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  • La grande démolition...

    Les éditions Buchet-Chastel  publient cette semaine un essai de Roland Hureaux intitulé La grande démolition - La France cassée par les réformes. Haut-fonctionnaire de sensibilité souverainiste, Roland Hureaux collabore régulièrement à Valeurs actuelles et au site de l'hebdomadaire Marianne. Il est, par ailleurs, l'auteur de nombreux essais d'analyse politique.

     

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    "La réforme ! Quel politique ne s’est pas fait élire autour d’un programme réformateur ? C’est même sur ce seul mot, en guise de rupture, que Nicolas Sarkozy a fondé sa campagne de 2007. En fait de rupture promise, nous n’avons eu que la plus parfaite continuité. Et Nicolas Sarkozy n’est finalement que la version gesticulatoire de la logique perverse dictée par l’esprit idéologique qui sévit depuis une vingtaine d’années. Différentes réformes passent ainsi sous la plume critique de l’auteur : éducation nationale, réforme des communes, fusions-acquisitions de différentes administrations, logique de l’entreprise appliquée à l’État… Derrière cette maladie de la réforme, se cache l’idéologie libérale qui, comme toute idéologie, demande sa ration quotidienne de réformes, de mouvements, de bruits… Par paresse intellectuelle, par manque d’envergure politique, les gouvernants ont préféré nourrir le monstre plutôt que de construire pierre à pierre un système stable. Finalement, la véritable réforme ne serait-elle pas d’abolir la majeure partie de celles qui ont été menées durant ces dernières années afin de revenir aux bases solides et simples de la Ve République ? À l’approche d’élections décisives, alors que la crise économique fait rage depuis déjà trois ans, il est temps de montrer à quel point les réformes coûtent au pays en cassant peu à peu ce qui fait sa richesse et sa stabilité."

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  • Union européenne : une prison pour les peuples européens ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy, cueilli dans Polémia et consacré au cauchemar qu'est devenu l'Union européenne pour ceux qui rêvaient d'une Europe-puissance...

     

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    L'Union européenne : la prison des peuples européens

    L’Union européenne était autrefois un espoir pour les jeunes Européens. Mais cet espoir reposait sur un malentendu.

    Pour beaucoup d’Européens il s’agissait du rêve d’un continent unifié, « de l’Atlantique à l’Oural », libéré du communisme comme de l’atlantisme, débarrassé des querelles nationales, mais aussi indépendant et prospère : une Europe solidaire et puissante, ouverte sur le monde. Au moment du lancement de l’euro, certains y croyaient encore.

    Mais ce rêve a fait long feu. L’idée européenne a tourné au cauchemar. La construction européenne que promeut l’oligarchie, consiste justement à déconstruire la puissance et l’identité des Européens : l’Union européenne se construit désormais contre les Européens. Ceux ci n’auront bientôt plus d’alternative que la révolte.

    Le cauchemar européen

    Car la chute du communisme soviétique, qui était une bonne nouvelle en soi, n’a pas fait avancer l’Europe dans le sens de la puissance et de l’indépendance. Au contraire, l’idée européenne a régressé.

    L’atlantisme s’est renforcé : l’Europe n’est plus conçue que comme un espace libre-échangiste, aux frontières floues et qui ne se définirait que par une adhésion à ses prétendues valeurs, auxquelles tous les peuples pourraient donc finir par se rattacher, au moins sur le pourtour de la méditerranée. Dans cette Europe là, la préférence communautaire qui figurait à l’origine du marché commun, est devenue un délit.

    L’Union européenne, grenouille qui veut devenir bœuf à 27, à 28 ou au-delà , est restée un nain politique, une soft power dans l’orbite du grand frère américain et cela, conformément aux intérêts de ce dernier.

    Contrairement à ce que prétend la propagande de l’oligarchie, l’Union européenne ne protège plus personne, sinon les riches et les allogènes.

    Il n’y a pas de défense européenne, on se remet en tout à l’OTAN, c'est-à-dire à une organisation dirigée par les Etats-Unis. L’alignement atlantiste de la France conduit par Nicolas Sarkozy et la réduction continue des budgets militaires sur le continent, ont détruit tout espoir de construire une Europe indépendante tant au plan diplomatique que militaire.

    Les Yankees ont gagné !

    Les frontières de l’union, économiques ou autres, sont des passoires qui ne nous protègent pas. L’euro surévalué nuit à la croissance et à l’emploi des Européens ; en outre, il ne peut survivre qu’en limitant toujours plus la souveraineté budgétaire et financière des Etats, voire la souveraineté politique comme l’a montré la façon dont la gouvernance européenne veut traiter la question des dettes souveraines des Etats membres.

    Les Européens minoritaires en Europe ?

    Rome n’est plus dans Rome. A Bruxelles, épicentre du cauchemar européen, 30% de la population est désormais musulmane : tout un symbole !

    Les flux migratoires à destination de l’Europe occidentale et de la France en particulier ne cessent pas et sont en train d’initier un mouvement de changement de population.

    Toute tentative, même modeste, de réguler plus fortement les entrées, se heurte aux décisions des juges européens et aux pressions continues du patronat et des associations. L’immigration n’est donc nullement choisie, mais en réalité imposée aux peuples européens, qui doivent au surplus se plier de plus en plus aux mœurs exotiques des nouveaux arrivants.

    Car l’oligarchie nous explique maintenant que pour ne pas heurter la sensibilité de leurs hôtes si généreux, il faut que les Européens mettent en veilleuse leurs convictions : par exemple ne plus fêter Noël (on dit « bonne fin d’année » en novlangue), ne pas décorer de sapins, ne pas manger de porc, accepter les femmes voilées, les crimes d’honneur, les mosquées et les lieux de prière, ne pas caricaturer Mahomet etc. Bref renier notre histoire et nos origines chrétiennes, qui ne figurent d’ailleurs plus dans les valeurs de l’union européenne.

    Il suffit de se promener dans les rues de nos villes pour se rendre compte que l’immigration, notamment africaine, s’installe partout. Or plus le nombre de personnes d’origine immigrée augmente, plus elles ont tendance à se regrouper en communautés : c’est une loi de la nature. L’assimilation fonctionne donc en proportion inverse du nombre de personnes à assimiler.

    La constitution de communautés d’origine étrangère est lourde de conséquences pour la paix civile comme le démontrent d’ores et déjà les émeutes ethniques que les pays européens connaissent tour à tour et qui se ressemblent toutes dans leur déroulement puisque leur cause est identique.

    Avec sa politique migratoire démente, l’oligarchie de l’Union européenne a donc recréé en Europe un problème des minorités qui avait pourtant déjà empoisonné la première moitié de notre XXe siècle et qui avait par deux fois conduit à la guerre. Comme si cela ne suffisait pas, l’oligarchie y a ajouté au surplus un problème religieux –celui de l’Islam- et un problème noir.

    La prison des peuples européens

    L’Union européenne ressemble chaque jour un peu plus à l’Empire autrichien vieillissant, que l’on surnommait la prison des peuples : une juxtaposition de communautés et de « minorités » rivales, imbriquées les unes dans les autres, sous la domination d’une administration tatillonne et d’une aristocratie cosmopolite. Mais l’Empire autrichien a duré plusieurs siècles. Le machin de Bruxelles, comme disait avec mépris le général De Gaulle, n’aura sûrement pas cette longévité !

    Car l’Union européenne se présente aujourd’hui aux peuples européens sous le seul visage du fardeau et de la contrainte : toujours plus de règles, de normes, de jugements, de prélèvements, de sanctions, de boycottages contre les gouvernements, les peuples et les nations, et toujours plus de privilèges pour les allogènes.

    Ainsi cette Europe s’est construite en passant outre à la volonté des peuples européens, en foulant aux pieds cette démocratie que l’on se targue pourtant d’incarner et que l’on a voulu imposer par les armes aux Libyens et sans doute demain aux Syriens. Son fondateur, le Français Jean Monnet ne s’est d’ailleurs jamais présenté à une seule élection.

    Quand un pays vote mal, on le fait revoter : comme en Irlande. Quand les peuples refusent de ratifier la constitution européenne, on leur impose le traité de Lisbonne via les parlements. Quand un premier ministre grec envisage de soumettre à référendum le plan de rigueur imposé par la zone euro, on menace de lui supprimer toute aide économique. Quand le gouvernement hongrois issu des urnes révise les pouvoirs de la banque centrale, on le menace de sanctions.

    L’Union européenne est une construction oligarchique qui tient les peuples européens en suspicion. Comme le déclarait significativement un ministre du nouveau gouvernement italien, « le populisme est l’un des principaux ennemis aujourd’hui en Europe » (Les Echos du 9 janvier 2012) ; ennemi, vous avez bien lu : cette oligarchie considère son propre peuple comme un ennemi !

    Le moulag

    L’Union européenne est un tyran mou, mais ombrageux, d’autant plus redoutable qu’il est sans visage. Nous vivons dans une sorte de goulag mou, sans barbelés, avec des supermarchés et des chômeurs. Mais nous sommes aussi soumis à une police de la pensée, chaque jour plus intolérante.

    Ce n’est plus un ectoplasme comme dans les années 60 : c’est malheureusement devenu une métastase, qui risque de tuer l’Europe.

    Car les prétendues valeurs européennes sont en réalité mortelles pour ceux qui y croient.

    Ainsi ces valeurs nous recommandent d’accueillir toujours plus d’immigrés, d’ouvrir toutes grandes nos frontières aux marchandises et aux hommes étrangers. Elles nous imposent de ne discriminer personne, sauf les Européens ! On a découvert à propos de la Hongrie que l’indépendance de la Banque centrale était aussi une valeur : la finance libre et les Européens asservis aux impôts et aux dettes : voilà le vrai programme de l’oligarchie!

    L’Union européenne n’offre en outre qu’une seule option : se soumettre à ses diktats ou bien se trouver exclu, sanctionné, ou privé de ses droits de vote (comme dans les futurs traités européens souhaités par Angela Merkel et Nicolas Sarkozy en cas de dérive budgétaire), mais sans avoir le droit de se retirer… Hier les Autrichiens étaient coupables de déviance politique pour avoir introduit au gouvernement le FPÖ ; puis les grecs ont été coupables de déviance budgétaire. Aujourd’hui on diabolise les Hongrois coupables sur les deux plans. A qui le tour demain ?

    Tant que la prospérité était tant bien que mal assurée, on pouvait le tolérer. Mais à l’heure de la récession, le caractère insupportable de la contrainte européenne apparaît de plus en plus.

    De la récession à la sécession ?

    La situation de l’Europe n’est pas sans rappeler malheureusement celle qui a conduit à la guerre civile américaine au XIXe siècle.

    Derrière le pathos de l’antiesclavagisme, cette guerre civile a en effet opposé les Etats du Sud –c'est-à-dire pour l’essentiel les Etats fondateurs des Etats-Unis qui étaient libres, échangistes car dénués d’industrie– aux Etats du Nord qui étaient protectionnistes et industriels. Les Etats du Nord entendaient imposer leurs tarifs douaniers au Sud agricole qui était importateur net, et cela, tout en lui déniant le droit de se retirer de l’Union. Une situation intenable pour les sudistes (qualifiés de rebelles par les Etats du Nord) qui n’avaient alors plus d’autre choix que la sécession, et bientôt celui de défendre leurs droits par les armes.

    Comme au temps d’Abraham Lincoln aujourd’hui en Europe un front sépare de plus en plus profondément les libre-échangistes de ceux qui veulent protéger leur économie, leurs emplois, leur identité et leur culture. Ces derniers sont aussi des rebelles -on dit  populistes  de nos jours- aux yeux de l’oligarchie libre-échangiste et des entreprises transnationales.

    Comme au temps d’Abraham Lincoln, l’Union européenne est devenue un carcan : elle ne conçoit pas qu’on puisse souhaiter la quitter pour retrouver sa souveraineté.

    Comme au temps d’Abraham Lincoln, l’immigration a pris la place de l’esclavage pour servir de justification morale aux intérêts économiques les plus sordides. Elle pourrait aussi servir demain de prétexte à des mesures violentes à l’encontre des peuples rebelles. N’a-t-on pas fait la guerre à la Serbie pour lui imposer la partition ethnique du Kosovo, au mépris de tous les principes du droit européen ?

    Comme au temps d’Abraham Lincoln, enfin, les peuples n’ont plus que leur courage et leur détermination à opposer à ceux qui violent leurs droits.

    Michel Geoffroy (Polémia, 10 janvier 2012)

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  • De Michéa à Guédiguian...

    Le nouveau numéro de la revue Eléments (n°142, janvier - mars 2012) sera en kiosque demain.

    Vous pouvez aussi le commander ou vous abonner sur le site de la revue : http://www.revue-elements.com

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    A tout seigneur, tout honneur : la revue Éléments a ouvert ses colonnes à Olivier Maulin, le génial romancier deLumières du ciel. L'événement de ce numéro d'Éléments, ce sont aussi les 5 jeunes plumes talentueuses qui rejoignent l'équipe : Pierrick Guittaut, Xavier Eman, Jean de Lothier, Laurent Schang et Jean de Lavaur. Découvrez-les : vous serez conquis ! 
    Le dossier central de ce numéro est consacré au «Socialisme contre la gauche», avec un article d'Alain de Benoist sur l'œuvre de l'anarchiste conservateur Jean-Claude Michéa, un entretien du jeune sociologue Gaël Brustier et une étude sur le dernier film de Robert Guédiguian, par Michel Marmin et Ludovic Maubreuil.
     
    Bien cordialement et bonne lecture,
     
     
    Pascal Eysseric                    &                 Alain de Benoist
    rédacteur en chef                                    éditorialiste

     

    Dossier
    • Le socialisme contre la gauche, par Alain de Benoist
    • Jean-Claude Michéa, par Alain de Benoist
    • Entretien avec Gaël Brustier : « La classe ouvrière existe encore en France, mais elle n'est plus là où elle était » • La leçon de socialisme de Robert Guédiguian, par Michel Marmin et Ludovic Maubreuil
    Aussi au sommaire...
    • Entretien avec Olivier Maulin, l'enchanteur contre le monde moderne, par Olivier François
    • Au bord du gouffre financier : tous ruinés demain ?, par Pierre Le Vigan
    • Bercy Village : le triomphe du gloubi-boulga identitaire, par Jean de Lavaur
    • L’Europe a-t-elle (encore) un avenir ? par Jean de Lauthier
    • Jean-Jacques Langendorf, le Gargantua suisse, par Laurent Schang
    • Jean-Jacques Langendorf : « Qui aurait envie de sacrifier sa vie pour les non-objectifs de l’Union européenne ? »
    • Robert Musil, pour se réapproprier le possible, par Eric Werner
    • «Monsieur Bill», une bombe d’Alexandre Mathis, par Ludovic Maubreuil
    • Avec Dominique Venner, vers une Europe héroïque et secrète, par Javier Ruiz Portella
    • Cioran, bricoleur dans l’incurable, par Jean-Charles Personne
    • Tribune : Prostitution, métier et/ou art de vivre ?, Par Pierre Barrucand

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  • «J'ai vu "Intouchables" ! »...

    Vous pouvez visionner ci-dessous la chronique d'Eric Zemmour sur RTL, datée du 10 janvier 2012 et consacrée au film "Intouchables"...


    Eric Zemmour : "J'ai vu 'Intouchables' !" par rtl-fr

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  • Le système technicien...

    Les éditions du Cherche Midi viennent de rééditer Le système technicien, un des ouvrages majeurs de Jacques Ellul. Philosophe, sociologue et théologien, l'auteur, décédé en 1994, peut être considéré, au travers de ses ouvrages de réflexion sur la technique, comme un des inspirateurs de la pensée écologiste en France. Il est aussi l'auteur d'un essai intitulé Propagandes, qui reste essentiel sur ce sujet.

     

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    "Cet essai, publié en 1977 dans la collection "Liberté de l'Esprit" de Raymond Aron et introuvable en librairie depuis longtemps, est la clef de voûte de sa trilogie (La Technique, Le Système technicien, Le Bluff technologique). Il est considéré comme son livre le plus abouti. La Technique, pour Ellul, est le facteur déterminant de la société. Plus que le politique et l'économie. Elle n'est ni bonne ni mauvaise, mais ambivalente. Elle s'auto-accroît en suivant sa propre logique. Elle piétine la démocratie. Elle épuise les ressources naturelles. Elle uniformise les civilisations. Elle a des effets imprévisibles. Elle rend l'avenir impensable. Grâce à l'informatique, la Technique a changé de nature : elle forme, à l'intérieur de la société, un "système technicien". L'informatique, en unifiant tous les sous-systèmes (téléphonique, aérien, de production et distribution d'énergie, etc.), lui a permis de devenir un tout organisé, lequel vit à l'intérieur de la société, la modèle, l'utilise, la transforme. Mais ce système, qui s'auto-engendre, est aveugle. Il ne sait pas où il va. Et il ne corrige pas ses propres erreurs. Un livre indispensable pour qui ne veut pas penser en rond."

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  • "Toutes les fautes financières de l’UE sont parties de la City"...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien accordé par Hervé Juvin à Coralie Delaume, cueilli sur Causeur et consacré à la crise des dettes européennes...

     

     

     

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    Coralie Delaume. L’euro vient d’avoir dix ans mais cet anniversaire a été célébré dans l’inquiétude plus que dans la joie. Le dernier « sommet de la dernière chance » a abouti a un accord dit « 17 + ». Cet accord va-t-il contribuer à sauver notre monnaie ou est-ce un leurre ?

    Hervé Juvin. Les sommets dits « de la dernière chance » se suivent et se ressemblent… et la presse anglo-américaine n’a pas tort de considérer qu’aucun sommet n’a apporté la solution à la crise de l’euro ! Pourquoi ? Parce que ce qu’il est convenu d’appeler la crise de l’euro est un effet de la crise américaine et de l’insoutenable explosion financière anglo-américaine.

    Il n’y a donc pas crise européenne à proprement parler ?

    Disons qu’il y a bien un problème d’excès de dépenses publiques en Europe. De même, il y a bien un problème avec l’euro-mark, surévalué pour les pays du Sud. Mais cela seul ne justifie pas la crise actuelle.
    Pour les « eurosceptiques », le mal est dans le principe même de l’Union monétaire, qui serait proche de l’explosion. C’est ce que répètent semaine après semaine les grands quotidiens et magazines anglo-américains, avec une constance qui relève de l’idéologie, ou du rideau de fumée. En réalité, la décomposition politique américaine est probablement bien plus avancée et plus grave que la crise européenne, et les banques américaines bien plus en risque que leurs homologues européennes : si elles avaient à faire jouer les CDS (credit default swap) , la totalité du système bancaire américain exploserait. Pour les « euroconfiants », l’Europe progresse à son rythme et selon ses règles, en prenant son autonomie à l’égard des modèles, des systèmes et des diktats anglo-américains. Si Hermann van Rompuy peut dire que l’année 2011 fut « annus mirabilis » pour l’UE, c’est parce qu’il juge que l’accord de décembre engage celle-ci sur la voie de la convergence fiscale, de la cogestion budgétaire, redonne aux pays fondateurs leur rôle, assure peu à peu l’autonomie de l’Europe à l’égard des agences de notation, des marchés anglo-américains, et éloigne de l’Union les prédateurs comme la Grande-Bretagne, la Tchéquie et quelques autres inféodés à Washington. Crier ainsi victoire demeure toutefois prématuré. Nous verrons en 2012. Car ce qui se joue ici n’est pas économique mais politique.

    Comment analysez-vous la crise européenne de la dette ?

    Les Américains ne veulent pas payer l’impôt, les Européens ne peuvent plus payer l’impôt ! La fuite en avant des dépenses publiques (folie des collectivités territoriales en France, suradministration, multiplication des assistances inconditionnelles, etc.) est insoutenable.
    Elle ne suffit pourtant pas à expliquer la crise de la dette, d’autant que, à la différence de la Grèce, dans la plupart des pays européens, et notamment en France, la machine fiscale fonctionne, et fonctionne bien : peu d’argent échappe à l’impôt.

    Folie dépensière, donc. Mais alors, comment expliquez-vous qu’un pays aussi endetté que le Japon, par exemple, ne connaisse pas les mêmes problèmes que l’Europe ?

    Prenons l’exemple de la France. Deux erreurs y ont été commises. D’abord, celle du recours massif aux capitaux extérieurs pour financer la dette. L’Agence France Trésor s’est félicitée que 70 % de la dette publique de la France soit détenue à l’étranger ! C’est oublier qu’une dette détenue par les nationaux n’est rien d’autre qu’un impôt différé, et que l’inflation peut la réduire. A l’inverse, une dette détenue majoritairement à l’extérieur reste une dette, et le défaut est le seul moyen de la diminuer vraiment. En interdisant à nos résidents d’acheter des titres de dette publique, nous avons bradé la souveraineté nationale pour quelques points de base de taux d’intérêt en moins ! Le Japon, bien plus endetté , n’a pas de problème parce que 90 % de sa dette publique est détenu par ses propres résidents ! Seconde erreur : l’achat de la paix sociale par l’argent public, non contrôlé et non administré, comme le démontre la politique du financement associatif aussi bien que celle de l’assistance, avec les effets de rente auxquels les deux donnent lieu, et qui vont être, plus que la dette, à l’origine de la grande colère des classes moyennes à venir.

    Comment doit-on interpréter l’attitude du Royaume-Uni : son comportement de « cavalier solitaire » est-il le fait d’un égoïsme condamnable ou défend-il légitimement ses intérêts nationaux ?

    David Cameron a été élu avec l’argent de la City, notamment des hedge funds, et défend des intérêts particuliers qui se confondent de moins en moins avec ceux de la Grande-Bretagne : ceux de la minorité dont l’argent décide des élections. Toutes les fautes commises par les pays de l’Union en matière financière sont parties de la City, à commencer par les fameux « trois D » – déréglementation, désintermédiation, décloisonnement – du Big Bang de 1986 , qui ont détruit les institutions boursières continentales, et avec elles la confiance des investisseurs. La City est un lieu funeste où la finance criminelle a libre cours, et qui n’a pas sa place en Europe.
    Dans le même temps, la politique traditionnelle anglaise reprend son cours. Elle a toujours consisté à briser tout projet d’union de l’Europe continentale, considéré comme une menace pour l’indépendance britannique. Avec le concours intéressé des Etats-Unis, elle est toujours parvenue à casser l’unité de l’Europe. Nous verrons bientôt si elle y parvient une fois encore.

    Cette attitude a priori égoïste des anglais ne témoigne-t-elle pas d’un échec patent de l’Europe post-nationale ? Paradoxalement, n’assiste-t-on pas, à mesure que les Etats se départissent de pans entiers de leur souveraineté (monétaire, budgétaire), à un réveil des nations d’Europe ?

    Le mouvement est en effet contradictoire, et les débats qui ont pris un tour imprévu autour du « directoire allemand » imposé à l’Union par la seule puissance qui affirme avec constance une stratégie d’autonomie à l’égard de la finance anglo-américaine, sont frappants. La résurgence des sentiments nationaux est brutale, notamment en France à l’égard et de l’Allemagne – Bismarck, les casques à pointe – et de l’Angleterre – Jeanne d’Arc, Toulon. Ceci devrait conduire à réfléchir davantage ceux qui saluent la sortie de l’Angleterre de l’Union et accueillent avec plaisir l’ordre allemand en Europe continentale. Les Français sont-ils gouvernables comme les Allemands ? Il y a quelques raisons d’en douter. Il y a quelques raisons d’estimer que nous nous trouvons devant des choix historiques, devant lesquels nos dirigeants, hommes de tactiques et d’habiletés plus que de vision et de conviction, sont singulièrement démunis. Il y a aussi quelques raisons de considérer que l’état d’apesanteur politique dans lequel la naïveté mondialiste et sans-frontièriste a tenu la majorité des européens – le monde est une grande famille, et autres poncifs – n’aidera guère à répondre à des questions dont il a été répété sur tous les tons qu’elles ne se posaient pas – par exemple, celles de la souveraineté nationale.
    Eh bien si, ces questions se posent ! Et nous n’en avons pas fini avec notre condition politique, malgré les sottises déversées depuis des décennies sur l’unité planétaire et la démocratie mondiale !

    Mais comment l’Europe peut-elle encore renouer avec sa condition politique ? Ne sommes nous pas d’ores et déjà en train de sortir de l’Histoire ?

    Les épreuves, les crises, les guerres, rappellent toujours que l’homme ne vit pas seul et que l’individu n’est rien sans l’infrastructure omniprésente des institutions et des systèmes qui assurent sa survie. C’est le point aveugle de l’idéologie des droits de l’homme : l’homme moderne est certes un homme qui a des droits, mais encore faut-il dire qui assure ces droits, qui organise et qui paie.
    La vérité est que ces droits lui sont assurés par la société politique dont il est membre, dans un cadre défini dans l’espace par la frontière, et dans le temps par l’identité. L’Europe, en devenant la zone la plus ouverte du monde à tous les courants de capitaux, de biens, de services et d’hommes, a voulu rompre avec sa condition politique, refuser de se donner une frontière et d’affirmer son identité. Quel exemple significatif que ces billets sans visage pour l’euro ! Pourtant, l’histoire est en marche. L’Europe va devoir dire ce qu’elle est et ce qu’elle n’est pas. Selon l’intuition du philosophe Rémi Brague, elle se fera bien davantage en se séparant de ce qui n’est pas elle qu’en s’unissant à l’intérieur. C’est le défi d’une citoyenneté européenne à venir.

    Hervé Juvin, propos recueillis par Coralie Delaume (Causeur, 9 janvier 2012)

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