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Points de vue - Page 373

  • Où mène la logique guerrière contre l'Iran ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un excellent point de vue de Pierre Conesa et Thierry Coville, cueilli sur le site du quotidien Le Monde et consacré aux menaces de l'Occident contre l'Iran. Chercheur associé à l'IRIS, Pierre Conesa a récemment publié un essai intitulé La Fabrique de l'ennemi (La Découverte, 2011).

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    Où mène la logique guerrière contre l'Iran ?

    L'Iran est seul pays du monde contre lequel 5 livres en vente en librairie appelle à faire la guerre rapidement, certains d'ailleurs écrits par ceux là même qui avaient justifié l'attaque américaine en Irak pour y trouver les armes de destruction massives.

    L'embargo sur le pétrole que discutent les Européens constitue sans nul doute un casus belli pour Téhéran qui tire des hydrocarbures 60 % de ses recettes budgétaires (et financent aussi le logement, l'éducation, etc.). La république islamique y a donc répondu de la même façon, par des menaces de blocage du Détroit d'Ormuz. Le décor est donc planté pour un conflit. Au regard des insuccès obtenus par les Occidentaux en Afghanistan et en Irak, on peut se demander qu'est ce qui pousse nos décideurs à repasser les plats ? Que cherche-ton en Iran ? Le Washington Post du 10 janvier citant un responsable du renseignement américain dit que c'est le changement de régime (regime change) par une révolte contre les autorités. Espérer qu'une population durement marquée par un embargo stupide par son étendue et sa généralité (sur les pièces détachés d'avion, sur les médicaments…) va se révolter contre son gouvernement est méconnaitre l'histoire. Comme on l'a vu en Irak et en Afghanistan, le mécano qu'utilisent les responsables occidentaux pour changer un régime ne marche pas.

    Cela est d'autant plus immoral que les Iraniens ont marqué leur volonté de changement pacifique en 2009. En outre, la politique de sanctions ne contribue qu'à affaiblir la société civile iranienne et à renforcer le poids des filières proches du régime qui contrôlent les filières d'importations de contrebande. Faut-il encore une fois penser que quelque conseiller secret garantit le résultat positif de l'opération comme en d'autres temps Monsieur Ahmed Chalabi pour l'Irak ou de monsieur Karzai pour l'Afghanistan auprès de l'administration Bush ? C'est peu probable. Arrêter le programme nucléaire ? L'objectif est louable mais est ce le droit de pays qui ont soutenu l'agression de l'Irak de Saddam Hussein en mettant sous embargo l'Iran agressé, avant de se retourner contre leur protégé et ont tout fait pour que l'ONU ne condamne pas Bagdad, de définir la sécurité de la région ? Apparemment oui puisque monsieur Kouchner avait vertement rappelé à l'ordre le Brésil de Lula et la Turquie de Erdogan qui avaient trouvé un accord avec Téhéran sur l'enrichissement. Le résultat de l'accord avait moins d'importance que les signataires apparemment.

    Annoncer que la bombe iranienne serait déstabilisante doit faire se retourner le Général de Gaulle dans sa tombe, lui qui avait justifié le programme français par la volonté de notre pays de ne plus jamais se soumettre à une puissance étrangère. Lutter contre le terrorisme ? Mais la république islamique a fourni moins de terroristes et de prédicateurs salafistes que les universités saoudiennes ou les madrasas pakistanaises. Et la République islamique a été souvent la cible privilégiée des terroristes sunnites radicaux. Défendre les droits de l'homme régulièrement violés en Iran ? Objectif louable qui devrait être étendu à l'Arabie saoudite qui dispute avec succès le titre à Téhéran ainsi qu'à la Chine, à la Russie (la liste est malheureusement longue).

    Quant à dénoncer l'usage de le peine de mort, on s'en étonne venant du gouvernement américain. Protéger Israël ? De quelle menace ? Si l'Iran avait la bombe qui peut penser qu'il l'utiliserait contre qui que ce soit sans menace vitale sur le pays, alors que les rétorsions militaires occidentales vitrifierait le pays dans sa totalité. Si une bombe devait préoccuper nos stratèges, ce devrait être celle du Pakistan, pays instable et fournisseur de terroristes. Donc il faut en conclure que nous allons à la confrontation directe. La guerre a d'ailleurs commencé puisque 6 ingénieurs et responsables du programme nucléaire iranien ont été assassinés, le dernier Monsieur Ahmadi Roshan en date le 10 janvier 2012.

    Que dirait-on si des ingénieurs français, israéliens ou américains étaient assassinés dans leur propre pays ? Avant le début des hostilités, un blocage du détroit d'Ormuz additionné à la crise nigériane, générerait une hausse brutale du prix du pétrole, exactement le genre de conjoncture qui nous aidera à sortir de la crise économique. Excluons enfin une indigne intention électoraliste américaine ou française dans cette brutale montée de fièvre. L'embargo unilatéral décidé par l'Europe ne sera jamais appliqué par l'Asie, Chine en tête.

    Il faut probablement chercher l'explication des décisions récentes de nos dirigeants dans la vieille croyance que la terre est toujours plate et que nous en sommes le centre. En attendant, la politique iranienne des Occidentaux ne fait qu'affaiblir leur légitimité chez les nouvelles puissances émergentes qui ne supportent plus cette politique de double standard.

    Pierre Conesa et Thierry Coville (Le Monde, 16 janvier 2012)

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  • L'école : un désastre annoncé ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Claude Bourrinet, cueilli sur Voxnr et consacré à l'éducation nationale...

     

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    L'école : un désastre annoncé

    Les Cassandre ont toujours tort, jusqu'à ce que la catastrophe leur donne raison. Mais alors le combat a déjà pris fin, ne laissant que des cadavres.

    Les morts, en l'occurrence, ce sont les élèves. Plusieurs générations perdues, sacrifiées sur l'autel de l'expérimentation pédagogique, d'aventures hasardeuses de laboratoire, que des boutiquiers fraudeurs, des trafiquants de contrefaçons, des apprentis sorciers, déresponsabilisés, concoctant dans leurs cénacles de conférenciers médiatiques leurs potions indigestes, ont voué à la médiocrité, à cette insignifiance justement qu'on ne cesse de nous mijoter, comme une pitance à la Mac-do. Le comble, l'ironie dévastatrice de cette folie, de cette hallucination collective, c'est qu'on se fonde sur la ruine réitérée, obstinée, de plus en plus évidente – une dévastation radicale dont le spectacle devrait pourtant s'imposer, même aux aveugles, comme un aveu d'échec – pour continuer à creuser cette fosse commune. La logique voudrait que ceux qui sont à l'origine de cette mise à mort programmée en fussent les premiers sanctionnés, puisque pédagogues du régime, bureaucrates soviétiformes et ministres incompétents – ou cyniques - nous assènent depuis trente ou quarante ans cette politique « éducative » d'égalisation aux forceps, et d'abrutissement de notre jeunesse. Il faudrait pour ce faire que notre soi-disant élite fût pourvue d'un sens logique un peu plus solide, et d'une honnêteté qui fait singulièrement défaut à notre époque. Le principal pouvoir, le quatrième, celui des médias, sans lesquels il ne peut plus y avoir de roi, ne s'y trompe pas, en travaillant, en bon petit ouvriers mineur, à saper l'autorité des professeurs, à désacraliser l'Ecole, en discréditant les savoirs, en promouvant un hédonisme de supermarché délétère, et en enjoignant, comme un dogme, une égalisation des conditions, volonté apparemment bardée de bonnes intentions, mais dans les faits d'une hypocrisie parfaitement tartuffienne.

    Une pétition, parue récemment dans Libération, dénonçant l'écart croissant entre les élèves en difficultés, dont certains sortent du système sans diplôme, et une minorité, qui bénéficie de conditions plus favorables, sous couvert de relancer un débat pipé, se présente comme une réplique d'innombrables opérations du même type. Il s'agit d'un missile communicationnel, que certains groupes de pression lancent régulièrement, celui-là pour détruire un peu plus, si tant est qu'il en reste quelque chose, l'école considérée comme une forteresse de l'injustice et de la cruauté. La rhétorique de nos pétitionnaires acharnés, dont l'indigné – par essence - Stéphane Hessel, jamais en mal de trouver une cause sainte, le jargon de nos protestataires récidivistes, qui, pour l'écrasante majorité d'entre eux, n'ont jamais, ou n'ont plus, depuis longtemps, été en présence d'élèves, révèlent bien à quelle idéologie nous avons affaire.

    En réclamant le « bien-être » et la « sérénité » pour les élèves, on emploie des notions qui sont, selon la langue de velours contemporaine, des « marqueurs ». Ils constituent tout autant l'attirail lexical du libertaire que celui du sectateur new age. Les temps sont au grand bain dans l'immense bleu de l'apesanteur hédoniste, au mol abandon du corps et de l'esprit rétifs aux accrocs du réel. Il faudrait jouir non seulement sans entraves, mais avec la paix de l'esprit. Il est vrai que l'idiotie, l'inculture et le consumérisme le plus obtus invitent à cette ataraxie confortable, propice sans doute à la lobotomie exigée par l'entreprise moderne et par un marché peu avide d'angoisse existentielle. En voulant par exemple que le primaire empiète sur le secondaire, on ne saurait mieux avouer la régression mentale d'une jeunesse que l'on tient mieux en prolongeant son infantilisation, qu'en la confrontant aux nécessités de l'affrontement, de l'effort, de la rudesse d'une société qui ne lui fera pas de cadeaux, et, surtout, en la soumettant à une mise à l'épreuve de soi-même, gage de progrès véritable et d'exploration de ses richesses intérieures. En voulant l'enfermer dans une bulle sécurisée, on la condamne à ne pas grandir et mûrir. En déniant légitimité à tout arrachement, à toute situation d'étrangeté, à tout processus dérangeant, on bloque sa capacité à réagir adéquatement, de façon vigoureuse. En la condamnant aux travaux d'équipe, en le cantonnant à des tâches mécaniques et dérisoires, dont la prétention voudrait qu’elles l’ « éveillent », en mettant l'accent sur le doigt plutôt que sur la lune, en considérant que l'informatique, l'électronique, le gadget peuvent dispenser d'approfondir, on établit l'inculture et le conformisme sur un terrain épais, celui de la paresse la plus imperméable à l'aventure intellectuelle. Mais au fond n'est-ce pas là le désir d'un système qui réduit l'individu à une somme de stimuli et de songes creux, médiocres, au demeurant ne possédant même plus la fraîcheur de l'enfance, tant on a transformé celui-ci en apprenti consommateur ?

    Il en va de même de la volonté de remplacer ce que les spécialistes nomment l'évaluation « sommative » (« sommer », « imposer de façon autoritaire » , « juger » : voyez-vous la malice !) par celle appelée « formative ». Figurez-vous que, jadis, on ne « formait » pas. Maintenant, l'élève, bardé de « compétences », se construit lui-même. Même Monsieur Jourdain n'aurait plus besoin de maîtres. Comme il est en effet question de se « former » toute la vie, et que le primaire a vocation à s'étendre finalement jusqu'à une retraite par ailleurs reculée jusqu'à l'orée de la mort, il faut assurer cet avenir radieux. Tout repère sérieux ayant été dilué dans une bouillie évaluative floue, les chats seront toujours gris et frustrés. Du moins les chats de gouttière, car les autres, les aristochats, sauront bien sortir de cette mélasse, grâce à des trajectoires toutes trouvées, dans des établissements où l'évaluation ne sera pas de pacotille, dans des collèges et lycées, très onéreux, bien sûr, et autrement exigeants.

    Qui ne voit que toute cette logorrhée mélodramatique, qui répudie ce que l’homme sait depuis qu’il est homme, à savoir que la vie est normalement faite d'échecs, mais aussi de réussites, que la société est, et sera, toujours fondée sur une inégalité somme toute nécessaire, que les progrès individuels et collectifs se réalisent dans l'effort, la peine, le risque, qui ne voit que, si l'on met de côté les idiots utiles, les niais idéologiques, les figurants indispensables, le véritable objectif de ces manœuvres répétées est de livrer élèves, parents, familles au marché de l'éducation et de l'enseignement ? Et cela, au nom d'une « démocratisation », qui n'est qu'une massification, comme la cantine et le supermarché, comme l'autoroute et le tourisme moderne ?

    Cette dévastation est voulue, pour des raisons économiques, mais aussi, plus sournoisement, au nom de principes encore plus dangereux et nocifs, s'il en est. La polémique suscitée par l'abandon de tout un pan de notre Histoire nationale, et la mise à l'écart, plus sournoise, de notre littérature, indiquent l'enjeu véritable du problème. Il s'agit ni plus ni moins que de gommer, de supprimer toute conscience nationale, en même temps que tout esprit critique.

    Entendons-nous : nous ne nous appartenons pas. Notre langue est un héritage, comme la société où nous sommes nés, ses valeurs, ses us, ses mœurs, sa mémoire, ses gloires et ses tragédies. Au centre de l'éducation, il doit, il devrait y avoir la Nation, ce qui a fait notre peuple. L'Europe aussi, bien sûr, et, comme horizon plus large, l'Humanité, les dons des autres peuples. En voulant assassiner notre système éducatif, c'est un bon coup de poignard qu'on assène à ce qui façonne l’homme différencié. Il est vrai que pour beaucoup de nos idéologues, c'est plutôt un grand service que l'on rend. Mais à qui ?

    Le discours sociologique dominant veut que le fait exige. C'est ainsi, et pas autrement. La société est comme cela, les élèves ne sont pas autrement, surtout pas comme avant. Derrière ces assertions fades et capitulardes se cache le calcul. Mais aussi une paresse d'esprit complètement contraire à la santé et à la force d'une communauté.

    Or, le principe de la vie en société, donc de la morale, c'est de bien penser. L'ambition démesurée de « démocratiser » l'école, quand bien même elle repose sur des principes progressistes (mais, qu'est-ce que le progrès?), est une aberration du point de vue de l'efficacité. Outre le fait que l'emploi n'est pas en soi une production du système scolaire, mais de l'économie, et que le chômage, en vérité, est voulu, programmé par un système qui en tire amplement profit, il est malhonnête, vicieux, de se réclamer de la démocratie, quand celle-ci ne peut exister réellement, aussi bien en politique, que dans les domaines social et culturel. On a cherché hypocritement à y faire croire, ou à la faire espérer, par démagogie, ou en nivelant tout le monde jusqu'à un étiage où même une limace pourrait pratiquer le saut en hauteur, et, bien que l'époque soit celle du fric, c'est-à-dire le facteur le moins démocratique qui soit, on a argué de cette urgence pour tout démonter, tout détruire. Le collège unique ne se conçoit que dans le cadre d'une pensée unique. Cependant, il serait sain de se débarrasser de ces âneries malfaisantes, et de voir les choses en face. L'idéologie empêche de réagir, et d'agir.

    Aussi, répétons-le, serait-il plus utile d'avouer qu'il existera toujours des inégalités, des échecs. La réussite pour tous est un slogan irréaliste et totalitaire. Il vaudrait mieux permettre à une élite solide de se construire, de s'aguerrir, et de rendre service, ainsi, à tous. Il faudrait aussi, après des évaluations sérieuses, déterminer qui doit suivre un programme allégé, quitte à ce qu'il existe des passerelles pour intégrer la voie supérieure. Les jeunes élèves et étudiants doivent apprendre notre histoire, se réapproprier nos racines, de façon approfondie pour ceux qui peuvent, de façon plus affective pour les autres, mais toujours sérieusement, pour que les « mythes » communautaires soudent la Nation. Enfin, une éducation du caractère est indispensable, à tous les niveaux, tant physiquement que mentalement.

    Claude Bourrinet (Voxnr, 14 janvier 2012)

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  • On peut endiguer la violence !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Xavier Raufer, cueilli sur le site de Valeurs actuelles et consacré à la criminalité de rue et à la possibilité qui existe de la combattre efficacement sous réserve d'en prendre , et d'en assumer, la décision politique...

     

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    On peut endiguer la violence !

    Au foot, on appelle classico un match événement rituel, attendu, presque inévitable. Eh bien, voilà un classico de tout début de campagne électorale, version droite : l’oubli de la sécurité. Cela ne rate jamais : dès que s’amorce une campagne majeure, présidentielle ou législative, la droite parlementaire, qui pourtant ne devrait pas avoir à rougir de son action – surtout par rapport à la gauche –, occulte les pro­blèmes criminels.

    Prolixe sur tout le reste – chômage, pouvoir d’achat, certes importants, nul n’avancera le contraire –, elle ne pipe mot sur ce sujet stratégique.

    Tout aussi classiquement bien sûr, la réalité insupportable (mais « irrémédiable », ajoute le philosophe Clément Rosset) se rappelle vite et fort aux oublieux qui, en matière criminelle, bricolent alors dans la panique une stratégie de communication sur ce dossier pourtant incontournable. In­contournable car, dit l’Insee, 15 des 63 mil­lions de Français habitent les « espaces pé­riurbains », banlieues, quartiers et cités souvent marqués par le crime et les violences urbaines, ce qui fait, excusez du peu, 10 millions d’électeurs. Des territoires soit ravagés par le crime – Marseille et sa région, la Seine-Saint-Denis –, soit craignant de subir bientôt de telles violences : tout l’environnement urbain du millier de “quartiers sensibles” recensés en France.

    Rappelons qu’à Marseille la police a confisqué 72 fusils d’assaut Kalachnikov de janvier à novembre 2011, ce qui signifie clairement, au rythme où vont les saisies d’objets illicites, qu’il en circule des centaines d’autres, toujours aux mains des bandits. Sans oublier ce que, sur place, on appelle gentiment un “barbecue” : une tuerie entre gangsters qui voit un véhicule incendié avec son ou ses occupants. Or ces “barbecues” se font désormais non plus à l’unité mais en gros, par deux ou trois voyous assassinés, victimes d’une constante et féroce guerre des gangs.

    Mais il n’y a pas que les “barbecues”, ni que Marseille : la criminalité en col blanc sévit aussi. Là, fleurissent les escrocs financiers : les Madoff éclosent comme cham­pignons après la pluie, devenant une sorte de spécialité rurale, type crêpes ou fromages : après “le Madoff du Chinonais”, voici celui “du Boulonnais”, etc.

    Il y aurait donc à dire sur les diverses criminalités affectant la France – mais hélas, les ténors de la droite parlementaire se taisent ! Retroussons donc nos manches et rappelons ici quelques fondamentaux en matière de sécurité. En France, la “criminalité des rues” – braquages, agressions, violences, cambriolages, incendies volontaires, etc. – affecte surtout 26 départements métropolitains. Les “noyaux durs”, acteurs essentiels de cette criminalité, sont peu nombreux : de 3 000 à 4 000 individus pour toute la France. Si peu ? Oui, car la criminologie contemporaine a isolé et défini un type criminel original, le “prédateur violent”, qui, seul ou en groupe, commet une énorme masse d’infractions. On estime ainsi – ce que confirment des statistiques d’Île-de-France – que 5 % des malfaiteurs accomplissent la moitié des méfaits ; à 18 ans, ces hyperactifs du crime sont déjà connus pour 50, voire 100 infractions ! Cela, le réel criminel le confirme : voici trois ans, en grande banlieue parisienne, le décès (accidentel) de deux caïds a permis de voir la criminalité locale diminuer de moitié.

    Allons plus loin : ces quelques milliers de bandits sont-ils inconnus ? Vivent-ils dans la clandestinité ? Au contraire ! À domicile, ils sont célèbres, passant leur vie au commissariat (“Encore toi, Momo !”) ou chez le juge. À force de rédiger des procès-verbaux à leur propos, les brigades anticriminalité (Bac) de banlieue en savent localement la liste par cœur.

    Enfin, on sait que ces criminels hyperactifs sont imperméables à tout travail social – ils récidivent d’usage, à peine sortis de réinsertion. En revanche, un renseignement criminel ciblé et précis les neutralise efficacement, dans le plus strict respect des lois en vigueur. Un précédent existe, parfaitement datable : celui de l’année 2000. Deux ans avant le passage à l’euro et ses multiples convois de billets de banque qui sillonnent le pays, la police cible précisément les gangs de braqueurs de fourgons ; elle anticipe leurs actions, les “marque à la culotte”. Résultat (sans nul travail social associé ni subventions généreuses, insistons bien) : un braquage de fourgon dans toute l’année, contre en moyenne… deux par mois.

    Mais alors, s’indigne le lecteur, qu’attend-on ? Si la police sait faire, si la cible est connue, si l’on peut vraiment réduire la “criminalité des rues”, que ne le fait-on ? C’est que, dans un État de droit, la police n’agit pas d’initiative. Elle obéit aux ordres de l’exécutif – et la décision de faire de ces prédateurs violents une priorité est éminemment politique – premier cours de Sciences Po, “Est souverain celui qui désigne l’ennemi”.

    La campagne présidentielle commence – là encore, rien de plus politique. Le candidat qui saura emprunter la voie réaliste, celui qui garantira à la France périurbaine le retour à la paix et au calme, fera un grand pas vers la victoire.

    Xavier Raufer (Valeurs actuelles, 12 janvier 2012)

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  • La Hongrie face à l'Union européenne...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue intéressant de Claude Bourrinet, cueilli sur Voxnr et consacré à la Hongrie...

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    Hongrie : le soleil se lèverait-il à l’Est ?
     
    Attila serait-il de retour au pays des Huns et des Onoghours (Hungari en latin) ? Le Attila serait-il de retour au pays des Huns et des Onoghours (Hungari en latin) ? Le royaume du roi Istvàn, converti au christianisme sous le nom, vénéré par les Magyars, de Saint-Etienne, va-t-il semer la pagaïe dans une Europe devenue un véritable capharnaüm, et qui, pour le coup, ne sait plus à quel saint se vouer, sinon au marché international ?
    A entendre tel ou tel, par exemple notre Juppé, qui, revenu des froids canadiens à la suite d’une affaire très chaude bien connue de Chirac, se montre depuis quelque temps un serviteur zélé de l’oligarchie transnationale, et s’esclaffe : « Il y a un problème en Hongrie », ou bien, de façon beaucoup moins cocasse, cette déclaration d’un diplomate américain, dont on se demande bien (naïvement) de quoi il se mêle : « L’exclusion de la Hongrie de l’Union européenne n’est plus impensable », propos qui révèlent en passant qui est le vrai maître, à constater l’hystérie de médias qui se sont fait une spécialité de déformer la réalité, de manipuler l’opinion et d’escorter les manœuvres sournoises des services d’espionnage et de déstabilisation de nations qui ont le tort d’aspirer à la maîtrise de leur destin, on se dit qu’un tremblement géopolitique est imminent, et qu’il n’est pas exclu, comme au Kossovo, en Libye etc. qu’ il soit suivi du feu du ciel. Ainsi vont les choses dans notre douce démocratie occidentale, bercée par le ronronnement rassurant de droits de l’homme souples à souhait.

    La promulgation, le premier janvier 2012, de la nouvelle Constitution hongroise, a semé la panique parmi les bureaucrates de Bruxelles. Ne clame-t-elle pas : « Nous sommes fiers de nos ancêtres qui se sont battus pour la survie, la liberté et la souveraineté de notre nation » ? Voilà des accents mâles qui, en effet, risquent de faire pâlir les ouvriers de notre nouvelle Tour de Babel. On notera au passage que le préambule de cette constitution se réclame de l’Europe, mais probablement n’est-ce pas la même que celle qui, actuellement, sert d’antichambre à la dictature mondiale qu’on voudrait bien nous imposer.

    La Constitution hongroise nouvelle formule change radicalement la manière de concevoir et l’Histoire, et la politique. En répudiant l’appellation « République de Hongrie » au profit de « Hongrie » tout court, le FIDESZ (Union civique hongroise) de Viktor Orban veut non seulement rendre la nation au peuple, en considérant comme secondaire la question du régime adopté, mais inscrit aussi son destin dans un passé mythifié, au sens sorélien, en se référant notamment à des emblèmes de l’Histoire hongroise, comme le roi Etienne et la doctrine de la sainte Couronne. Le christianisme est revendiqué comme le cœur de la patrie, ce que maints Tartuffes ont condamné, occultant non seulement ce que clame la Constitution américaine, qui demande à Dieu de bénir l’empire de l’Oncle Sam, mais aussi ce que postule l’Etat sioniste, à savoir qu’il est un Etat juif. Apparemment, il y aurait des « vérités » approuvées au-delà, et des « mensonges » réprouvées en-deçà.
    Les politiques intérieure et extérieure de l’Union européenne sont depuis une décennie devenues un protocole judiciaire, criminalisant les récalcitrants, machine à broyer incarnée par le TPI. Nul doute que l’on trouvera, à terme, un prétexte pour traîner les responsables hongrois devant une justice aux ordres. Déjà, comme si ces points de détail constituaient l’alpha et l’oméga d’une existence digne d’être vécue, on met en exergue la volonté de ces voyous de s’en prendre au mariage homoparental et au droit à l’avortement, et, le comble, de « restaurer un certain ordre moral », prétention qui confine sans doute pour nos censeurs post-soixante-huitards, au crime suprême. Car l’idéologie de la grosse classe petite-bourgeoise internationale est devenue dogme, donc inquisitoriale. Au-delà, nul salut !

    Une mesure qui gêne est sans doute aussi celle qui rejette toute prescription des crimes contre l’humanité commis par le nazisme, mais aussi par les anciens communistes. Il est nécessaire de ramener à la mémoire un passé assez proche, et pas seulement celui qui rappelle les événements d’octobre 56, révolte nationale contre l’empire soviétique qui, soit dit en passant, ne put être écrasée qu’avec l’assentiment des Occidentaux. La mesure vise en fait une classe politique honnie, méprisée, défaite totalement aux dernières élections, cette caste-même qui est soutenue pas l’Union européenne, ce ramassis de staliniens reconvertis en doux agneaux libéraux, en champions du mondialisme et de l’économie de marché. Nous connaissons cette espèce, nous aussi, en France, parmi une gauche bienpensante et bien conformée aux desiderata de l’oligarchie financière. Or il se trouve que ces sociaux-démocrates avaient ruiné le pays, à force d’emprunts inconsidérés. On connaît la musique, et les taux d’intérêt astronomiques, la pression des banques, les combinaisons internationales et les abdications nationales subséquentes. La Grèce et l’Italie, sans compter d’autres pays, sont là pour illustrer une manœuvre qui est trop belle pour n’avoir été calculée savamment. Or, les Hongrois ont dit non, en renationalisant par exemple la banque centrale hongroise !

    L’étincelle qui a mis le feu aux poudres fut cette déclaration « off » du 14 juin 2006, intempestive, désastreuse, à vomir, de l’ancien Premier ministre Ferenc Gyunasàny, dont nous reproduisons le texte d’un cynisme qui jette une lueur significative sur ce que sont nos dirigeants (car on ne fera pas l’injure aux nôtres d’être assez mous pour ne pas partager l’amoralisme de gens qui, au demeurant, s’enorgueillissent de donner des leçons aux peuples…) (1). Des émeutes s’en s’ont suivies, et le bouleversement politique, la révolution (car c’en est une) que nous connaissons.

    Certains commentateurs remarquent qu’il ne subsiste plus de « gauche » en Hongrie. La politique menée par le « Parti Socialiste hongrois », qui a recyclé les ancien apparatchiks en hommes d’affaires, prouve suffisamment, s’il en était encore besoin, qu’il n’existe, qu’il ne peut plus exister, ni de gauche, et, partant, ni de droite, mais plutôt une caste oligarchique internationale contre des peuples dépossédés de leur identité et bafoués dans leurs intérêts. C’est justement un mouvement, une insurrection légale qui s’est produite en Hongrie, une réappropriation par le peuple hongrois de son corps et de son âme.

    Quel sera l’avenir de ce sursaut ? Il semble évident que les USA et leur commis, l’Union européenne, ne resteront pas sans réagir, bien qu’il y ait péril en la demeure, et que le feu puisse se répandre. Car trop de pression risquerait de produire l’effet inverse. Des rétorsions sournoises, malhonnêtes, et des charretées de calomnies, d’injures et de propagande vont sans doute continuer à assaillir ce peuple valeureux. Pour celui-ci, un certain nombre de défis gigantesques sont à relever, dont l’endettement et l’isolement, et probablement la réinsertion identitaire de Hongrois de souche, un tiers de la population totale, dispersés, à la suite du traité inique du Trianon, en 1919,dans les pays voisins, en Slovénie, en Roumanie, en Slovaquie, en Serbie, en Ukraine, en Autriche - sans qu’éclate un conflit toujours latent en Europe centrale. Il est bien dommage que subsiste un contentieux très lourd avec la Russie. D’un point de vue intérieur, il est évident que le parti majoritaire n’a pas intérêt à agresser le pari Jobbik qui, ne cessant de grandir, apparaît comme la partie la plus active du mouvement national. Il est sûr, en tout cas, que tous les regards désabusés, écœurés par la marche des choses en Europe, vont se fixer sur l’expérience hongroise. Son succès retentira comme un gage d’espoir pour les patriotes.
     
    Claude Bourrinet (Voxnr, 5 janvier 2012)

    (1) Traduction des propos de M. Ferenc Gyurcsany :

    « Nous n'avons pas le choix. Il n'y en a pas parce qu'on a merdé sur toute la ligne. Pas un petit peu, beaucoup. En Europe, il n'y a pas d'autre pays où on aurait commis de telles conneries Il est possible de l'expliquer... De toute évidence, nous n'avons pas arrêté de mentir sur tout et dans les grandes largeurs au cours des derniers 18 à 24 mois. Il est clair que pas un seul de nos propos n'était vrai. Nous avons dépassé les possibilités du pays de sorte que (...) nous ne pouvions imaginer plus tôt que la coalition du Parti Socialiste Hongrois et des libéraux aille jusque là. Et pendant ce temps-là, nous avons réussi à ne rien foutre du tout pendant quatre ans. Pas une rame ! Pas une seule mesure gouvernementale importante ne me vient à l'esprit dont nous pourrions être fiers, outre que nous avons au bout du compte tiré le gouvernement de la merde. Rien d'autre. Que va-t-on dire s'il faut expliquer au peuple ce que nous avons foutu. pendant quatre ans ?! »...
    [....]
    « Moi, je pense qu'il est possible de mettre tout ça en œuvre. Je pense qu'il y aura des conflits, oui, mes amis. Il y aura aussi des manifs. Il est bien permis de manifester devant le Parlement ; tôt ou tard, les manifestants s'en lasseront, et ils rentreront chez eux. Il n'est possible d'aboutir que si vous avez foi dans l'essentiel, et si on est d'accord sur l'essentiel en question ».
    [...]
    « Ce que nous pouvions faire au cours du mois écoulé, nous l'avons fait. Et ce que nous avons pu faire en secret les mois précédents pour éviter de voir sortir de nulle part les derniers jours de la campagne des papiers révélant ce que nous avions l'intention de faire, ce que nous nous préparions à faire, nous l'avons fait aussi. Nous avons gardé le secret, et nous savions, comme vous le saviez vous-même, que nous si nous gagnions les élections, il s'agirait ensuite de se relever les manches et de s'y mettre, parce que nous n'avons jamais été confrontés à des problèmes de ce genre ».

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  • Union européenne : une prison pour les peuples européens ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy, cueilli dans Polémia et consacré au cauchemar qu'est devenu l'Union européenne pour ceux qui rêvaient d'une Europe-puissance...

     

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    L'Union européenne : la prison des peuples européens

    L’Union européenne était autrefois un espoir pour les jeunes Européens. Mais cet espoir reposait sur un malentendu.

    Pour beaucoup d’Européens il s’agissait du rêve d’un continent unifié, « de l’Atlantique à l’Oural », libéré du communisme comme de l’atlantisme, débarrassé des querelles nationales, mais aussi indépendant et prospère : une Europe solidaire et puissante, ouverte sur le monde. Au moment du lancement de l’euro, certains y croyaient encore.

    Mais ce rêve a fait long feu. L’idée européenne a tourné au cauchemar. La construction européenne que promeut l’oligarchie, consiste justement à déconstruire la puissance et l’identité des Européens : l’Union européenne se construit désormais contre les Européens. Ceux ci n’auront bientôt plus d’alternative que la révolte.

    Le cauchemar européen

    Car la chute du communisme soviétique, qui était une bonne nouvelle en soi, n’a pas fait avancer l’Europe dans le sens de la puissance et de l’indépendance. Au contraire, l’idée européenne a régressé.

    L’atlantisme s’est renforcé : l’Europe n’est plus conçue que comme un espace libre-échangiste, aux frontières floues et qui ne se définirait que par une adhésion à ses prétendues valeurs, auxquelles tous les peuples pourraient donc finir par se rattacher, au moins sur le pourtour de la méditerranée. Dans cette Europe là, la préférence communautaire qui figurait à l’origine du marché commun, est devenue un délit.

    L’Union européenne, grenouille qui veut devenir bœuf à 27, à 28 ou au-delà , est restée un nain politique, une soft power dans l’orbite du grand frère américain et cela, conformément aux intérêts de ce dernier.

    Contrairement à ce que prétend la propagande de l’oligarchie, l’Union européenne ne protège plus personne, sinon les riches et les allogènes.

    Il n’y a pas de défense européenne, on se remet en tout à l’OTAN, c'est-à-dire à une organisation dirigée par les Etats-Unis. L’alignement atlantiste de la France conduit par Nicolas Sarkozy et la réduction continue des budgets militaires sur le continent, ont détruit tout espoir de construire une Europe indépendante tant au plan diplomatique que militaire.

    Les Yankees ont gagné !

    Les frontières de l’union, économiques ou autres, sont des passoires qui ne nous protègent pas. L’euro surévalué nuit à la croissance et à l’emploi des Européens ; en outre, il ne peut survivre qu’en limitant toujours plus la souveraineté budgétaire et financière des Etats, voire la souveraineté politique comme l’a montré la façon dont la gouvernance européenne veut traiter la question des dettes souveraines des Etats membres.

    Les Européens minoritaires en Europe ?

    Rome n’est plus dans Rome. A Bruxelles, épicentre du cauchemar européen, 30% de la population est désormais musulmane : tout un symbole !

    Les flux migratoires à destination de l’Europe occidentale et de la France en particulier ne cessent pas et sont en train d’initier un mouvement de changement de population.

    Toute tentative, même modeste, de réguler plus fortement les entrées, se heurte aux décisions des juges européens et aux pressions continues du patronat et des associations. L’immigration n’est donc nullement choisie, mais en réalité imposée aux peuples européens, qui doivent au surplus se plier de plus en plus aux mœurs exotiques des nouveaux arrivants.

    Car l’oligarchie nous explique maintenant que pour ne pas heurter la sensibilité de leurs hôtes si généreux, il faut que les Européens mettent en veilleuse leurs convictions : par exemple ne plus fêter Noël (on dit « bonne fin d’année » en novlangue), ne pas décorer de sapins, ne pas manger de porc, accepter les femmes voilées, les crimes d’honneur, les mosquées et les lieux de prière, ne pas caricaturer Mahomet etc. Bref renier notre histoire et nos origines chrétiennes, qui ne figurent d’ailleurs plus dans les valeurs de l’union européenne.

    Il suffit de se promener dans les rues de nos villes pour se rendre compte que l’immigration, notamment africaine, s’installe partout. Or plus le nombre de personnes d’origine immigrée augmente, plus elles ont tendance à se regrouper en communautés : c’est une loi de la nature. L’assimilation fonctionne donc en proportion inverse du nombre de personnes à assimiler.

    La constitution de communautés d’origine étrangère est lourde de conséquences pour la paix civile comme le démontrent d’ores et déjà les émeutes ethniques que les pays européens connaissent tour à tour et qui se ressemblent toutes dans leur déroulement puisque leur cause est identique.

    Avec sa politique migratoire démente, l’oligarchie de l’Union européenne a donc recréé en Europe un problème des minorités qui avait pourtant déjà empoisonné la première moitié de notre XXe siècle et qui avait par deux fois conduit à la guerre. Comme si cela ne suffisait pas, l’oligarchie y a ajouté au surplus un problème religieux –celui de l’Islam- et un problème noir.

    La prison des peuples européens

    L’Union européenne ressemble chaque jour un peu plus à l’Empire autrichien vieillissant, que l’on surnommait la prison des peuples : une juxtaposition de communautés et de « minorités » rivales, imbriquées les unes dans les autres, sous la domination d’une administration tatillonne et d’une aristocratie cosmopolite. Mais l’Empire autrichien a duré plusieurs siècles. Le machin de Bruxelles, comme disait avec mépris le général De Gaulle, n’aura sûrement pas cette longévité !

    Car l’Union européenne se présente aujourd’hui aux peuples européens sous le seul visage du fardeau et de la contrainte : toujours plus de règles, de normes, de jugements, de prélèvements, de sanctions, de boycottages contre les gouvernements, les peuples et les nations, et toujours plus de privilèges pour les allogènes.

    Ainsi cette Europe s’est construite en passant outre à la volonté des peuples européens, en foulant aux pieds cette démocratie que l’on se targue pourtant d’incarner et que l’on a voulu imposer par les armes aux Libyens et sans doute demain aux Syriens. Son fondateur, le Français Jean Monnet ne s’est d’ailleurs jamais présenté à une seule élection.

    Quand un pays vote mal, on le fait revoter : comme en Irlande. Quand les peuples refusent de ratifier la constitution européenne, on leur impose le traité de Lisbonne via les parlements. Quand un premier ministre grec envisage de soumettre à référendum le plan de rigueur imposé par la zone euro, on menace de lui supprimer toute aide économique. Quand le gouvernement hongrois issu des urnes révise les pouvoirs de la banque centrale, on le menace de sanctions.

    L’Union européenne est une construction oligarchique qui tient les peuples européens en suspicion. Comme le déclarait significativement un ministre du nouveau gouvernement italien, « le populisme est l’un des principaux ennemis aujourd’hui en Europe » (Les Echos du 9 janvier 2012) ; ennemi, vous avez bien lu : cette oligarchie considère son propre peuple comme un ennemi !

    Le moulag

    L’Union européenne est un tyran mou, mais ombrageux, d’autant plus redoutable qu’il est sans visage. Nous vivons dans une sorte de goulag mou, sans barbelés, avec des supermarchés et des chômeurs. Mais nous sommes aussi soumis à une police de la pensée, chaque jour plus intolérante.

    Ce n’est plus un ectoplasme comme dans les années 60 : c’est malheureusement devenu une métastase, qui risque de tuer l’Europe.

    Car les prétendues valeurs européennes sont en réalité mortelles pour ceux qui y croient.

    Ainsi ces valeurs nous recommandent d’accueillir toujours plus d’immigrés, d’ouvrir toutes grandes nos frontières aux marchandises et aux hommes étrangers. Elles nous imposent de ne discriminer personne, sauf les Européens ! On a découvert à propos de la Hongrie que l’indépendance de la Banque centrale était aussi une valeur : la finance libre et les Européens asservis aux impôts et aux dettes : voilà le vrai programme de l’oligarchie!

    L’Union européenne n’offre en outre qu’une seule option : se soumettre à ses diktats ou bien se trouver exclu, sanctionné, ou privé de ses droits de vote (comme dans les futurs traités européens souhaités par Angela Merkel et Nicolas Sarkozy en cas de dérive budgétaire), mais sans avoir le droit de se retirer… Hier les Autrichiens étaient coupables de déviance politique pour avoir introduit au gouvernement le FPÖ ; puis les grecs ont été coupables de déviance budgétaire. Aujourd’hui on diabolise les Hongrois coupables sur les deux plans. A qui le tour demain ?

    Tant que la prospérité était tant bien que mal assurée, on pouvait le tolérer. Mais à l’heure de la récession, le caractère insupportable de la contrainte européenne apparaît de plus en plus.

    De la récession à la sécession ?

    La situation de l’Europe n’est pas sans rappeler malheureusement celle qui a conduit à la guerre civile américaine au XIXe siècle.

    Derrière le pathos de l’antiesclavagisme, cette guerre civile a en effet opposé les Etats du Sud –c'est-à-dire pour l’essentiel les Etats fondateurs des Etats-Unis qui étaient libres, échangistes car dénués d’industrie– aux Etats du Nord qui étaient protectionnistes et industriels. Les Etats du Nord entendaient imposer leurs tarifs douaniers au Sud agricole qui était importateur net, et cela, tout en lui déniant le droit de se retirer de l’Union. Une situation intenable pour les sudistes (qualifiés de rebelles par les Etats du Nord) qui n’avaient alors plus d’autre choix que la sécession, et bientôt celui de défendre leurs droits par les armes.

    Comme au temps d’Abraham Lincoln aujourd’hui en Europe un front sépare de plus en plus profondément les libre-échangistes de ceux qui veulent protéger leur économie, leurs emplois, leur identité et leur culture. Ces derniers sont aussi des rebelles -on dit  populistes  de nos jours- aux yeux de l’oligarchie libre-échangiste et des entreprises transnationales.

    Comme au temps d’Abraham Lincoln, l’Union européenne est devenue un carcan : elle ne conçoit pas qu’on puisse souhaiter la quitter pour retrouver sa souveraineté.

    Comme au temps d’Abraham Lincoln, l’immigration a pris la place de l’esclavage pour servir de justification morale aux intérêts économiques les plus sordides. Elle pourrait aussi servir demain de prétexte à des mesures violentes à l’encontre des peuples rebelles. N’a-t-on pas fait la guerre à la Serbie pour lui imposer la partition ethnique du Kosovo, au mépris de tous les principes du droit européen ?

    Comme au temps d’Abraham Lincoln, enfin, les peuples n’ont plus que leur courage et leur détermination à opposer à ceux qui violent leurs droits.

    Michel Geoffroy (Polémia, 10 janvier 2012)

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  • «J'ai vu "Intouchables" ! »...

    Vous pouvez visionner ci-dessous la chronique d'Eric Zemmour sur RTL, datée du 10 janvier 2012 et consacrée au film "Intouchables"...


    Eric Zemmour : "J'ai vu 'Intouchables' !" par rtl-fr

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