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Points de vue - Page 375

  • Syrie - Mali - Libye : la diplomatie française au tapis...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jean Bonnevey, cueilli sur Metamag et consacré aux échecs retentissants de notre diplomatie au cours des douze derniers mois...

     

     

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    Syrie - Mali - Libye : la diplomatie française au tapis
     
    Malgré sa prétention ostentatoire, la diplomatie française se trouve en échec à peu prêt partout où elle s’est engagée récemment sous la pression du duo infernal: Juppé - Bhl. On peut évoquer, en préambule, la situation en Tunisie, qui ne fait que se dégrader. L’affrontement entre le "camp du progrès", très minoritaire, et celui des Islamistes, paraît, à court terme, inévitable. Le renoncement du parti Ennadha à l’imposition de la Charia dans la nouvelle Constitution, qui a été largement médiatisé, est un leurre, un faux recul. Il s’agit, simplement, de maintenir, plutôt que de le changer, un article ambigu de la Constitution, ouvrant la porte à toutes les interprétations, comme c’est le cas, d’ailleurs, entre tolérants et obscurantistes sur le "Coran".
     
    En Syrie, où Metamag a constamment tempéré l'outrance du discours médiatique américano-occidental, nous sommes bien loin de l'exigence de départ "immédiat" du président Assad. La rébellion est en échec, la diplomatie paralysée et le régime joue le temps, avec une certaine habileté. La tentative de le faire tomber a échoué "une fois pour toutes", a affirmé le porte-parole du ministère syrien des Affaires étrangères, cité samedi 31 mars par l'agence officielle Sana, en référence à la contestation populaire et au combat des rebelles contre le pouvoir. " Une autre bataille a commencé, celle de la consolidation de la stabilité et la construction de la nouvelle Syrie". 
     
    Il va certes un peu vite en besogne. Mais il a plusieurs raisons d’afficher ce bel optimisme. A Damas, le président Bachar Al Assad a annoncé avoir accepté le plan de sortie de crise de l'émissaire international, Kofi Annan, mais a lié sa réussite à l'arrêt des «actes terroristes». Cela permet d'éviter, pour un temps, toute nouvelle offensive diplomatique à l'ONU et de renforcer l'idée d’une coopération et de bonne volonté, comme demandée par la Russie et la Chine.  
     
    Les dirigeants arabes, réunis en sommet à Bagdad, ont appelé l'Etat syrien et l'opposition à un dialogue «sérieux» et rejeté toute intervention militaire en Syrie. Des déclarations jugées «décevantes» par Washington. A l'exception de la Tunisie, aucun des 21 pays représentés n'a appelé, directement, à un départ du président Assad lors de ce sommet de la Ligue arabe organisé en Irak, pour la première fois depuis plus de 20 ans. Dans sa résolution finale, le sommet demande au «gouvernement syrien et à toutes les composantes de l'opposition d'adopter une attitude positive envers la mission (de M.Annan) en entamant un dialogue national sérieux basé sur le plan soumis par la Ligue arabe et la résolution adoptée par l'Assemblée générale de l'ONU». Ils se déclarent par ailleurs en «faveur de l'unité et la stabilité de la Syrie et contre toute intervention militaire». Assad peut sourire. Il n’est pas aussi foutu que l’avait annoncé, prématurément, le « droit dans ses bottes ». 
     
    Les dégâts collatéraux de l'agression en Libye, toujours à feu et à sang
     
    D’ailleurs, le fin connaisseur du génocide rwandais devrait commencer à se demander quelle est la part de responsabilité de la France dans le déstabilisation du Mali. C’est la chute du régime Kadhafi qui a ruiné l'économie du Sahel et des pays riverains. Bamako privé de fonds, incapable de nourrir les populations frontalières, a laissé son armée face à une rébellion touareg, renforcée par les éléments kadhafistes repliés de Libye et un réseau Aqmi faisant, par le trafic pour survivre ,la liaison avec les nomades.
     
    Impuissante face à l'avancée des Touareg et des islamistes au Nord du Mali, la junte, au pouvoir depuis le coup d'État du 22 mars, a lancé un appel à l'aide. «Les rebelles continuent à agresser notre pays et à terroriser nos populations," a lancé le chef de la junte, le capitaine Amadou Sanogo, dans un discours à la presse. "La situation est à cette heure critique, notre armée a besoin du soutien des amis du Mali pour sauver les populations civiles et sauvegarder l'intégrité territoriale du pays." 
    Les insurgés, qui sont passés à l'offensive dans le Nord en janvier, profitent en effet de la confusion régnant à Bamako, à la suite du coup d'État militaire, pour gagner du terrain. En fin de semaine, ils avaient pris le contrôle de la ville stratégique de Kidal, dans le Nord-Est, aux confins de l'Algérie et du Niger. La junte au pouvoir, qui a renversé, peut être pas définitivement d’ailleurs, le président Amadou Toumani Touré, avait  invoqué, pour justifier son putsch, l'échec du régime contre la rébellion touareg. 
     
    De fait, celle-ci a réalisé une offensive spectaculaire en deux mois. Jamais, lors des deux soulèvements touareg des années 1990 et 2000, les rebelles -qui comptent cette fois des hommes revenus de Libye lourdement armés après avoir combattu pour Mouammar Kadhafi- n'avaient à ce point menacé le pouvoir central. Juppé va-t-il intervenir ? 
    Car c’est bien un dégât collatéral de la guerre de son ami BHL, en Libye, dont il s’agit.
     
    La Libye, où le pouvoir reconnu par Paris est plus qu’à la peine, menacé par la scission de l’Est du pays et la sécession du Sud, peuplé de Toubous comme au Tchad voisin. Le dirigeant des Toubous en Libye, Issa Abdelmajid Mansour, a fait état de nouveaux combats au sud de la ville de Sebha (sud), appelant les Nations Unies et l'Union européenne à intervenir pour arrêter ce qu'il qualifie de "nettoyage ethnique des Toubous".
     
    "Nous demandons à l'ONU et à l'Union européenne d'intervenir pour faire cesser le nettoyage ethnique des Toubous", a déclaré cet ex-opposant au régime de Mouammar Kadhafi, qui avait brandi récemment la menace séparatiste dans une déclaration à l'AFP. M. Abdelmajid Mansour a accusé vendredi les tribus arabes de Sebha d'avoir bombardé une centrale électrique alimentant plusieurs régions du sud, comme Qatroun et Morzouk, considérées comme des fiefs de Toubous. 
     
    Maures contre Noirs au Mali; Arabes contre Noirs au Mali et en Libye... Vraiment, les guerres pour le démocratie sont de tels échecs qu’on se demande si le maintient prévisible au pouvoir du tyran de Damas n’est pas, sinon un moindre mal, au moins un facteur de stabilité face aux dangers d'éclatements tribaux et religieux ou de subversion islamiste dans un pays clé au cœur du Moyen-Orient. La diplomatie française de la démocratie interventionniste et dogmatique a fait suffisamment de mal au Maghreb et au Sahel. Elle devrait réfléchir à deux fois avant de dire ce qui serait bien pour le Machrek.
     
    Jean Bonnevey (Metamag, 2 avril 2012)
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  • Quand Günter Grass dit ce qui doit être dit...

    Günter Grass fait à nouveau scandale en Allemagne ! Après le débat sucité par son roman publié en 2002 et intitulé Im Krebsgang - en français En crabe (Seuil, 2002) - qui évoquait la tragédie du Wilhelm Gustlolff, paquebot allemand coulé par un sous-marin russe en 1945 dans la mer Baltique alors qu'il était chargé de plusieurs milliers de réfugiés de Prusse orientale, après la violente polémique provoquée par ses révélations sur son passé de jeune engagé de la Waffen SS, Günter Grass fait à nouveau la une de l'actualité à cause d'un poème publié dans le Süddeutsche Zeitung et dans lequel il prend à parti la politique belligène d'Israël...

    Nous reproduisons ci-dessous la traduction française du poème, cueillie sur le site du quotidien Le Monde, ainsi que la version originale allemande.

    Günter Grass.jpg

    "Ce qui doit être dit"

    Pourquoi me
    taire, pourquoi taire trop longtemps
    Ce qui est manifeste, ce à quoi l'on s'est exercé
    dans des jeux de stratégie au terme desquels
    nous autres survivants sommes tout au plus
    des notes de pas de pages

    C'est le droit affirmé à la première frappe
    susceptible d'effacer un peuple iranien
    soumis au joug d'une grande gueule
    qui le guide vers la liesse organisée,
    sous prétexte qu'on le soupçonne, dans sa zone de pouvoir,
    de construire une bombe atomique.

    Mais pourquoi est-ce que je m'interdis
    De désigner par son nom cet autre pays
    Dans lequel depuis des années, même si c'est en secret,
    On dispose d'un potentiel nucléaire en expansion
    Mais sans contrôle, parce qu'inaccessible
    À toute vérification?

    Le silence général sur cet état de fait
    silence auquel s'est soumis mon propre silence,
    pèse sur moi comme un mensonge
    une contrainte qui s'exerce sous peine de sanction
    en cas de transgression ;
    le verdict d'"antisémitisme" est courant.

    Mais à présent, parce que de mon pays,
    régulièrement rattrapé par des crimes
    qui lui sont propres, sans pareils,
    et pour lesquels on lui demande des comptes,
    de ce pays-là, une fois de plus, selon la pure règle des affaires,
    quoiqu'en le présentant habilement comme une réparation,
    de ce pays, disais-je, Israël

    attend la livraison d'un autre sous-marin
    dont la spécialité est de pouvoir orienter des têtes explosives
    capables de tout réduire à néant
    en direction d'un lieu où l'on n'a pu prouver l'existence
    ne fût-ce que d'une seule bombe atomique,
    mais où la seule crainte veut avoir force de preuve,
    je dis ce qui doit être dit.

    Mais pourquoi me suis-je tu jusqu'ici ?
    parce que je pensais que mon origine,
    entachée d'une tare à tout jamais ineffaçable,
    m'interdit de suspecter de ce fait, comme d'une vérité avérée,
    le pays d'Israël, auquel je suis lié
    et veux rester lié.

    Pourquoi ai-je attendu ce jour pour le dire,
    vieilli, et de ma dernière encre :
    La puissance atomique d'Israël menace
    une paix du monde déjà fragile ?
    parce qu'il faut dire,
    ce qui, dit demain, pourrait déjà l'être trop tard :
    et aussi parce que nous - Allemands,
    qui en avons bien assez comme cela sur la conscience -
    pourrions fournir l'arme d'un crime prévisible,
    raison pour laquelle aucun
    des subterfuges habituels
    n'effacerait notre complicité.

    Et admettons-le : je ne me tais plus,
    parce que je suis las
    de l'hypocrisie de l'Occident ; il faut en outre espérer
    que beaucoup puissent se libérer du silence,
    et inviter aussi celui qui fait peser cette menace flagrante
    à renoncer à la violence
    qu'ils réclament pareillement
    un contrôle
    permanent et sans entraves
    du potentiel nucléaire israélien
    et des installations nucléaires iraniennes
    exercé par une instance internationale
    et accepté par les gouvernements des deux pays.

    C'est la seule manière dont nous puissions les aider
    tous, Israéliens, Palestiniens
    plus encore, tous ceux qui, dans cette
    région occupée par le délire
    vivent côte à côte en ennemis
    Et puis aussi, au bout du compte, nous aider nous-mêmes.

    Traduit de l'allemand par Olivier Mannoni

    Günter Grass, Prix Nobel de littérature allemand

     

    Et pour les germanistes :

     

    Was gesagt werden muss

    Warum schweige ich, verschweige zu lange,
    was offensichtlich ist und in Planspielen
    geübt wurde, an deren Ende als Überlebende
    wir allenfalls Fußnoten sind.

    Es ist das behauptete Recht auf den Erstschlag,
    der das von einem Maulhelden unterjochte
    und zum organisierten Jubel gelenkte
    iranische Volk auslöschen könnte,
    weil in dessen Machtbereich der Bau
    einer Atombombe vermutet wird.

    Doch warum untersage ich mir,
    jenes andere Land beim Namen zu nennen,
    in dem seit Jahren - wenn auch geheimgehalten -
    ein wachsend nukleares Potential verfügbar
    aber außer Kontrolle, weil keiner Prüfung
    zugänglich ist?

    Das allgemeine Verschweigen dieses Tatbestandes,
    dem sich mein Schweigen untergeordnet hat,
    empfinde ich als belastende Lüge
    und Zwang, der Strafe in Aussicht stellt,
    sobald er mißachtet wird;
    das Verdikt "Antisemitismus" ist geläufig.

    Jetzt aber, weil aus meinem Land,
    das von ureigenen Verbrechen,
    die ohne Vergleich sind,
    Mal um Mal eingeholt und zur Rede gestellt wird,
    wiederum und rein geschäftsmäßig, wenn auch
    mit flinker Lippe als Wiedergutmachung deklariert,
    ein weiteres U-Boot nach Israel
    geliefert werden soll, dessen Spezialität
    darin besteht, allesvernichtende Sprengköpfe
    dorthin lenken zu können, wo die Existenz
    einer einzigen Atombombe unbewiesen ist,
    doch als Befürchtung von Beweiskraft sein will,
    sage ich, was gesagt werden muß.

    Warum aber schwieg ich bislang?
    Weil ich meinte, meine Herkunft,
    die von nie zu tilgendem Makel behaftet ist,
    verbiete, diese Tatsache als ausgesprochene Wahrheit
    dem Land Israel, dem ich verbunden bin
    und bleiben will, zuzumuten.

    Warum sage ich jetzt erst,
    gealtert und mit letzter Tinte:
    Die Atommacht Israel gefährdet
    den ohnehin brüchigen Weltfrieden?
    Weil gesagt werden muß,
    was schon morgen zu spät sein könnte;
    auch weil wir - als Deutsche belastet genug -
    Zulieferer eines Verbrechens werden könnten,
    das voraussehbar ist, weshalb unsere Mitschuld
    durch keine der üblichen Ausreden
    zu tilgen wäre.

    Und zugegeben: ich schweige nicht mehr,
    weil ich der Heuchelei des Westens
    überdrüssig bin; zudem ist zu hoffen,
    es mögen sich viele vom Schweigen befreien,
    den Verursacher der erkennbaren Gefahr
    zum Verzicht auf Gewalt auffordern und
    gleichfalls darauf bestehen,
    daß eine unbehinderte und permanente Kontrolle
    des israelischen atomaren Potentials
    und der iranischen Atomanlagen
    durch eine internationale Instanz
    von den Regierungen beider Länder zugelassen wird.

    Nur so ist allen, den Israelis und Palästinensern,
    mehr noch, allen Menschen, die in dieser
    vom Wahn okkupierten Region
    dicht bei dicht verfeindet leben
    und letztlich auch uns zu helfen.

    Günter Grass (Süddeutsche Zeitung, 04. April 2012)

     

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  • In memoriam Richard Descoings ?...

    En guise de couronne au "grand homme", mort avant-hier à New York (!) dans des circonstances qui restent à préciser, cette petite chronique d'Eric Zemmour, qui date de 2010, et qui résume fort bien les choses...

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  • En finir avec les faux diagnostics !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Xavier Raufer, cueilli sur le site de Valeurs actuelles et consacré aux erreurs de diagnostic qui ont conduit à mener pendant trente ans une politique de la ville absurde et à se laisser se développer une culture de l'excuse en faveur des voyous de banlieue...

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    En finir avec les faux diagnostics

    L’affaire Mohamed Merah aidant, voici les “quartiers chauds” revenus au centre des débats de l’élection présidentielle. Sont-ils des pépinières à djihadistes ? Des couveuses pour bandits ? Alimentés par cent poncifs et idées reçues, les commentaires coulent à flots, issus de la culture de l’excuse, et véhiculés par nombre de journalistes et politiciens.

    Or, confronté aux faits et chiffres, ce catéchisme lacrymal a pour caractéristique majeure d’être entièrement et matériellement faux.

    Rappel de la ritournelle des Diafoirus-sociologues : dans des “quartiers pauvres” et “territoires de relégation”, croupirait toute une “jeunesse abandonnée et méprisée”… “moins dangereuse qu’en danger”, des damnés de la terre condamnés à “une vie de galère” et ne recherchant finalement qu’“un peu d’attention et de reconnaissance”.

    Observons d’abord que cette doctrine misérabiliste n’a absolument rien de marxiste, Karl Marx lui-même qualifiant férocement ce Lumpenproletariat (“prolétariat en haillons”) de “racailles”. On est là à mi-chemin entre le pire mélodrame hugolien et l’abbé Pierre du crépuscule – le tout dans un total mépris de réalités manifestes et établies. Qu’on en juge.

    – Misère (entraînant et expliquant la révolte et la violence) ? faux ! D’après l’Insee, la Seine-Saint-Denis est le quinzième département le plus riche de France – compte non tenu, par définition, de l’économie souterraine qui l’irrigue. En y ajoutant les milliards de la drogue, le “9-3” est sans doute en réalité parmi les cinq départements les plus riches de France.

    – Quels sont à l’inverse les plus pauvres ? L’Ariège (91e), le Cantal (92e) et la Creuse (96e). Ajoutons un taux de pauvreté de 19 % dans un tiers des départements ruraux de France métropolitaine – c’est-à-dire plus élevé que dans le “9-3”. Plus largement, souligne lumineusement le géographe Christophe Guilluy, « 85 % des ménages pauvres ne vivent pas dans les quartiers sensibles et… la majorité des chômeurs de longue durée se répartit sur l’ensemble du territoire ». Or, où brûlent les voitures ? Où tire-t-on à la kalachnikov sur les policiers ? Dans la Creuse ou en Seine-Saint-Denis ?

    – Les pauvres “assignés à résidence”, dans de lointains territoires de relégation ? Archifaux, là encore ! À l’échelle du Bassin parisien dans son entier, la Seine-Saint-Denis est dans une position confortablement centrale, non dans une lointaine bordure – et dans les “zones urbaines sensibles” (Zus) de ce département, comme dans celles des autres de la région parisienne, la mobilité de la population est la plus élevée de France (taux de mobilité de 61 %, selon l’Observatoire national des Zus).

    – Les quartiers sensibles représentent la jeunesse, la France rurale n’étant plus peuplée que de paysans âgés ? Faux ! Ces quartiers et cités ne rassemblent que 9 % de la jeunesse (l’Insee, toujours), la France périphérique au contraire (grande banlieue et villes-satellites des métropoles) abritant un jeune sur trois de 18-24 ans – et ce, avec un taux de criminalité fort bas.

    Ajoutons que l’espace rural (18 % de la population métropolitaine, 11 millions d’habitants) compte désormais 32 % d’ouvriers, 27 % d’employés – et seulement 7 % d’agriculteurs… sans que nulle déprédation ou exaction ne s’y commette, ou presque.

    Industrielle ou rurale, cette France périurbaine est celle des précaires, agriculteurs percevant les minima sociaux, ouvriers pauvres, travailleurs à temps partiel. Cette “France des plans sociaux” abrite les nouvelles classes populaires évincées des grandes métropoles (centre-ville et première couronne) – désormais fiefs de la bourgeoisie-bohème (“bobo”) et des immigrés récents. Or quoique victime de la recomposition sociale du territoire, cette France périphérique est calme. Malgré une pauvreté invisible, la délinquance y est rare et la criminalité, plutôt exceptionnelle.

    Avec une insondable morgue, les journalistes “tendance bobo” dénigrent cependant cette France périphérique et sa “logique de repli”. Alors que, pour ces populations victimes de la mondialisation et de la prédation financière, il s’agit, tout au contraire, d’une demande de protection.

    Or il est crucial de poser justement ce diagnostic, sans se laisser emporter par des lubies idéologiques ou par un sentimentalisme niais. Car, de même qu’on ne raisonne pas juste sur des figures fausses, on ne peut édifier de politique efficace sur des concepts erronés. Pourtant, c’est ce que l’on fait depuis trente ans sous le nom – déjà absurde – de “politique de la ville”.

    Comme de l’eau dans un trou, cette “politique” déverse des milliards d’euros dans des programmes immobiliers opaques et dans d’incontrôlables subventions : 550 millions d’euros en 2012 pour la politique de la ville ; 390 millions pour la “cohésion sociale et l’égalité des chances”, nom fort noble pour ce qui ressemble souvent à du racket ou du chantage à l’émeute. À la lumière des réalités que je viens d’énoncer, c’est cette politique-là, d’abord, qu’il faut revoir de fond en comble. Administré à partir d’un faux diagnostic, un médicament n’a aucune chance, jamais, de faire le moindre effet !

    Xavier Raufer (Valeurs actuelles, 29 mars 2012)

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  • Une autre économie est possible !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Pierre Le Vigan, cueilli sur Voxnr et consacré aux travaux du groupe des "Économistes attérrés".

    Economistes attérés.jpg

    Une autre économie est possible

    Aberrante, atterrante et néfaste : telle est l’orientation de l’économie actuelle. Une économie qui met l’homme au service de l’accumulation de l’argent. De là une réaction salutaire chez quelques spécialistes de la chose économique. Avec un fil conducteur : ne pas se laisser enfermer dans l’économisme. Ainsi sont nés les économistes atterrés. Ils ont fait irruption en 2010 avec un Manifeste qui a renversé la table. Ils avaient de quoi être atterrés par quelques oublis des libéraux. D’où leurs piqûres de rappel : sans l’Etat, disent-ils justement, l’économie ne fonctionnerait pas ; sans les dépenses sociales, la consommation s’effondrerait. Quant aux prélèvements obligatoires chacun doit savoir qu’ils sont en bonne part redistribués y compris aux entreprises. Il faut aussi prendre en compte l’ambiguïté de la notion de prélèvement obligatoire : ainsi, on ne compte pas, aux États-Unis ou en Chine, les dépenses privées laissées à chacun pour la santé et l’éducation, qui sont en fait des prélèvements quasi-obligatoires, alors que ces dépenses sont comptabilisées en France car elles sont publiques.

    Les économistes atterrés s’invitent maintenant dans le débat de 2012. Avec un constat et surtout des propositions : la réhabilitation du keynésianisme (Henri Sterdiniak), un développement soutenable distinct du dogmatisme de la décroissance (Jean-Marie Harribey), le recentrage des banques sur le financement de l’économie et non sur la finance de marché (Frédéric Boccara), la réhabilitation de l’impôt, la mise en place d’une fiscalité à nouveau progressive comme elle l’était dans les années 60 et 70 sous de Gaulle et Pompidou, des propositions de réduction radicale des possibilités d’activités financières spéculatives nocives à l’économie productive (Frédéric Lordon), la mise en place d’un système socialisé et relocalisé du crédit.

    Les vérités cachées par les libéraux sont rappelées : le poids de la dette publique est moins important que celui de la dette privée, la Sécurité Sociale n’entre que pour moins de 10 % dans la dette publique, la part des salariés qui ne sont payés qu’au SMIC augmente tandis que ce salaire minimum augmente systématiquement moins que la productivité du travail. Les économistes atterrés pointent les tendances de fond : l’individualisation des protections sociales à la place des solidarités collectives, le recours accru aux assurances privées, aux frais de gestion bien supérieurs à ceux des assurances publiques, les entreprises poussées par la financiarisation à se concentrer sur les seuls secteurs à forte profitabilité et à développer la sous-traitance à bas prix, éventuellement dans le tiers monde, brisant ainsi l’unité du collectif de travail. Avec comme conséquence la baisse de la part des salaires dans la valeur ajoutée.
    C’est pourquoi les auteurs proposent de faire de l’entreprise un véritable sujet de droit dans lequel seraient représentés salariés et sous-traitants. Ce pourrait être le moyen de mettre en place un grand chantier d’amélioration des conditions de travail, loin des utopies démobilisatrices de la « fin du travail » - et de son corollaire le revenu de citoyenneté . La poursuite, étendue à l’Europe, de la réduction du temps de travail et la mise en place d’un SMIC européen pourraient favoriser l’emploi. Les économistes atterrés engagent donc la lutte des idées pour sortir du mondialisme, de la financiarisation et de l’économisme. Ils laissent toutefois deux points de côté. L’un est la question du protectionnisme européen. Comment ne pas voir que c’est un passage essentiel vers une autre économie ? Même s’il n’est pas suffisant à lui seul. Comment ne pas en faire un productivisme à l’échelle européenne mais un projet neuf ? La deuxième question qui est occultée est le rôle de l’immigration. Comment ne pas voir qu’elle sert à peser à la baisse sur les salaires et à éviter la recherche de gains de productivité ? Comment ne pas voir qu’elle est « l’armée de réserve du capital » ?

    Encore un effort camarades !

    Pierre Le Vigan (Voxnr, 29 mars 2012)

    Notes

    Cf. l’analyse nuancée d’Alain de Benoist, Au bord du gouffre (éd. Krisis, 2012.

    Les économistes atterrés, Changer d’économie, nos propositions pour 2012, Les liens qui libèrent, 246 pages, 18,50 E

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  • Mohamed Merah, un bon Français ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jean-Yves Le Gallou , cueilli sur Polémia et consacré au traitement médiatique biaisé de l'affaire Merah.

     

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    Mohamed Merah n'était pas Français !

    Dès que l’auteur des attentats de Montauban et de Toulouse a été connu, les médias de l’oligarchie ont pris leur marque : après avoir défini les victimes comme des « soldats d’origine maghrébine » et des « enfants juifs », leur assassin a été présenté, lui, comme « un jeune homme », « un jeune Français », « un Français », « un Français de Toulouse », « un jeune Toulousain français ». Et Le Point a fait sa couverture sur « Le fou d’Allah français ». Français, vous dis-je !

    Ainsi les victimes ont été présentées par leur origine ethnique et/ou religieuse. L’assassin, lui, non par son origine (maghrébine, algérienne, musulmane) mais par l’une de ses deux nationalités. La française, comme de bien entendu !

    Français ? Ni par la civilisation, ni par la culture, ni par les sentiments !

    Et pourtant Mohamed Merah n’était pas français. Certes, il avait des papiers français. Mais Mohamed Merah n’était français ni par la civilisation, ni par la culture, ni par les coutumes, ni par les sentiments.

    Mohamed Merah était une petite racaille, comme tant d’autres, qui haïssait la France. C’est pour cela qu’il s’en est pris à des soldats portant l’uniforme français.

    Mohamed Merah était shooté au Coran : « Il s’est autoradicalisé tout seul en lisant le Coran en prison », selon Bernard Squarcini, chef de la DCRI. Or le Coran, ce n’est pas seulement un livre religieux, c’est un ensemble de prescriptions législatives et sociétales. La charia est sans doute un élément de l’identité de l’Arabie Saoudite et de beaucoup de pays arabo-musulmans mais elle est parfaitement contraire à l’identité française.

    Big Brother au service de l’Hégire

    Mohamed Merah ne s’identifiait pas à l’histoire de France mais à celle de l’oumma musulmane, ce que le grand imam de Bordeaux, Tarek Oubrou, justifie ainsi : « Il faut que l’histoire de France soit réécrite à la lumière de la présence musulmane ». C’est Big Brother au service de l’Hégire !

    Et l’imam de Bordeaux de poursuivre ainsi son propos : « Cela permettrait aux jeunes de culture musulmane de se retrouver dans le programme enseigné à l’école et de ne pas se sentir stigmatisés. » Sur un point au moins l’imam de Bordeaux a raison : il y a bien une culture musulmane différente de la culture française, c’est-à-dire de la culture européenne d’expression française.

    « Rapatrier » le corps en Algérie

    Mohamed Merah mort, sa famille a confirmé qu’il n’était pas français mais bien plutôt algérien. Ainsi BFMTV, le 28 mars 2012, nous dit : « En Algérie, la famille de Mohamed Merah (…) est encore sous le choc. Tous espèrent que le corps du défunt sera rapatrié, pour être enterré au côté de ses ancêtres. » « Rapatrié », c’est donc bien que la patrie de Mohamed Merah c’est l’Algérie, pas la France. Bien qu’installé en France, le cousin de Mohamed Merah ne dit pas autre chose : « L’Algérie c’est son pays, il sera enterré dans la terre de ses ancêtres. » Quant au président du Conseil français du culte musulman (CFCM) de Midi-Pyrénées, il a expliqué que Mohamed Merah devait être enterré « dans son pays, l’Algérie ».

    Finalement, ce n’est pas ce qui a pu se faire, compte tenu de l’attitude du gouvernement algérien. Mais là aussi les attentats de Mohamed Merah ont révélé une réalité : un très grand nombre de binationaux franco-musulmans se font inhumer outre mMditerranée ou, à défaut, comme pour Mohamed Merah, dans un carré musulman d’un cimetière français : difficile de mieux marquer sa différence que par cette discrimination volontaire par-delà la mort. Et ce, alors même que les règles françaises de la laïcité interdisent théoriquement les carrés confessionnels…

    Respecter les individualités assimilées et patriotes

    Bien sûr cette attitude ne concerne pas tous les Franco-Maghrébins : le soldat Abel Chenaf, maladroitement qualifié « d’apparence musulmane » par Nicolas Sarkozy, était, lui, parfaitement français : d’origine kabyle et de religion chrétienne, il a été enterré dans les plis du drapeau français.

    Respecter les personnalités assimilées et patriotes est indispensable. Pour autant, éviter de généraliser abusivement les cas (majoritaires) de non-assimilation ne doit pas conduire à nier la réalité : tous les Français administratifs, binationaux Franco-Magrébins, ne sont pas des Français de culture, de civilisation, de coutume et de sentiments ; certains restent profondément étrangers à leur pays d’accueil et y sont parfois franchement hostiles.

    Bloquer l’immigration nuptiale

    Cela doit conduire à arrêter toute immigration nouvelle en provenance de ces pays, et pour quelque cause que ce soit : travail, étude, regroupement familial et surtout immigration nuptiale. Chaque année près de 40.000 binationaux vont chercher leur conjoint dans un pays musulman et se marient sur place. C’est généralement la preuve d’une faible assimilation puisque ces Français administratifs préfèrent chercher leur conjoint dans le pays d’origine de leurs parents (ou de leurs grands-parents) plutôt qu’à proximité de chez eux. Il paraît donc logique que le regroupement nuptial d’un couple marié au Maghreb (ou en Turquie, ou en Afrique) unissant un national maghrébin (ou turc ou africain) à un binational franco-maghrébin se fasse au Maghreb (ou en Turquie ou en Afrique).

    La France n’a pas à accepter ce qui relève d’une colonisation de peuplement. Il faut donc profondément changer les lois en vigueur. Avant qu’il ne soit trop tard.

    Jean-Yves Le Gallou (Polémia, 30 mars 2012)

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