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Points de vue - Page 378

  • Quel jeu pour l'hyperclasse en 2012 ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue intéressant de Georges Feltin-Tracol, cueilli sur le site Europe maxima, dans lequel il analyse les stratégies qui pourraient être celles de l'hyperclasse (ou des élites mondialisées, comme dirait Eric Zemmour) dans la perspective des élections présidentielles. Animateur du site Europe Maxima, Georges Feltin-Tracol a publié deux recueil d'articles aux éditions Heligoland : en 2009, Orientations rebelles, et en 2011, L'Esprit européen entre mémoire locale et volonté continentale.


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    Le jeu de l'hyperclasse pour 2012

    Il ne fait guère de doute que 2012 sera une année décisive. Non pas parce qu’elle marquerait la « fin du monde » selon une prédiction du calendrier maya, mais plus sûrement parce que cette année connaîtra des élections présidentielles en Chine, aux États-Unis, en Russie, au Venezuela, au Mexique et en France. Du fait de ces échéances cruciales et des effets durables d’une crise économique féroce, l’hyperclasse se montre attentive à l’évolution politique de ces pays, Hexagone compris…

     

    L’« hyperclasse » : un ensemble composite

     

    Désignée d’abord par Christopher Lasch en tant que « Nouvelle Classe » (1), puis définie comme une « Oligarchie » transnationale, l’hyperclasse est un ensemble mondialiste fortuné, richissime même, qui veut imposer sa domination sur les États au moyen des médias, des marchés et de la dette souveraine (bel oxymore !). Rapportant les conclusions d’une étude de trois chercheurs suisses mise en ligne sur Plos One, Emmanuel Ratier évoque dans son excellente lettre confidentielle « une “ super-entité économique dans le réseau global des grandes sociétés ” […]. Sur ces 147 firmes, les trois quarts appartiennent au secteur financier. Il existe donc un véritable “ syndicat caché ”, un “ État profond ” de la finance apatride et cosmopolite, qui contrôle l’essentiel de l’économie […]. Les liens entre ces dirigeants, ces “ traders ” vedettes et les gouvernements font qu’il s’agit d’un petit milieu très étroit, où les modes, les erreurs, les alliances font qu’une seule décision (en particulier une mésestimation ou une erreur) peut avoir des conséquences colossales sur l’ensemble du système (2) ». Dans L’oligarchie au pouvoir, Yvan Blot examine son pendant hexagonal qui « comporte les dirigeants des intérêts économiques les plus divers, grand patronat, grands syndicats, associations diverses souvent prétendument à but non lucratif mais à activités souvent affairistes, lobbies ethniques poussant leurs avantages, etc. Ce socle est très important car il sert souvent de base financière aux autres parties de l’oligarchie (3) ». Il y intègre aussi sous ce terme générique la « caste » médiatique, les « autorités morales », les politiciens et les appareils bureaucratiques.

     

    Unie par des valeurs communes, les mêmes codes culturels et des endroits identiques (Davos), l’hyperclasse n’en demeure pas moins un groupe hétérogène parcouru par des antagonismes parfois vifs en raison des sensibilités nationales, des contentieux économiques, des inimités personnelles. Nul n’ignore que deux des plus grandes fortunes françaises, François Pinault et Bernard Arnault, ne s’apprécient guère… « On croit que le libre-échange globalisé a engendré une oligarchie transnationale, prévient Emmanuel Todd. Parce qu’on fait abstraction des facteurs culturels, on ne voit pas qu’il existe plusieurs oligarchies dont les relations sont structurées par d’implacables rapports de forces. La spécificité de l’oligarchie française, c’est sa proximité avec la haute administration. Les membres ont souvent étudiés dans de grandes écoles – sans forcément être des héritiers -, parlent en général très mal l’anglais, sont incroyablement français dans leurs mœurs et n’en finissent pas de se faire rouler par les vrais patrons, l’oligarchie américaine. La soumission à Standard & Poor’s et Moody’s est une soumission à l’oligarchie américaine. Quant à l’oligarchie allemande, nouvelle venue dans le système de domination, elle s’habitue ces jours-ci à traiter les Français comme de simples vassaux. Le charme singulier de l’oligarchie chinoise est son étroite intrication avec le Parti communiste. La plupart des analystes passent à côté de cette hétérogénéité (4). »

     

    L’hyperclasse, pour le moins la part qui s’intéresse à l’Europe,  s’inquiète de la montée du « populisme », en particulier en France, vieille terre de jacqueries, d’émeutes et de révolutions. Elle craint qu’une éventuelle vague populiste n’affecte durablement son ascendance. Elle s’emploie à conjurer ce risque en s’assurant d’une maîtrise certaine des événements. Longtemps, son champion à la course élyséenne destiné à remplacer l’actuel locataire déconsidéré et dévalorisé, fut Dominique Strauss-Kahn. Au printemps 2011, quelques sondages mettaient Marine Le Pen en tête du premier tour. Cette véritable manœuvre de guerre « psychologique et médiatique » prévoyait d’écarter du second tour Nicolas Sarközy et d’assurer ainsi une large victoire « républicaine » et pseudo-consensuelle à D.S.K. Cependant, un regrettable événement hôtelier survenu à New York ruina la belle mécanique. Dépitée et résignée, la « ploutocratie » a réparti son soutien entre Sarközy, François Hollande et François Bayrou qui assume sans complexes sa foi envers la présente politogénèse européenne mondialiste.

     

    Dans Le Point, Emmanuel Todd relève que « l’oligarchie se comporte comme une classe sociale, mais en même temps on sent en elle de l’irrationalité et même un vent de folie collective (5) ». Il estime par ailleurs que « le monde de l’oligarchie est un monde de pouvoir et de complots (6) ». Sans verser dans le délire conspirationniste, on peut néanmoins supposer qu’une faction de l’hyperclasse, redoutant un déchaînement incontrôlable de colères populaires suite aux méfaits de la crise, choisirait par défaut… Marine Le Pen !

     

    La ploutocratie contre les élections

     

    Soyons précis. La présidente du Front national n’est pas la candidate de l’hyperclasse, mais il est envisageable qu’une tendance, minoritaire, des « élites mondialisées » parie sur son hypothétique élection dans le dessein machiavélique de montrer aux peuples récalcitrants, aux Français d’abord, qu’il n’y a aucune alternative possible hors de la voie qu’elles ont préparée.

     

    Certes, la plus grande majorité des oligarques espèrent un second tour entre François Hollande et Nicolas Sarközy. Toutefois, le grain de sable n’est pas à exclure. Les électeurs français réfractaires aux injonctions médiatiques risqueraient de bouleverser le bel ordonnancement prévu, ce que les « pseudo-élites » détestent. Pour éviter toute perspective de nouveau « 21 avril 2002 » (à l’endroit ou à l’envers, peu importe), le plus simple serait d’empêcher la candidature de Marine Le Pen, perçue comme l’avocat radical du « petit peuple ». On sait que Jean-Marie Le Pen a toujours eu de très grandes difficultés pour récolter les cinq cents parrainages obligatoires. L’intercommunalité, le poids financier du département et de la région, l’influence de la partitocratie et le rôle délétère des médias mettent une incroyable pression sur les maires des communes rurales et des petits bourgs urbains. Incapable de réunir les signatures nécessaires, Marine Le Pen ne pourrait pas postuler à la magistrature suprême sans que les règles démocratiques ne soient formellement violées. Autre supposition : Marine Le Pen parvient à rassembler les parrainages indispensables. Sa candidature est cependant invalidée par le Conseil constitutionnel. Les hiérarques du Palais royal reviendraient sur leur jurisprudence de 1974 quand leurs prédécesseurs entérinèrent après débat la candidature du royaliste de gauche Bertrand Renouvin. Ils se justifieraient au nom du respect des traités européens et de l’abolition constitutionnelle de la peine de mort alors que Marine Le Pen prône la sortie de l’euro et propose un référendum sur le rétablissement de la peine capitale. Une décision pareille provoquerait en retour le mécontentement des électeurs et, peut-être, le début d’un « printemps tricolore » en écho aux révolutions arabes de 2011…


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    Si ces entraves ne se produisent pas, une infime minorité de l’hyperclasse estime vraisemblable que Marine Le Pen arrive au soir du 22 avril 2012 première ou seconde, puis remporte – à la surprise générale – l’élection. Mieux, dans la foulée et dans la logique institutionnelle de la Ve République, une nouvelle majorité présidentielle – frontiste ou lepéniste – gagnerait une confortable majorité à l’Assemblée nationale. Commencerait alors le subtil et pernicieux travail d’étouffement des oligarques.

     

    En effet, quand bien même une large majorité de députés suivrait la nouvelle présidente de la République, celle-ci se retrouverait cernée. Au-dessus d’elle la surplomberaient des « surveillants supranationaux » : l’O.N.U., l’O.M.C., l’O.T.A.N., l’Union européenne, la Cour européenne des droits de l’homme et le Conseil constitutionnel. Son gouvernement devrait composer avec un Sénat de gauche, la totalité des collectivités territoriales aux mains de l’opposition U.M.P.S. et l’hostilité des syndicats, de la magistrature et du Conseil d’État. Le pays serait en proie à des grèves générales pénalisantes pour la population. Par ailleurs, tout le système médiatique contesterait les moindres faits et gestes des membres de la nouvelle majorité (la campagne de presse contre les vacances tunisiennes de Michèle Alliot-Marie passerait alors pour une aimable réprimande…) et pratiquerait une large désinformation contre le pouvoir. Enfin, la haute-administration, gangrenée par des réseaux enchevêtrés d’intérêts catégoriels discrets, freinerait, retarderait, bloquerait les décisions précises au point de gripper l’appareil d’État. Dans les ministères, ce sont les fonctionnaires qui dirigent, pas les ministres. Yves Blot mentionne une anecdote révélatrice quand il était député R.P.R. du Pas-de-Calais lors de la Ire Cohabitation (1986 – 1988). Invité avec d’autres collègues de la majorité au ministère du Budget détenu par Alain Juppé pour suggérer des réformes, « on fait le tour de table et Juppé se tourne vers son conseiller fiscal, un haut fonctionnaire venant de la direction générale des impôts du ministère des Finances. “ Alors ? Que pouvons-nous réformer ? ” Réponse : “ Rien, Monsieur le Ministre. Toutes les propositions des députés sont en contradiction avec la doctrine de la direction ”. Là-dessus Juppé nous quitte et lance à son conseiller : “ Réfléchissez, vous changerez peut-être d’avis pour faire certaine réforme ”. Réponse du conseiller : “ Certainement pas, Monsieur le MInistre ! ” Je vais voir Juppé et je lui dis : “ Ton conseiller est    arrogant ! Tu ne vas pas le suivre ? ” “ Écoute, me répond-il : tu connais l’administration. Si je ne lui obéis pas, je ne contrôlerai plus aucune manette dans ce ministère ! ” (7) ». En 1995, Alain Madelin dut batailler ferme pour enfin savoir la rémunération des responsables des services de Bercy ! On les lui remit avec maintes précautions sur du papier spécial non photocopiable (8)…

     

    Médias, fonctionnaires, juges, syndicats et politiciens profiteraient de cette chienlit pour dénoncer l’incompétence et l’amateurisme des nouveaux dirigeants. Des pénuries de carburant, d’énergie, de produits de première nécessité surgiraient alors. Des violences (émeutes dans les banlieues, sécession de certaines collectivités au nom de l’« anti-fascisme » réactivé), fomentées par des officines clandestines spécialisées liées à des services spéciaux étrangers (étatsuniens, britanniques, allemands, algériens, chinois, israéliens…), plongeraient la France dans une subversion généralisée. Au bout de quelques mois ou années (mais pas cinq ans !), Marine Le Pen, désavouée, se verrait obligée de démissionner.

     

    Un pari oligarque risqué

     

    Une dernière hypothèse serait aussi plausible. Supputant sur le pragmatisme intéressé et l’attrait des palais officiels, l’Oligarchie pourrait tabler sur les précédents péruviens d’Alberto Fujimori entre 1990 et 2000 et d’Ollanta Humala en 2011, ou équatorien de Lucio Gutierrez en 2002 – 2005 et espérer un ralliement – contraint et forcé ? – de la nouvelle élue au Diktat du F.M.I., de la Banque mondiale et de l’hyperclasse.  Il en résulterait un immense désarroi des Français et une grande désaffection au profit de l’abstention, neutralisant ainsi des suffrages potentiellement contestataires.

     

    Ravie par cette élection, génératrice de désordres, et le travail de sape inhérent, l’hyperclasse pourrait favoriser un gouvernement de techniciens et d’« union républicaine » comme en Grèce avec Lukas Papadémos et en Italie avec Mario Monti. François Fillon, Martine Aubry ou même Jean-Claude Trichet s’installerait à l’Élysée ou à Matignon. L’hypothèse populiste française serait enfin levée pour le plus grand bonheur des ploutocrates et le grand malheur des Français désespérés.

     

    Mais ces circonstances dramatiques peuvent au contraire renforcer la ténacité de l’équipe dirigeante. Détentrice de la légitimité et seule capable de déterminer la situation d’exception, elle pourrait contrarier leurs projets par le recours à l’article 16 de la Constitution de 1958 ou la réalisation d’un coup d’État. La France n’est pas une terre de putschs. Seuls ceux organisés par l’exécutif ou des membres éminents de l’exécutif ont été des succès : Maupeou sous Louis XV en 1771, Napoléon Bonaparte les 18 et 19 brumaire an VIII, le Prince-Président Louis-Napoléon Bonaparte le 2 décembre 1851. Avalisé ensuite par une consultation populaire, le coup de force salutaire serait une prompte réponse aux menées oligarchiques. Quant aux pressions extérieures, la France dispose encore du droit de veto au Conseil de sécurité de l’O.N.U. et de la force nucléaire…

     

    Tous ces scenari appartiennent pour l’instant à de la politique-fiction. Rien ne présume que la France s’achemine à quatre mois de l’échéance présidentielle vers les tempêtes ainsi décrites. Tout annonce plutôt un duel Sarközy – Hollande. N’oublions pas toutefois que les présidentielles françaises ont toujours été propices à l’inattendu.

     

    Georges Feltin-Tracol (Europe maxima, 1er janvier 2012)

     

    Notes

     

    1 : En lançant cette expression de « Nouvelle Classe », Christopher Lasch avait peut-être à l’esprit les écrits dissidents du Yougoslave Milovan Djilas et du Soviétique Mikhaïl Voslenski qui disséquait la Nomenklatura communiste. L’hyperclasse est aujourd’hui la Nomenklatura de l’Occident mondialisé.

     

    2 : Emmanuel Ratier, dans Faits & Documents, n° 327, du 15 décembre 2011 au 15 janvier 2012, p. 8.

     

    3 : Yvan Blot, L’oligarchie au pouvoir, Paris, Économica, 2011, pp. 81 – 82.

     

    4 : Emmanuel Todd, « Annulons la dette du Vieux Monde ! », entretien, Le Point, du 1er décembre 2011.

     

    5 : Idem.

     

    6 : Id.

     

    7 : Yvan Blot, op. cit., p. 89.

     

    8 : Cette anecdote a été racontée par Jean Arthuis, sucesseur au ministère de l'économie, en 1995, de l'éphémère Alain Madelin... (Note de Métapo infos)

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  • Le philosophe, le voyou et le légionnaire...

    Nous reproduisons ci-dessous un très beau texte de Michel Lhomme, cueilli sur le site Theatrum Belli. Professeur de philosophie, Michel Lhomme collabore régulièrement aux revues Eléments et Nouvelle Ecole.

     

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    Le philosophe, le voyou et le le légionnaire

     

    "Le guerrier est grand non parce qu’il tue, mais parce qu’il meurt. Ou parce qu’il sait qu’il va mourir et y consent, et que ce n’est pas si simple que cela, d’accepter de mourir".                                                                   

    Charles Péguy.

     

    Pour trop d’éducateurs formatés, il y aurait une incompatibilité entre l’institution militaire et l’enseignement philosophique et l’image commune de l’enseignant de philosophie demeurerait celle d’un libertaire crasseux ou d’un anarchiste névrosé, réprouvant l’ordre et la discipline et enseignant à ses élèves la révolte et l’insoumission. Pourquoi ?

    La philosophie en appelle à la pensée et comme aimait à le répéter le vieux radical Alain, "penser, c’est dire non". On imagine le philosophe nihiliste, ami des délinquants et copain des voyous. Disons-le de suite, au risque de déplaire, il y a un peu de vrai dans l’image. Le premier acte mythique d’Apollon, dieu de la parole, fut de cracher dans la bouche de son premier devin. L’attitude philosophique consiste à s’arrêter en face de faits qui vont apparemment de soi et à les remettre en question. Remettre tout en question, ce n’est pas, on le comprendra aisément, la tasse de thé des officiers, fussent-ils anglais, comme des policiers ! Le nouvel enseignant de philosophie qui débarque dans un lycée militaire, semble demeurer une source d’inquiétude pour son proviseur. Pourtant, on imagine mal s’en prendre dans les lycées à la philosophie alors que tout à l’extérieur conspire à anéantir l’esprit critique des étudiants. La philosophie risque même d’être, dans le désarroi général des pédagogies de la compétence, des psychologies de la résilience, et des accompagnements personnalisés, le seul espace, l’unique espoir de stimuler le désir d’en savoir plus, par l’aiguillon de la parole et le retour sur soi, une primitive méditation qui ferait découvrir, au seuil de chaque classe franchie, l’émerveillement de l’intellect et la stupéfaction de la connaissance. Une fois sorti de la tourmente de l’interrogation et du refus, le regard du jeune sceptique s’illumine en comprenant que toute l’éducation ne vise qu’à bien savoir conduire sa vie, à faire percevoir ce que nous sommes destinés à devenir, à combattre.

    On pourrait rédiger une longue étude sur cette puissance formatrice de la formation littéraire classique, mise au sommet de notre éducation au moment précis de la déthéologisation révolutionnaire. Pour instaurer l’école laïque, on introduisit l’enseignement philosophique comme une rhétorique moralisatrice qui prétendait se substituer à la religion. Une éloquence conceptuelle supplanta l’éloquence jésuitique devenue trop littéraire et latine. Les professeurs de philosophie endossèrent alors sans le dire le manteau des grands prédicateurs et des grands prêcheurs pour éduquer et moraliser les apprentis citoyens.

    Pourtant, face à face, sur l’échiquier de la vie et au fond de la classe, on retrouvait, souvent, côte à côte le voyou et le futur légionnaire. Le voyou se plonge dans le refus et la négation parce qu’en réalité, il n’acquiesce qu’à lui-même. Le légionnaire se sacrifie, il passe Noël loin des siens et même pour certains, - requiescat in pace, pax animae suae - ne finissent pas l’année parce qu’ils obéissent sur le front en se refusant à eux-mêmes. Le voyou et le légionnaire posent le plus fort des dilemmes qui se pose à un homme : devons- nous supporter ou nous surmonter et comment ? Par les sens, ou par la transcendance ? En fait, nous n’avons rien d’autre à tester que cette double possibilité : peser et penser par les sens ou par la transcendance ! Supporter ou se surmonter comme méthodologie de la liberté, doigt militarisé sur la couture du pantalon avec le sens canaille de la magnanimité et de la gâchette ou l’esprit rebelle du règlement de compte au pied d’une barre d’immeuble désaffecté de Marseille.

    Le travail philosophique est artisanal. Il n’a rien du professionnalisme des armées. Pour le voyou, la philosophie n’apporte rien d’autre que l’art de retrouver la bonne voie, la rectitude c’est-à-dire la joie même du refus initial. Cette notion de liberté fondamentale qu’est la liberté de vouloir est le plus souvent un mot galvaudé. Généralement pour l’homme non-philosophe, la « vraie » liberté, celle qui a un sens, c’est l’ensemble des libertés d’agir. Et, l’éducation n’est devenue justement que cela, une somme de libertés d’agir, de revendications stridentes, de droits affichés au détriment des devoirs, des politiques éthiques construites au gré de lois mémorielles qui muent les oublis en délits véritables ? Quand allons-nous enfin nous « surmonter », apprendre à chevaucher des cavales rétives et des étalons sauvages, réentendre le bruit de sabots d’une horde de chevaux qu’on rentre au haras, après un pari européen victorieux ?

    Dans ses Principes de la Guerre, le maréchal Foch écrivait qu’"être discipliné ne veut pas dire encore se taire, s’abstenir ou ne faire que ce que l’on croit pouvoir entreprendre sans se compromettre, l’art d’éviter les responsabilités, mais bien agir dans le sens des ordres reçus, et pour cela trouver dans son esprit, par la recherche, par la réflexion, la possibilité de réaliser ces ordres ; dans son caractère, l’énergie d’assurer les risques qu’en comporte l’exécution" (1).

    Le voyou, la caillera qui fuit la peur au ventre avec son scooter dans les parkings de la cité pour échapper aux flics après un larcin, le militaire engoncé dans son char ou son matériel sur une route cabossée et poussiéreuse de Kapisa, connaissent quelque chose de la vie, cette correspondance si étroite entre le corps et l’âme, ce mariage si problématique qu’on ne saurait sous la peau distinguer l’un de l’autre puisqu’il faut bien, au final, ramener l’âme au corps comme on ramène à la caserne son camarade blessé pour lui sauver la peau, oui, et, risquer sa peau. Dans la peur, le jugement se perfectionne et l’âme se raffermit. Quand le choc des armes brise le corps et paralyse les membres, la raison chancelle, l’esprit et la langue s’embarrassent. Tout s’affaisse à la fois et manque sa cible.

    La philosophie n’enseignerait que la force du refus et mesurerait par cette force de résistance aux penchants du corps les degrés variables de la qualité des âmes. C’est l’image d’Alexandre le Grand : à la traversée d’un désert, l’empereur macédonien, mourant de soif reçoit un casque plein d’eau. Boire, tremper ses lèvres, avaler une gorgée, tel est le désir d’Alexandre le plus naturel et le plus pressant. Or, Alexandre ne boit pas, ne boira pas. Il n’aura pas l’indécence d’étancher sa soif devant son armée, tout autant assoiffée que lui. Il est empereur et seul peut être autorisé à gouverner celui qui se gouverne lui-même. Ce fut d’ailleurs la leçon indirecte de l’affaire DSK : la providence écarte naturellement l’homme injuste. Alexandre s’interdit de boire car il sait qu’on ne peut pas légitimement demander aux autres plus qu’on ne se demande à soi-même. Ainsi, Alexandre, formé par Aristote, peut-il être conducteur d’hommes, ainsi pourra-t-il obtenir d’eux le courage de marcher malgré les affres de la soif et de la chaleur, des vapeurs et des mirages du désert. Le geste d’Alexandre force l’estime des soldats mais aussi l’estime qu’Alexandre peut avoir pour lui-même. Dans ce déploiement de la force d’âme formée philosophiquement, l’empereur fait resplendir les valeurs morales au nom desquelles s’effectue la vertu. Alexandre, c’est la vertu du légionnaire.

    Reste la racaille, la "caillera", la petite frappe, le bouffon. Il se laisse aller, il n’est heureux ou malheureux que selon que les choses qui lui surviennent, selon qu’elles sont, pour lui, agréables ou déplaisantes. Il a l’esprit du système du corps pas celui de corps. Finalement, il est conformiste dans l’art du consommable malgré la force de refus que nous avions cru pouvoir déceler en lui un peu plus tôt, au début, lorsqu’il se mettait au fond de la classe. On comprend que tous les hommes ont cette force de refus mais que tous n’ont pas le même courage et n’en font pas du tout le même usage. Il y a ceux qui l’exercent avec droiture et ceux qui, par lâcheté ou pour n’avoir pas reçu d’enseignement philosophique, manquent d’âme. On n’a pas par nature une âme de lâche ou de courageux mais on fait preuve dans l’acte de courage ou de lâcheté. Et cela ne va pas sans une éducation nécessaire de la volonté, sans l’apprentissage par des exercices spirituels et moraux.  La volonté n’est pas un effet de mère nature mais elle est une conquête de la volonté raisonnable et réfléchie, une conquête intellectuelle par l’action et pour l’action. En ce sens, la formation philosophique de l’âme est pragmatique et non pas imaginaire, comme si elle aurait pu être, telle la position critique et bien naïve des déconstructeurs postmodernes, qu’un rapport imaginaire à soi-même, l’effet d’affects morbides ou le résultat de stratégies sociales de pouvoir, acharnées à discipliner et à réprimer l’énergie désirante.

    L’expérience du philosophe, du voyou et du légionnaire est une attention équivoque au terrain des expériences de la vie, à toutes ces expériences bigarrées qui ne se vivent que comme un affrontement de tensions contradictoires, de déchirements internes entre des postulations opposées, horizontales ou verticales, descendantes ou ascendantes. Tout homme parce qu’il a forcément, un jour, un peu trop bu, a eu l’expérience de ce genre de débat interne, il a connu les affres du désir et c’est peut-être pour en rendre compte que toute une tradition orale et vivante de la transmission philosophique ne cesse de se dérouler, dans certains cours, à la fois comme une transmission psychique et une tradition somatique. Concevoir le vrai de l’homme dans l’unité de forces physiologiques contradictoires, de dimensions psychiques hétérogènes résumerait alors en soi tout le projet philosophique. Mais alors comment puis-je être à la fois le voyou et le légionnaire, celui qui a soif et celui qui s’interdit de boire, celui qui s’irrite et celui qui garde son sang froid ? Il y a là, pour le philosophe et l’officier commandeur d’hommes, une étrangeté typique de l’humanité. De fait, sous l’empire de la soif, l’animal boit ou meurt ; sous l’empire de la peur, il fuit. Le courageux, au contraire, met en œuvre une force qui domine la peur, contrôle le tremblement nerveux et s’avance fermement au devant du danger, fut-il légal ou illégal.

    Finalement, le voyou et la racaille incarne, par son absence de contrôle, la figure déchue du commerçant, le légionnaire, celle noble du guerrier, du templier fondateur d’empires européens.  Le philosophe porte trace du clerc célibataire et inutile, dernier témoin de l’école de la discipline civique, bouclier ultime contre la rébellion que la "caillera", au contraire du légionnaire, n’hésitera pas à poignarder, dans une scène hallucinée, comme un pistolet pointé contre tous les manuscrits en menace de l’agonie littéraire. L’agonie, l’agôn, le mot signifie, originellement, lutte et combat. Ce peut être un combat hilarant mais aussi un ring déchirant contre les mots et les choses qui s’enfuient. La leçon du voyou et du légionnaire : il n’y a pas de compréhension possible du monde ;  il n’y a qu’un usage sans cesse recommencé et aléatoire du monde. La connexion entre les deux ne tient que de l’antagonisme, dans l’aveuglement du rêve qu’ils poursuivent gaiement.

    Le philosophe souffre parfois de terribles maux de têtes. Il ne peut ni dormir ni écrire, expérimentant pendant quelque temps la douleur de l’incompréhension de nombreux textes à déchiffrer. Cette douleur mentale, faite aussi de migraines médicales, lui permet de parvenir à séparer sa tête de soi-même. Platon, Hegel et Marx ont souvent ironisé sur cette tête à l’envers du penseur mais cette douleur devient indissociable de ce qui lui arrive dans la vie comme une sorte d’instinct paranoïaque. Le voyou exhale dans le crime une forme de puissance alors que la meilleure chose à faire est de s’offrir à l’action aussi pure que possible.

    Nous ne saurions pardonner à toute la classe politique d’avoir engendré de la boue pour des générations à venir. La rébellion et le sacrifice sont des distorsions mais ils continuent de tenir du beau et du vrai alors que les politiques ne produisent que du chagrin, de la déception, de l’injustice et de la cruauté. En face, la philosophie est militante dans son exigence à la fois héroïque et sacerdotale de poser la destinée humaine comme ouverte et tragique.

    Michel LHOMME, professeur de philosophie (Theatrum Belli, 2 janvier 2012)

    (1) Maréchal Foch, Des principes de la guerre, Paris, Berger-Levrault et Cie, 1903, p. 94

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  • Pépites d'actualité...

    Nous reproduisons ici le bloc-notes de Maurice Gendre, cueilli sur le site Scriptoblog - le Retour aux sources. Des sujets de réflexion opportuns...

     

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    Le bloc-notes de Maurice Gendre

    Suffrage censitaire

    Cela devient une habitude au PS. Après avoir fait payer un euro les électeurs de la primaire socialiste, les caciques du parti de la rose au poing avancent désormais comme argument pour faire avaler la couleuvre du droit de vote des étrangers aux élections locales, qu'ils sont nombreux parmi ces derniers à payer des impôts.
    Pour mémoire je rappelle aux socialistes qu'un grand nombre de Français sont non-imposables.  Alors si on pousse la logique socialiste jusqu'au bout que fait-on pour ces derniers ? On leur retire leurs droits civiques ?
    Avant de sortir de telles inepties, totalement hors de propos, les socialistes feraient bien de tourner sept fois leur langue dans la bouche.
    Sur le fond, il est profondément dangereux et contre-nature de séparer citoyenneté et nationalité. Mais une telle démarche s'inscrit dans le "changer de civilisation" chère à Martine Aubry. Inconsciente du fait qu'il faudrait plutôt sauver ou préserver la civilisation.
    En ce qui concerne les ridicules élections zéropéennes, rien d'étonnant à ce que les ressortissants communautaires puissent voter, cela correspond parfaitement à la volonté des technocrates bruxello-maastrichtiens de creuser un fossé de plus en plus grand entre le principe de citoyenneté et le sentiment d'appartenance nationale.
    Autre élément : ceux qui prétendent que le droit de vote des étrangers aux élections locales n'aurait aucune incidence grave ferait bien de regarder de plus près comment les Tunisiens vivant en France ont voté lors de la première consultation électorale post-Ben Ali.
    La formation de listes ethniques, communautaires et/ou confessionnelles n'est absolument pas à exclure.
    Enfin, personne ne devrait omettre de préciser que les élus locaux votent pour les élections sénatoriales. Or, les sénateurs élisent par la suite un président du Sénat (le Plateau). Président du Sénat qui devient le deuxième personnage de l'Etat et qui est appelé à remplacer le Président de la République à la plus haute fonction en cas de décès par exemple. Et ce le temps qu'une nouvelle élection présidentielle ne soit organisée.
    Vraiment sans conséquence le droit de vote des étrangers aux élections locales ?

    Turquie néo-ottomane

    Stratégie de puissance, Islam comme ciment identitaire, renvoi de l'armée dans ses casernes (après 4 coups d'Etat entre 1960 et 2002!), résurrection de la politique du Grand-Turc sont les signes d'un retour en force de "l'esprit ottoman".
    Erdogan, Gül et Davutoglu sont très certainement parmi les trois hommes politiques les plus intelligents et les plus talentueux de notre époque.
    D'un cynisme froid, ne mettant jamais tous leurs œufs dans le même panier, obsédés (à juste titre) par la "realpolitik", n'hésitant pas à abandonner leurs "amis" quand ils estiment que leurs intérêts sont en jeu (leur trahison envers Bachar est à cet égard très éclairante), utilisation de la diaspora en Europe à des fins de politique interne mais également d'expansion (comparaison par Erdogan de l'assimilation souhaitée par les autorités allemandes à un crime contre l'humanité), il est peu de dire que les autorités turques font preuve d'un réalisme redoutable et sans scrupules.
    Une leçon à méditer pour les Bisounours de l'Union européenne lorsqu'ils poursuivront leur discussion sur l'entrée de la Turquie dans l'UE.

    Ouverture à l'autre

    Les sapins ou les crèches qui ont été retirés de divers endroits en Europe et en Amérique du Nord pour ne pas "heurter les sensibilités minoritaires" confirment parfaitement une chose.
    Leur "ouverture à l'autre" n'est qu'une feuille de vigne, un cache-sexe.
    Elle n'est qu'une formule polie et galante pour masquer une réalité fort peu reluisante, en l'occurrence le reniement de soi et le piétinement des valeurs.

    Maillon faible : l'Idéologie

    Rarement une émission de télévision aura su mieux résumer l'Idéologie archi-dominante de l'époque.
    Le maillon faible d'abord. Il doit être éliminé sans ménagement. Aucune pitié. Il doit être évincé sans remords.
    Aucune compassion pour la personne fragilisée et dans la difficulté. Darwinisme social.
    Le meilleur ensuite doit être sacrifié. Les autres se coalisent contre lui pour l'empêcher d'atteindre la victoire. Après leur avoir permis d'amasser suffisamment d'argent tout de même... Utilisation sans vergogne des capacités de l'Autre pour maximiser son propre profit.
    Refus de toute élévation et d'être entraîné vers des plus hauts sommets par quelqu'un de meilleur que soi.
    Tentation de l'entre-soi : une armée de médiocres se constitue dans le seul et unique but de récolter la plus grosse somme d'argent.
    Attention il s'agit bien de "gens médiocres" et non pas de "gens ordinaires", chose qui serait formidable.
    Anéantissement des solidarités, égoïsme érigé en mode d'action, course effrénée au fric, nivellement par le bas, petitesse, mesquinerie, avidité sans limite, l'Autre vu comme une simple variable d'ajustement, abandon de l'entraide.
    Tout y est.

    La mediasphère contre Ron Paul

    Depuis le début de la campagne du Grand Old Party, tous les artifices possibles et imaginables, toutes les candidatures montées en épingle n'ont eu qu'un seul objectif : barrer la route au Congressiste texan.
    On a d'abord eu Mitt Romney, puis Michele Bachmann, suivie de près ou en même temps on ne sait plus par Rick Perry, ce fut ensuite le tour de l'impayable Herman Cain, puis le retour du vieux coucou Newt Gingrich.
    Ron Paul restant depuis le début et dans toutes les consultations (straw poll ou sondages trafiqués) le Poulidor de cette campagne.
    Alors que la primaire démarre réellement dans quelques jours dans l'Iowa, Romney a de nouveau été sorti du placard pour être placé en position de favori juste devant... Ron Paul. Pardi!
    Il faut dire que la nullité crasse, l'incommensurable bêtise, l'inculture, la malhonnêteté et l'incompétence des autres prétendants ont très vite éclaté à la figure de tout le monde. Les baudruches ont vite dégonflé.
    Ron Paul paie évidemment son refus des différentes guerres voulues par le complexe militaro-industriel, mais plus que cela c'est son opposition farouche à la politique menée par Bernanke et son prédécesseur Greenspan à la tête de la Fed qui lui vaut d'être dans l’œil du cyclone.
    Comme les opérations "candidats pare-feux" n'ont guère fonctionné, il faut désormais glisser des peaux de banane sous les pieds du gynécologue de profession. Dans la presse américaine, The New Republic, ressort opportunément des accusations de racisme jamais étayées et brocarde "le penchant de Ron Paul pour les théories conspirationnistes". Bouh le salaud !
    Le journaliste James Kirchick rappelle notamment les positions iconoclastes du Congressman sur le 11-Septembre. C'est vrai comment peut-on avoir une imagination aussi fertile et délirante et oser briguer l'investiture suprême. Comme chacun sait les autorités n’œuvrent que pour le Bien commun...
    Autre reproche formulé : l'attention toute particulière portée à l'Etat hébreu dans un ancien bulletin d'informations tenu par des proches de Ron Paul. Quelle faute de goût! Quel manque de tact évident! On pouvait y lire cette dénonciation des saynanim: « Des dizaines de milliers d'amis d'Israël bien placés dans tous les pays qui sont prêts à travailler pour le Mossad dans leur domaine d'expertise ». Kirchick rappelle aussi qu'en 1994, Ron Paul suspectait les services de renseignement israélien d'être derrière le premier attentat du World Trade Center en 1993. Où Ron Paul va-t-il chercher tout ça, on se le demande...
    La presse française, le Monde en tête, qui a toujours les yeux de Chimène pour Obama, se contente pour le moment de railler l'ascétisme forcé des militants du candidat (bannissement de l'alcool et du sexe, on cache les tatouages) et de reprendre à son compte les griefs de Kirchick à l'encontre de Paul (rue89 par exemple).
    Gageons que la presse française, à l'instar de sa frangine d'Outre-Atlantique, saura être à la hauteur de sa réputation pour dézinguer dans les prochaines semaines ce possible adversaire de son chouchou Obama et qu'elle n'hésitera pas à employer toutes les ignominies possibles, si elle sent que le vent est un peu trop favorable au Dr Paul, y compris dans l'opinion publique française.

    Mondialisme : SIDA mental ou maladie opportuniste ?

    C'est un peu l'histoire de la poule et de l’œuf.
    Le mondialisme agit-il sur les sociétés et les Nations tel un sarcome de Kaposi sur un corps dont les défenses immunitaires ont déjà été réduites à néant ? Le mondialisme ne peut-il injecter son venin uniquement dans des sociétés où les digues ont été rompues, les valeurs brisées et les tabous moraux tombés par la faute de cénacles et de cercles d'influence divers et par les populations qui ont été séduites par ces bonimenteurs et ces apprentis-sorciers ?
    Ou doit-il agir à une échelle plus globale en s'appuyant notamment sur la force de frappe médiatique mondialisée pour corrompre les esprits, subvertir les consciences (rôle de CNN et de MTV par exemple) et ainsi mettre en péril la santé mentale et psychique des peuples ?
    Ou est-ce une combinaison des deux phénomènes ?
    En apparence anecdotique, cette question est fondamentale. Elle permet de voir où doit se concentrer en premier lieu le combat contre l'hydre mondialiste et ses suppôts.

    Maurice Gendre (Le retour aux sources, 1er janvier 2012)

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  • Une France pliée en quatre ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un article de Philippe Cohen, cueilli sur le site de Marianne et consacré aux surprises que peut réserver l'élection présidentielle, malgré la volonté du système, exprimée au travers des médias et des instituts de sondage, d'imposer un match sans enjeu réel au travers du "duel" Sarkozy - Hollande...

     

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    Présidentielle: «La France n'est pas coupée en deux, elle est pliée en quatre»

    Voici plusieurs mois que l'on nous concocte LE match Sarkozy-Hollande. Certains indices tendent pourtant à montrer que les deux favoris ont aussi des fragilités dont pourraient profiter les deux outsiders en embuscade, François Bayrou, qui a réussi son entrée en campagne et Marine Le Pen.

    Le quatre quart est un classique de la gastronomie familiale. Mais il pourrait bien devenir l'horizon de la toute prochaine bataille électorale. A quatre mois et demi de l'échéance, un sentiment étrange flotte autour des deux candidats favoris.
    Personne n'ose entrevoir comment Nicolas Sarkzoy pourrait être reconduit. Faisons court : un bilan calamiteux, des promesses envolées, un discrédit profond auprès une partie de la droite, un chômage qui s'accroit de 20 à 30 000 unités chaque mois et la perspective de se serrer la ceinture en fredonnant chaque matin « Danke Angela ». Comment avec un tel programme, trouver une majorité ?

    François Hollande est, du coup, devenu le « favori » de la compétition. Les sondages continuent de lui donner une confortable avance sur Nicolas Sarkozy. Il s'est, très tôt dans cette pré-campagne, forgé un profil d'anti-Sarkozy naturel : un homme normal, rigoureux, compréhensif et humaniste. Un Chirac de gauche en quelque sorte. Manifestement, les électeurs de gauche témoignent à son endroit une indulgence sans bornes, même si souvent, ils n'en pensent pas moins. Il faut les comprendre : ils n'ont pas envie, qu'une fois de plus, les bisbilles au sein de la gauche leur volent une victoire qu'ils jugent naturelle, l'alternance étant l'un des fondements de la démocratie.
    Nous aurons donc Sarkozy-Hollande, LE match, tel qu'il est anoncé par la doxa médiatique. Dès lors, tout se passe comme si la parole des autres compétiteurs, leurs idées et leurs propositions ne présentaient qu'un intérêt secondaire.

    Les dernières semaines de l'année donnent cependant à penser que ce scénario médiatique pourrait être bousculé. De Balladur-Delors à Chirac-Jospin, la tradition médiatique est forte de matchs annulés après avoir été dûment programmés. Les électeurs peuvent-ils, cette fois encore déjouer le scénario présidentiel ? Comment et au profit de qui?

    Flairant la bonne affaire éditoriale, l'ex-conseiller de l'Elysée Dominique Paillé - encore un déçu du sarkozysme - publie ces jours-ci un ouvrage pronostiquant un second tour Bayrou-Le Pen. Remarquons d'abord que les deux outsiders ne sont pas entravés par ce qui, incontestablement gêne les deux favoris : un puissant parti et un entourage attentif, jusqu'alors gages de la victoire à une élection présidentielle. Bayrou a fait le vide en « bayroutie », sauf le respect dû à Marielle de Sarnez et à sa fidélité. Quant à Marine Le Pen, elle fait de louables efforts pour faire apparaître quelques seconds couteaux, mais celui qui osera contester sa stratégie et ses décisions n'est pas encore adhérent du Front National ou même des partis-frères qui se constituent autour de sa candidature.

    Bref, alors que les éléphants et le PS dans son ensemble apparaît comme le pire ennemi d'Hollande, l'empêchant d'apparaître, jusqu'à présent, comme un candidat libre, alors que le président traîne comme un boulet cette Sarkozie faite de trahisons, de félonies et de coups bas, François Bayrou et Marine Le Pen semblent beaucoup plus libres de leurs mouvements, plus gaulliens, plus proches d'un positionnement de rupture attendu par nombre d'électeurs. 

    Or, cette élection présidentielle comporte un paramètre aussi essentiel qu'inédit : elle est en permanence ballotée par une crise qui n'est plus seulement financière mais économique, européenne et mondiale et personne ne sait exactement comment son évolution va peser sur le choix des électeurs. Peur de l'inconnu ou appétit d'aventure ?Derrière la compétition électorale de 2012 se joue peut-être un autre match que celui du second tour, celui oposant la raison des marchés, chaque jour relayée par les agences de notation et les médias qui popularisent leurs jugements, et la raison démocratique, qui impose de maintenir l'existence de choix politiques alternatifs proposés aux citoyens.

    En tout cas, on a bien vu comment, en quelques jours, l'une des « pré-promesses » de François Hollande - les fameux 60 000 postes d'enseignants - a été si ce n'est balayée, du moins très affaiblie, à tort ou à raison. On voit bien aussi la prudence des uns et des autres concernant la façon doit la France peut affronter cette crise. Sarkozy joue les présidents protecteurs, désignant les autres pays européenes supposément en plus grande difficulté que nous, tout en annonçant de nouvelles mesures contre le chômage. François Hollande propose d'articuler la rigueur, la croissance et la justice fiscale. Espérons que ce tryptique, encore bien abstrait, trouvera à se concrétiser dans les semaines qui viennent.

    En face d'eux, leurs challengers peuvent manifester plus d'imagination ou en tout cas surprendre davantage. Quoiqu'on en pense sur le fond, la sortie « made in France » de François Bayrou a frappé les esprits. On l'aurait attendu chez Marine Le Pen. Dans la bouche de l'européen Bayrou, elle prend une autre tonalité. Le génie de ce candidat est celui de l'incarnation. Rappelons-nous que c'est en giflant un sauvageon qui lui faisait les poches qu'il avait dépassé Chevènement en 2002. Ce dernier défendait les valeurs de l'école républicaine avec des mots. Bayrou avait su trouver le geste. « Produire et instruire », le slogan de Bayrou, est une belle formule qui désigne deux priorités essentielles. En tout cas, en deux semaines, le Béarnais a doublé son capital électoral, pasant de 7 à 14% dans le sondage Opinion-Way-Les Echos-radio Classique et de 7 à 11% dans celui du Journal du Dimanche, tandis que Marine Le Pen progresse à 20%, réalisant ses meilleurs scores dans les catégories ouvriers (35%) et actifs (35-49 ans), la cible du fameux slogan sarkozyen « travailler plus pour gagner plus ».

    On dira, et on aura raison, que tout ça est encore de la communication. Daniel Cohn-Bendit a déclaré voici quelques mois qu'en des temps aussi incertains que ceux que nous vivons, les candidats ne se feront plus élire sur un programme - si rien n'est sûr rien ne peut être promis - mais sur une aptitude à affronter des situations difficiles. Bref, la personnalité, la confiance qu'elle suscite ou pas, deviendraient beaucoup plus convaincantes qu'un programme dont le candidats comme les électeurs savent désormais qu'il sera fonction des aléas de la conjoncture.

    Sans partager forcément cette vision - qui réduit considérablement le champ de la politique et de la démocratie - il faut reconnaître que le comportement des candidats - prudent, sauf Marine Le Pen, en matière de promesses - lui donne plutôt raison. Cette autre donnée renforce encore les chances des outsiders. Et celle de l'aventure que doit continuer à constituer une élection présidentielle, donnant à tous les candidats la possibilité de proposer et d'être entendu. Sinon, autant installer tout de suite Jean-Claude Trichet à l'Elysée, à l'instar de ce qui s'est passé en Italie ou en Grèce. Ou, plus sérieusement, s'attendre à un fort taux d'abstention.

    Si, dans les semaines qui viennent, la campagne devait donner plus de crédit au pronostic de Dominique Paillé, nous aurions alors quatre candidats dans une fourchette allant de 17 à 23%. Qui donnerait une seconde jeunesse à la formule de Coluche : « la France n'est pas coupée en deux, elle est pliée en quatre ».

    Philippe Cohen (Marianne2.fr, 2 janvier 2012)

     
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  • Sauver la ville !...

    Nous publions ici un point de vue de Pierre Le Vigan sur la ville (version remaniée d'un article paru initialement dans la revue Rébellion). Pierre Le Vigan, passionné depuis toujours par la question de la ville et urbaniste de profession, a récemment publié un essai intitulé La banlieue contre la ville, aux éditions de La Barque d'or.

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    La ville malade de la banlieue : sauver les villes des mégavilles

    Hubert-Félix Thiéfaine chantait « Quand la banlieue descendra sur la ville  ». C’est l’expression de la vieille peur de l’encerclement de la ville par la banlieue. Une peur qui s’appuie sur la crainte des émeutes urbaines, sur la peur des immigrés qui peuplent la banlieue, sur un nœud de réalités tout comme de fantasmes. La banlieue apparaît ainsi « contre » la ville, comme son contraire : l’éloignement de tout à la place de la proximité de tout que l’on connaît dans les centres villes. Les prolétaires plutôt que les « cadres sup », les populations « aidées » plutôt que les populations « aisées ». La grisaille plutôt que le clinquant. Les enjoués de la mondialisation plutôt que ses victimes.

    Il y a donc bien des facteurs d’opposition entre ville et banlieue. Mais l’une et l’autre se côtoient. Elles sont contre, tout contre l’autre. En d’autres termes, l’une se nourrit de l’autre. La misère de l’une, la banlieue, est évidente (à l’exception de quelques banlieues aisées qui sont une minorité), mais la misère dans les centres-villes existe aussi. Une misère moins matérielle que morale, relationnelle, existentielle. Disons le autrement : ville et banlieue forment système. C’est le système de la modernité. Ville et banlieue souffrent de ses signes, de ses marques, de ses manques. La modernité fait des dégâts partout.

    C’est ce que j’ai essayé de montrer dans mon livre, La banlieue contre la ville (édition « La barque d’or »). Ville et banlieue : de quoi parle-t-on ? Les mêmes mots désignent des réalités qui ne sont plus celles de 1910 ni de 1950. Les banlieues étaient les faubourgs de la ville. Elles étaient le prolongement de la ville et une transition vers la campagne. Le gigantisme est venu bouleverser cela. La banlieue s’étend désormais à perte de vue dans les mégalopoles telle la région parisienne. Paris, la ville historique de Paris, même avec ses quartiers les plus récents, ceux qui n’ont été urbanisés que sous le Second Empire, n’est plus qu’un petit point au centre de l’agglomération parisienne. 2 millions d’habitants vivent à Paris, plus de 12 millions vivent à coté de Paris dans les périphéries lointaines de l’agglomération, qui déborde au-delà même de l’Ile de France, en Picardie, en région Centre, vers la Champagne Ardennes. Tous les gouvernements de la (fausse) droite et de la (fausse) gauche poursuivent le même but, faire de Paris une mégaville encore plus « compétitive ». Cela veut dire : encore plus financiarisée, encore plus spéculative, encore plus invivable pour la masse de ses habitants. « Nicolas Sarkozy veut donner un nouvel élan au Grand Paris » dont le projet « va jusqu’au Havre », indiquaient les Echos du 10 octobre 2011, chiffrant à 32 milliards le montant des investissements en infrastructures que cela requerra d’ici à 2025. Si cette dépense n’empêchera pas nombre de Parisiens à essayer de fuir leur mégalopole, comme un million d’entre eux l’ont fait en 5 ans, bien plus nombreux sont les nouveaux habitants qui arrivent à Paris, venus, souvent, des quatre coins du monde et de ce que l’on appelait le « tiers monde », où le manque de perspective attire dans les grandes villes européennes, avec les encouragements et les aides mises en place par l’hyperclasse . Car celle-ci poursuit son objectif : elle ne fait pas du social pour le plaisir de se donner bonne conscience, elle fait un minimum de social, uniquement en direction des couches les plus défavorisées, et en vue d’un objectif précis. Cet objectif c’est de peser à la baisse sur les salaires des travailleurs originaires du pays d’accueil, de leur faire accepter des reculs sociaux, par une concurrence de main d’œuvre peu exigeante car elle n’a pas le choix. L’immigration de masse est une stratégie du capital. Réserver les HLM aux plus pauvres, généralement issus de l’immigration, est un aspect de cette stratégie, et nous ramène au coeur des questions de la ville, car c’est un moyen pour le patronat de moins payer ces travailleurs (cf. Alain de Benoist in Eléments 139,2011, « Immigration, l’armée de réserve du capital »et le Spectacle du monde, octobre 2010, « L’immigration en France, état des lieux »). L’objectif du capital, c’est tout simplement un financement public le plus élevé possible de la reproduction de la force de travail permettant à la part privée, patronale, de ce financement, d’être la plus faible possible. C’est uniquement en ces termes - que l’on peut qualifier de marxistes et qui sont en tout cas réalistes - que ceci peut se comprendre et non, comme paraissent le croire certains, parce que les pouvoirs publics seraient animés d’une pseudo préférence étrangère. Celle-ci n’est qu’une préférence pour l’immigration qui n’est elle-même qu’une préférence pour les bas salaires d’une part, pour la division et l’affaiblissement de la classe ouvrière d’autre part.

    L’évolution contemporaine de la ville s’analyse en fonction de cela. En périphérie se situent les zones d’habitat, loin des entreprises, très loin des usines, afin que les travailleurs ne puissent s’organiser et soient usés par le travail, tout comme les chômeurs ne peuvent non plus s’organiser dans ces immenses zones où chacun est isolé de l’autre : car la densité des banlieues est dérisoire face à celle des centres-villes. Au centre des agglomérations se situent les espaces festifs (Festivus festivus disait Philippe Muray), où il s’agit de « s’éclater », où les élus locaux aménagent des espaces de plus en plus « jouissifs » (dixit Bertrand Delanoé), afin de faire oublier les dégâts de la mondialisation, les délocalisations, la liquidation de l’industrie, tout particulièrement en France. Objectif ultime : tuer toute envie de politique, celle-ci étant noyée dans de vagues fêtes citoyennes ou communautaires (participation des élus à des ruptures du jeune, encouragements à tous les replis communautaires, etc).

    Partout les centres-villes sont devenus inabordables pour les classes populaires ou moyennes. Ils sont devenus des musées, sans artisans, sans entreprises autres que des commerces. Immigrés pauvres entassés dans des logements vétustes, bobos charmés par la « diversité » mais très habiles en stratégie d’évitement de celle-ci quand il s’agit de scolariser leurs enfants, le peuple est en fait chassé du cœur des grandes villes. Les artisans s’y font de plus en plus rares, les petites industries y ont disparu, les services et la tertiarisation ont remplacé les ouvriers.

    Face à cela, il faudrait rétablir la possibilité de liens sociaux plus forts. Cela nécessiterait deux choses. La première c’est la densité, insuffisante en banlieue, ce qui a pour conséquence que ces banlieues sont trop étendues. Trop étendues pour des raisons écologiques, trop consommatrices en énergie notamment pour les transports, trop souvent individuels (usage excessif de la voiture rendu indispensable par la carence des transports en commun). La seconde chose qui serait nécessaire, c’est de développer la mixité habitat-travail, avec donc l’objectif d’une réduction des temps de transport, avec un nouvel urbanisme abandonnant la solution trop facile et inepte de séparer totalement zones d’activité et d’emploi. Ce sont les deux axes majeurs à développer. Comme conséquence de leur application, les liens entre travailleurs, qui sont aussi des habitants seraient facilités, les luttes, à la fois dans le domaine du travail et dans le domaine de l’habitat seraient rendues plus aisées, les collectifs habitants-travailleurs pourraient intervenir dans la gestion des usines, des ateliers, des immeubles. Les luttes sociales redeviendraient possibles à chaque fois qu’il serait nécessaire de s’opposer à la logique du capital, l’organisation des sans travail, les initiatives pour créer des entreprises sans capital, des coopératives ouvrières de production, des entreprises associatives, de l’économie solidaire seraient là aussi facilitées.

    En somme, il serait possible de refaire une société forte, autour de la valeur du travail bien sûr mais pas autour du « travailler toujours plus », a fortiori quand il s’agit de travailler toujours plus pour le capital. La mise hors d’état de nuire des trafiquants de drogue et autre pourrait être réalisée par les habitants-travailleurs eux mêmes dotés de leur propre garde nationale civique dans le même temps que le coeur de la politique nationale (et européenne bien sûr) devrait être de lutter contre le parasitisme financier, le blanchiment de l’argent sale, la délinquance civique tout autant qu’économique et ses réseaux.

    La ville doit être conçue pour le lien social. Elle doit répondre aux besoins éthologiques de l’homme : enracinement, repères, intimité. L’anonymat est aussi un besoin dans les villes, mais c’est son excès que l’on constate, c’est son excès qu’il faut mettre en cause. Pour répondre au besoin d’enracinement, il faut rapprocher habitat et lieux d’activité, il faut voir à nouveau la ville comme un paysage, et réhabiliter la notion d’identité locale, de lieu, de site. Il faut, par la densité, réduire l’étendue des villes, combattre l’étalement urbain, retrouver la coupure franche ville-campagne. C’est que j’essaye de montrer dans mon analyse des rapports de l’homme et de la ville. Montrer pour convaincre. Convaincre pour transformer.

    L'avenir de la ville n'est écrit nulle part. Entre le grand ensemble et la marée pavillonnaire, d'autres voies sont possibles. Le devenir-banlieue de la ville n’est pas inéluctable. Les idées de notre modernité ont mené la ville là où on sait. D'autres idées peuvent la mener ailleurs.

    Pierre Le Vigan (version remaniée d'un article paru dans Rébellion, novembre-décembre 2011)

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  • Bonne année...

     

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    Avant de vous laisser lire les voeux grinçants de Michel Geoffroy, cueillis sur Polémia, Métapo infos vous souhaite une année 2012 dédiée à la mobilisation, à la résistance et au combat face au système et à sa pensée unique...

    Cordialement !

     

     

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    Rien que de bons voeux

    Bonne Année à Goldman Sachs qui a gentiment fourni des dirigeants à la Grèce, à l’Italie, à l’Espagne et à la Banque centrale européenne, pour nous aider à mieux prendre en considération les intérêts des banques et des marchés.

    Bonne Année à M. Trichet, aux directoires de la Banque centrale européenne et des banques centrales de la zone euro, qui ont bien mérité du Deutsche Mark.

    Bonne Année à l’euro surévalué « qui nous rend plus forts », mais que les gouvernements européens nous disent qu’il faut maintenant secourir d’urgence.

    Bonne Année à N. Sarkozy et A. Merkel qui décident de nouveaux traités limitant encore plus la souveraineté budgétaire des citoyens européens, mais sans les soumettre à référendum.

    Bonne Année à tous les gouvernants européens qui veulent nous protéger des démons du protectionnisme : les travailleurs chinois et indiens les remercient chaleureusement.

    Bonne Année à Liliane Bettencourt, à Maurice Lévy, à Louis Schweitzer, à Jean-Cyril Spinetta, à Frank Riboud et à tous les dirigeants qui ont souhaité au mois d’août dernier « l’instauration d’une contribution exceptionnelle qui toucherait les contribuables français les plus favorisés ». Leurs vœux seront exaucés au-delà de leurs espoirs puisqu’en 2012 nous paierons tous plus d’impôts, plus de taxes, ainsi que des tarifs et des péages plus élevés.

    Bonne Année à tous les chômeurs, en particulier les jeunes : l’embellie est en vue car N. Sarkozy a convoqué un sommet sur l’emploi dans trois semaines.

    Bonne Année aux inégalités sociales : elles vont continuer de prospérer avec la récession que nos gouvernants font tout pour écarter en réduisant les dépenses publiques et en augmentant les impôts et les taxes.

    Bonne Année aux syndicats de cheminots, de la RATP, des contrôleurs aériens, des pilotes de ligne, des postiers, des gaziers et d’EDF et d’une façon générale à tous les « partenaires sociaux » : vous aurez certainement l’occasion en 2012 de « lutter » pour vos revendications catégorielles en prenant en otages comme d’habitude les salariés, les usagers et les banlieusards impuissants.

    Bonne Année aux fabricants de caméras de vidéosurveillance, de radars et d’alcootests : le gouvernement a décidé d’en implanter de nouveaux et de rendre obligatoires ces derniers pour « améliorer notre sécurité », bien entendu.

    Bonne Année à tous les délinquants et criminels récidivistes : les 5 millions de victimes annuelles de crimes et délits recensées en France par l’Observatoire de la délinquance et de la réponse pénale leur assureront une activité soutenue en 2012.

    Bonne Année à ceux dont on ne parle jamais dans les médias : ceux qui profanent les églises, les tombes chrétiennes ou les cimetières militaires.

    Bonne Année aux forces de police et de gendarmerie qui continuent d’arrêter – en évitant les « bavures » – ceux que les juges libèrent peu de temps après.

    Bonne Année à tous ceux qui veulent venir en France nous faire profiter de leur extraordinaire savoir-faire ou nous enrichir de leurs magnifiques différences culturelles ou religieuses. Ils nous rejoindront bientôt puisque les syndicats, le patronat et les présidents d’université le réclament de concert aux pouvoirs publics, pour notre bien. Et bonne année à tous les « sans-papiers » : ils seront régularisés par circulaires une fois de plus, n’en doutons pas, en 2012.

    Bonne Année à tous les Mohammed car ce serait le prénom le plus fréquemment inscrit à l’état civil à Oslo, à Bruxelles ou à Marseille.

    Bonne Année à toutes les associations communautaires et « antiracistes » qui sont financées par le contribuable pour aider les étrangers qui contournent les lois de la République, pour promouvoir la discrimination à l’encontre des Français de souche ou pour réduire toujours plus notre liberté d’expression.

    Bonne Année au Parlement qui vote toujours plus de lois mémorielles qui confient aux juges le pouvoir de dire ce qui doit être « historiquement correct » pour nous.

    Bonne Année au Conseil constitutionnel et à la Cour européenne des droits de l’homme, qui mettent en tutelle le pouvoir législatif, c'est-à-dire notre souveraineté.

    Bonne Année aux médias et aux agences de publicité : ils continueront en 2012 de nous fournir régulièrement en bobards et ils veilleront à ce que nos informations et nos pensées restent bien « politiquement correctes ».

    Bonne Année aux Egyptiens, aux Tunisiens, aux Libyens, aux Afghans, aux Irakiens, aux Syriens, aux coptes et aux chrétiens du Nigéria : vous aurez bientôt le choix entre le chaos, la valise ou l’islamisme, mais avec les compliments des « libérateurs » occidentaux. Car, dieu merci, vous n’êtes pas protectionnistes !

    Bonne Année à nos militaires morts aux ordres de l’OTAN et à leurs familles : vous serez honorés le 11 novembre à la place de vos grands-parents qui sont morts pour la France.

    Bonne Année à Laurence Parisot qui nous souhaite une France métissée et qui se dévoue pour nous éviter de tomber dans un « piège bleu Marine ».

    Mais surtout bonne année à tous les Français qui finiront par ouvrir les yeux et qui en tireront enfin les conséquences politiques en 2012 !

    Michel Geoffroy (Polémia, 29 décembre 2011) 

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