Les éditions Mille et une nuits publient ces jours-ci Le pire est de plus en plus sûr, un essai de Natacha Polony sur la politique scolaire. Déjà auteur de Nos enfants gâchés. Petit traité sur la fracture générationnelle (Lattès, 2005) et L’Homme est l’avenir de la femme (Lattès, 2008), elle tient, sur le site du Figaro, le blog intitulé Eloge de la transmission.
"« Septembre 2020 : Hugo entre en 6ème. Il vient de fêter ses onze ans, mais il n’y a là rien d’impressionnant. Pas de passage de l’école primaire au collège, pas de multiplication des professeurs en fonction des matières. En fait, l’école a tant changé que son organisation n’a plus rien à voir avec ce qu’a pu connaître Victor, son frère aîné, qui vient d’obtenir le baccalauréat sur la base du contrôle continu. Encore moins avec ce qu’ont connu ses parents, qui ont fréquenté le collège entre 1985 et 1989. D’ailleurs, eux sont un peu perdus : l’école du « socle commun » commence désormais à cinq ans et se poursuit jusqu’à seize ans dans la même structure. La seule chose que savent ces parents inquiets, c’est qu’il faut s’y prendre très tôt pour inscrire son enfant dans les meilleures écoles, tant les différences entre établissements sont désormais un fait acquis. Plus question de laisser son enfant dans l’école du quartier sous prétexte que c’est plus pratique. La réussite se prépare tôt. Mais elle coûte cher… »
Fiction provocante ? Non. La logique des réformes, anciennes et récentes, travaille déjà à la reconfiguration de l’institution scolaire, mais qui veut l’admettre ? C’est par ce récit d’anticipation fondé sur les réformes en cours et les programmes politiques des différents partis que Natacha Polony nous ouvre les yeux. Le pire est de plus en plus sûr, nous sommes déjà dans l’école d’après l’école de la République, celle des gestionnaires qui méprisent l’enseignement. Les vieilles querelles françaises sur les méthodes et les programmes sont désormais caduques, remplacées par une vulgate internationale préoccupée de performance immédiate et peu soucieuse des risques de délitement de la Nation. Il est encore temps de prendre conscience de la grande transformation en cours et de mettre en place des contre-feux."