lobbies, les ONG ou les dirigeants des grandes entreprises mondialisées.

    Face à tous ces vrais pouvoirs, notre parlement – dont l’essentiel de l’activité législative consiste, il faut le rappeler, à retranscrire des directives bruxelloises – compte les coups, en simple spectateur. Même ses pouvoirs de contrôle sont incapables de rivaliser avec eux et sont de toute façon très inférieurs à ceux des parlements étrangers, notamment anglo-saxons.

    Le pouvoir n’est plus à prendre mais à reforger

    Aujourd’hui, le pouvoir est avant tout économique, financier, judiciaire, européen ou technologique, et de moins en moins national, législatif, populaire et démocratique.
    Les hommes politiques visibles – président, ministres ou parlementaires – ne sont pas les décideurs en dernier ressort, ce qu’a très bien compris, manifestement, le plus grand parti de France : celui des abstentionnistes.
    Et si les projets – que soutient Emmanuel Macron évidemment – de suppression de la règle de l’unanimité dans le fonctionnement européen, voient le jour, la souveraineté nationale sera définitivement enterrée au sein de la zone euro.

    Il faut donc replacer l’incontestable victoire électorale du RN, dans ce contexte frustrant. De nos jours, le pouvoir est moins à prendre qu’à reforger, en redonnant du pouvoir au pouvoir, en investissant de nouveaux lieux de pouvoir, justement.

    Espérons que les députés du RN auront compris l’enjeu et sauront agir en ce sens.

    Le Système a perdu une bataille, mais pas la guerre

    Il ne faut pas bouder son plaisir pour autant : en juin 2022, le Système a bien perdu une bataille politique en France, et le nouveau quinquennat d’Emmanuel Macron, commence bien mal.

    Mais la guerre qui oppose le bloc élitaire – l’oligarchie qui a pris le pouvoir en Europe avec ses idiots utiles – au bloc populaire – qui ne veut pas être remplacé ni réduit à la mendicité – ne s’achève pas pour autant.
    Elle ne fait que commencer.

    Michel Geoffroy (Polémia, 23 juin 2022)

     

    Note :

    [1] A l’exception d’un certain Jean Marie Le Pen…..

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  • Une affaire qui pue : la mort annoncée du fromage fermier français ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue cueilli sur le site de Dextra et consacré à un nouveau mauvais coup porté, discrètement, par le gouvernement aux traditions gastronomiques françaises.

     

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    Une affaire qui pue : la mort annoncée du fromage fermier français ?

    À peine Macron réélu, voilà que le gouvernement s’apprête à planter une banderille de plus dans le dos de notre agriculture déjà bien mal en point. En effet, le gouvernement, par la voix du ministre de l’Agriculture, s’apprête à faire passer un décret en catimini afin de déréglementer l’affinage des fromages fermiers français.

    Depuis un décret de 1988, les fromages pouvaient bénéficier de l’appellation « fermier » s’ils avaient été produits, de la collecte du lait à l’affinage, dans la ferme d’un même exploitant selon les techniques traditionnelles et en utilisant seulement les laits issus de son élevage.

    Désormais, si le décret entre en vigueur au 1er juillet prochain, un fromage pourra porter l’appellation de fermier même s’il est affiné en dehors de la ferme, à condition que ce soit mentionné sur l’étiquette (avec le nom et la raison sociale de l’affineur, et non plus nécessairement celle du producteur), que l’affinage ait été réalisé selon les usages traditionnels et que l’affineur ait obtenu pour ce faire l’accord écrit du producteur.

    Il va sans dire que ça tirait la gueule du côté des producteurs et des syndicats agricoles, déjà suffisamment accablés par les normes françaises et européennes. Le caractère désormais facultatif de la mention sur l’étiquette du nom du producteur ne passe évidemment pas du tout, et on peut le comprendre : c’est une fierté pour un producteur que de pouvoir afficher le nom de sa ferme sur l’emballage de son fromage, et pour le consommateur, un gage de traçabilité.

    Une fois de plus, le gouvernement se fout à genoux devant l’industrie agroalimentaire, qui sera en position de force pour se tailler la part du lion sur le marché du fromage fermier, en se cachant derrière des oripeaux d’authenticité. L’éleveur et fromager, s’il veut vivre de son métier, sera donc contraint d’augmenter ses volumes de production, de devoir affiner encore davantage de fromages s’il ne veut pas que la concurrence dégueulasse de l’industrie agroalimentaire ne lui coupe l’herbe sous le pied. Puis, arrivé à la limite de sa capacité de production, ne pouvant plus suivre, il sera contraint de vendre la majeure partie de sa production à l’industrie agroalimentaire (il en gardera un peu pour vendre au marché du coin), qui la lui rachètera à un prix dérisoire, la fera affiner dans ses cuves en inox, et la revendra beaucoup plus cher à la grande distribution. Cette situation contribuera donc de façon évidente à précariser encore davantage les petits producteurs.

    Ainsi, le consommateur peu attentif risque donc fort de se faire berner par l’étiquetage, croyant bien faire en achetant un fromage fermier pour soutenir nos petits producteurs, et engraissera finalement les géants de l’industrie agroalimentaire. La dérégulation de l’affinage est donc la porte ouverte à la fumisterie. Autre exemple, rien n’empêchera un affineur d’acheter du fromage en plaine et de le faire affiner en montagne, pour le vendre ensuite comme un produit de montagne (l’adresse de l’affineur sur l’emballage aidant et prêtant à confusion), alors qu’il n’en sera rien, puisque le décret ne mentionne aucunement de quelconques limitations géographiques ou de volume.

    Petite particularité toutefois, les fromages AOP, dont la production obéit déjà à un cahier des charges très strict, sont très souvent affinés en dehors des fermes, et peuvent garder leur appellation de « fermiers », dans la mesure où leur affinage est confié à de petits affineurs locaux et traditionnels.

    Une fois de plus, le gouvernement avance main dans la main avec l’industrie agroalimentaire mondialisée pour sacrifier un savoir-faire ancestral qui fait la renommée de notre pays sur l’autel du libéralisme et de la standardisation. Le grand capital aura donc les mains libres pour racheter des terres et des troupeaux dont il confiera l’élevage à des ouvriers agricoles payés une misère pour ensuite racheter les affineurs et vendre du fromage fermier moins cher que les agriculteurs qui le produisent de bout en bout, déséquilibrant ainsi le marché pour son plus grand profit.

    Pourtant, l’espoir n’est pas encore mort. Le décret n’est pas promulgué, et par le passé, les syndicats agricoles et les associations de producteurs ont vu à plusieurs reprises le Conseil d’État leur donner raison en annulant des dispositions qui leur étaient trop fortement défavorables. La lutte s’annonce donc âpre pour les producteurs de nos terroirs, défenseurs de la tradition, du savoir-faire et de l’excellence face aux suppôts du libéralisme. Soutenons-les donc en privilégiant, autant que faire se peut, les circuits courts, dans nos approvisionnements de fromages comme d’autres produits agricoles.

    On peut ne pas aimer le fromage, néanmoins, on ne peut se résoudre à ce que ce produit emblématique de notre pays et de nos terroirs tombe encore davantage entre les mains cupides de l’industrie agroalimentaire mondialisée. À l’heure où la Perfide Albion prétend compter plus de fromages que la France, à nous de prouver que c’est bien nous qui sommes le pays du fromage, et surtout du fromage fermier affiné dans de bonnes conditions chez nos producteurs locaux.

    Dextra (Dextra, 25 mai 2022)

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  • Pour en finir avec l'assimilation !...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une prise de position claire et argumentée de Thaïs d'Escufon consacrée à la vieille lune de l'assimilation comme remède miracle à la submersion migratoire de notre pays par les populations extra-européennes. Porte-parole talentueuse et courageuse du mouvement Génération identitaire, Thaïs d'Escufon développe désormais avec brio une activité de publiciste sur les réseaux sociaux.

     

                                                

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