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Métapo infos - Page 697

  • Quoi qu’il se passe, les Gilets jaunes ont déjà gagné !...

    Nous reproduisons ci-dessous entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Breizh Info, dans lequel il évoque la révolte des Gilets jaunes... Philosophe et essayiste, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Ce que penser veut dire (Rocher, 2017) et Décroissance ou toujours plus ? (Pierre-Guillaume de Roux, 2018).

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    Alain de Benoist : « Quoi qu’il se passe, les Gilets jaunes ont déjà gagné »

    Breizh-info.com : Tout d’abord, comment analysez-vous les événements de ces derniers week-ends ?

    Ce que je trouve le plus frappant, c’est d’abord la continuité du mouvement. Alors que le gouvernement s’attendait à ce que la pression se relâche, elle ne se relâche pas. C’est le fruit d’une extraordinaire détermination, à laquelle s’ajoute encore une étonnante maturité. Non seulement les Gilets jaunes refusent de se définir en termes de « droite » ou de « gauche », non seulement ils se déterminent sans le moindre souci de ce que pensent les partis et les syndicats, mais ils ne se laissent prendre à aucun piège des journalistes, pour lesquels ils n’ont d’ailleurs que mépris. Sur les plateaux de télévision, ils tiennent des propos de bon sens, ils ne se démontent pas, ils restent d’une fermeté exemplaire sans pour autant apparaître comme des excités.

    Leur colère et leur résolution montrent qu’au point où la plupart d’entre eux sont arrivés, ils estiment n’avoir plus rien à perdre. Et en cela ils représentent parfaitement une France qui, au fil des années, s’est aperçue qu’elle ne parvient plus à vivre, et a même désormais du mal à survivre. D’où ce mouvement de révolte, qui s’est d’abord transformé en soulèvement populaire, puis en insurrection.

    Breizh-info.com : On a beaucoup reproché aux gilets jaunes de faire usage de la violence ?

    Disons-le d’abord d’emblée : le casseur en chef, c’est Emmanuel Macron. C’est lui qui a cassé les corps intermédiaires, déclassé les classes moyennes, rogné sur les acquis sociaux, permis aux revenus du capital de progresser au détriment de ceux du travail, augmenté les taxes et le poids des dépenses contraintes. C’est lui qui a été installé à la place qu’il occupe pour réformer le pays en sorte d’imposer aux « Gaulois réfractaires » les exigences de la logique du capital et les diktats du libéralisme. Le peuple ne s’y trompe pas, qui a immédiatement adopté comme mot d’ordre le slogan « Macron démission ! »

    Les violences enregistrées le 1er décembre, notamment sur les Champs-Élysées, ont surtout été le fait de casseurs et de pillards qui étaient totalement étrangers au mouvement des Gilets jaunes. On l’a bien vu place de l’Étoile quand ces derniers ont protégé la flamme du Soldat inconnu en entonnant la « Marseillaise » tandis que des individus cagoulés se livraient à des déprédations. Alors que la police connaît parfaitement les noms et les adresses de ces casseurs, on les a volontairement  laissés intervenir dans l’espoir de discréditer le mouvement, mais personne n’a été dupe. Si les violences ont été moindres le 8 décembre, c’est tout simplement que la police avait procédé dans ces milieux à des arrestations préventives.

    Cela dit, le vieux lecteur de Georges Sorel que je suis est sans naïveté devant la violence : elle peut en certaines circonstances être justifiée, sous réserve d’une certaine cohérence. Quand un pouvoir est devenu illégitime, l’insurrection est non seulement un droit, mais un devoir. On peut le regretter, mais aucun mouvement historique n’a jamais échappé complètement à la violence. Que je sache, la prise de la Bastille, le 14 juillet 1789, aujourd’hui célébrée comme une journée fondatrice de la République, s’est elle aussi accompagnée de quelques « débordements ». Mais surtout, il faut bien constater que, sans recours à la force, les Gilets jaunes n’auraient jamais rien obtenu. La « Manif pour tous », il y a quelques années, avait rassemblé des foules immenses, qui étaient finalement reparties bredouilles. On ne fait pas la révolution avec des gens bien élevés ! Les pouvoirs publics ont reculé cette fois-ci parce qu’ils ont pris peur. Cette peur se transformera un jour en panique.

    A la veille de la journée de samedi dernier, on a vu tous les représentants de la caste au pouvoir annoncer l’apocalypse pour le lendemain et lancer des « appels au calme » et « à la raison ». C’est une stratégie classique : après avoir diabolisé, condamné, diffamé, jeté de l’huile sur le feu, on essaie de désarmer la contestation en conviant tout le monde à se « réunir autour d’une table », ce qui est évidemment la meilleure façon de tourner en rond. Il est triste à cet égard que l’opposition « de droite » n’ait pas hésité à entonner le même refrain : mais il est vrai que ce n’est pas d’hier que la droite bourgeoise préfère l’injustice au désordre.

    Breizh-info.com : Comment expliquez-vous l’omniprésence des femmes dans le mouvement des gilets jaunes ?

    Quand on ne parvient plus à vivre avec le produit de son travail, ce sont les femmes qui s’aperçoivent les premières qu’il n’y aura plus rien à manger à la fin du mois. La situation des mères célibataires, aujourd’hui de plus en plus nombreuses, est encore plus dramatique. Mais cette omniprésence est éminemment révélatrice. L’une des caractéristiques majeures des grands soulèvement sociaux et populaires, c’est que les femmes y participent et sont même souvent au premier rang. C’est leur façon à elles de réaliser concrètement la parité, autrement que comme l’imaginent les précieuses ridicules qui, à Paris, ne jurent que par la théorie du genre, l’écriture « inclusive » et la lutte contre le « harcèlement ».

    Breizh-info.com : Vous parleriez d’un événement historique ?

    Oui, sans aucun doute. Le soulèvement des gilets jaunes est radicalement différent de tout ce à quoi on a assisté depuis des décennies. Les comparaisons avec le 6 février 1934 sont grotesques, celles avec Mai 68 le sont plus encore. Pasolini, en mai 1968, avait scandalisé ses amis de gauche en déclarant qu’il se sentait plus proche des CRS, qui étaient au moins des prolétaires, que des étudiants, qui n’étaient que des petits-bourgeois. Aujourd’hui, certains membres des forces de l’ordre ont osé fraterniser avec les gilets jaunes, parce qu’ils sont les uns et les autres issus des mêmes classes populaires. A la fin des émeutes de Mai 68, la France profonde avait défilé sur les Champs-Elysées pour dire son désir d’un retour au calme ; aujourd’hui, si elle manifeste de l’Etoile à la Concorde, c’est pour dire à Macron qu’il s’en aille. La nuance est de taille. En fait, pour trouver des précédents au mouvement des gilets jaunes, il faut revenir aux révolutions de 1830 et de 1848, ou à la Commune de 1871, pour ne rien dire des sans-culottes, des Cahiers de doléances et des états-généraux de 1789.

    Ce qui était au départ une simple révolte fiscale s’est très vite transformé en révolte sociale, puis en révolte généralisée contre un système dont le peuple de France ne veut plus entendre parler. Est-ce l’annonce d’une révolution ? Les circonstances pour cela ne sont sans doute pas encore réunies. Mais c’est pour le moins une répétition générale. Pour l’heure, le peuple fait usage de son pouvoir destituant. Il lui reste à réaliser qu’il possède aussi le pouvoir constituant et que ce à quoi il aspire ne pourra se réaliser que lorsque nous aurons changé, non seulement de régime, mais aussi de société. C’est alors qu’il sera temps de parler de VIe République, sinon de Deuxième Révolution française.

    Breizh-info.com : Et maintenant, que va-t-il se passer ?

    Difficile à dire. Macron ne remettra évidemment pas sa démission. Un référendum est plus qu’improbable (on ne sait d’ailleurs pas trop quelle pourrait être la question posée), une dissolution de l’Assemblée nationale risque d’ouvrir la voie à une cohabitation, un changement de Premier ministre (François Bayrou ?) est possible, mais ne résoudrait sans doute pas grand-chose. Le gouvernement a, comme d’habitude, réagi à la fois trop tard et trop maladroitement. Mais le résultat est là. Les élites sont paralysées par la trouille, les commentateurs ne comprennent toujours pas ce qui se passe, le programme de réformes macronien est définitivement compromis, et Macron lui-même, qui se rêvait en Jupiter siégeant sur l’Olympe, se retrouve petit Narcisse flageolant sur sa Roche tarpéienne face à un peuple qu’il dit entendre, mais qu’il n’écoute pas.

    Quoi qu’il se passe, les Gilets jaunes ont déjà gagné. Ils ont gagné parce qu’ils sont parvenus à faire reculer les pouvoirs publics, ce que n’avaient pas réussi à faire les familles bourgeoises hostiles au mariage gay, les adversaires de la GPA, les cheminots, les syndicats, les retraités, les fonctionnaires, les infirmières et les autres. Ils ont gagné parce qu’ils sont parvenus à rendre visible ce qu’on cherchait à rendre invisible : un peuple qui est l’âme de ce pays. Ils ont gagné en montrant qu’ils existent, qu’ils bénéficient du soutien presque unanime de la population, et qu’ils sont bien décidés à préserver leur pouvoir d’achat, mais aussi leur sociabilité propre. Ils ont gagné parce qu’en refusant d’être plus longtemps humiliés et méprisés, ils ont fait la preuve de leur dignité. Au second tour de la dernière élection présidentielle, l’alternative était paraît-il « Macron ou le chaos ». Les gens ont voté Macron, et en prime ils ont eu le chaos. Ce chaos s’étend désormais partout, en France comme ailleurs en Europe. A la merci d’une crise financière mondiale, l’idéologie dominante, responsable de la situation, a désormais son avenir derrière elle. Les temps qui viennent seront terribles.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Yann Vallerie (Breizh Info, 11 décembre 2018)

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  • Massacre...

    Les éditions du Rocher ont récemment publié un roman d'Anne Hansen intitulé Massacre. Ce premier roman a fait l'objet de deux belles critiques méritées, l'une de Frédéric Rouvillois dans L'IncorrectManière grise ») et l'autre d'Olivier François dans Éléments (n°174, octobre-novembre 2018).

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    " « Trois semaines auparavant, cent cinquante personnes avaient été massacrées dans la Ville. Pour rien et par hasard. »
    Charles Blanchot, cadre supérieur dans l'Entreprise, est responsable d'un projet de réorganisation. Élément prometteur et zélé, il s'élève dans la hiérarchie grâce à ses projets réformateurs. Des progrès qui précèdent une chute tout aussi rapide, dévoilant une violence réelle et quotidienne. C'est le roman d'une décomposition et d'un forfait, celui de la violence qui écrase un salarié sous les regards de ses semblables, témoins impuissants ou indifférents jusqu'au désastre final.
    L'histoire de Charles est une comédie, celle tragique des gens ordinaires, lorsqu'ils s'essaient au combat. "
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  • Fin de monde... Fin de mois

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Lhomme, cueilli sur Metainfos et consacré à la crise des Gilets Jaunes, comme acte inaugurale d'un nécessaire changement de modèle.

     

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    Fin de monde... Fin de mois

    « Le monde antique sombra également, mais il n’en savait rien. Il croyait à une existence éternelle. Il vécut ses derniers moments avec une joie totale, chacun pour soi, comme un cadeau des dieux. Mais nous, nous connaissons notre histoire. Nous mourrons conscients et nous suivrons tous les stades de notre propre dissolution avec le regard infaillible du médecin averti ».

    Oswald Spengler, Le Déclin de l’Occident.

    L’écologiste Noël Mamère lors de la marche sur le climat à Paris du samedi 8 décembre liait la crise écologique à la question sociale. Rien de très original : les médias embrayent depuis le début sur cette récupération possible du mouvement autochtone. Les bobos sont donc aussi de la partie pour entraîner à terme la suppression des centrales nucléaires, le développement irréaliste de l’éolien et des voitures électriques un accroissement de la pollution par les métaux rares et les batteries, la bétonisation accrue de nos campagnes et des océans, la surtaxe permanente sur le prix de l’électricité sans garantie de ne pas être à l’abri demain d’un black électrique. Les décroissants disent autre chose : ils en appellent à la prise de conscience de la valeur réelle de la possession et de la marchandisation du monde. Ils réclament une fin de modèle.

    Mais surtaxé, privé de ses biens, privé de la possibilité de consommer, le peuple des bas salaires  ne désespère-t-il pas en préférant la révolte de la destruction à l’effort du changement de modèle ? Pourtant, le changement de modèle est bien présent dans le mouvement en particulier devant les grands centres commerciaux de province, dans le retour par exemple à des parcours courts de distribution, à un enracinement local de la production et de la consommation, à une alternative écologique de vie comme celle de l’économie solidaire. 
    Spengler avait souligné au début du vingtième siècle les raisons de notre décadence : notre monde est faustien. 

    De fait, revenons sur le Faust II de Goethe. Dans le « grand monde », Faust se trouve pour la première fois confronté au problème de l’état politique. Après un passage satirique où Faust devient un haut dignitaire d’État, il entreprend une « descente chez les mères », déesses del’origine de toute chose. Ayant alors rapporté à la cour un trépied sacré, son regard soutient à peine la vérité révélée devant toute la cour par l’apparition magique d’Hélène de Troie : le but suprême de l’existence est la quête de la beauté. Les territoires périphériques, la banlieue c’est aussi d’abord et avant tout la défiguration du monde, l’enlaidissement de la nature, l’esthétique affreuse des rond-points. Voué à l’économisme, le politique enlaidit la cité et comme le soulignait des sites crées récemment comme l’Iliade (https://institut-iliade.com/)  ou Ligne droite (https://lignedroite.club/), il ne saurait y avoir de renouveau politique sans retour de l’esthétisation du monde et d’un certain baroque. A la fin de la tragédie de Goethe, Faust trouve le but de sa quête : « Vivre sur une terre libre au sein d’un peuple libre ». Il arrache alors à la mer un lambeau de terre afin de la rendre fertile pour le bien des hommes. Nonobstant, on n’a peut-être pas assez souligné que se confronte ici chez l’homme faustien du renouveau deux principes de civilisation accomplie : la cité grecque et le modèle hollandais caractérisé par la conquête de polders sur la mer. Ce sont les deux formes exemplaires de la culture occidentale. Ce sont ces deux paradigmes qui se retrouvent aujourd’hui en quelque sorte face à face.

    Pour conquérir la mer, il faut travailler et la remplir de terre, il faut économiser le monde et veiller à la dépense   puis demain il faudra cimenter et ensuite déloger de force les paysans ou les pêcheurs nomades qui y seraient restés avec leur vie simple et idyllique. La conquête d’îles artificielles sur les mers, de pistes d’aéroports sur les tombants ne s’embarrasse pas des barrières de corail ou de préserver les mangroves. La montée des océans est liée, on ne dira jamais assez avant tout à la bétonisation généralisée en cours de tous les littoraux maritimes et par conséquent à ce modèle hollandais et faustien de la liberté par la possession de terres. Dès lors, les soucis matériels et les besoins, les fins de mois difficiles viennent rappeler à Faust la puissance destructrice du modèle économico-industriel d’exploitation de la nature.

    Pour construire la cité, Sparte n’hésite pas à employer la force et la contrainte sur un peuple d’ouvriers, de cultivateurs et de petits artisans et ce sont alors les politiques qui sont chargés de la basse besogne pendant que les économistes et les marchands du port d’Athènes dépècent les forêts alentour pour construire leur marine marchande. Comment concilier l’exigence de liberté civile et l’oppression politique nécessaire à l’exploitation économique du monde et à son enrichissement ? De fait, l’idéal politique de la modernité technique n’est plus la démocratie mais la  technocratie car la technologie moderne sa cybernétisation  exige en permanence  des procédures gardées secrètes que l’on songe en particulier à la simple gestion d’une centrale nucléaire avec ces incidents quotidiens inévitables. Le monde de la technique devient inéluctablement celui des experts et des spécialistes, des ingénieurs de Centrale. Sur ces élites se greffe la ploutocratie politique, souvent les derniers incapables du fond de la classe (le modèle Castagnette à l’Intérieur) de hauts fonctionnaires énarques qui savent mieux que le peuple ce qui est bon pour lui, en somme  la pire des aristocraties,  celle de la moraline universaliste du Bien.

    Or la liberté politique se conquiert par la lutte et le sentiment d’un corps social uni pour une cause commune. C’est seulement pour travailler à leur propre liberté quel’on peut forcer ses citoyens.

    La liberté de l’homme vient de son activité perpétuelle de création et de construction d’un régime solidaire contre les forces de l’égoïsme et de l’accaparement, de la spoliation et de l’exploitation. Ces forces connaissent bien le poids de leurs dépravations physiques  puisque comme Méphistophélès elles ne cessent d’évoquer pour faire peur les menaces de la fin du monde , du réchauffement climatique, de la mer qui voudrait reconquérir ses droits sauf que le peuple sait une chose : il ne pourra lutter seul contre la mer. Contre l’alternance infinie de la création et de la destruction, il sait qu’il faut renoncer à croire que le collectif seul peut construire des polders pas l’individu. Le plus pernicieux par exemple  de la réforme Blanquer du futur lycée light qui en est même son soubassement idéologique  c’est de  faire croire par exemple que l’élève peut construire seul son parcours professionnel et son savoir, c’est ainsi vouloir  détruire la notion d’appartenance à un groupe en construisant des parcours individualisés, des classes inversées sans maître substituant aux cours traditionnels attachés au groupe classe, l’individu errant dans les couloirs à la quête de bribes de compétences. C’est ainsi vouloir casser l’union possible des promotions alors que le salut cosmologique de l’homme est justement la  transmission infinie de ses forces de générations en générations de groupes de jeunes  en groupes de jeunes C’est par la fondation des cités et des groupements, que l’homme peut en fait mourir en paix. C’est par l’activité sociale que l’homme atteint à l’éternité et non par la consommation individuelle ou l’éducation solitaire fut-elle numérisée.

    Les élites intellectuelles bourgeoises paraissent aujourd’hui abasourdies par la force et la richesse du mouvement collectif, par le réveil d’une France rebelle, populaire et périphérique mais la convergence des différentes révoltes n’aura de sens que si elle aboutit à sortir du chaos libéral, de l’individualisme outrancier, du modèle hollandais, faustien et technocratique du monde. Nous faisons notre la revendication des Gilets jaunes de Dissolution de l’Assemblée nationale et de démission du chef de l’État mais il faut surtout démacroniser la société c’est-à-dire sortir des manipulations millénaristes de fin du monde, proposer le retour à une forme de communauté populaire authentique, enracinée et civique, rétablir le lien entre l’instant suprême de l’individu et l’immortalité d’un peuple libre et d’un collectif solidaire. L’existence est la lutte éternelle des hommes d’action pour conquérir la beauté sur la mer, la liberté sur la servitude, le collectif sur l’égoïsme, la solidarité sur le néant de la dématérialisation et de la marchandisation du monde.

    L’homme faustien rejette parfois sur la décadence et l’idée de fin du monde la vanité qui lui est propre. Mais pris à son propre piège, on voit bien comment la crise écologique a glissé aussi vers une crise sociale d’une volonté débridée d’embrasser le monde par la surabondance matérielle et d’un excessif désir de liberté individuelle, la vision libertarienne. Le faustien perd sous nos yeux en menant le peuple aux fins de mois difficiles et à la destruction écologique du monde par un avenir en ciment armé. Mais on peut résister et vaincre : il suffit d’être soi-même un arbre enraciné qui saisisse la profondeur et le secret de la forêt collective et refuse l’achèvement de l’Histoire en une immense caserne, agenouillés et mains derrière la tête. En fait, nous ne voulons plus gagner de nouvelles cités sur la mer mais embellir celles que nous avons déjà construites.

    Michel Lhomme (Metainfos, 9 décembre 2019)

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  • L’idéologie messianique anglo-saxonne...

    Les éditions Dualpha viennent de publier un essai de Hervé Benoït intitulé L'idéologie messianique anglo-saxonne, avec une préface de Nicolas Gauthier. Économiste de formation, Hervé Benoît est chroniqueur et traducteur au mensuel catholique La Nef.

     

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    Make America great again ! » est le slogan qui a fait vaincre Donald Trump en 2016, contre toute la gauche bienpensante et ses alliés. Que signifie-t-il, d’où vient-il, à quoi rêvent les Américains ?

    En quatre siècles, les États-Unis sont devenu la première puissance du monde, un empire inégalé, mais rien de tout ceci ne serait advenu sans une idéologie, plus exactement une théologie politique, qui nourrit la puissance et les ambitions de cette « nation exceptionnelle » et justifie ses comportements.

    Mieux comprendre les sources intellectuelles et historiques de cette histoire, repérer ses tares et ses obsessions, c’est disposer d’instruments plus pertinents pour s’y opposer. De manière synthétique et largement documentée, l’ouvrage d’Hervé Benoît contribue à éclairer et renouveler notre compréhension du monde. Indispensable ! "

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  • Vox : vers la fin de la « gauchisation » de l’Espagne ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un article d'Alexandre Pallares, publié en octobre 2018 sur le site de L'Incorrect et consacré à Vox, le mouvement populiste identitaire espagnol. La récente percée électorale de ce mouvement aux élections régionales en Andalousie confirme pleinement l'analyse de l'auteur.

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    Vox : vers la fin de la « gauchisation » de l’Espagne ?

    Palais de Vistalegre, à Madrid, 7 octobre 2018 : 10.000 personnes ! Le même lieu où, il y a quelques années désormais, Pablo Iglesias, le leader de la gauche populiste espagnole, avait fait son entrée dans le jeu politique espagnol. Cependant, changement d’ambiance. Le numéro deux du parti, le combatif Javier Ortega Smith, donne le ton : il tient à rappeler que ce même 7 octobre, en 1571, se déroulait la bataille de Lépante où la flotte de la Sainte-Ligue, parmi laquelle les Espagnols étaient légion, vainquit la flotte turque et mit par conséquent fin à l’expansion de l’empire ottoman.

    Il faut dire que l’irruption de Vox dans le paysage politique arrive au moment où, de l’extérieur, l’Espagne donnait la sensation d’avoir oublié son passé glorieux et conquérant, laissant place à la religion du « progressisme » de gauche, du féminisme radical et déconnecté, de l’accueil des migrants, du reniement de son histoire et de la culpabilisation. Les revendications indépendantistes et les scandales de corruption achevaient la moindre pensée optimiste pour l’avenir ibérique. C’est pourtant « grâce » à cette rapide plongée dans les abysses que Vox, inconnu par la majorité des Espagnols il y a encore un an, est parvenu en quelques mois à se faire une petite place à côté des grands d’Espagne.

    Dans un premier temps, par le biais d’un service juridique hyper-réactif, qui traqua le moindre faux pas du gouvernement pendant la crise indépendantiste en Catalogne, il y a de ça un an. Ils avaient notamment réussi à amener le gouvernement catalan devant les tribunaux suite au référendum illégal organisé, incarnant ainsi une défense intransigeante de l’unité de l’Espagne. Première visibilité médiatique, bien qu’encore assez timide.

    Deuxième fait majeur : la crise de l’Aquarius en juin 2018. L’Italie ayant montré sa ferme opposition au débarquement de l’Aquarius (et des bateaux de passeurs en général) sur ses côtes, le tout récent gouvernement espagnol socialiste l’accueillait à Valence à bras ouverts, dans la naïveté la plus totale. Là encore, alors que les partis de droite et du centre (Parti Populaire et Ciudadanos) se soumettaient au politiquement correct en ne prenant pas clairement position afin de ne pas s’attirer les foudres du gauchisme médiatique, Vox fut le seul mouvement à s’opposer très clairement à l’accueil de l’Aquarius. Là encore, Vox, qui jusqu’alors combattait principalement sur le terrain des racines catholiques espagnoles et de l’unité de l’Espagne, ajouta une forte dimension identitaire par le biais de la défense des frontières face à ce que Vox appelle une « invasion » venant du continent africain. Et de très nombreux Espagnols, par-delà les sociologies catholique et conservatrice, sont de plus en plus sensibles à ce thème qui était jusqu’alors assez secondaire sur la péninsule.

    Depuis des mois, Vox se mobilise et annonce aujourd’hui plus de 10.000 adhérents, contre 3.000 à la même époque l’an dernier. Le meeting du 7 octobre prenait un air d’officialisation du parti, qui tenait à signifier aux autres qu’il faudra désormais compter avec Vox, qui n’est qu’à son début d’ascension (les sondages les placent entre 2 et 3% pour les européennes), mais qui surtout obtiendraient des députés aussi bien au Parlement Européen en 2019 comme au Parlement national en 2020. Les médias mainstream espagnols ne s’y sont d’ailleurs pas trompés : depuis dimanche, Vox est cité sur toutes les chaînes de télévision, radios, journaux, comme le nouveau parti populiste en vogue, qui a su rompre avec le ringardisme des franco-franquistes sur la droite de l’échiquier.


    Santiago Abascal, président de Vox, qui n’apprécie guère que l’on considère Vox comme un « parti » mais davantage comme un « outil », avait prévenu ses sympathisants lors de ce même congrès : « désormais, on vous traitera de fachos, de racistes, de xénophobes, de rétrogrades ». Il est vrai qu’en s’ouvrant un espace médiatique, Vox s’est naturellement fait des ennemis parmi les médias qui ont enfin un adversaire de choix sur qui taper.

    Abascal a d’ailleurs mis en garde le centre-droit contre l’argument du fameux « vote utile » qui fait son apparition en Espagne quelques décennies après sa naissance en France…En rappelant que le centre-droit espagnol n’a pas (plus ?) le courage d’affronter le politiquement correct et que jamais ils n’avaient remodelé ce qu’avait instauré la gauche au pouvoir, les traitant de « lâches » à plusieurs reprises. Ainsi, il leur est par exemple vivement reproché de n’avoir pas supprimé la stalinienne « Loi de la Mémoire Historique », sorte de loi Gayssot qui donne une dimension morale à la Guerre Civile espagnole, où naturellement le bord de gauche est le « gentil » et celui de droite le « méchant », dans la plus pure tradition revancharde et passéiste de la gauche espagnole.

    Là encore, le positionnement de Vox qui s’oppose ouvertement à cette loi plaît puisqu’il est question de supprimer toute idéologie juridique et de ne pas rouvrir les plaies du passé, passe-temps favori de la gauche espagnole. Sur cet aspect, un bon nombre d’Espagnols sont favorables à cesser d’utiliser le passé comme argument moralisateur au XXIe siècle.

    Les électeurs déçus du Parti Populaire, qui représentent la majorité des actuels électeurs de Vox (qui pourraient également provenir du très variable parti centriste Ciudadanos), apprécient globalement le programme axé autour de l’unité de l’Espagne, de la défense de l’identité espagnole par la maîtrise de ses frontières, de la liberté économique par la défense des commerçants et entrepreneurs, et surtout l’espoir de voir enfin émerger une force politique qui mettra fin aux délires idéologiques de la gauche au pouvoir, face à laquelle le centre-droit semble idéologiquement paralysé.

    L’ascension électorale de Vox étant quasiment inéluctable, il reste désormais à observer s’ils parviendront à remplacer le Parti Populaire en suivant les exemples des partis populistes de droite en Europe (comme l’Afd en Allemagne, la Lega en Italie ou le RN en France) , ou bien s’ils seront annihilés par le Parti Populaire qui pourrait leur proposer des accords électoraux avant que le bébé Vox ne devienne adulte, et ainsi les tuer dans l’œuf.

    Alexandre Pallares (L'Incorrect, 12 octobre 2018)

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  • Tour d'horizon... (155)

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    Au sommaire cette semaine :

    - sur Le Comptoir, revue numérique socialiste et décroissante, un entretien avec Chris Cottard, organisateur de stages d'immersion dans la nature, autrement dit de survie...

    Chris Cotard : « Nous sommes faits pour vivre au contact de la nature »

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    - sur Philitt, un entretien avec Nicolas Briand, le traducteur et préfacier du livre de Friedrich-Georg Jünger, La perfection de la technique (Allia, 2018)...

    Nicolas Briand : « Pour F. G. Jünger, nous ne vivons pas l’avènement d’homo deus mais d’homo titanus »

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