Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Métapo infos - Page 490

  • Censure et autocensure...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Breizh Info, dans lequel il évoque la sortie de La chape de plomb (La Nouvelle Librairie, 2020), un recueil de textes qu'il a consacré à la question de la censure. Philosophe et essayiste, directeur des revues Nouvelle École et Krisis, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Ce que penser veut dire (Rocher, 2017) et Contre le libéralisme (Rocher, 2019).

     

    Alain de Benoist 2.jpg

     

    Alain de Benoist : « La répression des pensées non conformes n’est pas d’aujourd’hui, elle est de tous les temps »

    Breizh-info.com : Tout d’abord, vous publiez un livre qui s’attaque aux nouvelles censures en cette rentrée. Pouvez-vous nous en parler ? Quelle est la thèse centrale de votre ouvrage ?

    Alain de Benoist : Le livre s’appelle La chape de plomb, et vient de paraître aux éditions de la Nouvelle Librairie. C’est bien entendu une critique des censures de toutes sortes que l’on voit se multiplier aujourd’hui, mais c’est surtout une analyse en profondeur des méthodes auxquelles elles ont recours (amalgames, procès d’intention, citations hors contexte, reductio ad hitlerum, etc.), en même temps qu’une étude à la fois théorique et historique de la façon dont on en est arrivé là. En quoi par exemple les nouvelles censures se distinguent-elles de celles qu’on connaissait autrefois ? Voilà le genre de questions auxquelles je m’efforce de répondre, car s’en tenir à la déploration, ainsi qu’on le fait trop souvent, ne sert absolument à rien.

    La censure va souvent de pair avec la répression judiciaire… Comment interprétez-vous les poursuites judiciaires qui se multiplient à l’encontre d’Eric Zemmour ? Et la volonté manifeste d’enfermer certains dissidents qui ont écopé de prison ferme et qui sont pour certains (Hervé Ryssen) en prison à l’heure où nous parlons ? La guerre contre la dissidence est-elle déclarée ?

    Elle n’est pas déclarée, elle se poursuit, elle se renforce et elle s’accélère. La répression des pensées non conformes n’est pas d’aujourd’hui, elle est de tous les temps. Je vous rappelle que le grand théoricien socialiste français Louis-Auguste Blanqui, mort en 1881, a passé un total de 35 ans en prison, raison pour laquelle on l’avait surnommé « l’enfermé ». On pourrait donner bien d’autres exemples. Zemmour et Ryssen en sont quand même encore loin !

    Mais la répression dont vous parlez, précisément parce qu’elle n’est pas nouvelle, n’est pas ce qui caractérise le plus la censure aujourd’hui. Cette répression-là est une répression étatique, une répression dont les pouvoirs publics prennent l’initiative. Or, ce qui caractérise le climat inquisitorial actuel, c’est qu’il part de la société globale, qu’il est le fait d’associations, de groupes de pression, d’individus isolés, qui exigent des sanctions et des « cordons sanitaires » sur la seule base de leur subjectivité et en s’inspirant des modèles du politiquement correct. Ces sont des journalistes qui demandent qu’on coupe le micro à d’autres journalistes, des écrivains qui réclament l’ostracisme de certains de leurs confrères, des femmes qui se plaignent d’un « sexisme » qui n’existe dans leur imagination, des obsédés de la race qui s’interrogent gravement pour savoir un Blanc a le droit de photographier un Noir sans tomber dans l’« appropriation culturelle », des fous furieux qui pensent que pour lutter contre le racisme il faut déboulonner les statues de Christophe Colomb, de Colbert ou de Napoléon. Devenue un empilement de susceptibilités, la société globale se transforme en Absurdistan. C’est cela qui est nouveau, et les pouvoirs publics n’y sont pas directement impliqués (ils se contentent de laisser faire, sous l’influence de l’idéologie dominante).

    Le résultat, c’est la généralisation de l’autocensure, qui est à certains égards bien plus terrible que la censure. Les gens ont peur. Peur d’être mis en pilori, c’est-à-dire dénoncés sur les réseaux sociaux, pour une mauvaise blague, un propos un peu leste, ou même pour un mot de trop. Comme à l’époque soviétique, il y a désormais un langage public, où l’on navigue à vue en étant sur ses gardes, et certaines choses qu’on n’ose plus dire qu’en privé (et à condition d’être avec des gens sûrs). Une telle situation, qui s’aggrave tous les jours, est à mon sens beaucoup plus grave que les conditions de censure et de répression qu’on connaissait autrefois.

    Comment faire face, avec quelles armes, à cette censure, à ces menaces judiciaires ? La technique de la guérilla plus que celle de l’opposition frontale au Système est-elle celle que vous préconisez ?

    Il faut évidemment continuer à écrire et à témoigner. Il faut dénoncer les sycophantes et les grands délirants, les Précieuses ridicules et les Torquemadas de plateaux de télévision, et protester de toutes les façons possibles contre le climat délétère que nous subissons. Il faut aussi dérouter l’adversaire : ne jamais se laisser entraîner sur son terrain, resurgir là où l’on ne vous attend pas. Mais permettez-moi d’ajouter qu’on n’est pas non plus obligé d’exprimer ce qu’on veut dire sous une forme provocatrice ou convulsive, alors qu’on pourrait dire exactement la même chose d’une manière à peu près civilisée.

    Il ne faut pas se lasser, enfin, de répéter que la liberté d’expression (il faudrait préciser : la liberté d’exprimer une opinion, car c’est bien de cela qu’il s’agit) doit être défendue inconditionnellement. La liberté d’expression ne se divise pas. Je ne suis pas sûr, malheureusement, que ceux qui critiquent aujourd’hui la censure dont ils sont l’objet auraient la même attitude si c’était leurs adversaires qui en faisaient les frais. Le mot souvent prêté à Voltaire (en substance : je déteste vos opinions, mais je suis prêt à mourir pour que vous soyez libre de les défendre) est très certainement apocryphe, mais n’en énonce pas moins une règle qu’on peut faire sienne. Rosa Luxemburg, dans son livre La Révolution russe, publié à Paris en 1939 (vingt ans après son assassinat), écrivait que « la liberté, c’est toujours la liberté de qui pense autrement (die Freiheit der Andersdenkenden) ». J’ai du mal à prendre au sérieux ceux qui n’approuvent pas cette maxime.

    Vous allez publier par ailleurs la « Bibliothèque du jeune Européen ». Parlez-nous de ce projet pédagogique. N’est-ce pas finalement assez vain que de prétendre à faire lire une jeunesse européenne qui fuit les bibliothèques et à laquelle l’Education nationale n’offre plus aucune ambition ?

    Une précision d’abord : je ne suis pas l’auteur de ce volume collectif, qui doit paraître début novembre aux éditions du Rocher. J’en ai apporté l’idée, mais son véritable maître d’œuvre a été Guillaume Travers. Et c’est justement parce que l’Education nationale s’est effondrée, et que les jeunes sont aujourd’hui plus attirés par les écrans que par les livres, que nous avons estimé urgent de proposer à ceux qui ne se résignent pas à cette situation un ouvrage facile à manier, qui soit de nature à leur donner l’envie et la possibilité d’aller plus loin. Le livre a retenu 200 auteurs, avec un livre pour chaque auteur faisant l’objet d’une fiche détaillée, qui ont apporté quelque chose d’important dans le domaine des idées, de l’Antiquité à nos jours. La sélection n’a pas été facile, mais je pense que le résultat obtenu en valait la peine. A l’approche des fêtes, c’est en plus le cadeau idéal !

    Vous évoquez 200 ouvrages. Et si vous deviez n’en garder que 5, pour commencer une formation politique essentielle ?

    Je suis tout à fait incapable de répondre à cette question, qui est un peu du style : si vous deviez partir sur une île déserte en n’emportant qu’un seul livre, lequel choisiriez-vous (je réponds toujours que j’emporterais un dictionnaire, parce que par définition c’est celui qui contient tous les autres !). D’abord, je n’ai jamais été l’homme d’un seul livre ou d’une seule source.

    Ensuite, je crois que, même si l’on s’en tient au seul domaine politique (la Bibliothèque du jeune Européen aborde aussi les sciences de la vie, les sciences sociales, la philosophie, la psychologie, etc.), on aurait bien du mal à établir la liste que vous me demandez. Il n’y a pas de « Bible » à laquelle on puisse se référer, mais toute une pléiade d’auteurs qu’il est indispensable d’avoir fréquenté « pour commencer une formation politique ». D’une façon générale, quand on part à l’aventure, il ne faut se demander d’abord où sont les raccourcis !

    Alain de Benoist, propos recueillis par Yann Vallerie (Breizh info, 8 octobre 2020)

    Lien permanent Catégories : Entretiens 0 commentaire Pin it!
  • Les snipers de la semaine... (205)

    Guillaume Tell.jpg

    Au sommaire cette semaine :

    - sur son site, Michel Onfray dézingue les faux-semblants du discours de Macron consacré au séparatisme...

    Grand diseux

    Macron_Faux-semblants.jpg

    - sur Idiocratie, on allume les nouveaux princes de la pensée...

    Le règne mortifère des nouveaux princes de la pensée

    Crâne_Masque.jpg

     

    Lien permanent Catégories : Snipers 0 commentaire Pin it!
  • Feu sur la désinformation... (300)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un numéro de l'émission I-Média sur TV libertés consacrée au décryptage des médias et animée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, et Nicolas Faure.

    Au sommaire :

    • 1 : L’image de la semaine
      L’image de la semaine c’est celle de cet enfant se disant transgenre sur le plateau de Quotidien...
    • 2 : Zemmour face à la haine médiatico-politique
      Les attaques contre Eric Zemmour sont violentes après un prétendu dérapage. Mensonges médiatiques, spectacle politique, appels à la censure… Rien ne lui aura été épargné.
    • 3 : Revue de presse
    • 4 : Trump : l’aveu de France Info
      Alors que Donald Trump est toujours violemment attaqué par les médias à quelques semaines des élections, un journaliste de France Info a fait un aveu inattendu.

     

                                           

    Lien permanent Catégories : Décryptage, Manipulation et influence, Multimédia 0 commentaire Pin it!
  • Zeus transformateur...

    Les éditions Bayard viennent de publier le texte d'une conférence de Pierre Judet de la Combe intitulée Zeus transformateur. Helléniste et directeur d'études au CNRS et à l'EHESS, Pierre Judet de la Combe est l'auteur de nombreuses traductions du théâtre grec. On lui doit également une traduction récente de l'Iliade publié dans le volume Tout Homère.

     

    Judet de la Combe_Zeus transformateur.jpg

    " Comment devenir loup, ou fleur, ou cygne, tempête, feu, eau, ou pierre ? Les déesses et les dieux de l'Antiquité le peuvent sans peine et savent aussi obliger les humains à changer de forme. Zeus, le grand dieu souverain, est le maître de ces transformations. Il en joue comme il veut. Qu'est-ce que cela dit de nous- mêmes, de notre condition ? Avons-nous ces pouvoirs, ou n'est-ce que du rêve ? Poésie, jeux, films et science se posent ces questions. Pierre Judet de la Combe, qui est déjà venu au sujet d'Achille et d'Ulysse, revient pour nous parler de métamorphoses. "

    Lien permanent Catégories : Livres 0 commentaire Pin it!
  • Vive l'Europe, avec François Bousquet...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un excellent entretien donné par François Bousquet à Daniel Conversano, pour son émission Vive l'Europe, afin d'évoquer son essai Courage !.

     

                                             

    Lien permanent Catégories : Entretiens, Multimédia 0 commentaire Pin it!
  • De Gaulle et les communistes...

    Les éditions Perrin viennent de rééditer dans une version enrichie l'essai d'Henri-Christian Giraud intitulé De Gaulle et les communistes. Journaliste, ancien directeur adjoint de la rédaction du Figaro Magazine, il a publié plusieurs études historiques, dont, en particulier, Une histoire de la révolution hongroise (Rocher, 2006).

     

    Giraud_De Gaulle et les communistes.jpg

    " Ce livre révèle l'un des secrets les mieux conservés du général de Gaulle : son alliance avec Staline en juillet 1941 et l'appui sans faille, mais non sans contrepartie, accordé par le tsar rouge à la France libre tout au long de la guerre.
    Alliance qui a permis une relation privilégiée à partir de novembre 1942 entre de Gaulle et le Parti communiste français. Alliance qui a rebattu les cartes sur la question de l'ouverture du second front, le découpage des frontières polonaises, l'ampleur de l'épuration et les orientations du gouvernement français d'après guerre. Alliance qu'ignoraient aussi bien Churchill que Roosevelt, Pétain que Giraud, mais aussi l'entourage proche de l'homme du 18 Juin qui s'était fait une règle de " progresser par les couverts ". Quels en furent les raisons, les conditions et les buts ? Quels en furent les péripéties et les principaux acteurs ? Quelles en furent, surtout, les conséquences tant politiques que stratégiques ?
    Résultat de minutieuses recherches, ce récit vivant est fondé sur une documentation considérable provenant à la fois des archives du ministère français des Affaires étrangères et des archives soviétiques publiées à Moscou depuis 1983.
    Un document capital, qui remet en question des vérités que l'on croyait acquises depuis soixante-quinze ans. "

    Lien permanent Catégories : Livres 0 commentaire Pin it!