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  • Frédéric Mistral : patrie charnelle et Provence absolue...

    Les éditions de La Nouvelle Librairie viennent de publier dans la collection "Longue Mémoire" de l'Institut Iliade, un court essai biographique de Rémi Soulié intitulé Frédéric Mistral - Patrie charnelle et Provence absolue.

    Philosophe et écrivain, Rémi Soulié est l'auteur de plusieurs ouvrages dont Les châteaux de glace de Dominique de Roux (Les Provinciales, 2002),  Nietzsche ou la sagesse dionysiaque (Seuil, 2014), Racination (Pierre-Guillaume de Roux, 2018), Les métamorphoses d'Hermès (La Nouvelle Librairie, 2021), L'Éther (La Nouvelle Librairie, 2022) et Les âges d'Orphée (La Nouvelle Librairie, 2022).  .

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    " « Depuis les Homérides de l’Archipel, un tel jet de poésie primitive n’avait pas coulé. C’est Homère ! », s’était écrié Lamartine à la découverte de Mireille. D’inspiration gréco-latine, la poésie de Frédéric Mistral n’est aucunement un simple divertissement bucolique, elle est une œuvre sacrée autant qu’un fait politique et civique. En ce sens, comme Homère fut, selon Platon, « l’éducateur de la Grèce », Mistral, à la fois classique et romantique, fut l’éducateur de la Provence. Dans ces pages lumineuses, l’auteur révèle le fond de cette idée mistralienne qui, à travers le chant épique, réunit à la fois l’appel du divin et de l’enracinement dans une terre et dans une langue. "

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  • Les populismes européens : derniers spasmes des vieilles nations ou agents de transformation de l’UE ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Gérard Dussouy, cueilli sur Polémia et consacré au rôle que devraient se donner les populistes européens pour œuvrer à une renaissance européenne. 

    Professeur émérite à l'Université de Bordeaux, Gérard Dussouy est l'auteur de plusieurs essais, dont Les théories de la mondialité (L'Harmattan, 2011) et Contre l'Europe de Bruxelles - Fonder un Etat européen (Tatamis, 2013).

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    Les populismes européens : derniers spasmes des vieilles nations ou agents de transformation de l’UE ?

    Quand on considère les crises présentes qui ne font que commencer, quand on observe la carence conceptuelle, stratégique et politique des États européens face à la guerre, et que l’on s’interroge sur la crédibilité politique des populismes européens sous un angle systémique, c’est-à-dire quant à leur raison d’être et quant à leur capacité à agir sur le système mondial dans lequel les peuples et les individus se retrouvent tous désormais inclus, la question se dédouble ainsi : sont-ils les derniers spasmes des vieilles nations européennes ? Pourraient-ils être les agents de la transformation, et de la renaissance, de l’Europe ?

    Il faut bien comprendre en effet, que les dernières vagues populistes en majorité souverainistes sont le produit d’une contrainte systémique multivariée, à la fois économique, sociale, démographique, culturelle. Ces mouvements sont les effets rétroactifs d’un système que les États ont construit qui, dans le même temps, limite leur action et leur capacité d’action politique. C’est bien pourquoi les partis populistes demeurent avant tout des forces protestataires ne sachant pas à qui véritablement s’adresser parce que leurs participants ont conscience que leurs propres États ont perdu toute prise sur le réel. Ils sont le témoignage d’un désarroi total qui conduit les plus nombreux, à droite, à entretenir jusqu’au bout l’illusion souverainiste, et les plus minoritaires, à gauche, à se perdre dans les divagations de la révolution sociale et écologique universelle.

    Les populismes, produits de la contrainte systémique des États et des peuples

    Une proportion plus ou moins élevée de citoyens européens ne s’y retrouve plus, aussi bien en termes de valeurs et de traditions que de niveaux de vie et de sécurité, dans un système mondial que bien entendu leurs gouvernants ne contrôlent pas, après avoir approuvé sa construction.

    La déstabilisation économique et sociale des sociétés européennes

    En France, la crise des Gilets Jaunes a été emblématique de cette déstabilisation ; elle est la révolte des victimes d’une insertion mondiale non préparée. Elle n’a pas eu d’équivalent dans les autres États européens, à la structure politique et sociale moins centralisée, moins rigide, et pour certains moins désindustrialisés que la France. En Allemagne, particulièrement performante à l’exportation en raison de sa remarquable spécialisation industrielle, la contestation y a été très limitée, dans les seuls Länder de l’Est. La situation pourrait changer maintenant que l’Allemagne « s’est tiré une balle dans le pied » en mettant fin, à cause de la question ukrainienne, au partenariat fructueux qu’elle avait établi avec la Russie.

    D’une manière générale en Europe, on constate, selon Peter Sloterdijk, un retour du pessimisme sociologique avec la « fin du temps de la gâterie » qu’il illustre ainsi : depuis trente ans, d’un rapport 80% de riches à 20% de pauvres on est passé au rapport inverse de 20% à 80%. La fin de l’opulence accentue la fracturation sociale qui fait l’objet d’une thématique maintenant rebattue, celle de la rupture entre élites et peuples. Elle est au fondement des populismes contemporains [1].

    Le sujet de l’économie est déterminant pour l’avenir parce que la « légitimité » du système mondial, qui est fondé sur le libre-échange, repose sur la croissance globale, et de préférence, sur la croissance partagée. Or, plusieurs économistes, avec en pointe Robert Gordon, s’attendent à ce que l’économie mondiale entre dans une ère de stagnation, même si la croissance de l’après covid connait un rebond. A cela, des causes économiques endogènes : endettement généralisé et baisse des investissements productifs, compétition accrue et acharnée sur l’énergie et les matières premières, retour de l’inflation. Mais aussi, des causes exogènes telles que le vieillissement des populations, consécutif à la dénatalité [2].  Ce que l’on ne veut pas comprendre en Europe, souverainistes compris, quand on privilégie son confort à sa descendance !

    La prégnance de la question identitaire et de l’enjeu civilisationnel

    C’est là la cause, plus que le constat précèdent aujourd’hui, de la persistance et de l’enracinement des mouvements populistes les plus nombreux, c’est à dire ceux à tendance souverainiste. Comme on le constate en France, en Italie, en Europe de l’Est. Bien entendu, cette problématique relève aussi de la contrainte systémique mondiale que figurent, dans ce cas précis, les flux migratoires massifs. Sa résolution, qui peut comprendre différents stades allant du simple arrêt de l’invasion à la remigration, et qui peut se concevoir selon des modalités adaptées aux contextes nationaux, n’est envisageable, pour être efficace et définitive, qu’à l’échelle du continent.  A l’intérieur de celui-ci, il est impossible de rétablir des frontières compte tenu des interdépendances de toutes natures, et elles ne seraient de toutes les façons que trop poreuses. Tout dépend donc des dirigeants de l’Union et des États qui la composent, quand on considère les expériences en cours dans différents États européens en matière de politique migratoire : échec complet du Brexit (sauf l’arrêt de l’immigration d’origine européenne !), blocage des entrées et des séjours en Hongrie, résultats attendus au Danemark des lois très restrictives en matière d’immigration que son gouvernement de coalition vient d’adopter au nom de la survie de l’identité nationale. D’une façon générale, au niveau planétaire, les changements dans les rapports de force ont porté au premier plan l’enjeu civilisationnel. Constatons aussi qu’à ce contexte mondial anxiogène, les populistes verts ajoutent la terreur climatique.

    La confrontation au réel. Les populistes peuvent-ils transformer la politique et desserrer la contrainte systémique ?

    Face aux réalités du monde globalisé, la montée en puissance des populismes en Europe (divers scrutins électoraux nationaux ou régionaux la confirment de façon continue) pose la question de leur capacité à gouverner, mais surtout à influencer les politiques nationales et à faire adopter par leurs États respectifs et mieux encore par l’Union européenne, des mesures susceptibles de desserrer la contrainte systémique. Parce que c’est bien à son niveau à elle que l’essentiel se joue. La vraie question est alors de savoir si malgré leur dispersion idéologique, malgré l’incohérence politique qui les habite, certains mouvements populistes sont susceptibles de transformer l’UE et d’en faire, face au reste du monde, la forteresse dont les Européens vont avoir le plus grand besoin. Qu’en sera-t-il en 2024 et après ?

    L’échec des populistes aux élections parlementaires européennes de 2019

    Le bilan des populistes de la session 2019-2024 est négatif. D’une part, lors des élections au Parlement européen du 20 Mai 2019, les eurosceptiques n’ont pas remporté le succès escompté. Malgré leur progression, ils sont restés loin de la majorité de 367 députés nécessaire pour gouverner le Parlement européen. Le bloc pro-européen, ou europeo-atlantique à la mode libérale et américanophile, a reculé, mais il a conservé la majorité en cumulant les sièges du PPE (182), de Renew Europ (108) et des Socialistes et Démocrates (154). D’autre part, et c’est ce qui est le plus pathétique, les populistes n’ont pas été capables d’enclencher, ou seulement de penser, une dynamique transformatrice, restauratrice d’une Union au service des peuples, à partir de propositions réalistes et audacieuses et d’actions de communication de grande envergure. On peut faire deux constats qui sont deux explications à cet échec des populistes :

    1) L’attachement, sous-estimé par les souverainistes, des citoyens et d’une majorité d’électeurs européens à l’UE et à l’euro

    A la veille des élections de 2019, différents sondages dont ceux de l’institut britannique Yougov et d’Eurobaromètre indiquaient que si en 2014 un peu plus de la moitié des Européens (51%) approuvaient l’existence de l’euro et de l’EU, ils étaient 75% en 2019 à se prononcer pour l’UE et 62% à déclarer soutenir l’euro. A noter que 67% des Grecs eux-mêmes étaient favorables à l’Union malgré l’austérité que Bruxelles leur avait infligée pour les sortir de la crise financière profonde dans laquelle ils étaient plongés. Dans tous ces sondages, on constatait qu’une majorité de citoyens de l’UE souhaitent voir l’Europe devenir un acteur incontournable sur la scène internationale.

    2) L’hétéroclisme des populismes et leur manque de crédibilité

    Au sein du Parlement européen actuel, on distingue au moins trois courants qui sont incompatibles :

    • Les populistes souverainistes d’Identité et Démocratie (76 sièges et 10,9% de l’hémicycle) et de Conservateurs et Réformistes européens (62 sièges et 8,8%). Le premier groupe réunit la Lega italienne, le Rassemblement National français, l’AFD allemande (véritable nouveauté en 2019 parce que c’est le parti qui a le plus progressé ces dernières années), le FPÖ autrichien, et le Vlams Belang flamand qui est plus séparatiste qu’il n’est souverainiste. Au sein de cet ensemble l’unanimité ne règne pas, ni quant à la politique monétaire de la BCE, ni quant à la politique commerciale de l’UE, ni quant à une éventuelle défense européenne. On attend toujours un programme commun. Quant au second groupe, le CRE, il réunit les Polonais de Droit et Justice et les Italiens rivaux de la Lega de Fratellini d’Italia, aujourd’hui au pouvoir. La caractéristique majeure de ce groupe est de s’opposer à toute avancée vers plus de supranationalité. Il a montré ces derniers temps beaucoup d’empathie envers l’Otan.
    • Les populistes anticapitalistes (désignons les ainsi) regroupés dans la confédération formée par la Gauche Unitaire Europe et la Gauche Verte Nordique sont 40 députés issus de 14 Etats européens. Sans être hostiles à l’Union européenne en soi, ils lui reprochent son orientation libérale, mais en tant qu’internationalistes ils réfutent toute idée d’une Europe autocentrée et décidée à défendre ses identités.
    • Les populistes écologistes. Les verts constituent un groupe de 68 députés au Parlement. Favorables à la pérennisation de l’UE, ils se cantonnent à une position critique, cette dernière n’accédant pas encore à leurs revendications les plus extrêmes en matière de réglementation climatique et d’immigration. Contrairement à la certification scientifique dont ils se prévalent, Ils se comportent, à l’image de leur icône Greta Thunberg, comme des populistes tant ils font dans le catastrophisme et tant leurs propositions sont simplistes, manquent de rationalité.

     

    2024 et après : transformer l’Union pour desserrer la contrainte systémique et accéder à une souveraineté partagée ?

    Plutôt que de passer leur temps à dénigrer l’Union européenne, sans proposer la moindre alternative ou la moindre réforme en termes conceptuels, politiques et stratégiques, les leaders populistes devraient prendre la mesure de la force des interdépendances qui la caractérise. Afin de la mettre au service des intérêts communs dans le cadre d’une souveraineté partagée.

    C’est l’Union qui a permis, exemple des plus récents, aux pays partenaires de surmonter plus facilement qu’ils ne l’auraient fait de manière isolée, la crise de la covid 19. Le plan de relance européen de 1800 milliards d’euro n’est pas rien. Il permet à la France en faillite d’escamoter une partie de ses dettes ! Sur le plan financier et monétaire, précisément, les populistes souverainistes ont l’habitude de critiquer la BCE et ils se déclarent opposés à la supervision communautaire des dettes nationales, mais ils veulent ignorer que si plusieurs États du sud de l’Union prospèrent encore, c’est parce qu’ils se trouvent sous le « parapluie monétaire » de l’euro, pour ne pas dire de l’Allemagne. En ce sens que c’est la monnaie commune qui a permis à ces Etats pendant des années d’emprunter à des taux d’intérêt très bas. Les souverainistes sont, en réalité, sans solution de rechange, sauf à revenir à des monnaies nationales totalement dévalorisées et à accroitre la dépendance financière de leurs pays respectifs par rapport à des créanciers comme la Chine,  ou à accepter la dollarisation de leurs économies, perspective qui n’est pas du tout à écarter en cas de crise générale des monnaies (plausible en raison de l’endettement des principales économies) et d’une fusion imposée par Washington du dollar et de l’euro. Dans le contexte éminemment favorable du raffermissement du protectorat otanien.

    A la veille des élections européennes de 2024, de la désignation d’un Parlement européen qui a les moyens, si sa nouvelle majorité le voulait et le décidait, de modifier la politique menée jusqu’à maintenant par la Commission, d’en prendre le contrepied dans certains secteurs comme celui de la politique migratoire, les populistes les plus conséquents, ceux pour qui le priorité est la sécurité des identités et la prospérité des Européens, seraient bien inspirés de s’organiser en vertu d’un programme susceptible de changer le cours des choses, celui d’un régionalisme stratégique. Cette terminologie, empruntée à deux politologues canadiens, renvoie à trois objectifs : l’amélioration de la sécurité économique et énergétique de tous les partenaires grâce à une politique commune entièrement repensée ; la réorientation de l’Union vers plus d’autocentration en termes d’investissement, de productions et de consommations locales ou relocalisées ; l’achèvement de la zone euro en une véritable Zone Monétaire Optimale  (selon les critères de l’économiste canadien Robert Mundell). Objectifs essentiels auxquels l’urgence des temps impose que l’on en ajoute un quatrième, tout aussi vital : une politique migratoire très restrictive et très sélective.

    Conclusion

    L’inclusion des sociétés européennes dans le système mondial leur a imposé une contrainte extérieure anxiogène multiple (économique, sociale, démographique culturelle) qui est à l’origine des mouvements protestataires désignés sous le vocable de populistes. Si du fait de leur hétéroclisme, de leurs options politiques plus ou moins ouvertement nationalistes, ces mouvements populistes ne sont pas en mesure de desserrer la contrainte systémique, puisqu’ils se condamnent à l’impuissance du séparatisme, il faut s’attendre à ce qu’ils perdurent jusqu’au dépérissement complet des vieilles nations, dont ils seront les derniers spasmes alors qu’ils prétendaient vouloir les sauver. En revanche, s’ils sont enfin capables d’autocritique et s’ils parviennent, à l’occasion du prochain scrutin européen en particulier,  à faire émerger une conscience européenne identitaire, à s’organiser et à agir en conséquence, alors tout n’est pas perdu.

    Gérard Dussouy (Polémia, 10 juin 2023)

     

    Notes :   

    [1] Gérard Dussouy, Le pragmatisme méthodologique. Outil d’analyse d’un monde complexe, Amazon, 2023,p.288.
    [2] Ibidem, p. 322-325.

     

    Pour aller plus loin : Gérard Dussouy, « Les populismes européens : une approche systémique », dans Nathalie Blanc-Noël et Thibaut Dauphin, Vers un nouvel âge des extrêmes ? Populismes et transformations sociales, Paris, L’Harmattan, Collection Pensée politique, 2023, p.219-243.

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  • Les dernières lettres de Nietzsche...

    Les éditions Gallimard viennent de publier le sixième et dernier tome de la Correspondance de Friedrich Nietzsche qui couvre la période qui va de janvier 1887 à janvier 1889.

     

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    " Avec ce tome VI s'achève la traduction de la correspondance intégrale de Friedrich Nietzsche ; cet ultime volume rassemble les lettres des deux dernières années de la vie consciente du philosophe (1887 et 1888) et les "billets de la folie" des premiers jours de 1889. Un document qui éclaire l’œuvre."Je n'écris que ce que j'ai vécu et je m'y entends pour l'exprimer", affirme Nietzsche chez qui vie et pensée sont imbriquées comme chez nul autre, et c'est donc dans l'intimité d'un penseur en errance - d'un "Prince Hors-la-Loi" de l'esprit - que nous introduit cette correspondance de haut vol. Nietzsche y apparaît comme un philosophe en quête perpétuelle du climat favorable, de l'environnement supportable, du régime salutaire : il séjourne à Nice, à Sils-Maria, sur les lacs italiens et surtout à Turin, découverte tardive d'une ville en harmonie avec ses aspirations, où il s'effondrera en janvier 1889.Ses lettres sont aussi des lettres d'affaires : Nietzsche publie lui-même, à compte d'auteur, ces deux années-là, des œuvres aussi radicales que La Généalogie de la morale, Crépuscule des idoles, Le Cas Wagner et Ecce homo. Son projet philosophique se précise : la critique de la religion chrétienne comme expression éminente du ressentiment ; la préparation en secret d'une "transvaluation" de toutes les valeurs qui place un temps la "volonté de puissance" au centre de la réflexion. La relation avec le souvenir wagnérien devient déterminante, une problématique esthétique nouvelle s'installe avec la notion de décadence.Toutefois, ce qui frappe dans ces lettres familières, c'est l'extrême solitude dans laquelle évolue Nietzsche. La correspondance se déploie entre un petit nombre de personnes, ce qui lui confère une intensité humaine rare et une vraie portée philosophique. Les belles journées de Turin ont donné naissance à des livres où se construit le plus séduisant des "gais savoirs". Tout cela s'interrompt en janvier 1889.  J. L. "

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  • Et si nous prenions au sérieux la théorie du "déséquilibré" ?...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une chronique de François Bousquet dans l'émission Ligne Droite sur Radio Courtoisie, datée du 14 juin 2023, dans laquelle il évoque, après l'attaque au couteau menée par un migrant syrien contre des enfants, la multiplication des déséquilibrés dans notre pays et les origines profondes de ce phénomène...

    Journaliste, rédacteur en chef de la revue Éléments, François Bousquet a aussi publié Putain de saint Foucauld - Archéologie d'un fétiche (Pierre-Guillaume de Roux, 2015), La droite buissonnière (Rocher, 2017), Courage ! - Manuel de guérilla culturelle (La Nouvelle Librairie, 2020) et Biopolitique du coronavirus (La Nouvelle Librairie, 2020).

     

                                              

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  • Cas de conscience pour le Hussard...

    Avec Cas de conscience pour le Hussard, les éditions Auda Isarn nous livrent un nouvelle épisode des aventures de leur libraire de choc, sous la plume, cette fois-ci, d'Aristide Leucate.

    Docteur en droit, journaliste et essayiste, Aristide Leucate est déjà l'auteur de deux biographies dans la collection Qui suis-je ?, Carl Schmitt (Pardès, 2017) et   Dumézil (Pardès, 2021), d'un Dictionnaire du Grand Épuisement français et européen (Dualpha, 2018) et de plusieurs essais, comme Détournement d'héritages - La dérive kleptocratique du monde contemporain (L'Æncre, 2013), Carl Schmitt et la gauche radicale - Une autre figure de l'ennemi (La Nouvelle Librairie, 2021) ou  Aux temps de la justice - En quête des sources pures du droit (La Nouvelle Librairie, 2023).

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    " Panique au sommet de l’État ! Un mystérieux assassin s’en prend aux élus les plus en vus de la République. Il signe ses crimes d’un non moins énigmatique « K », qui met les plus hautes autorités policières et judiciaires sur les dents. Désœuvré dans Paris au mois d’août temporairement abandonné de ses autochtones, Julien Ardant, dit le Hussard, décide de mener l’enquête, d’autant que ses soupçons se portent sur d’anciennes connaissances.

    Secondé par son fidèle ami, Léo von Kluge, alias Le Lansquenet, ses recherches vont le conduire de Paris à Lyon, en passant par Bordeaux, à travers un road movie particulièrement trépidant. Ce qu’ils vont découvrir dépassera leur imagination. En attendant, les balles sifflent au-dessus de leur tête et, plus d’une fois, ils devront sauver leur peau en usant de méthodes expéditives dignes de l’inspecteur Harry.

    Dans ce polar mené à un train d’enfer, nos deux héros croiseront la route d’une volcanique nymphomane, tout autant que celle de tueurs sans pitiés, avant de se jeter volontairement dans les filets peu engageants d’un dangereux mégalomane. "

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  • José Antonio Primo de Rivera, le politicien-poète du XXe siècle...

    Le gouvernement socialo-communiste espagnol, composé des successeurs de ceux-là mêmes qui, au début de la guerre civile espagnole, ont assassiné José Antonio Primo de Rivera (1903-1936), le fondateur de la Phalange, vient d'essayer de tuer symboliquement ce dernier une deuxième fois, quatre-vingt-sept ans plus tard, en retirant sa dépouille du mausolée du Valle de los Caídos, dédié à toutes les combattants tombés pendant la guerre civile. Face à cette ignominie, Javier Portella revient sur la figure exceptionnelle de José Antonio.

    Directeur d’El Manifiesto et essayiste, Javier Portella écrit régulièrement dans la revue Éléments ou sur les sites de Boulevard Voltaire et Polémia. Il est déjà l'auteur de  Les esclaves heureux de la liberté (David Reinarch, 2012) et N'y a-t-il qu'un dieu pour nous sauver ? (La Nouvelle Librairie, 2021).

     

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    José Antonio Primo de Rivera, le politicien-poète du XXe siècle

    « En hissant notre drapeau, nous allons le défendre joyeusement, poétiquement. Parce qu’il y a des gens qui croient que pour unir les volontés […] il faut cacher tout ce qui peut susciter l’émotion ou indiquer une attitude énergique et extrême. Quelle erreur ! »

    Ce drapeau que José Antonio Primo de Rivera voulait hisser était évidemment un drapeau politique. En le levant, il ajoutait : « Les peuples n’ont jamais été conduits que par les poètes, et malheur à celui qui ne sait pas élever, face à la poésie qui détruit, la poésie qui promet. »

    Jamais de tels mots – la conjonction du poétique et du politique – n’avaient résonné avec autant de force dans l’espace public. On ne les avait même jamais entendus à des époques – polis grecque, res publica romaine, monarchie de droit divin – où une sorte de souffle sacré soufflait sur le politique.

    Mais qu’en est-il aujourd’hui, alors que la vie politique est devenue une prosaïque affaire de marchands ? Ces paroles – prononcées le 29 octobre 1933 lors de la cérémonie de fondation de la Phalange espagnole – paraissent à nos oreilles modernes aussi extravagantes que bizarres, et ce malgré le fait – ajoutera-t-on peut-être – qu’elles sont esthétiquement fort jolies. Oh oui, elles sont fort jolies, on peut le dire ! Et elles sont très bien dites, ajoutera-t-on sans doute aussi ! Et qu’il était beau, ce pauvre homme, vraiment ! Et cetera.

    La conciliation des contraires

    La conjonction du poétique et du politique – la tentative de mobiliser les masses en invoquant un souffle poétique ou spirituel – est, il est vrai, une contradiction dans les termes. Mais il y a contradiction et contradiction. Il y a, d’une part, les contradictions affreuses, les non-sens dépourvus de sens. Et il y a, d’autre part, la Grande Contradiction – l’« étreinte des contraires », comme je l’appelle – qui, comme Héraclite le savait déjà, conduit le monde et la vie : cette vie qui n’existerait jamais sans être aiguillonnée par la mort ; ou cet ordre de l’intelligible qui n’existerait jamais sans être entrelacé avec celui du sensible ou de l’émotion.

    Qu’est-ce que ce désir, qu’est-ce que ce combat ? Il s’agit d’une aspiration et d’une lutte – l’essence même du projet joséantonien – où s’entremêlent deux termes on ne peut plus contradictoires : révolution et conservation. La révolution qui conduit à rompre avec l’ancienne conception rétrograde du monde, tout en conservant tout ce que, de la tradition, il est impératif de préserver.

    C’est là, dans cet embrassement des contraires, que se situe la conjonction du politique et du poétique : dans le combat qui, nécessairement enlisé dans la boue de l’espace public, est animé d’une aspiration poétique ou spirituelle.

    Le nœud de la révolution et de la conservation

    Ce qu’il faut rompre, selon José Antonio, ce sont les flagrantes injustices sociales du capitalisme libéral (non pas, bien sûr, pour les remplacer par les injustices bien pires du socialisme). Mais ce à quoi il faut mettre également fin, c’est au dépérissement des choses, à la perte de leur sève ou de leur substance : cette conséquence de l’individualisme et du matérialisme qui conduit, écrit-il, « non pas à la mort par catastrophe, mais à la stagnation dans une existence sans grâce ni espoir, où toutes les attitudes collectives naissent chétives […] et où la vie de la communauté s’aplatit, s’entrave, sombrant dans le mauvais goût et la médiocrité ».

    Face à cette vie médiocre et chétive, il s’agit d’élever son souffle poétique, de miser sur la renaissance spirituelle d’un monde gouverné aujourd’hui par des désirs matériels exclusifs et présidé par l’égalité et les libertés que, contrairement à ce que prétendent ses ennemis, José Antonio ne rejette nullement. Au contraire, tout en regrettant leur caractère purement formel, il cherche à les revitaliser, à leur donner un sens et un contenu réels.

    C’est pourquoi il écrit : « Lecteur, si tu vis dans un État libéral, essaie d’être millionnaire, beau, intelligent et fort. Alors, oui […], la vie est à toi. Tu auras la presse pour exercer ta liberté de pensée, des automobiles pour exercer ta liberté de mouvement. Si tu n’en as pas, si tu n’es pas au cœur du pouvoir économique, tu resteras dans le caniveau. »

    La nation au cœur

    Et avec tout cela, l’Espagne, la Nation : cette « unité de destin ».

    La nation, la patrie : le grand pilier de cet ordre substantiel et organique pour lequel José Antonio plaide et qui est aux antipodes de ce que Zygmunt Bauman appelle la « modernité liquide ».

    La nation, la patrie : le lieu de la tradition, des origines, du destin. De tout ce sans quoi nous ne serions rien ni ne dirions rien.

    La nation, l’histoire, la tradition : cette lave incandescente qui se déploie au fil des siècles, reliant les vivants aux morts et les projetant vers ceux qui viendront à l’avenir.

    La nation : la négation du nationalisme étroit, maussade, grossier, car la patrie, comprise comme elle doit l’être, représente la négation même du patriotisme grossier, plat, chauvin.

    La nation : cette unité de destin qui s’oppose au terroir, dont José Antonio combat farouchement l’étroitesse provinciale.

    Et le franquisme dans tout cela ?

    Quel rapport tout cela a-t-il avec le régime mis en place après la victoire du camp national dans la guerre civile ? Le franquisme a fait de José Antonio un saint et a porté la Phalange sur les autels ; mais ses idéaux n’avaient pas grand-chose à voir avec la réalité de ce régime prosaïque, gris, de plus en plus bourgeois, si éloigné du souffle poétique qui « conduit les peuples ».

    Qu’y avait-il de commun entre « l’Espagne joyeuse et en jupe courte » prônée par José Antonio et l’Espagne pudibonde, aux vêtements bienséants et à la pruderie dominante que l’on encourageait du haut des chaires ? La vérité, c’est qu’au-delà des apparences, au-delà de l’attirail de ceintures, d’escadrons et de chemises bleues, les deux n’ont pratiquement rien à voir.

    Quinze jours avant d’être fusillé, et alors qu’il se proposait comme médiateur pour essayer de faire cesser l’affrontement mortel entre les deux camps, José Antonio avait eu lui-même l’intuition de tout ce qui le séparait du franquisme naissant. En des termes sommaires – ce sont les notes d’un brouillon – mais profonds et durs, il avait analysé la nature sociale, politique et idéologique de ceux qui avaient pris les armes.

    La grandeur de José Antonio

    « Un groupe, écrit-il, de généraux d’une médiocrité politique désolante. De purs clichés élémentaires (ordre, pacification des esprits…). Derrière eux : 1) le vieux carlisme intransigeant, borné, inamical. 2) Les classes conservatrices, intéressées, myopes, paresseuses. 3) Le capitalisme agraire et financier, c’est-à-dire : […] l’absence d’un profond sens national ».

    Le profond sens national, la clairvoyance, le regard d’aigle : voilà ce qui caractérisait l’homme qui, par un de ces miracles qui ne se produisent que de loin en loin, réunissait deux traits extraordinaires : celui d’un combattant aguerri au combat acharné de l’arène politique, et celui d’un penseur profond et subtil, consacré aux grands défis de l’esprit.

    Mais ce miracle fut de courte durée, à peine cinq ans. La rafale d’un peloton de miliciens l’a tué. Ceux qui ont appuyé sur la détente sont pareils aux pilleurs de tombe qui s’imaginent aujourd’hui pouvoir effacer la présence de José Antonio. Vaine tentative ! Car ils ne peuvent rien contre la présence et la mémoire du seul politicien-poète, du seul politicien-philosophe de l’histoire espagnole.

    Javier Portella, traduction d’Arnaud Imatz (Site de la revue Éléments, 24 mai 2023)

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