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  • Les origines de la France contemporaine...

    "Ce grand livre n'a rien perdu de sa force. cela tient au style puissant et à l'originalité de son auteur. Adversaire tardif de la Révolution, il était le contraire d'un contre-révolutionnaire. Hippolyte Taine était avant tout un esprit libre et d'une infinie curiosité." Dominique Venner

     

    Les éditions Robert Laffont viennent de rééditer dans leur excellente collection Bouquins Les origines de la France contemporaine, d'Hyppolite Taine. Un livre indispensable à tous ceux qui s'intéresse à l'histoire de la Révolution française et de ses interprétations.

     

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    "Dans Les Origines de la France contemporaine, son oeuvre majeure, entreprise au lendemain de la débâcle de 1870, Hippolyte Taine (1828-1893) s'interroge sur les causes profondes qui ont conduit la France à la défaite. Il a connu quatre régimes politiques : Restauration, monarchie de Juillet, IIe République, second Empire ; un cinquième est en gestation – république ou monarchie – depuis la journée parisienne du 4 septembre 1870. Il a traversé trois révolutions, sans compter d'innombrables journées révolutionnaires, préludes à la Commune. Dans le même temps, le pays a mis en usage quatre Constitutions.
    Comment expliquer, par l'étude des révolutions survenues entre 1789 et 1804, l'état d'instabilité politique et d'inquiétude sociale dont souffre la France moderne et dans lequel Taine voit un facteur d'affaiblissement graduel ? Tel est le projet de l'enquête à laquelle il entend se livrer.
    Quel est le mal ? D'ou vient-il ? Le diagnostic posé– la France est malade –, la recherche des causes du mal conduit Taine à y voir avant tout un problème scientifique. Pour lui, l'histoire est un art, certes, mais d'abord une science. Scientifique, le problème est aussi de nature psychologique : il s'agit de comprendre et de tenter de modifier un état mental propre à la France qui la porte à enfanter des principes abstraits qu'elle s'obstine à vouloir faire entrer de force dans la réalité. À ce niveau, le problème atteint à une dimension politique, celle de l'État.
    Par leur richesse, Les Origines de la France contemporaine se prêtent à de multiples approches critiques. À la fois philosophie politique, histoire psychologique, morale sociale, l'ouvrage entraîne aussi, par sa qualité d'écriture, une critique littéraire. L'oeuvre de Taine mène enfin à une réflexion actuelle sur la démocratie. Ce n'est pas son moindre mérite."

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  • Pépites d'actualité...

    Nous reproduisons ici le bloc-notes de Maurice Gendre, cueilli sur le site Scriptoblog - le Retour aux sources. Des sujets de réflexion opportuns...

     

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    Le bloc-notes de Maurice Gendre

    Suffrage censitaire

    Cela devient une habitude au PS. Après avoir fait payer un euro les électeurs de la primaire socialiste, les caciques du parti de la rose au poing avancent désormais comme argument pour faire avaler la couleuvre du droit de vote des étrangers aux élections locales, qu'ils sont nombreux parmi ces derniers à payer des impôts.
    Pour mémoire je rappelle aux socialistes qu'un grand nombre de Français sont non-imposables.  Alors si on pousse la logique socialiste jusqu'au bout que fait-on pour ces derniers ? On leur retire leurs droits civiques ?
    Avant de sortir de telles inepties, totalement hors de propos, les socialistes feraient bien de tourner sept fois leur langue dans la bouche.
    Sur le fond, il est profondément dangereux et contre-nature de séparer citoyenneté et nationalité. Mais une telle démarche s'inscrit dans le "changer de civilisation" chère à Martine Aubry. Inconsciente du fait qu'il faudrait plutôt sauver ou préserver la civilisation.
    En ce qui concerne les ridicules élections zéropéennes, rien d'étonnant à ce que les ressortissants communautaires puissent voter, cela correspond parfaitement à la volonté des technocrates bruxello-maastrichtiens de creuser un fossé de plus en plus grand entre le principe de citoyenneté et le sentiment d'appartenance nationale.
    Autre élément : ceux qui prétendent que le droit de vote des étrangers aux élections locales n'aurait aucune incidence grave ferait bien de regarder de plus près comment les Tunisiens vivant en France ont voté lors de la première consultation électorale post-Ben Ali.
    La formation de listes ethniques, communautaires et/ou confessionnelles n'est absolument pas à exclure.
    Enfin, personne ne devrait omettre de préciser que les élus locaux votent pour les élections sénatoriales. Or, les sénateurs élisent par la suite un président du Sénat (le Plateau). Président du Sénat qui devient le deuxième personnage de l'Etat et qui est appelé à remplacer le Président de la République à la plus haute fonction en cas de décès par exemple. Et ce le temps qu'une nouvelle élection présidentielle ne soit organisée.
    Vraiment sans conséquence le droit de vote des étrangers aux élections locales ?

    Turquie néo-ottomane

    Stratégie de puissance, Islam comme ciment identitaire, renvoi de l'armée dans ses casernes (après 4 coups d'Etat entre 1960 et 2002!), résurrection de la politique du Grand-Turc sont les signes d'un retour en force de "l'esprit ottoman".
    Erdogan, Gül et Davutoglu sont très certainement parmi les trois hommes politiques les plus intelligents et les plus talentueux de notre époque.
    D'un cynisme froid, ne mettant jamais tous leurs œufs dans le même panier, obsédés (à juste titre) par la "realpolitik", n'hésitant pas à abandonner leurs "amis" quand ils estiment que leurs intérêts sont en jeu (leur trahison envers Bachar est à cet égard très éclairante), utilisation de la diaspora en Europe à des fins de politique interne mais également d'expansion (comparaison par Erdogan de l'assimilation souhaitée par les autorités allemandes à un crime contre l'humanité), il est peu de dire que les autorités turques font preuve d'un réalisme redoutable et sans scrupules.
    Une leçon à méditer pour les Bisounours de l'Union européenne lorsqu'ils poursuivront leur discussion sur l'entrée de la Turquie dans l'UE.

    Ouverture à l'autre

    Les sapins ou les crèches qui ont été retirés de divers endroits en Europe et en Amérique du Nord pour ne pas "heurter les sensibilités minoritaires" confirment parfaitement une chose.
    Leur "ouverture à l'autre" n'est qu'une feuille de vigne, un cache-sexe.
    Elle n'est qu'une formule polie et galante pour masquer une réalité fort peu reluisante, en l'occurrence le reniement de soi et le piétinement des valeurs.

    Maillon faible : l'Idéologie

    Rarement une émission de télévision aura su mieux résumer l'Idéologie archi-dominante de l'époque.
    Le maillon faible d'abord. Il doit être éliminé sans ménagement. Aucune pitié. Il doit être évincé sans remords.
    Aucune compassion pour la personne fragilisée et dans la difficulté. Darwinisme social.
    Le meilleur ensuite doit être sacrifié. Les autres se coalisent contre lui pour l'empêcher d'atteindre la victoire. Après leur avoir permis d'amasser suffisamment d'argent tout de même... Utilisation sans vergogne des capacités de l'Autre pour maximiser son propre profit.
    Refus de toute élévation et d'être entraîné vers des plus hauts sommets par quelqu'un de meilleur que soi.
    Tentation de l'entre-soi : une armée de médiocres se constitue dans le seul et unique but de récolter la plus grosse somme d'argent.
    Attention il s'agit bien de "gens médiocres" et non pas de "gens ordinaires", chose qui serait formidable.
    Anéantissement des solidarités, égoïsme érigé en mode d'action, course effrénée au fric, nivellement par le bas, petitesse, mesquinerie, avidité sans limite, l'Autre vu comme une simple variable d'ajustement, abandon de l'entraide.
    Tout y est.

    La mediasphère contre Ron Paul

    Depuis le début de la campagne du Grand Old Party, tous les artifices possibles et imaginables, toutes les candidatures montées en épingle n'ont eu qu'un seul objectif : barrer la route au Congressiste texan.
    On a d'abord eu Mitt Romney, puis Michele Bachmann, suivie de près ou en même temps on ne sait plus par Rick Perry, ce fut ensuite le tour de l'impayable Herman Cain, puis le retour du vieux coucou Newt Gingrich.
    Ron Paul restant depuis le début et dans toutes les consultations (straw poll ou sondages trafiqués) le Poulidor de cette campagne.
    Alors que la primaire démarre réellement dans quelques jours dans l'Iowa, Romney a de nouveau été sorti du placard pour être placé en position de favori juste devant... Ron Paul. Pardi!
    Il faut dire que la nullité crasse, l'incommensurable bêtise, l'inculture, la malhonnêteté et l'incompétence des autres prétendants ont très vite éclaté à la figure de tout le monde. Les baudruches ont vite dégonflé.
    Ron Paul paie évidemment son refus des différentes guerres voulues par le complexe militaro-industriel, mais plus que cela c'est son opposition farouche à la politique menée par Bernanke et son prédécesseur Greenspan à la tête de la Fed qui lui vaut d'être dans l’œil du cyclone.
    Comme les opérations "candidats pare-feux" n'ont guère fonctionné, il faut désormais glisser des peaux de banane sous les pieds du gynécologue de profession. Dans la presse américaine, The New Republic, ressort opportunément des accusations de racisme jamais étayées et brocarde "le penchant de Ron Paul pour les théories conspirationnistes". Bouh le salaud !
    Le journaliste James Kirchick rappelle notamment les positions iconoclastes du Congressman sur le 11-Septembre. C'est vrai comment peut-on avoir une imagination aussi fertile et délirante et oser briguer l'investiture suprême. Comme chacun sait les autorités n’œuvrent que pour le Bien commun...
    Autre reproche formulé : l'attention toute particulière portée à l'Etat hébreu dans un ancien bulletin d'informations tenu par des proches de Ron Paul. Quelle faute de goût! Quel manque de tact évident! On pouvait y lire cette dénonciation des saynanim: « Des dizaines de milliers d'amis d'Israël bien placés dans tous les pays qui sont prêts à travailler pour le Mossad dans leur domaine d'expertise ». Kirchick rappelle aussi qu'en 1994, Ron Paul suspectait les services de renseignement israélien d'être derrière le premier attentat du World Trade Center en 1993. Où Ron Paul va-t-il chercher tout ça, on se le demande...
    La presse française, le Monde en tête, qui a toujours les yeux de Chimène pour Obama, se contente pour le moment de railler l'ascétisme forcé des militants du candidat (bannissement de l'alcool et du sexe, on cache les tatouages) et de reprendre à son compte les griefs de Kirchick à l'encontre de Paul (rue89 par exemple).
    Gageons que la presse française, à l'instar de sa frangine d'Outre-Atlantique, saura être à la hauteur de sa réputation pour dézinguer dans les prochaines semaines ce possible adversaire de son chouchou Obama et qu'elle n'hésitera pas à employer toutes les ignominies possibles, si elle sent que le vent est un peu trop favorable au Dr Paul, y compris dans l'opinion publique française.

    Mondialisme : SIDA mental ou maladie opportuniste ?

    C'est un peu l'histoire de la poule et de l’œuf.
    Le mondialisme agit-il sur les sociétés et les Nations tel un sarcome de Kaposi sur un corps dont les défenses immunitaires ont déjà été réduites à néant ? Le mondialisme ne peut-il injecter son venin uniquement dans des sociétés où les digues ont été rompues, les valeurs brisées et les tabous moraux tombés par la faute de cénacles et de cercles d'influence divers et par les populations qui ont été séduites par ces bonimenteurs et ces apprentis-sorciers ?
    Ou doit-il agir à une échelle plus globale en s'appuyant notamment sur la force de frappe médiatique mondialisée pour corrompre les esprits, subvertir les consciences (rôle de CNN et de MTV par exemple) et ainsi mettre en péril la santé mentale et psychique des peuples ?
    Ou est-ce une combinaison des deux phénomènes ?
    En apparence anecdotique, cette question est fondamentale. Elle permet de voir où doit se concentrer en premier lieu le combat contre l'hydre mondialiste et ses suppôts.

    Maurice Gendre (Le retour aux sources, 1er janvier 2012)

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  • L'oligarchie des incapables...

    Les éditions Albin Michel publient cette semaine une nouvelle enquête de Sophie Coignard et de Romain Guibert, intitulée L'oligarchie des incapables. Après La Nomenklatura française (1986) et L'omerta française (1999), une enquête de plus sur les turpitudes de nos maîtres et de leurs laquais... En cette année électorale, il reste à espérer que le livre sera lu et que des conclusions en seront tirées...

     

     

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    "Ils monopolisent les postes les plus importants, cumulent les privilèges et font de l'argent leur principale passion.
    Ils se servent de l'Etat pour aider leurs amis, fabriquent des lois sur mesure pour leur bon plaisir et laissent le pays aux mains de bandes rivales. Patrons, hauts fonctionnaires, élus ou experts, ces oligarques nous gouvernent avec un mélange d'incompétence et de lâcheté. Après L'Omerta française, Sophie Coignard dont les enquêtes font trembler le monde politique et Romain Gubert, journalistes au Point, nous révèlent vingt ans de compromissions et d'affaires cachées, qui ont permis à une caste de maintenir son règne malgré ses échecs répétés.
    En toute impunité."

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  • Une France pliée en quatre ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un article de Philippe Cohen, cueilli sur le site de Marianne et consacré aux surprises que peut réserver l'élection présidentielle, malgré la volonté du système, exprimée au travers des médias et des instituts de sondage, d'imposer un match sans enjeu réel au travers du "duel" Sarkozy - Hollande...

     

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    Présidentielle: «La France n'est pas coupée en deux, elle est pliée en quatre»

    Voici plusieurs mois que l'on nous concocte LE match Sarkozy-Hollande. Certains indices tendent pourtant à montrer que les deux favoris ont aussi des fragilités dont pourraient profiter les deux outsiders en embuscade, François Bayrou, qui a réussi son entrée en campagne et Marine Le Pen.

    Le quatre quart est un classique de la gastronomie familiale. Mais il pourrait bien devenir l'horizon de la toute prochaine bataille électorale. A quatre mois et demi de l'échéance, un sentiment étrange flotte autour des deux candidats favoris.
    Personne n'ose entrevoir comment Nicolas Sarkzoy pourrait être reconduit. Faisons court : un bilan calamiteux, des promesses envolées, un discrédit profond auprès une partie de la droite, un chômage qui s'accroit de 20 à 30 000 unités chaque mois et la perspective de se serrer la ceinture en fredonnant chaque matin « Danke Angela ». Comment avec un tel programme, trouver une majorité ?

    François Hollande est, du coup, devenu le « favori » de la compétition. Les sondages continuent de lui donner une confortable avance sur Nicolas Sarkozy. Il s'est, très tôt dans cette pré-campagne, forgé un profil d'anti-Sarkozy naturel : un homme normal, rigoureux, compréhensif et humaniste. Un Chirac de gauche en quelque sorte. Manifestement, les électeurs de gauche témoignent à son endroit une indulgence sans bornes, même si souvent, ils n'en pensent pas moins. Il faut les comprendre : ils n'ont pas envie, qu'une fois de plus, les bisbilles au sein de la gauche leur volent une victoire qu'ils jugent naturelle, l'alternance étant l'un des fondements de la démocratie.
    Nous aurons donc Sarkozy-Hollande, LE match, tel qu'il est anoncé par la doxa médiatique. Dès lors, tout se passe comme si la parole des autres compétiteurs, leurs idées et leurs propositions ne présentaient qu'un intérêt secondaire.

    Les dernières semaines de l'année donnent cependant à penser que ce scénario médiatique pourrait être bousculé. De Balladur-Delors à Chirac-Jospin, la tradition médiatique est forte de matchs annulés après avoir été dûment programmés. Les électeurs peuvent-ils, cette fois encore déjouer le scénario présidentiel ? Comment et au profit de qui?

    Flairant la bonne affaire éditoriale, l'ex-conseiller de l'Elysée Dominique Paillé - encore un déçu du sarkozysme - publie ces jours-ci un ouvrage pronostiquant un second tour Bayrou-Le Pen. Remarquons d'abord que les deux outsiders ne sont pas entravés par ce qui, incontestablement gêne les deux favoris : un puissant parti et un entourage attentif, jusqu'alors gages de la victoire à une élection présidentielle. Bayrou a fait le vide en « bayroutie », sauf le respect dû à Marielle de Sarnez et à sa fidélité. Quant à Marine Le Pen, elle fait de louables efforts pour faire apparaître quelques seconds couteaux, mais celui qui osera contester sa stratégie et ses décisions n'est pas encore adhérent du Front National ou même des partis-frères qui se constituent autour de sa candidature.

    Bref, alors que les éléphants et le PS dans son ensemble apparaît comme le pire ennemi d'Hollande, l'empêchant d'apparaître, jusqu'à présent, comme un candidat libre, alors que le président traîne comme un boulet cette Sarkozie faite de trahisons, de félonies et de coups bas, François Bayrou et Marine Le Pen semblent beaucoup plus libres de leurs mouvements, plus gaulliens, plus proches d'un positionnement de rupture attendu par nombre d'électeurs. 

    Or, cette élection présidentielle comporte un paramètre aussi essentiel qu'inédit : elle est en permanence ballotée par une crise qui n'est plus seulement financière mais économique, européenne et mondiale et personne ne sait exactement comment son évolution va peser sur le choix des électeurs. Peur de l'inconnu ou appétit d'aventure ?Derrière la compétition électorale de 2012 se joue peut-être un autre match que celui du second tour, celui oposant la raison des marchés, chaque jour relayée par les agences de notation et les médias qui popularisent leurs jugements, et la raison démocratique, qui impose de maintenir l'existence de choix politiques alternatifs proposés aux citoyens.

    En tout cas, on a bien vu comment, en quelques jours, l'une des « pré-promesses » de François Hollande - les fameux 60 000 postes d'enseignants - a été si ce n'est balayée, du moins très affaiblie, à tort ou à raison. On voit bien aussi la prudence des uns et des autres concernant la façon doit la France peut affronter cette crise. Sarkozy joue les présidents protecteurs, désignant les autres pays européenes supposément en plus grande difficulté que nous, tout en annonçant de nouvelles mesures contre le chômage. François Hollande propose d'articuler la rigueur, la croissance et la justice fiscale. Espérons que ce tryptique, encore bien abstrait, trouvera à se concrétiser dans les semaines qui viennent.

    En face d'eux, leurs challengers peuvent manifester plus d'imagination ou en tout cas surprendre davantage. Quoiqu'on en pense sur le fond, la sortie « made in France » de François Bayrou a frappé les esprits. On l'aurait attendu chez Marine Le Pen. Dans la bouche de l'européen Bayrou, elle prend une autre tonalité. Le génie de ce candidat est celui de l'incarnation. Rappelons-nous que c'est en giflant un sauvageon qui lui faisait les poches qu'il avait dépassé Chevènement en 2002. Ce dernier défendait les valeurs de l'école républicaine avec des mots. Bayrou avait su trouver le geste. « Produire et instruire », le slogan de Bayrou, est une belle formule qui désigne deux priorités essentielles. En tout cas, en deux semaines, le Béarnais a doublé son capital électoral, pasant de 7 à 14% dans le sondage Opinion-Way-Les Echos-radio Classique et de 7 à 11% dans celui du Journal du Dimanche, tandis que Marine Le Pen progresse à 20%, réalisant ses meilleurs scores dans les catégories ouvriers (35%) et actifs (35-49 ans), la cible du fameux slogan sarkozyen « travailler plus pour gagner plus ».

    On dira, et on aura raison, que tout ça est encore de la communication. Daniel Cohn-Bendit a déclaré voici quelques mois qu'en des temps aussi incertains que ceux que nous vivons, les candidats ne se feront plus élire sur un programme - si rien n'est sûr rien ne peut être promis - mais sur une aptitude à affronter des situations difficiles. Bref, la personnalité, la confiance qu'elle suscite ou pas, deviendraient beaucoup plus convaincantes qu'un programme dont le candidats comme les électeurs savent désormais qu'il sera fonction des aléas de la conjoncture.

    Sans partager forcément cette vision - qui réduit considérablement le champ de la politique et de la démocratie - il faut reconnaître que le comportement des candidats - prudent, sauf Marine Le Pen, en matière de promesses - lui donne plutôt raison. Cette autre donnée renforce encore les chances des outsiders. Et celle de l'aventure que doit continuer à constituer une élection présidentielle, donnant à tous les candidats la possibilité de proposer et d'être entendu. Sinon, autant installer tout de suite Jean-Claude Trichet à l'Elysée, à l'instar de ce qui s'est passé en Italie ou en Grèce. Ou, plus sérieusement, s'attendre à un fort taux d'abstention.

    Si, dans les semaines qui viennent, la campagne devait donner plus de crédit au pronostic de Dominique Paillé, nous aurions alors quatre candidats dans une fourchette allant de 17 à 23%. Qui donnerait une seconde jeunesse à la formule de Coluche : « la France n'est pas coupée en deux, elle est pliée en quatre ».

    Philippe Cohen (Marianne2.fr, 2 janvier 2012)

     
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  • Un éducateur pour les Européens ?...

    Les éditions Pardès viennent de publier Homère - Guide des citations, un ouvrage réalisé par Olivier Meyer. Ce dernier, journaliste de profession est déjà l'auteur chez le même éditeur d'un guide des citations de Nietzsche. 

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    "Se réapproprier Homère, c'est renouer avec le fil de la tradition européenne grâce auquel l'Europe redeviendra une vraie civilisation et ne sera plus seulement un Marché commun. «Si nous n'avions jamais connu ni les péchés de Sodome, ni les chimères de l Égypte et de Babylone», disait Goethe, Homère «serait resté notre Bible». Et, de fait, à l'époque de la Grèce classique, les écoliers apprennent à lire et à écrire avec lui, récitant: «Homère n'est pas un homme, c'est un Dieu.» Tout au long de sa vie, le Grec ancien se réfère à Homère qu'il connaît par coeur comme à un code de valeurs aristocratiques guidant son action au quotidien. Voilà le secret, le coeur, de ce que les modernes appelleront le «miracle grec». Selon la célèbre formule de Platon, Homère est «l'éducateur de la Grèce». Il ne tient qu'a nous qu'il redevienne l'éducateur de l'Europe. Les citations réunies dans ce guide sont tirées de l'Iliade et de l'Odyssée, dans la fidèle traduction de Leconte de Lisle. Classées par thème (de A comme Action à V comme Virilité), elles constituent un viatique pour l'excellence européenne; à l'image d'Alexandre le Grand qui ne se séparait jamais de son exemplaire de l'Iliade. Dans ce Guide des citations d'Homère, l'auteur n'a qu'une ambition: redonner à l'aède grec sa première place aux yeux des Européens; renouant alors avec leur plus longue mémoire, leurs livres sacrés, l'Iliade et l'Odyssée, ils redeviendront un peuple jeune à la vitalité créatrice d'avenir."

    «Au commencement de la poésie de notre race, il y a Homère.» Robert Brasillach

    «Homère est pour moi le maître en courage et en sérénité.» Marcel Conche 

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  • Sauver la ville !...

    Nous publions ici un point de vue de Pierre Le Vigan sur la ville (version remaniée d'un article paru initialement dans la revue Rébellion). Pierre Le Vigan, passionné depuis toujours par la question de la ville et urbaniste de profession, a récemment publié un essai intitulé La banlieue contre la ville, aux éditions de La Barque d'or.

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    La ville malade de la banlieue : sauver les villes des mégavilles

    Hubert-Félix Thiéfaine chantait « Quand la banlieue descendra sur la ville  ». C’est l’expression de la vieille peur de l’encerclement de la ville par la banlieue. Une peur qui s’appuie sur la crainte des émeutes urbaines, sur la peur des immigrés qui peuplent la banlieue, sur un nœud de réalités tout comme de fantasmes. La banlieue apparaît ainsi « contre » la ville, comme son contraire : l’éloignement de tout à la place de la proximité de tout que l’on connaît dans les centres villes. Les prolétaires plutôt que les « cadres sup », les populations « aidées » plutôt que les populations « aisées ». La grisaille plutôt que le clinquant. Les enjoués de la mondialisation plutôt que ses victimes.

    Il y a donc bien des facteurs d’opposition entre ville et banlieue. Mais l’une et l’autre se côtoient. Elles sont contre, tout contre l’autre. En d’autres termes, l’une se nourrit de l’autre. La misère de l’une, la banlieue, est évidente (à l’exception de quelques banlieues aisées qui sont une minorité), mais la misère dans les centres-villes existe aussi. Une misère moins matérielle que morale, relationnelle, existentielle. Disons le autrement : ville et banlieue forment système. C’est le système de la modernité. Ville et banlieue souffrent de ses signes, de ses marques, de ses manques. La modernité fait des dégâts partout.

    C’est ce que j’ai essayé de montrer dans mon livre, La banlieue contre la ville (édition « La barque d’or »). Ville et banlieue : de quoi parle-t-on ? Les mêmes mots désignent des réalités qui ne sont plus celles de 1910 ni de 1950. Les banlieues étaient les faubourgs de la ville. Elles étaient le prolongement de la ville et une transition vers la campagne. Le gigantisme est venu bouleverser cela. La banlieue s’étend désormais à perte de vue dans les mégalopoles telle la région parisienne. Paris, la ville historique de Paris, même avec ses quartiers les plus récents, ceux qui n’ont été urbanisés que sous le Second Empire, n’est plus qu’un petit point au centre de l’agglomération parisienne. 2 millions d’habitants vivent à Paris, plus de 12 millions vivent à coté de Paris dans les périphéries lointaines de l’agglomération, qui déborde au-delà même de l’Ile de France, en Picardie, en région Centre, vers la Champagne Ardennes. Tous les gouvernements de la (fausse) droite et de la (fausse) gauche poursuivent le même but, faire de Paris une mégaville encore plus « compétitive ». Cela veut dire : encore plus financiarisée, encore plus spéculative, encore plus invivable pour la masse de ses habitants. « Nicolas Sarkozy veut donner un nouvel élan au Grand Paris » dont le projet « va jusqu’au Havre », indiquaient les Echos du 10 octobre 2011, chiffrant à 32 milliards le montant des investissements en infrastructures que cela requerra d’ici à 2025. Si cette dépense n’empêchera pas nombre de Parisiens à essayer de fuir leur mégalopole, comme un million d’entre eux l’ont fait en 5 ans, bien plus nombreux sont les nouveaux habitants qui arrivent à Paris, venus, souvent, des quatre coins du monde et de ce que l’on appelait le « tiers monde », où le manque de perspective attire dans les grandes villes européennes, avec les encouragements et les aides mises en place par l’hyperclasse . Car celle-ci poursuit son objectif : elle ne fait pas du social pour le plaisir de se donner bonne conscience, elle fait un minimum de social, uniquement en direction des couches les plus défavorisées, et en vue d’un objectif précis. Cet objectif c’est de peser à la baisse sur les salaires des travailleurs originaires du pays d’accueil, de leur faire accepter des reculs sociaux, par une concurrence de main d’œuvre peu exigeante car elle n’a pas le choix. L’immigration de masse est une stratégie du capital. Réserver les HLM aux plus pauvres, généralement issus de l’immigration, est un aspect de cette stratégie, et nous ramène au coeur des questions de la ville, car c’est un moyen pour le patronat de moins payer ces travailleurs (cf. Alain de Benoist in Eléments 139,2011, « Immigration, l’armée de réserve du capital »et le Spectacle du monde, octobre 2010, « L’immigration en France, état des lieux »). L’objectif du capital, c’est tout simplement un financement public le plus élevé possible de la reproduction de la force de travail permettant à la part privée, patronale, de ce financement, d’être la plus faible possible. C’est uniquement en ces termes - que l’on peut qualifier de marxistes et qui sont en tout cas réalistes - que ceci peut se comprendre et non, comme paraissent le croire certains, parce que les pouvoirs publics seraient animés d’une pseudo préférence étrangère. Celle-ci n’est qu’une préférence pour l’immigration qui n’est elle-même qu’une préférence pour les bas salaires d’une part, pour la division et l’affaiblissement de la classe ouvrière d’autre part.

    L’évolution contemporaine de la ville s’analyse en fonction de cela. En périphérie se situent les zones d’habitat, loin des entreprises, très loin des usines, afin que les travailleurs ne puissent s’organiser et soient usés par le travail, tout comme les chômeurs ne peuvent non plus s’organiser dans ces immenses zones où chacun est isolé de l’autre : car la densité des banlieues est dérisoire face à celle des centres-villes. Au centre des agglomérations se situent les espaces festifs (Festivus festivus disait Philippe Muray), où il s’agit de « s’éclater », où les élus locaux aménagent des espaces de plus en plus « jouissifs » (dixit Bertrand Delanoé), afin de faire oublier les dégâts de la mondialisation, les délocalisations, la liquidation de l’industrie, tout particulièrement en France. Objectif ultime : tuer toute envie de politique, celle-ci étant noyée dans de vagues fêtes citoyennes ou communautaires (participation des élus à des ruptures du jeune, encouragements à tous les replis communautaires, etc).

    Partout les centres-villes sont devenus inabordables pour les classes populaires ou moyennes. Ils sont devenus des musées, sans artisans, sans entreprises autres que des commerces. Immigrés pauvres entassés dans des logements vétustes, bobos charmés par la « diversité » mais très habiles en stratégie d’évitement de celle-ci quand il s’agit de scolariser leurs enfants, le peuple est en fait chassé du cœur des grandes villes. Les artisans s’y font de plus en plus rares, les petites industries y ont disparu, les services et la tertiarisation ont remplacé les ouvriers.

    Face à cela, il faudrait rétablir la possibilité de liens sociaux plus forts. Cela nécessiterait deux choses. La première c’est la densité, insuffisante en banlieue, ce qui a pour conséquence que ces banlieues sont trop étendues. Trop étendues pour des raisons écologiques, trop consommatrices en énergie notamment pour les transports, trop souvent individuels (usage excessif de la voiture rendu indispensable par la carence des transports en commun). La seconde chose qui serait nécessaire, c’est de développer la mixité habitat-travail, avec donc l’objectif d’une réduction des temps de transport, avec un nouvel urbanisme abandonnant la solution trop facile et inepte de séparer totalement zones d’activité et d’emploi. Ce sont les deux axes majeurs à développer. Comme conséquence de leur application, les liens entre travailleurs, qui sont aussi des habitants seraient facilités, les luttes, à la fois dans le domaine du travail et dans le domaine de l’habitat seraient rendues plus aisées, les collectifs habitants-travailleurs pourraient intervenir dans la gestion des usines, des ateliers, des immeubles. Les luttes sociales redeviendraient possibles à chaque fois qu’il serait nécessaire de s’opposer à la logique du capital, l’organisation des sans travail, les initiatives pour créer des entreprises sans capital, des coopératives ouvrières de production, des entreprises associatives, de l’économie solidaire seraient là aussi facilitées.

    En somme, il serait possible de refaire une société forte, autour de la valeur du travail bien sûr mais pas autour du « travailler toujours plus », a fortiori quand il s’agit de travailler toujours plus pour le capital. La mise hors d’état de nuire des trafiquants de drogue et autre pourrait être réalisée par les habitants-travailleurs eux mêmes dotés de leur propre garde nationale civique dans le même temps que le coeur de la politique nationale (et européenne bien sûr) devrait être de lutter contre le parasitisme financier, le blanchiment de l’argent sale, la délinquance civique tout autant qu’économique et ses réseaux.

    La ville doit être conçue pour le lien social. Elle doit répondre aux besoins éthologiques de l’homme : enracinement, repères, intimité. L’anonymat est aussi un besoin dans les villes, mais c’est son excès que l’on constate, c’est son excès qu’il faut mettre en cause. Pour répondre au besoin d’enracinement, il faut rapprocher habitat et lieux d’activité, il faut voir à nouveau la ville comme un paysage, et réhabiliter la notion d’identité locale, de lieu, de site. Il faut, par la densité, réduire l’étendue des villes, combattre l’étalement urbain, retrouver la coupure franche ville-campagne. C’est que j’essaye de montrer dans mon analyse des rapports de l’homme et de la ville. Montrer pour convaincre. Convaincre pour transformer.

    L'avenir de la ville n'est écrit nulle part. Entre le grand ensemble et la marée pavillonnaire, d'autres voies sont possibles. Le devenir-banlieue de la ville n’est pas inéluctable. Les idées de notre modernité ont mené la ville là où on sait. D'autres idées peuvent la mener ailleurs.

    Pierre Le Vigan (version remaniée d'un article paru dans Rébellion, novembre-décembre 2011)

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