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  • La révolte des Gaulois...

    Les éditions Leo Scheer viennent de publier un essai d'Aymeric Patricot intitulé La révolte des Gaulois. Agrégé de Lettres, diplômé d'HEC et de l'EHESS, Aymeric Patricot est professeur, romancier et essayiste. Il est déjà l'auteur de plusieurs ouvrages, comme Autoportrait du professeur en territoire difficile (Gallimard, 2011) ou Les petits Blancs - Un voyage dans la France d'en bas (Plein jour, 2013).

     

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    Et si la crise des Gilets jaunes était aussi la révolte de ces «Gaulois réfractaires» dont parlait Emmanuel Macron ? L’indignation d’ordre économique et social recouperait un besoin de reconnaissance culturelle de la part de ceux que l’on désigne comme des Gaulois, c’est-à-dire des Blancs modestes de province. Et l’on assisterait ainsi à l’équivalent français du whitelash, ce mouvement de protestation des Blancs paupérisés contre la place accordée aux minorités aux États-Unis. Pourquoi ces Gaulois s’estiment-ils stigmatisés ? Pourquoi pensent-ils ne pas avoir droit au chapitre dans le débat sur les cultures minoritaires au sein des démocraties modernes ? Ne représentent-ils pas décidément une communauté impossible, désignée comme coupable alors qu’on leur répète qu’elle n’existe pas, tenue pour majoritaire alors qu’elle se vit comme reléguée ? Mobilisant le récit et l’analyse, cet essai littéraire et sociologique poursuit une réflexion débutée dans Les Petits Blancs (2015), devenus des Gilets Jaunes (l’équivalent des «White Trash» américains). Aymeric Patricot, à partir de ses observations et de témoignages, veut nous faire voir ces Français dont la paupérisation croissante nourrit leur marginalisation et leur colère contre le gouvernement.

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  • Non, l’islamoscepticisme n’est pas un crime !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue du juriste strasbourgeois Ivan Aubert, cueilli sur le site du Cercle Droit & Liberté, consacré à l'affaire Mila et à la liberté de tenir des propos hostiles à la religion musulmane.

     

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    Non, l’islamoscepticisme n’est pas un crime

    La jeune Mila, « instagrameuse » de 17 ans, vient d’être rescolarisée sous protection le 10 février dernier. Pour rappel, sa vie est toujours menacée après avoir notamment déclaré « je déteste la religion, le coran est une religion de haine, il n’y a que de la haine là-dedans, l’Islam c’est de la merde ».

    Dans un pays où plus de 260 de nos compatriotes (1) sont récemment tombés sous le coup des fusils et pare-chocs de fanatiques agissant au nom de cette religion et de nulle autre, où des journalistes sont morts assassinés pour cette même raison, il apparaît légitime de s’en inquiéter. Ce qui inquiète, ce qui choque, c’est surtout que les soutiens à cette adolescente se comptent sur les doigts d’une main. Parmi eux le site militant Bellica, le journal Marianne, Marlène Schiappa, et quelques autres (2 & 3). Où est passé l’esprit Charlie ?

    Tout commence à l’issu d’une discussion sur les réseaux sociaux au cours de laquelle son homosexualité est ouvertement abordée. Des musulmans lui souhaitent alors de « bruler en enfer » et l’invectivent de « sale Française » ou encore de « sale gouine ». Pleuvent ensuite menaces de mort et de viol. Ses agresseurs invoquent le dogme de la religion musulmane à l’appui de leurs arguments.

    Sa vie est depuis menacée, et les ligues de défenses, d’habitude si promptes à réagir, restent étonnement silencieuses.

    Cette affaire est grave, non seulement parce qu’elle confirme ce que nombre d’études statistiques ont démontré, à savoir que la première menace en France contre l’égalité entre hommes et femmes et contre les droits de l’Homme est aujourd’hui le fait d’individus se revendiquant musulmans (4), mais aussi parce qu’elle laisse présager un effritement de principes juridiques primordiaux. Parmi eux, les plus importantes des libertés fondamentales : les libertés de conscience et d’expression.

    Le blasphème : ce crime qui n’en est pas un

    Bien que certains de nos voisins - dont l’Italie et la Grèce (5)- reconnaissent le blasphème comme infraction, la France est de par son Histoire très attachée à la liberté d’expression, notamment concernant la religion. Le blasphème, c’est-à-dire l’expression « irrévérencieuse » sur un sujet sacré, est, du fait de sa définition éminemment subjective, permis. Certains pays, tous musulmans, prévoient quant à eux la peine de mort pour ce que nous concevons comme une facette de la liberté d’expression (6).

    La liberté d’expression, d’exprimer son désaccord, et de choquer

    La liberté d’expression existe-t-elle vraiment si elle ne couvre que les propos consensuels et politiquement corrects ?  Le désaccord voire le trouble qu’elle est amenée à susciter dans l’esprit de chacun peut-elle légitimement lui faire obstacle ? Non, et c’est d’ailleurs ce que la CEDH affirme lorsqu’en 1994 elle rappelle dans l’arrêt « Otto-Preminger-Institut c. Autriche » (7) que l'article 10 de la Convention consacrant la liberté d’expression protège aussi les propos qui "heurtent, choquent ou inquiètent", et même « la propagation de doctrines hostiles à [la] foi [des croyants]".

    La liberté d’expression n’est cependant pas sans limite : la provocation « à la discrimination, à la haine ou à la violence à l'égard d'une personne ou d'un groupe de personnes à raison de […] leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée, seront punis » par des peines d’emprisonnement et/ou d’amendes nous dit la loi de 1881 sur la liberté de la presse. Les mêmes peines sont prévues en cas d’appel à la haine en raison de l’orientation sexuelle (8).

    En d’autres termes, Mila, qui exprimait son avis -qu’elle présentait comme tel - à propos d’une religion et non de personnes, était dans le champ de la liberté d’expression.

    Ceux qui l’ont agressée ou qui soutiennent ces agressions par leurs explications et justifications se trouvent en dehors de ce champ. Ils doivent être poursuivis et sanctionnés.

    Outre ses nombreux agresseurs parés de la lâcheté de l’anonymat, notons aussi la réaction du  Conseil français du culte musulman qui par la voix de son représentant a affirmé lors d’une émission de radio que « qui sème le vent récolte la tempête ».

    En parallèle de ces justifications patentes se retrouvent de trop nombreuses explications qui confondent ce qu’il est convenable de dire, et ce qu’on a le droit de dire. On y compte Edouard Louis, militant LGBT qui estime que « la liberté, le progrès, c’est qu’il y a des choses qu’on ne peut pas dire » (9), mais aussi Alain Finkielkraut qui dénonce ce « dégueulis verbal » (10). Confondre la sphère de la convenance et celle de la légalité, prendre appui sur la valeur d’un propos pour juger de son droit à exister, n’est-ce pas là le plus dangereux des raisonnements ? Cette confusion ressemble plus à une fuite qu’à une réponse : aborder la convenance, c’est refuser d’aborder le droit de penser et d’exprimer son désaccord, aussi outrancier que d’aucuns puissent le juger. C’est permettre qu’un droit fondamental soit soumis à la discrétion de chacun et faire du débat et de la sphère publiques un « safe space » infertile.

    L’ancien ministre Brice Hortefeux (11) relève lui des propos « inutilement agressifs et injurieux ». On regrette une fois de plus également la confusion qu’il existe entre objectif et subjectif. Brouiller les deux domaines, c’est refuser son rôle de la loi : si chacun peut se sentir attaqué, voire insulté, les textes du législateur ne doivent, au risque de dénaturer leur justice et leur équilibre, que condamner ce qui est objectivement insultant.

    C’est ce qu’ils font, appliquons-les.

    Ivan Aubert (Cercle Droit & liberté, 17 février 2020)

     

    Notes :

    (1) https://www.lefigaro.fr/international/depuis-2012-263-personnes-sont-mortes-dans-des-attentats-islamistes-en-france-20191007

    (2) https://www.marianne.net/societe/mila-16-ans-menacee-de-mort-pour-avoir-critique-l-islam

    (3) http://www.leparisien.fr/faits-divers/je-suis-mila-marlene-schiappa-denonce-les-propos-criminels-du-delegue-general-du-cfcm-28-01-2020-8246280.php

    (4) https://www.ifop.com/wp-content/uploads/2019/11/116798_Rapport_ifop_ELLE_2019.10.21.pdf

    p. 45 et suivantes, il est mis en exergue que les musulmans (ainsi que les personnes « de gauche » sont beaucoup plus susceptibles de réaliser des agressions sexuelles que le reste de la population. Le rapport illustre aussi l’avis de l’échantillon de population musulmane interrogée sur les droits des femmes.

    (5) https://www.institutmontaigne.org/blog/le-blaspheme-en-france-et-en-europe-droit-ou-delit

    (6) https://www.france24.com/fr/20181031-pakistan-blaspheme-delit-crime-peine-mort-europe-loi-repressive-religion-islam-catholicisme

    (7) http://host.uniroma3.it/progetti/cedir/cedir/Giur_doc/Corte_Stras/Otto-Prem_Aut1994.pdf

    (8)

    https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexteArticle.do?idArticle=LEGIARTI000029759703&cidTexte=JORFTEXT000000877119&categorieLien=id

    https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?idArticle=LEGIARTI000006417660&cidTexte=LEGITEXT000006070719&dateTexte=20020101

    (9) https://www.valeursactuelles.com/societe/affaire-mila-pour-lauteur-militant-edouard-louis-la-liberte-le-progres-cest-quil-y-des-choses-quon-ne-peut-pas-dire-115877

    (10) https://www.bfmtv.com/mediaplayer/video/pour-alain-finkielkraut-les-propos-de-mila-sont-du-degueulis-verbal-1221335.html

    (11) https://www.bfmtv.com/mediaplayer/video/brice-hortefeux-les-propos-de-mila-sont-inutilement-agressifs-et-injurieux-1221279.html

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  • Révolte contre l'esprit bourgeois...

    Les Amis de la Culture européenne viennent de rééditer un opuscule de Karl Höffkes intitulé Wandervogel - Révolte contre l'esprit bourgeois, qui présente de façon sensible ce mouvement identitaire, écologiste et anti-bourgeois de la jeunesse allemande d'avant la première guerre mondiale, auquel appartint, par exemple, Ernst Jünger, et qui reste mal connu en France.

    Pour aller plus loin sur ce sujet, on pourra utilement consulter le site Wandervogel - Histoire des mouvements de jeunesse: scouts, camping, auberges de jeunesse...

     

    Höffkes_Wandervogel-Révolte contre l'esprit bourgeois.jpg

     

    " « Imaginons une nuit froide de janvier. Sur les champs abandonnés, sur les branches des pins mutilés qui jalonnent le chemin, il y a encore de la neige.
    Un poteau indicateur, taillé à la main, semble perdu au milieu de ce paysage sans vie. Il leur a souvent servi de point de rassemblement et indique : « Zum Fichteberg : 1 km ».
    Après tant d’années de vagabondages joyeux, les voilà qui entreprennent la dernière marche en commun. Demain, déjà, l’un des deux jeunes gens qui suivent ce chemin durci par le gel, quittera la ville pour séjourner pendant des années à Constantinople. Et les voilà qui atteignent le sommet où trône un imposant château d’eau… »

    L’histoire étonnante du réveil au début du siècle dernier de toute une jeunesse allemande éprise de liberté. Le monde bourgeois des instituteurs et des parents devra être proscrit et ne vaudra pas les grandes randonnées entre jeunes à travers tout le Reich. "

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  • Les médias nous racontent-ils des bobards ?...

    Vous pouvez découvrir un entretien donné par Jean-Yves Le Gallou à Vincent Lapierre pour son émission Eurêka sur Le Média pour tous, dans lequel la question de la désinformation dans les médias du système. Ancien haut-fonctionnaire, président de la Fondation Polémia, Jean-Yves Le Gallou a, notamment, publié La tyrannie médiatique (Via Romana, 2013),  Immigration : la catastrophe - Que faire ? (Via Romana, 2016) et Européen d'abord - Essai sur la préférence de civilisation (Via Romana, 2018).

     

                                         

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  • Métamorphoses de la ville...

    Les éditions La Barque d'or viennent de rééditer dans une version actualisée un essai de Pierre Le Vigan intitulé Métamorphoses de la ville - De Romulus à Le Corbusier. Urbaniste, collaborateur des revues Eléments, Krisis et Perspectives libres, Pierre Le Vigan a notamment publié Inventaire de la modernité avant liquidation (Avatar, 2007), Le Front du Cachalot (Dualpha, 2009), La banlieue contre la ville (La Barque d'Or, 2011), Écrire contre la modernité (La Barque d'Or, 2012), Soudain la postmodernité (La Barque d'or, 2015) et dernièrement Achever le nihilisme (Sigest, 2019).

     

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    " Nous sommes de plus en plus nombreux à vivre dans des villes. Mais sont-elles encore des villes ? L'immense majorité des urbains vit en fait en banlieues ou dans le périurbain. Tandis que la France tue ses villes moyennes, celles de "la France périphérique", le monde devient un immense bidonville. Ville-musée, ville-marché, les villes sont faites pour des hommes interchangeables. Ces villes hyper-modernes et hypertrophiées connaissent une croissance sans fin. Les terres artificialisées se développent jusqu'à consommer tout le sol. Cette croissance sans limites mène à des catastrophes. Il y a pourtant d'autres solutions que la ville grands ensembles ou la ville pavillonnaire. L'habitat groupé, des éco-quartiers peuvent être créés. La relocalisation des villes dans leur contexte historique est possible. Des villes différentes selon les peuples. La condition est de sortir du libre échangisme mondial, de la marchandisation à outrance, et des modèles internationaux. Mégalopoles ou cités humaines ? Il est encore temps de choisir. "

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  • De l'Iran au Mali : regard sur l'arc des crises...

    Nous reproduisons ci-dessous entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire, dans lequel il évoque l'actualité politique internationale sur l'arc des crises, de l'Iran au Mali... Philosophe et essayiste, directeur des revues Nouvelle École et Krisis, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Ce que penser veut dire (Rocher, 2017) et Contre le libéralisme (Rocher, 2019).

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    Alain de Benoist : « Face à l’Iran, les Israéliens seront toujours prêts à mourir jusqu’au dernier Américain ! »

    Après l’assassinat du général Qassem Soleimani, l’un des personnages-clés les plus populaires de la scène politique iranienne, dans l’une de ces « frappes ciblées » dont les États-Unis ont le secret, beaucoup s’attendaient à une rapide montée aux extrêmes. La riposte iranienne a pourtant été plutôt modérée. Mise en scène ou jeu de dupes ?

    L’assassinat du général Soleimani était pourtant un acte de guerre. Et même si les mots ont un sens, un crime de guerre – ce qui ne l’a pas empêché d’être accueilli avec jubilation par Jaïr Bolsonaro et par Matteo Salvini, président du fan-club des supporters italiens de Netanyahou. Ce meurtre, organisé à partir de la base américaine de Ramstein, en Allemagne, grâce à des renseignements fournis par le Mossad à la CIA, est aussi un événement historique, car c’est la première fois que les États-Unis revendiquent ouvertement l’élimination d’un dirigeant de premier plan d’un État souverain avec lequel ils ne sont pas officiellement en guerre. Rien à voir, par conséquent, avec l’élimination de Ben Laden ou d’Abou Bakr al-Baghadi. Pour trouver un précédent, il faut remonter à l’assassinat de l’amiral Isoroku Yamamoto, en avril 1943, mais c’était dans le cadre de la guerre du Pacifique. Depuis, ce sont plutôt les services secrets qui tuent dans l’ombre ceux qu’ils veulent éliminer. Pour en avoir une bonne idée, lisez Lève-toi et tue le premier, le livre que vient de faire paraître Ronen Bergman, journaliste au quotidien israélien Yediot Aharonot, qui dresse une liste de 2.700 assassinats ciblés perpétrés, depuis sa création, par le Mossad (plus que la CIA et le KGB réunis).

    À cet assassinat, les Iraniens ont en effet répondu de façon somme toute modérée, en faisant savoir à l’avance aux Américains, par l’intermédiaire des Irakiens, qu’ils allaient frapper une de leurs bases situées en Irak, ce qui a permis l’évacuation des soldats qui s’y trouvaient. Il est probable que l’ a bien compris que Trump voulait avant tout séduire ses électeurs « sionistes évangéliques » et qu’il n’avait pas l’intention de s’engager dans une nouvelle guerre avant l’élection présidentielle de novembre prochain. Cela dit, le Proche-Orient étant ce qu’il est, Trump, avec sa brutalité et son mépris du droit international habituels, a pris des risques considérables car, dans cette région du monde, le moindre accident peut facilement dégénérer. Attendons la suite, car il y en aura une. Face à l’, les Israéliens seront toujours prêts à mourir jusqu’au dernier Américain.

    Lorsque Emmanuel Macron a tenté de jouer les intermédiaires entre Téhéran et Washington, Ali Khamenei, le Guide suprême iranien, a déclaré que le Président français était un naïf ou un complice de l’Amérique. La voix de la France semble ne plus être entendue au Proche-Orient. Pourquoi ?

    Parce qu’elle n’est plus audible et surtout parce qu’elle n’est plus crédible. Depuis qu’elle a abandonné toute « politique arabe », c’est-à-dire depuis que les néoconservateurs atlantistes font la loi au Quai d’Orsay, la France ne cessé de se discréditer au Proche-Orient, où elle était autrefois respectée et écoutée. Elle a assisté, sans mot dire, au démantèlement de l’Irak de Saddam Hussein. Elle a pris une part active au lynchage de Kadhafi et s’entête à soutenir, en Libye, le gouvernement fantoche de Fayez el-Serraj. Alors que, depuis l’ère Obama, les États-Unis semblaient avoir amorcé un désengagement, au moins partiel, dans la région, tandis que les Anglais s’embourbaient dans leurs affaires intérieures, au lieu de tenter d’exploiter la situation à notre profit, nous avons rompu toute relation avec Damas pour soutenir objectivement des groupes terroristes hostiles au gouvernement syrien (Al-Nosra, aujourd’hui Hayat Tahrir al-Cham). Vis-à-vis de la Turquie, nous ne savons pas sur quel pied danser. Au lieu de soutenir les chiites dans leur lutte contre les sunnites, nous n’avons pas réagi à des sanctions contre l’Iran qui nous visaient indirectement aussi, et nous nous sommes aplatis devant la prétention américaine à faire reconnaître par le monde entier la monstrueuse extraterritorialité de leurs réglementations juridiques et commerciales. Plus récemment encore, Macron n’a rien trouvé à redire au plan Donald Trump pour la « paix au Proche-Orient », qui n’était qu’une déclaration de guerre aux Palestiniens destinée à conforter dans ses positions un Netanyahou menacé d’être jugé pour corruption aggravée. Alors que Vladimir Poutine est, aujourd’hui, devenu l’incontournable maître du jeu au Proche-Orient, parce qu’il est le seul à pouvoir parler avec les mollahs iraniens comme avec Netanyahou, avec les Américains comme les Syriens, avec Erdoğan comme avec les pays du Golfe, nous n’avons plus personne comme interlocuteur et nous n’avons quasiment plus de renseignements sur quoi que ce soit.

    Et la guerre qui se poursuit au Sahel ? Peut-elle être gagnée ?

    Compte tenu de la disproportion des forces engagées (quelques milliers d’hommes censés « pacifier » un territoire aussi grand que l’Europe), elle ne peut l’être en aucun cas. On peut, en revanche, gagner du temps et espérer stabiliser la situation pour qu’elle ne s’aggrave pas. Mais encore faut-il se demander au profit de qui. Cette guerre n’aura, en effet, aucun sens aussi longtemps que l’on n’aura pas compris que le problème est avant tout politique, et non pas militaire, et que l’agitation « islamiste » dans la région n’est que la surinfection de conflits ethniques séculaires opposant, dans les pays de la bande saharo-sahélienne, les agriculteurs sédentaires du sud et les pasteurs nomades du nord (Peuls et Touaregs). Aussi longtemps que nous n’imposerons pas aux gouvernements que nous aidons – ce dont ils ne nous sont guère reconnaissants, d’ailleurs – de procéder aux réformes politiques qui, seules, permettraient d’apaiser ces conflits, nous perdrons notre temps et mettrons la vie de nos soldats en danger pour rien. Le drame est que l’opinion publique, qui ne comprend pas que la politique extérieure est, sur le long terme, la seule qui compte, ne connaît pas plus ce dossier qu’elle ne connaît les autres – puisqu’elle prend la Crimée pour une partie de l’Ukraine et les séparatistes de Hong Kong pour des militants « pro-démocratie » !

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 24 février 2020)

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