Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

virus

  • Virusland...

    Les éditions du Cerf viennent de publier un livre de Pierre-Cassou Noguès intitulé Virusland. Professeur de philosophie à l'université Paris-VIII, Pierre Cassou-Noguès aborde la théorie par la narration en se concentrant sur l'univers contemporain des sciences et des techniques.

    On pourra visionner en introduction au livre le documentaire en six épisode réalisé par Pierre Cassou-Noguès and Gwenola Wagon sur le même thème, Voyage en Virusland, disponible sur Viméo.

     

    Cassou-Noguès_Virusland.jpg

    " Extrapolant les leçons du confinement, Pierre Cassou-Noguès nous offre le plus saisissant mythe contemporain sur ce point de bascule où, contagieusement, la fiction prend le pas sur la réalité. Une leçon de philosophie sur la contamination de l'étrangeté et de la peur, de la machine et de la régulation qui se lit comme un roman.

    La réalité ressemble à un film parce que notre monde se modèle désormais sur la fiction. Telle est, pour Pierre Cassou-Noguès, l'une des leçons de la pandémie et du confinement.
    Virusland ne désigne pas une région du globe, mais une forme de vie qui se propage par contagion. Quitte à muter localement, elle touche indistinctement les régimes politiques, renvoie à une science qui se prétend univoque, modifie nos gestes, nos habitudes, notre rapport aux corps, au " normal ", au moral et à l'immoral. Fondée sur l'image d'une guerre contre un ennemi invisible, elle nourrit un sentiment de peur et d'étrangeté que redoublent la restriction drastique de nos libertés et les appareillages toujours plus complexes de surveillance, de communication et de distraction.
    Recourant aux œuvres classiques et futuristes, tenant avec humour et profondeur, le journal d'un Robinson contemporain, Pierre Cassou-Noguès interroge le mauvais rêve dans lequel nous avons été plongés pour savoir s'il n'est pas promis à devenir notre quotidien.
    Un exercice époustouflant de philosophie qui se lit comme un roman. "

     

    Lien permanent Catégories : Livres 0 commentaire Pin it!
  • L’enfer est pavé de bonnes intentions hygiénistes...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par François Bousquet à Causeur à l'occasion de la sortie de son essai polémique Biopolitique du coronavirus (La Nouvelle Librairie, 2020). Journaliste, rédacteur en chef de la revue Éléments, François Bousquet a notamment publié Putain de saint Foucauld - Archéologie d'un fétiche (Pierre-Guillaume de Roux, 2015), La droite buissonnière (Rocher, 2017) et Courage ! - Manuel de guérilla culturelle (La Nouvelle Librairie, 2020).

    François-Bousquet.jpg

    Covid-19 : « L’enfer est pavé de bonnes intentions hygiénistes »

    DAOUD BOUGHEZALA. Vous consacrez le premier chapitre de votre essai Biopolitique du coronavirus. Télétravail, famille, patrie, aux théories complotistes qui font actuellement florès. A l’ère de la scolarité obligatoire, de l’accès gratuit au savoir et à l’information, comment expliquez-vous leur essor ? Vit-on une crise de l’esprit scientifique et rationnel moderne ?

    FRANÇOIS BOUSQUET : Avons-nous jamais été des agents rationnels, des animaux pourvus seulement d’une froide raison calculante ? On peut en douter. Notre imagination a toujours été très active. Le complotisme le prouve à sa manière. C’est d’abord un imaginaire folklorique, souvent sympathique, mais accolé à une sorte de délire interprétatif. Cet imaginaire a brutalement resurgi après le 11 Septembre 2001 et la seconde guerre d’Irak. Peut-être sa longue hibernation n’était-elle qu’un effet d’optique que l’avènement du Web a brisée. Internet n’a d’ailleurs pas réinventé le complot, il l’a seulement sorti de ses niches antimaçonniques, rosicruciennes, soucoupistes. Viral, le complot est devenu mondial, en haut débit et libre accès. C’est la nouveauté. Pour le reste, le complotisme répond à un besoin fondamental de l’âme humaine : l’intentionnalité. Les créationnistes parleraient de dessein intelligent, mais le dessein ici est indifféremment intelligent ou malveillant. C’est ce que Léon Poliakov a appelé d’une formule saisissante la « causalité diabolique ». À elle seule, elle illustre la permanence du miraculeux, de la pensée magique, de l’acteur tout-puissant qui met un visage sur des processus qui sans cela resteraient impersonnels. Comment détester la logique abstraite du capital ou de la mondialisation ? En lui donnant les traits de Bill Gates !

    Disant cela, on en viendrait presque à épouser la ligne de défense des médias centraux contre le complotisme. Mieux vaut au contraire faire l’hypothèse que le complotisme n’est que l’image renversée desdits médias. Les journalistes mainstream voudraient nous convaincre de ce que nous sommes entrés dans l’ère de la « post-vérité ». On ne demanderait qu’à les croire s’ils ne s’illustraient pas du matin au soir dans l’exploitation sans vergogne des faits alternatifs. C’est le faux sans réplique décrit par Guy Debord. Or, ce faux a trouvé une réplique dans le contre-journalisme sauvage et la littérature conspirationniste qui fleurissent sur Internet. L’univers complotiste a toujours fonctionné dans une troublante relation de symétrie avec les médias « légitimes ».

    Sans sombrer dans le complotisme, vous semblez parfois céder à la pensée magique. Ainsi, à l’instar de nombreux écologistes, vous estimez que la nature s’est vengée de nos excès, le Covid-19 étant la nemesis qu’appelait notre hubris. Plutôt qu’une conséquence de la mondialisation et de la surexploitation de la planète, ce virus n’est-il pas un des  fléaux qui jalonnent inévitablement l’histoire humaine ? 

    Rassurez-vous, je ne suis pas Greta Thunberg, le Petit Chaperon suédois qui fait descendre dans la rue les 16-18 ans et les fait pérorer à la tribune de l’ONU. De ce point de vue, le coronavirus a été une bénédiction. Il nous a débarrassé de l’icône suédoise et de ses nattes pendantes qui étaient jusqu’à lui placardées partout, comme une affiche de propagande nord-coréenne. Cela étant dit, la cucuterie écolo-citoyenne est une cible facile. Qu’elle ne serve pas de prétexte pour jeter le bébé avec l’eau du bain, et les enjeux écologiques réels avec les limites de leur traduction médiatique ou partisane.

    Nous entrons dans un monde sans perspectives, dans tous les sens du mot : à la fois sans avenir, sans recul et sans champ de profondeur, comme des prisonniers se heurtant aux murs trop étroits de leur cellule. On nous rétorquera que la Terre n’est pas une prison. Certes. Mais elle a ceci de commun avec les prisons qu’il ne nous est pas donné de pouvoir en sortir. La colonisation, puis l’exploitation des terres émergées et des océans auraient dû nous faire prendre conscience des limites mêmes du globe. Il n’en a rien été. À planète finie et ressources comptées, le capitalisme mondialisé n’a opposé que son dogme de la croissance infinie. La crise actuelle part de là. C’est d’abord une crise de la mondialisation des échanges, des hommes et des virus.

    Ce qu’on ne veut pas voir, c’est que la nature peut aisément fonctionner sans l’homme (elle l’a fait durant des milliards d’années), mais l’inverse n’est pas vrai. C’est pourtant sur cette croyance qu’est fondé le régime économique actuel. Si l’on devait comparer la collision de l’humanité avec les limites de la Terre à un véhicule lancé à toute vitesse sur un obstacle, il faudrait bien comprendre une chose : l’obstacle survivra sans peine au choc, mais pas le véhicule, encore moins son occupant. Dans cette affaire, le phénomène de la vie n’est pas menacé. Sa capacité de résilience est sans limites. Des millions d’espèces nous ont précédés sans laisser d’autres traces que des fossiles dérisoires…

    Examinons la gestion de la crise. A quelques exceptions près (Allemagne, Corée du Sud, Nouvelle-Zélande…), les gouvernements ont paru improviser au fil de l’eau.  Soumis à un pouvoir scientifique divisé et désemparé, notre appareil d’Etat a brillé par son impréparation. Si on les compare à leurs cousines occidentales, les élites politiques et administratives françaises se distinguent-elles vraiment par leur niveau d’incompétence ?

    Ajoutez-y la Chine, quand bien même elle en a été le foyer infectieux. Les bons élèves ont toujours été peu nombreux. Cela fait longtemps que la France n’en fait plus partie. Nulle sur toute la ligne ! Le constat est accablant. De la détection du risque à sa gestion, le gouvernement a accumulé les erreurs et les retards. À ce stade, ce n’est plus seulement d’immunodéficience des élites dont il faut parler, mais d’immunodéfaillance du Système. À Sciences Po, à l’ENA, on ne fabrique plus des serviteurs de l’État, mais des serviteurs de la dette, des contrôleurs de gestion. Ces écoles sont des moules. Comment en sortirait-il autre chose que des séries ? Calibrées comme des produits industriels, programmées comme des logiciels – et c’est d’ailleurs ce qu’ils sont très exactement : ils sont là pour accomplir des programmes. On fabrique des pilotes automatiques, à peine des technocrates, tout au plus des techniciens, si médiocres qu’ils nous feraient regretter le temps des ingénieurs qui pilotaient eux du moins des programmes industriels.

    Comme l’avait analysé Michel Foucault, le pouvoir politique moderne entend préserver la vie (et la santé) des citoyens alors les monarques traditionnels préparaient le salut de leurs sujets. Alors qu’une majorité de français apeurés par la pandémie a approuvé le confinement, le pouvoir macroniste a-t-il trouvé dans cette crise l’assise populaire qui lui manquait ? 

    L’assise populaire, certainement pas. Mais de fait les crises confortent les pouvoirs établis. Pandémie aidant, Emmanuel Caméléon – qui a une surprenante capacité à se réinventer – s’est débarrassé d’Édouard Philippe et des Gilets jaunes. Le confinement a joué pour lui. Ce fut un huis clos entre le Président et les Français, les seconds rôles étant dévolus à ses ministres. Tout aura été fait pour que 2022 soit le match retour de 2017. Ce à quoi Macron s’emploie. Continuer de scinder en deux les LR, pour annexer le centre et les juppéistes ; et renvoyer le solde à la bordure du FN. Après avoir annihilé sa gauche, Macron a ainsi piégé sa droite en l’asséchant. Mais il ne l’a piégée que pour mieux la ressusciter en un parti central unique. L’UMPS n’est plus une figure de style, c’est une réalité politique : le macronisme. Ce que les élites post-nationales cherchaient à accomplir depuis Giscard : accoucher d’une grande coalition, sur le modèle des coalitions à l’allemande, dont Macron incarnerait la version hexagonale. Le rêve giscardien de deux Français sur trois, sauf que c’est désormais un rêve à l’envers. La « coalition » macronienne ne réunissant qu’un tiers des voix, les deux tiers restants s’abstenant ou votant populistes, sans espérance de pouvoir, faute d’alliances. Ce qui fonde tous les espoirs de Macron pour 2020. Jusqu’à preuve du contraire, c’est lui qui a la main. On est obligé d’attendre qu’il la perde. Les vents contraires qui ne manqueront pas de se lever à la rentrée devraient ramener « Jupitérion » sur terre.

    Des masques au gel hydro-alcoolique, l’hygiénisme  ne s’est jamais aussi bien porté. Depuis le début du confinement, nos gouvernants réprouvent tout contact physique extraconjugal au nom du risque viral.  L’obsession prophylactique a-t-il transformé nos dirigeants libéraux-libertaires en néo-inquisiteurs ? 

    Les « enragés » de 68 auraient-ils peur de la rage, qui s’appelle aujourd’hui Covid-19 ? Qui les eût imaginés dans la peau du docteur Knock et de Savonarole ? L’alliance de la bactérie et de la mortification, redoutable attelage qui nous vaut cette avalanche de recommandations médicales et d’interdictions sanitaires. Mais les « boomers » n’ont jamais été à une contradiction près. Ils n’ont que le « vivant » à la bouche, alors qu’ils s’acharnent à le mettre sous cloche. Vivre in vivo tue. Idéalement, il faudrait pouvoir « vivre » in vitro, sinon même in utero, à l’abri de la violence du monde, derrière son masque, confiné à vie. Disant cela, il ne s’agit pas de faire l’éloge du cancer du poumon ou des maladies cardio-vasculaires, ni de nier que le coronavirus ou le tabagisme ne sont pas des problèmes de santé publique, ni de se livrer à une apologie des comportements à risques, mais de ne pas dissocier la prise de risques du risque de vivre. Ici comme ailleurs, le mieux est l’ennemi du bien et l’enfer est pavé de bonnes intentions hygiénistes.

    Vous rejoignez les analyses d’Olivier Rey sur la sacralisation de la vie et son corollaire, le refus contemporain de la mort.  Notre époque érige en effet la survie en valeur suprême, renonçant tant au culte païen du héros qu’à la conception chrétienne de la sainteté. Seuls les djihadistes semblent aujourd’hui chercher leur salut dans l’au-delà. Tout compte fait, la sainte frousse de la mort qu’a notre société laïque adoucit-elle  les moeurs ?

    On a conféré à la vie humaine une valeur que jusque-là elle n’avait jamais eue. C’est ce que Michel Foucault a appelé la « biopolitique ». La biopolitique, c’est la prise en considération de la valeur de la vie humaine – ici et maintenant, tout de suite. Cela, c’est le propre de la modernité, c’est l’acte de naissance de l’individu. Dans les âges antérieurs dominés par la religion, ce qui importait, c’était de se donner les moyens de gagner le paradis chrétien. Avec la modernité, renversement de perspective : la cité terrestre va l’emporter sur la cité céleste. C’est dans ce contexte qu’est née la biopolitique. Peu à peu, les individus ont aspiré à conserver ce qu’il y a de plus précieux pour eux : leur vie. Voilà pourquoi on en a fait trop avec le Covid. Parce que nous modernes avons développé une phobie du danger, une intolérance au risque, un déni de la mort. Tout notre arsenal juridique et réglementaire envahissant est très largement conditionné par cette hantise du risque. Zéro mort, zéro défaut, zéro panne, nouvel impératif catégorique. Ce qu’on cherche à conjurer à travers cela, ce n’est pas seulement la visibilité de la mort, c’est sa possibilité. Dans un monde ludique, plus de place pour le tragique. L’hygiénique peut alors triompher.

    Comme l’a écrit Jean Delumeau, tout épisode de terreur se conclut par la recherche de coupables. C’est aussi l’un des ressorts du populisme, dont vous vous revendiquez. Scrutant le paysage politique, vous écorchez Marine Le Pen, vantez les mérites de Michel Onfray et soulignez les limites d’un tribun pétomane à la Jean-Marie Bigard. En tant qu’homme de droite, que vous inspire l’actuel rejet du concept même d’élite jusque dans les rangs conservateurs ? Donnez-vous raison à Lénine soutenant jadis que « chaque cuisinière doit apprendre à gouverner » ?

    Dans un monde idéal, oui. Mais le vœu d’autonomie, celui du peuple auto-institué, se heurte au principe de réalité, singulièrement dans les pays latins, singulièrement dans les pays anciennement catholiques, singulièrement en France, où la puissance publique a tout vampirisé. Je ne sais plus qui a dit de la France que c’est la seule monarchie d’Europe. Pas plus que les autres, elle ne saurait se passer d’élites. Tout le problème est qu’elles sont de plus en plus médiocres, conformistes et déliées de leurs engagements vis-à-vis des peuples. Raison pour laquelle les populistes croient pouvoir en faire l’économie. Mais la vérité, c’est que le peuple en soi, sans élite ni avant-garde, au sens marxiste du mot, est voué à l’impuissance. C’est ce que donne à voir la longue histoire des révoltes populaires, jusqu’à la crise des Gilets jaunes. Il faut se garder des tentations utopiques qui ont peu à peu submergé ce mouvement une fois que les Gilets jaunes historiques ont déserté les ronds-points. Le RIC ne résoudra pas tous les problèmes, pas plus que le « Web e la Piazza », le Web et la place publique, pour parler comme le Mouvement 5 étoiles. On ne fait pas de la politique à partir de rêveries autonomes, autogestionnaires, conseillistes, archéo-anarchistes. Les sociétés auto-organisées (les sociétés sans État chères à l’anthropologue et ethnologue Pierre Clastres) ne font pas société. Ce qui apparaît au contraire dans les enquêtes d’opinion, c’est que les peuples abandonnés plébiscitent les figures de l’autorité. Dans les sociétés ouvertes, un des deux besoins fondamentaux de l’âme humaine n’est plus assurée : la sécurité. L’âme humaine s’épanouit pleinement dans la liberté pour peu que l’homme est la garantie d’être protégé. Liberté et sécurité. Les deux entrent systématiquement en tension, l’un menaçant d’abolir l’autre. Ainsi de la liberté, grand idéal de la modernité. C’est dans ce sens-là qu’il faut interpréter la demande populiste et l’émergence des sociétés illibérales. On définit communément le populisme comme un appel au peuple, mais il est bien plus un appel au secours des peuples, protestation angoissée qui n’est pas entendue et renvoie aux élites l’image de leur suffisance et de leur insuffisance. L’homme populiste cherche le bon gouvernement, le bon pasteur. Il veut choisir son chef, mais il veut un chef.

    François Bousquet, propos recueillis par Daoud Boughezala (Causeur, 18 août 2020)

     

    Lien permanent Catégories : Entretiens 0 commentaire Pin it!
  • Un regard écologique sur les virus...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Frédéric Malaval, cueilli sur Polémia et consacré aux virus vus sous un angle écologique. Frédéric Malaval est docteur en Sciences de l’environnement.

     

    Virus.jpg

    Un regard écologique sur le Covid-19 – Virologie et incertitude

    Les virus, organismes très fragiles, se perpétuent par le changement perpétuel.

    Les virus sont les virus

    “Les virus sont les virus”, voici la réponse des spécialistes de ce monde quand le béotien cherche à ranger les virus dans une catégorie connue. Les virus sont des êtres inéligibles au monde vivant. Ils forment une entité clanique en elle-même. Difficile alors de créer des catégories de virus. Hier, la classification reposait sur leur pouvoir pathogène ou leur taille; on a découvert récemment des virus géants, c’est-à-dire de la taille de…. bactéries. Aujourd’hui, cette classification est fondée sur la structure des virus selon la nature de l’acide nucléique du génome, DNA ou RNA, la conformation de la capside, tubulaire ou icosaédrique, et enfin la présence ou l’absence de péplos. Demain, on verra… (1: “Les virus, piliers de la vie marine”, Pour la Science n°104, juillet 2019).

    Ces éléments réunis permettent de déterminer les modes de transmission et d’action des virus, considérés unanimement comme des organismes très rudimentaires pratiquant le parasitisme. Leur identité est difficile à établir car leur fragilité leur impose une mutagenèse vitale pour surmonter l’hostilité des organismes qu’ils parasitent et tromper toutes les protections dont ils sont les victimes. Leur but est d’accéder au sein de cellules vivantes afin de se dupliquer en détournant la biochimie cellulaire à leur profit et assurer leur pérennité une fois la cellule infectée détruite. Quand beaucoup de cellules sont infectées, l’organisme parasité meurt. Mais entre temps, il aura été le vecteur du virus dont il aura garanti la survie.

    Le succès d’un virus dépend de sa capacité à se fixer à la surface des cellules d’un organisme. L’analogie d’un mécanisme clé-serrure, souvent évoqué, illustre cette exigence. Chaque organisme-hôte dispose d’une ‘serrure’ qui lui est propre à la surface de ses cellules. Si le virus dispose de la « bonne clé », il pourra entrer. Or, en permanence, les organismes-hôtes potentiels changent leurs ‘serrures’. Les virus doivent alors disposer de nouvelles clés. D’où la nécessité de muter en permanence, c’est-à-dire de créer de nouvelles clés avec l’espoir que l’une d’entre elles fonctionnera.

    Les virus, moteur de l’Évolution !

    Les virus constituent une merveille de l’évolution car ils consacrent un mode de ‘vie’ dont la pérennité repose sur le changement perpétuel. Constatant cette singularité, de nombreuses personnalités ont vu dans les virus une composante essentielle de la biosphère. Ainsi, Lewis Thomas (1913-1993) soulignait que leur mobilité génétique avait joué un rôle sans équivalent dans l’Évolution par leur capacité à déplacer du matériel génétique d’un individu ou d’une espèce à l’autre. Là est la difficulté des chercheurs pour élaborer le vaccin idoine, car une fois celui-ci au point, le virus ciblé aura muté, changé d’identité et de comportement. Ils sont confrontés à une relation ressource-consommateur / proie-prédateur de base en écologie. Les militaires vont traduire ce couplage par l’ancestral antagonisme entre l’épée et la cuirasse. Mais alors que cette relation proie-prédateur se déploie sur des millénaires d’évolution chez les mammifères, une à deux générations humaines dans l’art de la guerre, celle-ci évolue en quelques mois, voire semaines, pour l’interface virus-hôte.

    Ces mutations du matériel génétique fournissent alors de nouvelles ‘épées’. Pour d’innombrables impasses évolutives, il y a toutefois quelques succès adaptatifs. Une fois installé chez un hôte, le nouveau germe pathogène peut alors se propager chez les individus fragiles d’une population. Une maladie infectieuse est la conjonction de plusieurs évènements que le couple germe-hôte initie. Ensuite, les contacts répétés entre les membres de la population-hôte assurent sa diffusion chez les immuno-dépressifs, – là, ils triomphent -,… et l’immunisation des individus sains. Une nouvelle lignée doit alors vite émerger sous peine de mort définitive du type de virus ayant rencontré le succès initial.

    Il n’y a pas de papa et de maman virus

    Les virus ne peuvent pas se multiplier par eux-mêmes. Il n’y a pas de papa et de maman virus. La multiplication d’un virus consiste en l’introduction du génome viral dans une cellule. C’est elle qui va fabriquer de nouveaux virus selon un procédé de biosynthèse appelé réplication. C’est pourquoi cela est qualifié de parasitisme. C’est au moment de cette réplication que des ‘erreurs’ de transcription engendrent de nouvelles variétés.

    Les chercheurs identifient les différentes étapes du cycle de multiplication virale propre à chaque virus pour développer des molécules antivirales. Mais le virus mute, amplifiant ou non alors ses capacités de diffusion. La mutation modifie son éthologie et par conséquent les manifestations de sa présence. Les issues sont alors son éradication ou son amplification dans la population-hôte. On ne sait pas d’avance ce qui va se passer car il est impossible de connaître la nature et l’issue d’une mutation. Les certitudes sont rares dans le monde des virus, car l’aléa est au fondement de l’existence de ces organismes. D’où la grande prudence des virologues quand on attend d’eux des réponses concrètes. La réponse valable ce jour ne le sera plus demain.

    Coronavirus est une vedette de la virologie

    Concernant les évènements du printemps 2020, le non-spécialiste est obligé d’admettre que le flou le plus total règne. Pourtant, Coronavirus est une vedette de la virologie. Dans le numéro de janvier 2018 de Pour la Science était signalée une étude de l’Académie chinoise des sciences confirmant l’hypothèse que les chauve-souris du genre Rhinilophus étaient un réservoir du Coronavirus à l’origine du SRAS, syndrome respiratoire aigü sévère. Une épidémie en 2003 avait alerté les savants sur ce thème. Mais déjà ceux-ci avaient constaté être en présence de plusieurs souches. Ce polymorphisme participe au succès adaptatif des virus.

    C’est parce qu’il a besoin de récepteurs cellulaires spécifiques de la membrane cytoplasmique pour rentrer dans une cellule que chaque type de virus donné ne peut infecter qu’un nombre restreint d’espèces. Cela est qualifié de tropisme d’hôte. Une fois le processus réussi, jusqu’à un millier de virus sortent en faisant éclater la cellule, notre résistance aux virus dépendant alors de la performance de notre système immunitaire. Or, celui-ci varie selon les circonstances (horaires, saison, fatigue, alimentation, stress, âge, etc.), d’un individu à un autre, d’une race à une autre, d’une espèce à une autre, etc.

    Ainsi, il est maintenant prouvé que les Africains et les Européens répondent différemment aux infections. Cela est en grande partie sous contrôle génétique. La sélection naturelle est à l’origine de nos profils immunitaires. Les premiers vivent sous les tropiques, alors que les seconds ont prospéré à des latitudes septentrionales aux climats tempérés. Depuis longtemps les savants ont compris cela. Aujourd’hui, nous dirions que nous sommes le produit de déterminismes écosystémiques. La conséquence est qu’un Blanc est plus fragile en Afrique qu’un Noir, et réciproquement.

    Les virus à l’origine du Commerce triangulaire

    Pour l’anecdote, ces différences dans la performance immunologique sont à l’origine de l’esclavage des Noirs dans les Antilles. A l’origine des ouvriers blancs sous contrat s’affairaient dans les plantations. Mais l’inadaptation de leurs systèmes immunitaires sous les tropiques les faisait mourir bien vite. D’où la nécessité pour les planteurs de recourir à un prolétariat adapté à ces conditions très différentes de celles prévalant en Europe. Les Africains subsahariens répondaient à ces critères, mais il fallait les ‘acheter’ car le ‘contrat’ n’existait pas en Afrique. Il n’y avait pas de salariat, seulement des relations maîtres-esclaves. D’où la mise en œuvre du Commerce triangulaire. L’origine de tout cela est la défaillance de l’immunité des Européens en climat tropical.

    La perfection immunologique : le varan de Komodo

    Il est aussi prouvé que des espèces archaïques vivant dans des milieux riches en germes pathogènes comme les écosystèmes équatoriaux sont très résistantes aux infections. Ainsi, les savants espèrent trouver un antibiotique miracle dans le sang du dragon de Komodo ; un très gros varan asiatique tout droit sorti du temps de dinosaures. Son système immunitaire est si efficace qu’il utiliserait des bactéries pathogènes présentes dans sa salive pour tuer ses proies grâce à une immunité innée résultant de millions d’années d’évolution. D’autres reptiles attirent l’attention des chercheurs pour isoler des molécules au spectre antiviral large. Précisons qu’il existe aussi une immunité innée chez les humains, mais comme espèce apparue récemment, elle est beaucoup moins performante que celle d’autres espèces l’ayant précédée et diffère d’une race à une autre.

    Chez les humains, il est admis que les populations tropico-équatoriales sont plus anciennes que les populations septentrionales. Dans les milieux savants, l’idée se répand actuellement que les Africains subsahariens n’ont pas seulement un système immunitaire différent de celui des autres races humaines, mais que celui-ci est très performant, sous réserve qu’il s’exprime dans l’espace écologique ayant engendré leur lignée. Dit autrement les individus à la peau noire ont de meilleurs systèmes immunitaires que ceux à la peau claire. C’est tout à fait normal. Il en est ainsi pour toutes les populations humaines vivant sous les tropiques. Les Africains vivent dans des territoires à la nourriture abondante et à la température clémente; la contrepartie étant qu’ils évoluent dans un véritable bouillon de culture. Un système immunitaire performant est donc la garantie d’avoir une espérance raisonnable de survivre comme individu et comme lignée. En revanche, les populations septentrionales, c’est-à-dire essentiellement les Blancs, vivent dans des territoires où rien ne pousse pendant plusieurs mois et où le froid tue. La bonne nouvelle et qu’il y a ‘moins de microbes’. La sélection naturelle a favorisé, selon les déterminismes écologiques, des systèmes immunologiques différents à l’origine d’une immunité innée propre à chaque lignée à laquelle s’ajoute l’immunité acquise propre à chaque individu.

    Immunité innée et immunité acquise

    Cette immunité acquise est une des trois lignes de défense s’opposant successivement à une infection virale. A la frontière de l’organisme, il y a la peau, les muqueuses, la faune et la flore épidermiques. C’est la jungle sur notre peau. Difficile de la traverser. Ensuite interviennent l’immunité naturelle innée, puis l’immunité acquise forgée par le contact avec le virus pathogène. Le principe de la vaccination est que ce premier contact soit fait avec un germe inerte.

    En fin de compte ce n’est pas le virus qui déclenche la maladie, mais l’état plus ou moins immunodépressif du sujet infecté. Aussi, tous les états d’immunodépression contre-indiquent les vaccins vivants infectieux. Cela serait fatal pour une personne fragile alors qu’un sujet sain le supporterait sans dommage. Celui-ci serait toutefois à l’abri de l’infection, sans vaccin. Généralement, un individu en bonne santé dans son espace écologique est à l’abri des infections virales ordinaires. Pourtant, les tentatives sont innombrables, confrontant à chaque instant le système immunitaire de nos organismes à de nouveaux défis. Mais l’immense majorité n’a pas plus d’effet sur nous qu’un léger zéphyr.

    Aussi, les virus sont utiles car ils influent décisivement sur toutes les populations envisagées comme un ensemble d’individus semblables. Entre autres, une de leurs cibles privilégiées sont les autres germes, dont les bactéries elles aussi à l’origine de nombreuses pathologies fatales. Éliminer les virus renforcerait ces populations de bactéries avec les conséquences facilement envisageables pour les autres populations, humains compris. Les bactéries sont beaucoup plus résistantes aux agressions de toutes sortes que les virus. Avant l’arrivée des antibiotiques, il était courant d’introduire volontairement des virus dans les organismes infectés par des bactéries pour les détruire. Cette pratique médicale est qualifiée de phagothérapie. Confrontés à la baisse d’efficacité des antibiotiques, cette pratique retrouve grâce auprès de nombreux médecins.

    Pour l’anecdote, on signalera aussi l’utilisation de virus dans la technologie. À ce jour, il est envisagé d’utiliser des virus génétiquement modifiés pour améliorer les performances des batteries en augmentant la surface des cathodes grâce à eux. La discussion est ouverte !

    Pour l’écologue, toutefois, la fonction principale des virus est de contribuer à l’hygiène des populations en limitant leur taille et en éradiquant les individus ‘fragiles’, potentiellement vecteurs de virus, menaçant à terme les individus sains. Ce n’est pas un propos facile à assumer, mais c’est comme ça. Il faut le dire. Leur fonction écologique est fondamentale.

    Frédéric Malaval (Polémia, 19 juillet 2020)

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Coronavirus, confinement, complotisme, Raoult…: les mots du mal...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Pierre Lours, cueilli sur Polémia et consacré aux mots ou expressions qui se sont répandus aussi vite que le virus...

     

    Coronavirus_Mots.jpg

    Covid-19. Confinement, complotisme, Raoult… Les mots du mal

    Les mots incarnent les idées. Sans mot l’idée est informe, vaporeuse comme l’univers l’était avant sa création. Quand le mot apparaît, l’idée devient palpable, utilisable, transmissible. Le mot permettra à l’idée d’évoluer, de se transformer, de se préciser, de s’enrichir, ou, s’il n’est pas passé dans le langage des hommes, de disparaître.

    Pendant cette crise de gestion d’une pandémie, pendant ces longs mois où nombre de politiciens ont fait preuve d’incompétence ou de clairvoyance courageuse, les mots qu’ils ont employés, les mots qu’ils ont propagés par le truchement souvent docile des journalistes, les mots qui ont été adoptés par la multitude, tous ces mots ont été les reflets du mal-être, du mal de vivre cette épreuve. Ils illustrent les sociétés humaines qui marchent tant bien que mal à l’image des individus très imparfaits qui les composent.

    Florilège de quelques mots emblématiques qui ont parsemé ces premiers mois de 2020 et qui en disent long sur l’état de la France.

    ***

    Au commencement était le CORONAVIRUS. Une appellation solennelle inspirée de la forme en couronne du susdit virus. Puis vint le COVID-19, nom de la maladie. Un nom de baptême international composé des deux premières lettres de COrona et de VIrus, du D de disease (maladie), le tout flanqué de 19, pour 2019. Somme toute, un nom fleurant bon la compétence scientifique et suggérant aussi un mystère inquiétant. Mais surtout n’évoquant en aucun cas la source de la pandémie, c’est-à-dire la Chine. Et pour cause, il n’est pas possible pour les pays occidentaux de désigner le responsable asiatique compte tenu de leur dépendance économique avec ce pays régi par le capitalisme d’État et dirigé par un parti communiste, alliant comme dans un rêve d’oligarque, l’efficacité industrieuse avec le totalitarisme politique. Un paradis sur terre pour une armada d’Occidentaux ayant flairé l’eldorado de leurs ambitions économiques et financières.

    On soulignera bien un moment que le LABORATOIRE soupçonné d’être à l’origine du virus a été installé par la France et plus particulièrement par M. Lévy, mari de l’ancien ministre de la Santé Agnès Buzyn, mais très vite on expliquera que le temps n’est pas aux accusations, notre dépendance vis-à-vis de la Chine expliquant cette retenue diplomatique.

    Vade retro, CONSPIRATIONNISTE ! Hors de notre vue, professeur Montagnier, ancien et même « très vieux » Prix Nobel (comprenez qu’il n’a plus toute sa tête !), qui a l’audace d’affirmer du haut de ses compétences virologiques que le CORONAVIRUS a été fabriqué par un laboratoire chinois, vraisemblablement au cours de l’élaboration d’un vaccin contre le sida, qui aurait mal tourné ! Conspirationniste, quel mot efficace pour clouer le bec d’un adversaire qui dérange, qui cherche à faire la lumière sur un sujet caché ou qui avance des hypothèses fâcheuses. Un conspirationniste, une sorte de maniaque paranoïaque voyant le mal partout, devinant le diable fait homme derrière des intentions mégalomanes imaginaires. Une sorte de fada, comme on dit à Marseille, un fou digne des hôpitaux psychiatriques des paradis communistes, un empêcheur de faire de l’argent en « rond » par la grâce des traitements et du vaccin à venir.

    Le professeur RAOULT sera l’incarnation de ce fada dangereux qui soigne des malades avec des vieux médicaments pas chers et met ainsi en péril la multiplication de bénéfices juteux engendrés par un virus mutant, façon dollars. Ainsi, par exemple, le 14 mars sur BFM, le professeur Raoult est qualifié de « provocateur » alors qu’il venait juste de faire état d’un rapport statistique circonstancié espagnol mettant en cause l’efficacité du confinement.

    Face à cette image du « savant de Marseille » propagée à l’envi par les médias, une armée de spécialistes, de CONSULTANTS ne consultant plus très souvent pour bon nombre d’entre eux, de belles âmes bavardes viendront contester au nom de la déontologie de la recherche et de la rigueur scientifique le devoir de soigner les malades. Priorité à l’expérimentation des traitements comparant un groupe placebo (donc pas soigné) avec un groupe ingérant des molécules à tester. Les morts auront la chance d’être utiles à la statistique scientifique et aux laboratoires pharmaceutiques. Des hypocrites contre Hippocrate… ou plutôt des criminels ?

    Et pour accréditer le sérieux, la raison, la responsabilité, la compétence des gouvernants, deux COMITÉS SCIENTIFIQUES flanqueront les quatre responsables de la politique sanitaire c’est-à-dire le président de la République, le Premier ministre, le ministre de la Santé et son directeur général. Deux comités derrière lesquels les politiques tenteront de se protéger et de dissimuler leur imprévision et leur mauvaise gestion des masques, des tests, des moyens de réanimation et les décisions qui en découlent. Un discours en forme de mascarade morbide instillant tous les soirs un brouillard statistique d’angoisses et de peurs pour légitimer un état d’urgence sanitaire, pour sidérer toutes colères, museler toutes accusations, conforter une dictature (provisoire ?) justifiée par la volonté de sauver les Français… après les avoir mis en danger ! Bienvenue au pompier pyromane !

    Un sauveur qui nous CONFINE. Restez chez vous, ne venez pas à l’hôpital pour vous faire soigner, sauf en cas d’extrême urgence, voire désespéré. Attendez, ça va passer ! Et puis, être confiné, c’est tout de même plus chic que d’être mis en quarantaine ! Un État qui vous confine, c’est presque un État qui vous protège, qui vous materne ! Merci qui ?

    Alors, du calme, tout le monde doit être HUMBLE devant une crise que personne n’a vu venir, affirme notre péremptoire président de la République, mettant ainsi en place un des futurs arguments de sa défense. Une frêle excuse que contredisent les livres blancs de la Défense depuis 15 ans et les études prévisionnelles sanitaires françaises et internationales. Que chacun se concentre sur les GESTES BARRIÈRES, l’éternuement dans le coude, le mouchoir en papier dans la poubelle, un mètre de distance avec les autres, et tout ira pour le mieux ! Honte à ceux qui se promèneraient dans une forêt ou sur une plage déserte, de dangereux délinquants que nos braves pandores héliportés traqueront faute d’avoir la permission de maintenir l’ordre républicain dans les banlieues. Ces promeneurs sont des mauvais citoyens coupables de mettre en danger la France, de créer de nouveaux CLUSTERS, foyer d’infection en français (mais c’est moins chic qu’en anglais et surtout plus parlant), une bande de délinquants anarchistes qui ne respectent pas la bénéfique DISTANCIATION SOCIALE, litote commode pour mettre à l’isolement physique les Français. Des mauvaises langues diraient qu’il n’y a rien de plus confortable pour un gouvernement que de diviser pour régner.

    Quant aux MASQUES, venus de Chine ou des ateliers improvisés français, ils seront disponibles au fur et à mesure de l’évolution des opinions des scientocrates sur leur nécessaire utilisation ! Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles ! D’inutiles, ils deviendront souhaitables, puis obligatoires dans les transports… Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas, comme disait Marianne la girouette ! D’ailleurs, dans une interview sur BFM diffusée le 18 mai, le président Macron déclare qu’« il y a eu une doctrine restrictive pour ne pas être en rupture ». Ce qui veut dire qu’ils ont adapté la doctrine d’utilisation des masques en fonction de leur capacité à en distribuer aux Français. Faute que tout le monde soit protégé derrière son masque, ils ont confiné la France. Bilan, des milliers de morts évitables, une économie et des finances plombées et un déconfinement risqué compte tenu de l’impossibilité de généraliser le port du masque, pénurie oblige.

    Enfin, les TESTS, là aussi, seront autorisés et utilisés progressivement quand ils seront disponibles (cinq mois après le début de la pandémie, on en manque encore…) et quand les « écouvillons à nez » remplaceront judicieusement les « écouvillons à gorge » malencontreusement livrés ! Les écouvillons, c’est couillon.

    J’oubliais de vous parler des prestations théâtrales de notre PRÉSIDENT. La mise en scène a été changeante, s’adaptant aux circonstances : du discours solennel d’un chef de guerre en campagne (pas électorale évidemment !) au bain de foule non distancié et sans masque en Seine-Saint-Denis ou à Mulhouse (là, il y aura bien un masque mais ce sera celui d’une musulmane s’adressant voilée au chef de l’État et commettant ainsi une infraction caractérisée mais absoute sur-le-champ par le fait du prince !). Plus tard, face aux militaires du service de santé, le président aura le masque, et encore après, il sera en bras de chemise pour communier avec des artistes, le visage, les cheveux et les idées vivifiés par le vent de la culture comme dans un happening auvergnat au festival de théâtre de rue d’Aurillac, qui, conséquence positive du virus, est annulé cette année !                                                                                                                                Et pendant ce temps, Édouard arborera tant bien que mal sa maintenant légendaire barbe mi-neige mi-printemps qui nous fait quand même regretter celle bellement fleurie de Charlemagne.

    Et, pour finir en apothéose, d’un Charles à l’autre, on ne peut passer sous silence la vaine tentative d’adoubement post mortem du président Macron par le grand Charles au pied de la monumentale croix de Lorraine : l’espoir fou et pathétique fait vivre, surtout en temps d’épidémie.

    ***

    Cette incomplète promenade sémantique dans la langue du Coronavirus ne doit pas faire oublier que c’est parce que notre société est un grand corps malade depuis plusieurs décennies que ce virus est dangereux. Cette crise n’est pas celle du Covid-19 mais celle d’une civilisation. Elle est révélatrice de notre affaiblissement économique, social, politique, moral, spirituel, artistique…

    Nous ne sommes pas en guerre car nous n’en avons pas la force. Le confinement a été l’équivalent de la ligne Maginot lors de la débâcle de 1940, un retranchement obligé pour essayer de se sauvegarder, de laisser passer l’orage.

    Cette pandémie est l’élément déclencheur d’un événement destructeur et dramatique, fruit d’une gouvernance de cigale irresponsable et ruineuse commencée dans les caprices de Mai 68 et dangereusement poursuivie par des démagogues drapés dans une respectabilité technocratique d’apparence démocratique.

    À quand la relève ?

    Pierre Lours (Polémia, 24 mai 2020)

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Feu sur la désinformation... (275)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un numéro de l'émission I-Média sur TV libertés consacrée au décryptage des médias et animée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, et Nicolas Faure.

    Au sommaire :

    • 1 : L’image de la semaine
      L’appel à la prière musulmane a retenti à Lyon et à Montpellier sous couvert de solidarité durant l’épidémie. Un événement peu commenté par les médias.
    • 2 : Covid-19. Croisade médiatique contre la chloroquine ?
      La chloroquine et le professeur Raoult continuent d’agiter les débats médiatiques ! Les journalistes ont-ils décidé de lancer une campagne contre la chloroquine ? La réponse dans ce I-Média.
    • 3 : Revue de presse
      Dans la revue de presse de la semaine, nous verrons notamment que l’invasion de l’Europe continue pendant la crise sanitaire, couverte ou même promue par les médias.
    • 4 : Les médias et le complotisme autorisé
      Cette semaine, on a pu voir que les médias attaquer les personnes évoquant la possibilité d’un virus créé en laboratoire… tout en remettant en doute la version officielle du nombre de morts en Chine !

                                     

    Lien permanent Catégories : Décryptage, Manipulation et influence, Multimédia 0 commentaire Pin it!
  • Ebola, une menace mondiale ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jean-Paul Baquiast, cueilli sur son site Europe solidaire et consacré à l'épidémie de fièvre hémorragique Ebola et à la menace qu'elle représente en particulier pour la France...

     

    Epidemie Ebola.jpg

    Ebola. Une menace mondiale

    L'extension de plus en plus rapide du virus Ebola, qui a fait et surtout qui fera bien plus de morts que l'Etat islamique, n'avait jusqu'ici inquiété que les pays touchés, mais guère les pays africains voisins et pas du tout les pays dits développés.

    Beaucoup d'émotions et de peur sont générées par le développement récent du soi-disant Etat islamique. Celui-ci a déjà fait des centaines de victimes au Moyen-Orient. Il est probable que la menace s'étendra dans d'autres régions du monde, l'Afrique, l'Europe, l'Amérique. Il est légitime de réagir à cette menace, en s'efforçant de mettre hors d'état de nuire les djihadistes, quel qu'en soit le coût.

    Mais ironiquement, l'extension de plus en plus rapide du virus Ebola, qui a fait et surtout qui fera bien plus de morts que l'Etat islamique, n'avait jusqu'ici inquiété que les pays touchés, mais guère les pays africains voisins et pas du tout les pays dits développés. Cependant le risque est considérable et nul n'y échappera, tant du moins que des vaccins ne seront pas mis au point...ce qui n'est pas près d'être fait..

    Un début de prise de conscience

    Or les esprits sont en train de changer, devant l'ampleur grandissante, quasi exponentielle, que prend l'épidémie. Le Conseil de Sécurité le 18 septembre a publié une Résolution déclarant que celle-ci était devenue une menace à la paix et à la sécurité dans le monde, pouvant si elle n'est pas contenue entrainer des troubles civils, des tensions sociales et une détérioration générale du climat politique mondial. L'ONU indique que un milliard de dollars serait dès aujourd'hui nécessaire pour contenir l'épidémie, sans évidemment préciser d'où ces sommes pourraient provenir. Devant le Conseil de Sécurité, Margaret Chan, Dr. Gen. De l'OMS, avait renforcé le message. Il « s'agit d'une menace à la sécurité des nations, au delà des pays déjà infectés ».

    C'est que les alertes s'accumulent. Les cas connu à la date de cet article dépassent 6.000 et leur nombre double tous les 15 jours. On estime par ailleurs qu'un grand nombre de malades ne sont pas identifiés, pour des raisons diverses. Les US Centers for Disease Control prévoient qu'un million de personnes seront atteintes en Afrique de l'Ouest en janvier prochain (avec une mortalité rappelons-le de 50 à 70%). A partir de là, le virus circulera non-stop dans toute l'Afrique et s'étendra progressivement au reste du monde.

    Des coûts économiques

    Une Mission de l'ONU pour les réponses d'urgence à Ebola (Ebola Emergency Response) qui vient de se réunir à Accra organisera le déploiement de moyens militaires et civiles que viennent de s'engager à fournir les Etats-Unis, la Chine, la France, le Royaume Uni et Cuba. D'autres pays sont en voie de faire de même. C'est que les gouvernements commencent à se rendre compte que tous les pays seront rapidement touchés, non seulement au plan sanitaire, mais compte tenu des conséquences de l'épidémie sur le commerce mondial et sur les circuits financiers.

    Selon la Banque Mondiale, le virus imposera à l'Afrique de l'Ouest des coûts de plusieurs milliards de dollars d'ici 2015. D'ores et déjà, l'activité économique est en récession au Libéria, en Guinée et au Sierra Leone. Ces pays sont gros producteurs de riz. Or à ce jour environ 40% des agriculteurs sont décédés ou ont fui. Le mouvement ne s'arrêtera pas, car Ebola s'étendra nécessairement à d'autres pays.

    En Afrique et hors d'Afrique, les villes mal équipées en terme d'hygiène générale ou surpeuplées seront atteintes. Les voyageurs infectés et non encore détectés comme contagieux disperseront très vite le virus, d'autant plus que, contrairement aux premières affirmations des épidémiologistes, certaines personnes ne manifestent de symptôme que 3 semaines après avoir été atteintes. Que l'une d'entre elle atteignent Calcutta ou Mexico et très vite ces centres urbains deviendront des foyers explosifs d'épidémie.

    Le danger menace les populations des pays riches eux-mêmes, Etats-Unis, Europe. Mais avant cela – et l'argument ne laisse pas indifférents les milieux d'affaire – le commerce international avec l'Inde ou le Brésil sera durement touché, avant que ne le soient les échanges transatlantiques ou inter-européens.

    Prévention et lutte difficiles

    En termes de prévention et de lutte, l'appel aux militaires – merci pour eux – ne suffira pas. Il faudra recruter et former des milliers de nouveaux professionnels de santé, en les dotant de tous les moyens de protection disponibles. Mais les volontaires, compte tenu des risques encourus, ne seront sans doute pas assez nombreux. Dans l'idéal, il faudrait former des dizaines de milliers de personnes potentiellement menacées à se protéger elles-mêmes – ce que dans certains pays, pour des raisons religieuses ou politiques, elles refusent de faire.

    A terme, il faudra prévoir que, même si la prolifération de l'épidémie est ralentie, celle-ci deviendra endémique, notamment en Afrique de l'Ouest. ce qui signifiera que le virus sera présent dans l'ensemble des populations, ne se manifestant que par vagues. En théorie un virus aussi contagieux continue à se répandre jusqu'au moment où toutes les personnes exposées sont mortes ou se sont immunisées spontanément.

    Certains hommes politiques, en Europe, dont l'un très connu en France que nous ne nommerons pas, estiment que le virus est une réaction naturelle à la surpopulation dans certaines zones du monde dont l'Afrique, et qu'il faut laisser faire. Dans les réseaux sociaux se tient un autre discours: tout ceci résulte de campagnes alarmistes montées par les laboratoires de santé (la « big pharma »). On ne nous refera pas le coup de la grippe H5N1, affirment ces bons esprits. Mais lorsque les uns et les autres réalisent qu'eux-mêmes ou leurs intérêts immédiats pourraient être victimes du virus, ils changent de discours.

    Pourquoi alors ne pas investir les milliards qui seront de toutes façons dépensés en conséquence de la pandémie au profit de recherches sur les vaccins. Les spécialistes répondent que, même si certaines souches vaccinales semblent prometteuses, il faudra de nombreux mois avant de les produire et de les diffuser en quantités industrielles. Vacciner 50% de la population pourrait suffire à stopper l'épidémie, mais d'ores et déjà cela voudrait dire vacciner des millions ou dizaines de millions de personnes dans les pays pauvres – ce qui est impossible, ne fut-ce que par les vaccins ne sont pas encore au point.

    Quant à interdire ou fortement limiter les transports aériens, les agents propagateurs de virus les plus actifs, aucun spécialiste ne le conseille. Il en découlerait un blocage généralisé des échanges, dont en tout premier lieu ceux intéressant les personnels de santé. Il en résulte que des modèles de propagation du virus établis récemment montrent qu'en Afrique, les pays les plus à risque sont en Afrique le Ghana et la Gambie, et hors d'Afrique la Belgique, la France et les Etats-Unis.

    Une systémique des virus

    Pour en revenir à notre propos initial, concernant la propagation du virus du djihad dans les pays du Moyen Orient, les spécialistes des épidémies considérées comme des phénomènes systémiques affectant l'ensemble du monde connecté d'aujourd'hui pourront faire d'intéressantes études comparatives. Il en sera de même des spécialistes de la mémétique, ayant déjà démontré que les mêmes, qu'ils soient bénéfiques pour la société ou mortels (tel que l'envie d'égorger un prétendu infidèle) se propagent dans les sociétés anthropotechiques selon des modes viraux très voisins de ceux responsables de la grippe et aujourd'hui d'Ebola. La science a encore beaucoup de choses à apprendre.

    Jean Paul Baquiast (Europe solidaire, 24 septembre 2014)

     

    Références

    * Résolution 2177 du Conseil de Sécurité http://www.un.org/en/ga/search/view_doc.asp?symbol=S/RES/2177%20%282014%29 18 septembre 2014

    * Communication de l'OMS devant le Conseil de Sécurité http://www.who.int/dg/speeches/2014/security-council-ebola/fr/

    * Mission de l'ONU pour les réponses d'urgence à Ebola http://www.un.org/apps/news/story.asp?NewsID=48760#.VCLH-hZWKcH

    Modèle pour évaluer les risques d'expansion de l'épidémie http://currents.plos.org/outbreaks/article/assessing-the-international-spreading-risk-associated-with-the-2014-west-african-ebola-outbreak/
    Voir notre article précédent en date du 29/08  http://www.admiroutes.asso.fr/larevue/2014/148/ebola.htm

     

     

     

    Lien permanent Catégories : Géopolitique, Points de vue, Science 0 commentaire Pin it!