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Métapo infos - Page 486

  • Université française : le règne du politiquement correct, du conformisme et de l'autocensure...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Renée Frégosi au Figaro Vox et consacré au climat de dogmatisme qui règne au sein de l'université française, prise en main par les différentes sectes du gauchisme culturel... Renée Frégosi est philosophe et politologue.

     

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    Université française: ton «univers impitoyable»

    FIGAROVOX. - La polémique autour de l'islamo-gauchisme a permis au grand public de découvrir le monde universitaire. Vous avez vu ce milieu évoluer en deux décennies...

    Renée FREGOSI. - À la fin des années 1990, le groupe, devenu hégémonique en sciences sociales, n'en était qu'au début de son offensive. Il se revendiquait de «la pensée critique» de Pierre Bourdieu mais la dénonciation de toutes les formes de «domination» n'était pas encore l'alpha et l'oméga de la recherche. C'est pourquoi, bien que n'ayant pas suivi un parcours classique, j'ai pu être admise sur la liste d'aptitude des maîtres de conférences, premier sésame pour postuler sur des postes universitaires. L'ambiance qui régnait au CNU (NDLR, le Conseil national des universités chargé de la gestion de la carrière des enseignants-chercheurs) n'avait rien à voir avec celle d'aujourd'hui : les professeurs faisaient preuve d'ouverture d'esprit et de tolérance à l'égard des personnes qui ne venaient pas du sérail et publiaient des articles pas uniquement dans des revues universitaires ou du moins, pas reconnues comme telles

    Qu'est-ce qui a changé ?

    L'atmosphère. Je constate le retour d'une forme de raidissement, de puritanisme dans la société française et les affrontements intellectuels sont plus violents. L'université n'est qu'un prolongement du politiquement correct et des attitudes conformistes d'autocensure généralisée ; il s'agit surtout de dénoncer, bâillonner plutôt que d'analyser et débattre. Mais le monde intellectuel porte une grande responsabilité dans la diffusion des idées. Si l'enseignement et la recherche deviennent aussi des lieux où règnent le dogmatisme et l'idéologie avec l'agressivité que cela comporte, c'est la production et la diffusion de théories importantes, de savoirs scientifiques qui sont menacées.

    Or, c'est ce qui se passe depuis deux décennies. L'institution universitaire a peu à peu été prise en main par des groupes sectaires. Le pluralisme des approches et des méthodes, comme la diversité des origines et des parcours ou l'originalité des propos sont systématiquement bannis. Ce ne sont pas seulement les idées qui sont combattues, mais également les personnes qui les incarnent. Ceux qui n'appartiennent pas au clan devenu majoritaire sont rejetés ou exclus du recrutement, des promotions et des financements de la recherche. Sous prétexte d'un manque de scientificité, de défendre un point de vue «essentialisant», d'adopter des méthodes qui seraient éloignées du terrain, ou de n'avoir jamais publié dans des revues à comité de lecture (NDLR, une revue qui publie des articles scientifiques évalués par des relecteurs).

    Vous critiquez aussi le fait que les enseignants-chercheurs soient jugés par leurs pairs...

    Dans ce système paritaire, celui qui détient la majorité des voix et/ou la plus grande influence peut acquérir un pouvoir sans partage et sans contre-pouvoir dont il peut abuser. Il est censé garantir une impartialité quant aux personnes et une qualité scientifique de la recherche et de l'enseignement, mais il est perverti par la volonté de puissance de groupes organisés. La montée en puissance d'une «idéologie diversitaire» à laquelle on assiste à l'université est donc facilitée par ce mode de fonctionnement. Ces dérives militantes sont aussi présentes dans le monde de la culture, des arts et des médias. Elles sont portées, se diffusent et imposent leurs règles de vie à travers des stratégies de prise de pouvoir dans les institutions et les organisations de la société civile. La naïveté, l'inadvertance et la lâcheté du plus grand nombre facilitent alors la tyrannie des minorités sur la majorité. Ainsi, un vieil ami aujourd'hui décédé, grand professeur à la Sorbonne, m'avait avoué que lui et ses collègues de la même génération et appartenant à diverses écoles de pensée, avaient tous, par négligence et par manque de clairvoyance, laissé s'infiltrer un clan de jeunes loups qui les ont ensuite dépossédés de leur département de sciences politiques. Ces professeurs-militants recrutent désormais exclusivement leurs protégés, leurs affidés, leurs obligés.

    La ministre de l'Enseignement supérieur Frédérique Vidal a-t-elle pris conscience de la situation ?

    Elle en a pris conscience semble-t-il, mais bien tardivement. Et on peut douter de sa sincérité puisque les responsables du dévoiement de l'institution sont eux-mêmes requis pour en faire l'état des lieux… Aujourd'hui, les sciences sociales principalement la sociologie, la science politique et l'anthropologie, sont prises en main, et d'autres disciplines comme l'histoire ou la philosophie et même la médecine et la santé publique par exemple commencent à être touchées par les dérives décolonialistes, racialistes, indigénistes, néo-féministes et islamo-complaisantes. Leurs partisans s'emparent de la direction des départements d'universités et des laboratoires du CNRS (Centre national de la recherche Scientifique) ainsi que des plus hautes instances comme le CNU, la CPU (Conférence des présidents d'universités) ou le HCERES (Haut conseil de l'évaluation de la recherche et de d'Enseignement Supérieur). Le ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche a depuis longtemps abdiqué devant ces organismes prétendument indépendants parce que paritaires, mais de fait largement dominés par les idéologues.

    Que préconisez-vous ?

    Au lieu d'annoncer ou de réclamer des enquêtes sur la nature et le niveau de scientificité, difficile à définir objectivement, des enseignements, des projets de recherche, des thèses et autres travaux universitaires, il serait plus important de garantir le pluralisme des approches théoriques et des méthodes d'analyse. Pour cela il serait urgent de réclamer au ministère de soutenir les recours des postulants et des équipes lorsqu'ils sont refusés sur des postes ou pour des projets de recherche par les fameuses «instances indépendantes» et le jugement par les pairs. Car le ministère se défausse systématiquement en répondant aux recours gracieux formulés que « les commissions sont souveraines ».Et comme cela existe pour l'enseignement primaire et secondaire, même si sa mise en œuvre est loin d'être satisfaisante, il faudrait instituer des bureaux permettant de porter plainte contre des atteintes concrètes à la liberté académique (refus de sujets de thèse ou d'objets de recherche) et pédagogique (exclusion de certains thèmes d'enseignements et d'auteurs de référence). Il ne s'agirait pas d'instituer là des «tribunaux de police de la pensée» (puisqu'il n'est pas question d'interdire des thématiques) mais au contraire, de lutter contre ceux déjà mis en place par ces intellectuels dogmatiques qui « annulent » (cancel culture) et excluent des personnes, des libres débats, des modes de pensée.

    Renée Frégosi (Figaro Vox, 26 février 2021)

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  • Les snipers de la semaine... (213)

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    Au sommaire cette semaine :

    - sur Hashtable, H16 dézingue les diversions futiles des autorités et de "la classe jacassante" pour essayer de passer sous silence les vrais problèmes...

    En fait, tout le monde se fout des rixes de bandes de jeunes. Ce qu’on veut, ce sont des lingettes gratuites

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    - sur Secret défensePatrice Huiban prend dans son viseur la politique de défense à courte vue de nos gouvernants....

    Le syndrome du Second Empire plane sur nos armées

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  • Feu sur la désinformation... (320)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un numéro de l'émission I-Média sur TV libertés consacrée au décryptage des médias et animée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, et Nicolas Faure.

    Au sommaire :

    • 1 : L’image de la semaine
      Après l’assassinat du directeur du pôle asile du Centre d’Accueil des Demandeurs d’Asile de Pau par un migrant, les médias se sont fait étonnement discret.
    • 2 : Islamo-gauchisme : une réalité malgré le déni
      Frédérique Vidal a récemment annoncé vouloir lancer une enquête sur l’influence et les conséquences de l’« islamo-gauchisme » dans les universités. Cette décision a provoqué un scandale politico-médiatique. Pourtant, l’islamo-gauchisme est bien une réalité.
    • 3 :  Revue de presse
    • 4 : Génération Identitaire : les mensonges face à la mobilisation
      Samedi dernier, Génération Identitaire organisait à Paris une manifestation contre la dissolution voulue par Gérald Darmanin. Et les médias ont évidemment été gênés de voir que tout s’était bien passé. Au point que certains journalistes ont inventé un salut nazi pour attaquer la mobilisation.

     

                                              

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  • Claude Sautet : du film noir à l'Oeuvre au Blanc...

    Les éditions Pierre-Guillaume de Roux viennent de publier un essai de Ludovic Maubreuil intitulé Claude Sautet - Du film noir à l'Oeuvre au Blanc. Neurologue, chroniqueur pour le cinéma dans la revue Éléments et responsable du blog Cinématique, Ludovic Maubreuil est déjà l'auteur de plusieurs ouvrages comme Le cinéma ne se rend pas ou Bréviaire de cinéphilie dissidente (deux tomes). Il a également publié un livre d'entretien avec Michel Marmin, La République n'a pas besoin de savants (Pierre-Guillaume de Roux, 2017).

     

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    " Le cinéma n’échappe pas à l’alternative viciée de notre époque, toujours prise entre démesure stérile et platitude satisfaite. Les mises en scène ne savent plus qu’être hypnotiques, cherchant à toujours mieux ravir le regard, ou bien désespérément mornes, incapables de rien révéler. Les récits s’enorgueillissent de leur confusion ou bien se perdent en banalités d’usage. C’est dire l’importance de redécouvrir Claude Sautet, lui qui à l’inverse organisait minutieusement la forme de ses films, à la seule fin de délivrer une vérité particulière.

    Sa mise en scène, en effet, en tout point opposée à celles, sibyllines ou creuses, de notre temps, se révèle riche de significations secrètes et cependant immédiatement accessibles. Il faut donner tort à ceux qui n’ont jamais vu dans son cinéma qu’aimables figures sociologiques et académisme bourgeois ! Car ce n’est jamais pour des raisons décoratives que s’agencent des averses, des escaliers et des vitrages, ni pour le simple plaisir de la citation que se répondent, de film en film, ces couples piégés dans les miroirs, ces rois absents de la Table Ronde, ces pères défaillants que l’on cherche à fuir et ces femmes endormies que l’on n’ose réveiller... En mettant au jour, dans l’expression de leurs personnages, quantité de traits schizoïdes et, à travers leurs couleurs principales, l’échec du Grand Œuvre alchimique, cet essai identifie le motif dissimulé au cœur de ces récits réglés : la faillite de l’être.

    La si belle tristesse du cinéma de Claude Sautet, à laquelle ce livre souhaite rendre hommage, c’est alors autant la rigueur d’une mise en scène acharnée à dévoiler en toute circonstance une faille irrémédiable que la soudaine révélation de gestes ou de visages, épiphanie aussi tangible qu’insaisissable, dont l’étreinte fugace laisse bouleversé. "

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  • Pour une histoire de l'art alternative...

    Sur Marianne TV, le 17 février 2021, Natacha Polony recevait Benjamin Olivennes pour évoquer son essai intitulé L'autre art contemporain - Vrais artistes et fausses valeurs (PUF, 2021). Après des études de philosophie, Benjamin Olivennes enseigne à l’université Columbia.

     

                                             

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  • L'ère de l'individu tyran...

    Les éditions Grasset viennent de publier un essai d'Eric Sadin intitulé L'ère de l'individu tyran - La fin d'un monde commun.  Écrivain et philosophe, Éric Sadin est notamment l'auteur d'un récit d'anticipation, Les quatre couleurs de l'apocalypse (Inculte, 2011) et de plusieurs essais comme Critique de la raison numérique (L'échappée, 2015) ou La silicolonisation du monde - L'irrésistible expansion du libéralisme numérique (L'échappée, 2016).

     

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    " Protestations, manifestations, émeutes, grèves  ; crispation, défiance, dénonciations : depuis quelques années, la colère monte, les peuples ne cessent de rejeter l’autorité et paraissent de moins en moins gouvernables. Jamais le climat n’a été si tendu, laissant nombre de commentateurs dans la sidération. Comment en sommes-nous arrivés là ? Quels éléments et circonstances ont fait naitre et entendre une telle rage, démultipliée sur les réseaux sociaux  ?
    Les raisons de la révolte sont connues et liées aux dérives du libéralisme élu comme seul modèle politique (aggravations des inégalités, dégradations des conditions de travail, recul des services publics, mises à jour de scandales politiques…). Mais la violence avec laquelle elle se manifeste à présent est inédite car exprimée par un sujet nouveau  : l’individu tyran. Né avec les progrès technologiques récents, l’apparition d’internet, du smartphone et les bouleversements induits par la révolution numérique (applications donnant le sentiment que le monde est à nos pieds, réseaux sociaux où ma parole vaut celle de tous, mon image magnifiée…), c’est un être ultra connecté, replié sur sa subjectivité, conforté dans l’idée qu’il est le centre du monde, qu’il peut tout savoir, tout faire, et voyant dans l’outillage technologique moderne l’arme qui lui permettra de peser sur le cours des choses. C’est le I de Iphone, le You de Youtube. Jamais combinaison n’aura été plus explosive : les crises économiques renforcent l’impression d’être dépossédé, la technologie celle d’être tout-puissant. L'écart entre les deux ne cesse de se creuser et devient de plus en plus intolérable. Les conséquences sont délétères : délitement du lien social, de la confiance, du politique ; montée du communautarisme, du complotisme, de la violence… Plane la menace d’un "totalitarisme de la multitude".
    Dans cet essai brillant, mené tambour battant, Eric Sadin livre une analyse neuve et tragiquement juste de l’effondrement de notre monde commun à travers une mise en perspective historique, politique, sociale, économique et technique unique. Mais il le fait pour mieux repenser les termes d’un contrat social capable de nous tenir, à nouveau, ensemble. "

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