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Points de vue - Page 284

  • La Russie est prête pour la guerre économique...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Xavier Moreau, cueilli sur le site Realpolitik.tv et consacré aux menaces de sanctions de l'Occident contre la Russie. Saint-Cyrien et ancien officier parachutiste, Xavier Moreau est l'auteur de La nouvelle grande Russie (Ellipses, 2012).

     

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    BHL, spécialiste des photos bidonnées, prend la pose sur une barricade désertée de la Place Maïdan

     

    La Russie est prête pour la guerre économique

    Les différents ministères et structures économiques russes, potentiellement concernés par de lourdes sanctions économiques, ont été mobilisés pour préparer une riposte massive le cas échéant. La décision russe d’intégrer la Crimée est désormais irrévocable. Avec la quasi-totalité de la population russe et des forces politiques derrière lui, Vladimir Poutine s’apprête à affronter un occident divisé, appauvri et contesté au sein même des nations qui le composent.

    La riposte russe sera totale en effet :
    - ventes des bons du trésor des pays sanctionnant ;
    - non remboursement des prêts contractés par la Russie ou par les entreprises russes ;
    - confiscation des actifs occidentaux ;
    - achat de devises asiatiques en remplacement des devises occidentales ;
    - fin du commerce avec l’occident et virage asiatique vers la Chine et la Corée du Sud qui ont déjà été contactées dans ce sens et seront les premiers bénéficiaires de cette rupture ;
    - fin de l’utilisation du dollar dans les échanges commerciaux.

    Les conséquences de cette riposte représentent une véritable catastrophe potentielle pour les économies européennes, notamment pour l’Allemagne, la Pologne et la France. Il est évident que cette riposte aura également des conséquences dramatiques pour l’économie russe, le temps qu’elle se réoriente massivement vers l’Asie. La différence est, encore une fois, que Vladimir Poutine n’hésitera à en appeler à la solidarité nationale russe, contre le diktat occidental. Les gouvernements ouest-européens ne pourront pas, en revanche, compter sur la compréhension de leur population. En France, les médias “mainstream” ont essuyé leur première défaite face aux médias alternatifs. Décidés à passer sous silence la compromettante conversation de Catherine Ashton, ils ont été contraints au bout de cinq jours – et sous la pression des sites internet alternatifs – d’évoquer le sujet.

    La forces de Vladimir Poutine reposent aujourd’hui sur la confiance qu’il inspire à la population russe, ainsi que sur son trésor de guerre. Ces deux atouts lui permettront d’amortir les conséquences d’une guerre économique, bien mieux que ses adversaires.

    Les États-Unis ont une nouvelle fois sous-estimé la détermination de la Russie. Ils tentent de faire payer aux Européens leur nihilisme stratégique. Il y a tout lieu de croire que les Européens ne vont pas pousser la Russie dans une guerre que leurs économies exsangues, pour la plupart, ne leur permettront pas de mener. La France, plus que toutes les autres nations européennes, doit se libérer du joug malfaisant de Washington. Il est heureux de constater que l’incorruptible Jean-Pierre Chevènement se trouve en première ligne pour rappeler où se situe l’intérêt supérieur de la France, et palier les idioties de l’histrion BHL. Ce dernier s’efforce une nouvelle fois, d’entrainer le gouvernement français dans de nouvelles errances lybiennes, où il ne trouvera que le ridicule qui s’est déjà abattu sur lui en Syrie. À ses côtés, nous trouvons désormais François Fillon, appelé à devenir le candidat souverainiste de l’UMP. Le Front de Gauche a su, dès le début de la crise, définir les enjeux exacts, tout en étant lucide sur les forces en présence. Il en va de même pour le Front National qui se situe dans une ligne purement gaullienne, mettant au centre l’intérêt supérieur de la Nation, en dehors de toute idéologie.

    Le choix de l’Europe, et par conséquent du partenariat russe, contre le choix de l’occident, et par conséquent de l’Union européenne, est désormais un thème qui dépasse les clivages politiques traditionnels. Les Français rejettent massivement l’ingérence nocive des États-Unis dans les affaires européennes, comme ils rejettent totalement son modèle civilisationnel.

    Xavier Moreau

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  • De la gauche morale au cynisme d'Etat...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Maffesoli, cueilli sur Le Figaro et consacrés aux mensonges de madame Taubira... Michel Maffesoli vient de publier avec Hélène Strohl, aux éditions du moment, un essai intitulé Les nouveaux bien-pensants.

     

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    De la gauche morale au cynisme d'Etat

    Force est de reconnaître que le politique n'a pas grand chose à voir avec la morale. Nombreux sont les bons esprits, je pense en particulier au sociologue Julien Freund (L'essence du politique) qui ont rappelé qu'un bonne dose de machiavélisme se trouvait, toujours, au fondement de la pensée et de l'action publiques.

    Mais de là à ériger celui-ci en système, il y a un pas qu'il est fort dangereux de franchir! Et pourtant le pouvoir actuel l'a, à de multiples occasions, franchi, en érigeant quasiment en dogme, le «mentir vrai» que l'on croyait être l'apanage du poète. Les dernières palinodies d'une ministre en charge de la Justice soulignent, que la mesure est comble.

    En tout cas, elles montrent que les affirmations, répétées ad nauseam, de «l'exemplarité» apparaissent comme autant de ces antiphrases, dont parle Aldous Huxley dans Le meilleur des mondes, appelant le ministère de la Guerre, «Ministère de l'amour». Un tel cynisme rend évident une vérité fort simple: la gauche morale (ou prétendue telle) a fait son temps.

    Cela pourrait n'être que de peu d'intérêt. Car les esprits avertis et le bon sens populaire en avaient conscience. Mais cela n'est pas sans conséquences: c'est quand il y a confusion des mots que les choses et les sentiments tendent à s'obscurcir. Les implosions du type «cause toujours, tu m'intéresses», ou les explosions: «dies irae, dies illa», et les divers «ras le bol» en sont les expressions les plus fréquentes. Les menteries de madame Taubira sont le fourier de l'abstention populaire ; qu'il faut ici comprendre en son sens large, celui du mépris vis-à-vis du pouvoir et des diverses institutions qui le représentent.

    On le voit, la chose est loin d'être anodine. Mais si l'on en fait une rapide généalogie, il faut rappeler qu'un tel état de fait repose sur l'utilisation, sans vergogne, d'un état de droit. Celui d'user, sans précaution aucune, de ce que Max Weber nommait «la logique du devoir être». C'est-à-dire de penser et d'agir, d'une manière péremptoire, dogmatique, idéologique, en fonction d'une conception pré-établie de ce que doit être l'individu, la société et le monde en général. Logique qui est, en est-on suffisamment conscient? le propre du discours socialisant du XIXème siècle, et dont la gauche au pouvoir est la seule, et quelque peu désuète héritière.

    D'où la rhétorique des bons sentiments, les homélies sirupeuses, dont le ministre en charge de la justice, tout comme d'ailleurs le matamore siégeant place Beauvau, ainsi que la porte-parole du gouvernement en charge du droit des femmes, se sont faits les spécialistes. Ils nous abreuvent d'injonctions et de pseudo-pensées d'édification, n'étant que les faux-nez de leurs menteries dont l'évidence, maintenant, crève les yeux.

    Ce gouvernement mène ainsi de front une politique de normalisation- moralisation de certains comportements dits discriminés (les homosexuels monogames) et de stigmatisation-pénalisation d'autres comportements, tout autant discriminés d'ailleurs (les relations sexuelles tarifés). Au nom du devoir être et de la morale bien sûr.

    Dès lors, les gesticulations, dérobades, vérités successives de la place Vendôme appartiennent à ce que Nietzsche nommait une «sécrétion de moraline», et font apparaître l'aspect peu ragoûtant d'un ministère dont l'essence serait d'être, justement, au-dessus de tout soupçon.

    Le bon sens populaire ne supporte pas qu'on mente «comme un arracheur de dents». L'on en voit rapidement les effets. En particulier le fait, que par un processus de saturation, le moralisme au pouvoir, celui de l'exemplarité de la gauche morale s'inverse en son contraire, et soit reconnu pour ce qu'il est, un cynisme plus ou moins pataud, mais non moins aveuglant.

    En effet, les dénégations successives de madame Taubira assorties d'affirmations de sa haute tenue morale, ne sont pas sans rappeler le fameux argument du chaudron dont parle Freud: «je t'ai rendu le chaudron, d'ailleurs il était troué, et surtout je ne te l'ai jamais emprunté»! On peut appliquer un tel «raisonnement» aux diverses et contradictoires péripéties de la communication ministérielle.

    Ce qui est heureux, car à toute chose malheur est bon, c'est que de telles divulgations verbales incitent à la lucidité. Elles suscitent cette belle innocence de l'enfance que rappelle Andersen en son conte judicieux et décapant, «Les habits neufs de l'empereur», dans lequel, à l'opposé de l'obséquieuse et hypocrite courtisanerie des puissants, «l”enfant éternel», qui sommeille dans la sagesse populaire, rappelle à bon escient que «le Roi est nu».

    Michel Maffesoli (Le Figaro, 13 mars 2014)

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  • Ukraine : que pourrait faire la France ? ...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue équilibré de Bertrand Renouvin, cueilli sur son blog et consacré à la crise ukrainienne...

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    Ukraine : que pourrait faire la France ?

    Dans le débat français sur la crise ukrainienne, une question mériterait d’être privilégiée : que peut faire la France ? Ce souci est balayé par le discours dominant. Qui n’est pas pour Kiev est pour Moscou – et Paris se trouve naturellement dans le camp du Bien. Comme ce camp a fait beaucoup de mal, dans l’ancienne Yougoslavie, en Afghanistan, en Irak, en Libye… il est prudent de se garder des fausses évidences du manichéisme ambiant. Et si la France est approuvée par les arbitres du bon ton diplomatique, c’est en raison de son effacement. François Hollande répète ce que dit Barak Obama, s’en remet à la Commission européenne et laisse Angela Merkel discuter directement avec Vladimir Poutine.

    Plutôt que de remâcher cette nouvelle humiliation, il faut réfléchir à ce que pourrait faire la France, dès lors que, libérée de son oligarchie atlantiste, elle ferait exploser la zone euro et quitterait définitivement l’OTAN. Il ne s’agit pas de rédiger une feuille de route, ce qui impliquerait un cheminement au ras du sol, mais de regarder, avant tout engagement, la carte du monde. On voit la Chine, qui nous agresse commercialement, et les Etats-Unis en déclin. On voit aussi que la Russie ne nous menace en rien et l’on sait que l’Union européenne est moribonde. On se souvient que la pression islamiste se renforce sur l’Asie centrale et sur le Nord-Caucase et l’on constate que la Russie s’efforce de contenir la menace. Dès lors, la France pourrait construire un nouveau système d’alliances continentales, dans le cadre d’une confédération européenne respectant la souveraineté de ses Etats-membres.

    Cette nouvelle politique européenne viserait la réduction progressive des tensions en Europe à laquelle la France  contribuerait en incitant les Etats concernés à renoncer au bouclier anti-missiles américain  puis à quitter l’OTAN au profit d’une organisation européenne de sécurité. Cette politique d’apaisement et de sécurité collective impliquerait une coopération avec la Russie dans la lutte contre l’islamisme et, dans le même temps, un plan européen de développement économique et social conçu hors de la dogmatique ultralibérale, dans le souci de l’écologie générale du continent et des mers qui l’entourent.

    Si un gouvernement français s’était placé dans cette perspective, tracée par le général de Gaulle pendant la Guerre froide, il aurait été possible de favoriser le règlement de la crise ukrainienne. Il aurait fallu :

    Constater que l’insurrection kiévienne a engendré un pouvoir de fait qui a déchiré l’accord entre le président légal et les partis d’opposition et violé la Constitution en destituant Viktor Ianoukovitch et en supprimant la Cour constitutionnelle qui aurait dû se prononcer sur cette destitution.

    Exiger que ce pouvoir de fait ne signe pas de nouveaux traités et n’engage pas de discussion avec l’OTAN afin d’apaiser les craintes justifiées de la Russie – le projet d’accord entre l’Ukraine et l’Union européenne comportant des clauses de coopération militaire.

    Exiger le désarmement et la dissolution des partis nationaux-socialistes afin que la sécurité des personnes et les libertés publiques soient de nouveau garanties.

    Eviter que l’Ukraine ne tombe sous la coupe du FMI et ne subisse les effets désastreux d’une thérapie de choc en proposant à toutes les puissances européennes la mise en œuvre d’un plan d’urgence pour le financement et le développement de l’Ukraine.

    Prendre au mot le président de la Fédération de Russie qui a déclaré le 4 mars qu’il n’avait pas l’intention d’encourager les tendances annexionnistes, l’inciter à différer le référendum prévu en Crimée et les demandes de rattachement à la Russie de plusieurs villes d’Ukraine et soutenir sa proposition d’organiser la consultation de tout le peuple d’Ukraine en vue de l’adoption d’une nouvelle Constitution.

    Encourager les partis démocratiques d’Ukraine à se concerter pour organiser les élections législatives et présidentielles hors de toute pression extérieure – qu’elle soit américaine, allemande, polonaise,  russe – afin que le peuple ukrainien se donne librement de nouvelles institutions.

    C’est en étant libre de toute allégeance que la France aurait pu favoriser la paix en Europe.

    Bertrand Renouvin (Blog de Bertrand Renouvin, 12 mars 2014)

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  • Français de souche ? Présent !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Aristide Leucate, cueilli sur Boulevard Voltaire et consacré à la polémique lancée par les médias du système contre Alain Finkielkraut à la suite de son utilisation de l'expression "Français de souche"...

    Aristide Leucate a récemment publié un essai intitulé Détournement d'héritage (L'Æncre, 2013).

     

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    Français de souche ? Présent !

    Il y en a assez, de ces théologiens de l’aberration cosmopolite, transgenre et transfrontière, qui prodiguent, du haut de leur chaire subventionnée, des leçons de rééducation morale aux « déviants » populistes et forcément racistes. Le nouvel oukase sémantique tient, désormais, dans l’impérative proscription de se réclamer de souche française. Alain Finkielkraut vient ainsi d’être dénoncé auprès du CSA, pour avoir osé défendre les « Français de souche », de même que Denis Tillinac, à l’occasion de son jubilatoire éloge de la liberté intitulé Du bonheur d’être réac. Dans l’émission « On n’est pas couché » de l’inoxydable Ruquier, Denis Tillinac a été sommé, séance tenante, de se justifier devant le Kommissaire stalinien, Aymeric Caron, quant à son appartenance « souchiste » !

    Français de souche. Voilà un syntagme qui, aussi longtemps que l’auteur de ces lignes s’en souvienne, ne faisait guère débat, ni polémique, il y a encore quinze ou vingt ans. L’on pouvait se dire Breton, Périgourdin ou Vosgien de souche, sans que de sournois Torquemada aux petits pieds balancent l’épuré à la vindicte politico-médiatique. D’ailleurs, quoi de plus naturel que de revendiquer une appartenance à un territoire déterminé, surtout lorsque ses aïeux s’y sont fixés depuis des lustres au point, précisément d’y faire souche ? Mais voilà ! Ce qui serait bon pour l’horticulture ne le serait pas pour l’écologie humaine et des civilisations, pour reprendre la belle formule de l’essayiste Hervé Juvin dans son dernier opus sur La Grande Séparation.

    Pourtant, au fond, qu’est-ce qu’un Français de souche, si ce n’est une personne dont les origines familiales, géographiques et historiques sont suffisamment anciennes et lointaines pour qu’avec le temps, l’on ait fini par en oublier la provenance initiale ? Bien plus, si certaines vieilles familles françaises, grâce au carbone 14 d’une généalogie bien tenue et suivie de génération en génération, sont à même de dater leur implantation dans telle ou telle région ou terroir, d’autres, par l’effet d’un lent processus d’assimilation, ont pu se forger les mythes fondateurs nécessaires à leur enracinement.

    Remonter à Henri IV ou se réclamer d’une présence permanente et continue en France depuis Napoléon III met chaque Français en résonance avec son histoire. Se l’appropriant et la métabolisant, sa destinée se confond alors inexorablement avec celle de son pays. Celui-ci devient « patrie », ou terre des pères, c’est-à-dire foyer originel de ceux qui ont fait souche avant soi, tandis qu’il se subsume en « nation », berceau de notre « nascio » ou naissance. Ce faisant, chaque Français se trouve littéralement incorporé au sein de cet héritage indivis qu’il se doit, humblement mais fièrement, de transmettre tout en l’enrichissant de ses propres apports.

    Empêcher de penser, de dire et donc de vivre cette réalité revient à faire de la France, non point ce jardin agrémenté de mille et une espèces enracinées dont la sève se nourrit de l’humus de la terre ensemencée par les anciens, mais un supermarché de monades déboussolées.

    Français de souche ? Présent !

    Aristide Leucate (Boulevard Voltaire, 6 mars 2014)

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  • Justice : chronique d'une faillite annoncée...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue du criminologue Xavier Raufer, cueilli sur le site du Nouvel Economiste et consacré au naufrage de l'institution judiciaire.

     

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    Justice : chronique d'une faillite annoncée

    Les Français n’en peuvent plus. Ils sont 75 % à affirmer que “la justice fonctionne mal” et 57 % à trouver cette justice dysfonctionnelle trop docile avec le pouvoir.

     

    Carvin (Nord), fin janvier 2014 : “L’un des braqueurs arrêtés est soupçonné d’une quarantaine de cambriolages… déjà interpellé à l’automne dans la métropole lilloise, il avait été libéré avec ses complices, ce qui avait provoqué la colère de policiers lillois.” Et encore : “Le tueur de Saint-Ouen libéré par erreur”… Ou bien : “Bobigny, la vice-présidente du TGI agressée sur le parking du tribunal” (et dépouillée de son ordinateur). Partout dans la presse locale se décline ainsi la quotidienne litanie des naufrages judiciaires.

     

    En parallèle forcément, on ne peut que constater l’explosion des cambriolages et le pillage des campagnes par des clans de nomades criminalisés – toutes infractions que la justice de Mme Taubira ne poursuit plus guère – voir ci-dessus : 40 cambriolages et laissé libre.

     

    Ajoutons-y cette perle (Le Bien Public, 31 janvier 2014) : “Le tribunal a condamné les deux prévenus pour l’ensemble des faits, soit le vol aggravé et les deux tentatives de vol. (…) Haron O., qui a un passé judiciaire, à 4 ans, avec mandat de dépôt. Mais le jeune n’est pas ressorti encadré de deux policiers, il était déjà parti à l’annonce du jugement.” “Déjà parti” d’un palais de justice d’où, au moment d’être condamné, l’on sort à son gré comme d’un moulin, au nez de magistrats demeurés bras ballants.

     

    Et n’oublions pas les consignes données aux procureurs (septembre 2012) : “Vous vous assurerez que les modalités d’exécution des peines d’emprisonnement tiennent compte de l’état de surpeuplement des établissements pénitentiaires.” Pas de cellule pour le braqueur ou l’agresseur ? Il repart libre – et plié en deux de rire – en attente d’un ultérieur “rendez-vous pénitentiaire”, dans le cas où, au bout du compte, il daignerait se laisser embastiller.

     

    Et quelle prison ! Dans le Journal du Dimanche (5/08/2013) voici l’édifiant aveu d’une mère de dealer sur son fils incarcéré : “Il y avait retrouvé ses copains et il s’émerveillait car il y avait même un écran plat” – garderie ou maison des jeunes ? On n’a que l’embarras du choix.

     

    Ainsi, la prison est en effet devenue l’ultime recours, avec de 80 000 à 100 000 peines de prison ferme non exécutées. Traduire : des dizaines de milliers d’individus, souvent dangereux, libres comme l’air.

     

    Dès la fin 2012, alors que, dans les transports en commun d’Ile-de-France, les violences contre les agents ont augmenté de 52 % (pour le RER et le métro) et de 45 % (pour les bus) les syndicats dénoncent déjà : “de nombreuses affaires transmises à la justice parisienne sont restées en jachère”.

     

    Et dans la France de fin 2013, on compte encore 5 237 vols à main armée, 20 par jour ouvrable, plus le chiffre record de 303 attaques de distributeurs automatiques de billet (DAB), la plupart à l’explosif, soit 50% de plus qu’en 2012.

     

    De tout cela, les Français n’en peuvent plus. En témoigne leur impitoyable verdict, publié par Le Parisien du 16 février : ils sont 75 % à affirmer que “la justice fonctionne mal” et 57 % à trouver cette justice dysfonctionnelle trop docile avec le pouvoir.

     

    Mme Taubira, elle, est étrillée par Le Parisien : “peu disponible pour les séances de travail…la cuisine technique ne l’intéresse pas”. Et les Français ? Pas plus impressionnés par ses diversions “antiracistes” de la fin 2013 que par son show sur la récidive du début 2014, ils dressent d’elle un portrait plutôt féroce : “orgueilleuse… agressive… sectaire… incontrôlable…”.

     

    Au total, 59 % de mauvaises opinions : malgré les colloques et la com’, les Français ont compris qu’avec Mme Taubira aux affaires, les récidivistes sur lesquels elle bavarde à diverses tribunes sont dans les rue et pas en prison.

     

    Mais il serait injuste de faire reposer la responsabilité du désastre sur les seules épaules de la garde des Sceaux. Dans l’affaire, les grands coupables sont les idéologues anarchisants, précieuses ridicules et autres sociologues de salon qui forment sa cour. C’est leur commune doctrine – foi aveugle en un absolu déterminisme social et total rejet de toute responsabilité individuelle – qui concrètement, a provoqué le naufrage et l’aggrave sans cesse. Florilège.

     

    Vous voulez que la justice triomphe du crime ? Eux dénoncent la “criminalisation de conduites à risque”. Vous flétrissez devant des comportements de sauvages ou le deal de stupéfiants ? Eux s’attendrissent devant des “sociabilités décalées” et un sympathique “apprentissage socio-économique”. Les cités coupe-gorge sont pour eux des “quartiers populaires périphériques”. Et la rage impuissante des victimes n’est pour ces idéologues que l’odieuse “stigmatisation” de “malheureuses victimes de l’exclusion et du racisme”, toutes victimes d’une intolérable “ségrégation” – car pour des Diafoirus-sociologues bien sûr, la France de 2014 est pire encore que l’Alabama en 1950.

     

    Ce sont ces doctrinaires qui, dans une parfaite impunité, ont encore pu injurier sur leur “Mur des cons” – outre certains de leurs collègues – des élus, des enseignants et même, les victimes de ces criminels vers lesquels va toute leur pitié. Toujours eux qui inventent les actuelles et futures peines bidons.

     

    La demande de sécurité des Français – même de gauche ? Ils s’en moquent. L’exigence d’une justice plus ferme – exprimée depuis deux ans et plus, sondage après sondage, par nos compatriotes ? Qu’importe.

     

    Le fait que dans d’importants Etats de droit – Etats-Unis, Grande-Bretagne, etc. – la politique de zéro tolérance provoque l’effondrement des crimes graves comme des homicides ? Le fait qu’à New York par exemple, alors que le nombre des malfaiteurs incarcérés baisse lui aussi fortement, ces crimes graves sont au plus bas depuis que les statistiques existent sous leur forme actuelle ? Quantité négligeable.

     

    Eux seuls savent et ce que veut ou constate tout autre est sans valeur. Toute politique sérieuse de réduction du crime et de protection des populations fragiles devra ainsi comporter une préalable démarche : le renvoi à ses chères études de cette libertaire coterie.

     

    Xavier Raufer (Le Nouvel Economiste, 3 mars 2014)

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  • Sous les pavés, Paris plages !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire et consacré à cette gauche libérale libertaire confortablement installée au cœur du système...

     

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    Les gauchistes voulaient la plage sous les pavés : ils ont eu Paris Plages !

    Nouvelle antienne de la droite de la droite, que de dénoncer la gauche de la gauche. Mais aujourd’hui, que représente exactement le « gauchisme » ?

    Pas grand-chose. Ce qu’on appelle de façon sommaire les organisations « gauchistes » (situées à la gauche du PC) ont connu leur heure de gloire à la fin des années 1960 et au début des années 1970. Dès 1974, les obsèques de Pierre Overney, militant maoïste tué aux portes des usines Renault de Boulogne-Billancourt, avaient marqué la fin d’une époque. Certaines de ces organisations étaient bien structurées, beaucoup s’inscrivaient dans une filiation remontant à l’entre-deux-guerres. Il n’en reste presque plus rien. Le maoïsme a disparu, à la possible exception d’Alain Badiou. Les sectes trotskistes parlent de moins en moins de Trotski, et bien des anarchistes se sont coupés de ce qu’il y avait de meilleur dans la tradition libertaire. En marge de ces marges, il y a aujourd’hui des petits groupes d’« antifas », des jeunes gens qui se trompent d’époque (ils n’ont toujours pas compris que nous sommes sortis des années 30) et qui ont recours à la violence pour dissimuler leur absence d’audience dans l’opinion. Ils se font objectivement les chiens de garde de l’ordre en place, c’est-à-dire du désordre établi, voire la police supplétive du ministère de l’Intérieur. Dimension historique de leurs psychodrames : néant.

    Ce qui existe toujours, ce sont des « anciens » de ceci ou de cela : anciens trotskistes, anciens maos, etc. Mais, comme tous les anciens, ils ont pour la plupart fait la part des choses. Il y a aussi des réseaux confortés par le parisianisme ou entretenus par des souvenirs de passé commun, ce qui explique certains parcours individuels. Quelques-uns de ces « anciens » se retrouvent aujourd’hui chez les Verts, mais la grande majorité s’est ralliée au système, comme l’avait bien vu le regretté Guy Hocquenghem (Lettre ouverte à ceux qui sont passés du col Mao au Rotary). Le grand symbole est Libération, qui commença sous les auspices de la Gauche prolétarienne à l’époque de Jean-Paul Sartre pour finir aux mains des banques sous François Hollande.

    Qu’il s’agisse de dénoncer la conception permissive de la justice de Christiane Taubira ou de déplorer l’effondrement de l’école, c’est également devenu une habitude, de s’en prendre aux « soixante-huitards attardés ». Une explication convaincante ?

    Les « soixante-huitards » (« attardés », bien sûr) représentent à droite une sorte de mythe répulsif. Une formule toute faite qui ne veut pas dire grand-chose. Ceux qui l’emploient ont rarement vécu Mai 68, dont ils n’ont qu’une image très superficielle. Ils ont en général oublié que Mai 68, ce fut aussi la dernière grande grève générale de l’histoire de France, un spectacle qui aurait ravi Georges Sorel. Ils ne voient pas, surtout, qu’au-delà des étiquettes du moment et des proclamations inspirées par une rhétorique « révolutionnaire », deux tendances totalement opposées se sont exprimées durant ce mois de mai. Il y avait d’un côté une critique argumentée, parfois inspirée du situationnisme, de la société de consommation et du spectacle, du primat des valeurs marchandes, critique avec laquelle je n’ai pour ma part aucun mal à sympathiser. Et de l’autre, une tendance hédoniste, permissive, qui s’illustrait par des slogans tels que « Jouir sans entraves », « Sous les pavés, la plage ! », etc. C’est cette seconde tendance qui a fourni les plus gros bataillons de « repentis », car ses représentants ont vite réalisé que ce n’était pas la « révolution », mais au contraire le capitalisme libéral qui allait le mieux leur permettre de réaliser leurs aspirations. Ils voulaient découvrir la plage sous les pavés. Ils ont eu « Paris Plages » !

    Si l’idéologie dominante n’est pas fondamentalement « gauchiste » ou « soixante-huitarde », elle est quoi ?

    Depuis l’effondrement des « grands récits » dont parlait Jean-François Lyotard, l’idéologie dominante est un mélange de libéralisme économique et de libéralisme sociétal, légitimé par la thématique des droits subjectifs. Autrement dit, la société de marché et les droits de l’homme comme nouvelle religion civile de notre temps. Adossé à l’utilitarisme et à l’axiomatique de l’intérêt, le type anthropologique que promeut cette idéologie est celui de l’individu narcissique, qui cherche en permanence à maximiser son meilleur intérêt et à obtenir une traduction institutionnelle de ses désirs.

    Cette idéologie recouvre la quasi-totalité du champ politique. Au cours des trente dernières années, la droite a abandonné la nation et la gauche a fait de même du peuple, l’une et l’autre se retrouvant pour diaboliser tout grand projet collectif susceptible de s’opposer au libéralisme mondialisé. La conséquence en est la quasi-disparition de la pensée critique. Le message que distillent implicitement tous les médias est que les régimes sociaux actuels constituent la forme définitive de l’évolution politique de l’humanité, que « l’État de droit » représente « l’horizon indépassable » de la démocratie, que les « inégalités ontologiques » (le « sexisme », le « racisme ») sont beaucoup plus importantes que les inégalités sociales, qu’il faut avant tout lutter contre les « archaïsmes » et les « discriminations », et que le modèle du marché est le paradigme de tous les faits sociaux. L’intériorisation de cette idée par des citoyens ainsi conviés à n’envisager l’avenir que sous l’horizon de la fatalité aggrave évidemment leur désespérance. Si toute tentative de sortir du système en place est condamnée par avance (comme utopique, antidémocratique, voire totalitaire), quel autre choix peut-on avoir que de subir et de se résigner ? Faute d’alternative, on ne voit donc se succéder que des alternances. Or, une alternance est tout autre chose qu’une alternative. Mais l’histoire reste ouverte !

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 22 février 2014)

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