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Points de vue - Page 279

  • Désastres à l'américaine...

     

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Bertrand Renouvin, cueilli sur son blog et consacré aux guerres scélérates menées par l'Amérique depuis cinquante ans et qui ont immanquablement conduit à des désastres. Le dernier exemple en date est celui de l'Irak...

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    Désastres à l'américaine

    Après la chute de Fallouja en janvier, la prise de Mossoul et Tikrit à la mi-juin reporte tout à coup l’attention sur l’Irak. Il ne s’agit pas seulement d’une succession d’opérations djihadistes bien menées mais d’un soulèvement général des tribus sunnites marginalisées par les autorités de la capitale. Plus que le gouvernement irakien, ce sont les Américains qu’il faut accuser : ce sont eux qui ont fabriqué le système des communautés ethniques et confessionnelles aujourd’hui effondré.

     

    Ce nouvel échec de la guerre à l’américaine et de la diplomatie des Etats-Unis devrait faire réfléchir les Etats nationaux qui s’abritent derrière l’Otan et les peuples ou les partis qui regardent avec sympathie les envoyés de Washington. Je sais que les mises en garde ne pèsent guère face à des agents qui utilisent sans le moindre scrupule l’intimidation et la corruption. Mais il faut tout de même rappeler aux jeunes générations, en Europe et ailleurs, les causes et les conséquences des échecs américains car il n’est pas impossible que de nouvelles élites décident, un jour ou l’autre, de refuser les voies prescrites par les Etats-Unis.

    Il y a eu le Vietnam. A la suite d’une guerre mal comprise et mal conduite, en dépit des bombardements massifs et du recours aux armes chimiques, le Vietnam et le Cambodge ont été conquis par des communistes qui ont installé des dictatures ici implacables et là génocidaires.

    Il y a eu, en 1999,  la guerre d’agression contre le Kosovo. Au cours de cette prétendue « guerre morale », les frappes aériennes de l’Otan sur la Serbie et le Monténégro n’ont pas permis d’unifier le pays et de régler les conflits entre ses habitants. Nul ne s’intéresse aux crimes commis par les extrémistes de l’UCK (1) et aux débris de projectiles à l’uranium appauvri qui provoquent et provoqueront d’innombrables cancers sur des terrains contaminés à jamais.

    Il y a eu la guerre d’Irak entre 2003 et 2011. Menée sans l’accord des Nations unies, cette guerre a fait plus d’un million de morts et provoqué l’exil de deux millions d’Irakiens ; les Etats-Unis ont dépensé 4 000 milliards de dollars pour aboutir, onze ans plus tard, à une catastrophe sans fin prévisible.

    Il y a eu la guerre de Libye. Menée par les néo-conservateurs français et britanniques avec l’accord et l’aide des Américains, elle a provoqué hors du mandat des Nations unies la chute d’une dictature et laissé le pays s’engager dans un processus de décomposition qui menace les pays voisins.

    Il y a la guerre d’Afghanistan. Elle va entrer dans une nouvelle phase après le retrait des Etats-Unis, responsables depuis 2001 d’innombrables fautes politiques et stratégiques, de tortures et d’exécutions sommaires, et qui ont laissé se constituer un narco-Etat miné par la corruption et largement reconquis par les Talibans.

    Il y a la guerre civile en Syrie. Les Américains ont eu l’intelligence de ne pas bombarder Damas comme le souhaitaient François Hollande et Laurent Fabius mués à leur tour en clones néo-conservateurs, mais ils ont laissé leurs alliés saoudiens et qataris appuyer les djihadistes.

    Il y a la guerre civile en Ukraine. Encouragé et financé par les Etats-Unis, le mouvement insurrectionnel de l’ouest du pays aurait pu conduire à une transition démocratique. A Kiev, le coup d’Etat parlementaire du 22 février a durci les oppositions et provoqué des affrontements meurtriers. Tout cela pour arrimer l’Ukraine à l’Union européenne et lui faire intégrer l’Otan…

    Ce n’est pas fini. L’Otan a ouvert une représentation à Tachkent le 16 mai et l’on s’inquiète des opérations de déstabilisation menées par des agents américains en Asie centrale pour contrer les Russes – au risque de faire exploser diverses poudrières.

    Persuadés qu’on ne peut rien faire contre les Etats-Unis, les dirigeants français sont complices de ces manœuvres irréfléchies et criminogènes. Ils devraient prendre exemple sur la « petite » Slovaquie et sur la « petite » République tchèque, qui viennent de refuser le déploiement de troupes de l’Otan sur leur territoire. Il suffirait que la France réaffirme sa souveraineté pour qu’une autre politique soit possible, afin de contenir puis de refouler les boutefeux américains.

    Bertrand Renouvin (Blog de Bertrand Renouvin, 17 juin 2014)

     

    Notes :

    (1)  Cf. Jean-Arnault Dérens, Kosovo, un trou noir dans l’Europe (1) : sur la piste de trafics d’organes, Mediapart, 29 juillet 2012. - See more at: http://www.bertrand-renouvin.fr/#sthash.zb0Umnaw.dpuf

     

    (1)  Cf. Jean-Arnault Dérens, Kosovo, un trou noir dans l’Europe (1) : sur la piste de trafics d’organes, Mediapart, 29 juillet 2012

    Après la chute de Fallouja en janvier, la prise de Mossoul et Tikrit à la mi-juin reporte tout à coup l’attention sur l’Irak. Il ne s’agit pas seulement d’une succession d’opérations djihadistes bien menées mais d’un soulèvement général des tribus sunnites marginalisées par les autorités de la capitale. Plus que le gouvernement irakien, ce sont les Américains qu’il faut accuser : ce sont eux qui ont fabriqué le système des communautés ethniques et confessionnelles aujourd’hui effondré.

    Ce nouvel échec de la guerre à l’américaine et de la diplomatie des Etats-Unis devrait faire réfléchir les Etats nationaux qui s’abritent derrière l’Otan et les peuples ou les partis qui regardent avec sympathie les envoyés de Washington. Je sais que les mises en garde ne pèsent guère face à des agents qui utilisent sans le moindre scrupule l’intimidation et la corruption. Mais il faut tout de même rappeler aux jeunes générations, en Europe et ailleurs, les causes et les conséquences des échecs américains car il n’est pas impossible que de nouvelles élites décident, un jour ou l’autre, de refuser les voies prescrites par les Etats-Unis.

    Il y a eu le Vietnam. A la suite d’une guerre mal comprise et mal conduite, en dépit des bombardements massifs et du recours aux armes chimiques, le Vietnam et le Cambodge ont été conquis par des communistes qui ont installé des dictatures ici implacables et là génocidaires.

    Il y a eu, en 1999,  la guerre d’agression contre le Kosovo. Au cours de cette prétendue « guerre morale », les frappes aériennes de l’Otan sur la Serbie et le Monténégro n’ont pas permis d’unifier le pays et de régler les conflits entre ses habitants. Nul ne s’intéresse aux crimes commis par les extrémistes de l’UCK (1) et aux débris de projectiles à l’uranium appauvri qui provoquent et provoqueront d’innombrables cancers sur des terrains contaminés à jamais.

    Il y a eu la guerre d’Irak entre 2003 et 2011. Menée sans l’accord des Nations unies, cette guerre a fait plus d’un million de morts et provoqué l’exil de deux millions d’Irakiens ; les Etats-Unis ont dépensé 4 000 milliards de dollars pour aboutir, onze ans plus tard, à une catastrophe sans fin prévisible.

    Il y a eu la guerre de Libye. Menée par les néo-conservateurs français et britanniques avec l’accord et l’aide des Américains, elle a provoqué hors du mandat des Nations unies la chute d’une dictature et laissé le pays s’engager dans un processus de décomposition qui menace les pays voisins.

    Il y a la guerre d’Afghanistan. Elle va entrer dans une nouvelle phase après le retrait des Etats-Unis, responsables depuis 2001 d’innombrables fautes politiques et stratégiques, de tortures et d’exécutions sommaires, et qui ont laissé se constituer un narco-Etat miné par la corruption et largement reconquis par les Talibans.

    Il y a la guerre civile en Syrie. Les Américains ont eu l’intelligence de ne pas bombarder Damas comme le souhaitaient François Hollande et Laurent Fabius mués à leur tour en clones néo-conservateurs, mais ils ont laissé leurs alliés saoudiens et qataris appuyer les djihadistes.

    Il y a la guerre civile en Ukraine. Encouragé et financé par les Etats-Unis, le mouvement insurrectionnel de l’ouest du pays aurait pu conduire à une transition démocratique. A Kiev, le coup d’Etat parlementaire du 22 février a durci les oppositions et provoqué des affrontements meurtriers. Tout cela pour arrimer l’Ukraine à l’Union européenne et lui faire intégrer l’Otan…

    Ce n’est pas fini. L’Otan a ouvert une représentation à Tachkent le 16 mai et l’on s’inquiète des opérations de déstabilisation menées par des agents américains en Asie centrale pour contrer les Russes – au risque de faire exploser diverses poudrières.

    Persuadés qu’on ne peut rien faire contre les Etats-Unis, les dirigeants français sont complices de ces manœuvres irréfléchies et criminogènes. Ils devraient prendre exemple sur la « petite » Slovaquie et sur la « petite » République tchèque, qui viennent de refuser le déploiement de troupes de l’Otan sur leur territoire. Il suffirait que la France réaffirme sa souveraineté pour qu’une autre politique soit possible, afin de contenir puis de refouler les boutefeux américains.

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  • La tragique méprise de la russophobie...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Guillaume Faye, cueilli sur son blog J'ai tout compris et consacré à la campagne russophobe organisée dans les médias français...

     

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    La Russie : un ennemi ? La tragique méprise de la russophobie

    Dans son interview à TF1 et à Europe 1, (4 juin) interrogé par deux  journalistes agressifs, Vladimir Poutine, président élu de la Fédération de Russie, a calmement rappelé trois évidences : 1) le budget militaire des USA (Pentagone) est supérieur à la somme de tous les budgets militaires du monde ; 2) les USA, depuis la fin de la  Seconde guerre mondiale,  sont le pays qui a mené le plus de guerres  extérieures, en général dans l’illégalité internationale et sans mandat de l’ONU ; 3) la France a abandonné sa politique gaulliste d’indépendance et de souveraineté  vis-à-vis des USA.

    Rappelons maintenant quelques faits : 1) La Russie a retiré ses troupes positionnées à la frontière ukrainienne, démentant les accusations ridicules selon lesquelles une invasion de l’est de l’Ukraine était projetée. 2) La Crimée a-t-elle « annexée » par la Russie, selon le vocabulaire officiel ? La Russie a récupéré la Crimée mais ne l’a pas annexée, à la suite d’un référendum démocratique.  3) À Odessa, 40 pro-russes sont morts dans l’incendie de la Maison des Syndicats provoqué par des nationalistes ukrainiens Imaginons que les pro-russes aient fait pareil dans l’est de l’Ukraine… 4) M. Poutine a admis l’élection du président ukrainien et a accepté de le rencontrer. 5) Cela fait maintenant  plus de dix ans que la CIA travaille en Ukraine (et dans d’autres pays de l’est de l’Europe) pour fomenter une  révolte anti-russe. Est-ce que le FSB, héritier du KGB selon les journalistes, mène des opérations de déstabilisation contre les USA au Canada, au Mexique ou en Amérique latine ?

    L’accusation – formulée par exemple par David Cameron – selon laquelle la Russie enverrait des combattants camouflés et des armes aux sécessionnistes russophones de l’est de l’Ukraine ne repose sur aucun fait tangible. Les brillants services de renseignement britanniques, le M6, auraient-ils des preuves ?  Et la CIA ? Des preuves aussi sérieuses que celles concernant les ”armes de destruction massive” de Saddam Hussein ? 

     

    Le provocateur, habile et dissimulé, dans toute cette affaire ukrainienne, n’est pas du tout M. Obama mais l’administration néo-conservatrice en place depuis Bush junior, celle qui a déjà déstabilisé tout le Proche Orient et qui entend maintenant semer le trouble en Europe orientale. Il s’agit, par un réflexe géopolitique classique, d’empêcher la Russie de redevenir une puissance globale et surtout de construire un partenariat avec l’Europe, cette dernière hypothèse étant un cauchemar pour Washington. L’arme économique – exclure la Russie du G8 et établir des sanctions – est aussi un moyen d’affaiblir l’Europe, de même que les pressions exercées sur la France pour faire annuler le contrat  de vente des BPC de la classe Mistral à la marine russe. Le Canada, poussé par Washington, est même allé jusqu’à proposer au gouvernement français de racheter les navires, dont il n’a pourtant nul besoin ! 

     Des arguments fallacieux sont utilisés pour faire peur aux Européens, Polonais et Baltes en tête, par exemple un ”chantage” russe sur les livraisons de gaz. C’est oublier que si la Russie risque de ne plus livrer l’Ukraine, c’est parce que cette dernière, dont l’économie est très mal gérée, n’a pas honoré son contrat et doit de gros arriérés à son fournisseur. En visite à Varsovie, Obama a comparé la résistance de Solidarnosc au communisme à la « résistance ukrainienne à l’agression russe ».  Il a déclaré : « la Pologne ne sera jamais seule ». Le but est de faire croire aux Polonais qu’il existerait un danger d’une agression russe. Pourquoi pas une agression des extra-terrestres ? La Pologne bénéficie  d’une ligne de crédits militaires alloués par Washington d’un milliard de dollars, et l’Otan se renforce dans les pays baltes. N’oublions pas que, contrairement à ce qui avait été promis et juré à Gorbatchev en échange de la réunification de l’Allemagne, l’Otan a été étendu à tous les pays d’Europe orientale.

     

    L’Américain Nicholas Burn, grand diplomate et professeur à Harvard, ancien ambassadeur auprès de l’Otan, a déclaré, à l’occasion de l’anniversaire du débarquement  allié en Normandie, le 6 juin, qu’il fallait revitaliser le lien transatlantique contre la Russie (Forum sur les valeurs transatlantiques, organisé par la Chambre de Commerce américaine en France).  Il expliquait : « Notre liberté est indivisible. Aujourd’hui, tandis que l’on voit se recréer des lignes de fracture sur le continent à cause de Vladimir Poutine, nous devons resserrer les rangs autour de nos valeurs, pas pour nous battre mais pour montrer notre force. C’est ce que nous avons fait le jour J » Autrement dit, la Russie de Poutine est une menace, mise subrepticement en parallèle avec l’Allemagne nazie. Bien sur, au nom des « valeurs démocratiques ». Il s’agit d’un appel à un retour à la guerre froide. La crise ukrainienne n’est qu’un prétexte pour certains milieux de Washington : empêcher à tout prix un lien stratégique euro-russe, isoler la Russie, empêcher son retour possible comme grande puissance.       

     

    Une entreprise de propagande globale nous fait croire que nous avons de nouveau  à craindre une ”menace russe”.  C’est un excellent détournement d’attention. Qui espionne, même les dirigeants européens, jusqu’à Angela Merkel ? La NSA ou le FSB ? Le drame, dans cette crise ukrainienne, c’est que l’Europe se trompe complètement d’ennemis. Comme si les divisions blindées russes (ex-soviétiques) allaient déferler sur l’Ukraine, la Pologne, les pays baltes, et pourquoi pas ? l’Allemagne et la France ?  La peur de la Russie est  fabriquée par la propagande pour occulter la véritable invasion, visible chaque jour dans nos rues.  Le peuple le sait, les élites le taisent.

     

    Le danger le plus fondamental pour l’Europe – soyons sérieux– , qui est aveuglant et que les élites font semblant de ne pas voir, ce n’est pas la ”menace russe” . Le danger mortel, à l’œuvre chaque jour, c’est le déversement de la colonisation de peuplement en provenance du Sud, complètement incontrôlée et massive, et l’islamisation.

     La russophobie est devenue un argument central de l’idéologie dominante. Pourtant, c’est un suicide pour l’Europe que de considérer son principal allié comme un ennemi. L’idée que la Russie nous menace est très divulguée dans la propagande. Mais il est peu probable que le peuple français croie à cette fable. L’intérêt d’une Europe libre et indépendante est la coopération globale, stratégique, économique, scientifique, énergétique etc. avec la Russie, qui n’est pas une menace mais notre principal partenaire naturel, avant les USA ou n’importe qui d’autre. Les dirigeants américains savent parfaitement – et c’est ce qui les inquiète –  que la ligne stratégique russe est celle de la Grande Europe « de Lisbonne à Vladivostok » selon l’expression de Poutine. Une telle alliance serait beaucoup plus souhaitable et naturelle pour la Russie qu’un partenariat avec la Chine, auquel elle est contrainte par la soumission des Européens à Washington. Alliée avec la Russie, l’Europe ne serait pas soumise, mais partenaire égal. Alliée principalement avec les Etats-Unis, l’Europe est soumise, par sa faute, liée à un partenaire transatlantique qui ne la respecte pas, qui joue un double jeu (voir l’incroyable amende de 12 milliards de dollars contre BNP Paribas ; voir le renoncement de l’Europe à sa souveraineté numérique face aux opérateurs géants américains ; voir le projet de libre-échange transatlantique, véritable traité inégal ; voir la préférence nationale américaine pour toutes les commandes publiques ; voir la compétence mondiale auto-attribuée des tribunaux américains ).

    La priorité de l’administration américaine est de rallier une Europe sans volonté à une opposition à la Russie. Les USA jouent leur jeu dans  la partie d’échec mondiale. On ne peut pas leur reproche leur militarisme camouflé par le pacifisme, ni leur impérialisme visant à soumettre l’Europe comme protectorat et à neutraliser la Russie. Cela fait partie de leur position géostratégique depuis la Seconde guerre mondiale et, de leur point de vue, ils ont raison, ils ne peuvent pas jouer une autre carte. D’autant plus que la Chine est entrée dans la partie, comme challenger…  

    Pour résumer, la russophobie, organisée par l’oligarchie, sert à masquer les deux véritables dangers qui menacent l’Europe : 1) l’invasion migratoire massive, accompagnée de l’islamisation ; 2) la soumission à la puissance américaine.

    Guillaume Faye (J'ai tout compris, 11 juin 2014)

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  • Quand Jean-Paul Brighelli sort le lance-famme !...

    Professeur en classes préparatoires, défenseur de l'élitisme républicain, Jean-Paul Brighelli est l'auteur, notamment, de nombreux essais sur le système éducatif, comme La fabrique du crétin : la mort programmée de l'école (Jean-Claude Gawsewitch, 2005).

    Au cours des dernières semaines, il a publié quelques textes particulièrement incisifs dans lesquels il règle ses comptes avec la gauche (« Le hollandisme, maladie infantile du socialisme ») et les pédagogistes, tout en soulignant les vertus du programme éducatif du Front national, développé par le collectif Racine (« Et si le diable sauvait l'école ? »). Ces prises de position lui ont bien évidemment valu d'être traité de réac, de facho ou de quasi-nazi sur divers sites fréquentés par la gauche enseignante (et bêlante...). Vous pouvez découvrir ci-dessous la réponse cinglante de Jean-Paul Brighelli, cueillie sur son blog Bonnet d'âne

     

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    Pour faire le portrait du FN

    Que trouve-t-on dans le chaudron de la Sorcière ?
    (Oubliez la bave de crapaud et les testicules de chauve-souris — nous sommes au XXIème siècle, queue diable, pas au début de Macbeth !)

    Dans le chaudron de la Sorcière, il y a une bonne pincée de Front de Gauche — tout le discours anti-capitaliste et anti-européen. Une poignée de Mouvement Républicain et Citoyen, les héritiers de Chevènement, qui d’ailleurs touillent parfois eux-mêmes la tambouille, assaisonnée de républicanisme exaspéré et de souverainisme jacobin. Quelques miettes encore de l’ancienne xénophobie, l’ombre de Léon Daudet pour l’anti-judaïsme, et le Café du Commerce pour les couplets sur l’immigration. Presque rien de la Droite traditionnelle, qui sert davantage de repoussoir que de modèle (alors que l’UMP, elle, voulait s’inspirer du FN — encore des gens qui n’ont rien compris, et qui se sont laissé manipuler par un Buisson dont l’objectif évident était de couler la Droite pour renflouer le Front, ses anciennes amours de toujours). À la Gogoche traditionnelle (mais tout le monde sait bien que cette opposition Droite/Gauche est un pur fantasme, un souvenir de grand-papa, rien qui corresponde encore à un état de fait), la Sorcière a pris… la lutte des classes, négligée par ces bobos de centre-ville qui ignorent qu’il se passe quelque chose en dehors du Faubourg Saint-Germain et du Marais : je racontais cela dans un billet précédent. Elle s’est dit que le libéralisme n’était pas la solution, mais le problème : pile le contraire de ce que racontait le Menhir — mais bon, les filles parfois gagnent à tuer papa.
    Pour ce qui est de l’Ecole, on trouve dans le chaudron l’état des lieux dressé par tant de polémistes de génie et d’idéologues de premier plan, de Polony à Michéa en passant par Milner. Je ne me compte pas dans le lot, parce que je n’ai pas le talent de tant d’illustres devanciers, même si la Sorcière et ses affidés m’ont emprunté pas mal de formulations ; mais après tout, Rama Yade, il y a trois ou quatre ans, avait sorti un livre émaillé de citations non signalées d’une certaine Autopsie du Mammouth chroniquée ici-même, et si on s’en était moqué,  personne ne lui en avait fait le reproche, sinon celui de plagiat : quand Marine Le Pen en use de même, les faits cesseraient d’être vrais ? Allons donc ! Voici donc la Sorcière se réclamant de l’antipédagogisme, parce qu’elle a remarqué (elle, elle sort dans l’infra-monde où se débattent les électeurs et les mort-de-faim) que les papys, mamies et autres géniteurs au premier et au second degré se désolaient de voir leur progéniture rentrer de l’école plus ignorante qu’elle n’y était entrée, et que les fadaises et turpitudes des Cahiers pédagogiques étaient un admirable terreau pour son mouvement bleu-Marine. Si Meirieu n’avait pas existé, le FN aurait plusieurs millions d’électeurs de moins : les vrais « malgré-nous » de l’extrême-droite, ils sont là, et pas ailleurs. Et c’est moi qu’ils accusent, les gueux !
    J’exagère : ils sont aussi dans les médias, qui alimentent merveilleusement le fantasme. À la façade d’un kiosque à journaux de la Canebière, il y a dix minutes, grand panneau célébrant le Nouveau Détective : « T’es blanche, tu manges du porc, on va te violer ». Cent électeurs de plus pour le Front à chaque minute — surtout dans un centre-ville sérieusement basané. À chaque règlement de compte dans les Quartiers Nord marseillais, 100 000 électeurs de plus. Ah oui, mais Marseille, c’est spécial : tu me fais frissonner la peau des roubignolles, pauvre cloche, Marseille est le laboratoire, l’avant-garde, la ville sacrifiée — Marseille, c’est demain. 40% pour la Sorcière dans certains quartiers, 60% demain. Grande bascule. On va se marrer.

    Vous en voulez encore ? À chaque connivence médiatico-politique, cent mille électeurs de plus. À chaque discours de Hollande (avez-vous entendu sa performance pour le 6 juin ? Ils n’ont pas un historien capable de singer Malraux, au PS ? Et tous les connards d’Aggiornamento, qui me vomissent sur les pompes — crac ! 100 000 électeurs de plus, à chaque dégueulis de la Pensée Unique ! —, pourquoi ne volent-ils pas au secours du grand homme, eux qui se prétendent historiens ?), un million de voix de plus. Pris dans le métro du FN. Un métro de sensations, pas un raisonnement construit, juste du passionnel. C’est ça qui marche, surtout en temps de crise. Et la Crise, ça fait bientôt quarante ans.
    Et ça ne s’arrêtera pas là. Ce qui est beau dans les mouvements populaires, c’est qu’ils vont de l’avant — ils ne se retournent jamais, ou alors après coup. Soit Marine est élue en 2017, et ça va faire mal, soit elle ne l’est pas, et ça va faire mal — parce que la Gauche méprise le peuple, et que le peuple a commencé à se venger. Ça sent mauvais, le peuple. Ça pue des pieds, à force de faire la queue à Pôle Emploi. Ça vocifère sur les bougnouls, tout en n’étant pas vraiment raciste, parce qu’ils l’ont sous les yeux, eux, l’Arabe du quartier. Ce n’est certainement pas à lui qu’ils feront mal, quand ça tournera au vinaigre : c’est aux intellos qui les ont trahis, aux profs qui ne les éduquent plus, aux flics qui ne les protègent plus — z’ont trop à faire à se protéger eux-mêmes. Ségolène Royal, qui a tous les défauts du monde mais qui ne manque pas d’intuition, proposait jadis d’envoyer l’armée dans les quartiers : trop tard, il fallait le faire il y a dix ans. À vous tous qui regardez vos petites menottes bien blanches, vos mains qui jamais ne se saliraient à aller voir de quoi la boue est faite, ils arracheront les yeux. Et ce sera justice.
    Pour rire, pour voir les réactions des sycophantes, je me fends donc d’un article sur les propositions (pleines de bon sens, nous disons tous cela dans les salles de profs — tous, y compris ceux qui me cherchent des poux dans le slip) du FN en matière d’éducation. Et j’entends aussitôt le chœur des indignés, des profs à colliers de barbe, inscrits au SGEN, conscience pure, intellect en jachère — mais l’envie de me pendre par les pieds, pour voir ce que j’ai sous mes jupes. Le Point Godwin à portée de menotte, et le trouillomètre à zéro. Eux aussi, ils la voient arriver au pouvoir gros comme une maison, la Sorcière. Un délicieux soupçon leur hante le scrotum.
    Et alors on établira les responsabilités, les complicités actives et passives — et la première chose à faire, ce sera de se débarrasser de ces foies jaunes, les petites mains de la protestation molle, les agités de la pensarde. Vous vous croyez intelligents ? Mais les sorcières ont oublié d’être stupides ! À part des anathèmes (crac ! 100 000 voix de plus chaque fois qu’un média la taquine !), que savez-vous faire ? Est-ce que vous irez vous battre dans la rue, quand on en sera là — dans trois ans, peut-être avant ? Combien d’entre vous se sont déjà affrontés à des nervis bien entraînés ? Combien le feraient ?
    Crapules, va ! Petites crapules ! Pédagos !
    Vous voulez changer l’Ecole ? Eh bien, demandez-vous sérieusement quel est le chat capable d’attraper des souris, comme disait le vieux Deng !

    Jean-Paul Brighelli (Bonnet d'âne, 13 juin 2014)

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  • En attendant que les Verts deviennent écologistes...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire et consacré à l'écologie, une pensée de la nature qui n'a rien à voir avec l'idéologie libérale-libertaire des bobos verts...

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    En attendant que les Verts deviennent écologistes...

    À l’origine, l’écologie était plutôt de droite. Elle campe aujourd’hui à gauche, voire à la gauche de la gauche. Comment expliquer ce glissement de terrain ?

    Avant d’être une idéologie, l’écologie est d’abord une science, fondée en 1859 par le naturaliste allemand Ernst Haeckel pour étudier les relations entre les êtres vivants et leur milieu naturel. La notion d’« écosystème » a été créée en 1935 par l’Anglais Arthur Tansley. En tant que préoccupation politique, l’apparition de l’écologisme est beaucoup plus tardive. Il a d’abord fleuri à droite, car la droite n’a jamais été fâchée avec la notion de « nature ». Laquelle ne s’est développée à gauche qu’à partir d’une mise en cause de l’idéal productiviste héritée de la pensée des Lumières. Aujourd’hui, on peut dire que l’écologie est à la fois conservatrice et révolutionnaire : conservatrice parce qu’elle vise à préserver des équilibres naturels menacés, révolutionnaire parce que cette préservation implique une rupture radicale avec le modèle de « développement » dominant.

    L’ampleur du problème peut être difficilement contestée. Au-delà des polémiques stériles sur les causes, anthropiques ou non, du réchauffement climatique, la réalité est là : pollutions systématiques des paysages et des nappes phréatiques, fonte des banquises, déforestation de l’Amazonie, continents de déchets dérivant sur des océans de plus en plus acides, poissons nourris aux œstrogènes et aux matières plastiques, extinction des espèces, destruction de la chaîne alimentaire, etc. Il faut être d’une extraordinaire inconscience pour ne pas voir que la Terre devient une immense poubelle, et que c’est là une menace gravissime pour l’avenir.

    On a longtemps cru que les réserves naturelles étaient inépuisables et gratuites. Elles n’étaient ni l’un ni l’autre. Les combustibles fossiles représentent plus de 80 % de l’approvisionnement énergétique de l’humanité. Or, le pétrole est en passe d’atteindre le « pic » au-delà duquel il ne pourra plus être extrait qu’à rendement décroissant, tandis que la demande ne cesse d’augmenter (elle sera, en 2035, de cinq milliards de tonnes par jour). Autrement dit, il en faudra toujours plus et il y en aura toujours moins, ce qui se traduira par une explosion des prix. La moitié seulement du pétrole étant disponible à l’achat par les pays qui n’en ont pas, une baisse de 20 % de la production dans vingt ans, conjuguée avec l’augmentation de la consommation intérieure des pays producteurs, se traduira mécaniquement par une diminution de 50 % de la part disponible pour les pays non producteurs, à commencer par la France, dont la facture énergétique est déjà de l’ordre de grandeur du déficit de sa balance commerciale. Compte tenu de la relation étroite existant entre la consommation d’énergie fossile et l’activité économique, c’est là un redoutable défi. D’autant que le « développement durable » ne fait que reculer les échéances et que les énergies dites renouvelables (éolienne, photovoltaïque, etc.) sont absolument incapables de prendre le relais.

    La vérité est que, la Terre étant un espace fini, elle ne peut être le théâtre d’une croissance matérielle infinie : les arbres ne montent pas jusqu’au ciel ! Et, n’en déplaise aux défenseurs de la « vie », il en va de même de la population, qui a déjà quadruplé au XXe siècle et augmente aujourd’hui d’un million d’habitants tous les quatre jours et demi, ce qui devrait nous faire passer de 7,2 milliards de bipèdes à plus de 11 milliards en 2100. Si l’on raisonne en termes d’« empreinte écologique », laquelle est égale au nombre d’habitants multiplié par la demande en ressources et en énergie, les États-Unis sont d’ailleurs actuellement le pays le plus peuplé de la planète…

    Vous avez consacré un livre à la décroissance. Pourquoi ce sujet fondamental n’est-il jamais évoqué par les Verts ? La politique d’immigration massive relève aussi de l’écologie humaine, mais là, encore, les Verts n’abordent jamais la question…

    Parce que les Verts, contrairement à ce qu’ils prétendent, n’ont que des préoccupations écologiques tout à fait cosmétiques. Ce sont plutôt des libéraux-libertaires, souvent de simples gauchistes ayant viré bobos. Il ne vous aura pas échappé que leurs prises de position en faveur du mariage homosexuel, de la légalisation des drogues douces, de la suppression des « stéréotypes de genre » et de toute barrière à l’immigration n’ont qu’un rapport pour le moins lointain avec l’écologie. Leur opportunisme contredit en outre leurs convictions affichées, puisqu’ils ont depuis longtemps choisi de devenir la roue de secours du Parti socialiste, qui est traditionnellement un parti productiviste. Ils apparaissent par là incapables de prendre leurs distances vis-à-vis de l’idéologie du progrès, qui est à l’origine même du saccage de l’environnement. Yves Cochet a toutefois eu le mérite de s’intéresser sérieusement à la décroissance. Et, tout récemment, José Bové a fait scandale chez ses amis en déclarant, à propos de la PMA, qu’il ne voyait pas de raison d’admettre en matière de procréation humaine des manipulations qu’il refuse pour le maïs transgénique. Soit on respecte la nature, soit on ne la respecte pas. Bové, il est vrai, est un disciple de ces deux grands précurseurs de l’écologisme que furent Jacques Ellul et Bernard Charbonneau. La plupart de ses amis, au contraire, n’ont aucune culture en matière de philosophie de l’écologie (qui s’est surtout développée en Allemagne et aux États-Unis). Mais il ne faut pas oublier non plus que les Verts sont loin de représenter la totalité de la scène écologiste française. Il y a aussi le Mouvement écologiste indépendant d’Antoine Waechter et les membres des associations de protection de la nature fidèles à l’esprit de ce grand naturaliste que fut Robert Hainard.

    À en croire toutes les traditions, la nature est un legs divin dont l’homme est le jardinier. Mais pour certains écologistes, il y a parfois divinisation de la nature et diabolisation de l’homme. Cette proposition manichéenne peut également s’inverser. Qui dit vrai, qui dit faux ?

    Ce qu’il s’agit surtout de comprendre, c’est que la nature n’est pas le simple décor de notre existence, mais la condition systémique du maintien même de la vie. Elle a donc une valeur intrinsèque, indépendante de l’intérêt qu’elle peut présenter pour nous. Il est dit dans la Bible que l’homme doit « soumettre » la nature (Gen. 1, 26). Un pas supplémentaire est franchi avec Descartes, selon qui nous devons nous rendre « comme maîtres et possesseurs de la nature » : la nature, rendue muette, devient une chose à exploiter, un objet à arraisonner. Chez les anciens Grecs, au contraire, le respect du cosmos allait de pair avec le refus de la démesure (hybris) ; le rapport de l’homme à la nature était un rapport de partenariat, ou plutôt de co-appartenance. C’est ce rapport qu’il faut retrouver.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 1er juin 2014)

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