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Points de vue - Page 379

  • Ce n'est pas une crise, c'est un renversement !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Hervé Juvin, cueilli sur le site de l'AGEFI et consacré à la chute des illusions du libre-échange. Hervé Juvin est l'auteur d'un essai essentiel intitulé Le renversement du monde (Gallimard, 2010).

     

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    Ce n'est pas une crise, c'est un renversement !

    Le mot « crise » désigne la transition d'un état ordonné à un autre. Rien de plus impropre et plus vain pour désigner la situation dans laquelle nous nous trouvons. J'ai choisi le mot de « renversement » pour désigner une situation dans laquelle nous devons réviser nos certitudes les mieux ancrées, nos préjugés les mieux partagés. Nous avons tant célébré le développement des autres, fruit de la mondialisation béate, que nous n'avons pas vu le sous-développement qui gagnait nos territoires et nos quartiers. Partout, le scénario qui se met en place est à l'inverse de celui décrit à grands sons de trompe dans les années 90. Partout, les illusions du libre-échange apparaissent pour ce qu'elles sont, une duperie à l'usage des naïfs, et partout, la concurrence des acteurs privés sur les libres marchés ne masque plus les affrontements de puissance qui dictent leurs prix et leurs conditions aux marchés. Qui a dit que l'argent suffirait à tout ? Renversement des croyances et des repères pour les gérants, pour les assureurs et pour les investisseurs de long terme. Renversement aussi pour l'épargnant, qui redécouvre le risque, qui réapprend la géographie, et qui va bientôt redécouvrir l'histoire ; le ressentiment, la vengeance, la passion vont entrer dans le vocabulaire de ceux qui avaient cru les exclure en postulant que les hommes sont partout les mêmes, que les arbres montent jusqu'au ciel, et que le monde est plat. Il est facile de se faire peur, encore plus facile de céder à la confusion des images et des mots. L'ambiguïté de la situation vient de la complexité des choses, et du voile que les agrégats économiques et les approximations géopolitiques posent sur les faits. A la source de tant d'erreurs et de tellement de confusion, l'idée que l'économie est une science, qu'elle possède un pouvoir prédictif, et qu'il existe des lois de l'économie contre lesquelles la volonté et la passion des hommes ne peut rien. Le paradoxe est saisissant ; toutes les sciences exactes ont renoncé, depuis Einstein et Heisenberg, à prétendre dire le réel, pour se résigner à faire comme si ; seule l'économie prétend oublier qu'elle fut économie politique pour enfermer le monde dans des tableaux, des statistiques et des projections mathématiques. Misère d'une science qui n'a aucun des moyens d'accès à la vérité, mais qui prétend produire le vrai à partir de l'utile !Une grande partie des alertes, des peurs et de la défiance provient de l'invasion des indicateurs économiques, et plus particulièrement financiers, dans nos sociétés et dans nos vies. Tout se passe comme si une majeure partie de l'Europe avait abdiqué son autonomie pour confier son destin aux indicateurs économiques, et pour faire des marchés financiers un nouveau souverain, anonyme, invisible, irresponsable, mais partout présent. Qu'est-ce d'autre que la règle de Maastricht, qu'est-ce d'autre que la dépendance passée à l'égard des agences de notation et des analystes crédit, voire de telle ou telle banque américaine ? Sous l'influence de la finance anglo-américaine, et d'une idéologie imposée par le bavardage des économistes labellisés conformes, une démission collective a eu lieu. Si l'Europe ne protège de rien, si l'Union européenne a sacrifié aux dogmes de l'économie ses sociétés, sa liberté et sa singularité, si la Commission a été le moyen du renoncement de l'Europe à elle-même, nos voisins, proches ou lointains, n'ont pas fait de même. De même que les Etats-Unis n'ont jamais abandonné au marché quoi que ce soit de leurs intérêts stratégiques, de même l'Allemagne a continué à se donner sa loi, à faire passer sa société et son unité interne avant les règles du marché. Ce n'est pas seulement affaire de cogestion ou de fédéralisme. C'est d'abord affaire de primauté de l'intérêt national et local. L'impossibilité avérée de procéder à une offre publique d'achat agressive en Allemagne - quels que soient les intérêts des actionnaires vendeurs -, la primauté de la négociation sur les salaires et les revenus financiers, pour déterminer le partage de la valeur, la participation des salariés à la conduite des entreprises, et la négociation permanente de leur adhésion à la stratégie et à la conduite des affaires font la spécificité d'une société qui ne se réduit pas à son économie, qui se donne sa loi et qui n'a pas cédé son autonomie interne pour le plat de lentilles de la valorisation de marché. Le futur gouvernement de la France, comme l'ensemble de l'Europe, devrait étudier plus attentivement l'école de l'ordoliberalismus allemand. Cette école, féconde au milieu du siècle dernier, entend assurer la concurrence par l'autorité des institutions garantes du jeu équitable et non faussé du marché, elle développe une approche du marché comme moyen de la société. Nul doute que les Français, inquiets d'une dépossession qui ne dit pas son nom, ont beaucoup à apprendre de l'école des choix institutionnels et de la socialisation du marché.

    Hervé Juvin (L'AGEFI, 23 février 2012)

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  • Le nietzschéen progressiste est mal barré !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Frédéric Schifter, cueilli sur Causeur et consacré aux tentatives de récupération de Nietzsche par la gauche progressiste...

     

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    Le nietzschéen progressiste est mal barré

    Il est temps de procéder au nettoyage sémantique des termes de ressentiment et de nihilisme utilisés à tort et à travers par les béotiens qui se piquent de nietzschéisme. C’est principalement dans La généalogie de la morale (1887) que Nietzsche développe la notion de ressentiment et explicite celle de nihilisme. Il y explique que le ressentiment ressortit à une pathologie ethnique. Il est une passion mortelle pour les grandes civilisations fondées sur la conquête et l’esclavage, passion qui infecte le monde depuis l’Antiquité. C’est la haine que vouèrent à leurs maîtres successifs les Juifs dominés, humiliés, persécutés. Comme cette haine manquait de la vitalité physique qui l’aurait mue en une saine violence, elle s’exprima sous la forme sublimée d’une morale subversive.

    Faute de devenir un peuple de guerriers, les Juifs, par lâcheté et par ruse, se firent prêtres. C’est ainsi que le plus vil instinct de revanche devint la plus sophistiquée des spiritualités, la culpabilisation l’arme la plus redoutable. Les forts et les nobles qui autocélébraient en toute innocence leur brutalité, leur cruauté, leur égoïsme de caste dominante, eurent à affronter, venant de leurs esclaves, des discours venimeux leur reprochant de servir le Mal et, par là, d’être, en raison même de leur supériorité sociale, humainement inférieurs aux faibles, aux difformes, aux pauvres, aux minables en qui s’incarne le Bien. Ces maîtres sans autres états d’âmes moraux que leurs désirs d’affirmer leur volonté de puissance et qui, pour cela même, se pensaient Bons, Beaux et Grands, finirent par se sentir coupables et par épouser les valeurs qu’ils méprisaient allégrement : la compassion, le souci de l’égalité, le renoncement à la violence. Ils se laissèrent enjuiver — et/ou christianiser, le christianisme étant pour Nietzsche la forme la plus toxique du judaïsme.

    « Tout ce qui sur terre a été entrepris contre les “nobles”, les ”puissants”, les ”maîtres”, le ”pouvoir”, n’entre pas en ligne de compte, si on le compare à ce que les Juifs ont fait : les Juifs, ce peuple sacerdotal qui a fini par ne pouvoir trouver satisfaction contre ses ennemis et ses dominateurs que par une radicale transmutation de toutes les valeurs, c’est-à-dire par un acte de vindicte essentiellement spirituel. Seul un peuple de prêtres pouvait agir ainsi, ce peuple qui vengeait d’une façon sacerdotale sa haine rentrée. Ce sont les Juifs, qui, avec une formidable logique, ont osé le renversement de l’aristocratique équation des valeurs (bon, noble, puissant, beau, heureux, aimé de Dieu.) Ils ont maintenu ce renversement avec l’acharnement d’une haine sans borne (la haine de l’impuissance) et ils ont affirmé : ”Les misérables seuls sont les bons ; les pauvres, les impuissants, les petits seuls sont les bons ; ceux qui souffrent, les nécessiteux, les malades, les difformes sont aussi les seuls pieux, les seuls bénis de Dieu; c’est à eux seuls qu’appartiendra la béatitude — par contre, vous autres, vous qui êtes nobles et puissants, vous êtes de toute éternité les mauvais, les cruels, les avides, les insatiables, les impies, et, éternellement, vous demeurerez aussi les réprouvés, les maudits, les damnés !”»[GM, I, 7].
    « On sait qui a recueilli l’héritage de cette dépréciation judaïque […] », poursuit Nietzsche, désignant par là la philosophie des Lumières et la Révolution française, les mouvements démocratiques, égalitaristes, socialistes, anarchistes. Je rappelle au passage que le sous-titre de la Généalogie de la morale est Écrit polémique.

    Or, c’est « […] à propos de l’initiative monstrueuse et néfaste au-delà de toute expression que les Juifs ont prise par cette déclaration de guerre radicale entre toutes », que Nietzsche forge sa notion de nihilisme. Nihiliste, pour Nietzsche, est toute forme de pensée charitable, solidaire, éprise de justice et d’égalité, féministe, compassionnelle, en un mot humaniste qui, par ressentiment, ou au nom du Bien — c’est la même chose —, nie et condamne la volonté de puissance telle que, précisément, la concevaient et l’exerçaient joyeusement et sans remords les « fauves », les « prédateurs », les « brutes blondes », bref, les races appelées à commander et fonder des civilisations.

    Telle est la conception du ressentiment et du nihilisme selon Nietzsche et il n’en a jamais eu une autre — ce fut même son thème obsessionnel. En faire un penseur de la démocratie, un intellectuel de gauche avant l’heure, relève purement et simplement de la confusion mentale ou de l’escroquerie — l’une n’empêchant pas l’autre.

    Frédéric Schiffter (Causeur, 4 mars 2012)

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  • « The Artist ! » : la nouvelle superproduction électorale...

    Nous reproduisons ci-dessous un excellent article de Michel Geoffroy, cueilli sur Polémia et consacré à l'artiste comique qui anime nos soirées électorales...

     

     

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    « The Artist ! » : la nouvelle superproduction électorale

    Il faut lui reconnaître un talent certain. Il sait y faire avec le public et les caméras. Il sait jouer les nominés, dans son costume sombre et élégant, sous les flashs et les projecteurs de la scène médiatique. Car, malgré sa petite taille, Nicolas est un excellent acteur.

    Un excellent acteur

    Déjà avant 2007 il avait très bien réussi dans le rôle de M. Sécurité, celui qui voulait nettoyer les banlieues au kärcher. Un bon western, dans le genre Justicier dans la ville avec Charles Bronson, qui l’avait mis en valeur auprès des spectateurs âgés, qui ne vivaient pas en banlieue justement.

    En 2007, ensuite, sa performance fut inespérée : il réussit à faire croire à une partie de la droite qu’il était son candidat et qu’il allait rompre avec l’immobilisme chiraquien : pensez donc, il avait employé le mot « identité nationale » !
    Mais il faut reconnaître aussi que les acteurs concurrents n’étaient pas à la hauteur et que la pauvre Ségolène, qui s’empêtrait dans le nombre de sous-marins nucléaires, faisait piètre figure face à l’homme de « la rupture ». Il fut donc nominé en 2007.
    Il joua ensuite pendant 5 ans l’hyper-président à l’Elysée. Ce fut son premier contre-emploi : il continuait de jouer les aspirants jeunes-premiers alors qu’il était dans le rôle du patriarche. On le voyait partout, à la différence des résultats. Ce fut un bide et il commença de lasser le public, qui se mit à rêver à de nouveaux visages.

    Mais voilà que, loin de se retirer, Nicolas candidate en 2012 pour de nouveaux oscars.

    Quel comédien !

    Pour ce faire Nicolas a renouvelé sa garde-robe et son look.
    Ainsi il a redécouvert le peuple français à l’issue de son premier mandat. Le faubourg Saint-Honoré fut son chemin de Damas, en quelque sorte.
    On le voit aujourd’hui faire les sorties d’usine et se promener dans les rues, pour parler avec les passants. Quel charmeur !

    Finis la « discrimination positive » et son souhait d’une « France d’après » où l’expression Français de souche aurait « disparu ». Non : ce qui l’intéresse, c’est la France de maintenant, et plus exactement celle qui va voter le mois prochain.
    Il aime tant le peuple qu’il lui promet beaucoup de référendums sur tous les sujets. Tiens ! Il propose même un référendum sur les chômeurs. C’est vrai que personne n’y avait pensé !

    Et puis, quelle conversion de la part de celui qui, sous la forme du pacte de Lisbonne, a imposé aux Français un traité qu’ils avaient pourtant refusé d’approuver par référendum ! Saint Nicolas se fait l’apôtre du référendum ! Quel comédien !

    Un acteur qui nous aime

    C’est que Nicolas a une qualité essentielle pour un acteur : il sait s’adapter à son rôle, à son public comme aux circonstances. On appelle cela « pragmatisme » en novlangue. En français on dirait plus trivialement que c’est un bon baratineur. Il sait nous dire tout et son contraire, avec sa belle voix : car il nous aime tant, nous autres les Français, qu’on voit bien qu’il cherche avant tout à nous faire plaisir. En tout cas, le temps de la campagne électorale.

    Il n’est pas du tout le président des riches. Il regrette, bien sûr, son dîner de victoire au Fouquet’s. Car il se soucie de la France qui souffre. C’est pourquoi il nous promet une « France forte ». Il veut aussi sauver notre modèle social : nos économies, notre sécurité sociale et nos retraites. Et, bien sûr, aussi, l’avenir de nos enfants. Ce n’est plus un candidat c’est un saint-bernard : il ne lui manque plus que le petit tonneau de rhum autour du cou.

    On finirait par oublier qu’il est au pouvoir depuis des années et que, si la France est faible, c’est sans doute aussi à cause de lui. Quel talent !
    Mais en campagne, Nicolas est dans son élément : il saisit le micro et ne le lâche plus. Le ministère de la parole, c’est son truc : il excelle dans le rôle de « crooner ».

    De très bons partenaires

    Il faut dire que dans cette superproduction électorale permanente, il a toujours eu d’excellents partenaires. Il dispose aussi des meilleurs producteurs d’effets spéciaux médiatiques.

    Des vedettes internationales comme Mme Angela ou Mister Obama lui donnent très bien la réplique : on finirait par croire qu’ils ont fréquenté la même école d’art dramatique !
    On voit sur tous les écrans le couple Angela et Nicolas déjouer tous les périls pour sauver en permanence l’euro menacé par les terribles Grecs. Mieux qu’Indiana Jones !

    Et puis il a aussi de très bons partenaires français.
    Comme Claude Guéant, par exemple, qui a succédé à Brice Hortefeux dans le rôle du méchant ténébreux : il dit plein de vilaines paroles pour complaire aux électeurs du Front national et exciter la gauche. Ou comme Nathalie, son porte-parole de campagne qui, elle, dit plein de mal de ces mêmes électeurs pour s’attirer les bonnes grâces des centristes ; elle est très bien aussi dans son rôle de la jeune ingénue qui ne connaît pas le prix du ticket de métro, la pauvre. Pas mal aussi, ce François Fillon, un excellent acteur du cinéma muet.

    Mais où est donc le public ?

    Pourtant cette année, le public semble bouder ce remake de 2007. Un remake où François a pris la place de Ségolène : c’est en effet nettement moins drôle que la première fois, même si Mélanchon fait quelques apparitions communistes burlesques.

    Dans cette nouvelle version du film électoral, la gauche fait, certes, des efforts pathétiques pour donner la réplique à Nicolas : pas un jour où elle n’annonce un nouvel impôt ou de nouvelles dépenses publiques ! Mais le scénario, pesant, est mal emmené et les spectateurs somnolent.

    Malgré la débauche publicitaire, dans les entrées, l’artiste Nicolas ne fait toujours pas recette.

    Les spectateurs français s’ennuient : ils espéraient Les Visiteurs III ou bien encore Bienvenue chez les Ch’tis II : on leur sert un pesant Titanic II, sur fond de crise.

    Ils connaissent d’avance la fin du film et en particulier qui va payer au bout. Cela ne les fait pas rire du tout et beaucoup, n’en doutons pas, partiront dès l’entracte.

    Michel Geoffroy (Polémia, 2 mars 2012)

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  • Bonne nouvelle pour la multipolarité !

    Vous pouvez lire ci-dessous un excellent point de vue du géopoliticien Aymeric Chauprade, cueilli sur Realpolitik.tv et consacré à la réélection de Vladimir Poutine à la tête de la Russie.

     

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    Bonne nouvelle pour la multipolarité

    Le dimanche 4 mars 2012 restera sans doute comme une date historique. Vladimir Poutine revient en effet à la présidence de la Russie. J’avais déjà pu écrire que 1999 avait été un tournant dans l’histoire de la géopolitique contemporaine parce que son arrivée au pouvoir avait mis fin à la tentative unipolaire américaine. Nous pouvons affirmer aujourd’hui que Poutine va consolider le monde multipolaire qui se dessine et achever sa mise en déroute de l’oligarchie américaine et de son État profond dont l’action occulte et agressive (à l’œuvre en ce moment en Syrie) ne cesse de miner, chaque jour un peu plus, les possibilités de paix dans le monde.

    Qu’est-ce qui nous permet d’affirmer cela ? La simple observation du déchaînement médiatique contre Poutine, que chacun d’entre nous aura pu observer, ces derniers mois, en Europe comme aux États-Unis. Manque de chance pour nos habituels aboyeurs de leçons démocratiques (qui ne sont en fait que les bons petits soldats de l’oligarchie occidentale), le peuple russe soutient massivement Poutine. Et ce ne sont pas les quelques irrégularités de fonctionnement du scrutin, statistiquement inévitables dans un pays aussi vaste que la Russie, et certainement moins graves que l’étrange comédie des bulletins de vote à trous lors de l’élection de Bush ou que l’obstruction en France à une candidature pesant autour de 20 %, qui pourront amoindrir l’incontestable légitimité de Poutine.

    Vladimir Poutine, candidat plébiscité par les Russes, que, dans des temps anciens on aurait sans doute appelé Vladimir le Bien élu, est sans conteste aujourd’hui, dans l’hémisphère nord, le chef d’État le plus légitime qui soit. Cela ne peut que redonner espoir à ceux qui doutent du politique. Remettre son pays sur le chemin de la puissance et obtenir du même coup le soutien massif de son peuple, oui ça reste possible !

    Logiquement il y a quelqu’un qui devrait être content ce soir, c’est Alain Soral. Quelqu’un qui a tout compris des forces profondes de l’histoire, celles que ne veut pas voir notre bon « bourgeois occidental » (Molière avait raison avec son bourgeois gentilhomme) aveuglé qu’il est par les chiffrons rouges agités devant ses yeux par la « grande presse ». Donc écoutez-le et lisez-le. Nous n’utilisons pas forcément les mêmes mots (et tant mieux), mais nos pensées sont en convergence.

    Ce soir du 4 mars 2012 en tout cas, la dissidence internationale a marqué un point. Un point sans doute décisif pour l’avenir. Unissons nos forces, car au-delà de la cause des peuples souverains qui résistent à l’Empire, n’oublions pas qu’in fine, c’est la question de la liberté individuelle qui est en cause. L’Empire, machine à crétiniser les hommes en les gâtant en citoyen-consommateur, avance en effet tout à la fois vers « 1984 » et le « Meilleur des mondes ». Face à lui, les États qui nous sont aujourd’hui présentés comme des dictatures implacables (Syrie, Iran…) ne sont jamais que les premiers réfractaires à ce Big Brother mondial lequel masque de moins en moins ses desseins. A ceux qui en douteraient, confrontés aux images de l’incontestable brutalité de la guerre en Libye, puis en Syrie, je rappellerais qu’ils ne voient qu’une face de l’histoire. Sur l’autre, les projecteurs des médias occidentaux ne s’allument jamais. Cette autre face, je n’ai pas grand mérite, je l’ai prise en pleine poire en 1996, dans le Sud du Liban, devant les cadavres calcinés d’une bonne centaines de femmes et d’enfants libanais qui avaient cru qu’un abri de l’ONU restait un endroit sacré auquel jamais une armée ne s’attaquerait. Ils ne pouvaient pas savoir, les pauvres, ce que j’ai compris devant leurs corps en bouillie : l’histoire est dite par les vainqueurs et le droit ne s’applique qu’aux vaincus. Si vous êtes dans le club qui s’est autorisé à avoir l’arme atomique, vous pouvez écraser un pays, au nom d’une légalité que vous avez décrétée, tout pays qui prétend entrer dans le club sans votre autorisation. Si vous êtes pro-américain vous êtes forcément une démocratie, et si vous ne l’êtes pas, ce n’est pas grave ! Si vous êtes une démocratie mais que vous n’êtes pas pro-américain, c’est grave et vous ne pouvez donc pas… être une démocratie..

    Donc je veux bien que l’on soit horrifié par les bombardements sur Homs qui doivent être terribles pour les civils piégés. Mais alors, il faut avoir le courage de regarder en face le résultat des bombes de l’OTAN sur la Serbie, sur l’Irak, sur la Libye, sur l’Afghanistan ; le résultat des bombes d’Israël sur Gaza ou le Sud du Liban. Car enfin, ces corps-là, ces enfants-là, ces femmes-là, on ne vous les montre jamais ! Comme on ne vous parle pas des reporters de guerre qui sont morts sous des bombes occidentales dans les prétendues guerres humanitaires de l’ère post-soviétique.

    Peut-être que l’intelligence consiste aussi à être capable d’imaginer (un peu de bon sens devrait suffire, pas besoin de longues études) ce que les télévisions occidentales ne vous montrent jamais…

    En résumé :

    1. L’Occident de l’ingérence humanitaire a davantage massacré dans toutes les agressions qu’il a menées depuis 1990 que les régimes qu’il combattait.
    2. Il y a, au moins, autant de trucages et de verrouillages dans les élections dites démocratiques des pays occidentaux (surtout en France et aux États-Unis, car je ne parle pas de la Suisse, seule authentique démocratie d’Europe) qu’il y en a dans cette Russie présentée sans cesse comme une éternelle autocratie.

    Conclusion : Qu’on cesse de nous prendre pour des cons parce qu’il reste, en France, quelques penseurs qui ne sont pas « à la gamelle » et qui continuent à réfléchir. Quand j’étais gosse, dans mon école publique (je n’ai été que dans des écoles publiques) on m’apprenait que l’école ça sert à former l’esprit critique. Je n’ai retenu que cela.

    Aymeric Chauprade (Realpolitik.tv, 5 mars 2012)

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  • Vive la crise ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un texte de Philippe Milliau, cueilli sur Novopress et consacré à la crise et aux opportunités qu'elle offre...

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    Vive la crise

    Pour les amuseurs publics et autres bonobos de la pensée qui pontifient dans les médias, la crise que nous subissons n’est qu’un épisode de plus dans la longue liste des soubresauts du capitalisme mondial depuis l’invention de la monnaie par un Homo Sapiens un peu plus malin que ses congénères.

    À en croire les augures bien en cour, il suffit d’un peu de patience pour que tout rentre dans l’ordre et pour que la valse des milliards puisse reprendre comme avant pour le plus grand bonheur des manitous du CAC 40, de la Deutsche Boerse, de la City de Londres ou encore de Wall Street.

    Et si ce n’était pas du tout ça ?

    Et si, à l’opposé de la vision falsifiée véhiculée depuis le début de cette crise, nous vivions un renversement de l’ordre ancien ? Un bouleversement d’un monde tel que nous le connaissions jadis nous obligeant à envisager des mesures radicales pour guérir notre continent des maux qui l’affligent.

    Cette hypothèse est bien trop effrayante pour que les élites du système osent en parler. Pourtant, les arguments qui plaident en sa faveur sont nombreux, solides et concordants.

    Examinons quelques-uns des faits qui nous amènent à proposer cette explication.

    Le dollar a du plomb dans l’aile

    Une des manifestations les plus criantes de la fin de cette époque qui nous a tant fait souffrir, qui nous a asservis, comme tous les peuples du monde ou presque, c’est l’état de son pilier principal : le dollar.

    Déjà, par rapport à un panier des monnaies dynamiques (yuan, euro, real…), on observe un début de baisse du dollar en valeur relative. La situation économique et politique des États-Unis devrait, en dépit de multiples tentatives pour maintenir cette hégémonie, entraîner une accentuation de cette chute en 2012 et 2013.

    Plus significatif : la part du dollar au sein des devises accumulées dans les banques centrales a amorcé une petite baisse tendancielle depuis dix ans au profit de l’euro. Cette baisse semble en cours de nette accentuation en dépit des tribulations de notre devise dues la gestion des dettes souveraines de certains pays européens.

    Encore plus significatif : la part des transactions internationales libellées en dollars est en chute libre. L’actuelle crise avec l’Iran n’est pas sans accentuer ce phénomène. Plus de 60% des échanges entre l’Euroland et le reste du monde est maintenant effectué en euros, contre moins de 50% il y a dix ans, et le phénomène s’accélère.

    Chacun sait bien ce que veut dire la suprématie du dollar : elle a tout simplement permis le financement gratuit du gigantesque déficit commercial des États-Unis, ainsi que la mobilisation au profit de cette même puissance dominante d’une part considérable de l’épargne mondiale. Le dollar roi, principale monnaie de change et de réserve, véritable étalon remplaçant l’or a dopé depuis quarante ans l’économie de l’Amérique du Nord. C’est en voie de se terminer ; la face du monde en sera changée.

    Les Etats-nations sont dépassés, c’est la naissance des nations continents !

    Ainsi le Japon, prenant acte de son dépassement économique définitif par la Chine, commence sa sortie de la sphère du dollar pour s’arrimer à celle du yuan. C’est le début d’une entente devenue nécessaire après des siècles de conflit. S’il fallait une évidence du bouleversement d’un monde jusqu’à présent dominé par les Européens continentaux, puis par les Anglo-Saxons, il suffirait d’observer l’émergence rapide de cette formidable puissance asiatique de près de deux milliards d’hommes.

    Plus près de nous aussi, on observe l’extension du « modèle turc » sur le pourtour sud de la Méditerranée. En un an, la Turquie elle-même est sortie du « camp occidental » et le printemps arabe, qui n’a pas fini son œuvre, n’instaure pas la démocratie mondialisante comme ont voulu le croire les derniers défenseurs de ce monde à l’agonie. Ce sont bel et bien des gouvernements religieux qui se mettent en place dans cette région, les peuples se réappropriant ainsi une part de leur identité et de leur histoire.

    Mentionnons également le cas de l’Inde, qui, protégée par sa civilisation propre et ses structures sociales différenciées, trace une route originale.

    À sa façon, l’Afrique noire repart sur le chemin de la croissance, au moins dans ses insolubles problèmes d’absence tragique de maîtrise démographique, d’urbanisation bidonville et de conflits ethniques contrariés par des interventions étrangères brutales.

    L’isolationnisme prôné par une nouvelle vague d’hommes politiques aux États-Unis va dans un sens voisin, tout comme les dynamiques des retrouvailles identitaires plus au sud du continent.

    C’est bien la raison pour laquelle le futur jeu des Européens passe davantage par Moscou d’abord, et Pékin, New Delhi ou Brasilia ensuite ; et beaucoup moins par la City et Wall Street, refuges de nos anciens maîtres !

    Quel destin pour l’Europe ?

    Paradoxalement, cette crise nous offre une nouvelle chance, celle de rompre nos liens de vassalités hérités de l’ordre ancien imaginé à Breton Woods et maintenu contre vents et marées par la force financière et militaire des États-Unis.

    Et nous, Européens, dans tout cela ? Serons-nous les derniers croyants d’un ordre mondial et individualiste qui se meurt sans nous avoir vraiment profité ? Nous les donneurs de leçons « français » du nouvel ordre sans-frontiériste, nous qui confions nos temples à des pillards, sommes-nous à l’égal de Rome deux siècles après l’édit de Caracalla ?

    En fait, je le crois au fond de moi, rien n’est joué, rien n’est perdu, rien n’est définitif, la culture, le sang, le génie des Européens sont là – certes endormis, mais bien présents !

    Pour nous, Français et Européens, fiers d’une histoire que nous ne croyons pas finie, mais sans cesse renaissante à l’image du sol invictus, la situation est un défi, pas une fin.

    Redisons le clairement, car le choix est vital : ou les peuples européens trouveront une nouvelle dynamique commune pour le XXI siècle, ou bien ils sortiront de l’histoire. Le retour nostalgique à la situation de la première moitié du siècle passé, aux États nations dits souverains et indépendants ne fonctionnera pas à l’ère des compétiteurs du monde actuel. Il suffit d’en regarder la taille et les appétits pour s’en convaincre. Cessons une bonne fois de nous complaire dans un nombrilisme dépassé, et regardons le monde tel qu’il est et tel qu’il sera.

    Hélas une bureaucratie tatillonne et inefficace, une absence de projet, et pire une absence de définition identitaire, une complicité de larbins au service de la mondialisation et de soumissions aux intérêts transatlantiques ont terni l’image de l’Union européenne, et son centre bruxellois.

    Tout n’est pas à jeter dans l’Union telle qu’elle existe

    Certes nous n’avons pas de mots assez durs concernant cette Union européenne d’apparatchiks et de fossoyeurs de peuples. Cependant faut-il pour autant jeter le bébé avec l’eau du bain?

    Faut-il, comme certains le demandent ardemment, mettre l’euro à mort alors que la suprématie du dollar touche à son terme?

    Oui l’euro existe en dépit de ses immenses défauts ; euro qui fut mal construit, mais euro quand même ; un euro qu’il faut sauver puis gouverner efficacement, ne serait-ce que pour éviter d’être hors jeu dans un match dollar-yuan d’où nous serions éliminés.

    Et si l’euro s’effondrait ?

    Ne broyons pas du noir en permanence : oui, les risques existent, mais si l’euro défaille, c’est-à-dire s’il y a défaut de paiement en chaîne de plusieurs pays européens, c’est le système des garanties (appelé CDS, credit default swaps) qui est appelé, comme dans une assurance après un sinistre. Et qui donc détient 96 % du risque en assurance, réassurance et produits swaps dérivés (pour un extraordinaire montant cumulé de 156 trillons de dollars, soit près de quatre fois le PIB mondial) ? Ce sont les quatre principales banques américaines (Goldman Sachs, JP Morgan, Bank of America, Citybank) et une banque britannique (HSBC). C’est un pan gigantesque de la finance des États-Unis qui serait englouti. Quelque part, c’est échec et mat pour le système qui nous a dominés et qui bouge les dernières pièces du jeu…

    Ne nous avait on pas prédit que si la France perdait son triple A elle serait obligée d’emprunter à des taux plus forts ? Et que se passe-t-il depuis lors ? Exactement le contraire !

    En des termes simples, cela veut dire qu’il n’y a plus de boussole, de règles, d’habitudes, de certitudes. Tout le monde fait ce qu’il veut, hors de toute contrainte ; même les marchés s’y mettent ! Les agences ne servent plus à rien, envoyons-les à la casse !

    Il faut débruxelliser l’Union européenne

    Faute d’avoir fait le choix d’un pouvoir politique européen, une classe de bureaucrates sans visages s’est emparée des leviers de l’Union européenne. Nous devons refuser que l’Europe ne soit qu’une construction bureaucratique s’opposant aux Européens mais bel et bien une Europe des peuples, dotée d’institutions démocratiques qui permettront une véritable unité civilisationnelle. Une Europe démocratique et non technocratique, une Europe identitaire et non mondialiste, une Europe subsidiariste et non-jacobine, c’est possible.

    Cette Europe que nous appelons de nos voeux est la seule en mesure de satisfaire aux attentes des nouvelles générations largement formée par les échanges universitaires « Erasmus » entre étudiants de différents pays d’Europe.

    N’est ce pas réjouissant de voir lors du sommet européen du 9 décembre 2011 les exigences anglaises refusées par des pays continentaux que l’on croyait davantage asservis ? Et le Royaume-Uni de se retirer, seul vers le large, avec le risque d’y sombrer bien seul.

    On regardera avec délectation une possible Écosse indépendante demander son entrée dans l’Union européenne et l’adoption de la monnaie unique : la victoire de William Wallace huit siècles plus tard ! La Reconquista espagnole en a bien mis autant !

    Oui, nous pouvons, avec d’autres peuples et civilisations, profiter de la fin à venir de la toute-puissance des gendarmes de l’ordre mondial et construire l’Europe qui aurait dû l’être dès le départ, une Europe forte, démocratique et souveraine!

    Les dangers qui nous guettent

    Oui, nous pouvons accepter, accompagner, profiter des bouleversements considérables dont nous ne voyons que l’infime part du début.

    Il n’y a en réalité que deux dangers qui puissent être mortels pour notre peuple. L’un est clair, connu, visible : la perte de nos identités charnelles et culturelles par totale submersion migratoire ; mais comme le disait le grand poète Hölderlin, « là où croît le danger, là croît ce qui sauve ». Je crois profondément qu’au travers de toutes nos terres d’Europe, la conscience s’éveille, maintenant.

    Il est un second danger, c’est le retour aux égoïsmes nationaux, puis la désignation du voisin comme ennemi. On a déjà donné, merci bien ! Lorsque la France et l’Allemagne sont unies, l’Europe est forte et grande. La mission sacrée des identitaires est claire : nous avancer vers le chemin de la foi en une civilisation, une volonté, un désir d’Europe. Pas leur Europe, la nôtre !

    Il nous faut trouver sans défaillance les moyens concrets de redonner un destin particulier à notre histoire.

    Pour demain, quelles orientations ? Quelles perspectives ?

    Quelles mesures nous faudrait-il adopter pour faire de l’Europe non pas un vassal des États unis et de l’hyper classe mondiale mais une puissance souveraine dans ce monde multipolaire en devenir?

    Voici une liste de mesures que nous jugeons importantes et que nous pourrions d’ores et déjà mettre en œuvre :

    Promouvoir de nouvelles générations de responsables politiques pour chasser les classes politiques corrompues, en particulier celles des pays méditerranéens.

    Mettre en route une harmonisation fiscale des pays de l’Eurozone, selon le principe de base : pas de monnaie unique possible sans convergence fiscale ; régler le cas épineux de la concurrence déloyale de l’Irlande et de sa faible imposition sur les bénéfices.

    Transferts de parts de budgets nationaux vers des budgets communautaires, correspondant aux transferts de souveraineté : pas de souveraineté fictive !

    Rapatriement et contrôle des marchés financiers à la frontière de la zone euro ; obligation d’exécution en euros de ces marchés, comme de la quasi-totalité des échanges commerciaux intra européens.

    Création d’euro bonds et rachat systématique des dettes des états pour diminuer les taux d’intérêt des emprunts. Limitation à 25% au maximum de l’exposition des dettes des pays européens aux marchés hors zone euro.

    Création immédiate d’une agence de notation européenne.

    Mesures de protection vis-à-vis des marchés financiers : interdiction des produits dérivés, des ventes spéculatives et ventes à terme. Augmentation progressive de la taxation des transactions financières jusqu’à l’obtention de l’équilibre souhaitable par rapport à la taxation du travail et de la consommation.

    Partenariats bilatéraux pour les principaux achats nécessaires d’énergie et de matières premières ; les achats libellés en Euros seront privilégiés.

    Exigence d’équilibre budgétaire, et remboursement progressif de la dette publique existante. Mobilisation de l’épargne en vue d’accélérer ces remboursements et de lancer un grand plan européen d’investissement.

    UNE RENAISSANCE DYNAMIQUE PAR UN GRAND PLAN D’INVESTISSEMENT

    L’épargne privée, au moins dans certains pays de la zone euro, est forte ; en Italie par exemple. Mobilisée par un vrai pouvoir souverain européen dans le cadre d’une confiance restaurée, elle peut permettre un double effet positif et nécessaire : desserrer la dépendance des états auprès du système bancaire, et aussi lancer une vraie dynamique de sortie de crise pour l’emploi et l’économie.  Ce plan d’un montant jamais atteint devrait se fixer 10 objectifs vitaux :

    ÉNERGIE : plus économique, plus propre et écologique, plus indépendante. Partenariat avec nos cousins russes.

    TRANSPORTS : pour la partie intra européenne, une harmonie technique, et des moyens de transport plus rapides, moins chers. En revanche plus chers vers l’extérieur.

    DÉMOGRAPHIE : relance de la natalité, de l’adoption d’Européens, de la protection maternelle et infantile.

    PROTECTION DE LA FRONTIÈRE : moyens douaniers, policiers, diplomatiques et militaires pour une réelle protection de l’espace européen.

    MISE A NIVEAU ET CONVERGENCE. Ce que la France a su faire pour les Antilles ou Mayotte, l’Europe doit pouvoir le faire pour ses régions et pays à la traîne !

    HARMONISATION STRATÉGIQUE ET MILITAIRE. Un vrai projet de guidage par satellite par une refonte souveraine de Galiléo, le concurrent du GPS américain. Une mise en commun des potentiels stratégiques, militaires et de recherche.

    UN RÉSEAU UNIVERSITAIRE EUROPEEN : pas de diplôme d’études supérieures sans un an au moins dans un autre pays d’Europe. Erasmus multiplié par 10, c’est le moyen de passionner la génération montante pour un devenir commun.

    LOCALISME ET ORGANISATION DE LA PROXIMITE. Fiscalité favorable aux produits du cru et à l’embauche locale, labels de qualité, traçabilité totale particulièrement du halal, voilà des investissements favorables à l’écologie, la santé et l’emploi. Restauration systématique d’une terre vivante et d’une agriculture saine et pérenne.

    RE INDUSTRIALISATION après la spécialisation des productions à l’échelle mondiale, réapprendre à produire et former à des métiers disparus.

    RE MIGRATION et partenariats bilatéraux de développement et d’éducation. Aides aux micro-projets en vue du retour au pays. Formations orientées en vue d’une nouvelle migration pour la majeure partie des populations dans le cadre d’un vaste partenariat de développement entre l’Europe et l’Afrique.

    Dix orientations pour un vrai investissement massif et coordonné. Dix points clefs pour une vraie renaissance. Les peuples de notre continent, les français au premier chef ont l’avenir devant eux… s’ils le veulent bien.

    À l’heure où de provisoires et compréhensibles engouements portent tout un pan fragilisé des populations européennes vers les sirènes des souverainistes davantage porteurs de nostalgie que de vraie espérance, notre voie est toute tracée. Il nous appartient de construire cette Europe des peuples, cette Europe ni impérialiste ni ethno masochiste, cette Europe fière de son héritage et tournée vers son avenir, bref une Europe identitaire!

    Oui, on peut l’affirmer. Le monde d’après ne sera pas le retour au monde d’avant.

    Philippe MILLIAU

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  • Ce que valent les civilisations...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Dominique Venner, cueilli sur son site et qui prend pour point de départ la polémique sur les civilisations déclenchée par la "petite phrase" de Claude Guéant... 

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    Ce que valent les civilisations...

    Ce fut un beau vacarme ! Dans le vif de la campagne présidentielle, le ministre de l’Intérieur avait lâché une petite phrase destinés à faire grimper les sondages dans une opinion excédée par la présence islamique : « Les civilisations ne se valent pas… » La puissante coterie « culturelle » prit feu comme on l’attendait. Manquait cependant au chœur des indignés un très grand intellectuel, George Steiner, auteur récent d’une page admirative sur la Grèce antique : « L’incandescence de la créativité intellectuelle et poétique en Grèce […] aux Ve et VIe siècles avant notre ère, écrit-il, demeure unique dans l’histoire humaine. À certains égards, la vie de l’esprit n’a été ensuite qu’une copieuse note en bas de page. […] Le “politiquement correct” pénitentiel qui prévaut aujourd’hui et le remord du post-colonialisme aidant, il est délicat ne serait-ce que de poser les questions sans doute pertinentes, de demander pourquoi l’ardente merveille qu’est la pensée pure ne l’a emporté presque nulle part ailleurs (quel théorème nous est venu d’Afrique ?) (1) »

    De cette créativité exceptionnelle, les Européens ont hérité. Et cet héritage fut le socle de leur civilisation aujourd’hui fortement ébranlée, mais toujours apte à renaître comme plusieurs fois déjà au cours d’un très long passé. Cette espérance me venait à l’esprit en lisant l’ouvrage que vient de publier Paul-François Paoli, Pour en finir avec l’idéologie antiraciste (2). Chroniqueur au Figaro littéraire et auteur de plusieurs essais, Paoli cite d’ailleurs aussi l’extrait du livre de George Steiner auquel je viens de faire allusion.

    Dans le très complet et intelligent décryptage qu’il fait de l’idéologie antiraciste, Paul-François Paoli est en bonne compagnie, apportant une contribution originale aux réflexions développées par Alain Finkielkraut, Renaud Camus, Richard Millet et autres téméraires bretteurs. Il développe une analyse assez remarquable et très complète des causes intellectuelles et historiques qui ont fait de la France, au fil des siècles, la nation européenne la plus déracinée avant de devenir la terre d’élection de l’universalisme puis de l’antiracisme : « Fille aînée de l’Église, puis fille autoproclamée de la Raison avec Descartes, enfin pays des Lumières et de la grande Révolution, à chaque fois nous superposons au peuple français un principe qui en serait l’âme et l’emblème. C’est le fameux discours sur les “valeurs universelles” ». Les Français sont sans doute les seuls au monde avec les Américains à croire qu’un pays et un principe peuvent se confondre. S’ils le croient c’est que ce leur fut enseigné et répété sur tous les tons de génération en génération au point de s’inscrire dans leurs « représentations ».  Or, constate Paoli, à la suite de la décolonisation, on a vu se décomposer le grand récit que les Français avaient raconté au monde depuis quelques siècles. Le pays de Descartes et de la Raison, berceau des Lumières, s’imaginait vouée à être la nation exportatrice des idéaux universalistes de liberté, d’égalité et de fraternité. Ce grand récit, souligne Paoli, a atteint son apogée durant l’Exposition coloniale de 1931. Affreusement affaiblie par le bain de sang de 14-18, l’ex Grande Nation s’est mirée une dernière fois au spectacle de ses colonies. L’effondrement de 1940, la défaite de Diên Biên Phu et la perte de l’Algérie ont scellé la fin de cette illusion. Et pourtant, « nous continuons d’imaginer que nous avons un “message” à délivrer à l’humanité, de Mayotte à l’Afghanistan en passant par la Lybie… » Nous n’avons pas compris que le projet utopique d’unification de l’humanité issu du message chrétien et de la Révolution française, n’intéressait plus personne, pas plus les Chinois que les Musulmans. Après la fin de la guerre d’Algérie, ce qui subsistait de ces idéaux a servi de terreau à l’idéologie antiraciste, instrument du « grand remplacement » décrit par Renaud Camus. Avec un rare courage, Michèle Tribalat, directrice de recherche à l’Institut national d’études démographiques (INED) a décrit de l’intérieur la logique du système : « La réalité, la mise en évidence des faits ne comptent guère. […] Travailler sur l’immigration, c’est partir en mission contre ceux qui pensent mal. […] L’antiracisme idéologique structure l’expression savante et ordinaire sur l’immigration (3) ». Il en était ainsi dans le système soviétique avant son effondrement soudain. La réalité du socialisme ne pouvait être ce que chacun pouvait observer. La perception des victimes était fausse et réactionnaire. On sait ce qu’il est finalement advenu de ce tripotage après 1989.

    Dominique Venner

    (www.dominiquevenner.fr, 28 février 2012)


    Notes

    1. George Steiner, La Poésie de la pensée, Gallimard, 2011.
    2. Paul-François Paoli, Pour en finir avec l’idéologie antiraciste, François Bourin Editeur, 180 p., 20 €.
    3. Michèle Tribalat, Les Yeux grands fermés, l’immigration en France, Denoël, 2010.
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