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Points de vue - Page 15

  • Yalta ou le crépuscule de l’Europe...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous la chronique de David Engels sur Ligne droite, la matinale de Radio Courtoisie, datée du 9 mai 2025 et consacrée à Yalta comme crépuscule de l'Europe...

    Historien, essayiste, enseignant chercheur à l'Instytut Zachodni à Poznan, à l'Institut Catholique de Vendée ainsi qu'au Mathias Corvinus Collegium de Bruxelles, David Engels est l'auteur de trois essais traduits en français, Le Déclin - La crise de l'Union européenne et la chute de la République romaine (Toucan, 2013), Que faire ? - Vivre avec le déclin de l'Europe (La Nouvelle Librairie, 2024) et, dernièrement, Défendre l'Europe civilisationnelle - Petit traité d'hespérialisme (Salvator, 2024). Il a  également dirigé deux ouvrages collectifs, Renovatio Europae - Plaidoyer pour un renouveau hespérialiste de l'Europe (Cerf, 2020) et Aurë entuluva! (Renovamen-Verlag, 2023), en allemand, consacré à l’œuvre de Tolkien.

     

                                              

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  • La robotisation contre l’immigration et l’exploitation des Hommes ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Yann Vallerie , cueilli sur Breizh-Info et consacré à la question de la robotisation...

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    Robots, fermez les frontières ! La robotisation contre l’immigration et l’exploitation des Hommes

    Il est temps de parler franchement. De parler futur. De parler rupture. De parler robocalypse — non pas au sens d’une apocalypse mécanique qui viendrait broyer l’humanité, mais au contraire comme de l’espérance technologique qui sauvera l’Europe et sa jeunesse de la soumission, du labeur stérile, de l’invasion migratoire et de l’hébétude socialo-humanitaire.

    La robotisation est là. Inéluctable. Irréversible. Mais loin d’être une menace, c’est la plus formidable opportunité de renaissance pour nos peuples fatigués. La machine ne sera pas notre ennemie. Elle sera notre glaive, notre bras armé contre l’immigrationnisme, la baisse du niveau de vie, l’esclavagisme salarial et le grand remplacement de notre civilisation.

    La productivité sans chaînes

    Quand une entreprise remplace dix manœuvres par un bras articulé, ce n’est pas une perte d’emplois. C’est une libération. Le robot, lui, ne revendique rien. Il agit. Il bosse, infatigablement, 24 heures sur 24, sans accident du travail ni syndicat à la CGT.

    Et que produit-il ? Plus. Mieux. Plus vite. À coût moindre. Résultat : baisse des prix, hausse des marges, hausse des salaires pour ceux qui conçoivent, qui programment, qui supervisent. Bref : l’Europe redevient compétitive. Pas contre le Bangladesh ou l’Érythrée — mais contre la décadence interne qui la ronge depuis cinquante ans.

    Pendant des décennies, les élites économiques — les mêmes qui pleurnichent à Davos ou à Matignon — nous ont vendu cette imposture : « sans immigration, l’économie s’effondre ». Le mythe du médecin syrien, du plombier polonais, de la nounou nigériane et du ramasseur de fraises bangladais. Mais la vérité, la voilà : l’immigration de masse n’a jamais été qu’un carburant bon marché pour une économie qui refusait de moderniser ses process. L’uberisation des métiers précaires est le cache-misère de la paresse patronale et du cynisme étatique.

    Mais demain ? Demain, les fraises seront cueillies par des bras robots. Demain, le nettoyage sera automatisé. Les chaînes de montage, pilotées par des techniciens qualifiés, sans besoin d’une main d’œuvre analphabète et corvéable à merci. Demain, plus besoin d’ouvrir les frontières : la machine les fermera d’elle-même.

    Le retour du travail digne

    Car la robotisation, contrairement aux pleurnicheries des marxistes recyclés en écologistes, n’abaisse pas l’homme. Elle le hisse. Elle le libère des tâches ingrates, du travail harassant, des postures brise-reins dans des entrepôts chauffés à 40°C. Elle permet à l’Européen — au Français, au Breton, au jeune de Brest ou de Vitré — de se former, d’apprendre, de monter en compétences. D’inventer. De réparer. De créer.

    Le nouveau prolétariat ne sera pas celui des dockers en sueur ou des plongeurs de cuisine…puisqu’il n y aura plus de prolétariat. Les exploités d’aujourd’hui deviendront demain des opérateurs de systèmes, des gestionnaires de lignes, des architectes de flux logistiques. La machine pousse l’homme vers le haut, à condition que l’homme le veuille. Et les râleurs de gauche ? Qu’ils hurlent. Ils s’accrochent à leur rêve tiers-mondiste comme à une bouée dans une mer de silicium. Leur humanisme pathologique sera balayé par la froide logique des puces et des algorithmes.

    Oui, la société robotisée sera plus fermée. Et tant mieux. Moins de flux, plus de cohésion. Moins de migrations, plus d’enracinement. Moins de tension ethnique, plus de paix sociale. Car toute immigration massive crée du désordre : culturel, identitaire, économique. Le robot, lui, n’a pas de culture. Il parle le langage du code, pas celui du ressentiment colonial.

    Imaginez un pays où les flux migratoires sont ramenés à zéro. Où la population locale vit de ses compétences et de sa production et non de ses aides. Où les salaires montent parce que la rareté des travailleurs les rend précieux. Où les charges sociales baissent car les caisses ne sont plus siphonnées par des ayants-droit venus de l’autre bout du monde.

    Un choix de civilisation

    Nous avons deux chemins devant nous. L’un, celui de l’utopie gauchiste, mène à une société de métissage forcé, d’effondrement technologique, de conflits ethniques, d’exploitation sociale, d’ubérisation, et de décroissance imposée. L’autre, celui de la robotisation assumée, nous conduit vers une renaissance : une Europe technocentrée, autosuffisante, disciplinée, redressée.

    Choisissons la robotisation. Non par fascination aveugle pour les machines, mais par intelligence politique. Pour que nos enfants naissent dans des sociétés où l’on travaille avec sa tête, et non à la chaîne. Où l’on progresse, plutôt que l’on régresse. Où l’on vit libre, sans avoir besoin de se plier à des normes culturelles importées sous prétexte de pénurie de bras.

    La machine est là. Elle n’attend que notre courage pour faire ce que nos dirigeants refusent : fermer les frontières, revaloriser le travail digne (pas celui des exploiteurs), et faire renaître notre civilisation.

    Julien Dir (Breizh-Info, 3 mai 2025)

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  • Trois impératifs stratégiques pour sortir du déclin...

    Polytechnicien et énarque, numéro 2 et organisateur du Front national dans les années 90, puis fondateur du Mouvement national républicain, Bruno Mégret, retiré de la politique depuis 2008, a publié deux romans de politique-fiction, Le temps du phénix (Cité Liberté, 2016) et  Salus Populi.

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    Trois impératifs stratégiques pour sortir du déclin

    La situation dramatique dans laquelle se trouve actuellement la France a fini par provoquer une double prise de conscience chez nos compatriotes qui sont maintenant de plus en plus lucides quant à la réalité des fléaux qui les menacent et à la responsabilité que portent dans ce désastre les hommes politiques actuellement ou anciennement au pouvoir. On peut donc aujourd’hui imaginer l’hypothèse, que certains jugeront bien optimiste, de la victoire en 2027 d’une force nouvelle, disons, pour simplifier, d’une force de droite composée autour du RN, du parti d’Éric Ciotti et pourquoi pas de Reconquête, voire du parti LR dans le cas, certes improbable, où il serait refondé après l’élection de son nouveau président.

    Répondre à trois impératifs majeurs

    Un tel séisme politique, s’il se produisait, représenterait, je pense, la dernière occasion de redresser notre pays et d’éviter qu’il sombre dans une décadence mortelle. Aussi ne faudrait-il pas que cette opportunité soit gâchée par un manque de volonté et surtout par une insuffisance d’audace.

    Le risque existerait en effet que le nouveau pouvoir ne prenne pas des moyens et n’adopte pas des méthodes qui soient à la hauteur de la situation. Seule une démarche de rupture permettrait de reconstruire notre nation et d’engager sans coup férir le « grand changement » qui est maintenant nécessaire. Afin d’y voir clair sur cette question essentielle, j’ai identifié trois impératifs, trois exigences auxquelles le nouveau pouvoir devrait satisfaire pour rompre réellement avec les errements actuels et passés. Trois impératifs stratégiques majeurs sans lesquels rien ne serait possible mais avec lesquels le renouveau pourrait venir.

    Remettre les juges à leur place

    L’impuissance qui frappe le monde politique depuis une ou deux décennies s’explique par la suprématie malfaisante du pouvoir judiciaire sur les pouvoirs exécutif et législatif. Au nom d’un prétendu État de droit, le gouvernement des juges enferme l’exécutif et le Parlement dans le champ clos de l’idéologie politiquement correcte, mondialiste, libre-échangiste, individualiste, immigrationniste, islamophile et écolo-wokiste.

    Ainsi en est-il principalement du Conseil constitutionnel composé de neuf membres nommés qui censurent sans appel et sur des critères idéologiques les lois votées par les députés et les sénateurs pourtant élus quant à eux par le peuple français. De même, la juridiction administrative et le Conseil d’État à sa tête annulent sans scrupule des décisions de l’exécutif non pas au regard du droit mais selon des critères d’opportunité. Quant à la juridiction pénale dominée par le Syndicat de la magistrature, elle prend, elle aussi, de nombreuses décisions politiques comme l‘élimination de candidats potentiellement vainqueurs de l’élection présidentielle mais jugés trop politiquement incorrects.

    Certes, François Fillon et Marine Le Pen ont commis des fautes au regard d’une réglementation au demeurant fort discutable. Mais la date à laquelle a été lancée la mise en examen du premier à quelques mois du scrutin l’a mené à son échec en 2017. De même, la nature de la peine comportant l’inéligibilité immédiatement applicable pour la seconde va probablement la conduire à son élimination de la course présidentielle de 2027. En abusant outrancièrement des procédures et des codes, les juges s’arrogent le droit de torpiller des candidatures qui ne leur plaisent pas, imposant de fait leur volonté aux politiques.

    Pour agir réellement sur le destin de notre nation, il faudra donc que les politiques reprennent le pouvoir et remettent les juges à leur place. En commençant par le Conseil constitutionnel auquel il faudra impérativement retirer le pouvoir exorbitant de rejeter des lois ou des articles de lois votées par les représentants du peuple. Si rien de tel n’est fait en début de mandat présidentiel, rien de déterminant ne pourra être réalisé ensuite.

    Prendre des mesures d’exception fortes, simples et efficaces

    Pour réussir le « grand changement », la situation impose par ailleurs que soient prises dans chaque domaine des mesures fortes et exceptionnelles. Ce n’est pas en votant une succession de lois classiques venant s’imbriquer dans le fatras législatif actuel et dont l’application risque d’être laborieuse que l’on pourra donner les coups d’arrêt nécessaires pour infléchir significativement les courbes funestes de notre destin. La situation de notre pays est tellement grave que le redressement passe nécessairement par le recours à des mesures d’exception spectaculaires, simples et efficaces.

    Ainsi, sur la question migratoire, faudrait-il par exemple décider de stopper toute nouvelle immigration pendant une période exceptionnelle de dix ans en faisant voter une loi d’urgence qui suspendrait l’ensemble des dispositions, qu’elles soient réglementaires, législatives ou européennes, autorisant, facilitant ou encourageant l’immigration. Une loi qui entraînerait notamment l’arrêt de la délivrance de visas aux ressortissants des pays d’émigration, la fin du regroupement familial, la suspension du droit d’asile et l’abandon du système d’accueil des étudiants provenant des pays d’émigration.

    Un tel moratoire sur l’immigration émettrait un signal fort en Europe et dans les pays d’où viennent les migrants. Il serait de plus difficilement contestable tant il paraît évident qu’avant de faire venir de nouveaux immigrés il est nécessaire de résoudre d’abord les problèmes posés par ceux qui sont déjà sur notre sol.

    Pour restaurer la sécurité et rétablir l’autorité de l’État, on pourrait dans le même esprit imaginer le vote d’une loi d’urgence qui donnerait, pour une période de temps limitée à cinq ans par exemple, le droit au gouvernement d’enfermer dans des centres de relégation les voyous multirécidivistes arrêtés en flagrant délit. Ces individus que la justice libère aujourd’hui juste après leur arrestation et qui vont ensuite défier la police pourraient ainsi par simple arrêté préfectoral être enfermés dans un centre de relégation dès la fin de leur garde à vue, c’est- à-dire au plus tard quarante-huit heures après la commission de leurs méfaits. Ils seraient alors jugés depuis leur lieu d’incarcération non par les tribunaux ordinaires mais par des tribunaux d’exception nommés par le gouvernement. Ceux-ci vérifieraient la réalité des faits, décideraient pour les délinquants de la durée de la relégation et transféreraient à la justice ordinaire les auteurs de crimes graves.

    Gageons qu’alors les policiers se feraient respecter, que la mise à l’écart des fauteurs de troubles améliorerait significativement la sécurité des Français et que ce choc d’autorité restaurerait le prestige de l’État régalien.

    Des dispositifs du même ordre devraient être mis en place dans tous les domaines actuellement en crise comme la réduction des dépenses publiques, la baisse des charges sur les entreprises, la valorisation du travail, la réindustrialisation du pays, le retour à une école de l’excellence, le soutien à la famille et à la natalité française.

    Ignorer la diabolisation

    Enfin, il devient essentiel que la force nouvelle qui pourrait être portée au pouvoir pour assurer le redressement de la France se libère de la contrainte de la diabolisation. La gauche et les tenants du politiquement correct étant ultra-minoritaires chez les Français, il est scandaleux que, parce qu’ils sont omniprésents parmi les juges et dans les médias, ils puissent frapper d’excommunication ceux qui refusent de s’aligner sur l’idéologie officielle. La force porteuse du « grand changement » devrait donc se libérer de la pression que l’extrême gauche exerce ainsi sur ses ennemis. Pour ce faire, si elle devrait certes continuer à ne pas provoquer cette diabolisation par des propos intempestifs, elle devrait désormais l’ignorer purement et simplement.

    Le moment est donc venu pour les partis de droite de ne plus se laisser intimider. Il serait en effet indigne que certains rechignent à prendre dans toute leur ampleur les mesures nécessaires par peur de la diabolisation. Ceci d’autant plus que beaucoup de Français ont maintenant bien compris que la diabolisation n’est rien d’autre qu’une manipulation de l’opinion.

    Rompre avec l’impuissance politique notamment en neutralisant le Conseil constitutionnel, promulguer sur chaque grand sujet des lois d’exception efficaces, simples et spectaculaires, et ignorer la diabolisation pour retrouver une pleine liberté d’action, telles sont, me semble-t-il, les trois exigences stratégiques à satisfaire pour sortir la France du marasme où elle s’enlise.

    Les partis de droite sont-ils prêts ?

    Aussi peut-on s’interroger sur l’aptitude des partis de droite susceptibles de prendre le pouvoir en 2027 à satisfaire à ces trois impératifs.

    S’agissant du premier, force est de constater que pas plus LR que le RN n’a développé de critiques claires et assumées sur le gouvernement des juges et sur la nécessité de remettre le pouvoir judiciaire à sa place et notamment le Conseil constitutionnel. Or, si cette réforme devait être menée à bien, encore faudrait-il l’expliquer aux Français dès avant l’échéance de 2027. La politique ne consiste pas seulement à répondre aux aspirations des Français telles qu’elles résultent des études d’opinion, elle doit viser aussi, notamment en dehors des périodes électorales, à les convaincre de la justesse des idées et des projets que l’on porte.

    Concernant la nécessité de prendre des mesures de rupture, il n’est pas certain que la ligne de normalisation actuellement suivie par le RN soit très compatible avec cet impératif. Le Rassemblement national devrait en effet cesser de rechercher la normalisation. Si la stratégie de dédiabolisation a été utile pour atteindre les scores qui l’ont placé aux portes du pouvoir, il ne faudrait pas que la normalisation le conduise une fois aux commandes à pratiquer une politique « normale », c’est-à-dire comparable, sinon dans son orientation du moins dans son inefficacité, à celle des gouvernements des décennies passées.

    Pour ce qui est de la diabolisation qu’il faut ignorer, le parti LR, s’il devait se refonder après l’élection de son nouveau président, devrait, parmi ses toutes premières initiatives, montrer qu’il se libère du prétendu danger de la diabolisation en proclamant publiquement la fin du cordon sanitaire autour du RN. Une attitude d’ostracisme qui l’a pénalisé peut-être même davantage que le RN.

    La France pourrait sortir du déclin

    On ne vaincra pas les forces délétères qui détruisent notre pays par les méthodes qui ont cours depuis près de cinquante ans. Si l’on veut que la France échappe au phénomène mortifère d’effacement dans lequel elle est aujourd’hui entraînée, il importe en réalité d’engager un processus de rupture et un changement de Système.

    L’état de la France est si grave que le temps n’est plus aux mesurettes qui ne servent qu’à faire croire que l’on agit, l’heure est aux actions d’ampleur qui transforment le réel avec force et rapidité. Il ne s’agirait plus de promettre aux Français une augmentation de leur pouvoir d’achat mais de les inviter à se battre pour sauver leur nation et leur civilisation. Un combat plus exigeant mais beaucoup plus prometteur car, si la force nouvelle au pouvoir répondait aux trois exigences stratégiques que j’ai évoquées et si elle mettait en œuvre sur ces bases le « grand changement » qui est nécessaire, la France pourrait à nouveau se tourner vers l’avenir avec confiance.

    Bruno Mégret (Polémia, 3 mai 2025)

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  • Bulles sociales, larmes et aveuglements : quand un pays se désagrège totalement...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue e Julien Dir, cueilli sur Breizh-info et consacré à la libanisation de notre pays, qui se transforme sous nos yeux en un agrégat de groupes qui n'ont plus rien à partager, si ce n'est de l'hostilité...

     

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    De Philippine à ABoubakar…Bulles sociales, larmes et aveuglements : quand un pays se désagrège totalement

    Un homme est mort dans une mosquée, poignardé dans un lieu de prière. Il s’appelait Aboubakar Cissé. Il était jeune. Musulman. Malien. Assassiné par un Bosnien, pas franchement d’extrême droite comme l’ont pourtant indiqué certains médias. Ce drame a bouleversé ceux qui vivent dans leur bulle, celle de l’antiracisme, de la lutte contre l’islamophobie, de la peur croissante que suscitent les tensions identitaires. Jean-Luc Mélenchon, figure tutélaire de cette sphère, a pleuré dans les bras d’une femme musulmane, effondrée, apeurée. L’émotion était réelle. Profonde. Digne, peut-être. Mais elle a suscité moqueries, accusations de récupération, incompréhension ailleurs. Dans d’autres bulles.

    Quelques mois plus tôt, une autre jeune personne mourait. Elle s’appelait Philippine. Elle avait 19 ans. Elle a été retrouvée massacrée dans un bois, à Paris. Son meurtrier présumé ? Un homme en situation irrégulière, sous OQTF, déjà condamné pour viol. L’émotion, là aussi, fut vive. Mais dans une tout autre France. Celle qui n’existe pas dans les journaux de 20h, dans les tribunes universitaires ou sur les plateaux de talk-shows parisiens. Une France qui pleure Philippine comme elle pleurait Thomas, Lola, Anne-Lorraine ou bien d’autres. Une France qui n’entend jamais Mélenchon s’effondrer pour ces morts-là.

    C’est cela, désormais, la France : une société d’émotions fragmentées, où chaque camp a ses morts, ses icônes, ses victimes légitimes, ses récits exclusifs. Chaque drame est lu, digéré et exploité à travers le prisme d’une idéologie. L’assassinat d’un musulman est une alerte à la montée du fascisme. Celui d’une Française par un clandestin est une alerte à l’effondrement migratoire. Et chaque camp s’accuse de « récupération », tout en réclamant l’exclusivité de la douleur et du deuil.

    Ce phénomène porte un nom : l’éclatement des bulles. L’archipel français, décrit il y a quelques années comme une métaphore, est devenu une réalité concrète, explosive. Il n’y a plus de récit national partagé. Il n’y a plus d’empathie transversale. Il n’y a plus de compassion universelle.

    Nous sommes entrés dans une époque où l’indignation est conditionnée. Chacun choisit ses morts, ses causes, ses émotions. Chacun vit dans son couloir numérique, ses médias de confiance, ses figures de légitimité. L’autre n’est plus un concitoyen, ni même un adversaire politique. Il est un intrus, un manipulateur, un profiteur, un danger. Il est hors de la bulle. Il n’existe pas.

    Comment tenir encore ensemble, comme civilisation, quand on ne pleure même plus les mêmes morts ?

    Il y a dans cette situation quelque chose de profondément barbare. Un lent retour à l’état tribal. Les débats politiques ne sont plus des affrontements d’idées, mais des confrontations de sentiments irréconciliables. La violence symbolique des mots prépare celle, physique, des rues. On ne discute plus : on excommunie, on conspue, on hurle, on annule.

    Et plus grave encore : on désapprend à se mettre à la place de l’autre. La gauche ne peut plus compatir à la détresse d’un grand-père dont la petite-fille a été tuée par un homme sous OQTF. La droite ne peut plus entendre la peur sincère d’une femme musulmane qui redoute, chaque jour, d’être agressée en raison de son voile. Ces deux douleurs, pourtant humaines, trop humaines, devraient au moins nous toucher si ce n’est nous rassembler. Elles ne font que nous éloigner.

    La République, dit-on, est fondée sur un contrat social. Mais ce contrat suppose un minimum de valeurs communes, un récit partagé, un socle émotionnel transversal. Or, aujourd’hui, plus rien ne relie les bulles entre elles, sinon la haine réciproque. À force de vivre dans des mondes parallèles, nous avons creusé un gouffre au milieu de la place publique. Une société où les gens n’ont plus les mêmes références, ni les mêmes vérités, ni les mêmes morts… est une société au bord de la guerre civile.

    Car la guerre civile ne surgit pas d’un débat sur les retraites ou l’inflation. Elle naît quand plus personne n’accorde d’importance à la douleur de l’autre. Quand chaque camp pense que l’autre est fou, dangereux, ou indigne de vivre dans le même pays. Nous n’en sommes plus très loin.

    À ceux qui parlent encore de « vivre ensemble », il faut répondre ceci : il n’y a plus de société, il n’y a plus que des fragments en suspension, parfois en apesanteur, souvent en collision. À force de multiplier les peuples, les cultures, les normes et les tabous, on a créé des bulles multiples, qui tôt ou tard… exploseront.

    Julien Dir (Breizh-Info, 30 avril 2025)

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  • Géopolitique : retour sur les fondamentaux...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jean Goychman, cueilli sur Breizh-Info et consacré à l'affrontement géopolitique qui voit la domination de l’État profond occidental être puissamment contestée par ses adversaires, y compris aux États-Unis...

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    Géopolitique. Retour sur les fondamentaux

    A la fin de la Seconde Guerre mondiale, le monde était divisé en deux entre le bloc communiste et ce qu’il était convenu de désigner comme « le camp de la liberté ».

    De même que la Première Guerre mondiale avait vu disparaître les empires monarchiques, les conséquences de la seconde furent la disparition des empires coloniaux. La voie était alors libre pour ceux qui, depuis plus de deux cent ans, aspiraient à dominer le monde, à l’unique condition de faire disparaître les souverainetés nationales.

    Un tel dessein ne pouvant s’accomplir qu’au détriment des peuples qui allaient voir leurs cultures et leur identités diluées dans un ensemble informe et déshumanisé, il était impératif d’entourer tout ceci d’un halo de mystère propre à dissimuler les intentions réelles de cette infime minorité.

    La montée des puissances souterraines

    Devant cette nécessité d’agir dans l’ombre, il fallait  donner aux opinions publiques, et notamment à celle du pays le plus puissant, l’illusion d’un pouvoir issu de la volonté populaire.

    Afin d’exercer la réalité de ce pouvoir, désigné aujourd’hui comme étant « l’État profond », celui-ci s’est progressivement mis en place et a patiemment et discrètement  colonisé tous les étages de l’administration fédérale américaine avant de s’internationaliser, ou plus exactement de « s’extraterritorialiser ». Pour y arriver, il fallait continuer à contrôler l’émission du dollar qui, tout en restant la monnaie domestique américaine, était devenu la monnaie mondiale après les accords de Bretton-Woods de 1944. Mais il fallait également contrôler l’armée américaine, devenue sans rivale depuis 1945 et, plus important encore, prendre le contrôle des médias et plus particulièrement ceux de grande diffusion née des technologies récentes.

    Peter Dale Scott a consacré trois livres à cette mise en place progressive de cet État profond devenu tentaculaire au fil du temps.

    Pourtant, dès 1934, les mises en garde adressées au peuple américain n’ont pas manqué, telle celle-ci : « Nous avons dû lutter contre les vieux ennemis de la paix: le monopole commercial et financier, la spéculation, la pratique bancaire immorale, l’antagonisme des classes, la défense des intérêts particuliers, les profiteurs de guerre. Ils ont commencé à considérer le gouvernement des États-Unis comme un simple appendice de leur propres affaires. Nous savons maintenant qu’il est tout aussi dangereux d’être gouverné par le crime organisé que par l’argent organisée ».
    Franklin Delano Roosevelt, 1936

    Dwight Eisenhower puis JFK respectivement en 1961 et 1963 ont également lancé l’alerte.

    La guerre qui surplombe toutes les autres

    Il est dans la nature des choses (et des hommes) que tout pouvoir ayant une propension à l’absolutisme génère tôt ou tard un contre-pouvoir. Aujourd’hui, ce contre-pouvoir semble incarné par Donald Trump. Dès son arrivée à la Maison Blanche en janvier 2017, il n’a jamais caché que son adversaire était le « deep state » qu’il comparait à une sorte de « marigot qu’il fallait assainir » (drain the swamp) de même qu’il n’a jamais fait mystère de son opposition à un monde « monopolaire ». Il a pu se faire une idée assez exacte de l’étendue du pouvoir de l’État profond tout au long de son premier mandat et en perdant l’élection de 2020 qui l’a écarté des affaires, sans pour autant que cessent les attaques, notamment judiciaires, contre lui pendant les presque quatre ans qui suivirent.

    Durant cette période, ses équipes ne sont pas restées inactives. Elles semblent avoir soigneusement mis au point le plan destiné à porter un coup fatal à cet adversaire.

    Son récent retour à la Maison Blanche a démontré l’efficacité des actions entreprises et a conduit cet État profond à se replier là où il pouvait encore le faire, c’est à dire en Europe de l’Ouest. Il y dispose notamment de la City londonienne pour la finance et de l’OTAN pour la puissance militaire.

    En outre il y dispose de la « bienveillance » de certains dirigeants européens qu’il a contribué, d’une façon ou d’une autre, à mettre en place.

    Mais Donald Trump ne semble pas pour autant avoir cessé de combattre cet État profond supranational dont l’objectif principal est d’établir un monde monopolaire dirigé par un gouvernement mondial. Le discours remarqué du vice-président Vance à Munich contre les élites européennes et les actions de soutien aux partis souverainistes des pays membre de l’UE menées par Elon Musk participent  de ce combat.

    La recherche des alliances

    Donald Trump a pu mesurer le pouvoir énorme dont dispose encore ses adversaires à la tête de cet État profond et il paraît logique qu’il cherche à s’allier avec des pays ayant un intérêt commun à lutter contre lui. D’après le principe quasi-mathématique « l’ennemi de mon ennemi est mon ami » le rapprochement entre Donald Trump et Vladimir Poutine trouve sa justification et on peut douter de la sincérité de ceux qui semblent s’en étonner. Par ailleurs, le rapprochement avec la Chine paraît également être amorcé et, en dépit d’une apparente guerre des droits de douane, va se poursuivre dans le but d’obtenir, à minima, une forme de « neutralité bienveillante » de la part de cette dernière dans ce combat de titans qui s’annonce, opposant l’État profond supranational et mondialiste au reste du monde.

    Le détonateur de la guerre en Ukraine

    Dans ce contexte, la guerre en Ukraine doit être examinée avec attention. Présentée comme une agression délibérée de la Russie envers l’Ukraine, les conséquences immédiates furent des sanctions économiques contre la Russie, sanctions qui devaient « mettre son économie à genoux »

    Il est rapidement apparu que tout ceci n’était qu’une sorte de prétexte qui devait conduire à un affrontement entre l’OTAN et la Russie, ou plus précisément entre l’État profond et la Russie. Car les causes de ce conflit étaient bien antérieures à 2022 et remontaient à 2014 et les évènements de la place Maidan, dans lesquels Victoria Nuland, numéro deux du département d’État, avait reconnu être impliquée. L’attitude de Donald Trump face à cette guerre montre clairement qu’il en fait porter la responsabilité non pas à la Russie de Poutine mais bel et bien à l’État profond et que, si elle ne s’arrête pas, ce sont les États-Unis qui se dégageront et cesseront toute aide à l’Ukraine et (même s’il ne le dit pas clairement) sortiront de l’OTAN.

    Car la crainte, probablement justifiée de Donald Trump est que cette guerre se transforme en un affrontement entre la Russie et des puissances nucléaires européennes toujours sous l’influence mondialiste de l’État profond. Ces deux pays sont la France et l’Angleterre et on ne voit pas à quel titre elles pourraient être menacées par la Russie. Par contre le danger grandissant est celui décrit dans « le piège de Thucydide », non pas entre la Chine et les États-Unis mais entre l’État profond et le reste du monde. Une guerre entre puissances nucléaires ne peut que déboucher sur un conflit nucléaire car on ne voit pas comment le perdant pourrait renoncer de lui-même à l’emploi de l’arme nucléaire si celui-ci lui évite la défaite…

    L’enjeu est l’ordre mondial

    La guerre en Ukraine a été un accélérateur prodigieux en faveur d’un monde multipolaire car elle a permis, au travers d’un certain nombre de votes dans le cadre de l’ONU, de constater que la Russie était de moins en moins isolée et qu’un nombre très important de pays ne voulaient plus subir la domination occidentale, souvent imposée par la puissance de l’armée américaine.

    La réélection de Donald Trump et sa reprise en main de l’armée et de l’administration américaine a encore renforcée cette tendance lourde. Nombreux sont les observateurs qui, comme Jeffrey Sachs, admettent d’une manière quasi-officielle que la venue d’un monde multipolaire est inéluctable.

    Aujourd’hui, l’inventaire des forces en présence est de moins en moins favorable aux partisans d’un monde monopolaire. L’État profond américain ne peut pratiquement plus intervenir sur la politique étrangère américaine, que ce soit sur le plan diplomatique comme sur le plan militaire. Son influence médiatique est très diminuée par la cessation d’activité d’USAID. Il lui reste, et c’est loin d’être négligeable, le pouvoir d’émettre des dollars, mais pour combien de temps encore ?

    En face, nous avons la création de nouvelles alliances, reposant sur la perspective d’un monde respectueux des souverainetés nationales et dont les pivots seront les continents dans lesquels les grandes puissances exerceront naturellement leur influence en les dotant des infrastructures nécessaires au développement des voies de communication internes à ces continents.

    Cela mettra probablement un terme à la domination vieille de plus de cinq siècles des puissances maritimes dont la propension naturelle a toujours été de dominer la planète en se rendant maître de tous les acheminements des denrées et des produits.

    Tels sont les véritables enjeux de la partie qui se déroule sous nos yeux.

    Jean Goychman (Breizh-Info, 28 avril 2025)

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  • Mort du pape François : l’Église catholique à la croisée des chemins idéologiques...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de François-Xavier Consoli cueilli sur le site de la revue Éléments et consacré à la succession du Pape François. Essayiste et journaliste, François-Xavier Consoli est l'auteur de deux ouvrages, La République contre la France et Les aventuriers de la vie - Destins d'exception.

     

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    Mort du pape François : l’Église catholique à la croisée des chemins idéologiques

    Le Vatican a confirmé le décès du souverain pontife ce lundi, succombant à un accident vasculaire cérébral ayant entraîné une insuffisance cardiaque. Quelques heures avant sa mort, le pape avait rencontré le vice-président américain J.D. Vance et avait fait une dernière apparition pour bénir les foules de Pâques à la basilique Saint-Pierre. L’Église se prépare maintenant à l’un des conclaves les plus diversifiés et les plus idéologiquement chargés de l’histoire pour choisir un nouveau Pape. Actuellement, 135 cardinaux âgés de moins de 80 ans sont habilités à voter pour le prochain occupant du trône de St Pierre. La grande majorité d’entre eux ont été nommés par François lui-même. Dans sa démarche un brin « tiers-mondiste », le défunt Pape a élevé 79 % des cardinaux en âge de voter, dont beaucoup viennent de régions sous-représentées du monde catholique : le « sud global », les petites nations insulaires et les diocèses éloignés qui n’ont jamais été influencés par le Vatican.

    « Dans les semaines à venir, 120 des cardinaux ayant le droit de vote entreront dans la chapelle Sixtine pour entamer la tâche solennelle et secrète d’élire le prochain pape. Le conclave doit commencer dans les 20 jours suivant la mort du pontife. Ce sera très intéressant cette fois-ci car, contrairement à ce qui s’est passé dans le passé, je ne pense pas qu’il y ait un successeur évident », déclare Rebecca Rist, professeur d’histoire médiévale à l’université britannique de Reading.

    Un pape hostile au vieux continent

    Le pontificat de François Ier aura marqué les esprits. Premier Pape jésuite et non européen, et ostensiblement hostile au vieux continent, ses nombreuses interventions auront provoqué la controverse. Sous ses airs débonnaire et populaire, c’est avec une main de fer dans un gant de velours qu’il s’est évertué à exercer son autorité. La curie romaine s’en est d’ailleurs difficilement remise. La caractéristique des démocrates qui, une fois au pouvoir, ne peuvent s’empêcher de faire le vide autour d’eux. Certains catholiques appellent à prendre du recul par rapport à ce qu’ils considèrent comme les bouleversements de ces dernières années. En bon jésuite, nombreuses de ses déclarations se sont révélés plus des exercices de rhétoriques, soufflant le chaud le lundi, pour vite faire retomber le thermomètre le mardi. François a souvent frustré les catholiques conservateurs par son ton pastoral et son programme réformateur. En restreignant la messe traditionnelle en latin et en adoptant une position plus accueillante à l’égard des catholiques LGBTQ et des personnes divorcées, il a adopté une approche qui, selon ses détracteurs, a brouillé les lignes doctrinales et remis en cause des normes établies de longue date. Pour autant, le cardinal Bergolio n’était pas un partisan de l’herméneutique marxiste de la « théologie de la libération[1] » comme il lui a souvent été reproché. Ce dernier mettant en garde contre la tentation d’idéologiser le message évangélique par une «réduction socialisante. »

    Un pape Arc-en-ciel ?

    « Notre Dieu est peut-être un Dieu de surprises, mais aujourd’hui, j’ai l’impression que nous avons besoin de beaucoup moins de nouveautés, d’intérêts et de surprises, et de beaucoup plus de choses simples, solides et saines », écrit le commentateur catholique Robert Royal dans The Catholic Thing.

    D’autres catholiques se sont opposés à l’idée que François soit un « pape progressiste ».

    « François était extrêmement traditionnel. Et je pense que c’est un malentendu de dire qu’il n’était pas traditionnel. Rien de ce qu’il a dit ne remet en cause la doctrine », rappelle Phyllis Zagano, professeur adjoint de religion à l’université Hofstra. Il ajoute : « Je pense donc que l’Église, dans sa sagesse, élira un pape qui poursuivra les enseignements de l’Église catholique. Ce qui doit déranger certaines personnes semble-t-il, c’est le sentiment que l’enseignement social catholique est un commentaire politique sur des pays ou des actions spécifiques, alors que l’enseignement social catholique est simplement l’explication de l’Évangile. »

    Les prises de position concernant l’immigration du Pape défunt restent le point d’achoppement pour certains, notamment l’administration Trump. En février, le pontife a écrit une lettre aux évêques américains pour excuser les politiques d’immigration de la Maison-Blanche et qualifier les efforts d’expulsion de « crise majeure. »

    « L’acte d’expulser des personnes qui, dans de nombreux cas, ont quitté leur propre pays pour des raisons de pauvreté extrême, d’insécurité, d’exploitation, de persécution ou de grave détérioration de l’environnement, porte atteinte à la dignité de nombreux hommes et femmes, et de familles entières, et les place dans un état de vulnérabilité particulière et sans défense », pouvait on lire dans cette lettre.

    Indépendamment des tendances politiques de François, ou de leur absence, certains s’attendent à ce que son successeur ramène l’Église vers le centre idéologique.

    « Quel que soit le candidat élu, il sera d’un tempérament centralement conservateur, après 12 ans de « remue-ménage » de la part du pape François », a déclaré Serenhedd James, rédacteur en chef du magazine britannique Catholic Herald. « Je pense que les cardinaux voudront quelqu’un qui adoptera une approche différente et plus calme. »

    D’autres estiment que l’Église continuera à suivre la voie idéologique tracée par François.

    « L’Église devient plus globale et moins centrée sur Rome qui « dirige » tout », nuance David Gibson, directeur du Centre sur la religion et la culture à l’université Fordham, à Newsweek. « Je pense qu’il est peu probable que l’on obtienne le pape-policier que certains membres de la droite américaine semblent souhaiter. »

    Les changements au sein du conclave sont en effet d’ordre géographique. En 2013, lorsque François a été élu, les cardinaux européens représentaient 57 % de l’électorat. Aujourd’hui, ils ne représentent plus que 39 %. L’Amérique latine, l’Afrique et l’Asie n’ont cessé de gagner en influence. Cette évolution pourrait ralentir le prochain conclave.

    « Il est possible qu’un grand nombre des hommes qui se réuniront pour élire le prochain pape soient des étrangers les uns pour les autres », précisait le site d’informations catholique The Pillar l’an passé.

    Des candidats se démarquent

    Plusieurs candidats de premier plan ont émergé des ailes progressistes et traditionalistes de l’Église. Parmi ces derniers, figure le cardinal Luis Antonio Tagle, originaire des Philippines, 67 ans, théologien et ancien fonctionnaire du Vatican souvent décrit comme le « pape François asiatique. » Ce dernier a appelé à une Église catholique plus inclusive et a parlé ouvertement de la nécessité d’accueillir les catholiques divorcés et LGBTQ. Son élection constituerait la première papauté asiatique. Le cardinal français Jean-Marc Aveline, 66 ans, est également en lice. Il serait le cardinal « préféré » de François pour lui succéder. L’analyste du Vatican Giuseppe Masciullo a déclaré que le cardinal Aveline « est particulièrement apprécié » dans les camps ecclésiastiques et politiques de gauche et qu’il soutient une « forte décentralisation » de l’Église, selon le New York Post.

    Dans le camp conservateur, c’est bien sûr cardinal Robert Sarah, 78 ans, originaire de Guinée, qui se démarque. Énergique partisan de la tradition, il a appelé à un retour à la messe en latin et a vigoureusement critiqué ce qu’il considère comme une dérive théologique sous le pape François.

    Le cardinal Fridolin Ambongo Besungu du Congo, 65 ans, est également considéré comme un candidat conservateur. Il dirige le Symposium des conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar et s’est aussi avéré être un grand critique de la décision du Vatican d’autoriser les bénédictions homosexuelles.

    Le cardinal italien Pietro Parolin, 70 ans, secrétaire d’État du Vatican, représente l’establishment centriste. Il est considéré comme un candidat de continuité qui pourrait atténuer l’audace de François tout en conservant son héritage en matière de politique étrangère. Un candidat « en même temps » pouvant faire la différence, histoire de calmer tout ce petit monde, s’inscrivant dans la continuité du défunt Pape.

    Parmi les autres noms en lice figurent le cardinal italien Matteo Zuppi, un confident de François connu pour avoir mené des pourparlers de paix en Ukraine ; le cardinal hongrois Peter Erdo, un intellectuel rigide sur le plan doctrinal ; le cardinal sri-lankais Malcolm Ranjith, qui s’oppose au mariage homosexuel et soutient la liturgie latine ; et le cardinal brésilien Odilo Scherer, un modéré ayant l’expérience des finances du Vatican. Le cardinal Ranjith, 77 ans, archevêque de Colombo, au Sri Lanka, est considéré comme un candidat particulièrement plausible, sa région d’origine connaissant une forte croissance du catholicisme. Un autre candidat, le cardinal Willem Jacobus Eijk, 71 ans, médecin et théologien des Pays-Bas, attire l’attention. Administrateur accompli, il s’oppose à la bénédiction des couples homosexuels et à la « thérapie de genre. »

    Même avec des idéologies concurrentes, les cardinaux doivent élire un pape qui sera à la hauteur de l’accessibilité de François, tout en adoucissant peut-être son rythme de changement, un brin soutenu.

    « En termes de relations publiques, il ne serait pas bon d’avoir un pontife très distant et royal », a déclaré Mathew Schmalz, professeur d’études religieuses au College of the Holy Cross. « Je m’attends donc à quelqu’un qui soit un homme du peuple (…) mais qui s’engage avec les autres un peu différemment du pape François. Si ce n’est pas le cas, le conclave pourrait durer très longtemps. » Quoi qu’il en soit, l’Église ne devrait pas s’attendre à ce que le prochain pape penche d’un côté ou de l’autre, politiquement parlant.

    Dans la marine, on dit : « Dirigez votre propre cap, mais restez dans la flotte. » Il est à parier que c’est cette direction qui ressortira du conclave. A l’intérieur de la chapelle Sixtine, pendant le conclave (du latin « cum clave », qui signifie « avec la clé »), les cardinaux voteront jusqu’à quatre fois par jour. Si aucun candidat n’obtient la majorité des deux tiers requise après 30 tours, le vote se resserre. Seuls les deux premiers candidats restent éligibles et les électeurs doivent choisir entre eux jusqu’à ce que l’un d’entre eux obtienne le soutien nécessaire pour devenir le prochain évêque de Rome.

    François-Xavier Consoli (Site de la revue Éléments, 24 avril 2025)

     

    Note :

    [1] Courant de pensée théologique chrétienne venu d’Amérique latine, suivi d’un mouvement socio-politique, visant à rendre dignité et espoir aux pauvres et aux exclus en les libérant d’intolérables conditions de vie. L’expression « théologie de la libération » fut utilisée une première fois par le prêtre péruvien Gustavo Gutiérrez lors du congrès de Medellín du Conseil épiscopal latino-américain (CELAM), en 1968. Il développa sa pensée dans l’ouvrage Théologie de la libération, paru en 1972, qui est largement considéré comme le point de départ de ce courant. Pour la pratique, l’instrument d’analyse et d’observation utilisé s’inspire du marxisme

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