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Points de vue - Page 342

  • Quand la mémoire klarsfeldienne piétine l'histoire...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de l'historien Alain Michel, cueilli sur son blog Vichy et la Shoah et consacré à l'emprise qu'exerce Serge Klarsfeld sur la question de l'application en France de la Solution finale.

    Alain Michel enseigne l'histoire en Israël et est, notamment, l'auteur de L'étoile et la francisque - Les institutions juives sous Vichy (Le cerf, 1990) et de Vichy et la Shoah, en quête sur le paradoxe français (CLD, 2012)

     

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    Quand la mémoire klarsfeldienne piétine l'histoire

    La France, depuis 40 ans vit non seulement au rythme du « politiquement correct », mais surtout, en ce qui concerne l’application de la Solution Finale en France, à l’heure du mémoriellement correct. Une lecture univoque, imposée et obligatoire des événements est devenue le discours obligatoire dans le monde politique et même, hélas, dans une majorité du monde universitaire. La consécration de cette lecture, sa « panthéonisation », a été réalisée par le discours de Jacques Chirac en été 1995, qui citait presque intégralement les mots que les gardiens du Temple lui avaient soufflés, au premier rang d’entre eux Serge Klarsfeld. A partir de ce moment là, la seule interprétation des événements était celle imposée par celui-ci, sans possibilité de critiques ou de remises en cause. Entendons nous bien, il ne s’agit pas de remettre en cause l’événement lui-même, l’arrestation par la police parisienne les 16 et 17 juillet 1942 de près de 13000 hommes, femmes et enfants, tous Juifs apatrides et qui presque tous seront déportés et assassinés à Auschwitz. Mais l’interprétation de Serge Klarsfeld de cet événement est, selon nombre d’historiens dont moi-même, en grande partie erronée, particulièrement quant au rôle joué par le gouvernement de Vichy dans cette tragédie. Mais Serge Klarsfeld a un compte personnel à régler avec le régime de Vichy, et tout doit être fait et dit, depuis la confiscation du libre droit d’expression de l’historien à la déformation des faits et en passant par l’intimidation, afin que le narratif imposé par Klarsfeld ne soit pas remis en cause.

    Confiscation du libre droit d’expression de l’historien : toute tentative de proposer une autre lecture est aussitôt dénoncée comme négationniste et alimentant la cause du Front national, ou alors est carrément passée sous silence. Dès 1989, Léon Poliakov écrivait dans « L’envers du destin » (p. 36), à propos de la rafle que « Pour ma part, j’ai toujours pensé, contrairement à l’opinion commune, que Laval, qui n’était nullement antisémite, ne mérite pas sa mauvaise réputation ». L’approche surprenante du grand historien de l’antisémitisme, lui-même Juif résistant, a-t-elle été objet d’analyse ou de discussion dans les médias français si friand habituellement de débats et de remise en cause, ou même dans le monde universitaire ?

    Déformation des faits : comment peut-on mêler la résistance intérieure ou la France libre au sauvetage des Juifs, alors qu’aucune initiative de sauvetage n’a été prise par ces organismes ? Il y a eu des résistants qui ont sauvé individuellement des Juifs, mais la Résistance en tant qu’institution est restée totalement indifférente à leur sort. Quant au chef de la France libre, il n’a pas eu un mot, dans ses nombreux discours, pour dénoncer les arrestations et les déportations des Juifs ! Et que penser des déformations du film « La rafle » où tout est fait pour que l’ensemble des Français de l’époque ait l’air d’ignorer les événements, jusqu’à placer le camp de Beaune-La-Rolande au milieu d’une véritable forêt vierge, alors qu’il était en pleine ville ! Mais il est vrai que le conseiller historique de ce film au large succès populaire s’appelle … Serge Klarsfeld.

    Intimidation : Il n’y a qu’à lire le texte publié cette année par Klarsfeld dans le journal Le Monde quelques jours avant la commémoration de la rafle à laquelle devait participer le Président François Hollande pour comprendre à quel point on ne peut que constater tristement, 17 ans après, que François Mitterrand avait au moins raison sur un point, lorsqu’il dénonçait un véritable « Lobby de la mémoire ».

    Alors oui, disons-le, François Fillon a raison lorsqu’il déclare que : « C'est aux historiens de parler de ces sujets, pas aux responsables politiques. »* Ni d’ailleurs aux professionnels de la mémoire lorsqu’ils outrepassent leur rôle.

    Alain Michel (Vichy et la Shoah, 23 octobre 2012)

     

    * Note de Métapo infos

    Pour ces simples propos, le très prudent et très raisonnable François Fillon a eu droit à une admonestation de la police de la pensée, sous la plume de... Serge et Arno Klarsfeld !

    Les trous de mémoires de François Fillon (Le Monde, 23 octobre 2012)

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  • Criminalité et terrorisme : le temps des hybrides...

    Nous reproduisons ci-dessous un article de Xavier Raufer, cueilli sur le site du Nouvel Economiste et consacré aux menaces hybrides.

     

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    Criminalité et terrorisme : le temps des hybrides

    Le temps des entités strictement criminelles ou idéologiques est fini.

    Produisons plutôt de pertinents diagnostics, loin d’une pittoresque coalition de magistrats retraités, d’experts du 11-Septembre 2001 et de journalistes débordés, tous excités par des ministres qui cauchemardent sur un Merah bis.

    Le rôle majeur du diagnostic est ici d’éviter la guerre de retard. Dans la France de 2012, d’éviter le scénario de 1990 où, figés dans leur gloire, incapables de se renouveler, des combattants de la guerre froide prétendaient que, loin d’avoir disparu, le KGB était d’autant plus dangereux qu’il faisait le mort… Des années durant, ces anciens combattants nous ont-ils ainsi abreuvés de leurs radotages, avant de sombrer devant ce qui émergeait dans la décennie 1990 : la manifeste, l’aveuglante menace salafiste. Or aujourd’hui, qu’il s’agisse de machines à tuer d’une “extrême dangerosité” ou de pathétiques charlots, nous avons à coup sûr affaire à des hybrides. Qu’est-ce qu’un hybride ? C’est un individu, ou un groupe, évoluant entre banditisme et terrorisme.

    Parfois, c’est un terroriste qui tourne gangster après avoir perdu ses illusions ou son fanatisme (voir ci-après). Parfois aussi, c’est un voyou qui pense s’acheter une conduite, ou une place au paradis, en agissant dans un cadre “honorable” : défense du peuple ou de la patrie, jihad, etc. Mohamed Merah entre clairement dans cette seconde catégorie, et les récents interpellés (Torcy, Cannes, etc.), aussi.

    Cette menace des hybrides dépasse de loin la France. Elle est même mondiale :

    - A l’été 2012, on apprend que la guérilla dégénérée des Farc (Forces armées révolutionnaires de Colombie) est désormais “en affaires” avec un sanguinaire cartel mexicain : le clan Beltran-Leyva. Le 30e “front” des Farc (le long de la côte du Pacifique), et le 48e front (frontière avec l’Equateur) exportent de la cocaïne pour le compte de ce clan.

    - Au même moment le méga-gang colombien dit des “Rastrojos” (un des héritiers du grand cartel de Norte del Valle), affaibli par l’arrestation successive de deux de ses chefs, s’associe avec une autre guérilla dégénérée, l’ELN (Armée de libération nationale) au sud-ouest de la Colombie, pour produire et exporter de la cocaïne en direction du Venezuela.

    Après les hybridations guérillas-entités criminelles, voici celles impliquant des sectes. Là, l’étrange mutation vient du Mexique. A l’origine, “La Familia Michoacana”, cartel d’environ 1 200 bandits spécialiste des drogues chimiques. Particularité de cette “famille” : dans le fort catholique Mexique, elle est fanatiquement calviniste. En décembre 2010 son chef, Nazario Moreno Gonzalez (1970-2010) dit “le super-dingue” (El mas loco) est abattu par la police.

    Un segment de la “famille” reprend le flambeau sous le nom de “Chevaliers Templiers” (Caballeros Templarios). Or à l’été 2012, un culte (lui, plutôt catholique ?) commence à être rendu à Nazario Moreno : lors de rafles, les policiers découvrent des autels portant des statues hautes d’un mètre du Mas loco, en armure dorée et brandissant un glaive. Dans un livret, les prières adressées au nouveau “martyr”: “Saint Nazario, chevalier du peuple, protecteur des misérables, donne-moi la vie, protège-moi…”.

    Or, côté hybridation, ce qu’il advient à Liverpool (Grande-Bretagne) est bien plus inouï encore, comme incroyable mélange. Après un siècle d’inexpiables guerres, six siècles de haine farouche, des ennemis acharnés comme la planète en compte peu, des anciens de l’IRA provisoire (“papists”) et d’ex-loyalistes de l’Ulster Volunteer Force (“prods”, pour protestants) contrôlent désormais ensemble le trafic du crack dans la ville. La cocaïne arrive d’Amérique latine dans la banlieue de Dublin, à Ballyfermot. De là, elle est livrée à Liverpool et vendue dans leurs fiefs par les ex-loyalistes.Si ces séculaires et mortels ennemis s’entendent maintenant et travaillent ensemble, la cause est entendue. C’est qu’un tsunami de mutations balaie la planète. C’est que le temps des entités strictement criminelles ou idéologiques est fini. C’est que le type purement criminel ou terroriste sera bientôt voué aux musées du XXe siècle – ou aux bases de données d’archaïques “spécialistes” aveugles aux mutations du monde.

    Voici donc venu le temps des hybrides, mutants, mimétiques ou dégénérés. Or détecter et comprendre ces évolutions est d’autant plus vital qu’on ne recherche que ce qu’on envisage déjà. Ainsi, penser les criminels et les terroristes de demain selon les critères, modèles et types d’hier, ranger gentiment les entités dangereuses de 2012 dans les petites boîtes de la guerre froide – aussi sûrement obsolètes que les stratégies de 1870 – garantit la guerre de retard, la bataille perdue d’avance. A monde nouveau, menaces nouvelles – et concepts neufs. Ouvrons l’œil, ces mutants et hybrides sont désormais répandus sur toute la planète et de types multiples :

    - Guérillas vivant de trafics divers, dont celui des stupéfiants 

    - “Marxistes” d’hier devenus trafiquants et blanchisseurs d’argent criminel

    - Jihadis-braqueurs 

    - Jihadis-pirates  

    - Ex-terroristes reconvertis dans le crime 

    - Paramilitaires devenus narcotrafiquants

    - Sociétés militaires privées vendues aux cartels de la drogue

    - Trafiquants d’armes au service de terroristes

    - Motards criminalisés liés à des terroristes

    - Sectes associées à des cartels de la drogue

    - Escadrons de la mort mutant en “forces de sécurité”

    - Entreprises licites au service de cartels de la drogue

    - “Soldats de la Paix” devenant trafiquants ou proxénètes

    - Guérillas mutant en armées à part entière

    - Trafiquants d’êtres humains, actifs dans le narcotrafic

    - Mélanges africains : milices-sectes-bandes armées…

    Dans le registre des dangers et menaces, ces hybrides sont l’avenir.

    Si l’on veut éviter la guerre de retard, c’est eux qu’il faut observer, étudier – et combattre.

    Xavier Raufer (Le Nouvel Economiste, 22 octobre 2012)

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  • Nicolas Sarkozy, agent d'Israël ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Yves-Marie Laulan, cueilli sur son blog personnel et consacré aux postions étrangement favorables à Israël de Nicolas Sarkozy...

    Economiste et démographe, auteur de nombreux essais, Yves-Marie Laulan a longtemps été membre de la direction du RPR.

     

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    Nicolas Sarkozy est-il un agent d'Israël ?

    L’idée parait absurde a priori. Pourtant il est permis de se demander si, comme acteur direct ou à titre de supplétif des Etats-Unis, Nicolas Sarkozy n’a pas eu tendance à privilégier systématiquement les intérêts d’Israël au détriment de ceux de la France.
    Il est quand même surprenant, en effet, de constater que sa première déclaration publique, peu de temps après son échec aux présidentielles, a été pour « tacler » comme on dit aujourd’hui le président Hollande sur sa faiblesse supposée envers la Syrie. Curieux hasard.
    On notera, au passage, qu’il n’est guère dans la tradition républicaine qu’un président fraîchement battu prenne la parole en public pour critiquer sans tarder son heureux successeur, surtout sur des questions de politique étrangère. Il est vrai que Nicolas Sarkozy ne s’est jamais beaucoup soucié de la bienséance et des convenances républicaines. On ne se refait pas.
    Mais pourquoi cette ardeur renouvelée envers la Syrie ? On avait pu croire, un instant, que sur l’affaire libyenne, Sarkozy, alors président, s’était laissé convaincre par le trop fameux Bernard Henri Levy porté par un amour immodéré pour les Libyens en grand danger de mort sous la férule tyrannique de l’infâme Kadhafi (reçu quand même en grande pompe à l’Elysée quelques années auparavant).
    Mais, avec le recul, il apparaît clairement qu’avec ou sans BHL, c’est Sarkozy lui-même qui était bel et bien à l’origine de cette généreuse croisade en faveur des Libyens épris de liberté. Ces derniers ont donné sans tarder la preuve de leur attachement aux vertus démocratique en rétablissant la Charia pour améliorer la condition féminine puis, tout récemment, selon diverses sources, en sodomisant, torturant et assassinant le malheureux ambassadeur Christopher Stevens, pourtant leur ami de toujours .
    Alors pourquoi cet enthousiasme pour une intervention française en Syrie ? C’est là qu’il faut procéder, comme le disent les Anglo-saxons, à un petit exercice de « connecting dots », consistant à tirer des traits entre des points apparemment sans lien.
    Avant la Libye, il y avait eu le retour en fanfare à l’OTAN qui a entraîné la mort en Afghanistan d’une centaine de nos soldats avant de se traduire, dans les mois à venir, par un retrait précipité sous la pression des Talibans, décidément bien coriaces. Mais pourquoi l’envoi d’un contingent de 4000 hommes, là où Chirac, pour une fois fort sage, s’était contenté d’envoyer une petite poignée de « conseillers » ? La réponse est claire. Il s’agissait de renouer des liens forts avec la puissance américaine quelque froissée après le refus français d’aller se balader en Irak. Jusqu’ici rien à dire, sauf que cette expédition aux antipodes, sans objet et sans succès, aura un peu plus épuisé nos forces et nos hommes dans un conflit sans issue. Nos soldats sont-ils morts pour rien ?
    Mais là où le tableau se précise c’est quand on se rappelle que la France de Sarkozy a cru bon d’installer le 26 mai 2009 une base militaire de 500 hommes face à l’Iran (à 150 miles très exactement) , à proximité du Detroit d’Ormuz, un magnifique Dien Bien Phu en perspective en cas de conflit sérieux. Cela rappelle évidemment certains souvenirs.
    En termes de sécurité de nos approvisionnements pétroliers, une base française dans le Golfe persique n’a évidemment aucune portée opérationnelle. Quant à se lancer militairement à l’assaut de Téhéran à partir de là, on demande à voir. Pure bravade ou un geste de portée symbolique, ou diplomatique si l’on préfère, à l’adresse de l’Iran, pour faire plaisir aux Emirats ? Mais croit-on vraiment intimider l’Iran de la sorte ? Et, peut-on se demander, à l’instigation de qui cette décision, qui pourrait se révéler lourde de conséquences, a-t-elle été prise , et au profit de qui, les USA ou Israël ?
    Là dessus intervient l’écrasement de la petite Libye , avec le concours en sous-main de la puissante Amérique qui détruit subrepticement les défenses anti aériennes de ce pays ainsi que les centres de communications (sans compter la fourniture de carburant et de munitions aux vaillants alliés européens à court de tout). Pourquoi cette démonstration de force purement gratuite ? Sans doute pour intimider les pays du Moyen-Orient qui douteraient de la détermination de la France de Sarkozy à entrer avec conflit avec l’Iran aux côtés d’Israël.
    L’occasion n’a pas tardé à s’en présenter avec l’affaire de Syrie. Une fois de plus la France se porte aux avants postes, BHL en tête, pour sonner la charge contre la communauté alaouite, branche chiite, regroupée autour du président Bashar al-Assad sous le voile pieux d’une nouvelle croisade à caractère humanitaire, bien sûr. On a déjà vu le film. En fait, il s’agissait tout bonnement d’abattre Bashar Al Assad, soutenu par l’Iran chiite et de préparer son remplacement par un homme de paille sunni quelconque supposé favorable à un accommodement avec Israël et, bien entendu, les Etats-Unis ainsi qu’avec l’Arabie Saoudite, place forte des Sunnis mais surtout, grand pourvoyeur de pétrole à l’Amérique perpétuellement assoiffée. Cherchez l’erreur.
    Car, patatras, le beau château de cartes s’effondre. En effet : a) Al Assad se défend comme un beau diable avec l’énergie du désespoir, sachant bien qu’en cas de défaite, son sort serait, au mieux, celui de Kadhafi b) La Chine et la Russie, déjà bernés avec la résolution de l’ONU 1973 par Juppé, notre va-t’en guerre de Dax (département des Landes), n’ont aucune envie de se laisser rouler dans la farine une fois de plus c) Les USA en pleine campagne électorale n’ont aucune intention de se laisser entraîner derechef dans une nouvelle guerre forcément impopulaire et plus qu’incertaine au Moyen-Orient d) et, surtout, la Syrie n’est pas la Libye.
    Une intervention intempestive de la France se traduirait par des pertes bien plus sévères pour nos armes. Sans compter qu’une fois Al Assad abattu, tout porte à croire que ce serait une coalition d’ islamistes fanatiques, déjà venus de tous les coins du monde, Afghanistan compris, qui viendraient s’emparer du pouvoir pour se lancer à partir de cette base aimablement offerte par l’occident, toujours prêt à jouer les apprentis sorciers , dans des attaques terroristes tous azimuts. A cet égard l’assassinat atroce de l’ambassadeur américain en Libye a, sans aucun doute, refroidi les ardeurs de l’Amérique et montré clairement les dangers d’un humanitarisme interventionniste excessivement naïf .
    Mais qu’importe, pour notre Sarko national, rien ne serait trop coûteux pour affaiblir l’Iran, que ce soit directement ou indirectement, et se substituer, s’il le faut, à l’ami américain défaillant pour soutenir Israël.

    Yves-Marie Laulan (Blog d'Yves-Marie Laulan, 23 septembre 2012)

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  • De la droite introuvable à la droite inavouable ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Aristide Leucate, cueilli sur le site Boulevard Voltaire et consacré à l'indispensable rénovation idéologique de la droite... Docteur en droit, Aristide Leucate est une des plumes de l'hedomadaire L'Action française 2000.

     

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    De la droite introuvable à la droite inavouable

    La publication, le 16 octobre, d’un sondage BVA nous apprenait que 66% des sympathisants de l’UMP souhaitaient voir François Fillon diriger l’UMP contre 33% qui lui préféreraient Jean-François Copé. La belle affaire ! Cette fausse querelle entre deux apparatchiks interchangeables accuse la vacuité des idées d’une droite qui ne veut pas s’avouer comme telle, parce qu’elle ne s’est tout simplement jamais trouvée.

    Historiquement, la droite doit davantage son existence au camp d’en face. Plus exactement, la droite occupe tragiquement la place laissée vacante par la mort du roi en 1793, la gauche préemptant la cause du peuple. Force est d’admettre que le clivage droite/gauche constitue la référence réflexe qui conditionne le positionnement des individus/électeurs dans la cité. Ce fait sociologique et psychologique condamne d’emblée le « ni droite/ni gauche », défendu, notamment, par le Front national, tout en demeurant, paradoxalement, le grand malentendu de la droite.

    Son caractère introuvable aujourd’hui est probablement dû à son absence d’épine dorsale. Au XIXe siècle, entre 1871 et 1938, celle-ci pouvait s’adosser aux deux piliers primordiaux de la société, l’Église et l’Armée, rendant ainsi inutile toute édification d’un corpus doctrinal. La droite s’est bâtie a posteriori, sur un certain nombre d’attitudes face à ces deux institutions qui lui ont conféré sa substance, mais aussi en récupérant des thématiques laissées en déshérence par la gauche, condamnant la droite à « finir les restes », à se comporter comme une poubelle de table idéologique.

    La condamnation pontificale du quotidien de L’Action française, en 1926, laissera des traces profondes dans le code génétique de la droite hexagonale. Si, pour la première fois, depuis Joseph de Maistre (providentialisme) et Maurice Barrès (culte du Moi), un courant de la droite se dotait d’un corpus doctrinal d’envergure — grâce à Charles Maurras —, son soutien historique lui faisait défaut ou, à tout le moins, n’était plus aussi inconditionnel qu’auparavant (déjà, en août 1910, les thèses du Sillon, organe d’un catholicisme social, feront l’objet d’une désapprobation du Pape Pie X).

    Entamant son chemin de Damas, au lendemain de la Libération, la droite sera, dès lors, en butte à la propagande « résistantialo-gaullo-communiste » qui achèvera de la discréditer, en en faisant l’exutoire commode et opportun des pires turpitudes et infamies d’une gauche largement compromise dans la Collaboration (même s’il y eut d’authentiques collaborationnistes au sein de la droite littéraire). Même la parenthèse gaullienne échouera à redonner ses lettres de noblesse à une droite de plus en plus nostalgique qui s’épuisait, vaillamment mais tragiquement, dans la défense d’un Empire français sénescent. En outre, la judéophobie récupérée à la gauche durant l’Affaire Dreyfus constituera une encombrante tunique de Nessus pour la droite.

    Ayant lu Gramsci, la gauche culturelle préparera l’avènement de la gauche électorale. Démonétisée doctrinalement, la gauche mettra de côté ses pères fondateurs (Leroux, Owen, Blanc, Sorel, Berth, Proudhon, Fourier, Bakounine), adaptera ses concepts (à commencer par celui de « socialisme » qui verra son glissement sémantique vers la « gauche ») et manifestera un attachement dogmatique, quasi-biblique, à la métaphysique du Progrès. La droite, en perdition idéologique, se fera peu à peu mithridatiser par le progressisme de la gauche, cœur atomique de l’individualisme libéral des Lumières, comme l’a brillamment montré Jean-Claude Michéa. Les deux versants culturels et économiques du libéralisme ont été respectivement investis par la gauche et la droite, au point, observe Michéa, que « le clivage droite/gauche (…), clé politique ultime des progrès constants de l’ordre capitaliste, permet (…) de placer en permanence les classes populaires devant une alternative impossible » (L’empire du moindre mal, Flammarion 2010). Dans sa crainte d’être prise en flagrant délit de « ringardisme » par une gauche convaincue de sa supériorité morale, la droite se lancera dans une surenchère permanente sur des sujets tels que le « mariage » homosexuel, le fédéralisme européen, l’antiracisme (tout à la fois « diversitaire » et métissé, l’oxymore, comme le ridicule en ce domaine, ne tuant plus), etc.

    Mais pour ne pas perdre pied politiquement, la droite se verra contrainte de faire écho aux angoisses et inquiétudes existentielles légitimes de son électorat en pillant éhontément le programme d’un FN qu’elle s’échine, nonobstant, à diaboliser tout en en blanchissant les idées sous le harnais d’un républicanisme vertueux. Las. Car, derrière une telle fébrilité de circonstance, pas l’once d’une idée, c’est-à-dire d’une critique ou d’une analyse radicale et métapolitique de la société.

    Quand la droite osera-t-elle, enfin, le solidarisme, l’antilibéralisme, le subsidiarisme, l’ethno-différencialisme, la décroissance, l’anti-égalitarisme, l’anti-technicisme, etc. ? A coup sûr, cela supposerait qu’elle rompe avec l’anti-intellectualisme lequel, a-t-elle toujours pensé à tort, la démarquait de la gauche. Avant de conquérir le pouvoir politique, la droite doit nécessairement conquérir les esprits, non plus avec Jacques Séguéla et Thierry Saussez, mais avec Jacques Ellul, Jean-Claude Michéa, Christopher Lasch, Antonio Gramsci, Aristote, Carl Schmitt, Michel Villey, Karl Marx, Rousseau, Althusius, Charles Maurras, Emmanuel Todd, Jules Monnerot, Alain de Benoist, et d’autres non moins innombrables et précieux, non pour les copier mais pour les éprouver dans une praxis.

    Aristide Leucate (Boulevard Voltaire, 23 octobre 2012)


     

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  • Eloge de l'uchronie...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Dominique Venner, cueilli sur son site et consacré à l'uchronie comme exercice de réflexion historique...

     

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    Eloge de l'uchronie

    La proximité de l’élection présidentielle américaine me remet en mémoire les prévisions faites sur l’avenir des États-Unis par Raymond Aron, l’un des analystes les plus cotés de son temps. C’était durant l’année universitaire 1975-1976. Raymond Aron donnait un cours au Collège de France sur « La Décadence de l’Occident », en soi déjà tout un programme. Il concluait : « L’abaissement des Etats-Unis de 1945 à 1975 découlait de forces irrésistibles ». Retenons « irrésistibles ». Revenant sur cette réflexion dans ses Mémoires (1983), Aron écrivait : « Ce que j’observais dès 1975, c’était la menace de désagrégation de la zone impériale américaine… » Pour nous qui relisons ces lignes aujourd’hui, dans un monde dominé par l’empire américain, cette anticipation ferait douter de la lucidité de leur auteur. Et pourtant, nul n’a jamais mis en doute la lucidité de Raymond Aron. Simplement, entre-temps, l’histoire avait bifurqué de façon imprévue.

     

    Alors ? Eh bien, quand on tente d’imaginer l’avenir, il serait bon de se reporter à ce que nous montre l’expérience historique. Par hygiène intellectuelle, on devrait toujours pratiquer l’uchronie, c’est-à-dire l’histoire avec des « si ». Si Napoléon avait été vainqueur à Waterloo… Si Constantin avait été vaincu par Maxence sur le pont Milvius en 312… Si Martin Luther avait été occis par des brigands en se rendant à Rome en 1510, etc. Ajoutons encore, dans un autre registre : si Alexandre Fleming n’était pas parti en vacances en 1928, des moisissures inhabituelles ne se seraient pas produites dans ses cultures de staphylocoques au laboratoire de Saint-Mary’s Hospital de Londres, et il n’aurait découvert la pénicilline avec les gigantesques conséquences que nous connaissons… Conclusion : dès que l’on pratique l’uchronie, on découvre que les causes généralement invoquées pour les grands événements n’étaient pas nécessaires ou pas suffisantes.

    Imaginant le roi Louis XV renonçant à l’acquisition de la Corse en 1767, Jean Dutourd a écrit la plus savoureuse des uchronies sous le titre Le Feld-Maréchal von Bonaparte (Flammarion, 1996). Dans une Corse restée génoise, donc dans l’orbite des Habsbourg, c’est au service de ces derniers qu’eut logiquement fait carrière un certain personnage prénommé Napoléon, doué pour l’action militaire et politique. D’autres  exemples se précipitent à l’esprit. Louis XIV, par exemple, n’aurait certainement pas marqué l’histoire française et européenne comme il l’a fait si le hasard l’avait doté du tempérament de Louis XVI, son descendant.

    L’historien du XXe siècle admettra sans peine que l’époque eût été toute différente si le caporal Hitler, n’avait pas survécu aux gaz de combats, dans sa tranchée au sud d’Ypres, au cours de la nuit du 13 au 14 octobre 1918. Celui qui étudie l’histoire des États-Unis, sait que l’évolution de cette grande puissance et celle du monde entier, aurait été toute différente si le général Robert Lee avait été vainqueur à Gettysburg, en juillet 1863, et si un compromis avait permis une certaine indépendance de la Confédération des États du Sud pour parvenir à la paix.

    Autrement dit, l’uchronie est le complément utile d’une réflexion critique sur l’histoire, la seule qui vaille pour éveiller les esprits. Les grandes évolutions historiques, politiques, religieuses ou sociales n’ont jamais répondu à une nécessité. La « nécessité historique » est une invention a posteriori, venant de la lecture peu réfléchie de l’histoire connue. Inversement, sauf à rester dans des généralités imprécises, on observe que les penseurs les plus savants, à l’image de Marx ou de Fukuyama, se sont le plus souvent trompés quand ils s’aventuraient sur le terrain des anticipations.

    Dominique Venner (Site de Dominique Venner, 23 octobre 2012)



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  • Tout va très bien, Madame la Marquise !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jacques Sapir, cueilli sur son blog RussEurope et consacré au dernier sommet européen que les médias, comme à leur habitude, nous ont vendu comme une réussite...

     

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    Tout va très bien, madame la marquise...

    « On ne déplore qu’un tout petit rien… »

    Le sommet européen des 18 et 19 octobre a abouti à un échec, que l’on cache plus ou moins sous des communiqués ronflants[1], et des articles où la flagornerie perce sous l’apparente objectivité[2]. À croire que la chanson de feu Charles Trenet, « Tout va très bien madame la marquise », est devenu le nouvel hymne des dirigeants français sur la question européenne. Il est ainsi frappant de voir que, même dans la presse européenne et française, les doutes commencent à se faire insistants[3]. Si le principe d’un accord de supervision bancaire a bien été accepté pour l’ensemble des banques de la zone Euro, les conditions de sa mise en œuvre n’ont pas été précisées. Elles font l’objet de discussions importantes, que ce soit par la Grande-Bretagne (qui entend bien garder le contrôle de ses banques) que de l’Allemagne. De fait, des obstacles juridiques importants existent et ils ont été rappelés par la Chancelière allemande elle-même[4]. Celle-ci a même déclaré : « Rien qu’à regarder le processus pratique, il est absolument clair que ceci ne se mettra pas en place en un mois et demi »[5], sonnant par là même le glas des espérances françaises et espagnoles de voir l’Union bancaire aboutir d’ici la fin de l’année.

    Ces obstacles devraient retarder l’application de l’accord au 1er janvier 2014 et surtout aboutir à ce qu’ils ne portent que sur les passifs accumulés à partir de cette date[6]. En d’autres termes, le projet d’une Union bancaire comme instrument de résolution de la crise des banques espagnoles, grecques et portugaises a lamentablement échoué, car les mauvaises dettes sont déjà présentes dans les passifs. D’ici à 2014 on estime que seront révélés 270 milliards de pertes pour les seules banques espagnoles[7].

    De même, si le communiqué final insiste sur la nécessité de briser le cercle vicieux qui entre les banques et les dettes souveraines des États, l’aide directe du MES, qui était sérieusement envisagée pour l’Espagne, se trouve de fait reportée après la mise en œuvre de l’Union bancaire, soit après le 1er janvier 2014. Il y a donc contradiction entre le discours et les actes, ce qui n’est pas pour étonner les observateurs. Le renvoi de la décision à une réunion de l’Eurogroupe n’a fait qu’acter l’existence du blocage[8].

    Sur l’intégration économique et politique, que des hommes politiques français de premier plan avaient annoncée à grand son de trompe, le blocage est encore plus total. En s’en remettant aux autorités nationales pour trouver un accord sue ce que l’on appelle le « six-pack » et le « two-pack », le Conseil a reconnu l’ampleur des divergences. De même, l’idée d’un budget européen renforcé n’a pas été retenue, et Mme Merkel a opposé une fin de non-recevoir à l’émission de « dettes communes » soit à l’émission des Eurobonds. À l’inverse, le projet allemand d’une supervision directe  des budgets nationaux par la Commission n’est même pas cité. C’est donc bien à un constat de blocage complet qu’il faut alors conclure.

    Enfin, sur la Grèce, si le Conseil donne acte au Premier ministre Samaras des efforts consentis par le peuple grec, il n’a été nullement question des deux ans supplémentaires réclamés à cors et à cris. Ici encore le Conseil a été incapable d’aboutir à un accord. Si la Grèce recevra très probablement les 31 milliards d’euros dont elle a besoin d’ici décembre sous peine de faire défaut, le problème de son financement se posera à nouveau dès la fin du mois de janvier 2013. Il semble donc bien que le Conseil européen des 18 et 19 octobre dernier n’ait fait que repousser de quelques semaines les échéances.

     

    Rien de ceci n’est glorieux, et il n’est aucune raison de pavoiser. La zone Euro s’achemine vers un terrible retour de crise, qui surviendra entre le début de 2013 et le printemps. Il sera alors bien tard pour prendre les mesures qui s’imposeront alors par la force du désastre. L’affirmation du Président François Hollande selon laquelle la fin de la crise de la zone Euro est en vue apparaît ainsi malencontreuse et quelque peu aventurée. Le 16 avril 1940, Paul Reynaud, nouveau Président du Conseil, déclarait devant le sénat que « la route du fer est coupée ». Moins d’un mois plus tard c’était l’offensive allemande sur l’ouest de l’Europe. Des hommes politiques responsables devraient se souvenir que l’avenir se plie fort rarement à leurs rêves.

    Jacques Sapir (RussEurope, 20 octobre 2012)

     

    otes :

    [1] Fredet J-G., « Bruxelles : accord a minima ou compromis en trompe-l’oeil ? », Le Nouvel Observateur, 19 octobre 2012, URL : http://tempsreel.nouvelobs.com/la-crise-de-l-euro/20121019.OBS64…-de-bruxelles-accord-a-minima-ou-compromis-en-trompe-l-oeil.html

    [2] Revault D’Allonnes D. et Philippe Ricard, « A Bruxelles, M. Hollande et Mme Merkel s’accordent sur un compromis minimum » Le Monde, 19 octobre 2012, URL : http://www.lemonde.fr/europe/article/2012/10/19/a-bruxelles-m-hollande-et-mme-merkel-s-accordent-sur-un-compromis-a-minima_1778028_3214.html

    [3] « Sommet européen : les avancées… et les blocages », La Tribune, 19 octobre 2012, URL : http://www.latribune.fr/actualites/economie/union-europeenne/2012…9trib000725970/sommet-europeen-les-avancees-et-les-blocages.html

    [4] RTT News, RTT Staff Writer, « Merkel Casts Doubt On Setting Banking Union By Year-End », 20 octobre 2012, URL : http://www.rttnews.com/1987133/merkel-casts-doubt-on-setting-banking-union-by-year-end.aspx?type=eueco

    [5] Mrs. Angel Merkel, “Just looking at the practical process, it is absolutely clear that this is not going to take place in a month and a half », cité par Die Welt, « Creation of EU banking union ‘will take years’ » le 19 octobre 2012, édition électronique, URL : http://www.dw.de/creation-of-eu-banking-union-will-take-years/a-16319868

    [6] Kanter J., « German Refusal on Bank Aid Mars End of Europe Summit » New York Times, 19 octobre 2012, URL : http://www.nytimes.com/2012/10/20/business/global/germany-spoils-party-with-refusal-on-bank-aid.html?_r=0&pagewanted=print

    [7] Penty C., « Spain Banks Faces More Losses as Worst-Case Scenario Turnes Real », Bloomberg, 17 octobre 2012, URL : http://www.bloomberg.com/news/2012-10-17/spain-banks-face-more-losses-as-worst-case-scenario-turns-real.html

    [8] « Sommet européen : les avancées… et les blocages », La Tribune, 19 octobre 2012 op.cit..

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