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Points de vue - Page 71

  • La fin de l’universalisme...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jean-Baptiste Noé cueilli sur l'Institut des Libertés et consacré à la fin de la domination de l'idéologie universaliste dans le monde. Jean-Baptiste Noé est directeur de la revue Conflits.

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    La fin de l’universalisme

    L’Europe a cru à l’universalisme. Elle a cru que les frontières culturelles, religieuses, humaines, politiques étaient des chimères que l’on pouvait effacer. Elle a cru qu’en dehors de l’Europe les autres étaient d’autres soi-même, avec les mêmes volontés, les mêmes passions, les mêmes objectifs. D’autres soi-même qui aspiraient, dans leurs désirs secrets, à devenir comme les Européens. Elle a cru que l’on pouvait exporter les valeurs et les idées, qu’il suffisait pour cela de coloniser, autrefois, de normaliser, aujourd’hui, si besoin au moyen d’une guerre.

    Peindre le monde à son image

    L’universalisme n’était pas exempt d’ambiguïté. En voyant dans l’autre un être encore à l’état de nature, qu’il fallait « développer » pour le transformer en homme complet et abouti, la pensée universaliste était porteuse de guerres et de drames. La première période coloniale (1880-1960) fut une tentative d’exportation des valeurs universelles. Puis, en dépit de l’échec de celle-ci, les Occidentaux continuèrent de vouloir peindre le monde à leur image. Ce fut la grande époque des objectifs de développement, d’une colonisation intellectuelle à laquelle des élites se prêtèrent, flattée d’entrer dans le monde occidental et d’être invités dans les colloques mondiaux. La modernisation devait suivre la voie de l’occidentalisation. Il y eut un premier accroc en 1979 quand les mollahs iraniens affirmèrent vouloir moderniser leur pays sans l’occidentaliser. Un accident de l’histoire probablement, qui se prolongea avec Kadhafi et Saddam Hussein. Mais la démocratie, qui n’était plus seulement un régime politique mais une idéologie politique, devait être la plus forte. L’universalisme, si doucereux et sirupeux dans son langage, provoqua des guerres sanglantes dont les blessures n’ont pas encore fini d’abîmer le monde. Yougoslavie (1991-2001), Afghanistan (2001-2021), Irak (2003), Syrie et Libye (2011-) pour les principales. La démocratie devait être exportée à coups de bombes et ainsi remodeler le visage et les peuples de ces pays. La planification politique à l’échelle internationale échoua. Ces pays rejetèrent l’Occident et ses valeurs universelles. Simultanément, d’anciens empires abattus se réveillèrent en voulant peser sur la scène du monde : Russie, Chine, Inde ; eux-aussi avec la modernité technologique mais sans les valeurs occidentales.

    Dans l’espace occidental même, l’universalisme était rejeté au profit d’un retour à l’indigénisme ; l’Amérique latine et l’Afrique en furent les laboratoires. L’Afrique, qui devait avancer à marche forcée à coups d’élections, de démocratie et d’aides publiques au développement connait un émiettement sans précédent. En Europe même, l’assimilation et l’intégration des populations extra-européennes devient de plus en plus complexes ; loin de vouloir adopter les modes de vie européens elles souhaitent conserver leurs cultures et leurs spécificités. L’universalisme est mis en échec à l’intérieur même de l’Europe. Ainsi, nous avons un monde de plus en plus uni par la mondialisation, de plus en plus technologisé et connecté mais également de plus en plus émietté et diversifié parce que l’universalisme a échoué.

    Accélérer quand on échoue

    Le propre d’une idéologie est de ne pas reconnaitre son échec et de ne jamais déposer les armes : quand elle échoue, elle accélère. La fin de l’universalisme signifie donc l’accélération de sa défense, d’où les interventions passives ou actives en Syrie et en Libye, alors que l’échec de l’Irak était patent. D’où le refus de voir le monde tel qu’il est, de penser les empires renaissant, de comprendre les motivations et les idéologies qui sous tendent les actions des autres pays et des autres peuples. Reconnaitre l’échec de l’universalisme, c’est reconnaitre l’échec de près de deux siècles de politique mondiale.

    Pourtant, cette fin de l’universalisme est une bonne nouvelle. Parce qu’il est un sentimentalisme et un idéalisme, il a conduit à la guerre, il a bouleversé des régions, il a affaibli l’Europe. En posant systématiquement le débat sur le terrain des valeurs et de la morale il a empêché toute entente et toute conciliation. L’universalisme est une rupture intellectuelle avec la vision classique de l’homme et des relations entre les nations, fondée sur la nature humaine et les rapports de forces. La fin de l’universalisme n’est pas le fait des idéalistes qui auraient reconnu leur échec, il est le fait des autres peuples qui l’ont rejeté parce que contraire à leurs cultures et à leurs intérêts. Parce qu’il est né en Europe et qu’il a été exporté dans les zones tenues par les Occidentaux, l’Europe est aux premières loges de sa disparition. Les guerres extérieures et intérieures qu’elle connait désormais signent la fin de l’universalisme, même si beaucoup ne veulent pas le reconnaitre. Le projet même de l’Union européenne, fondée sur la dissolution des nations dans une bureaucratie impériale, est un échec, les nations, notamment l’Allemagne, reprenant leurs intérêts de puissance. le nouveau siècle débuté est donc en rupture avec les deux siècles passés du fait de cette disparition de l’universalisme.

    L’école des réalistes

    Pour la France et l’Europe, une autre voie était possible. Loin de l’adhésion systématique à l’universalisme, l’école française d’économie politique puis l’école de géographie ont proposé une étude réaliste des échanges entre les nations. La vision mondiale portée par François Guizot, Frédéric Bastiat ou encore Alexis de Tocqueville est en opposition avec la pensée des idéalistes, notamment dans leur opposition à la colonisation. Durant la période coloniale, le maréchal Lyautey su tenir compte des différences culturelles des peuples et s’appuyer sur les spécificités du Maroc pour assurer son développement économique sans porter atteinte à son identité historique.

    L’école française de géographie, initiée par Paul Vidal de la Blache, a ancré ses recherches dans l’étude première du terrain géographique et de l’occupation humaine ; une étude réaliste et critique qui n’a jamais cessé d’exister en dépit de la prééminence du courant idéaliste.

    La fin du monopole du dollar, la mise en place d’une zone monétaire chinoise, le combat contre les normes juridiques américaines, la volonté chez certain de bâtir un empire islamique, le rejet des cultures européennes pour la redécouverte des cultures locales sont autant de manifestation de la fin de l’universalisme. Nous revenons ainsi au début du XIXe siècle, quand le monde comptait plusieurs empires et que l’Europe ne l’avait pas encore conquis, mais avec la technologie et la modernité technique du XXIe siècle. La fin de l’universalisme n’est donc pas un retour en arrière mais une continuation de l’histoire.

    Jean-Baptiste Noé (Institut des Libertés, 29 avril 2022)

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  • Quand la "nation arc-en-ciel" s'effondre...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Bernard Lugan cueilli sur son blog et consacré à la crise diplomatique entre l'Algérie et la France.

    Historien et africaniste, Bernard Lugan a publié de nombreux ouvrages, dont Histoire de l'Afrique (Ellipses, 2009), Atlas historique de l'Afrique (Rocher, 2018), Esclavage, l'histoire à l'endroit (L'Afrique réelle, 2020), Pour répondre aux « décoloniaux », aux islamo-gauchistes et aux terroristes de la repentance (L'Afrique réelle, 2021) et dernièrement Comment la France est devenue la colonie de ses colonie (L'Afrique réelle, 2022).

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    Afrique du Sud :« Face à la décomposition du pays, il va bientôt falloir se décider à en rendre la direction aux Boers » !!!

    Cette proposition aussi désabusée qu’iconoclaste a été faite il y a quelques mois par un journaliste noir sud-africain. Elle illustre le naufrage d’un pays dans lequel 74 meurtres sont commis quotidiennement (moyenne 2021 selon Stats SA), où le chômage touche environ 40% des actifs, où le revenu de la tranche la plus démunie de la population est inférieur de près de 50% à celui qu’il était sous le régime blanc d’avant 1994, et où plus d’un tiers des habitants  ne survit que grâce aux aides sociales. Comment aurait-il d’ailleurs pu en être autrement dans une « nouvelle Afrique du Sud » devenue la proie de l’ANC et dont les cadres, trop souvent aussi incapables que corrompus, semblent n’avoir pour objectif que leur propre enrichissement ? 

    En bientôt trois décennies de pouvoir absolu, l'ANC qui a méthodiquement dilapidé l’immense héritage laissé par le régime blanc, a peu à peu transformé la prospère Afrique du Sud en un Etat du « tiers-monde » dérivant dans un océan de pénuries, de corruption, de misère sociale et de violences. Une réalité qui échappe aux touristes et qui est masquée par quelques secteurs ultraperformants dirigés par des Blancs ou par une poignée d’entrepreneurs noirs.

    Le désastreux bilan économique de bientôt trois décennies de pouvoir ANC tient en trois constats. 

    - Un PIB qui ne cesse de baisser (3,5% en 2011, 2,6% en 2012, 1,9% en 2013, 1,8% en 2014, 1% en 2015, 0,6% en 2016, une entrée en récession en 2017 suivie d’un léger rebond à 0,2% en 2019, puis par une chute vertigineuse de 6,4% en 2020 avant un rebond de 4,9% en 2021 qui n’efface pas le trou de 2020 (Stats Sa 8 mars 2022).

    - Des mines, premier employeur du pays, qui ont perdu près de 300.000 emplois depuis 1994. Quant aux pertes de production et de revenus, elles se conjuguent avec des coûts d’exploitation en hausse constants, cependant que les dramatiques coupures d’électricité ont eu pour conséquence la fermeture des puits secondaires et la mise à pied de dizaines de milliers de mineurs.

    - Une agriculture qui a, elle aussi, perdu plusieurs centaines de milliers d’emplois et qui a reçu un coup mortel le mardi 27 février 2018 quand le parlement sud-africain vota le commencement d’un processus de nationalisation-expropriation sans compensation des 35.000 fermiers blancs.

    Le soit disant héritage « négatif » de  «l 'apartheid » a, des années durant, servi d’excuse au système prédateur sud-africain alors qu’en 1994, quand le président De Klerk hissa au pouvoir un Nelson Mandela incapable de le prendre par la force[1], il légua à l’ANC la première économie du continent, un pays doté d’infrastructures de communication et de transport à l’égal des pays développés, un secteur financier moderne et prospère, une large indépendance énergétique, une industrie diversifiée, des capacités techniques de haut niveau et la première armée africaine. Vingt-huit ans plus tard, pris dans la nasse de leurs propres mensonges, de leurs prévarications et de leurs insuffisances, les dirigeants de l'ANC ne sont donc plus crédibles quand ils continuent à mettre en accusation le "régime d'apartheid" afin de tenter de dégager leurs responsabilités dans l’impressionnante faillite dont ils sont les seuls responsables.

    Dans ce pays où un abîme s'est creusé entre une infime minorité de profiteurs noirs et des millions de chômeurs, d’assistés et de travailleurs sous-payés qui paralysent l’économie avec de continuels mouvements de revendication, l’abyssal échec de l’ANC a débouché sur des violences xénophobes, les étrangers étant accusés de prendre le travail des plus pauvres et d’entretenir la délinquance. 

    Depuis la fin du mois de mars 2022, c’est en hurlant « Dudula », un nouveau slogan en langue zulu signifiant « refouler » ou « faire déguerpir », que la chasse aux étrangers a été lancée. Déjà, en 2008, en 2015, en 2016 et en 2019, un peu partout dans le pays, notamment au Natal et dans la région de Johannesburg, les immigrés africains qu'ils soient Malawites, Mozambicains, Somaliens, Zimbabwéens, Soudanais ou encore Nigérians avaient été pris pour cible, lynchés et leurs biens systématiquement pillés. En 2016, les violences « xénophobes » connurent une telle ampleur que le Malawi décida d'évacuer ses ressortissants et que le Mozambique demanda aux autorités sud-africaines d'assurer la protection de ses nationaux face à l’ampleur des pogroms alors encouragés par le roi des Zulu...

    Dans la « nation arc-en-ciel », au pays de l’ « icône » Nelson Mandela, des Noirs massacrent donc d'autres Noirs, et qui plus est, des Noirs immigrés... Voilà de quoi déstabiliser ceux qui pensaient qu'une fois le régime blanc balayé, les fontaines sud-africaines allaient laisser couler le lait et le miel de la fraternelle société « post-raciale »...

    Face au gouffre creusé par ses détournements et son incompétence, l’Etat-parti ANC n’a désormais plus que trois options :

    1) Chercher à redresser l’économie en empruntant une voie libérale, mais il provoquera alors une sanglante révolution populaire.

    2) Continuer à accuser le bouc-émissaire blanc en tentant de faire croire que la situation est un héritage de l’apartheid et en nationalisant les mines et la terre. La « poule aux œufs d’or » sera alors définitivement tuée, et, comme au Zimbabwe, les Blancs émigreront et le pays sombrera encore davantage dans la misère.

    3) Recourir à la « planche à billets », ce qui provoquera d’abord l’inflation, puis une hyperinflation et enfin l’achèvement de la ruine totale du pays.

    Coquille vide ayant perdu tout sens idéologique et politique, ne survivant plus que comme machine électorale destinée à distribuer des sièges de députés à ses membres, l’ANC est donc au pied du mur. L’heure de vérité approche inexorablement cependant que les masses noires, totalement paupérisées, constituent un bloc de plus en plus explosif.

    Et pourtant, décérébrés par l’auto-culpabilisation, par les glapissements des « décoloniaux » et par le « sida mental » introduit par la « culture woke » (voir à ce sujet mon livre « Pour répondre aux décoloniaux, aux islamo-gauchistes et aux terroristes de la Repentance »), les chapons gras occidentaux continueront à se pâmer devant le fantasme de la « nation arc-en-ciel », ne voyant pas, futures victimes qu’ils sont, que ce qui se passe actuellement en Afrique du Sud annonce le futur apocalyptique de l’Europe « multiraciale » rêvé par les mondialistes, organisé par la « Commission de Bruxelles », et encouragé par ce pape tiers-mondiste qui ne cesse d’appeler à l’accueil des « Autres »...

    Bernard Lugan (Blog de Bernard Lugan, 12 avril 2022)

     

    Note :

    [1] Voir à ce sujet mon livre « Histoire de l’Afrique du Sud des origines à nos jours ». Editions Ellipses, 2010. Disponible en librairie.

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  • Voyage au Wokistan : l’anti-Europe se dessine à Bruxelles...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Guillaume Durocher cueilli sur le site de l'Institut Iliade et consacré à l'officialisation progressive de l'idéologie "woke" grâce à l'action des institutions de l'Union européenne.

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    Une affiche de campagne de communication pro-islamique du Conseil de l’Europe.

     

    Voyage au Wokistan : l’anti-Europe se dessine à Bruxelles

    Le Parlement européen a adopté récemment une résolution établissant sa position concernant la lutte contre le « racisme » dans la culture, l’éducation, les médias et les sports. Ce texte indigeste constitue un véritable florilège d’exigences ethniques et de novlangue progressiste. Les eurodéputés souhaiteraient lutter contre le « racisme structurel » et imposer « une approche intersectionnelle de l’élaboration des politiques ». Autant dire que Bruxelles a acté sa conversion au wokisme !

    Au-delà de ce vulgaire charabia, la clause la plus choquante est sans doute la suivante : le Parlement exige la censure de médias publiant des informations « stigmatisantes », définies comme celles « ciblant les migrants comme étant la source de divers problèmes socio-économiques et en accordant une couverture disproportionnée aux infractions commises par des migrants ». De fait, les eurodéputés exigent la censure d’informations exactes dans la mesure qu’elles nuisent à l’idéologie dominante. Le fait est que les populations africaines et musulmanes en Europe occidentale sont très souvent disproportionnellement concernées par l’insécurité, l’assistanat et la sous-performance scolaire et économique.

    Immigration, insécurité et « problèmes socio-économiques » : florilège de statistiques

    Les statistiques aussi bien que le vécu quotidien des Européens dans les zones nouvellement « diversifiées » l’attestent. Par exemple, la police de Londres indique qu’en 2019 des Noirs étaient impliqués dans 51 % des attaques au couteau, alors qu’ils ne représentent que 13 % de la population londonienne. Ces chiffres sont stables depuis 10 ans et tout à fait comparable à la criminalité afro-américaine aux États-Unis d’Amérique.En France, une étude de l’INSEE de 2012 avait constaté que les immigrés et les descendants d’immigrés d’origine maghrébine, africaine et turque étaient largement plus concernés par l’échec scolaire, le chômage et l’accès aux HLM que ne l’étaient les indigènes ou les immigrés d’origine européenne ou asiatique.En Allemagne, la décision unilatérale de la chancelière Angela Merkel d’accueillir plus d’un million de prétendus « réfugiés » en 2015 a coïncidé avec une augmentation importante de l’insécurité. Trois années plus tard, les statistiques officielles démontrèrent que 92 % de cette augmentation avait pour cause de jeunes migrants de sexe masculin. Le point culminant de cette vague de violence fut les agressions – dont 500 à caractère sexuel – subites par 1 200 femmes lors de la nuit de la Saint-Sylvestre à Cologne, à Hambourg et dans d’autres villes allemandes. Pendant ce temps-là, le ministère de l’Intérieur allemand tenta d’étouffer l’affaire en supprimant toute mention de « viol » du rapport policier et la Commission européenne affirma qu’il n’y avait aucun lien avec les migrants et qu’il fallait contrer toute réaction « xénophobe ».À Rotherham et dans d’autres villes anglaises, des gangs essentiellement d’origine pakistanaise ont perpétré plus de 2 400 viols sur mineur. Les élus locaux refusèrent pendant des années de s’opposer à ces crimes monstrueux car ils ne voulaient pas « donner de l’oxygène aux opinions racistes ». La devise officielle du conseil municipal de Rotherham ? « Où tout le monde compte. »L’hebdomadaire britannique The Economist a révélé que les migrants originaires du Moyen-Orient et du Maghreb ont un impact fiscal uniformément négatif au Danemark tout au long de la vie, consommant plus en matière d’assistanat et de services publics qu’ils ne contribuent en impôts. Leur situation contraste fortement avec la situation des indigènes danois et des immigrés d’origine occidentale. Le magazine illustra ces chiffres avec un graphique au titre « C’est compliqué », alors que la situation est tout à fait limpide.On peut multiplier ces chiffres pour à peu près tous les pays occidentaux dès lors que les statistiques concernées sont collectées et publiées. Or, toute cette criminalité « disproportionnelle » et tous ces « problèmes socio-économiques » (un bel euphémisme) ont une cause première et fondamentale : l’immigration en Europe des populations concernées. Mais les eurodéputés souhaitent tout simplement interdire aux médias de soulever ces faits qui pourrissent la vie des Européens.

    Imposer la censure dans les médias audiovisuels et les réseaux sociaux

    Le Parlement européen ne fait pas que demander la censure de faits embarrassants. Il exige que les autorités de réglementation audiovisuelle (CSA et autres) aient plus de compétences pour censurer des émissions ayant « des contenus discriminatoires ou racistes » et qu’on élimine les financements publics aux médias promouvant des « discours haineux et xénophobes ». Au contraire, les médias devraient « éviter les pratiques qui entretiennent ou renforcent les stéréotypes négatifs concernant des minorités ethniques ou raciales » et « montrer des membres de ces communautés dans des rôles positifs ».Les eurodéputés ont également appelé à « accroître la responsabilisation des plateformes numériques et des réseaux sociaux afin de lutter contre la diffusion de l’incitation à la haine raciale à l’égard des migrants et des minorités », exigeant de fait plus de censure sur les réseaux sociaux.Le rapporteur du texte est Salima Yenbou, une eurodéputée française d’origine algérienne, née en Seine-Saint-Denis. Cette élue, issue du groupe des Verts mais ayant depuis rallié le camp macroniste, défendit son texte en déclarant :« Nous devons lutter activement contre le racisme, afin que nos filles et nos fils n’aient plus à se demander s’ils ont leur place dans notre société. Afin de construire un avenir meilleur, nous devons connaître et comprendre notre histoire. C’est pourquoi il est important que les étudiants en apprennent davantage sur le colonialisme, l’esclavage, le génocide et tous les phénomènes liés. »Elle ajouta qu’il fallait « mettre fin aux médias qui diffusent des propos racistes sur les migrants et les réfugiés, ainsi qu’aux contenus qui sont racistes, qu’ils soient intentionnels ou non. » La mission d’éliminer des contenus dits « racistes non intentionnels » donnerait à l’État de vastes compétences dans le domaine de la censure.

    Déseuropéaniser la culture et l’instruction

    Le texte complet exige de nombreuses autres mesures aboutissant à une sorte de racialisation radicale des politiques publiques. En effet, les eurodéputé exige que le « le coordinateur ‘antiracisme’ [de la Commission européenne] dispose de ressources adéquates et à ce que toutes les [Directions générales] contribuent à la prise en compte de l’égalité raciale dans l’ensemble des politiques de l’Union ».Les politiques éducatives et culturelles seraient particulièrement concernées. Les manuels scolaires doivent être réécrit afin de mentionner « des auteurs, des historiens, des scientifiques, des artistes et d’autres personnalités de races et d’origines ethniques variées ».Les programmes d’Hisoitre seraient modifiés par « une approche ciblée du passé des communautés raciales et ethniques vivant en Europe », mettant l’accent « sur les contributions des communautés racialisées au développement et à la construction de l’Europe d’aujourd’hui ».En outre, les eurodéputés exigent l’éradiation du « harcèlement à caractère raciste » dans les écoles. Mais on se demande bien qui en est la source !La racialisation éducative ne s’arrêterait pas au niveau scolaire. En effet, les États devraient mettre en place « des programmes pour l’apprentissage tout au long de la vie à destination des fonctionnaires, et notamment des forces de l’ordre, afin d’éliminer les comportements racistes et xénophobes ».Côté culture, le Parlement préconise le lancement d’initiatives « telles que des systèmes de bons ou des projets similaires, encourageant les personnes de différentes communautés raciales et ethniques à participer à des manifestations culturelles ». En bref des « chèques culture » visant les non blancs !En outre, on doit favoriser « la diversité au sein des institutions culturelles, tant au niveau des employés que de la direction, en fixant des critères permettant de recevoir des fonds publics et des conditions d’attribution de ces derniers ». Traduit en bon français : conditionner l’obtention de fonds publics sur la « discrimination positive » en faveur des non-blancs.Les acteurs culturels européens doivent se réorienter en faveur des allogènes et ainsi promouvoir « les langues, les cultures et l’histoire des minorités dans les programmes scolaires, les musées et les autres formes d’expression culturelle et historique » et soutenir « l’art et la culture des groupes racialisés et ethniques ». En bref, il s’agit déseuropéaniser l’enseignement de l’Histoire et la culture dans notre continent en faveur des traditions allogènes, essentiellement africaines et islamiques.

    Les Européens, boucs émissaires des échecs du multiculturalisme

    Le texte du Parlement contient également de nombreuses affirmations tendant à blâmer les Européens pour les échecs du multiculturalisme et les difficultés auxquelles font face les populations allogènes. En effet, on affirme que « le racisme existe dans tous les domaines de notre vie quotidienne » et que ce racisme « est profondément ancré dans la société et étroitement lié à ses racines culturelles, à son héritage et à ses normes sociales ».Le passé européen serait à l’origine des maux contemporains. Les eurodéputés affirment que « certains aspects de l’histoire européenne, notamment la colonisation, l’esclavage et les génocides, en particulier l’Holocauste, ainsi que d’autres manifestations de racisme, continuent d’avoir une incidence durable sur la société contemporaine ». Ces sujets doivent être « contextualisés [… ] en vue d’une meilleure compréhension des liens entre passé et présent ».
    Le législateur européen ne manque pas d’ailleurs d’une certaine schizophrénie concernant la diversité ethnique et ses problèmes connexes. Par exemple, il affirme que « les sociétés européennes accueillent une diversité culturelle de plus en plus importante et que les personnes nées à l’étranger et leurs descendants forment une part croissante de la population », ce qui revient à reconnaître l’existence du Grand Remplacement.En outre, le Parlement affirme que « la collecte de données de bonne qualité est l’un des moyens les plus efficaces d’analyser les problèmes sociaux, de manière quantitative comme qualitative, et qu’elle est essentielle pour concevoir, adapter, suivre et consolider des politiques publiques fondées sur des données probantes en réponse à ces problèmes ». On ne saurait être en désaccord, mais aura-t-on des données sur la criminalité, le recours à l’assistanat et les contributions fiscales ?Les données donnent tort aux chantres du vivre-ensemble et de la créolisation de l’Europe. En effet, les eurodéputés eux-mêmes reconnaissent que l’intelligence artificielle (IA) tend à être « discriminatoire ». Mais est-ce que cela serait dû aux préjugés des codeurs à la Silicon Valley – d’origine asiatique aussi souvent qu’européenne – ou simplement des données objectives qu’analyse l’IA ?Les analyses du Parlement européen sont autant de perles qui convergent vers un objectif clair : la démoralisation des Européens par la délégitimation de leur identité, le dénigrement de leurs réalisations historiques et l’attribution des échecs contemporains du multiculturalisme au passé honteux des Européens.​

    Hypocrisie et autoritarisme des mondialistes

    On ne soulignera jamais assez le caractère hypocrite des institutions mondialistes, se pavant du caractère « libéral » et « ouvert » de leur pouvoir, tout en étant profondément autoritaire.Le texte du Parlement en donne un exemple parfait. Il affirme que « la désinformation cible souvent des minorités et contribue à l’agitation sociale » et que « des médias indépendants et pluralistes qui promeuvent des récits équilibrés œuvrent en faveur de sociétés inclusives ». En outre, on doit instruire les jeunes afin qu’ils prennent « conscience des conséquences négatives de l’intolérance et […] développer leur esprit critique ».On veut imposer aux Européens la censure et un lavage de cerveau afin qu’ils ne puissent reconnaître les désavantages patents de l’immigration africaine et islamique – que ce soit en matière de criminalité, de recours à l’assistanat ou d’identité – et le régime se permet de chanter les louanges de « l’esprit critique » et des « médias pluralistes » !C’est que le régime ne tolère « l’esprit critique » et le « pluralisme » qu’à condition qu’un point de vue unique soit imposé : l’idéologie multiculturaliste, égalitariste et mondialiste. Cette hypocrisie au cœur du progressisme est révoltante.Le Parlement condamne les nationalistes qui chercheraient à « diviser nos sociétés ». Mais c’est chose faite : nos sociétés sont en effet profondément divisées du fait qu’elles ont perdu leur homogénéité ethnoculturelle et ne bénéficient plus d’une identité partagée.Aujourd’hui déjà, à peine la moitié des enfants nés en Belgique le sont de parents belgo-belges. Vraisemblablement un tiers, comme en France, sont d’origine africaine ou musulmane. Les tendances démographiques sont similaires dans toute l’Europe occidentale. Il faut remonter aux invasions barbares qui accompagnèrent la chute de l’Empire romain, voire aux conquêtes indo-européennes, pour constater un tel remplacement des populations indigènes du continent.En démocratie, les citoyens doivent pouvoir connaître les faits concernant les transformations de leur société. Plus encore, nos peuples doivent pouvoir décider du caractère démographique de leur société dans 10, 20 ou 100 ans. Le Parlement dit « européen » ne souhaite pas que les Européens puissent avoir connaissance des changements que subissent leurs nations, encore moins les dénoncer.Et on ne peut que regretter que l’adoption de ce texte par le Parlement ait été massive. Malgré ses clauses liberticides et son langage ahurissant, 495 eurodéputés ont voté en faveur de la résolution, 109 contre et 92 se sont abstenus. Ne possédant pas la liste des votes, on peut se demander si des eurodéputés prétendument conservateurs ont voté pour ce texte.Ce document établissant la position officielle du Parlement européen est un indicateur important de la wokisation des esprits au sein des institutions. Jusqu’à récemment, l’Union européenne s’était largement abstenue de militer sur les questions raciales. Le recrutement au sein de la fonction publique européenne se fait encore par le biais de tests de raisonnement, de fait des tests de quotient intellectuel (QI). Il est vrai que les gérants de ressources humaines ont commencé à s’offusquer de l’absence d’« individus racialisés » parmi les fonctionnaires.Ce n’est pas la première fois que les institutions effectuent de tels dérapages. Le Conseil de l’Europe a dû retirer une campagne qui affirmait, je traduis de l’affreux globish : « La beauté est dans la diversité comme la liberté est dans le hijab. »De même, la Commission européenne s’est vue contrainte de retirer ses « lignes directrices sur le langage inclusif », qui recommandaient de ne pas utiliser les expressions de « période de Noël » et « du fait de l’homme ». Les fonctionnaires européens avisèrent également de ne pas utiliser des prénoms comme « Marie et Jean » en tant qu’exemple, préférant « Malika et Julio ».Si la position du Parlement n’est pas contraignante, elle suggère la direction future des institutions européennes sur ces questions. La Commission européenne a récemment décidé d’enclencher le processus pour priver le gouvernement hongrois de fonds européens, malgré le fait que Viktor Orbán ait été fraîchement réélu avec 54 % des voix. Il ne fait pas de doute qu’il s’agit aussi d’une punition du gouvernement hongrois pour son orientation illibérale et patriote.L’UE a également décidé récemment d’interdire les médias russes dans le cadre de la guerre russo-ukrainienne. Le journaliste de Libération Jean Quatremer ne put cacher son émoi, déclarant : « La censure de RT et de Sputnik crée un dangereux précédent. » Il est probable que le tournant autoritaire et woke des institutions européennes entraînera des répercussions pour les nationalistes français et européens. Agissons en conséquence !
     
    Guillaume Durocher (Institut Iliade, 20 avril 2022)
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  • Pourquoi David Engels est conservateur...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une intervention de David Engels à Radio Poznan dans laquelle il explique son engagement conservateur.

    Historien, essayiste, enseignant chercheur à l'Instytut Zachodni à Poznan après avoir été professeur à l'Université libre de Bruxelles, David Engels est l'auteur de deux essais traduits en français, Le Déclin. La crise de l'Union européenne et la chute de la République romaine (Toucan, 2013) et Que faire ? Vivre avec le déclin de l'Europe (Blauwe Tijger, 2019). Il a  également dirigé un ouvrage collectif, Renovatio Europae - Plaidoyer pour un renouveau hespérialiste de l'Europe (Cerf, 2020).

     

                                             

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  • Une élection, et après ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Xavier Eman, cueilli sur son blog A moy que chault ! et consacré au résultat des élections...

    Animateur du site Paris Vox, rédacteur en chef de la revue Livr'arbitres et collaborateur de la revue Éléments, Xavier Eman est l'auteur de deux recueils de chroniques intitulés Une fin du monde sans importance (Krisis, 2016 et la Nouvelle Librairie, 2019), d'un polar, Terminus pour le Hussard (Auda Isarn, 2019) et, dernièrement, d'Hécatombe - Pensées éparses pour un monde en miettes (La Nouvelle Librairie, 2021).

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    Une élection, et après ?

    Ce n'est qu'une élection. Le résultat fait un peu mal au cul, certes, car on pouvait raisonnablement penser que le fait d'enfermer, de tabasser et de vacciner de force son peuple pour finir par lui promettre la retraite à 90 ans n'était pas forcément un super bilan ni un top programme pour être réélu triomphalement... Mais soit. 58 % des gens sont satisfaits de la France telle qu'elle est et du monde tel qu'il va. Dont acte. Nous n'étions pas non plus très convaincus par l'alternative proposée, qui ne représentait finalement que quelque chose entre une infime possibilité de rupture et un hypothétique moindre mal.

    Rien de bon ni de bien, dans notre histoire, n'est jamais sorti, pour notre culture et notre civilisation, de ces urnes déifiées par le système que nous voulons justement abattre. N'en soyons donc ni surpris ni accablés. A l'aigreur, au dépit et au découragement qui nous tendent les bras, répondons par un surcroît d'engagement, de vigueur, d'enthousiasme, par une explosion d'activisme, par un débordement d'amour. Car si leur monde de calculateurs, de boutiquiers, de bourgeois, de déracinés, de cyniques, de matérialistes, de profiteurs, de séniles, de corrompus, de prébendiers, de pleutres et de robots se renforce, le nôtre n'en devient que plus impérieux et urgent. Nos rires, nos feux de camp, nos poèmes et nos chansons face à leurs bilans comptables et leurs rapports d'experts. La vie contre la survie, l'idéal contre l'inexorable. Non pas que sous soyons meilleurs, plus brillants ou intelligents que quiconque, mais simplement vivants et conscients que ce court espace de temps qui nous est accordé sur cette terre n'a de sens et de valeur que s'il est mis au service d'objectifs qui nous dépassent, qui nous transcendent, de la mémoire de nos aïeux à l'avenir de nos enfants en passant par la grandeur de notre culture et la sauvegarde de notre identité. Ils se servent, nous sommes des serviteurs. De nos pères, de nos morts, de nos héros, de nos promesses, de nos rêves... Demain comme hier, le combat n'est pas un choix. Soyons meilleurs, plus travailleurs, plus courageux, plus radicaux, plus cohérents, plus formés, plus efficaces, plus empathiques, plus généreux... De toute façon, il n'y a pas d'alternative. Rejoindre leur monde c'est dépérir, et nos cœurs comme nos âmes n'ont pas fini de hurler, même au cœur des plus sombres souffrances, leur violente et indomptée passion pour la vie.

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  • Les retombées géopolitiques de la guerre en Ukraine...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Patricia Lalonde, cueilli sur le site de Geopragma et consacré aux conséquences de la guerre russo-ukrainienne sur le paysage géopolitique mondial. Chercheuse à l’IPSE (Institut de Prospective et de Sécurité́ en Europe), Patricia Lalonde a succédé à Caroline Galactéros à la tête de Geopragma.

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    Les retombées géopolitiques de la guerre en Ukraine

    Les conséquences de la guerre des Russes en Ukraine sont innombrables : si les pays européens ont unanimement condamné l’intervention russe en Ukraine, il n’en est pas de même pour la plupart des pays du Moyen-Orient et de la sphère eurasiatique. 

    Après le refus de la Chine et de l’Inde de condamner l’opération militaire russe en Ukraine, il semblerait que les pays du Moyen-Orient tentent, eux aussi, d’éviter une brouille avec la Russie.

    Israël, soucieuse de ne pas froisser un pays avec lequel elle entretient de bonnes relations – grâce à l’importante communauté juive sur son sol – s’est dans un premier temps abstenu de condamner la Russie lors du vote aux Nations Unies, même si elle finira sous la forte pression américaine, par voter pour son retrait de la Commission des Droits de l’Homme des Nations Unies. Son Premier ministre Naftali Bennett proposera son aide pour une médiation entre la Russie et l’Ukraine, ce qui ne sera pas bien vu des côtés européen et américain. Néanmoins, malgré les remous politiques que la crise ukrainienne provoque dans le pays, les dirigeants israéliens savent qu’un accord avec le voisinage reste primordial pour la sécurité d’Israël.

    L’Invitation de Bachar el Assad par Mohamed Ben Zayed aux Emirats Arabes Unis reste sans doute l’acte le plus significatif d’une possible recomposition au Moyen-Orient.

    MBZ, qui a signé les accords d’Abraham à l’initiative de Donald Trump, pourrait chercher à devenir un facilitateur dans une prochaine réintégration de la Syrie dans le Conseil de Coopération du Golfe, espérant ainsi ouvrir la voie à un possible futur nouveau Levant.

    La visite du ministre des Affaires étrangères du Barheïn à Sergueï Lavrov, son homologue russe à Moscou ainsi que les accords diplomatiques et économiques qui s’en est scellés participent à ce remodelage.
    Le président turc, R. T. Erdogan, politiquement mis à mal dans son pays, tout en restant un pilier de l’OTAN, joue sur plusieurs tableaux, après s’être rapproché d’Israël, il cherche également à se réconcilier avec Damas. Il prend une place centrale dans les négociations qu’il héberge à Istanbul entre l’Ukraine et la Russie comme il l’a fait lors des négociations d’Astana sur le conflit syrien ou encore sur le conflit du Haut Karabakh ; son rapprochement avec Damas et avec Israël pourrait également participer à ce jeu de chaises musicales au Moyen-Orient.

    Il semblerait que l’alliance des pays occidentaux avec les États-Unis contre la Russie ait effrayé tous ceux qui gardent et cherchent à avoir de bonnes relations avec elle.

    La façon dont l’Amérique de Joe Biden a lâché les Afghans (en laissant le pays revenir au Moyen Âge), son incapacité à faire stopper la guerre au Yémen provoquant les attaques des Houthis sur les sols saoudien et émirati ont fait la démonstration pour bon nombre de pays de la région qu’il était dangereux de mettre tous leurs œufs dans le même panier, sous la protection de l’oncle Sam… C’est ainsi que Mohamed Ben Salmane vient d’obliger le président du Yémen en exil Mansour Hadi à démissionner dans une énième tentative de paix, en donnant la gestion des affaires à un conseil présidentiel. S’il n’est pas certain que les Houthis en accepteront toutes les conséquences, le besoin urgent d’aide humanitaire de l’ouverture de l’aéroport de Sanaa et du port d’Hodeïda, pourrait les pousser à au moins accepter d’entamer de véritables négociations. L’avenir de la sécurité au Moyen-Orient ne pouvant plus reposer sur les Américains, de nouvelles dispositions doivent être prises au niveau régional. 

    S’il fallait une autre preuve, le refus des Algériens à Doha lors du Forum des Pays exportateurs de gaz (GECF) de livrer du gaz à certains pays européens, excepté à l’Italie, en serait une autre démonstration.

    L’évolution de la dynamique du pouvoir mondial et des pratiques régionales réoriente rapidement de nombreux États du Moyen-Orient qui préfèrent s’éloigner de Washington par peur.

    L’Iran sous sanctions américaines cherche également à jouer un rôle et à apaiser les tensions régionales entre les partisans des accords d’Abraham et ceux qui ne veulent en entendre parler.

    À cause de la guerre en Ukraine, les négociations sur le nucléaire iranien ont pris du retard. La Russie, important négociateur sur le JCPOA, a en effet réclamé que les nouvelles sanctions appliquées par les Américains depuis l’invasion russe en Ukraine, ne le soient pas en ce qui concerne son commerce avec l’Iran, laissant ainsi aux Américains, comme ultime moyen de pression sur les Iraniens, la menace de laisser les Gardiens de la Révolution sur leur liste terroriste.  

    En Asie centrale, la rencontre et le soutien du Premier ministre Pakistanais Imran Khan avec Vladimir Poutine, ainsi que son refus d’accepter l’implantation de bases militaires américaines sur son sol, ont fortement déplu aux Américains. Il est vrai que le rapprochement que le Pakistan a opéré avec la Chine et son soutien à la « Belt and Road Initiative » dont le port de Gwadar au Balouchistan doit faire partie, avait déjà commencé à envenimer les relations entre les deux pays. Imran Khan vient d’être destitué dans ce qui semble être un coup d’État imposé aux militaires pakistanais par les Américains. De graves troubles dans le pays sont à craindre, risquant s’il en était encore possible de déstabiliser le voisin afghan.

    Enfin, la réunion organisée par le ministre des Affaires étrangères chinois avec ses homologues d’Asie Centrale dans la province d’Anthui en Chine afin de se mettre d’accord sur une position commune sur le conflit Ukraine Russie,  ainsi que  les accords commerciaux et diplomatiques qui s’en sont suivis, montrent qu’une nouvelle organisation géopolitique du monde est en marche.

    Pas sûr que les appels téléphoniques de Joe Biden au président indien, Narendra Modi ainsi qu’à Cyril Ramaphosa, son homologue de l’Afrique du Sud pour avoir une explication sur leur abstention sur le vote pour évincer la Russie de la CNDH ne puissent empêcher ce bouleversement géopolitique. 

    Pas sûr non plus, que l’insistance des Américains à vouloir prolonger la guerre et à livrer des armes lourdes à l’Ukraine ne constitue pas un énorme risque pour l’Europe.

    Patricia Lalonde (Geopragma, 18 avril 2022)

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