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Géopolitique - Page 48

  • A propos des pays "émergents"...

     Sur Realpolitik.tv,  Hervé Juvin revient sur la question des pays émergents et des illusions que cette appellation recouvrait...

     


    « Pays émergents », une notion remise en question par realpolitiktv

    "La notion « d’émergence » avait rallié tous les suffrages depuis une vingtaine d’années, donnant naissance à ces acronymes, le plus connu étant celui des BRICS, qui traduisait une certitude : le développement ne fonctionne que dans une seule direction, notre avenir sera le leur, et les pays en émergence sont promis à être – à échéance plus ou moins rapide – des pays développés comme nous. Voilà que le tableau se brouille et que des voix éminentes (grands économistes de banques, dirigeants politiques aussi) nous invitent à reconsidérer sur le fond la notion d’émergence."

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  • Guerre au Mali : quelques éléments de réflexion...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue intéressant de Jean-Paul Baquiast, cueilli sur son site Europe solidaire et consacré à la guerre menée par notre pays au Mali... 

     

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    Quelques éléments pour comprendre la guerre au Mali et ses suites

    Dans la tornade d'évènements et de commentaires sur ce sujet, il est difficile de garder la tête claire. Quitte à simplifier, voici cependant quelques réflexions

    1. La France est peu aimée, sinon détestée, par les Etats-Unis et les Européens. On lui reproche dans le désordre un reste d'orgueil gaulois, sa réticence à ne pas se fondre entièrement dans l'atlantisme ambiant, ses anciens succès technologique, sa volonté de conserver un minimum de forces armées efficaces, ce qui reste de ses liens y compris humains avec le Maghreb et l'Afrique. Les « alliés » de la France, sans torpiller ouvertement son intervention au Mali, ne feront sans doute pas grand chose pour l'aider. Ils se réjouiront au contraire de la voir le cas échéant s'enliser. Ils seront les premiers à lui reprocher d'avoir mis en place un prétendu « nouvel Afghanistan ».

    2. Les Etats-Unis ont conduit depuis quelques années une entreprise discrète mais solidement dotée de moyens financiers et techniques pour s'imposer comme autorité capable d'exploiter les innombrables réserves minières et stratégiques dont dispose le Mali, divers autres Etats voisins et le Sahel en général. La preuve en est le rôle croissant de l'AFRICOM, directement soutenue par Barack Obama. L'objectif à terme est d'empêcher la Chine de mettre la main sur ces réserves. Les prétentions des Européens et notamment des Français à ce sujet seront évidemment présentées comme du néo-colonialisme. Par contre, selon les bonnes habitudes du « néo-colonialisme américain», toutes les manœuvres, allant de la corruption à la menace, pour s'imposer auprès des populations autochtones et éliminer l'influence française, seront mises en oeuvre.

    3. Une offensive de plus en plus générale de mouvements politico-religieux arabes voulant imposer la domination par une charria radicale est en train de se développer. Le Sahel n'y a pas échappé, non plus que des Etats comme le Nigéria avec le mouvement Boko Aram. Les principales moteurs en sont les Etats pétroliers du Moyen-Orient, notamment Arabie Saoudite et Qatar. Ils financent avec les dollars que leur procure l'appétit inextinguible de pétrole des Occidentaux le développement d'une prétendue guerre sainte, à base de wahabbisme et de charia, dans tout le Sahel mais aussi en Europe. Ceci leur permettra d'étendre leur pouvoir politique dans tout le Moyen-Orient et la Méditerranée, face notamment à la Russie et à l'Iran chiite. L'Europe a le grand tort de ne pas s'opposer systématiquement à ces tentatives, en acceptant de se faire acheter par les capitaux pétroliers.

    4. Ce serait une erreur pour les Européens, et la France en particulier, d'exagérer l'importance des mouvements se rattachant a Al Qaida, quand sous l'impulsion d' « émirs » fanatiques, ils prétendent pouvoir porter des coups fatals aux Européens. Néanmoins, dans des sociétés fragiles comme les nôtres, ils peuvent créer de nombreux troubles. Les nouveaux combattants apparaissent aujourd'hui plus déterminés que jamais, plus que jamais prêts à tuer et à mourir, comme le souligne le juge Trévidic dans son dernier livre (Les sept piliers de la déraison JC. Lattes). Il faut donc les combattre de façon déterminée, d'abord sur notre sol, mais aussi en Afrique, s'ils essayent comme ils le prétendent d'y instituer un khalifat à visée continentale. N'oublions pas que la France compte plus de 60.000 expatriés dans ces pays. Aucune bonne conscience ne saurait se permettre de demander leur abandon face aux attentats et agressions. Il en est de même des pays européens méditerranéens.  L'Europe devrait donc consacrer à ce combat, comme la France s'est enfin décidé à le faire, non seulement des moyens militaires mais des moyens de police et de sécurité. Il ne faudra pas hésiter à renforcer les moyens d'écoute, notamment sur le web. Les bonnes âmes s'en offusquent, mais dans de nombreux secteurs nous sommes en guerre. Il faut s'en persuader. Dans tous ces cas,  la coopération entre Européens s'impose afin que cette démarche soit efficace, face à des adversaires pouvant être multiformes,  fanatisés comme il a été dit et capables à tous moments d'initiatives déstabilisantes. Il faut éviter cependant de donner l'impression de former une coalition de « croisés » faisant la guerre à l'islam, piège dans lequel les djihadistes voudraient entraîner l'Europe. L'islam est majoritaire en Afrique, il est très présent en Europe. S'il ne contrevient pas aux lois et usages en vigueur, il doit être accepté au même titre que les autres religions.

    Dans cette lutte contre le djihadisme, poussés par les intérêts américains, les Européens et plus particulièrement les Français ont eu le plus grand tort d'abattre Khadaffi en Libye et de chercher à faire de même avec Bachar al Assad en Syrie. L'un et l'autre ont longtemps réussi à contenir des mouvements islamistes qui se déchainent dorénavant, en profitant des armes et avantages consentis par l'Occident. La Russie s'est montrée beaucoup plus avisée. Concernant la Syrie, il serait encore temps de revenir à plus de prudence. Par ailleurs, en ce qui concerne le « printemps arabe » en Tunisie et en Egypte, l'Europe devrait sans attendre se désolidariser de gouvernements dits islamistes modérés qui oppriment de plus en plus les oppositions démocratiques et les femmes.

    Concernant enfin le djihad au Sahel, les Européens et plus particulièrement la France devraient prendre garde à ne pas confondre des mouvements islamistes radicaux, se réclamant tel l'AQMI d'El Quaida, avec les représentants de communautés touaregs berbères souhaitant accéder à une indépendance qu'elles avaient perdue depuis longtemps.

    5. La CEDEAO, soutenue par l'ONU et bien évidemment par la France, souhaite actuellement mettre en place une coalition de moyens militaires et civils visant à lutter contre les groupes combattants islamistes. Il faut y arriver mais ce sera difficile, pour de multiples raisons tenant notamment aux divergences entre Etats et à leur impréparation. Mais il faut voir plus loin. Les Européens devraient se persuader que s'ils n'offrent pas à ces Etats des projets de développement économique et social, à partir notamment d'investissements productifs qu'ils devront aider sans perspectives de profit, cette stabilisation de la région ne se produira pas. Les pays européens seront les premiers à en souffrir. On peut craindre cependant que cette perspective d'une coopération à long terme France-Afrique et Europe-Afrique, constamment évoquée dans les discours, ne reste un voeu pieux – à moins que l'aggravation de la crise actuelle n'oblige les diverses parties à s'entendre de façon constructive. La France dans ce domaine, par sa bonne connaissance de la région, et par les bons contacts qu'elle y a conservés, aurait un rôle essentiel à jouer – tout néo-colonalisme mis à part. La France, par ses universités, pourraient rendre de grands services en offrant des soutiens aux universitaires et scientifiques africains souhaitant accéder à la formation et à la recherche. Des projets d'écoles doctorales ont été abandonnés face aux menaces islamistes. Ils devront être repris.

    6. Dans son combat actuel pour la reconstruction du Mali et la lutte contre le djihadisme, la France doit impérativement se trouver des alliés proches. A cet égard, l'Algérie a montré une très grande ouverture, à la suite de l'engagement français au Mali. Ce devrait être une occasion pour que la coopération entre les deux pays trouve enfin la dimension politique qu'elle n'avait pas encore pleinement. Les obstacles restent nombreux, notamment dans les esprits des populations. Mais les retombées réciproques en seraient si grandes qu'lle ne devraient plus être différés. Certaines voix  prétendent qu'il existerait une connivence entre l'Algérie et les Etats-Unis pour accepter un certain degré de terrorisme au Sahel, dont profiteraient les faucons dans les deux pays. Disons simplement qu'un approfondissement de la coopération entre l'Algérie et la France pourrait compenser de façon constructive l'influence souvent irresponsable et en tous cas totalement égoïste des Américains en Afrique. 

    7. Sur le plan militaire, comme nous l'avions indiqué dans des articles précédents, la France vient de montrer qu'elle était seule capable de mobiliser en quelques heures une force de projection, aussi modeste soit-elle. La machine gouvernementale, chef de l'Etat et ministre de la défense, s'est à cette occasion révélée aussi efficace qu'il était possible. Les Français de gauche comme de droite doivent en tirer la conclusion que la restriction des dépenses militaires entreprise sous prétexte de rigueur serait à terme suicidaire. Il faut au contraire renforcer les moyens en hommes, matériels et technologies avancées dont disposent la défense et la sécurité intérieure, en dehors de toutes préoccupations d'équilibre budgétaire.

    8. Ces évènements ont également montré que le concept de défense européenne, dans l'état actuel des esprits en Europe, demeure un rêve hors de portée. Les Européens sont donc condamnés, hors de l'appel à l'Amérique via l'Otan coûtant toujours plus cher en perte d'indépendance qu'il ne rapporte, à se priver de toute défense – ou demander l'aide de la France. Nous formons le vœu pour notre part que, dans le cadre d'une marche au fédéralisme qui semble inévitable, ce concept de défense européenne reprenne rapidement vie, ne fut-ce que dans les termes a minima proposés par l'ex premier ministre belge Verhofstadt dans Médiapart.

     

    Jean Paul Baquiast (Europe solidaire, 19 janvier 2013)

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  • Quand l'Europe renonce à se défendre...

    Nous reproduisons ci-dessous un éditorial du quotidien Le Monde consacré à l'effondrement des budgets de défense en Europe et à ses conséquences... 

     

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    Danger : l'Europe renonce à se défendre

    Supprimons carrément une arme : l'infanterie, la marine ou l'armée de l'air ! C'est le choix volontairement provocateur qu'a proposé il y a six mois le chef d'état-major suédois, le général Sverker Göranson, pour alerter sur le prix à payer de la réduction de moitié des dépenses militaires, opérée par la Suède depuis quinze ans.

    Faute d'être entendu, le bouillant militaire récidive. Il vient de lancer un cri dans la presse : ses moyens actuels, écrit-il, ne lui permettraient pas de défendre le pays plus d'une semaine si d'aventure la Suède devait être attaquée.Le général Göranson pourrait faire école, car cet autre " modèle suédois " - celui de budgets militaires peau de chagrin - s'est tellement répandu en Europe que les secrétaires américains à la défense, de Robert Gates à Leon Panetta, ne cessent de déplorer ce qu'ils considèrent comme une automutilation de la part d'un continent sur le point de se priver des moyens stratégiques nécessaires pour préserver la petite part d'influence qui lui reste.

     L'Europe de la défense n'existe pas, faut-il se résigner au fait que la défense en Europe n'existe plus ? De Londres à Rome et à Madrid en passant par Berlin et Paris (les autres pays ne comptent guère en termes de capacités militaires à part la Pologne), le rabot de la rigueur fait son œuvre. 

    En ces temps d'incertitude stratégique, l'Europe désarme.L'ancienne secrétaire d'État américaine Madeleine Albright avait fixé, dans un rapport publié en 2010, à 2 % du produit intérieur brut le seuil au-dessous duquel les pays membres de l'OTAN seraient avisés de ne pas aller, sous peine de compromettre un niveau de sécurité commune crédible.C'est peu dire qu'elle n'a pas été entendue. En 2012, face aux États-Unis, qui concentrent 46% des dépenses militaires mondiales, et alors que la Chine et la Russie investissaient massivement, l'Italie était à 0,84 %, l'Espagne à 0,65 % et la France à 1,7 %. Seul le Royaume-Uni remplissait sa part du contrat.

     L'enjeu est pourtant stratégique à un autre titre, qu'a rappelé le rapport remis par l'ancien ministre des affaires étrangères Hubert Védrine à François Hollande en novembre 2012. A ce rythme, il est en effet plus que probable que les industriels européens de la défense disparaîtront définitivement des appels d'offres des pays émergents, comme ce fut le cas dans ce qui apparaîtra vite comme une butte témoin du passé pour les avionneurs suédois et français au Brésil.Cette spirale d'attrition ne pourra qu'emporter les industries de la défense du Vieux Continent et placer définitivement les Européens dans l'orbite d'un complexe américain sans doute avide de compenser au-delà de ses frontières les coupes budgétaires qu'il doit également subir chez lui. La baisse des budgets de la défense ignore les retombées civiles du militaire ; elle accélère la désindustrialisation que l'on prétend combattre.

    Perte d'influence, d'emplois et d'autonomie, c'est à ces autres aunes que les coupes budgétaires dans la défense doivent également être examinées. Quitte à passer pour d'éternels râleurs, les généraux ont raison : alors que le Sud émergent réarme à grande vitesse, l'Europe va trop loin dans les coupes dans la défense.

    Elle risque de sortir de l'Histoire.

    Editorial du Monde (5 janvier 2013)

     

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  • La bataille pour l'Eurasie va-t-elle s'accélérer ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Alexandre Latsa, cueilli sur le site de l'agence de presse Ria Novosti et consacré à la lutte souterraine mais bien réelle que les Etats-Unis et la Russie se livrent en Eurasie.

     

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     La bataille pour l'Eurasie va-t-elle s'accélérer ?


    "Les Etats-Unis s’opposeront à des processus d'intégration dans l'espace postsoviétique". Hillary Clinton - 2012

    Les récentes déclarations de la secrétaire d’État américaine Hillary Clinton sur l'intention de Washington de s'opposer aux processus d'intégration dans l'espace postsoviétique lors d’une conférence tenue à Dublin le 6 décembre 2012 ont au moins un mérite, celui de démontrer que l’Union Douanière, et donc la future Union Eurasiatique sont considérés par l’administration américaine comme le mal absolu. Hillary Clinton n’a pas pris de gants, pour elle, l’union eurasiatique n’est ni plus ni moins que la réincarnation de l’Union Soviétique, et traduit donc la volonté de la Russie de vouloir reprendre le contrôle du cœur de l’Eurasie, que Russie et Occident, via l’Angleterre puis l’Amérique, se disputent depuis prés de 150 ans.

    Un retour en arrière s’impose pour comprendre ce que signifie la bataille pour le contrôle de l’Eurasie, qui est tout sauf un fantasme ou une légende. Il s’agit au contraire d’une réalité géopolitique qui constitue un volet important de la politique étrangère américaine et occidentale depuis la chute du mur de Berlin.
     
    Durant la guerre froide, la puissance américaine ne luttait pas seulement pour la victoire contre son adversaire Soviétique, elle luttait aussi pour le contrôle du monde. Ce faisant, les stratèges américains restaient fidèles à la ligne tracée par les maitres de la géopolitique anglo-saxonne, particulièrement Halford Mackinder et Nicholas Spykman. Pour ces derniers, la maitrise du monde ne pouvait passer que par le contrôle de la zone ou devait se concentrer dans l’avenir tant le gros des habitants, que le gros des ressources énergétiques de la planète: l’Eurasie, encore appelée l'Ile Monde ou Heartland.
     
    " Qui contrôle le Heartland, contrôle le monde ".  Halford John Mackinder – 1919
     
    En ce sens, la mise sous tutelle après 1945 de l’Europe de l’ouest par l’Otan n’a été rien de plus qu’une mise en application des principes de Nicholas Spykman qui jugeait lui essentiel de maitriser l’anneau périphérique (Rimland) de cette Ile monde, de ce Heartland continental. L’Europe de l’ouest représente la partie occidentale sous contrôle de cet anneau. Comme on peut le voir ici, la zone qui s’étend du pourtour de la caspienne jusqu'à l’Asie centrale constitue sa partie orientale et c’est précisément cette zone qui est visée par les propos d’Hillary Clinton.
     
    " Qui contrôle le Rimland contrôle l’Eurasie. Qui dirige l’Eurasie contrôle la destinée du monde". Nicholas J. Spykman - 1942
     
    Les tentatives avortées du GUAM (Géorgie, Ukraine, Azerbaïdjan, Moldavie) puis la tentative de prise de contrôle de ces mêmes états (membres de cet anneau périphérique) par les révolutions de couleurs planifiées aux USA doivent être comprises et vues dans ce sens: comme une étape nouvelle du containment russe, préalable essentiel au bouclage du Rimland. D’ailleurs, dans sa déclaration Hillary Clinton a insisté sur la déception profonde que représentait l’Ukraine pour le département d’état Américain, tout un symbole lorsqu’on sait l’énergie et les moyens mis en œuvre par l’administration américaine pour faire de l’Ukraine un pion essentiel de l’Otan. Un projet ancien qui prévoyait la constitution d’un axe Allemagne-Pologne-Ukraine dont Zbigniew Brezinski rêvait déjà en 1997 et qui selon lui devait servir à repousser l’influence russe le plus à l’est possible, et renforcer l’Otan au cœur de l’Europe de l’est.

    "Il est impératif qu'aucune puissance eurasienne concurrente capable de dominer l'Eurasie ne puisse émerger et ainsi contester l'Amérique". Zbigniew Brezinski - 1997
     
    Bien sur les déclarations d’Hillary Clinton ont provoqué les regrets de Leonid Sloutski, chef de la commission de la Douma pour les Affaires de la CEI. Celui-ci constatait que le potentiel croissant de regroupement géopolitique en Eurasie pourrait faire de cette région l'un des acteurs majeurs du monde. Une situation bien différente de celle qu’impliquait le monde unipolaire de 1991, qui ne laissait aucune place à la Russie.

    Beaucoup de pays occidentaux appréciaient Eltsine surtout parce qu'il était le symbole d’une Russie faible, et le symbole de leur victoire sur l’URSS. 20 ans plus tard, alors que le centre de  gravité du monde se déplace vers l’Asie et la Chine, l’Occident américano-centré traverse une crise économique qui l’a considérablement affaibli sur la scène internationale. Pendant ce temps, à mi chemin entre l’Occident et l’Asie, la Russie s’est redressée pour redevenir aujourd’hui la puissance principale d’Eurasie.
     
    Le monde multipolaire qui prend forme devrait vraisemblablement prendre l'aspect d'un monde d’alliances. Les grands états de ce monde sont tous dans des logiques de regroupements économiques, politiques et militaires, que ce soit au cœur de l’Europe, par dessus l’Atlantique, en Amérique du sud  ou encore en Asie. Ces alliances pourraient rapidement voir l’émergence de blocs souverains tant sur le plan militaire, qu’économique ou politique, et la fragmentation du monde en zones d’influences souveraines.
     
    Pourquoi les nations d’Eurasie n’auraient elle dès lors pas le droit de procéder à une intégration régionale approfondie?  Les menaces américaines contre une alliance volontaire de pays souverains semblent éloigner considérablement les possibilités d’un réel reset russo-américain. Le désaccord sur l’Affaire Syrienne, pays que l’Union Douanière envisageait du reste d’intégrer à une zone de libre échange il y a encore quelques mois, accentue encore le malaise.

    Voila donc des propos belliqueux en provenance d'Amérique et prononcés à Dublin, alors même que le chef de l’état russe a pourtant récemment rappelé que la Russie devait trouver sa place géopolitique dans le monde de façon pacifique et que l’intégration eurasiatique devait elle se faire dans le respect de la souveraineté des états. Un principe de souveraineté nationale bien mis à mal durant l’époque unipolaire mais qui constitue tant le point névralgique du développement des BRICs (lire cette analyse a ce sujet) que le cœur de la politique internationale russe, notamment en Syrie.

    Souveraineté VS interventionnisme, Unilatéralisme VS Multilatéralisme. Ces deux conceptions du monde diamétralement opposées vont-elles relancer la bataille pour l’Eurasie?

    Alexandre Latsa (Ria Novosti, 12 décembre 2012)
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  • Poutine et la place de la Russie...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Claude Bourrinet, cueilli sur Voxnr et consacré à l'importance du rôle que la Russie de Poutine joue comme môle de résistance face à la puissance américaine...

     

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    Poutine et la place de la Russie

    La fin du monde n’a pas eu lieu.

    Quoiqu’il ne faille pas exclure, qu’à terme, ne se produise la fin d’un monde, celui, américano-centré, unilatéral et formidablement dangereux pour la paix, que l’on voudrait, ici, en Occident, voir s’installer durablement.

    Pourquoi pas pour mille ans !

    La récente conférence de presse de Vladimir Poutine, s’adressant durant quatre heures trente à plus de mille journalistes de toutes nations, le jeudi 20 décembre, a rappelé cette vérité qui dérange : la Russie est toujours là. Mieux : elle incarne, par sa volonté de ne pas se plier à l’hégémonie étatsunienne, la perspective d’un monde multipolaire, pluri-civilisationnel, pour l’avènement duquel d’autres nations luttent, celles notamment représentées par le BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, République Sud-africaine), mais aussi l’ALBA, en Amérique latine, ce qui démontre, à l’encontre de ce que la presse mainstreams prétend, que les Russes sont loin d’être « isolés ».

    C’est une rengaine qui révèle, chez les journalistes liés à l’Otan, une réelle absence d’imagination. Il est vrai qu’en général, l’activité propagandiste ne demande comme aptitude que celle qui consiste à se répéter pour faire pénétrer dans le cerveau assoupi des masses des « vérités » infaillibles. Encore que l’imagination soit un ingrédient indispensable pour donner du sel aux scénarios susceptibles de remplacer la réalité. Il est vrai que le matraquage manichéen a réussi avec l’Irak, la Serbie, la Libye, et que la légende d’une démocratie militante et internationaliste éradiquant le Mal dictatorial de la planète a plutôt bien marché ; ce qui révèle, pour ceux qui croient encore aux lendemains qui chantent, combien les peuples occidentaux ont vendu leur liberté pour un plat de lentilles, qui s'avèrent, par ces temps de crise, plutôt passablement avariés. Et pour le coup, ils ont abandonné aussi leur droit d’aînesse.

    Une chansonnette qui a les faveurs des salles de rédaction, en ce moment, est que la Russie serait sur le point d’abandonner « le régime de Bachar al Assad » (dixit). On s’appuie, pour étayer ce qui ressemble furieusement à des lubies arrosées d’après dîner (du Siècle ou du crif, comme vous voulez), sur de soi-disant déclarations, d’un sous-ministre ou d’un ambassadeur russes, voire de Poutine lui-même.

    En vérité, la position russe n’a jamais changé : la Russie n’appuie pas un homme, mais un Etat légitime, la nature du régime et la composition du gouvernement syrien doivent résulter du choix du peuple syrien lui-même, une conférence de conciliation doit avoir lieu, et les forces étrangères n’ont pas à intervenir dans le conflit. Rien de nouveau sous le soleil, donc !

    Contre toute évidence, nos braves Tintins de comptoirs (désirant sans doute redonner de l'espoir à des « rebelles » singulièrement étrillés) entonnent le refrain bien appris de l’armée syrienne qui perd du terrain, du régime qui s’effrite, avant de s’effondrer, de l’isolement de ses partisans, de son encerclement etc. Que les « rebelles », dont la majorité sont des membres d’Al-Qaeda, des salafistes takfriristes, des frères musulmans, des Talibans, des Tchétchènes, des Turcs, Irakiens, Libyens, Tunisiens, Marocains, des Yéménites djihadistes, qui n’ont rien à voir avec les Syriens de souche, et qui sont payés par le Qatar, soutenus pas les USA, Israël, l’Angleterre et la France, pays qui prétendent, par ailleurs, combattre le fléau islamiste, soient exterminés par la valeureuse armée républicaine syrienne, cela semble leur échapper. Ils en restent à une explication fort simple, digne d’une cour de récréation de collège : Bachar étant un méchant, les Russes, ayant une propension à la méchanceté, comme chacun sait, sont naturellement portés à lui porter leur aide. Mais, surtout, la Russie s’accrocherait à la base de Tartous, afin de maintenir sa présence en Méditerranée orientale, mais serait bien obligée de tenir compte du rapport de force défavorable. 

    Autrement dit, la presse raisonne comme si elle jouait aux dames avec un damier singulièrement étriqué, alors qu'il s’agit d’un jeu d’échecs à l’échelle asiatique, voire mondiale. Quand le sage montre la lune, dit un proverbe chinois, l’idiot regarde le doigt.

    Au lieu de prendre des vessies pour des lanternes, la presse collaboratrice devrait plutôt abandonner ses vains espoirs. D’abord parce que le « régime » syrien tient, tout simplement pour des raisons faciles à comprendre : si les fanatiques islamistes l’emportent, ce sera un génocide, les minorités ethniques et confessionnelles seront exterminées, les femmes retourneront en esclavage, et une chape de plomb s’abattra sur un pays encore indépendant et libre. D’autre part, la Russie possède largement de quoi tenir tête aux puissances militaires locales et internationales, qui se mêlent de semer la zizanie dans cette région. Non, l’ours n’est pas affaibli !

    Surtout, il est évident que si la Russie laisse le terrain à l’Occident, c’en est fini de ses rêves d’indépendance, et même de sa volonté de survie. L'ours joue ici sa peau, et il est prématuré de vouloir d’ores et déjà la vendre !

    Pourquoi ? Il n’est qu’à regarder une carte pour comprendre. Qui contrôle cette région, où aboutissent, aboutiront, des terminaux gaziers et pétroliers, lesquels sont vitaux pour des pays comme l’Iran, partant la Chine, ceux d’Asie centrale, la Russie même, qui aurait voix au chapitre en Europe occidentale, région maritime où baignent des Etats déstabilisés ou stratégiquement essentiels, parfois surarmés, où l’on a trouvé des réserves immenses de gaz, cette énergie du XXIe siècle, qui la contrôle, donc, contrôle l’avenir. La Russie sait aussi que, comme dans un jeu de dominos, perdre la partie ici entraînerait un déplacement du conflit tout près de ses frontières, dans cette Asie centrale où s’agitent déjà des intégristes musulmans. Qui occupe l'Eurasie tient les rênes de la planète.

    C’est pourquoi il est réjouissant de voir revenir, sur le théâtre international des nations, une Russie forte, fière et digne. La conférence de presse du président Poutine nous rappelle, nous, Français, celles du général de Gaulle, qui soutenait que la place de la France devait être au premier rang. La noblesse de notre histoire ne laissait pas d’autre alternative. C’était compter sans la trahison de nos « élites », qu’il pressentait néanmoins, lesquelles ont vendu notre indépendance, celle de l’Europe aussi, à ceux que Mitterrand, qui les avait portant bien installé dans notre culture, considéraient comme nos pires ennemis, les Etats-Unis d’Amérique.

    Claude Bourrinet (Voxnr, 21 décembre 2012)

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  • Réalités identitaires contre leurres géo-économiques...

    Dans cette chronique, mise en ligne sur Realpolitik.tv,  Hervé Juvin procède à un brillant démontage des notions géo-économiques factices de "pays émergents" et de "BRICS" (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) créées pour tenter d'effacer l'identité politico-historique de ces pays ...

     


    Considérations géo-économiques sur les concepts... par realpolitiktv

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