Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 6

  • Contre la pensée unique !...

    Les éditions Odile Jacob viennent de publier Contre la pensée unique, un essai du linguiste Claude Hagège, dans lequel ce dernier s'en prend vigoureusement à l'hégémonie de la langue anglaise, qui est aussi le meilleur vecteur du néo-libéralisme. Le célèbre auteur de L'homme de paroles a récemment publié un Dictionnaire amoureux des langues (Plon, 2009).

    Contre la pensée unique.jpg

    "Ce livre est un plaidoyer contre la pensée unique. Ce livre est un appel à la résistance. Quand l'essentiel n'est plus distingué de l'accessoire, quand les projets intellectuels de haute volée se heurtent à la puissante inertie de la médiocrité ambiante et des petits desseins, quand l'uniformisation s'installe dans les goûts, les idées, dans la vie quotidienne, dans la conception même de l'existence, alors la pensée unique domine. La langue anglaise domine le monde et sert aujourd'hui de support à cette pensée unique. Mais le français est bien vivant. Et nombreux sont ceux, de par le monde, qui en mesurent l'apport au combat de l'homme pour la liberté de l'esprit. C'est l'objet de ce livre que de proposer de nouvelles pistes pour déployer encore plus largement de nouvelles formes d'inventivité et de créativité."

     

    Lien permanent Catégories : Livres 0 commentaire Pin it!
  • Le peuple !...

    Le nouveau numéro d'Eléments est en kiosque. il est aussi disponible sur le site de la revue.  Vous pouvez lire ci-dessous l'éditorial de Robert de Herte, alias Alain de Benoist, consacré au peuple.

    Eléments 142.jpg

     

    Le peuple
     
    Le mot « peuple » peut avoir deux sens différents, selon qu’on l’envisage comme un tout (un territoire et l’ensemble des habitants qui l’occupent, l’ensemble des membres du corps civique) ou comme une partie de ce tout (les « classes populaires »). Dans la langue française, le « peuple » a d’abord désigné un ensemble de personnes liées par une communauté d’origine, d’habitat, de coutumes et d’institutions. C’est le sens que le terme revêt lorsqu’il apparaît au IXe siècle, notamment dans les Serments de Strasbourg (842). Mais la seconde acception s’est répandue très vite: le peuple « populaire », par opposition aux élites dominantes, ce sont les « petites gens », les « gens de peu », ce « menu peuple », comme on disait au XVIIIe siècle, dont la définition ne se réduit nullement à une simple dimension économique (contrairement aux « déshérités » ou aux « plus démunis »).

    Cette ambivalence est extrêmement ancienne. Elle remonte à la Grèce archaïque, le mot dèmos étant lui-même déjà attesté dans le syllabaire mycénien (da-mo). A l’origine, le dèmos représente une façon de penser la communauté en rapport étroit au territoire qui est le sien et sur lequel s’exerce l’autorité de ses dirigeants (d’où le « dème », circonscription territoriale et administrative). Cette dimension territoriale du dèmos est directement liée à sa dimension politique. Déjà dans les textes homériques, le dèmos ne se confond nullement avec l’ethnos. Il se distingue aussi du laos, qui se rapporte plutôt à un groupe d’hommes placés sous l’autorité d’un chef. A Sparte, c’est à travers la notion de dèmos que se met en place l’idéal du citoyen-soldat. A Athènes, le dèmos se rapporte à l’ensemble des citoyens, c’est-à-dire à la communauté politique formant l’élément humain de la polis. En tant que sujet de l’action collective, c’est lui qui crée l’espace commun à partir duquel peut se développer une existence sociale proprement politique.

    A partir du Ve siècle av. notre ère, le terme dèmos désigne aussi la démocratie, prenant du même coup une résonance péjorative chez ceux qui stigmatisent l’exercice du kratos par le dèmos. Mais il désigne aussi un « parti populaire », équivalent de la plebs romaine, dont on trouve déjà trace dans les textes de Solon.

    Le principe de la démocratie n’est pas celui de l’égalité naturelle des hommes entre eux, mais celui de l’égalité politique de tous les citoyens. La « compétence » à participer à la vie publique n’a pas d’autre source que le fait d’être citoyen. « Nous ne naissons pas égaux, écrit Hannah Arendt, nous devenons égaux en tant que membres d’un groupe, en vertu de notre décision de nous garantir mutuellement des droits égaux ». Le peuple, en démocratie, n’exprime pas par son vote des propositions qui seraient plus « vraies » que d’autres. Il fait savoir où vont ses préférences et s’il soutient ou désavoue ses dirigeants. Comme l’écrit très justement Antoine Chollet, « dans une démocratie, le peuple n’a ni tort ni raison, mais il décide ». C’est le fondement même de la légitimité démocratique. C’est bien pourquoi la question de savoir qui est citoyen – et qui ne l’est pas – est la question fondatrice de toute pratique démocratique. Pareillement, la définition démocratique de la liberté n’est pas l’absence de contrainte, comme dans la doctrine libérale ou chez Hobbes (« the absence of externall impediment », lit-on dans le Leviathan, 14), mais s’identifie à la possibilité pour chacun de participer à la définition collective des contraintes sociales. Les libertés, toujours concrètes, s’appliquent à des domaines spécifiques et des situations particulières.

    Un peuple a beau être composé d’une multitude de singularités, il n’en forme pas moins un tout, et ce tout a des qualités spécifiques indépendantes de celles que l’on retrouve chez les individus qui le composent. C’est parce que le peuple forme un tout que le bien commun ne s’identifie pas à un « intérêt général » qui ne serait qu’une simple somme d’intérêts individuels. Le bien commun est irréductible à tout partage. Il n’est pas redevable d’une définition morale, mais d’une définition politique.

    Il y a dans tout gouvernement représentatif une évidente inflexion antidémocratique, ce qu’avait bien vu Rousseau (« A l’instant qu’un peuple se donne des représentants, il n’est plus libre; il n’est plus », Contrat social, III,15). La participation politique y est en effet limitée aux seules consultations électorales, ce qui signifie que le démos ne regroupe plus des acteurs, mais seulement des électeurs. On y affirme implicitement que le peuple ne peut pas prendre lui-même la parole, qu’il ne doit pas donner directement son avis sur les problèmes de l’heure ou sur des décisions qui engagent son avenir, qu’il y a même des sujets qui doivent être soustraits à son appréciation, les décisions et les choix devant être exercés par les seuls représentants qu’il désigne, c’est-à-dire par des élites qui n’ont cessé de trahir ceux dont elles tenaient le pouvoir, au premier rang desquelles se tiennent les experts, qui confondent régulièrement les moyens et les fins.

    C’est à partir du XVIIIe siècle, au moment où l’on invente la « société », que la perception sociale du peuple se transforme. D’un côté, on théorise l’« âme du peuple » (Volksseele), de l’autre on voit dans le peuple – les classes populaires – un nouvel acteur social capable de remettre en cause les anciennes hiérarchies. Au XIXe siècle, la droite conservatrice défend avant tout le peuple comme totalité – avec un net glissement du dèmos à l’ethnos –, en même temps qu’elle développe une mystique de l’unité nationale allant jusqu’à l’« union sacrée », tandis que les socialistes défendent les classes populaires. Dissociation profondément artificielle, puisque les « gens du peuple » ont toujours formé la vaste majorité du « peuple ». Le peuple doit en fait être défendu dans toutes ses dimensions.

    L’exemple de la Commune de Paris est à cet égard remarquable, puisque ce mouvement a cristallisé à la fois une réaction patriotique (la peur d’assister à l’entrée des troupes prussiennes dans Paris) et une réaction prolétarienne (la crainte d’une réaction monarchique contre le résultat des élections de février 1871).

    Au cours de ces journées, qui s’achèveront dans le sang, le peuple parisien insurgé prend le pouvoir. En quelques semaines, il parvient à prolonger les mots d’ordre par des programmes, à esquisser au-delà des mesures d’urgence une forme institutionnelle inédite. En matière de représentation, la Commune élit elle-même ses délégués et proclame la révocabilité des mandats. Sur le plan social, elle supprime les amendes sur les salaires, prévoit la gratuité de la justice et l’élection des magistrats. Elle décide aussi la séparation de l’Église et de l’État, arrête le principe de l’enseignement gratuit et obligatoire, se prononce même pour le « gouvernement du monde des arts par les artistes ». L’inspiration générale est celle du fédéralisme proudhonien. L’association des travailleurs est posée comme le principe de base de l’organisation de la production. Les Versaillais empêcheront ce programme de se réaliser. « Le cadavre est à terre, mais l’idée est debout », dira Victor Hugo.

    Robert de Herte (Eléments n°142, janvier - mars 2012)

    Lien permanent Catégories : Textes 0 commentaire Pin it!
  • Tour d'horizon... (21)

    Cher leader.jpg

    Au sommaire cette semaine :

    - sur le site de l'hebdomadaire le Point, Claude Imbert prend position contre la loi sur le génocide arménien...

    Contre l'État historien

    lois mémorielles.jpg

    - sur son blog, Bernard Lugan revient sur les pseudo-révélations concernant l'attentat contre le président du Rwanda en 1994, qui "blanchissent" opportunément les Tutsis de Paul Kagamé...

    L’assassinat du président Habyarimana : entre certitudes, interrogations et « enfumage »

    claude imbert, lois mémorielles, génocide, intérête national, histoire, mémoire, bernard lugan, rwandan,kagamé, habyarimana, désinformation, enfumage

    Lien permanent Catégories : Tour d'horizon 0 commentaire Pin it!
  • Un nouveau Tiers Etat ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien avec le politologue Dominique Reynié, cueilli sur le site Atlantico et consacré à la montée en puissance de Marine le Pen dans l'électorat...

    tiers etat marine le pen.jpg

     

    Les 30% d'électeurs "d'accord avec les idées" du FN sont un nouveau Tiers état

    Ils sont de plus en plus nombreux, ces Français qui envisagent de voter FN. Dangereux ? Antidémocratiques ? Ils cherchent surtout à rompre avec un système politique qui n'a cessé de les décevoir. Et si, en pleine crise, l’inacceptable était finalement devenu envisageable et politiquement correct ?


    Atlantico : Les intentions de vote pour Marine Le Pen augmentent tandis que le rejet de son parti s'affaiblit. Une enquête TNS Sofres vient de montrer que 31% des Français sont « d’accord avec les idées du FN ». Qu’est ce qui séduit de nouveaux électorats et les amène à se tourner vers le Front national ?

    Dominique Reynié : Je crois que c'est directement lié à des éléments de structure et de conjoncture. La situation économique et financière depuis 2008 laisse penser que la thèse d’une non viabilité du système peut sortir renforcée. Il est beaucoup plus facile de porter un discours très critique à l’encontre de l’Union européenne dans un contexte de crise de l’euro que lorsque les choses fonctionnent correctement.

    Les Français commencent à regarder le Front national et Marine Le Pen comme n’étant pas uniquement porteurs d’un discours protestataire. Le discours parait moins déraisonnable. L’écart entre l’intensité de la critique et la réalité du monde se réduit. Il n’y a pas de modération dans le discours du Front mais il y a une dégradation de la situation générale qui le rend plus audible.

     

    Est-ce qu’un Français peut, aujourd’hui, voter FN et le dire dans une discussion sans que cela paraisse politiquement incorrect ?

    L’impossibilité d’annoncer une intention de vote pour le Front national ou pour Marine Le Pen ne concerne plus que des milieux très particuliers qui ne sont pas du tout représentatifs de la population française. Depuis des années, les Français ont installé le Front dans les choix possibles. C’est notamment le cas depuis 2002. Une famille politique qui atteint le second tour à la présidentielle est forcément une famille politique qui est entendue par la population, même s’il s’agit d’un accident. Il y a une familiarité du public avec cet interlocuteur.

    Par ailleurs, il y a une grande différence rhétorique entre le père et la fille. Le discours de cette dernière est beaucoup plus populaire, on s’y retrouve beaucoup plus facilement. Elle ne s’est d’ailleurs pas rendue coupable des petites phrases qui créaient le scandale par le passé.

     

    Qui sont ces 30% de Français qui ne rejettent plus catégoriquement l’idée d’un vote pour le Front national ?

    Je pense que le vote Front national est le résultat de plusieurs démarches différentes. La première est le fruit d’une pensée très batailleuse, presque anti-républicaine et anti-démocratique. C’est le socle historique en quelques sortes.

    Mais il y a aussi une motivation protestataire. L’intention n’est pas nécessairement de construire un pouvoir alternatif mais de déstabiliser le pouvoir présent et de manifester ainsi sa propre colère. Cet électorat est une sorte de « hacker » politique qui cherche à « planter le système », sans avoir de vraie illusion. Du fait d’un sentiment d’impuissance face au système politique actuel, cet électorat, sans réellement croire au Front national, instrumentalise son offre. C’est une manière de faire payer aux responsables politiques les souffrances du quotidien. Il y a une forme d’amusement aussi dans la vision de l’affolement qu’entraîne l’arrivée possible de Marine Le Pen au second tour.

     

    Il y a aussi un vote de conviction au sens gouvernemental du terme d’électeurs qui pensent que le Front peut faire au moins aussi bien que les partis de gouvernement actuels. Cette frange-là progresse : plus les partis de gouvernement sont en difficulté face à la situation et plus l’écart entre leurs performances et l’incapacité supposée du FN se réduit. On ne peut pas dire aussi facilement qu’hier que le Front n’est qu’un parti protestataire incapable de diriger la France aussi bien que des partis comme l’UMP ou le PS. L’argument de la compétence et de l’expérience joue de moins en moins alors que la crise s’aggrave.

     

    Les derniers sondages montrent que les intentions de vote augmentent. Un tiers d’électeurs « d’accords avec les idées du FN », 30% d’électeurs qui ne rejettent pas l’idée de ce vote. Ces chiffres sont impressionnants mais sont-ils réellement supérieurs à ceux de 2002 ?

    Cela ne fait aucun doute. Il y a bien un tiers de la société française qui regarde en direction du Front national. C’est un nouveau Tiers-Etat. Cette France en difficulté ne comprend pas comment l’Europe pourrait l’aider et cherche une nouvelle puissance publique de référence.

    Les chiffres ne sont pas surprenants. Ils sont supérieurs à 2002. Le discours du Front national était alors encore peu audible. La dénonciation d’une incapacité financière ne trouvait pas l’écoute qu’elle a aujourd’hui en pleine crise. L’impuissance publique actuelle alimente l’ouverture d’une attention nouvelle au Front national.

    Il y a une population plus nombreuse capable de s’intéresser aux thèses du Front national, voire d’y adhérer et de les soutenir. Depuis le premier succès aux municipales de 1983 jusqu’aux cantonales de 2011 au cours desquelles il a fait son meilleur score, le Front national a obtenu une vraie victoire : le nombre d’électeurs qui a voté au moins une fois FN a augmenté. S’il fait tantôt 15%, tantôt 20%, il attire surtout des électeurs différents à chaque fois. Il y a bien un quart des Français qui ont voté au moins une fois FN dans leur vie.

     

    Lorsque médias et politiques dénoncent le « danger » FN, un parti « antirépublicain », quel est l’impact sur les électeurs ?

    J’ai tendance à penser que plus nous avançons, moins ce discours atteint le public intéressé par le Front national. Il y a une rupture entre ces électeurs et les avertissements de personnalités perçues comme impliquées dans le monde qui est rejeté. Typiquement, la critique normative morale et politique atteint difficilement lorsqu’elle vient d’émetteurs considérés comme impliqués dans l’échec systémique. « Que me dites-vous du Front national, vous qui n’êtes pas capables de me rassurer sur mon avenir ? »

    Il y a, à minima, une ignorance de ces discours et au pire, une amplification du phénomène FN. Une partie de l’électorat refuse d’entendre ces avertissements qu’elle trouve illégitime. En réponse, comme en 2002, ce discours peut valider la notion de vote de rupture.

    Par ailleurs, depuis quelques années, les médias ont pour habitude de donner une place croissante à la dérision dans la présentation de la sphère politique qui affecte de manière asymétrique les différents partis. Les partis et les personnalités qui gouvernent ou peuvent gouverner sont systématiquement moqués à la moindre promesse non tenue ou à la moindre phrase de travers. Cette habitude épargne paradoxalement les partis populistes, installant un travail de sape qui décrédibilise de facto les partis de gouvernement plutôt que les partis protestataires de type Front national.

    Dominique Reynié, propos recueillis par Romain Mielcarek (Atlantico, 13 janvier 2012)

    Lien permanent Catégories : Entretiens 0 commentaire Pin it!
  • Fou forêt !...

    Les éditions Pierre-Guillaume de Roux viennent de publier Fou forêt, un essai de Philippe Barthelet consacré à la langue française. Philippe Barthelet , qui tient une chronique hebdomadaire, «L'esprit des mots», consacrée à la langue dans Valeurs actuelles, est écrivain et éditeur. Il a coordonné la publication des Dossiers H sur Ernst Jünger, Joseph de Maistre et Gustave Thibon et a récemment publié Le voyage d'Allemagne (Gallimard, 2010). 

    Fou forêt.jpg

    "Le français ne s’apprend pas, il se conquiert.  C’est un éternel hors-la-loi dont le domaine d’action rejoint un monde plus vaste que l’Hexagone. Fuyant les« autoroutes » du langage automatisé que préconisent  les ministères ; ruant dans les brancards du style académique, le français, traqué de toutes parts, riposte et tend ses embuscades… poétiques. Gare à  « feu follet » : à l’autre bout du monde, il devient soudain « Fou forêt ». « Coloquintes! Volubilis! hé, clématites ! » ne  sont plus de vulgaires injures dans la bouche de Céline, mais tout un jardin extraordinaire aux réminiscences théologiques. Quant aux« âmes chaudes » de Strasbourg, c’est un paradis introuvable que dissimule le délicieux plat de saucisses qu’elles désignent. Promesses bien françaises ? Tant pis si les « péripéties » invoquées par le général de Gaulle au cours de la guerre d’Algérie firent oublier leur sens initial de « catastrophe ». Qu’importe si le célèbre « J’ai la haine » des cités - qui ranime le mot de César - dépasse la sociologie… Le français a du cœur. Ne résista-t-il pas longtemps à la « mort » en lui opposant le « trépas » ?  Il est vrai qu’il tient essentiellement son savoir-vivre de la saveur : à mi-chemin entre le savoir et la sagesse. Une leçon de panache, de poésie et d’humour signée Philippe Barthelet."

     

    Lien permanent Catégories : Livres 0 commentaire Pin it!
  • La Hongrie face à l'Union européenne...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue intéressant de Claude Bourrinet, cueilli sur Voxnr et consacré à la Hongrie...

    Turul.jpg

     
    Hongrie : le soleil se lèverait-il à l’Est ?
     
    Attila serait-il de retour au pays des Huns et des Onoghours (Hungari en latin) ? Le Attila serait-il de retour au pays des Huns et des Onoghours (Hungari en latin) ? Le royaume du roi Istvàn, converti au christianisme sous le nom, vénéré par les Magyars, de Saint-Etienne, va-t-il semer la pagaïe dans une Europe devenue un véritable capharnaüm, et qui, pour le coup, ne sait plus à quel saint se vouer, sinon au marché international ?
    A entendre tel ou tel, par exemple notre Juppé, qui, revenu des froids canadiens à la suite d’une affaire très chaude bien connue de Chirac, se montre depuis quelque temps un serviteur zélé de l’oligarchie transnationale, et s’esclaffe : « Il y a un problème en Hongrie », ou bien, de façon beaucoup moins cocasse, cette déclaration d’un diplomate américain, dont on se demande bien (naïvement) de quoi il se mêle : « L’exclusion de la Hongrie de l’Union européenne n’est plus impensable », propos qui révèlent en passant qui est le vrai maître, à constater l’hystérie de médias qui se sont fait une spécialité de déformer la réalité, de manipuler l’opinion et d’escorter les manœuvres sournoises des services d’espionnage et de déstabilisation de nations qui ont le tort d’aspirer à la maîtrise de leur destin, on se dit qu’un tremblement géopolitique est imminent, et qu’il n’est pas exclu, comme au Kossovo, en Libye etc. qu’ il soit suivi du feu du ciel. Ainsi vont les choses dans notre douce démocratie occidentale, bercée par le ronronnement rassurant de droits de l’homme souples à souhait.

    La promulgation, le premier janvier 2012, de la nouvelle Constitution hongroise, a semé la panique parmi les bureaucrates de Bruxelles. Ne clame-t-elle pas : « Nous sommes fiers de nos ancêtres qui se sont battus pour la survie, la liberté et la souveraineté de notre nation » ? Voilà des accents mâles qui, en effet, risquent de faire pâlir les ouvriers de notre nouvelle Tour de Babel. On notera au passage que le préambule de cette constitution se réclame de l’Europe, mais probablement n’est-ce pas la même que celle qui, actuellement, sert d’antichambre à la dictature mondiale qu’on voudrait bien nous imposer.

    La Constitution hongroise nouvelle formule change radicalement la manière de concevoir et l’Histoire, et la politique. En répudiant l’appellation « République de Hongrie » au profit de « Hongrie » tout court, le FIDESZ (Union civique hongroise) de Viktor Orban veut non seulement rendre la nation au peuple, en considérant comme secondaire la question du régime adopté, mais inscrit aussi son destin dans un passé mythifié, au sens sorélien, en se référant notamment à des emblèmes de l’Histoire hongroise, comme le roi Etienne et la doctrine de la sainte Couronne. Le christianisme est revendiqué comme le cœur de la patrie, ce que maints Tartuffes ont condamné, occultant non seulement ce que clame la Constitution américaine, qui demande à Dieu de bénir l’empire de l’Oncle Sam, mais aussi ce que postule l’Etat sioniste, à savoir qu’il est un Etat juif. Apparemment, il y aurait des « vérités » approuvées au-delà, et des « mensonges » réprouvées en-deçà.
    Les politiques intérieure et extérieure de l’Union européenne sont depuis une décennie devenues un protocole judiciaire, criminalisant les récalcitrants, machine à broyer incarnée par le TPI. Nul doute que l’on trouvera, à terme, un prétexte pour traîner les responsables hongrois devant une justice aux ordres. Déjà, comme si ces points de détail constituaient l’alpha et l’oméga d’une existence digne d’être vécue, on met en exergue la volonté de ces voyous de s’en prendre au mariage homoparental et au droit à l’avortement, et, le comble, de « restaurer un certain ordre moral », prétention qui confine sans doute pour nos censeurs post-soixante-huitards, au crime suprême. Car l’idéologie de la grosse classe petite-bourgeoise internationale est devenue dogme, donc inquisitoriale. Au-delà, nul salut !

    Une mesure qui gêne est sans doute aussi celle qui rejette toute prescription des crimes contre l’humanité commis par le nazisme, mais aussi par les anciens communistes. Il est nécessaire de ramener à la mémoire un passé assez proche, et pas seulement celui qui rappelle les événements d’octobre 56, révolte nationale contre l’empire soviétique qui, soit dit en passant, ne put être écrasée qu’avec l’assentiment des Occidentaux. La mesure vise en fait une classe politique honnie, méprisée, défaite totalement aux dernières élections, cette caste-même qui est soutenue pas l’Union européenne, ce ramassis de staliniens reconvertis en doux agneaux libéraux, en champions du mondialisme et de l’économie de marché. Nous connaissons cette espèce, nous aussi, en France, parmi une gauche bienpensante et bien conformée aux desiderata de l’oligarchie financière. Or il se trouve que ces sociaux-démocrates avaient ruiné le pays, à force d’emprunts inconsidérés. On connaît la musique, et les taux d’intérêt astronomiques, la pression des banques, les combinaisons internationales et les abdications nationales subséquentes. La Grèce et l’Italie, sans compter d’autres pays, sont là pour illustrer une manœuvre qui est trop belle pour n’avoir été calculée savamment. Or, les Hongrois ont dit non, en renationalisant par exemple la banque centrale hongroise !

    L’étincelle qui a mis le feu aux poudres fut cette déclaration « off » du 14 juin 2006, intempestive, désastreuse, à vomir, de l’ancien Premier ministre Ferenc Gyunasàny, dont nous reproduisons le texte d’un cynisme qui jette une lueur significative sur ce que sont nos dirigeants (car on ne fera pas l’injure aux nôtres d’être assez mous pour ne pas partager l’amoralisme de gens qui, au demeurant, s’enorgueillissent de donner des leçons aux peuples…) (1). Des émeutes s’en s’ont suivies, et le bouleversement politique, la révolution (car c’en est une) que nous connaissons.

    Certains commentateurs remarquent qu’il ne subsiste plus de « gauche » en Hongrie. La politique menée par le « Parti Socialiste hongrois », qui a recyclé les ancien apparatchiks en hommes d’affaires, prouve suffisamment, s’il en était encore besoin, qu’il n’existe, qu’il ne peut plus exister, ni de gauche, et, partant, ni de droite, mais plutôt une caste oligarchique internationale contre des peuples dépossédés de leur identité et bafoués dans leurs intérêts. C’est justement un mouvement, une insurrection légale qui s’est produite en Hongrie, une réappropriation par le peuple hongrois de son corps et de son âme.

    Quel sera l’avenir de ce sursaut ? Il semble évident que les USA et leur commis, l’Union européenne, ne resteront pas sans réagir, bien qu’il y ait péril en la demeure, et que le feu puisse se répandre. Car trop de pression risquerait de produire l’effet inverse. Des rétorsions sournoises, malhonnêtes, et des charretées de calomnies, d’injures et de propagande vont sans doute continuer à assaillir ce peuple valeureux. Pour celui-ci, un certain nombre de défis gigantesques sont à relever, dont l’endettement et l’isolement, et probablement la réinsertion identitaire de Hongrois de souche, un tiers de la population totale, dispersés, à la suite du traité inique du Trianon, en 1919,dans les pays voisins, en Slovénie, en Roumanie, en Slovaquie, en Serbie, en Ukraine, en Autriche - sans qu’éclate un conflit toujours latent en Europe centrale. Il est bien dommage que subsiste un contentieux très lourd avec la Russie. D’un point de vue intérieur, il est évident que le parti majoritaire n’a pas intérêt à agresser le pari Jobbik qui, ne cessant de grandir, apparaît comme la partie la plus active du mouvement national. Il est sûr, en tout cas, que tous les regards désabusés, écœurés par la marche des choses en Europe, vont se fixer sur l’expérience hongroise. Son succès retentira comme un gage d’espoir pour les patriotes.
     
    Claude Bourrinet (Voxnr, 5 janvier 2012)

    (1) Traduction des propos de M. Ferenc Gyurcsany :

    « Nous n'avons pas le choix. Il n'y en a pas parce qu'on a merdé sur toute la ligne. Pas un petit peu, beaucoup. En Europe, il n'y a pas d'autre pays où on aurait commis de telles conneries Il est possible de l'expliquer... De toute évidence, nous n'avons pas arrêté de mentir sur tout et dans les grandes largeurs au cours des derniers 18 à 24 mois. Il est clair que pas un seul de nos propos n'était vrai. Nous avons dépassé les possibilités du pays de sorte que (...) nous ne pouvions imaginer plus tôt que la coalition du Parti Socialiste Hongrois et des libéraux aille jusque là. Et pendant ce temps-là, nous avons réussi à ne rien foutre du tout pendant quatre ans. Pas une rame ! Pas une seule mesure gouvernementale importante ne me vient à l'esprit dont nous pourrions être fiers, outre que nous avons au bout du compte tiré le gouvernement de la merde. Rien d'autre. Que va-t-on dire s'il faut expliquer au peuple ce que nous avons foutu. pendant quatre ans ?! »...
    [....]
    « Moi, je pense qu'il est possible de mettre tout ça en œuvre. Je pense qu'il y aura des conflits, oui, mes amis. Il y aura aussi des manifs. Il est bien permis de manifester devant le Parlement ; tôt ou tard, les manifestants s'en lasseront, et ils rentreront chez eux. Il n'est possible d'aboutir que si vous avez foi dans l'essentiel, et si on est d'accord sur l'essentiel en question ».
    [...]
    « Ce que nous pouvions faire au cours du mois écoulé, nous l'avons fait. Et ce que nous avons pu faire en secret les mois précédents pour éviter de voir sortir de nulle part les derniers jours de la campagne des papiers révélant ce que nous avions l'intention de faire, ce que nous nous préparions à faire, nous l'avons fait aussi. Nous avons gardé le secret, et nous savions, comme vous le saviez vous-même, que nous si nous gagnions les élections, il s'agirait ensuite de se relever les manches et de s'y mettre, parce que nous n'avons jamais été confrontés à des problèmes de ce genre ».

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!