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Points de vue - Page 286

  • "Contre l'idéologie du même" : rencontre avec Alain de Benoist...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un entretien donné par Alain de Benoist aux Non-alignés, le 27 janvier 2014.

    Le son, faible pendant les trois premières minutes de la vidéo, est corrigé par un sous-titrage.

     

    Au sommaire :

    - état des lieux politique. Colère et contestation : "manif pour tous", "jour de colère", "bonnets rouges".
     
    -  complot ou "mégamachine" sans pilotes ?
     
    -  face au modèle dominant : rupture ou réorientation progressive ?
     
    -  "l'Europe se fera au bord du tombeau" : état des lieux et possibilité d'une nouvelle Europe. 
     
    -  illusion d'une fin de l'histoire, un monde en transition. Imprévisibilité de la situation en cours.
     
    -  recours au spirituel ? Quel spirituel : personnel ou collectif ? Nécessité anthropologique d'adhésion à quelque chose qui dépasse l'homme.
     
    - Paganisme et Christianisme ? Le thème de l'égalité des âmes devant Dieu et sa sécularisation successive. Religion de l'antiquité vs Christianisme ? 
    La modernité : "des idées chrétiennes devenues folles". 
    Des îlots de Christianisme traditionnel contre le monde moderne ?  
     
    - L'arrivée du Christianisme en Europe et le conflit / fusion avec les paganismes vernaculaires. 
     
    - nécessité d'un idéal de vie et de sa transmission pour les individus et les peuples.
     
    - Dissociété ou période de transition ? Difficulté de recréer du lien et de la philia pour des groupes humains alternatifs à la marche actuelle des choses. Vers un nouveau nomos de la terre. Guetter le moment historique, saisir le kaïros.  
     
    - "Je suis un intellectuel engagé". Etre attentif à ce qui vient.
     
    - La différence et la diversité contre l'idéologie du même et l'unification marchande du monde.
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  • La guerre des drones d'Obama...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Lhomme, cueilli sur Metamag et consacré à la guerre des drones et à ses conséquences...

     

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    Le changement de la guerre

    Cinq drones supplémentaires Falco seront opérationnels début avril en Afrique pour l'observation militaire dans la région des grands lacs où se sont repliés les ex-rebelles du Nord-Kivu, aux confins orientaux de la République démocratique du Congo (RDC). Capables d'opérer , de jour comme de nuit, de voler à 14.000 pieds (4.200 m), de tenir 12 heures en l'air, les drones sont devenus de véritables multiplicateurs de force. Ces drones seront non armés car ils participeront à la force de paix onusienne au Congo, au Soudan du Sud, où 7 500 casques bleus sont débordés par la guerre civile et en République centrafricaine où tout indique qu'une mission onusienne devrait remplacer, au printemps prochain, les forces africaines de la Misca. Les frais d'exploitation de ces cinq drones semblent plus que raisonnables: 15 millions de dollars pour cinq aérodynes et leur maintenance. Mais les drones sont loin d'être pacifiques !
    Le Washington Post a rapporté que les frappes de drones au Pakistan ont été "nettement réduites" à la demande du gouvernement pakistanais pendant que celui-ci poursuit des pourparlers de paix avec les Talibans. Le gouvernement américain a précisé qu’il continuerait d'effectuer des frappes contre des cibles d’Al-Qaïda. Pendant ce temps, les frappes de drones ont continué au Yémen où un missile tiré sur un convoi de mariage a tué 11 personnes au mois de décembre.
    C'est le 23 janvier 2009 que le président Barack Obama autorisait sa première frappe de drone. L’attaque, lancée contre un camp au nord-ouest du Pakistan, tua entre 7 et 15 personnes mais manqua le repaire Taliban que la CIA pensait alors viser. Au cours des cinq années suivantes, la CIA a effectué plus de 390 frappes de drone connues au Pakistan, au Yémen et en Somalie. (L’Agence a effectué 51 frappes de drone entre 2004 et 2009, durant l’administration Bush.) Il y a donc bien une montée en puissance spectaculaire de ce genre d'attaques. Obama y a même fait une brève référence dans son discours de janvier 2014 sur l’Etat de l’Union, assurant le Congrès qu'il avait imposé ''des limites prudentes sur l’usage des drones''. 
    Ce n’est pas la première fois que le président américain reconnait la nécessité d’une politique plus claire sur les bombardements par drones interposés, nouvelle forme de la guerre moderne et de l'interventionnisme américain appelée dans le jargon militaire la ''force létale''. En mai dernier, Obama faisait remarquer à l’Université de Défense nationale que "cette nouvelle technologie soulève de lourdes questions, à propos de qui est ciblé, et pourquoi". Les réponses fournies depuis restent toujours vagues. Effectivement, qui est réellement ciblé ? 
    Selon l’administration Obama, la force létale ne peut être utilisée que contre "Al-Qaïda et ses groupes affiliés". Or, officiellement, le gouvernement américain n’a identifié publiquement aucun groupe affilié à Al-Qaïda en dehors des Talibans ! L’examen des rapports des renseignements étasuniens couvrant la plupart des frappes de drone au Pakistan entre 2006 et 2008 et entre 2010 et 2011, montre que "les opérateurs de drone n’étaient pas toujours certains de qui ils tuaient, malgré les garanties du gouvernement sur l’exactitude des renseignements de ciblage de la CIA". Plus de la moitié des 482 personnes tuées entre septembre 2010 et septembre 2011 n’étaient pas des hauts dirigeants d’Al-Qaïda, mais furent "évalués" comme des extrémistes afghans, pakistanais ou inconnus. En fait, les drones n’ont tué que six hauts dirigeants d’Al-Qaïda au cours de ces mois-là. La ''force létale'' implique pour son usage "une menace imminente et continue envers des ressortissants étasuniens" mais les recommandations militaires du Pentagone précisent que les États-Unis doivent toujours être capables "d’agir en légitime défense dans des circonstances où il y a des éléments d’attaques supplémentaires imminentes, même s’il n’y a pas d’éléments spécifiques sur le lieu d’une telle attaque ou sur la nature précise de l’attaque." Cette très large définition - c'est le moins qu'on puisse dire ! - semble donc permettre à l’administration Obama de frapper n’importe quand. En dehors d’une liste de cibles à éliminer, un élément clé de la guerre des drones est aussi l’utilisation américaine des fameuses ''signature strikes'' — attaques autorisées contre des cibles affichant une "signature" terroriste, telle que "des camps d’entraînement et des enceintes suspectes". Le gouvernement américain a refusé jusqu'alors de reconnaître l’utilisation de ces "signature strikes" ou d’en discuter les justifications légales. La CIA déclare qu'elle ne dévoile pas les critères qu’elle emploie pour identifier une "signature" terroriste et nous la comprenons : il est particulièrement difficile de le faire par exemple au nord-ouest du Pakistan, où les militants et les civils peuvent s’habiller de la même manière, et où il est coutumier de porter publiquement une arme.
    Les Commissions du Congrès sur le renseignement surveillent le programme de drone. Cependant, leurs capacités à établir des limites sont sévèrement restreintes car le programme de la ''force létale'' est totalement classifié secret défense. Le gouvernement américain a systématiquement refusé de répondre aux demandes d’informations complémentaires de la part des législateurs. Par exemple, depuis 2011, 21 demandes de membres du Congrès sollicitant l’accès aux mémorandums du Bureau du conseil juridique qui fournissent les bases légales de l'usage des drones ont été refusées. Les ''frappes létales'' ne peuvent être réalisées seulement qu'avec "la quasi certitude que des non-combattants ne seront pas blessés ou tués". Cependant, les militaires américains comptent tous les individus masculins d’âge militaire tués par drones comme des militants. Le Bureau of Investigative Journalism estimait que le nombre total de victimes civiles depuis 2004 au seul Pakistan était passé de 416 à 951. Puis, se pose aussi la question de la frappe par des drones de citoyens américains. 
    En septembre 2011, Anwar Al-Awlaki, un pasteur né aux États-Unis et donc citoyen américain a été tué lors d’une frappe de drone au Yémen. Un mémo secret du département de la Justice a fourni la justification légale pour cibler un citoyen étasunien. Le mémo, obtenu par NBC News, estimait qu’il était légal d’utiliser la force létale dans un pays étranger contre un citoyen étasunien qui est un haut dirigeant d’Al-Qaïda ou d’un groupe affilié si un haut représentant a déterminé que l’individu posait une menace imminente, que sa capture était impossible, et que l’opération était compatible avec les lois de la guerre. Le mémo note que de tels assassinats de citoyens étasuniens sont justifiés à condition que les victimes civiles ne soient pas "excessives". Le fils de 16 ans d’Al-Awlaki, Abdulrahman al-Awalki, également citoyen étasunien, a été tué dans une frappe séparée deux semaines plus tard. Lorsqu’il fut interrogé sur les justifications légales de sa mort, Robert Gibbs, conseiller d’Obama et ancien porte-parole de la Maison Blanche, a répondu qu’Abdulrahman al-Awlaki "aurait dû avoir un père beaucoup plus responsable".
    En fait, de manière générale, les drones ont étendu la fluidité et l'indistinction au monde de la guerre. En somme, au Pakistan ou au Yémen, en Somalie ou au Sahel et demain dans la région stratégique des grands lacs, n'importe qui peut être attaqué par un drone, n'importe où et n'importe quand. Or, cette fluidité accélère le processus d'éparpillement des combattants. En fait, les attaques de drones amplifient la création de foyers de terrorisme diversifiés et autonomes, la dilution de la guerre, loin de toute stratégie clausewitzienne de concentration des forces. Le nouveau drone britannique de combat spectaculaire sélectionnera demain quasi automatiquement et de manière autonome ses cibles. Ce sera en fait le premier avion de chasse robot. Enfin, parce que les médias sans doute ne nous le diront pas, il faut savoir qu'à huis clos, le Congrès américain vient de voter l’autorisation d’armer de ''force létale'' Al Nosra (Al Quaïda) en Syrie. Là encore, on notera la double fonction permanente et militaire d'Al Qaeda : à la fois, épouvantail et en même temps, collaborateur, plus ou moins conscient, plus ou moins instrumentalisé par le service de l'intendance des armuriers américains.

    Michel Lhomme (Metamag, 13 février 2014)

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  • La dictature néo-féministe...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Anne-Marie Le Pourhiet, cueilli sur Causeur et consacré à la question du droit à l'avortement. Anne-Marie Le Pourhiet est professeur agrégé de droit public et spécialiste du droit constitutionnel.

     

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    IVG discrétionnaire : la dictature néo-féministe

    Faire de l’IVG un « droit comme les autres » en ôtant toute condition légale à son exercice au nom de l’égalité des sexes : il ne se fait pas  un jour sans que les néo-féministes qui nous gouvernent ne profèrent une nouvelle énormité juridique.

    Aucun droit n’est absolu ni illimité. La définition de la liberté donnée par la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, à laquelle renvoie notre Constitution, l’affirme: « La liberté consiste à pouvoir faire ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi l’exercice des droits naturels de chaque homme n’a de bornes que celles qui assurent aux autres membres de la société la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la loi. »

    L’interruption volontaire de grossesse ne concerne pas seulement la faculté pour une femme de disposer de son corps, elle implique aussi celle de mettre fin à la vie d’autrui. Ce sont donc deux droits antagonistes que le législateur a le devoir de concilier : la liberté de la femme et le droit de vivre de l’enfant à naître.

    Dans son célèbre arrêt de 1973 Roe vs. Wade, réputé favorable à l’avortement, la Cour suprême américaine s’est référée à la détresse de la mère pour juger que « si le droit à la vie privée inclut la décision d’avorter, il n’est pas possible de le considérer comme étant de nature absolue » et que «  l’État est parfaitement fondé à exciper de ses intérêts importants à protéger la santé, à maintenir la déontologie médicale et à sauvegarder la vie à naître ».

    En 1993, c’est la Cour constitutionnelle allemande qui s’est appuyée sur le principe de dignité humaine consacré par la Loi fondamentale pour juger que « l’État doit assurer les conditions juridiques du développement de l’être humain qui n’est pas né » et que celui-ci possède « un droit propre à vivre qui n’existe pas seulement lorsque la mère l’accepte ». Elle ajoute qu’il revient au législateur de « définir de façon précise les situations exceptionnelles justifiant l’avortement en se fondant sur leur caractère intolérable » et que « la Constitution oblige l’État à maintenir et développer dans la conscience collective le droit de l’enfant à naitre à être protégé ».

    Le Conseil constitutionnel, quant à lui, a jugé en 2001 qu’ « en portant à douze semaines le délai dans lequel une femme enceinte que son état place en situation de détresse peut avorter, le législateur n’a pas rompu l’équilibre que le respect de la Constitution impose entre, d’une part la sauvegarde de la dignité de la personne humaine contre toute forme de dégradation, d’autre part la liberté de la femme qui découle de l’article 2 de la Déclaration de 1789 ».

    La Cour européenne des droits de l’homme a aussi estimé, en 2010, que la Convention qui affirme à la fois le « droit à la vie » et le droit au respect de le vie privée « ne saurait s’interpréter comme consacrant un droit à l’avortement » et qu’il convient nécessairement de laisser aux États « une marge d’appréciation quant à la façon de ménager un équilibre entre la protection de l’enfant à naître et celle des droits concurrents de la femme enceinte ».

    Aucun texte ni aucune jurisprudence constitutionnel ou conventionnel n’a donc jamais consacré un droit absolu à l’avortement reposant sur la seule « volonté » de la mère. Une telle conception contredirait en effet de plein fouet l’éthique des droits de l’homme  qui est à la base du droit occidental et qui inspire nos textes fondamentaux. Il ne s’agit pas de christianisme ni d’une quelconque religion mais de l’application de la philosophie humaniste et il convient de réfléchir aux contradictions fondamentales dans lesquelles est en train de s’enfoncer un droit postmoderne devenu incohérent.

    L’amendement adopté au parlement, tendant à supprimer la condition de détresse de l’IVG et donc toute référence à l’idée de nécessité, sera sans doute dépourvu d’effet concret puisque les tribunaux ont toujours considéré que la femme est, en tout état de cause, seule juge de l’existence de sa détresse. Inspirée du rapport du Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes remis à Mme Belkacem le 7 novembre 2013, cette disposition se veut donc purement « doctrinale ». Son but est seulement d’afficher un pouvoir sans limite dont la    « violence symbolique » impressionne.

    Il  n’est pas anodin que ce refus de toute condition à l’avortement vienne cependant se greffer sur un projet de loi égalitariste de facture liberticide dont l’esprit tout entier est de s’immiscer partout, dans les institutions comme dans les chaumières, pour y redresser les mœurs par la coercition. Libertarisme échevelé d’un côté et autoritarisme émasculateur de l’autre, tels sont bien les deux visages du néo-féminisme. Aucun des deux n’est aimable.

    Anne-Marie Le Pourhiet (Causeur, 17 février 2014)

     

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  • Dérapages européens...

    Dans cette excellente chronique, mise en ligne sur Realpolitik.tv,  Hervé Juvin s'inquiète du mépris des eurocrates vis-à-vis des choix démocratiques des peuples qui s'est vu à l'occasion du référendum suisse sur l'immigration mais également dans la décision prise d'autoriser la culture des OGM.

     


    Dérapages européens, par Hervé Juvin par realpolitiktv

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  • A Kiev, rien de nouveau...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy, cueilli sur Polémia et consacré à la situation en Ukraine et à la présentation biaisée et orientée qu'en font les médias du système...

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    A Kiev, rien de nouveau

    L’Ukraine, traditionnellement divisée culturellement entre occidentalistes et slavophiles par le fleuve Dniepr, joue un rôle crucial dans le « grand jeu »  américain d’isolement et de morcellement de la Russie. C’est pourquoi le Système cherche à intégrer l’Ukraine dans le camp occidental à tout prix, donc dans le machin appelé Union européenne.

     

    Alors que ce projet n’était pas l’ordre du jour pour le gouvernement ukrainien, voilà, par un curieux hasard – quand la Russie est occupée par ses Jeux d’hiver de Sotchi – que des manifestations vont croissant à Kiev et, nous dit-on aussi, dans la partie occidentale de l’Ukraine.

     

    On nous refait le coup de la Syrie

     

    Bien entendu, pour nos médias ces manifestants, forcément pacifiques, sont odieusement réprimés par un « pouvoir » aux abois. On nous refait déjà le coup de la Syrie. Si au moins le gouvernement ukrainien avait la bonne idée d’utiliser du gaz sarin, l’illusion serait complète.

     

    « Sanglante répression en Ukraine », titre ainsi Le Monde du 20 février.

     

    Pourtant, quand on nous montre des images – bien choisies – de ces manifestations chaotiques, on voit des manifestants « pacifiques » mais curieusement casqués, protégés par des boucliers, jeter des armes incendiaires contre les forces antiémeutes : on ne sait d’ailleurs plus vraiment si l’on nous montre des images d’émeutiers ou de policiers.

     

    Si l’on pousse l’audace jusqu’à s’informer auprès d’agences de presse non occidentales, les doutes se renforcent. On découvre, par exemple, que la police a saisi des armes dans un train à destination de Kiev, que des policiers sont tués par balles ou que le gouvernement conseille aux habitants de rester chez eux en raison de la présence d’éléments violents sur-armés qui cherchent manifestement l’affrontement insurrectionnel dans les rues (site de l’agence Ria Novosti du 20 février, par exemple).

     

    Mais rassurez-vous : ces mauvaises informations ne viendront pas troubler notre quiétude au Journal de 20 heures car l’Union européenne a déjà choisi son camp : celui du Bien. La preuve : BHL est déjà en scène. Tremblez dictateurs !

     

    Les fidèles toutous européens

     

    « Kiev réprime, Bruxelles menace », écrit sans rire le journal économique Les Echos dans son édition du 20 février.

     

    En effet, les fidèles toutous européens s’empressent de s’ingérer dans les affaires ukrainiennes dans le sens voulu par le grand frère américain.

     

    On nous dit ainsi que la France, l’Angleterre, la Pologne et les Etats-Unis ont réussi à « persuader » l’Allemagne d’adopter une position ferme vis-à-vis du gouvernement de Viktor Ianoukovitch et de s’engager dans la voie de sanctions. Bien évidemment il s’agit de sanctionner les dirigeants ukrainiens pour « permettre à l’Ukraine de connaître sa transition politique vers de nouvelles élections et un rassemblement », comme a déclaré François Hollande le 19 février. La simple énumération de ces aimables gouvernements « persuasifs » –tous alignés sur les Etats-Unis, comme nous l’a encore récemment rappelé M. Hollande s’agissant de la France – en dit long sur les dessous de cette belle détermination européenne.

     

    Les bons et les méchants

     

    Car comprenez bien : pour Bruxelles il y a la bonne répression et la mauvaise. La bonne, c’est par exemple celle que l’on inflige aux Grecs pour les forcer à accepter les mesures imposées par le FMI et la BCI : à Athènes, les canons à eau et la police anti-émeute étaient par conséquent tout à fait justifiés pour faire rendre raison à ces truands de Grecs. Mais à Kiev, ces mêmes canons à eau (on dit alors des camions « armés de canons à eau », cela fait plus terrible – cf. Les Echos du 20 février) et ces mêmes CRS nous sont dépeints sous de telles couleurs que le fâââchisme n’est pas loin. A moins que ce ne soit la terrible ombre portée du nouveau Tsar Poutine.

     

    Il y a aussi la bonne manif et la mauvaise. La bonne manif aux yeux de l’Union européenne c’est celle qui se trouve sur la Place Maïdan. La mauvaise, c’était par exemple celle des « manifs pour tous » en France.

     

    On sait aussi, depuis la triste affaire du Kossovo, qu’il y a pour l’Union européenne la bonne « épuration ethnique » et la mauvaise : la bonne, c’est celle qui a permis d’éliminer les Serbes orthodoxes du Kossovo, avec l’aimable participation de l’OTAN ; la mauvaise, c’est celle qui pourrait faire partir les musulmans d’Europe.

     

    L’arme des lâches

     

    Les sanctions contre les dirigeants ukrainiens seraient, dit-on, financières –comme le gel des avoirs – ou commerciales en portant embargo sur certains  équipements et armes.

     

    Ah les sanctions économiques ! L’arme des lâches par excellence, très prisée des Anglo-Saxons, d’ailleurs.

     

    Mais quel meilleur symbole aussi de la triste impuissance carcérale européenne. Car on sanctionne à tout bout de champ au sein de l’Union européenne.

     

    On sanctionne les opinions comme les fromages s’ils ne sont pas corrects. On sanctionne les Etats en déficit budgétaire excessif ou qui se rendraient coupables de ne pas vouloir rembourser les gentilles banques. On met en demeure la Grande-Bretagne d’accorder le droit de vote aux détenus. On accuse de discriminations ceux qui auraient la tentation de préférer acheter ce qui est produit chez eux. On met en quarantaine l’Autriche parce qu’elle a été coupable de faire entrer des méchants populistes au gouvernement. On met en garde les Pays-Bas parce qu’on trouve que les populistes progressent trop dans les élections. On menace la Hongrie parce que son chef de gouvernement a eu l’audace de déclarer qu’un couple se composait d’un homme et d’une femme ; ou parce qu’il ne respecterait pas le sacro-saint principe d’indépendance des banques centrales. On lance un avertissement à la Suisse parce que dans une votation les Suisses réclament des quotas d’immigration. On avertit les Ecossais que s’ils obtiennent leur autonomie ils ne seront pas reconnus par l’Union européenne.

     

    Une maison de redressement

     

    L’Union européenne devient chaque jour un peu plus une maison de correction, où l’on distribue allégrement claques, avertissements et punitions et où l’on met toujours les peuples en retenue, du moins les autochtones : une maison de redressement où pullulent les radars, les caméras de vidéosurveillance, les accès protégés, les services de police et où l’on espionne les communications et Internet ; où l’on contrôle ce que vous devez penser et de quoi vous avez le droit de rire.

     

    Fichez leur la paix !

     

    Mais ce qu’aiment le plus faire les tristes nains européens c’est de se mêler des affaires des autres, mais sans en avoir les moyens – à la condition, en outre, que le grand frère yankee le leur demande gentiment.

     

    « Droit d’ingérence », « devoir de protéger », « urgence humanitaire » : on ne manque pas d’idées à Bruxelles quand il s’agit de s’affranchir de la souveraineté des Etats, de s’ingérer dans les affaires de la Libye, de la Syrie ou de l’Ukraine, de se mêler avec délectation des guerres civiles africaines alors que l’on ne se montre pas capable de régler ses propres affaires ni de définir ses frontières : voilà à quoi se résume notre belle « politique étrangère commune », comme la fille du même nom.

     

    Une politique aventuriste, en outre. Car l’Union européenne, sans défense, ne dispose pas des moyens de son ingérence.

     

    La Libye ou la République centre africaine, c’était loin. Mais l’Ukraine se situe à moins d’une étape du tour de France, comme disait De Gaulle. Et c’est en outre un enjeu stratégique pour la Russie.

     

    Qu’allons-nous gagner à jouer les mouches du coche à Kiev ? à apparaître une nouvelle fois comme les petits télégraphistes de l’Oncle Sam ?

     

    A nos seuls risques et périls.

    Michel Geoffroy (Polémia, 20 février 2014)

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  • Sur la liberté d'expression...

    Nous reproduisons ci-dessous un texte de Robert Redeker, cueilli sur le blog de cet auteur et consacré à la liberté d'expression...

     

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    La liberté d'expression implique le droit de déranger les associations, les corporations, les communautés, les Etats et les personnes. Mieux, la liberté d'expression s'accompagne du devoir de déranger. Or, la croyance contraire s'est répandue : la liberté d'expression se ramènerait au droit de dire et d’écrire des choses qui ne dérangent, ne choquent, ni ne blessent personne. Elle ne se conçoit que sur un mode insipide. On la veut dormitive, comme les journaux télévisés qui ne parlent que de sport et du temps qu’il fait !  Mille associations — celles qui attaquèrent  Charlie Hebdo, par exemple, lorsque cet hebdomadaire a repris les caricatures danoises de Mahomet, celles qui aujourd’hui s’en prennent à Renaud Camus, à Alain Finkielkraut, à Nicolas Canteloup, à cent autres — voient dans la liberté d'expression le droit de dire ce qui ne les dérange pas. Il est recommandé — par l'idéologie ambiante, l'air du temps — de ne point s'en servir jusqu'au bout. Adhérer à cette moitié d'idée, c'est postuler que la liberté d'expression doit demeurer une liberté simplement formelle, muséifiée, ne bousculant rien ni personne. Qu’elle doit demeurer une liberté exposée dans une vitrine fermée à clef. L'essence de la liberté d'expression repose dans le devoir de déranger.  
    Il suffit de se mettre à l’écoute des nouvelles de notre pays pour se rendre compte que nous vivons un néo-maccarthysme délirant, qu’aucune force ne paraît plus en mesure d'arrêter. Qu’il sera bientôt un ouragan ravageur auquel rien ne sera en mesure de résister. Nous vivons désormais dans le pays de la surveillance et de la dénonciation généralisées, clone postmoderne de la RDA de jadis. Le politiquement correct, confondu avec la morale dont il usurpe la place, y tient le rôle de la ligne du parti. Demain sans doute, les enfants devront-ils dénoncer leurs parents à leurs maîtres d'école pour des propos et des attitudes politiquement incorrects (sur l'homme et sur la femme, sur les races humaines, sur le mariage, sur les homosexuels)! Les enfants seront les policiers du Bien, à l'intérieur des familles. L'origine de cette situation pathologique est à chercher dans le suicide de la gauche, dans ce moment des années quatre-vingts où celle-ci décida de substituer la moraline des bons sentiments à la lutte des classes, de remplacer l'ouvrier par l'immigré, le peuple par la mosaïque des identités.
    Nous vivons une étrange et inattendue dictature : celle des associations. Beaucoup d’esprits paresseux s’inquiètent de la répétition des années trente, se laissent aller à comparer les époques. Tant de bêtise, il est vrai, n’étonne pas ! C’est l’intelligence qui est une exception, non la bêtise, partagée par tous, surtout en démocratie. Mais comme l’a dit Nietzsche, l’histoire n’avance pas comme les écrevisses à reculons. Le mal ne se répètera pas, il prendra d’autres formes ; plus : il partira peut-être de ceux dont la raison d’être est de le combattre, de ceux qui se donnent pour les vigiles et les sentinelles ennemis d’un mal dont ils veulent préserver le corps social; il croîtra peut-être en leur sein comme un cancer malicieux. Il n’est pas impossible qu’il vienne des défenseurs des droits de l’homme, des gardiens des mémoires, de ceux qui se croient « les bons », « les humains », qui se tiennent pour « les vrais hommes », tout en se regroupant dans de nouvelles ligues, différentes de celles de l'entre-deux-guerres, les ligues de vertus et les associations. Comme un voleur dans la nuit, le criminel arrive par où nul ne s’attend à l’y voir. Existèrent la tyrannie de la majorité, le totalitarisme d’Etat ; existera: l’impitoyable dictature des associations. Le crime nous reviendra en entrant par cette porte. L’actualité nous en offre chaque jour le triste augure.
     
     
    Robert Redeker (Journal en ligne de Robert Redeker, 8 février 2014)
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