Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Points de vue - Page 373

  • Pierre Le Vigan analyse les résultats du premier tour...

    En exclusivité pour Métapo infos, Pierre Le Vigan analyse les résultats du 1er tour de l'élection présidentielle .

    Collaborateur régulier de la revue Eléments, Pierre le Vigan a récemment publié La banlieue contre la ville (La barque d'or, 2011) et Le malaise est dans l'homme (Avatar, 2011).

    Lien permanent Catégories : Multimédia, Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Nous refusons de changer de civilisation...

    Nous reproduisons ci-dessous la tribune libre de l'écrivain Renaud Camus, publiée cette semaine dans le quotidien Le Monde, et dans laquelle il explique les raisons du soutien qu'il apporte à la candidature de Marine le Pen. Renaud Camus, qui a récemment publié deux essais, Décivilisation (Fayard, 2011) et Le grand remplacement (David Reinharc, 2011), sort prochainement chez Fayard son journal de l'année 2011, Septembre absolu.

     

     

    Renaud Camus.jpg

     

    Nous refusons de changer de civilisation

    On me demande les raisons de mon vote en faveur de Marine Le Pen et même de l'appel du parti de l'In-nocence, que je préside, à soutenir cette candidate. Je dois d'abord préciser que le vote du 22 avril est déjà, pour nous, une sorte de deuxième tour en une élection qui en compterait trois, le premier s'étant clos le 16 mars quand il nous a fallu constater que ma propre candidature à l'élection présidentielle ne pouvait être menée à terme, faute des fameuses cinq cents signatures.

    Nous devons tirer les conséquences de cet échec qui est d'abord le mien, celui de mes propres capacités politiques, sans doute, mais qui est dû aussi au manque d'ouverture des élus, sévèrement contrôlés par les grands partis, et à mes mauvaises relations de toujours avec les médias, qui ont fait silence ou à peu près sur mon initiative et celle de l'In-nocence.

    Il s'agit donc pour nous, d'emblée, de désigner pour un report des voix éventuelles, comme pour un second tour, un candidat ou une candidate de substitution, qui ne sera pas notre candidat naturel et, fatalement, ne saurait correspondre point par point à notre propre ligne politique.

    Le parti de l'In-nocence, c'est-à-dire de la non-nocence, de l'absence de nuisance, est fondé sur des principes de civisme, de civilité, de civilisation, d'urbanité, de respect de la parole et de non-agression, que ce soit à l'égard des personnes, des biens, de la nature ou du patrimoine. Il est attaché à la culture et à la civilisation françaises, qu'il estime compter parmi les plus précieuses qu'ait élaboré l'humanité dans son long effort pour mettre sur pied un pacte de vie commune ménageant à la fois la liberté, la dignité, l'élévation spirituelle et le bonheur du plus grand nombre.

    Il observe qu'avec l'immigration de masse et le changement de peuple s'ensuivant, qui s'opère à vue d'oeil, la France est confrontée à la secousse la plus profonde, la plus radicale en ses conséquences, qu'elle ait connue depuis quinze ou seize siècles.

    Il remarque que de cette transformation formidable il n'est pour ainsi dire pas question dans le débat politique, alors que même la crise économique ou la dette sont secondaires par rapport à elle. Christopher Caldwell (auteur d'Une révolution sous nos yeux - Comment l'islam va transformer la France et l'Europe, éditions du Toucan, 2011) demande si l'Europe peut être la même avec une autre population : il est évident que la réponse est non. Le Parti socialiste publie un livre-programme intitulé Pour changer de civilisation (Odile Jacob, 2011). Nous sommes de ceux qui, au contraire, refusons de changer de civilisation.

    Un des désastres de l'histoire française contemporaine c'est qu'au parti et à l'homme qui ont manifesté le plus de clairvoyance face à ce qui survenait - à savoir le changement de peuple -, il était, des décennies durant, pour des raisons sur lesquelles je ne reviendrai pas, impossible d'apporter son suffrage.

    Même quand ils étaient d'accord avec Jean-Marie Le Pen et avec le Front national sur la question capitale de l'immigration, beaucoup de Français, dont je suis, ne pouvaient pas voter pour lui, à cause du "détail" (en 1987 sur RTL, le président du FN avait déclaré à propos des chambres à gaz : "Je crois que c'est un point de détail de l'histoire de la seconde guerre mondiale") et de quelques autres particularités mal savoureuses. Je considère, c'est un pari, qu'avec Marine Le Pen cette impossibilité funeste est levée.

    Elle a eu sur l'occupation, sur le sort des juifs, sur l'horreur des camps de la mort, des mots que je crois sincères et qui, en ce qui me concerne, lèvent un interdit. Il ne s'agit en rien d'adhérer au FN, de se laisser aller à de vieilles tentations qui, pour ma part, n'ont jamais existé ou de "tomber le masque", alors que je ne crois pas être très porté sur les masques et la dissimulation.

    Il s'agit de faire barrage au changement de peuple, de refuser fermement la poursuite de l'immigration et d'esquisser si possible son renversement, pour ceux des immigrés dont l'attitude impliquerait, pour notre pays, un changement de civilisation.

    Nous sommes bien loin d'être d'accord avec tout le programme de Marine Le Pen et, a fortiori, avec celui du FN. Nous ne partageons pas leurs vues économiques, nous sommes beaucoup plus attachés qu'eux à l'Europe, nous ne venons pas, c'est le moins qu'on puisse dire, du même milieu culturel et idéologique.

    J'ai demandé à Marine Le Pen, avant de lui apporter mon soutien, son accord sur quatre points pour nous capitaux : fin de l'immigration, droit pour les parents, les professeurs et les élèves volontaires à une éducation "réformée", lutte contre la "banlocalisation" du territoire, défense de la langue. Elle y a souscrit.

    Je crois en sa parole et en son honnêteté, je suis sensible à son amour de la patrie, j'admire son courage, son équanimité, son humour maintenu face à la hargne constante des médias.

    Je ne vois dans son programme rien de contraire à l'honneur ou à la morale. Je pense qu'elle est la mieux à même de sauver ce qui peut l'être encore. Voilà pourquoi je lui apporte mon suffrage et invite à faire de même les quelques personnes qui m'écoutent.

    Renaud Camus (Le Monde, 19 avril 2012)

    Lien permanent Catégories : Points de vue 30 commentaires Pin it!
  • Pierre Le Vigan analyse la campagne électorale...

    Vous pouvez visionner ci-dessous une analyse de la campagne électorale par Pierre Le Vigan. Collaborateur régulier de la revue Eléments, Pierre le Vigan a récemment publié La banlieue contre la ville (La barque d'or, 2011) et Le malaise est dans l'homme (Avatar, 2011).

     

    Lien permanent Catégories : Multimédia, Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Les indignés du bocal...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Claude Bourrinet, cueilli sur Voxnr et consacré à la mobilisation de "l'Empire du bien"  et de ses éminents représentants contre le régime syrien...

    Vague blanche.jpg

    Les indignés du bocal

    Si j’en crois les quelques images que j’ai pu glaner les quelques rares fois que je regarde les déformations de la télévision – et je ne m’en porte pas plus mal – on paraissait se bousculer mardi dernier, sur le parvis du Trocadéro. Les figurants (le terme est sans doute approprié pour ce type de spectacle), étaient pris en gros plan, de façon à ce que la réalité de la mobilisation n’apparaisse pas cruellement (200 personnes, selon les uns, 50 selon les autres, après un matraquage médiatique omniprésent). Cela n’empêche pas tel journal de plastronner : « Une véritable « vague blanche » a déferlé, mardi soir ». La Fédération internationale des ligues des droits de l'homme n’épargnait pas non plus le tonneau à blabla : « Pour réclamer l'arrêt des massacres en Syrie, hissons des tissus blancs. Partout dans le monde des hommes, des femmes, des enfants, un tissu blanc à la main ». Pourquoi « blanc » ? Jouirait-on, par là, du monopole de la pureté ?

    Quoi qu’il en soit, on reconnaîtra le style boursoufflé des indignés de circonstance, que l’on trouve toujours quand le système claque du doigt. Ce style grandiloquent ne fait, au fond, que reproduire la logorrhée déclamatoire des merdias enrégimentés, alimentés par le douteux Observatoire syrien des droits de l’homme, domicilié à Londres, et les envolées grotesques des chancelleries occidentales, en particulier de nos histrions (sinon hystériques) nationaux, Alain Juppé, ministre des indignations sélectives, et BHL, ministre de la Propaganda. Le philosophe du micro, d’ailleurs, évoquant les « méthodes particulièrement inhumaines » du régime syrien (et le lynchage de Kadhafi ? c’était une bagarre d’écoliers ?), tempête : « Autant de crimes qualifiés par les organisations humanitaires et par l’ONU de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité. » « Chaque jour perdu est une chape de plomb qui s’abat un peu plus sur le peuple syrien ». On reconnaît bien le style gracieux et aérien de notre pourfendeur de l’ « idéologie française », « philosophe et membre du conseil de surveillance du Monde », comme il se désigne lui-même sans rire ! De la part de gens qui ont toutes les indulgences pour l’Etat juif de Palestine, cela porte pourtant à rigoler. Il vaudrait le coup de relever toutes les hyperboles vibrantes qui parsèment, tels des épouvantails, leur misérable champ de patates : quand ce n’est pas « impitoyable », c’est « sanguinaire », « innommable », « tyrannique », etc., agrémentées, comme l’est de son chapeau difforme notre épouvantail, d’adverbes d’intensité : « particulièrement », « extraordinairement », « incroyablement », comme si, les substantifs et les adjectifs s’usant à l’emploi, on avait recours à des modalisateurs, ainsi qu’une huile moteur dans un moteur un peu grippé, à bout de course, et qui n’a pas été vidangé depuis belle lurette. Il faudrait se purger !

    Du reste, à parcourir la liste des signataires de l’appel du « Collectif urgence solidarité Syrie », on retrouve des noms connus, les idiots utiles, bien sûr, mais aussi les cyniques, les politiciens atlantistes et sionistes (celui de Frédéric Encel est tout un programme !), ceux aussi qui savent que ce serait bien de figurer là, pour la réclame, enfin, tous ceux qu’on ne verra pas manifester contre les arrestations arbitraires et la colonisation en Israël, contre la torture et les arrestations arbitraires en Libye, contre les massacres de l’Otan et la politique agressive des Etats-uniens envers des nations indépendantes et libres (François Hollande s’y trouve, ce qui augure bien mal de sa volonté de prendre des distances par rapport à l’empire américain…).

    Et pour faire bonne mesure, la photographe américaine, Sarah Moon, a organisé une opération d’agit-prop, en photographiant des pipeules, effigies amusantes, qu’on a arborées au Trocadéro comme des icônes sacrées : pensez donc ! la madone Jane Birkin, toujours miraculeusement présente où il y a de l’écume, Catherine Deneuve, autre Vierge sur le retour, Piccoli, Thuram et compagnie, bref, du beau linge de bonne famille, bien propret et plié pour le service.

    Et puis il y avait Stéphane Hessel. Que diable allait-il faire dans cette galère ? Le personnage est sympathique (d’ailleurs, les autres aussi, ils sont sympathiques, ils sont mignons, ils sont talentueux, et, en plus, ils sont bons, généreux, dégoulinants de crème compatissante), et parfois, il ne se trompe pas. Car, c’est bien cela, l’inconvénient, avec les poussées d’indignation : ça tombe juste une fois sur deux.
    L’ancien Résistant a essuyé les crachats et la haine des sionistes pour son soutien à la cause palestinienne et sa critique de l’ « Etat hébreux », comme disent nos merdias, ce qui vaut bien notre indulgence et toutes les légions d’honneur de notre République, Mais pour le coup, notre vieillard « indigne » (comme le clame, en substance, cet autre clown néocon du Figaro, Rioufol), démontre que les bons sentiments ne garantissent pas la pertinence de la pensée. Il n’est certes pas question de contester sa sincérité, mais au moins aurait-il dû s’interroger, et se demander si les chiffres avancés par les organes de propagande atlantiste sont vrais, qui sont ces « victimes civiles », si elles sont aussi « civiles » qu’on le dit, et si, parmi elles, il n’y a pas des cibles innocentes des salafistes et autres mercenaires qataris, si la « rébellion » n’a pas été fomentée, si les images que les télés montrent en boucle sont authentiques, bref, si l’information est vraiment équitable, et ne se réduit pas à de la déformation, et si, plus profondément, l’offensive contre la Syrie, comme celle, il y a peu, de la Libye, et, auparavant, de l’Irak et de l’ex-Yougoslavie, n’appartiennent pas à un plan machiavélique de destruction des sociétés civiles et d’hégémonie mondiale.

    Stéphane Hessel, qui a eu son heure de gloire avec son opuscule « Indignez-vous ! », et qui a entraîné dans son sillage pathogène des milliers de jeunes formatés par la rhétorique bienpensante, et néanmoins bêtifiante, de nos lycées, pense que l’expression émotionnelle permet d’éviter d’aller plus à fond. Certes, il faut aimer le Bien et haïr le Mal. Encore faudrait-il peser ces mots, car peser, c’est penser, et se pencher un peu sur l’âpre et rugueux terrain de la réalité, qui présente infiniment plus de nuances que la morale sans détour.
     
    Claude Bourrinet (Voxnr, 18 avril 2012)
    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • L'arbre et la forêt...

    Nous reproduisons ci-dessous la chronique d'Eric Zemmour, publiée dans le numéro d'avril de la revue Le Spectacle du Monde  et consacrée à l'affaire Merah et à ce qu'elle révèle...

     

     

    Eric Zemmour.jpg

     

    L'arbre et la forêt

    Un monstre. Un fou. Un malade mental. Un dégénéré. Un loup solitaire. Il y a, dans les mots choisis par les principaux candidats à la présidentielle, de Sarkozy à Hollande, de Mélenchon à Bayrou (et par les médias ainsi que la horde de psys en tout genre convoqués par eux), une volonté commune de sortir Mohamed Merah du commun, de la norme, même des criminels les plus terrifiants. De le psychiatriser. Le déshumaniser, même. Le dépolitiser. Le désislamiser, surtout.

    On remarquera que le processus inverse fut à l’oeuvre pour le Norvégien fou qui devint, son massacre accompli, le porte-parole malgré lui du retour du nazisme.

    On comprend bien les multiples objectifs poursuivis par cette (touchante ?) unanimité (dont même Marine Le Pen a du mal à s’extraire). D’abord, rassurer les populations. Si le meurtrier est un monstre, mis au ban de l’humanité, son périple criminel n’est pas près d’être imité. La parenthèse monstrueuse se refermera aussitôt après sa mort.

    Mais c’est la psychiatrisation du « forcené », sa sortie de l’humanité raisonnable – sa déshumanisation – qui permettra – permet déjà – sa victimisation. C’est le grand legs de la psychiatrie depuis les années 1970. Le fou n’est pas un monstre, mais un homme. Un homme fait de tous les hommes qui les vaut tous, pour paraphraser Sartre. Nous sommes tous des fous, ou aurions pu le devenir, c’est le message que nous a inculqué le politiquement correct psychiatrique. Il suffit d’une étincelle, d’une frustration, d’une persécution. Le fou même meurtrier n’est qu’une victime de la société. Tariq Ramadan n’a pas tardé à allumer cette flamme victimaire. Mohamed Merah ne serait, selon lui, qu’un produit excusable d’une intégration ratée. Du racisme profond de la société française, qui l’a rejeté en tant qu’immigré, en tant que musulman. Ses échecs professionnels sont le fruit d’une hostilité d’une société française malade de ses discriminations. Sa tentative vaine d’entrer dans la Légion étrangère prouve son désir d’intégration. Mohamed Merah, le Lacombe Lucien du terrorisme. Ses innombrables « bêtises » de multirécidiviste sont autant d’appels au secours. Le coupable devient une victime : on connaît le discours bien rôdé, le retournement sémantique de tous les psys, de tous les avocats. Déjà, sur Facebook, des sites – aussitôt supprimés, aussitôt rétablis – chantent la geste tragique du nouveau héros. Dans certaines classes, des profs n’ont pas osé imposer la minute de silence instituée par le président de la République en mémoire des enfants de Toulouse assassinés, car certains jeunes Maghrébins refusaient de « se lever pour des juifs ! » Ces réflexes d’identification spontanée n’ont que faire de la rhétorique savante des élites françaises – politiques, médiatiques et religieuses – pour désislamiser et dépolitiser la sarabande meurtrière du jeune homme.

    « Pas d’amalgame », tel est le cri poussé unanimement. Pourtant, alors que l’identité du tueur n’était pas connue, les grands prêtres de l’antiracisme s’étaient empressés d’amalgamer l’assassin aux « idées racistes », c’est-à-dire, en vrac, au Front national, mais aussi à Nicolas Sarkozy et à tous ceux qui refusent de se coucher devant les injonctions de nos maîtres-censeurs. « Pas d’amalgame entre l’islam et l’islamisme. » L’antienne nous fut inlassablement répétée. Avec les meilleures intentions du monde. Il ne s’agit pas, bien sûr, de prêter une quelconque responsabilité collective à des musulmans français, nos compatriotes, qui n’en peuvent mais. Il s’agit seulement de ne pas accepter des distinctions fallacieuses et des rhétoriques d’évitement. Dans le journal le Monde daté du 24 mars, un professeur de philosophie à Sophia Antipolis, Abdennour Bidar, écrit : « On dit d’un fanatisme de quelques-uns que c’est l’arbre qui cache la forêt d’un islam pacifique. Mais quel est l’état réel de la forêt dans laquelle un tel arbre peut prendre racine ? Une culture saine et une véritable éducation spirituelle auraient-elles pu accoucher d’un tel monstre ? » Mohamed Merah était un musulman de type salafiste. Il a établi sa conversion en lisant lui-même le Coran et lors de ses séjours fréquents en prison. La police soupçonne son grand frère Abdelkader de l’avoir formé et manipulé. Il était devenu un militant religieux et politique. Pas un monstre ni un fou.

    Le salafisme est la version de l’islam pratiquée en Arabie saoudite, grand allié des Etats-Unis et de l’Occident. Le mouvement salafiste a obtenu près de 20 % des voix aux élections en Egypte. Il est l’aiguillon islamiste en Tunisie, militant pour que la charia soit inscrite dans la Constitution, combattant dans la rue les laïcs.

    Le salafisme se répand dans nos banlieues comme une traînée de poudre, supplantant l’islam malékite prédominant dans le Maghreb, qui privilégiait les vertus viriles de l’honneur et de la piété filiale. On sacralise le Coran, texte sacré, décontextualisé qui s’appliquerait parfaitement à notre temps. Coran, prophète, charia, halal, tout est sacralisé. Tout est absolutisé. Les salafistes s’habillent comme le prophète, veulent vivre comme au VIIe siècle.

    Nos bons esprits aiment à distinguer entre islam et islamisme. Entre la pratique individuelle des musulmans et la récupération politique par des groupuscules dangereux. Avec la victoire des islamistes aux élections, dans tous les pays libérés par le « printemps arabe », les mêmes ont dû faire assaut d’inventivité sémantique : il y a désormais les musulmans modérés et les islamistes radicaux. Mohamed Merah est donc un islamiste radical.

    Cette subtile casuistique fait fi de la réalité historique de l’islam. Comme toutes les religions, l’islam est éminemment politique. Il légitime le pouvoir comme le catholicisme consacrait le roi de France. Mais, contrairement à l’Eglise, l’islam ne connaît pas de conflit entre le pape et l’empereur, de distinction entre le sacré et le profane. Selon Marcel Gauchet, dans son livre le Désenchantement du monde, le christianisme était prédisposé à cette séparation laïque, car il était la religion de la sortie de la religion. Au contraire, l’islam est le retour à la rigueur dogmatique du judaïsme après la grande subversion du christianisme, de l’incarnation et de l’amour. L’islam est un retour au pur monothéisme et à l’orthopraxie juive.

    L’islam n’a pas non plus connu la révolution des Lumières, qui a contraint, après plus d’un siècle de combats, à limiter la religion à l’espace privé. Le retour à l’islam travaille les populations arabes. Une rivalité féroce s’exerce entre les deux pôles sunnite et chiite, Arabie saoudite et Iran, pour la domination du monde musulman. C’est une surenchère permanente à qui sera le meilleur musulman, le plus pur, le plus dur aux infidèles.

    L’islam, comme le christianisme, a toujours été un universalisme. Une religion prosélyte qui se considère comme l’ultime révélation monothéiste. Et donc le dernier mot de Dieu. L’oumma est la communauté des croyants. Elle donne une identité musulmane à ceux qui ne se reconnaissent pas une identité nationale. Pas étonnant que Mohamed Merah, citoyen français, enfant d’une famille algérienne, ni français ni algérien, ait trouvé un moule identitaire dans l’islam.

    L’islam est un communisme avec Dieu. A la fois idéal de justice et d’égalité, mais aussi contrôle sourcilleux de la vie de chacun. Un des plus grands spécialistes de l’islam, Maxime Rodinson, interrogé un jour sur la signification de l’oumma, répondit par cette boutade : « l’oumma ? C’est l’Huma ! »

    Bien sûr, Mohamed Merah ne résume pas à lui seul le destin d’une immigration arabo-africaine depuis quarante ans. Il en constitue l’exception, ou plutôt la pente caricaturale. Son destin tragique met cependant en évidence les liens entre immigration et délinquance ; entre délinquance, terrorisme et islam. Des liens que le politiquement correct nous a longtemps interdit même de dénoncer. La faiblesse inconsciente d’une politique d’immigration sans contrôle. Les limites d’un droit du sol qui fait de citoyens français des ennemis fanatisés de leur pays. Les faiblesses d’une politique de la ville qui arrose des associations sans aucun contrôle.

    Selon les spécialistes comme Gilles Kepel, on assiste à la « halalisation » de territoires entiers de la République, quand une population massivement homogène instaure un mode de vie qui va au-delà de l’abattage des bêtes, mais concerne aussi le mariage, la famille, les relations entre hommes et femmes, etc.

    La délinquance aura permis de faire fuir les Français d’origine ou les descendants lointains de l’immigration européenne. Ce qu’un écrivain comme Renaud Camus appelle le « grand remplacement ». Les Mohamed Merah sont rares, mais réussissent – comme l’enseignent les salafistes – à semer la terreur parmi les mécréants. La démographie fera le reste. Et le retour à l’islam rigoriste donnera une couleur idéologique à la pression démographique. Des départements entiers comme la Seine-Saint-Denis deviendraient alors des sortes de La Rochelle au temps des protestants, où des hommes armés faisaient régner un ordre luthérien et pourchassaient les catholiques. Jusqu’à ce que le cardinal Richelieu entreprenne le siège de la place forte protestante. C’est à cette époque que Blaise Pascal disait : « Qui fait l’ange fait la bête. »

    Eric Zemmour (Le Spectacle du Monde, avril 2012)

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Les voyoux de la finance...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Xavier Raufer, cueilli dans Le nouvel Economiste et consacré aux moeurs délinquantes de la finance internationale...

     

    davos.jpg

     

    Finance pousse-au-crime

    Cela devait arriver. Car de longue date, toute loyauté raillée, toute fidélité abolie, les requins de Wall Street ne nagent plus que « dans les eaux glacées du calcul égoïste » (dixit Karl Marx). Un cadre de Goldman Sachs a finalement craché dans la soupe, dénonçant une banque gavée de fric pour compte propre ; des clients pris pour des pantins, façon tir aux pigeons. Un environnement professionnel « toxique » – une banqueroute morale.

    Tel est exactement le terreau proto-criminel décrit dans « La finance pousse-au-crime », livre collectif écrit, à l’automne 2011, par l’auteur et des collègues. Des freins moraux sapés par l’avidité et l’impunité. Des médias et dirigeants hypnotisés par une « ploutocratie internationale» – formule prise dans la revue américaine The Atlantic, qui n’est pas vraiment un brûlot anarchiste. Premier ressort criminel : l’impunité. Qu’adviendrait-il d’un garagiste qui vendrait une voiture au système de freinage saboté et souscrirait ensuite, à son profit, une assurance-vie sur la tête de son client ? Il filerait droit en prison. Or d’analogues pratiques, voire pires, sont courantes à Wall Street, dans un effarant climat d’impunité :

    - Convaincue d’avoir blanchi 378 milliards de devises mexicaines suspectes ou carrément criminelles, Wachovia Bank est condamnée en 2010 à payer une amende représentant… 2% de son profit de 2009.

    - En 2010 aussi, Goldman Sachs est condamnée à 550 millions de dollars d’amende pour avoir « égaré des investisseurs » – 15 jours de ses bénéfices de l’année en cours.

    - La géante caisse d’épargne Washington Mutual s’effondre en 2008, provoquant la plus énorme faillite de l’histoire bancaire des Etats-Unis. Fin 2011, ses trois dirigeants sont condamnés à de grotesques “sanctions” financières, moins de 10% de ce qu’ils ont touché avant la crise.

    Mais d’usage, les banques et leurs dirigeants sont condamnés à… promettre de respecter à l’avenir la loi financière. De 1995 à 2011, 19 banques dont Goldman Sachs, Morgan Stanley, JP Morgan Chase, Bank of America, etc., ont ainsi juré 51 fois de bien se conduire, pour récidiver dans la foulée – et jamais, la société de contrôle de la Bourse n’en a attaqué une seule pour violation de serment.
    Ni d’ailleurs vraiment tenté de contrôler les prédateurs. Ainsi, timidement prié désormais d’« identifier ses clients et employés et de donner des détails sur… sa manière d’éviter les conflits d’intérêts avec sa fortune personnelle » – bref, de sortir d’une quasi-mafieuse opacité – le spéculateur George Soros dénonce d’intolérables « contraintes » et s’empresse de fuir les curiosités officielles.

    La connivence, maintenant : en 2008, le sénateur américain promoteur de la principale loi de dérégulation de la finance, cette qui transforme Wall Street en jackpot pour prédateurs, devient le vice-président d’une des grandes banques de la place…

    Le pillage enfin. Fin 2011, la société de bourse MF Global s’effondre. Ex-sénateur et gouverneur du New Jersey, ainsi qu’ancien dirigeant de Goldman Sachs, le directeur général de MF Golbal « ne sait pas » ce qu’est devenu le milliard de dollars qu’il gère pour ses investisseurs. Quelque « erreur humaine » fait que l’argent a “disparu”. Même scénario pour la Libyan investment authority (LIA), vampirisée de 2008 à 2010 par une meute de fonds financiers, hedge funds et banques – des milliards de dollars s’étant, là encore, « évaporés ». Déposée début 2008 chez Goldman Sachs-Londres, la somme de 1,3 milliard de dollars s’est volatilisée à 98% en février 2010. Des pratiques en regard desquelles « Massacre à la tronçonneuse » fait figure de récréation enfantine…

    Au bout du chemin, la fraude financière proprement dite : transgressions, sciemment criminelles, des lois du marché ; techniques de dissimulation comptable, “innovations” financières crapuleuses. A Wall Street, prévient le professeur américain Bill Black, expert ès finance criminelle “Si vous ne cherchez pas la fraude, vous ne la trouverez pas ; si vous la cherchez, vous la verrez partout”.

    Mais il y a pire encore, car un peu de volonté politique permet de rechercher puis de sanctionner ces malversations financières. Le pire, c’est ce qui justement aveugle le contrôle politique, c’est l’habillage idéologique rendant la prédation chatoyante et désirable – la “société ouverte” chère au “bienfaiteur” Soros.

    Destiné à l’opinion et aux médias, ce séduisant habillage prôné par l’« élite de Davos » est par nous baptisé « DGSI », Davos-Goldman-Sachs-Idéologie. Mondialiste, libre-échangiste, il est fondé sur l’idée que “tout ce qui compte, se compte”. Ennemie résolue des nations, de leurs histoires et symboles, la DGSI vante les migrations et le multiculturalisme ; ce puissant dissolvant “ne se connaît plus d’extérieur, refuse qu’on soit étranger à ses cultes et ses pompes ; il se veut le système du monde, unique et clos comme une bulle” (Hervé Juvin “Le Renversement du monde”).

    Qui cède à ses sortilèges, qui tombe entre ses griffes, finit ravagé de fond en comble : Islande, Irlande, Grèce – en attendant sans doute le Brésil. Qui en est réduit là – et voilà le motif de l’avertissement des criminologues – dégringole directement du pousse-au-crime au criminel proprement dit. Depuis que les vautours ont commencé à survoler Athènes, vendant aux pathétiques politiciens grecs les ruineuses rustines leur évitant de couler trop vite, la criminalité explose dans ce qui fut naguère la métropole la plus paisible d’Europe – voire du monde développé. Vols à main armée multipliés par 2 ; homicides : + 50% ; des bandes balkaniques armées de kalachnikov exploitent des migrants clandestins d’Asie et d’Afrique ; des grappes de toxicomanes en manque rôdent jusqu’au centre-ville, nous dit l’International Herald Tribune du 15 juin 2011. Miracle – mirage – désastre. Telle est la recette de la DGSI. Telle est la réalité de la finance pousse-au-crime.

    Xavier Raufer (Le nouvel Economiste, 23 mars 2012)

    Lien permanent Catégories : Points de vue 1 commentaire Pin it!