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Points de vue - Page 340

  • La France vue par la télévision russe...

    Découvrir le monde qui nous entoure au travers d'un regard étranger peut parfois s'avérer salutaire...

    Ce reportage de la télévision publique russe, cueilli sur le site François Desouche montre une partie de la réalité française rarement évoquée de façon aussi brutale sur nos chaînes d'information...

     

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  • Tobin or not Tobin ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Auran Derien, cueilli sur Metamag et consacré à l'instauration d'une taxe sur les transactions financières dans onze pays de la zone euro... 

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    Tobin or not Tobin
     
    Onze Etats de la zone euro affirment qu’ils vont donner leur accord ferme en faveur d’une taxe Tobin sur les transactions financières. Certains pourraient s’imaginer que le temps est venu de se servir de la finance pour organiser l’Europe des peuples. Pourtant c’est faux. Une fois de plus, il s’agit de viser à côté, afin que rien ne change mais que les européens puissent penser que du nouveau est né.
     
    La taxe Tobin dans le système de prédation. 
     
    Lorsqu’en 1971 le président américain Nixon prit la décision de rompre la relation entre l’or et le dollar, les devises commencèrent à fluctuer et la spéculation s’installa pour le plus grand profit de gangs spécialisés et au détriment de tous les autres. Alors le professeur Tobin - qui reçut le “prix Nobel” d’Economie en 1981 - proposa d’instaurer un impôt sur les opérations de change pour mettre un grain de sable dans les rouages de la spéculation. A mesure que les "voyous" de la finance créaient des crises plus fréquentes, à mesure que l’enfer progressait en Europe et en occident, la réflexion de Tobin sortit de ses limbes sous une forme différente: utiliser les fonds pour aider les pays pauvres. 
     
    Le projet initial consistait à freiner la spéculation à court terme et à donner des ressources aux organisations internationales. Il s’agissait finalement de proposer une simple bifurcation au projet totalitaire de domination du "soviet suprême de la finance". Car le problème fondamental qu’il faut résoudre est très différent: il s’agit de changer de paradigme. L’obsession actuelle de donner le droit d’émettre la monnaie à une association de financiers spéculateurs débouche sur l’horreur des destructions massives de toutes les formes de vie civilisée. La monnaie n’est pas un bien comme les autres. Ce n’est pas une marchandise mais un système de créances et dettes qui circulent et se transforment sans jamais s’arrêter. On se réfèrera, une fois de plus, au dernier livre de B.Lietaer où il nous explique que les systèmes locaux de crédit mutuel dépassent aujourd’hui le nombre de 2.500, phénomène qui traduit bien l’inadéquation des "banksters" d’avec les besoins sociaux des populations.
     
    Ce projet de Taxe, pour lequel il faut que neuf pays envoient une lettre officielle, suppose un accord sur sa base de calcul, le taux appliqué et les modalités de perception. Comme les anglo-saxons ont truffé le monde de paradis fiscaux, qui prendra au sérieux les effets bénéfiques de cette utopie destinée à perpétrer les crimes financiers? 
     
    La canaille bancaire s’installera dans les centres off-shore, les opérations s’effectueront à l’ombre des confettis de l’Empire britannique fiscalement vierges, mais la commission de Bruxelles, thyase de sycophantes serviles, disposera d’un budget pour faire exécuter les ordres de ses maîtres, les néantologues occidentaux. La dérive de ce projet stupide est déjà prévisible lorsqu’il est annoncé que la Commission européenne prévoit de taxer à partir de 2014 les transactions portant sur les actions et les obligations à 0,1% et celles sur les produits dérivés à 0,01%. Les premiers promoteurs et défenseurs de cet impôt avaient pour leur part estimé qu’il faudrait taxer toutes les transactions à 0,1%. Pourquoi le pire, les produits dérivés, ne le seraient-ils qu’à 0,01%? En attendant, on suppose, que le "soviet suprême de la finance" obtienne 0,001%, etc... Bruxelles se moque de nous.
     
    Une concurrence institutionnelle féconde plutôt qu’une Tobinerie 
     
    L’économiste Pierre Leconte, entre autres, a affirmé qu’il est primordial de casser les monopoles de la finance car ils font régner la terreur sur les hommes politiques. Les fonctionnaires et élus de Bruxelles en sont une parfaite illustration, eux qui sont soudoyés par les 3.000 lobbys qui y sont enregistrés. Il convient aussi de supprimer le FMI qui est un appareil prédateur et destructeur, une centrale de justifications mensongères en faveur du "soviet suprême" de la finance. La mégère très apprivoisée qui occupe le fauteuil de président n’est-elle pas un excellent exemple de l’absence totale d’idées ? 
     
    Au FMI on aboie quand une idée originale passe…. Parmi les réformes indispensables à un monde plus harmonieux, il convient d’interdire le projet destructeur du grand marché transatlantique; de sanctionner la publicité mensongère sur les actifs financiers et d’éliminer les armes de destruction massive que sont les marchés à terme. 
     
    Mettre en concurrence des structures institutionnelles 
     
    Voilà la liberté nécessaire et le véritable progrès. Un autre monde européen pourrait aussi s’appuyer sur les quatre principes proposés par F. Lordon. Cela offrirait une véritable alternative aux agents économiques mondiaux. Il s’agit d’empêcher la formation des bulles spéculatives; d’imposer des régressions à l’activité financière qui, de auto-centrée, doit à nouveau se mettre au service de l’économie productive; de cloisonner le marché financier mondial ;  de faire de l’Europe une zone d’activité financière autosuffisante, en restreignant les mouvements de capitaux, ce qui passe par l’abrogation de l’article 63 du traité de Lisbonne
     
    Il y aurait donc la possibilité de choisir entre les structures des spéculateurs de la finance actuelle et les institutions alternatives de la Zone européenne reconstruite. La taxe Tobin, si elle voit le jour, est une esquive volontaire pour laisser le champ libre aux néantologues financiers, tout en remplissant les caisses de l’Europe qui pourra ainsi imposer plus fermement la mort à crédit de ses populations. Il serait plus judicieux de proposer une réforme fiscale pour taxer la nature et défiscaliser l’homme. 
     
    Les projets de TVA verte comme la fiscalité sur les produits énergétiques sont cohérents avec le souci d’améliorer les finances publiques et de pousser à la transition vers une économie plus économe en carbone et énergies fossiles. Bien sûr, la fiscalité sur l’environnement doit remplacer celle qui pèse sur les ménages. La taxe Tobin alors, pourrait être étudiée dans la perspective de l’ancien Président Brésilien, Lula da Silva qui, en 2003, a proposé d’appliquer ce principe aux ventes d’armes et d’utiliser les ressources collectées pour lutter contre la famine et la pauvreté. 
     
    Auran Derien (Metamag, 15 octobre 2012)
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  • Un nouveau survivalisme ?...

    Le succès du livre de Piero San Giorgio, Survivre à l'effondrement économique,  (Le retour aux sources, 2011) a relancé le débat sur la question du survivalisme. Que faut-il penser de cette pratique ? S'agit-il d'une nouvelle forme d'individualisme exacerbé ? Traduit-elle la tentation du repli sur soi ou de la sortie de l'histoire (à la façon des Amish) ? Ou est-ce plutôt une saine réaction devant les fragilités de notre société, qui vise à renforcer la résilience de communautés enracinés, ou même, peut-elle être l'amorce de projets politiques localistes ? Un débat intéressant que nous alimentons par un point de vue émanant de Volwest, responsable du site Le survivaliste et tenant d'un néo-survivalisme éloigné des caricatures médiatiques...

     

    survivalistes famille.jpg

     

    L'image du survivaliste
     
    Quand j'ai commencé ce blog il y a plus de deux ans mon idée était simple; déposer sur la toile une vision de la responsabilisation citoyenne, de la préparation et plus largement du survivalisme, au delà de certains clichés, au delà d'une certaine caricature psychologique trop souvent exploitée par la machine médiatique en mal de sensations fortes et de racolages plus ou moins malhonnêtes, et pouvant, a contrario, témoigner d'un survivalisme fondé sur la raison, et non sur l'émotion.
     
    Cependant, comme toujours chez l'humain, et ceci qu'il soit rose ou bleu, fort ou faible, croyant ou dé-croyant, politisé ou polarisé, intelligent ou grossier…son rapport aux choses est souvent limité par le poids conscientisé ou non de son patrimoine génétique, de son éducation, et bien sur et plus généralement de son conditionnement.
     
    Dès lors, le survivalisme est fatalement la construction d'une montagne d'idées plus ou moins cohérentes…d'une montagne de perceptions plus ou moins libres d'une chaine quelconque: conceptuelle, politique, théologique, émotionnelle, culturelle, médiatique, sensuelle, intellectuelle…

    Ce qui est intéressant dans ce jeu d'images, c'est que si nous demandions a milles personnes de décrire le survivalisme, nous aurions sans doute milles échos différents tant l'information est ici dénuée de sens commun, et perpétuellement plongée dans un brouillard souvent auto-généré…mais si nous demandions a ces mêmes milles personnes de décrire en quelques mots un survivaliste, nous aurions sans doute ici une ébauche beaucoup plus uniforme, beaucoup plus palpable et dirigée.
     
    Les mots clés de cette direction ?

    - Armes
    - Fin du monde
    - Peur
    - Guerre atomique
    - Zombies
    - Asociale 
    - Solitaire
    - Bunker
    - Malade
    - Extra terrestre
    - Eruption solaire
    - Complot
    - 2012
    - Farfelu
    - Paranoïaque
    - Masque a gaz
    etc.
     
    Malheureusement pour nous, force est de constater qu'il nous est encore impossible d'échapper a ces associations parfois démoralisantes, tant ces trajectoires transpirent encore plus ou moins maladroitement aux travers de survivalistes pour la plupart victimes de leur propres uni-vers…victimes de leurs propres limites intellectuelles, et inévitablement, consciemment ou non, complices du malentendu ambiant.
    Car soyons honnête, l'image du survivaliste, et même si soigneusement malaxée et entretenue par la bulle médiatique, est principalement définie par l'émanation que nous, les survivalistes, projetons sur le monde.
    C'est donc principalement sur ce champs de bataille souvent abstrait, sur cet échiquier "mentalisé" et imbibé de tendances plus ou moins douteuses, que la totalité de mon travail repose.
    Il n'est bien sur pas question pour moi de redéfinir le survivalisme, cette tache ne peut être que collective, mais bien de rendre possible ici l'alchimie du malentendu premier, c'est a dire la transformation des mots clés servant aujourd'hui a définir le survivaliste.
     
    Les nouveaux mots clés ? 

    - Indépendance
    - Résilience
    - Autonomie
    - Intelligence
    - Prévoyance
    - Entraide
    - Harmonie
    - Enracinement
    - Adaptation
    - Liberté
    - Responsabilité
    - Cohérence
    - Clan
    - Durabilité
    - Mais aussi "fais pas chier"
     
    Cette transformation des mots clés, des mots gouvernants et fondateurs, est pour moi nécessaire, car le survivaliste d'hier (au sens propre comme au sens figuré), vestige d'une époque et d'un raisonnement précis dans sa manière de vivre le monde, ne peut représenter a lui seul la diversité et la pertinence de notre démarche d'indépendance, d'autonomie et de résilience…
    De plus, il me semble important, et surtout dans la jungle actuelle, de réaliser que notre travail de sensibilisation se doit non pas d'être entendu par le plus grand nombre (quantité), mais se doit d'être le plus logique et raisonné possible (qualité).
     
    La bonne nouvelle est que le survivalisme a évolué et évolue encore.
     
    Majoritairement, les survivalistes ne sont plus ces individus en marge perdus au fin fond de l'Idaho Américain, et habités d'une démarche exclusivement axée sur le retranchement bunkarisé, ou encore calculée sur une inévitable apocalypse…non, majoritairement, les survivalistes sont aujourd'hui ces parents par exemple, qui sensibilisés par la santé d'une économie mondiale basée sur la dette, et le risque de plus en plus probable d'une simple perte de l'emploi a la maison ou d'une austérité soudaine, se penchent, entre autre, sur une gestion du foyer nous rappelant celle de nos aïeux, et axée sur le stockage de produits régulièrement consommés, et la consommation de produits régulièrement stockés.
     
    Ce sont aussi ces millions d'individus, de familles et de clans, qui s'investissent dans la production de nourriture, dans la récupération des eaux de pluies, dans le recyclage et la réparation, dans la prise en main intelligente de leur propre sécurité, dans l'indépendance énergétique quelle qu'elle soit, dans l'économie locale et surtout, dans un consumérisme intelligent qui n'est pas celui de "l'objet plaisir", mais bien celui de "l'objet utile", si chère a nos ancêtres.

    Les survivalistes, aujourd'hui, sont tout simplement vous et moi.
     
    Ce consumérisme intelligent évoqué plus haut, trop souvent amalgamé par manque de compréhension et de logique a son rejeton modernistique le consumérisme compensatoire (et oui, un poêle a bois est utile, tout comme un jerrican, une trousse de premiers soins, une casserole en fonte ou un bon couteau), est sans aucun doute l'une des pierres fondatrice du malentendu qui sépare le survivaliste de ces concitoyens, et qui vient ajouter a cette image d'un individu ne pouvant être qu'égoïste et sur un axe psychologique névrosé de repli sur soi.
     
    Sans glisser dans le fatalisme ou le catastrophisme, ce qui est loin d'être ma tasse de vin, il me parait évident que nous n'avons plus le luxe ni le temps de prétendre que notre monde est en bonne santé, que nos ressources sont intarissables ou que notre drogue première, le pétrole bon marché, ne peut avoir, a court, moyen ou long terme, un impact décisif sur nos modes de vie si celui-ci venait a manquer.

    Cette santé globale, tant écologique qu'économique, tant politique que sociale, pour la moins fragile et ceci depuis des décennies, est peut être la source même d'une multitude de comportements pouvant paraître plus ou moins radicaux et farfelus selon notre niveau de tolérance…et en ce sens, il est difficile de vraiment savoir si la démarche intériorisée par ce que nous nommons librement ici "le survivaliste", vient de son propre univers interne, ou si elle n'est pas simplement le reflet et l'ébauche d'une réponse plus ou moins adaptée a une réalité difficilement dissimulable aujourd'hui.

    Quelle que soit la source du malaise ambiant, interne, externe ou les deux, il me semble important de garder a l'esprit que même si certains survivalistes cultivent et s'obstinent a vendre une image complice du racolage médiatique ambiant: fin du monde, apocalypse, 2012, complotisme etc…l'énorme majorité des survivalistes / preppers, c'est a dire des millions d'individus de tout horizons sociaux, culturels et économiques, de tout âge et de tout sexe, de toutes philosophies, sont simplement des gens a l'écoute des problématiques globales aujourd'hui évidentes, et travaillant a des solutions de plus en plus locales, de plus en plus primordiales, et de ce fait se donnant les moyens d'influencer leur niveau d'indépendance, d'autonomie et de résilience face a une "machine" de plus en plus instable et incertaine.
     
    Nous sommes ici très loin de ce survivaliste "camouflé", sa boite de quenelles sous l'épaule, armé de son fusil, de son Berger Allemand et prêt a devenir le sauveur-vérité d'une humanité séquestrée dans le gouffre de sa déchéance moralisatrice…nous ne pouvons raisonnablement pas avoir cette prétention, mais cet axe est pourtant sous-jacent chez quelques survivalistes en mal d'attention…et au passage, ce sont souvent ces mêmes individus qui sont toujours les premiers a entraver, refuser ou rejeter l'un des piliers fondamental de la survie qu'est le lien social et l'idée de réseau.
     
    Soyons tranchant. C'est la totalité de ces frustrations incomprises et ce syndromes du "Je suis une légende", chère a la machine hollywoodienne, qu'il nous faut ici combattre…et il me parait évident qu'une grande partit de cette caricature découle invariablement d'un manque de maturité intrinsèque chez certains.

    On me contacte souvent pour justement raconter et définir ce survivaliste "légende"…comme si ma démarche pouvait objectivement être associée a la quelconque gourmandise d'un pouvoir ou d'une attention préméditée, a la quelconque gourmandise d'un trône unique.
    Comme si ma philosophie tendait a redécouvrir et bourgeoisement m'amuser de quelques gestes anciens pour combler une peur systémique de ne pouvoir être a la hauteur de ma virilité dans un futur ou mon rang social, ma profession, mon compte en banque, mes rentes ou la marque de ma voiture n'aurait plus aucun poids, plus aucune valeur.
     
    Le problème de l'image du survivaliste est simplement que celle-ci est systématiquement construite et maintenue en place par l'utilisation d'individus type ne pouvant rien offrir d'autre qu'un "témoignage reflet" des mots clés désignés par la stupidité ambiante comme étant la nature même du survivalisme et de la responsabilisation individuelle, familiale, clanique mais aussi collective.
     
    On ne me demande jamais par exemple de parler de l'organisation prévoyante et assurément survivaliste des écoles américaines, qui dans leurs cours d'écoles ou leurs caves stockent des provisions, de l'eau, des couvertures et de l'équipement dans des conteneurs maritimes pour assurer leurs enfants a charge une certaine autonomie dans le cadre d'un événement dramatique. 

    On ne me demande jamais de parler de la campagne de sensibilisation de la croix rouge, avec a sa tête l'actrice Jamie Lee Curtis, pour encourager le publique a préparer un kit de survie familiale, en mettant en place un plan (et donc en formulant certaines préoccupations), en stockant de l'eau, de la nourriture, des médicaments et de l'énergie…car exposer ne serait-ce que l'idée d'une responsabilité individuelle qui n'est pas systématiquement liée a l'apocalypse, et donc prenant sa source dans la raison et non l'émotion, dans la logique et non l'imaginaire complexé, pourrait sous-entendre que le citoyen est, au final, foncièrement responsable de sa propre vie, de son propre destin, et non l'Etat ou le voisin.
     
    Notre responsabilité doit être totale et résolue.
     
    Totale dans la gestion de votre cercle d'influence immédiat, car vous seul êtes aux premières lignes, et résolue car personne au monde ne va considérer votre vie ou la vie de vos proches comme vous allez la considérer…et c'est sur cette intime et humble compréhension que l'image du survivaliste devrait se construire, et non sur les ruines d'un monde post-apocalyptique.
     
    Volwest (Le survivaliste, 26 septembre 2012)
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  • L'erreur funeste des institutions juives de France...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jean Robin, cueilli sur son site Enquête&débat et consacré à la question de l'antisémitisme. L'auteur rappelle quelques faits intéressants...

     

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    L’erreur funeste des institutions juives françaises

    Dans les années 80 et 90, les institutions juives françaises ont vu leur intense lobbying parvenir à ses fins, à savoir faire plier à leur désiderata le sommet de l’État français.
    François Mitterrand tout d’abord, qui devait se faire pardonner sa francisque, son amitié avec René Bousquet (principal responsable de la rafle du Vel d’Hiv), et quelques autres broutilles antisémites. Il fut le premier à faire du dîner annuel du CRIF (Conseil Représentatif des Institutions Juives de France) un rendez-vous incontournable, en y envoyant la moitié de son gouvernement. Comble de l’hypocrisie, ce dîner anti-républicain au possible fut qualifié de “républicain” par les spin doctors du pouvoir, alors que la France ne reconnaît qu’une communauté, la communauté nationale. Mitterrand fut aussi le premier Président de la République à manifester dans la rue en tant que Président, ce fut pour l’histoire sordide de Carpentras, une manipulation pour accuser (à tort) le FN d’antisémitisme. C’est enfin sous Mitterrand que fut imposée (et non votée) la loi Gayssot, valorisant ainsi le révisionnisme, et faisant des négationnistes des stars internationales, comme nous le constatons aujourd’hui.
    Jacques Chirac s’engouffra en 1995 dans une des dernières brèches judéomanes laissées par Mitterrand (pour protéger la mémoire de son défunt ami Bousquet), en déclarant l’Etat français responsable de la rafle du Vel d’Hiv (donc en partie de la Shoah), alors que le pays était alors sous occupation nazie. Cette demande de Serge Klarsfeld (en tant que responsable de l’Association des fils et filles de déportés) et des Institutions juives de France, CRIF en tête, allait contribuer par retour de boomerang à développer la repentance, le communautarisme et l’antisémitisme, comme les actions précédentes de Mitterrand.
    Lionel Jospin, en tant que 1er ministre, lors du dîner annuel du CRIF de 1999, accorda plus de 27 000 € à chaque orphelin de déporté juif, oubliant ainsi les orphelins de déportés non-juifs, pourtant beaucoup plus nombreux et n’ayant pas plus choisi leur sort que les orphelins juifs. La discrimination raciale était inscrite dans la loi par décret le 13 juillet 2000, 10 ans jour pour jour après le décret instaurant la loi Gayssot, le 13 juillet 1990. Il fallut attendre les plaintes répétées des organisations de déportés résistants pour obtenir la même indemnisation, sous Jean-Pierre Raffarin, en 2004, et sans rattrapage alors que les orphelins en question étaient déjà âgés, comme mon propre grand-père. Le cynisme fut poussé au paroxysme : on préférait attendre qu’un maximum meure pour ne pas avoir à les indemniser. En tout c’est près d’1 milliard d’euros qui fut ainsi distribué, plus de 300 millions pour les juifs, le reste pour les non-juifs. Aucun média ne vous en a jamais parlé, c’est ce qu’on appelle un tabou de la République. Alors qu’on cherche des millions pour boucher le trou de la dette, l’État a alors accordé un milliard. Et toujours avec la bénédiction des institutions juives.
    Plus grave encore, l’anti-antisémitisme est l’antiracisme qui s’est le plus développé pendant la période 1980-2010, à tel point qu’il est devenu plus grave d’être suspecté à tort d’antisémitisme que d’être réellement communiste. On a hurlé chaque jour ou presque au retour des heures les plus sombres de notre histoire. Les affaires de dénonciation de (faux) antisémitisme se sont multipliées, avec l’amplification de médias craintifs et moutonniers : affaire du RER D (par une mythomane même pas juive), incendie du centre Popincourt (par un ancien salarié juif du centre), poignardage du rabbin Fahri (qui s’est en fait poignardé lui-même pour faire croire à une attaque antisémite), etc.
    Moins il y avait d’antisémitisme classique dans le pays, plus les médias et les institutions juives hurlaient à l’antisémitisme. Mais la montée du véritable antisémitisme, d’origine musulmane et banlieusarde, fut occulté quasiment totalement, malgré des rapports officiels comme le rapport Obin en juin 2004.
    Une première claque de rappel à la réalité fut donnée début 2000, avec l’intifada en Palestine et l’affaire Al Dura sur France 2 qui embrasèrent les banlieues. Le réveil fut si brutal et douloureux pour certains qu’ils en furent excessifs dans leur dénonciation : ainsi Alain Finkielkraut parla de “nuit de cristal à bas bruit”, ne craignant pas de banaliser la véritable nuit de cristal, autrement plus violente. Mais les représentants des institutions juives, et les judéomanes en transe préférèrent au même moment s’acharner sur un homme seul, Renaud Camus, qui avait eu le malheur de critiquer la judéomanie d’une émission à vocation généraliste de France Culture. Laure Adler ne ressentit aucune honte en proclamant : “Renaud Camus est pire qu’Hitler”. Aucun représentant de la “communauté juive” ne s’éleva pour dénoncer cette banalisation du nazisme, donc de la Shoah. Seuls des intellectuels isolés, comme Alain Finkielkraut et Elisabeth Lévy, prirent la défense de l’écrivain pseudo-génocidaire, et se firent très mal voir pour cela.
    Cette série d’erreurs funestes des institutions juives françaises suit le même schéma que le petit garçon qui, par jeu, hurle au loup, ce qui sème la panique parmi les habitants de son village. Jusqu’au jour où, alors qu’un loup véritable se présente à l’orée du bois, il en avertit les villageois qui ne le croient plus. Nous venons de voir des dizaines, peut-être des centaines de musulmans hurler sur les Champs-Elysées, en arabe, et à plusieurs reprises, “égorgeons les juifs”. Une vidéo, visionnée plus de 800 000 fois à ce jour, a gravé dans le marbre numérique cet instant qu’on croyait révolu à jamais en France, après la Shoah. A part Shmuel Trigano, Gilles-William Goldnadel et une poignée d’autres, qui a dénoncé ces horreurs qui, pour le coup, rappellent vraiment les heures les plus sombres de notre histoire ? Serge Klarsfeld ? Non. Le CRIF ? Encore perdu, celui-ci était trop occupé à dénoncer les insupportables stigmatisations des musulmans par les caricatures de Charlie Hebdo et le film anti-islam diffusé sur Youtube. Le véritable antisémitisme est là, devant nos yeux, à l’état brut, décomplexé, comme si rien ne s’était passé entre 1933 et 1945, mais personne ne réagit, et surtout pas les institutions juives françaises. L’antisémitisme est de retour dans le pays, et ces institutions en sont en partie responsables, voilà la vérité.

    Jean Robin (Enquête&débat, 4 octobre 2012)

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  • Pourquoi cette violence des intellos de gauche ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un excellent point de vue d'Uli Wendisch, responsable du site suisse francophone Les Observateurs, consacré à l'affaire des "néo-fachos". La gauche intello-bobo sent la situation lui échapper et s'énerve. La police de la pensée sort les flingues et tire sur tout ce qui bouge, comme on l'a encore vu ces derniers jours à l'occasion de l'ouverture de Boulevard Voltaire, le nouveau site d'opinions de Robert Ménard et Dominique Jamet...

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    Pourquoi cette violence des intellos de gauche ?

    La gauche intellectuelle et journalistique française serait-elle encore plus destructive que la gauche politique au pouvoir. Les dégâts risquent d’être doubles.

    La fin du monopole de l’intelligenstia de gauche

    Pendant des années, des décennies, les intellos de gauche jouissaient d’un quasi monopole de la parole dans le débat public, les journaux, les hebdomadaires et une grande partie des médias audio-visuels. Le cas français illustre de manière archétypique cette situation.

    Hors, depuis quelques temps d’autres voix, d’autres personnages, qui ont d’ailleurs toujours existé,  apparaissent de manière plus visible et parfois bruyante. La révolte contre le politiquement correct et la bien-pensance de gauche se dit ouvertement, publiquement, politiquement et même médiatiquement. Un scandale. Le monopole est menacé, le magistère de gauche est bousculé. Insupportable.

    L’heure est à la critique des critiques

     Comme nous l’avons déjà dit, la fameuse  attitude critique  que revendiquait la gauche n’était en réalité le plus souvent que l’une des variantes du fameux politiquement correct. Or la critique est l’une des activités intellectuelles les plus difficiles, nobles et exigeantes, et non une posture facile de dénigrement et de mépris de tout discours différent cherchant à remplir  au mieux ces exigences, notamment la recherche de la vérité, même si elle est désagréable et ne correspond pas aux au prêt-à-penser de gauche.

    Confrontés à ces nouvelles exigences, les critiques de gauche se sentent menacés. En effet, l’heure est à la critique des critiques, à la critique  de ceux qui se croyaient être seuls capables de cette activité; activité qui est devenue chez eux une activité paresseuse consistant le plus souvent en un simple alignement idéologique  sur la gauche. Cela marchait tant qu’ils avaient le monopole, mais la concurrence fait apparaître leur misère, partialité et indigence prétentieuse au grand jour.

    La gauche intellectuelle perd son magistère et devient violente

     C’est là qu’il faut chercher l’origine de cette violence qui mérite d’être illustrée, tant elle est fanatique, inquiétante… Nous ne pouvons accepter que des médiocres, jaloux et devenus impuissants, viennent gâcher l’image de l’ensemble de l’activité intellectuelle et journalistique.

    La  critique de ces pseudo-critiques ne sera pas facile car plus une analyse est simpliste et caricaturale, plus elle devient arrogante et violente. Cette rage dénigrante se crie sur le mode de l’intimidation, de la culpabilisation. La surenchère dans le dénigrement  devient même l’objet d’un concours dans lequel croit l’emporter celui qui tire la charge la plus virulente et grossière. Les  vrais fascistes excellaient  dans cet emballement ordurier.

    Le Nouvel Obs: qu’il est difficile de vieillir

    C’est par exemple le Nouvel Observateur (20 septembre 2012) qui donne à haïr ceux qui osent critiquer les prétendus critiques en leur coupant la tête sur la page couverture, têtes présentées sur toute la page, dans le style wanted, avec ce titre digne des délateurs professionnels: «Les néo-facho et leurs amis», toujours en très grand  au travers de la même page qui offre leurs têtes!

    La gauche intellectuelle et journalistique française serait-elle encore plus destructive que la gauche politique au pouvoir. Les dégâts risquent d’être doubles: dégradation du pays et de la vie intellectuelle. Avec elle, en tout cas, difficile de croire à l’avenir radieux. A l’avenir tout court.

    Et si tout cela n’avait été que mensonge idéologique intéressé et qu’il faille maintenant reconstruire? C’est ce à quoi nous essayons aussi de participer.

    Il faut illustrer un peu ce travail de bas étage car on doit relire deux fois certains propos tant cela paraît incroyable.

    Tel écrivain, certes audacieux et critiquable, Richard Millet, «révèle les contours d’une nébuleuse brune». Pour la gauche, celui qui est à son opposé et qui conteste son magistère est nécessairement «facho». Si quelqu’un ne progresse pas, c’est bien la gauche intellectuelle; en fait elle régresse, gravement.

    Etre patriote et aimer son pays: interdit?

    Valoriser l’identité nationale, ressentir et défendre le patriotisme, critiquer certains aspects de l’immigration qui n’étaient pas prévisibles il y a quelques années encore, certains aspects de l’islam, voilà le grand interdit de la gauche. Qui y touche est automatiquement brun, non plus de chemise mais d’esprit. On n’a pas le droit de critiquer l’unilatéralité de l’antiracisme, une attitude obligée, inconditionnelle, au risque bien sûr d’être un raciste congénital, raciste et rassis dans son attachement patriotique.

    Telle journaliste à l’esprit authentiquement critique, et revendiquant une liberté d’expression effective (E. Lévy), devient avec son site Causeur.fr, un site remarquable, une «officine de blanchiment d’idées sales.. ». Rien que cela. Manque juste le terme de criminelle.

    La surenchère dans la détestation: la dernière mode

    Le plus détesté en ce moment est évidemment Richard Millet avec son court texte sur le tueur en série norvégien Anders Behring Breivik. Les actes de Breivik, totalement monstrueux, ont évidemment quelque chose à voir  avec les effets pervers du multiculturalisme, avec les problèmes posés par une présence grandissante  de la population musulmane et le délitement concomitant de l’identité nationale, même si ces actes  atroces  sont à condamner  avec la fermeté la plus absolue,

    Voir dans les actes de Breivik une «perfection formelle et une dimension littéraire» est certainement choquant et pas évident à admettre, mais est-ce pour autant «une rhétorique  familière du nazisme et du fascisme qui martelait que les Juifs étaient responsables  de la Seconde guerre mondiale»?

    La rhétorique de Millet ressasse-t-elle, pour autant, «les leitmotive réactionnaires d’avant guerre: décadence, métissage, atteinte à l’essence française et à la «pureté»  de la langue, réification de la «race»? Retrouve-t-on là «les intellectuels collabos de la dernière guerre»?

    Pourquoi tant de haine? se demande-t-on à chaque fois.

     Notre époque est confrontée à des problèmes redoutables, graves, nouveaux, imprévisibles pour certains il y a peu encore, et qui ne sont pas compréhensibles dans les schémas anciens du marxisme et du socialisme de la gauche bobo. Le dénigrement et l’emballement haineux ne sont ici d’aucun secours et l’on peut déjà dire que ce ne sont pas les haïsseurs enragés qui vont apporter quelque lumière pour comprendre et agir.

    On guérit rarement de la sénilité

     La sénilité devient de plus en plus méchante et destructive.

    Avant la reconstruction, il faut nécessairement  une critique de ces critiques haineux d’autant plus radicale qu’ils veulent à tout prix garder un monopole qui s’étiole. C’est ce qui les perdra et les rendra insignifiants, avant qu’ils ne se réduisent à une secte, même plus dangereuse car autoréférente, jusqu’à l’implosion.

    Le musée des antiquités idéologiques vous attend

     Au travail, donc! sur tous les fronts, sans tabou, sans retenue bien-pensante et sans égard envers les «anti-fascistes», «anti-nazis»,  anti- etc, d’une autre époque. L’affrontement est inévitable, comme le sera l’enrichissement des musées des antiquités idéologiques qui attendent de se meubler d’une nouvelle espèce en voie de disparition.

    Uli Windisch (Les Observateurs,  9 octobre 2012)

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  • Honneur aux soixante-dix !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue assez virulent de l'économiste hétérodoxe Jacques Sapir, cueilli sur son carnet RussEurop et consacré au vote du traité européen sur la stabilité, la coopération et la gouvernance.

     

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    Honneur aux soixante-dix !

    Soixante-dix députés ont osé voter contre le TSCG.

    Soixante-dix sur cinq cent soixante-huit votants, c’est peu.

    Soixante-dix contre quatre cent soixante-dix-sept qui ont voté pour, c’est peu.

    Mais soixante-dix qui, venant de tous les horizons politiques, ont osé se dresser contre les consignes d’état-major, contre l’intense pression médiatique, contre le conformisme, contre les petits calculs politiciens, contre la lâcheté servile, cela, en vérité, fait beaucoup.

    Ce Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance, contient trois mensonges pour le prix d’un.

    Quelle stabilité, quand on voit dans le rapport récent du FMI, posté sur ce carnet[1], que les mécanismes mis en oeuvre depuis 2010 n’ont fait qu’aggraver la crise? Quelle stabilité encore quand on voit la dépression que connaissent certains des pays en crise? Parler de stabilité est ici un mensonge flagrant.

    Quelle coordination quand on sait qu’il n’y a de coordination qu’entre des agents libres, sinon c’est à une autorité hiérarchique que l’on a affaire, et qu’il n’y a dans ce traité qu’asservissement à des agences dites indépendantes ? Ce Traité organise en fait le dépérissement de la démocratie en Europe avec la fin de l’autorité suprême des Parlements nationaux en matière budgétaire. Or, il faut s’en souvenir, c’est par le consentement à l’impôt que commence la démocratie.

    Quelle gouvernance enfin dans un Traité qui est en fait inapplicable et qui n’a pas d’autres fonctions que d’être violé à peine signé ? Est-ce ainsi que l’on croit créer un « bonne gouvernance » dans les mots dont on se gargarise à Bruxelles et ailleurs ? 

    On dit aussi, et c’est un argument avancé en sa faveur, que ce Traité institue une solidarité en Europe. Mais quelle solidarité, dans un traité qui condamne l’Europe à l’austérité et à la récession ? C’est la solidarité de la matraque et du bâton, de l’oppression et de la répression, comme l’expérimentent les manifestants qui, d’Athènes à Madrid en passant par Lisbonne, se sont levés contre la misère qui leur est imposée. User alors d’un tel argument revient à déconsidérer pleinement l’idée d’une possible solidarité européenne

    Trouvera-t-on ces mots excessifs ? Que l’on regarde alors le rapport du Fond Monétaire International, le World Economic Outlook d’octobre 2012[2] qui explique bien la marche à la misère entamée au nom d’une austérité qui n’a donc pour but que de sauver un fétiche : l’Euro. Que l’on regarde ce rapport, qui reste prudent dans ses projections, mais qui n’en établit pas moins que la majorité des pays ne pourront respecter les clauses de ce traité qui vient d’être ratifié. Que l’on regarde aussi la note commune à trois instituts (l’INSEE, l’IFO et l’ISTAT) sur la récession dans la zone Euro[3]. Que l’on regarde enfin les rapports de l’UNICEF qui établissent la montée de la dénutrition et du manque de soin chez les enfants grecs[4]. Je pense avoir, par ailleurs, montré dans de nombreux textes et notes, tous les effets pervers de ce traité[5].

    De cela, les thuriféraires du TSCG, les sectateurs de l’Euro, n’en ont cure. Même l’appel des économistes hétérodoxes, avec lequel j’avais des désaccords suffisamment importants pour ne pouvoir le signer, a été scandaleusement censuré par Le Monde[6]. Il était dit que pour faire passer cette amère pilule, on ne reculerait devant aucune bassesse, devant aucune ignominie.

    Le TSCG nous a donné l’exemple éclatant du cynisme en politique, quand un candidat à l’élection présidentielle se prononce pour sa réécriture et s’empresse, une fois élu, de le faire voter. Ce n’est pas le codicille sur la croissance, malheureux engagement de 140 milliards d’euros étalé sur trois ans, une aumône, qui peut en changer la nature. Même ses amis politiques le reconnaissent aujourd’hui publiquement. Ce Traité ne fut pas renégocié, et  d’ailleurs ce gouvernement n’a jamais cherché à s’en donner les moyens.

    C’est ainsi que l’on détruit la démocratie.Le mensonge électoral nourrit la colère et produit le mépris pour une classe politique qui affiche sa solidarité profonde contre le peuple. Bientôt montera le vieux cri de l’anti-parlementarisme : « tous pourris » ! On dira, c’est le populisme qui monte. Et l’on se trompera, car ce sera alors devenu la stricte vérité.

    Oui, le fétichisme de l’Euro – car c’est bien de cela qu’il s’agit avec cette transformation dans l’imaginaire d’un instrument en une fin en soi – et la volonté de pouvoir de ses grands prêtres nous condamnent à un appauvrissement généralisé, à une montée du chômage sans limites et, à la fin des fins, comme en Grèce et en Espagne, à la destruction de nos sociétés.

    Alors, si dire la vérité vaut que l’on soit taxé d’être excessif, je veux bien être excessif et je l’assume. Car, aujourd’hui, la raison et l’intelligence vomissent les tièdes.

    Honneur donc à ces soixante-dix députés !

    Ils ont eu le bon réflexe et ils ont raisonné de manière juste, en refusant d’accorder leurs suffrages à ce texte inique. Qu’importe leurs raisons circonstancielles ; qu’importe d’où ils viennent et à quel parti ils appartiennent ! Quand il s’agit de résister, on ne mégote pas sur ses alliés.

    Il y a soixante-douze ans de cela, le 10 juillet 1940, quatre-vingts parlementaires, députés et sénateurs (57 députés et 23 sénateurs) refusèrent d’accorder les pleins pouvoirs constituants à Philippe Pétain. Le vote de l’écrasante majorité mit fin à la République, et institua un régime de fait et non de droit. Le vote de ces quatre-vingts minoritaires fut, avec l’appel du 18 juin, le deuxième acte fondateur de la France Libre, préparant la résurrection de la République défunte.

    Ce rappel est aujourd’hui nécessaire.

    Puissent les soixante-dix députés qui ont refusé de voter être rejoints par autant de sénateurs que possible. Puissent-ils voir leur nombre croître quand ce texte viendra en seconde lecture.

    Les canons furent, par le passé, l’ultime raison des rois.

    Les traités sont aujourd’hui l’ultime raison des élites oligarchiques.

    Qu’ils se rappellent que l’ultime raison des peuples reste le pavé.

    Jacques Sapir (RussEurop, 9 octobre 2012)

     

    Notes :

    [2] IMF / FMI, « IMF Sees Heightened Risks Sapping Slower Global Recovery », Economic Outlook, 9 octobre 2012, URL : http://www.imf.org/external/pubs/ft/survey/so/2012/res100812a.htm

    [3] Association des trois Instituts Économiques Européens, La zone Euro en récession, www.ifo.de , www.insee.fr , www.istat.it

    [6] Jacques Sapir, “Sur le TSCG”, RusseEurope. Le Carnet de Jacques Sapir sur la Russie et l’Europe (Hypotheses.org), 23 septembre 2012. [En ligne] http://russeurope.hypotheses.org/133.

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