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Points de vue - Page 281

  • L'idéal de puissance...

    Vus pouvez découvrir ci-dessous une analyse passionnante de Philippe Grasset, infatigable animateur du site De Defensa, consacré à l'idéal de puissance comme forme de l'hybris du système...

    Philippe Grasset est l'auteur des essais intitulés Le Monde malade de l'Amérique (Chronique sociale - EVO, 1999), Chroniques de l'ébranlement (Mols, 2003), et de La grâce de l'Histoire (Mols, 2014).

     

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  • L'Europe des Européens...

    Nous reproduisons ci-dessous un beau point de vue de Michel Lhomme, cueilli sur Metamag et consacré à l'Europe, à l'occasion des élections pour le parlement européen qui se déroulent aujourd'hui...  

     

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    L'Europe des Européens

    Le vote de dimanche est essentiel. Il est essentiel qu'à cette Europe des Européens, nous consacrions tous nos efforts de réflexion pour en assurer l'avènement par la libre décision. Ce qui s'est accompli jusqu'à nos jours, n'est pas l'Europe des Européens. Ce qui s'est accompli jusqu'à nos jours, c'est une nouvelle organisation de l'Europe, une Europe para-étatique, exclusivement dans le domaine de l'économie, dans celui de la satisfaction des besoins matériels de l'homme. C'est une Europe matérialiste enrichissant les Eurocrates, appauvrissant le peuple. Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, ce que les Eurocrates ont entrepris et poursuivi avec tant d'énergie et de persévérance, c'est la reconstruction de l'Europe matérielle. Il fallait sans doute le faire car l'Europe fut détruite sous une pluie de bombes ou par l'invasion à l'Est de l'armée rouge. Mais la reconstruction purement matérialiste et économique de l'Europe présentait dès le départ un danger non pas seulement théorique mais un danger de caractère éminemment pratique, un danger de nature politique : le danger économiste.

    Devons-nous blâmer aujourd'hui les victimes de cette confusion européenne ? Ecoutons les anciens mots : charbon et acier, liberté de circulation des marchandises, mouvement des capitaux, dérégulation financière, suspension des droits de douane, contingents et quotas, privatisation, monnaie unique... Il n'était  question que de politique commerciale, de politique agricole, de politique des transports, de politique sociale, de politique de conjoncture. Il n'était en réalité jamais question de politique tout court. En fait, dans le scrutin de dimanche, c'est essentiellement de cela qu'il s'agit : de l'Europe politique.
    Il ne s'agit plus du bien-être matériel des peuples, il ne s'agit plus de l'expansion d'une économie moribonde, du progrès social, des possibilités industrielles et commerciales. Pour certains, bien sûr, il s'agit encore d'y croire et de vanter les bienfaits du futur traité transatlantique qui, dans le dos des peuples, sans aucune concertation sera signé et précipitera la misère du peuple européen désormais inféodé aux diktats des grandes multinationales sans aucune norme sanitaire ou droit social. Mais pour nous, avant cela, il s'agit de défendre et de sauver dès à présent une civilisation, des règles morales, une conception de la vie et de la mort et même une certaine vision de l'amour, une position poétique.
    Il s'agit de dire non au mirage mercantile. Il s'agit de dire oui à la démocratie.
    Au-delà de l'Europe mercantile, du traité transatlantique, il importe samedi soir de se poser très honnêtement, très franchement la question : l'idée européenne, la construction européenne telle qu'on nous la propose à savoir l'élargissement sans fin sous le parapluie de l'Otan ont-elles été réellement approuvées, consciemment soutenues par les peuples, par la plus grande majorité des habitants européens ? Même les responsables des institutions européennes ne s'y trompent plus. Ils savent bien que leur gestion des problèmes ne correspond plus aux soucis de la vie journalière de l'homme européen et que pire, ils les aggravent, ils savent bien que tout a été décidé dans leur dos. 
    Ce sont les hommes du grand renoncement.
    Avant même qu'on construise l'Europe, notre continent possédait un riche patrimoine commun d'ordre culturel et spirituel que les dissensions, les divisions et les luttes souvent dues à la passion nationaliste parfois légitime, n'ont pu qu'estomper, mais jamais détruire. Ce n'est pas le moment, ce soir, d'approfondir ce qu'est une civilisation, ce que vaut le nationalisme mais nous sentons tous que si de notre passé grandiose, tout s'estompe et se perd dans la brume, il nous reste des valeurs, des principes, une éthique auxquelles nous croyons et qui nous distinguent nous, Européens convaincus et non sceptiques, des autres habitants du monde.
    Aujourd’hui, il faut bien faire le bilan : l'intégration économique dans laquelle nous nous sommes engagés n'a produit aucun résultat. L'échec de l'Europe n'est donc pas seulement l'échec économique mais l'échec d'une vision économique qui n'a rien produit au niveau moral, qui n'a produit que des hommes désincarnés ayant perdu tout lien de solidarité, des travailleurs et des chômeurs pour offrir leurs bras aux plus offrants, pour des salaires de misère. A ce titre, le vote de dimanche sera aussi un vote moral et social car les Eurocrates vantent la libre circulation des travailleurs européens comme facteur authentique d'intégration, comme l'ABC de l'interpénétration de nos peuples. Effectivement, la Commission européenne a toujours promu les mouvements migratoires et proposa même de donner à ces mouvements une ampleur considérable. Les Eurocrates furent aussi les hommes du grand remplacement, de l'échange des jeunes travailleurs, de l'ouverture sans fin des frontières, de la baisse des salaires et de la suppression programmée de la sécurité sociale et des retraites.
    Ce furent aussi les hommes de l'européanisation de nos entreprises familiales qui s'achève presque dans le sang : faillites des petites entreprises sans repreneurs, ventes aux puissances étrangères de nos plus beaux fleurons. Et pourtant, il en est qui osent encore parler de la richesse de l'Europe et qui vantent même ses vertus pacifiques, occultant superbement et délibérément les bombes sur la Yougoslavie, les attentats dans l'Italie des années de plomb, l'indépendance illégitime du Kosovo, les manipulations de l'Ukraine. Ils parlent alors d'une violence contenue sur le territoire français au prix d’une future guerre civile qui menace.
    La force de l'homme européen c'est, n'en déplaise à Spinoza, la force du libre-arbitre. Le libre-arbitre, c'est un peu pour l'homme européen comme le don précieux que les Dieux ont déposé à son berceau. Le vote de Dimanche offre une nouvelle possibilité au libre-arbitre de l'homme européen, il offre à ce libre-arbitre la possibilité rare de ne pas se confiner au libre-choix illusoire du consommateur et de son caddie. Le libre-arbitre de Dimanche, c'est le libre-arbitre de la communauté de destin des Européens, du rapprochement authentique entre les hommes européens sur le sort spirituel qui leur est commun. Ce sort, l'idée forte d'une autorité européenne, d'un Parlement européen authentique qui exprimerait le souci de l'intérêt commun d'un nouveau droit européen à construire, d'une assemblée constituante européenne.
    Il ne faut donc pas dimanche disperser ses voix. Il faut aussi choisir. Et puis, la France n'est pas seule. Depuis dix ans, partout en Europe, les yeux se sont décillés et la résistance de nos peuples s'est progressivement mais imperceptiblement rapprochée. Bien sûr, cela n'est pas dû aux progrès de l'Union ! Mais, le fait fondamental existe et subsiste : une certaine forme de conscience européenne est née et se développe, le sentiment d'appartenir à une civilisation commune qui incarne des idéaux et des valeurs spirituelles et morales communes. Ce n'est pas une conscience d'élites, c'est bien une conscience populiste. Mais nous, nous n'avons jamais eu peur du peuple car on reparle enfin de l'Europe comme politique, de l'Europe morale et philosophique, de l'Europe poétique, de Goethe, d'Hugo mais aussi l'Europe de Drieu et de Bardèche.
     
    Il faut donc voter librement pour cette Europe, pas dans le ressentiment, pas dans la colère mais dans la joie seulement, la joie de Beethoven qui saluait dans son hymne une vie nouvelle. C'est du vote de ce dimanche que notre Europe naîtra.
     
    Michel Lhomme (Metamag, 22 mai 2014)
     
     
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  • Faut-il voir "Welcome to New York" ?...

    La sortie de "Welcome to New York" le film d'Abel Ferrara, inspiré de l'affaire DSK, a suscité une violente polémique dans la presse et donné lieu à nombre de commentaires outrés... Le blog Eléments a publié le point de vue de Ludovic Maubreuil, bien connu des lecteurs de la revue... 

     

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    Welcome to New York : un grand film d'Abel Ferrara, Gérard Depardieu époustouflant

    Depuis quelques jours, la presse généraliste, quasi unanime, s’emploie à descendre « Welcome to New York », le dernier film d’Abel Ferrara, et l’on se prend à espérer que la critique cinématographique, une fois le scandale promotionnel retombé (scandale auquel tout le monde aura participé avec délectation, même en se bouchant le nez), saura se démarquer de ce mouvement de foule à la fois grossier et grotesque. Anne Sinclair vomit, DSK porte plainte pour monstruosité, les avocats s’indignent et les amis s’étranglent, y allant les uns après les autres de leur tribune indignée. Mais les arguments sont tellement pitoyables, tellement malhonnêtes, tellement absurdes surtout, qu’on en vient à penser qu’il est impossible que l’on ait vu le même film. Il est vrai que Didier Péron, l’envoyé spécial de Libération au festival de Cannes commence par se plaindre (ici) que « la qualité de la séance est mauvaise, notamment parce qu’à l’extérieur les fêtes battent leur plein et que la bande-son est doublée par les basses qui cognent dehors », avant de regretter que le film soit « cheap, objectivement sous-financé par rapport à ce qu’il conviendrait d’investir pour rendre crédible un tel séisme politico-médiatique». De toute évidence, il a manqué à ce cinéphile certifié une belle salle avec accueil personnalisé, ainsi que des plans en hélico de Manhattan, un haletant montage alterné entre salles de presse et chancelleries, quelques courses-poursuites signifiantes, et puis des flash-backs aux couleurs chaudes dans le village natal de Nafissatou… « Cheap », le mot qui revient aussi chez Etienne Sorin du Figaro (ici), l’insulte suprême qui en dit long sur une époque avide de surcharges, de rajouts, de dorures.

    Une chose au moins est certaine : les apôtres du dérangeant, les fans du « malaise », les aficionados de la provoc’, qui se félicitent d’ordinaire qu’un film bouscule ou qu’une séquence choque, se retrouvent cette fois embarrassés pour de bon ! Et soudain, voilà que ce n’est plus très cool d’être chahuté ! Voilà que c’est scandaleux d’être scandalisé alors que c’est d’habitude une salutaire nécessité! Bien sûr que le cinéma doit gêner, mais pour de vrai! Il n’est pas là pour entériner ce qui va de soi, ce que tout le monde répète, ce qui est médiatiquement admissible. Il est aussi là pour brouiller les perspectives, disséminer les points de vue, montrer l’innommable. Et cela n’est pas forcément jubilatoire. Les films, contrairement à ce que pense Luc Besson et une partie de la critique, ne sont pas des « objets gentils ». Et quand Dan Franck s’insurge contre un film « mensonger et donc nul » (ici), cette relation de cause à effet dit tout de l’effrayante conception du cinéma de Dan Franck. Un film qu’il qualifie en outre de « néfaste » !  Mais au nom de quoi le cinéma est-il sommé de dire la vérité ? Et depuis quand un film doit-il avant tout rasséréner ?

    Deveraux, un anti-héros digne de  Bad Lieutenant

    Le malaise ressenti devant Welcome to New York est incontestable, et c’est justement là que réside sa force cinématographique, mêlant le réel (du moins sa recréation journalistique) à l’extrapolation fictionnelle, alternant le vertige du vrai aux puissances du faux, entrelaçant et confondant les portraits (DSK, Depardieu, Ferrara) jusqu’à obtenir ce golem phénoménal : Deveraux. Celui-ci, en droite ligne de l’anti-héros de Bad Lieutenantou de l’Eddie Israël de Snake eyes, toutes deux magnifiquement interprétés par Harvey Keitel, est comme eux un homme à la dérive, s’enfonçant toujours plus loin dans le mal, c’est-à-dire la méconnaissance de lui-même (ce qui est bien entendu l’ultime péché). Il garde la plus froide lucidité sur ces actes. « Comment imaginer sous les traits de cet homme au corps si lourd, à l’anglais si mauvais, l’ancien maître du monde qui dirigeait le FMI ? Le spectateur ne peut sérieusement y croire », se désole ingénument Sophie des Déserts dans Le Nouvel Observateur (ici), sans réaliser l’énormité de sa sentence. Comment peut-on à ce point méconnaître l’essence même du cinéma ?

    Depardieu : son plus grand rôle depuis quinze ans.

    Quant à l’accusation d’antisémitisme, elle est proprement insensée, allant jusqu’à faire dire à Bruno Roger-Petit sur son blog, que « Welcome to New York n'est pas un film de cinéma. C'est un spectacle de Dieudonné, sans Dieudonné, mais avec des dialogues de Dieudonné, des procédés de Dieudonné, des sous-titres de Dieudonné et des idées de Dieudonné » ! Le recours systématique à la reductio ad dieudoneam, déjà passablement stupide, devient maintenant complètement délirant ! Il suffit pour s’en convaincre de connaître un peu la filmographie de Ferrara (tout particulièrement The Addiction ouSnake eyes), ce qui est sans doute trop demander, ou tout simplement de savoir regarderWelcome to New York.  La première scène qui dégoûte tout le monde (enfin, plutôt le petit monde des pigistes-copains) est celle où Simone, le personnage inspiré d’Anne Sinclair, est félicitée pour son action envers Israël. Or cette scène est clairement là pour présenter ce personnage comme philanthrope, à l’inverse donc de son époux défini depuis 40 minutes comme jouisseur égoïste, et nullement pour l’incriminer ! Cette action serait-elle donc honteuse et répréhensible aux yeux de ceux qui y voient une accusation ? D’autant que pour le coup, malgré les nombreuses modifications existant entre Anne Sinclair/Simone ou DSK/Deveraux, cette caractéristique est commune à Simone et Anne Sinclair, cette dernière ne s’en étant jamais cachée ! Quant aux remarques désobligeantes de Deveraux à Simone concernant sa famille et la façon dont celle-ci aurait amassé sa fortune, ce sont avant tout des remarques désobligeantes de Deveraux à Simone. Elles témoignent de la pauvre défense d’un homme acculé, enrageant d’être à la merci de l’argent de sa femme. Elles ne sont certainement pas là pour établir une vérité historique ! WTNY n’est pas du cinéma d’investigation !

    WTNY est un grand film pour au moins trois raisons. D’abord parce qu’il nous prend tels que nous sommes devenus, à savoir des consommateurs avides d’images irreliées, et qu’il nous redonne la chance d’être des spectateurs de cinéma, c’est-à-dire aptes à affronter la complexité de leurs rapports, à s’extraire de leurs pièges emboîtés. En interrogeant le voyeur et le juge que tout spectateur porte en lui, il parvient au fil des séquences à le faire plusieurs fois changer d’avis sur ses deux personnages principaux, sans jamais leur donner d’autres circonstances atténuantes que leur nature, leur « character » selon la fable wellesienne du scorpion et de la grenouille. Il y a ensuite, sous les parades, les grognements et les rires étouffés, dans un clair-obscur effaçant les traits et adoucissant la mécanique des gestes, cette peinture saisissante d’une sexualité  sombre et mélancolique, comme dans le magnifique Go Go Tales, complètement à rebours de la production pornographique courante. Et puis enfin, il y a Depardieu qui trouve là, avec le Serge Pilardosse de Mammuth, le plus grand rôle de ces quinze dernières années, époustouflant de bout en bout, tout particulièrement dans ces longs moments de solitude qu’il traverse d’emportements en rictus, le souffle court et le regard effaré ; ces grands moments de solitude que sont paradoxalement les coïts, le passage avec les gardiens de prison, les dialogues avec son épouse, où il apparaît tour à tour attendri comme un enfant, violent comme une bête, exténué comme un vieil homme.

        Au temps du cinéma lisse et moralisateur, qui commence toujours par plastronner avant de finir en sermon sinon en procès-verbal, tout cela fait décidément désordre !

    Ludovic Maubreuil (Blog Eléments, 21 mai 2014)

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  • La défaite de la laïcité ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue décapant de Jean-Paul Brighelli, cueilli dans le Point et consacré à la question de l'application de la loi sur l'interdiction des signes religieux en milieu scolaire...

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    La défaite de la laïcité

    Dans son édition du samedi 17 mai, le quotidien La Provence (organe de la gauche provençale) se penche sur le sort des malheureuses collégiennes musulmanes obligées, dans les quartiers nord de Marseille (et ailleurs, la cité phocéenne ayant une population immigrée qui depuis belle lurette occupe vaillamment le centre-ville), de se dévoiler chaque matin en arrivant en classe. Et de décrire la hantise matinale de "Sabrina", obligée d'ôter son jilbeb (le long voile brun qui l'enveloppe tout entière), conformément à la loi de 2004 sur l'interdiction des signes religieux en milieu scolaire. Les tenues peuvent être variées (hidjab, jupe longue ou foulard islamique), mais le refrain est toujours le même.

    La proviseur du lycée professionnel de la Calade, qui a, comme elle dit, "bien d'autres problèmes à gérer", participe à la commission laïcité du rectorat - une spécialité locale, les autres rectorats n'en ont pas éprouvé la nécessité. "Nous nous réunissons régulièrement avec des juristes, des historiens, des experts, et même un imam", explique Rodrigue Coutouly, référent académique pour l'éducation prioritaire au rectorat d'Aix-en-Provence. L'idée, c'est d'éclairer ce que la loi ne dit pas.

    Ignorant que j'étais ! Je croyais la loi très claire : tout signe religieux est interdit à l'école - ou dans cette école hors les murs qu'on appelle la sortie scolaire. L'une de mes étudiantes l'an dernier a voulu porter son voile lors d'un voyage scolaire en Angleterre, et l'administration, tout comme l'équipe enseignante, a été très claire : une classe qui sort emporte le règlement intérieur à la semelle de ses souliers. Hors de question que le laxisme anglo-saxon s'applique à un groupe scolaire français.

    Le problème, c'est que les tendances lourdes du système, parfaitement résumées la semaine dernière par Benoît Hamon dans une décision que nous avons commentée ici même, vont dans un sens tout différent.

    Le laxisme expliqué à ma fille

    Premier mouvement : on minimalise le problème. "Une trentaine de jeunes filles sur 1 500 élèves..." "Une question de mode..." "Parmi les musulmans de Marseille, ces milieux représentent une part infime", assure ainsi la sociologue de service, Françoise Lorcerie, longuement interviewée à la suite de l'article - et qui plaint dans un même élan compassionnel les apprentis djihadistes de Syrie et d'ailleurs : "Ils le font par désespoir, pour être quelqu'un, se construire un avenir là où il n'y en a pas, ou, tout au moins, là où ils ne parviennent plus à s'en imaginer un. Plutôt que de stigmatiser ces adolescents, il faut leur donner confiance en eux, dans une école bienveillante, qui ne se braque pas contre son environnement, son quartier." Fini l'enseignement selon Jean Zay, qui expliquait que l'école devait être une forteresse où ne parviendraient pas les rumeurs du dehors. Mérite-t-il vraiment d'être panthéonisé ?

    Deuxième mouvement : la dramatisation. En page 1 du quotidien, sous le titre très explicite "Laïcité : l'école du compromis", on lit l'accroche suivante : "Dix ans après le vote de la loi, des chefs d'établissement des quartiers nord s'interrogent encore : comment faire appliquer le texte sans exclure les élèves voilées ?" "Des milliers d'exclusions par an", affirme Françoise Lorcerie.

    Troisième mouvement : créer une commission ad hoc, non pas pour enterrer la question, comme on le fait d'ordinaire quand on crée une commission, mais pour faire admettre le contournement de la loi, au cas par cas - et de fil en aiguille, pour faire modifier la loi.

    Et là, on a affaire à une collusion entre les "sociologues" ("la loi de 2004 n'a pas eu que de bons côtés", dit Françoise Lorcerie, qui est venue défendre ses thèses dans mon lycée il y a deux ans) et des enseignants, idiots utiles des organisations islamistes, cinquième colonne involontaire d'un militantisme qui a choisi les filles et les femmes pour avancer ses pions.

    La sociologie, science de toutes les compromissions

    Pour noyer le poisson, on s'appuie sur les conclusions de Pisa (je reviendrai prochainement sur les enquêtes de cette institution qui donne tous les deux ans du grain à moudre à la presse sans que la scientificité de ses méthodes soit bien établie) qui affirment que la France est l'un des pays dans lesquels les discriminations sociales ne sont en rien gommées par l'école - et qu'elles sont même renforcées. Ce que des médias communautaires du type Ajib, dont le moins que l'on puisse dire est qu'il ne représente pas l'islam le plus modéré, relaient avec complaisance - tout comme notre sociologue, qui se désole que les garçons, cette fois, soient eux aussi pénalisés par les méchants enseignants français, qui notent sans doute au faciès puisque dans notre pays n'existe aucune statistique ethnique. Françoise Lorcerie est connue par ailleurs pour sa défense bec et ongles des populations brimées par la laïcité à la française, qui a fait d'elle une inlassable activiste saluée par lesorganisations islamiques et les pédagogistes de toutes farines. Elle n'est pas la seule : son collègue Vincent Geisser a été accusé de "caresser les barbus dans le sens du poil", mais il ne renie rien de ses convictions - et Françoise Lorcerie le défend à toute occasion. Il existe une franc-maçonnerie des sociologues, avant-garde et caution "scientifique" des concessions en cours et des abdications à venir.

    On fabrique ainsi une ambiance délétère, qui place forcément les enseignants en porte-à-faux : "Une radicalité qui me met très mal à l'aise", dit l'un ; "C'est dur de conserver une neutralité d'enseignant", avoue une autre. Je veux bien le croire. Quand la loi n'est plus une, mais dépend de l'interprétation des autorités locales, c'est l'autorité tout entière qui se délite.

    Il est évidemment plus simple de ramener au niveau "sociétal" les problèmes vitaux dont l'école de la République est en train de mourir : le collège unique, qui dans ces quartiers est extraordinairement homogène, si je puis dire ; la difficulté dans ce contexte à faire passer une langue, prérequis pour aller plus loin dans l'acquisition des savoirs et de la culture ; l'autorité même, dont les manques sont automatiquement excusés sous prétexte de "discriminations", source, comme on le sait, de toutes les incompétences...

    Pendant ce temps, on organise, à Marseille même, des classes-relais, des prépas à la prépa, où des élèves majoritairement issus de l'immigration trouvent enfin leurs marques, préparent et réussissent des concours difficiles parce qu'on leur a enfin appris à oser aller plus loin que le bout de leur famille et de leurs rites. Mais de cela, il ne faut pas parler. Une pédagogie sans concession, des programmes cohérents, les conditions effectives de la réussite, c'est difficile à mettre en oeuvre. Toiletter une loi pour faire plaisir aux groupes de pression, en revanche...

    Céder un jour, c'est céder toujours

    Qu'un ministre fasse chorus avec ce que le laxisme et l'empathie mortifère ont de pire, c'est un comble. Il faut bien voir qu'un signal ambigu envoyé de la Rue de Grenelle est reçu forcément cinq sur cinq par les recteurs les plus concernés (à Marseille, monsieur Ali Saïb, qui n'avait pas trouvé le temps, en décembre, de recevoir les profs de prépa en grève) et les chefs d'établissement. Et, en bout de chaîne, ce sont les enseignants qui affrontent les mères d'élèves qui viennent voilées aux réunions et participent voilées aux sorties scolaires, et qui gèrent au quotidien les élèves, qu'ils ont amenées voilées à une récente conférence de Thomas Piketty à l'Alcazar de Marseille - je peux en témoigner, j'y étais. Au Blanc-Mesnil, en région parisienne, lesdites mères, animées forcément des meilleures intentions et qui n'écoutent que leur conscience, et pas des prédicateurs déchaînés, se sont mobilisées pour exiger l'aménagement de la loi : Hamon les a entendues.

    Marseille est peut-être une ville exceptionnelle, un laboratoire du laxisme ou une zone de renoncement. Les fondations financées par l'Europe décrivent la population marseillaise avec pitié, tout en oubliant de souligner que l'économie souterraine, entre autres celle de la drogue, crée une ville parallèle à côté de la ville officielle. Ici, la loi ne s'applique pas partout, et tout comme la police hésite à patrouiller dans certaines zones de la ville, les enseignants auraient bien tort de s'arc-bouter sur des principes vitaux pour la laïcité - et, à terme, pour la pédagogie : si l'on cède sur un point aussi central, on nous expliquera bientôt ce qu'il faut dire ou ne pas dire en cours, comme on nous a expliqué ce qu'il fallait donner à manger (1). Ce n'est pas un problème réservé aux quartiers nord d'une ville malade : c'est une gangrène obscurantiste qui touche une extrémité, avant de gagner le reste de l'organisme.

    Jean-Paul Brighelli (Le Point, 19 mai 2014)

    Notes

    (1) La question de la nourriture est loin d'être anecdotique. Lire à ce sujet la remarquable étude de Pierre Birnbaum, La République et le Cochon (Seuil, 2013), qui analyse comment les Juifs se sont intégrés, depuis la Révolution, à la République.

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  • Le retour des films de propagande...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Guillaume Faye, cueilli sur son blog J'ai tout compris et consacré au film Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu ? , qui, après avoir bénéficié d'un lancement promotionnel appuyé par les médias du système, connait un très fort succès en salle...

     

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    « Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu ? » , un film de grossière propagande

    Ce film de Philippe de Chauveron, qui rencontre un très gros succès, raconte l’histoire d’une famille française catho dont les quatre filles épousent respectivement un Chinois, un Arabe, un juif et un Ivoirien catholique. Il s’agit toujours (comme dans les séries télévisées) de femmes françaises ”de souche” qui épousent des hommes d’autres origines – et non pas le cas inverse – ce qui a une connotation symbolique très forte. Pourquoi n’ose-t-on jamais mettre en scène des femmes musulmanes qui épouseraient un Français de souche ? Car un message central de cette comédie correspond à un des piliers de l’idéologie dominante : l’apologie du métissage, sous la forme du mariage mixte, de préférence quand la femme est européenne. La ficelle éculée du mariage mixte idyllique a été inaugurée par le film américain  Devine qui vient dîner ce soir (film de Stanley Kramer de 1967 avec Sidney Poitier).  

    D’autre part, ce film de propagande est fondé sur un mensonge central, un retournement orwellien de la réalité, comme dans le cinéma soviétique : l’œuvre de fiction moralisatrice opère une distorsion du réel. Ce que vous voyez, croyez et vivez est une illusion, la réalité est tout autre. Dans le film Indigènes (autre énorme succès), on défendait le cliché historiquement  faux que les soldats africains et maghrébins avaient joué un rôle central dans la Libération.  Dans bon nombre de séries TV populaires (par exemple Plus belle la vie), la réalité sociologique de l’immigration est complètement inversée. Le réel n’est pas photographié mais truqué. Dégoulinant de politiquement correct, d’utopisme, d’humour rose bonbon, de bien-pensance et de bons sentiments antiracistes, le propos de ce film est d’être un hymne à la ”diversité“, à l’intégration réussie, à la mixité bienheureuse. C’est-à-dire l’inverse même de la réalité et de l’expérience vécues par des millions de Français. L’idéologie délirante défendue dans cette comédie à message politique sous un habillage de divertissement est en fait celle du think tank Terra Nova qui inspire le PS : le communautarisme est compatible avec le ”vivre ensemble”. Ce qui n’empêche pas Geoffroy Didier, représentant de la droite de l’UMP, de se féliciter de ce « film culte ». Un film qui défend pourtant ouvertement la vision d’une France future ”déseuropéanisée” dans son substrat, largement arabo-musulmane, africaine et asiatique, complètement contraire à la vision de De Gaulle. Mais une France forcément harmonieuse et heureuse, comme chacun peut le constater…

    Cerise sur le gâteau, le film montre une parfaite entente réconciliée entre le halal et le casher, entre arabo-musulmans et juifs au sein d’une même famille ; ce qui constitue un déni complet, un de plus, de la réalité.

    Eric Zemmour est un des rares à avoir tout compris. Dans sa critique, Une France rêvée qui n’existe pas(1) il note : «  le succès de ce film rejoint celui d’Intouchables [...] : la France se regarde complaisamment dans son miroir universaliste, le magnifique modèle de l’assimilation [...]. Mais ce miroir a été brisé, piétiné, saccagé. C’est bien parce que ce modèle français est mort qu’on l’exalte. Comme une irrépressible nostalgie. Comme un mythe des origines. La société française refuse de voir l’inéluctable ; espère encore naïvement qu’on peut revenir en arrière, effacer ses tragiques erreurs. C’était mieux avant, on veut – on peut – y retourner, tel est le message subliminal du film, qui emporte l’adhésion populaire. La France déteste l’avenir qu’on lui a imposé, et vénère le passé qu’on lui a arraché. »  

    Le pire, c’est que les Français, moutonniers, plébiscitent ce film d’un conformisme en béton qui cartonne au box office : 5, 65 millions d’entrées au bout de trois semaines. En dépit d’une médiocrité scénographique, du jeu stéréotypé des acteurs, des dialogues cuculs et d’effets comiques bas de gamme et téléphonés. On reste sidéré devant l’angélisme gentillet d’une partie du public français. Mais le réalisateur qui oserait faire un film ou un reportage sur la réalité de l’immigration, de la ”diversité ”, carboniserait sa carrière. Et de toutes façons, la censure et tout l’appareil de propagande subtil du système de distribution cinéma/TV grand public a tout verrouillé et veille au grain.  

    Guillaume Faye (J'ai tout compris, 12 mai 2014)

     

    Notes :

    (1) Le Figaro, 10-11/05/2014

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  • Quand les Occidentaux conjuguent l'arrogance avec l'impuissance !...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une chronique d'Éric Zemmour sur RTL, datée du 13 mai 2014 et consacrée à deux événements, l'affaire d'Ukraine et l'enlèvement de deux cents jeunes filles par la secte islamiste Boko Haram au Nigéria, qui viennent parfaitement illustrer à la fois l'arrogance et l'impuissance de l'Occident...

     


    Quand les Occidentaux conjuguent l'arrogance... par rtl-fr

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