Dans cette chronique, mise en ligne sur Realpolitik.tv, Hervé Juvin montre l'absurdité du discours économique qui oublie la réalité de la vie des peuples...
L'économie et la sphère financière face au réel par realpolitiktv
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Dans cette chronique, mise en ligne sur Realpolitik.tv, Hervé Juvin montre l'absurdité du discours économique qui oublie la réalité de la vie des peuples...
L'économie et la sphère financière face au réel par realpolitiktv
Vous pouvez découvrir ci-dessous une chronique d'Éric Zemmour sur RTL, datée du 4 mars 2014 et consacrée à la crise ukrainienne et à la réaction de la Russie ...
Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de l'économiste Michel Santi, cueilli sur le site de Marianne et consacré à une étude sur la répartition de la richesse dans le monde.
La lutte des classes est terminée : les riches l'ont gagné !
Warren Buffet (qui pèse 58 milliards de dollars) ne plaisantait pas. Il nous avait prévenu dès 2006 – avant la crise – que les riches étaient en train de gagner. Dans une interview accordée à l’époque au New York Times, il avait reconnu qu’une « lutte des classes » faisait rage, tout en précisant : « c’est ma classe, les riches, qui a déclaré cette guerre et c’est elle qui est en train de la remporter » ! … avant de confirmer en 2011 que cette guerre avait bel et bien été gagnée : « they won » – ils ont gagné. Du reste, les faits lui donnent raison car, s’il fut approprié un temps d’évoquer les fameux « 1% » les plus privilégiés, certaines fortunes ont pu croître de manière exponentielle à la faveur même de la crise.
C’est ainsi que l’O.N.G. Oxfam a tout récemment démontré comment 85 individus (oui 85 !) se trouvent être aussi riches que la moitié de la population mondiale ! En somme, il y a les « riches » mais il y a également les « méga riches » : c’est-à-dire les 0.01% qui, à eux seuls, sont encore plus riches que les 1%, tout en payant moins d’impôts que les 1% ! C’est un peu comme si ces fortunes généraient à leur tour davantage de fortune et, ce, de manière quasi mécanique. Du reste, les 6’000 milliards de dollars gagnés par les envolées boursières de 2013 n’ont évidemment profité qu’à cette infime minorité.
On comprend mieux, dès lors, l’arrogance des plus dignes représentants de ces hyper-privilégiés, à l’instar du grand patron américain d’une marque d’habits de luxe, Bud Konheim, qui s’est exclamé que les pauvres devraient « arrêter de se plaindre » de leur condition. Ou la suffisance du milliardaire Kevin O’Leary quand il déclare que les inégalités sont une « nouvelle fantastique », car elles motivent « le pauvre à regarder en haut vers les 1% et à se dire : je veux faire partie de ces gens » … Et pourquoi ne pas évoquer Tom Perkins, magnat des fusions-acquisitions, qui revendique pour les riches un droit de vote plus important que pour le reste de la population ?! Et qui prône le retour au suffrage censitaire, aboli en France en 1848.
De même convient-il de ne pas négliger les revenus pharamineux des directions générales des grosses entreprises, qui placent incontestablement cette élite dirigeante dans le cercle très fermé des 1%, contribuant par là même à les isoler de leurs salariés. Car c’est un discours tout aussi effronté qui est servi par les Présidents-Directeurs Généraux des entreprises et des banques qui, pour justifier leurs salaires et leur bonus indécents, indiquent que ceux-ci ont été préalablement avalisés par leur conseil d’administration. Le tout dans une consanguinité aberrante où ceux-là même qui approuvent ces rémunérations reçoivent à leur tour des indemnités approuvées par ce même P.-D. G., tout en étant eux-mêmes patrons d’autres entreprises, poste qu’ils cumulent avec celui de membre de plusieurs conseils d’administration !
Comment expliquer, sinon, que le CEO de JP Morgan Chase, Jamie Dimon, ait vu son salaire augmenter de 74% cette année… alors même que la banque dont il est le gourou a dû payer 20 milliards de dollars au régulateur US pour de multiples infractions ? Ne voilà-t-il pas que, au lieu de le saquer, ses pairs lui accordent une belle augmentation de salaire… faisant dire à certains esprits chagrin que, alors que le commun des mortels qui vole une banque est incarcéré pendant 10 ans, le Président d’une banque qui vous vole reçoit, pour sa part, 10 millions !
Ces personnages évoluent donc dans un univers parallèle caractérisé par une impunité quasi parfaite, déplorée en haut lieu par un exécutif impuissant ayant fait dire au Ministre de la Justice américain, Eric Holder, que les Présidents des « Too Bigs To Fail » – les mastodontes bancaires – étaient eux-mêmes des « Too Bigs To Jail », c’est-à-dire trop importants pour être emprisonnés… Exécutif désemparé à l’image de Lawrence Summers, ancien Sécrétaire au Trésor et ancien conseiller économique du Président Obama, qui a coup sur coup écrit deux tribunes dans le Washington Post et dans le Financial Times, requérant vigoureusement contre les inégalités et avertissant que notre monde reprenait ses mauvais plis d’avant la crise.
Car la croissance ne permet plus aujourd’hui, pour reprendre Summers, d’ « améliorer les revenus de la classe moyenne et de lutter contre la pauvreté ». Il est donc vital de revaloriser les salaires, de réformer la fiscalité et de lutter contre l’évasion fiscale. Quitte à « persécuter » les riches, pour reprendre une expression tout récemment employée par le même Tom Perkins cité plus haut, qui vient de faire scandale en comparant le sort fait aujourd’hui aux riches à l’Holocauste des juifs pendant la seconde guerre mondiale !
Michel Santi (Marianne, 25 février 2014)
Vous pouvez écouter ci-dessous un entretien donné le 2 mars 2014 par Aymeric Chauprade au site d'information La Voix de la Russie à propos des événements d'Ukraine.
Événements d'Ukraine : Aymeric Chauprade sur... par realpolitiktv
Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Théophane Le Méné, cueilli dans le Figaro et consacré à la nostalgie française pour le cinéma populaire et très anar de droite des années 60/70...
Scandale ! Les personnages d'Audiard ne sont pas aux normes
Georges Lautner s'est éteint il y a quelques semaines, à l'âge de 87 ans. Le héraut du cinéma populaire que la critique de l'époque n'épargnait guère s'en est allé rejoindre les étoiles, de celles qui survivent aux siècles et que les générations successives regardent, nostalgiques et pensives, sans se douter un seul instant que par ce seul acte, elles conjurent le temps qui passe et l'insolente marche du progrès. Quelque part là-haut, le tonton flingueur en a rejoint d'autres: Audiard dont on fêtera l'année prochaine le trentenaire de sa disparition, Gabin et sa «langue prodigieusement drôle», Francis Blanche menotté au grisbi, Bernard Blier qui à tous les coups dansera la capucine et Lino Ventura et son fameux «quadrille de mâchoires». A cette belle bande de copains s'en grefferont d'autres. Roger Nimier bien sûr, Antoine blondin assurément, peut-être le poète de Charleville-Mézières et pourquoi pas Céline, cet «anarchiste à l'état pur». Ensemble, nul ne doute qu'ils mettront «une volonté assez originale de mêler la préciosité à la truculence, l'intellectualisme au commerce, les joutes de truands aux raffinements d'esthètes, les accords de clavecin au jeu des silencieux, bref d'inscrire les règlements de compte dans une atmosphère de fête galante», comme ils s'y appliquèrent dans l'adaptation culte des quelques lignes du roman d'Albert Simonin et que Jean Narboni avait su bien décrire. Sans doute aussi, dans ces scènes qui se rejoueront, ils riront -avec Dieu et Bossuet - des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes.
Car c'est un bien étrange paradoxe que celui de pleurer ces morts qui, vivants, désarçonnaient les idées du progrès et de l'hygiénisme et qu'en cela, on réduisait à des anarchistes de droite, des ploucs populistes, des beaufs dirait-on aujourd'hui.
Car c'est un bien étrange paradoxe de rire, cette fois à en pleurer, des incroyables tirades d'un Audiard qui ridiculisait le gaullisme, d'un Gabin qui célébrait l'ivrognerie, d'un Lautner qui préférait moquer la cage aux folles que de se lamenter de «la cage aux phobes» (expression consacrée bien après par Philippe Muray), là où il faut désormais y voir un négationnisme politique, une pathologie ou de l'homophobie.
Car c'est un bien étrange paradoxe que d'entonner le chant de la mélancolie en regardant devant son poste les images d'une France de clochers et de cartes postales en noir et blanc - quand les tabacs sentaient encore la gitane froide et le houblon sauvage, quand l'automobile exhalait des fragrances de pétrole en pétaradant joyeusement, quand les journaux se vendaient, et à la criée, quand la tolérance ne sortait pas outrageusement des maisons dans lesquelles on l'avait assignée, quand le sexe, d'ailleurs, n'était pas en plastique, quand les bistrots n'avaient pas encore expulsé les ouvriers pour les cadres financiers et les disc-jockey internationaux, quand le ventre de Paris n'avait pas été encore déporté, quand le marquis de Cuevas et Serge Lifar se disputaient l'honneur d'un différend artistique au premier sang avant de s'étreindre, quand les chevaux ne se partageaient pas la première place entre deux couches de pâtes, quand on pouvait s'empiffrer à en exploser sans respecter le diktat des cinq fruits et légumes par jour, quand les cinq fruits et légumes par jours poussaient encore dans la terre et que leur prix était abordable, quand la novlangue n'avait pas encore remplacé la jactance hussarde, gouailleuse et française, quand le génie de l'invective n'avait pas en arrière-plan le salon de l'agriculture mais l'histoire, la culture, la curiosité pour les argots de métier et le langage de la rue- puis de couper le poste et d'hurler à la France moisie.
Mais alors, comme la Renaissance rejoua le classicisme romain, les lumières la Grèce antique, l'époque victorienne les codes médiévaux, notre monde moderne, «ce kolkhoze fleuri», mélancolique de l'esprit français frondeur et fripon, tenterait-il de renouer avec son âge d'or et une certaine mythologie française? L'histoire raconte que le terme «nostalgie» (étymologiquement «retour à la douleur») fut inventé en 1678 par le médecin suisse Johannes Jacob Harder qui tentait de comprendre le mal frappant les mercenaires suisses de Louis XIV dès lors qu'ils entendaient des airs de leur patrie. En 1835, le dictionnaire de l'académie française le définissait comme une «maladie causée par un désir violent de retourner dans sa patrie» quand, quelques années plus tard Chateaubriand le réduisait à «un regret du pays natal». La version moderne de la définition s'accorda à la qualifier comme le désir d'un retour dans le passé, en insistant non plus sur la dimension géographique mais la dimension temporelle. Est-ce ce mal dont beaucoup d'entre nous souffrent lorsqu'ils entendent, entre la rue Monsieur-le-Prince, la rue de Condé et le Carrefour de l'Odéon, s'élever le duo de Bénech et Dumont, «Nuit de chine», que l'on connaît mieux grâce au célèbre binôme Gabin et Belmondo, dans le film culte «Un singe en hiver»? Sans doute. Car nous convenons volontiers avec Gabriel Fouquet que ce monde sans canailleries, c'est «une paella sans coquillage, c'est comme un gigot sans ail, un escroc sans rosette: quelque chose qui déplaît à Dieu!»
Théophane Le Méné (Le Figaro, 20 février 2014)
Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jean-Paul Baquiast, cueilli sur le site Europe solidaire et consacré à la crise ukrainienne.
Sécurité européenne. Le danger n'est pas la Russie, c'est l'Otan
Dans l'espèce de frénésie qui s'empare ces jours-ci des médias français, face aux évènements d'Ukraine, pour condamner les réactions de défense de la Russie, pourtant menacée d'encerclement, personne le souligne que le plus grand danger pour la sécurité de l'Europe ne sont pas « les chars russes », mais l'offensive menée depuis des années par l'Otan pour faire reculer l'influence de la Russie, voire la dissuader militairement.Il y a deux jours c'était le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, qui appelait la Russie « à la retenue » autrement dit qui la menaçait d'une réaction militaire de l'Otan. C'est le même qui écoute sans réagir les appels à intervention venant de l'actuel gouvernement occidental de l'Ukraine. C'est le même qui depuis des mois travaille à consolider, en Europe même, des bases de missiles (le BMDE ou Ballistic Missile Defence in Europe) lesquelles sont directement tournées vers la Russie pour désarmer une frappe en retour de celle-ci en cas d'agression. Ce sont, avec le soutien implicite du Secrétaire général, les plus anti-russes des membres de l'Otan, qui multiplient les intrusions, au coeur même de la Russie, par le biais d'associations et d'organisations visant à mener une véritable guerre civile interne contre les institutions.
Mais l'Otan, cela ne fait de secret pour personne, a toujours été le faux- nez européen des Etats-Unis. Ce faut nez était peut-être acceptable pour les Européens du temps où le stalinisme menaçait l' « Occident ». Aujourd'hui, cette menace, contrairement aux propos des va-t-en guerre, n 'existe plus. Cependant, pour l'Amérique du lobby militaro-diplomatique, la Russie, nous l'avons souvent écrit ici, continue à être présentée comme un danger, du fait qu'elle possède l'arme nucléaire. Les Etats-Unis voudraient être les seuls à disposer de la bombe, au service de leur entreprise pour dominer le monde. Il leur faut donc, quels que soient les risques pour l'Europe, placée en première ligne, provoquer de plus en plus la Russie dans l'espoir qu'elle finira par envoyer les chars, non seulement en Ukraine, mais dans les pays de l'Union européenne limitrophes. Alors les Etats-unis pourront anéantir militairement la Russie, prétendument en toute légitimité.
Dans l'immédiat, Obama, fort de l'appui des gouvernements européens membres de l'Otan, menace aujourd'hui la Russie de rétorsions économiques. Il invite ces gouvernements, au mépris de leur intérêt évident, à boycotter le prochain G8 devant se tenir à Sotchi et à ne plus acheter de pétrole aux Russes (?). Il fait par ailleurs tout ce qu'il peut pour pousser les membres de l'Otan à refuser le dialogue avec Moscou, à soutenir les plus extrémistes des européophiles en Ukraine et en Crimée, à refuser à tous prix une partition de l'Ukraine qui serait pourtant le seule solution pour ramener le calme dans ce pays divisé. Bien tranquille à Washington, Obama peut le faire sans risques. Ce serait moins risqué pour lui qu'affronter en Asie le nouvel ennemi que s'est donné le lobby militaro-diplomatique américain, la Chine.
Mais pourquoi les quelques voix clairvoyantes qui avaient demandé, en France comme dans d'autres pays européens, une sortie de l'Otan, ne sont-elles pas plus écoutées? Pourquoi ces mêmes voix qui demandent, en substitution au prétendu parapluie de l'Otan, la mise en place d'une véritable force de défense européenne, pouvant permettre à l'Union de choisir ses alliées et ses adversaires en toute indépendance, sont-elles de plus en plus inaudibles ? Pourquoi en France le gouvernement socialiste ne se distingue-il aucunement des autres dans l'acceptation de la servilité? Parce que l'Amérique ne le veut pas, et aussi parce que, dans l'Union européenne, les intérêts politiques et économiques inféodés au grand allié atlantique se sont donné pour mission, avec un esprit collaborationniste qui devrait évoquer des souvenirs dans les pays de Vichy et de Sigmaringen, de suivre en tous points ce que demande Washington.
Jean Paul Baquiast (Europe solidaire, 2 mars 2014)