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Métapo infos - Page 350

  • Discours sur le courage...

    Les éditions de La Nouvelle Librairie viennent de publier un court essai de Johann Gottlieb Fichte intitulé Discours sur le courage. Philosophe, Johann Gottlieb Fichte (1762-1814) est un des grands noms de la pensée allemande et, également, une des figures de proue du nationalisme allemand avec ses Discours à la nation allemande.

     

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    " Dans le panorama de la pensée allemande, Fichte occupe une place à part. Entre Kant, Schelling et Hegel, il a jeté les bases de l'idéalisme allemand et donné des ailes au pangermanisme, surtout dans ses Discours à la nation allemande (1807-1808), d'où est tiré ce volume. Il s'y fait tribun de la nation pour que l'Allemagne soit la tribune des nations. Mais nul besoin d'être un compatriote de Fichte pour y trouver une source d'inspiration. Le propre de ce Discours sur le courage est de se réactualiser en permanence. Fichte ne s'adresse pas seulement à la nouvelle génération qui voit alors le jour outre-Rhin; il écrit pour toutes les nouvelles générations, pour toutes les époques, pour tous les peuples. Le courage est le catalyseur des renaissances, nous exhorte-t-il. Il annonce des aubes nouvelles. Ce livre en est une. "

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  • L'instauration d'un passe vaccinal annonce-t-elle un futur digne d'une dystopie ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Thibault Mercier, cueilli sur Figaro Vox et consacré à la mise en place du passeport vaccinal. Avocat et président du Cercle Droit & Liberté., Thibault Mercier est déjà l'auteur de Athéna à la borne (Pierre-Guillaume de Roux, 2019).

     

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    Thibault Mercier: «L'instauration d'un passe vaccinal annonce-t-elle un futur digne d'une dystopie ?»

    Si les Anciens sont de bon conseil en politique comme nous le rappelle Michel De Jaeghere dans son remarquable Cabinet des antiques[1], c'est plutôt du côté de la littérature d'anticipation qu'il nous faut nous tourner ces jours-ci pour tenter de comprendre le nouveau monde qui se dessine sous nos yeux après que Jean Castex a annoncé vendredi dernier que « désormais seule la vaccination sera valable pour le passe ».

    Mettons de côté le fait que cette déclaration soit - s'en étonne-t-on encore ? - en contradiction avec les engagements passés du gouvernement et que l'emploi de l'indicatif dénote le peu de considération que porte le Premier ministre au processus démocratique, car plus graves encore seront les conséquences de cette mesure sur la société française, à rebours de ses principes les plus fondamentaux.

    Dans Demolition Man, film de science-fiction sorti en 1993, Sylvester Stallone se réveille, après 70 ans d'hibernation forcée, dans un monde aseptisé duquel a été éradiquée toute violence. La liberté individuelle y est réduite à la portion congrue, l'argent a été remplacé par des crédits virtuels et l'hygiène est une préoccupation de chaque instant : les gestes barrière s'appliquent avec rigueur, les embrassades et l'acte sexuel ont été mis hors-la-loi, car trop risqués (sauf avec un casque de réalité virtuelle…). Dans ce Meilleur des mondes au sein duquel le Bien est réduit au bien-être et le politique à la seule question des intérêts matériels individuels, les hommes libres ont été contraints à l'exil et vivent désormais sous terre pour avoir le droit de « faire du cholestérol et lire Playboy ».

    Bien que la France de 2021 ne ressemble évidemment en rien à cette dystopie, son auteur nous invite néanmoins à nous interroger sur le sort que nous réserverons, demain, aux non-vaccinés et, après-demain, à ceux qui refusent la médicalisation à outrance de leur vie. Seront-ils eux aussi frappés d'ostracisme dès janvier prochain ? Les laissera-t-on tomber dans la misère ? La question n'est pas qu'hypothétique alors que l'université d'Orléans soumettait la semaine dernière la distribution d'une aide alimentaire d'urgence à ses étudiants à la présentation d'un passe sanitaire valide…

    À l'instar du maire de Nice déclarant que lever l'obligation du passe sanitaire reviendrait à donner aux non-vaccinés le droit d'aller tuer leurs concitoyens, nous assistons depuis plusieurs semaines à des violences symboliques inouïes à leur encontre dont on ne mesure pas encore les effets désastreux qu'ils charrieront sur la concorde nationale. Et ce, alors même que les vaccins n'auraient que peu d'effet sur la transmission du virus et que seules certaines populations bien identifiées risquent de subir des complications en cas d'infection.

    Après la fin de la gratuité des tests en octobre et la réduction de leur durée de validité à 24h au début du mois, toutes deux validées hypocritement par le Conseil d'État refusant d'y voir une obligation vaccinale indirecte, la croisade contre le non-vacciné s'intensifie. Et ce dernier semble être devenu le bouc-émissaire de l'Exécutif, lui permettant de se défausser de l'échec de sa politique sanitaire.

    Sous la menace du variant Omicron, l'instauration d'un abonnement vaccinal devrait donc être débattue prochainement devant la représentation nationale. Ce sont ainsi non seulement la culture, nos visites familiales en dehors de notre région et nos vies sociales qui seront soumises à la vaccination, mais aussi peut-être le droit de travailler[2] ou encore l'accès à l'hôpital public. Oserait-on encore rappeler les principes d'inviolabilité du corps humain et de consentement libre et éclairé aux actes médicaux forgés avec douleur au sortir de la Seconde Guerre mondiale ?

    Si tant l'aveuglement du gouvernement dans une politique du tout vaccinal qui paraît bien en peine à endiguer l'épidémie (le vaccin étant, semble-t-il, partiellement inefficace contre le variant Omicron) que l'énième estocade portée contre nos libertés individuelles et collectives doivent être dénoncés, c'est aussi l'avènement de cette nouvelle société sanitaro-collectiviste qui peut inquiéter.

    Outre la sortie de notre superproduction hollywoodienne, l'année 1993 marque également la parution par Edouard Limonov de son « Grand hospice occidental » dans lequel il brosse le portrait acerbe de l'homo hospitius : malade chronique ayant renoncé volontairement à sa liberté pour se placer servilement sous la coupe de l'Administration. Ayant bien perçu que l'exercice brutal du pouvoir par le contrôle et la coercition décrit dans 1984 n'avait plus la faveur des Gouvernements occidentaux, l'écrivain et dissident russe y remarque que ces derniers lui préfèrent désormais une gouvernance soft, expurgée de toute violence apparente et au contrôle social plus diffus. Dans cet « hospice sagement géré », les « malades sous sédatifs » sont choyés par l'Administration, le plaisir n'est que satiété morne et monotone et la société s'apparente à une ferme où les animaux sont élevés en batterie à la lumière artificielle, à la seule différence que les humains ne sont pas envoyés à l'abattoir, mais la maison de retraite.

    Au-delà de l'outrance de la satire, ne sommes-nous pas en train de sombrer vers cette civilisation de Malades, au vu de notre acceptation docile des mesures les plus contradictoires et farfelues depuis plus de 18 mois imposées « pour notre bien et notre santé » ?

    Et Limonov de s'interroger « si une certaine dose de souffrance, de douleur et de lutte était la condition nécessaire du bonheur d'un être humain ? » Après bientôt deux ans à déléguer aux blouses blanches non seulement la gestion de la maladie, mais aussi celles de nos vies et de notre société, aborder sereinement ces enjeux dans le débat public semble plus que jamais nécessaire.

    Thibault Mercier (Figaro Vox, 20 décembre 2021)

     

    Notes :

    [1] Le Cabinet des antiques, Michel de Jaeghere, Les Belles Lettres, 2021.

    [2] Olivier Véran ayant confirmé samedi que la mise en place du passe était à l'étude pour l'accès au lieu de travail.

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  • Les années noires de Céline...

    Les éditions de L'Observatoire viennent de publier un récit de Christophe Malavoy intitulé L.-F. Céline, les années noires.

    Lecteur averti de Céline, Christophe Malavoy est comédien, plusieurs fois nommé pour le César du meilleur acteur, et également réalisateur. Il a notamment publié Céline, même pas mort ! (Balland, 2011) et une bande-dessinée consacrée à l'auteur, La Cavale du Dr Destouches (Futuropolis, 2015). Passionné de littérature et de Céline également, José Correa est peintre - illustrateur et expose régulièrement en France et à l'étranger.

     

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    " Après un long périple à travers l’Europe, laissant derrière eux les manuscrits de l’écrivain et toute une vie, Céline et son épouse Lucette parviennent à gagner Copenhague en 1945, après avoir traversé un IIIe Reich agonisant. Loin de la France qui réclame la tête du Dr Destouches, le couple pense avoir trouvé un havre de paix, et un peu de répit. Mais leur sursis ne sera que de courte durée... Rattrapé par le gouvernement français qui réclame son extradition et son jugement immédiat, Céline est incarcéré pendant plus d’un an à la prison de Vestre Faengsel, à Copenhague, avant d’être assigné à résidence à Korsor, sur les bords de la Baltique.

    Désormais, c’est une véritable vie d'exilé qui commence pour l’écrivain apatride. Un exil de cinq longues années de labeur, dans le froid polaire danois, une épée de Damoclès au-dessus de sa tête, dans la joie parfois, dans la peur souvent.

    Porté par les illustrations à l’aquarelle de José Corréa, Christophe Malavoy raconte ces années noires, trop souvent ignorées, au plus près de la psyché de l’auteur du Voyage au bout de la nuit, et parvient à transformer la grande Histoire en un roman d’aventure aussi fascinant que poétique. "

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  • Etat de droit : la dictature pacifique du mondialisme...

    Le 12 octobre 2021, Pierre Bergerault recevait sur TV libertés Ghislain Benhessa pour évoquer avec lui son essai Le Totem de l’Etat de droit (Toucan, 2021).

     

                                             

    " Jamais défini, étendu sans discontinuer par les juges, l'Etat de droit est devenu un véritable totem. Ce concept a connu une véritable ascension après la seconde guerre mondiale sous l'influence des démocraties libérales et de l'idéologie des droits de l'homme pour détruire la nation au profit de l'individu roi. La preuve, l'Union européenne, laboratoire du mondialisme, l'a placé au cœur de son logiciel pour coiffer son impérialisme. Dans son dernier ouvrage, l'avocat Ghislain Benhessa démontre comment nous sommes passés du "droit de l'Etat" à la primauté du droit sur l'Etat. Comment se libérer de cette Etat de droit qui est devenu la première entrave qui nous empêche de nous défendre ? L'auteur prône l'épreuve de force pour un retour à la souveraineté ! "

     
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  • La trilogie royale d'Olivier Maulin...

    Les éditions de La Nouvelle Librairie viennent de rééditer la Trilogie royale d'Olivier Maulin, qui regroupe trois merveilleux romans, En attendant le roi du monde, Les évangiles du lac et Petit monarque et catacombes, d'une drôlerie et d'une vitalité réjouissante, qui étaient devenus difficilement trouvables.

    Anar de droite, tendance Rabelais, critique littéraire à Valeurs actuelles, alsacien et roi de Montmartre, Olivier Maulin est l'auteur de romans truculents et païens, comme Les Lumières du ciel (Balland, 2011),  Le Bocage à la nage (Balland, 2013), Gueule de bois (Denoël, 2014) ou La fête est finie (Denoël, 2016), mais aussi d'un recueil d'articles polémiques revigorant, Le populisme ou la mort (Via Romana, 2019).

     

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    " Premier volet de la Trilogie royale, Prix Ouest France/Étonnants voyageurs à sa parution, En attendant le roi du monde retrace une équipée d’« expats » d’un genre particulier. Destination : le Portugal, loin des circuits touristiques. On y croise d’inoubliables personnages, tous plus foutraques et pittoresques les uns que les autres. Ici, le rire est organique, naturel, franc, joyeux – à réveiller les morts. Si Olivier Maulin est poète, il l’est d’abord avec les tripes. C’est la civilisation du ventre, telle que Victor Hugo l’a définitivement associée à Rabelais et au génie gaulois. En musicien paillard qui fait vibrer les cordes vocales de l’hilarité, l’auteur renoue avec un burlesque d’un autre âge, plus actuel que jamais. "

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    " Deuxième volet de la Trilogie royale, Les Évangiles du lac nous transportent dans une vallée perdue des Vosges alsaciennes peuplée de personnages hauts en couleur : une sorte de nef des fous qui remonte le grand fleuve de la modernité pour renouer avec un Moyen Âge breughélien, au milieu d’un curé de choc et d’une armée de trolls et de lutins. Entremêlant le réalisme grotesque et le merveilleux médiéval, la satire sociale et la quête mystique, l’anarchie et une soif d’ordre divin, le comique et le cosmique, ces « Évangiles » adressent leurs prières autant à la Vierge qu’à la fée Mélusine, aux saints et aux lutins, aux dieux et aux gueux, dont Olivier Maulin est le Noé providentiel, à la tête d’une arche enchantée. "

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    " Dernier volet de la Trilogie royale, Petit monarque et catacombes nous fait pénétrer dans le palais de l’Élysée, mais par l’escalier de service, où Rodolphe Stockmeyer, jeune dilettante, effectue son service militaire. Nous sommes en 1992, aux dernières lueurs d’un long règne que la maladie semble pétrifier. Dernières lueurs, mais premières loges, ce qui nous vaut un portrait féroce et croquignolesque de François Mitterrand, sorte de momie sans âge, entouré de courtisans et d’intrigants qui s’agitent en coulisses, alors que, derrière les portes dérobées du Château, des conspirateurs préparent en secret le retour du roi… "

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  • Le Grand Rabougrissement ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Mahaut Hellequin  cueilli sur Flamberge et Belladone et consacré à une critique de l'intérieur de la mouvance de droite. C'est drôle, insolent, mordant... et donc pour une part profondément injuste, mais c'est à lire !

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    Le grand rabougrissement (M.E.G.A)

    Une dégénérescence frappe les extrêmes : le Grand Rabougrissement.
    On constate en effet depuis une dizaine d’années le rétrécissement des idéaux et de l’éthique des deux bords politiques (non le clivage n’est pas dépassé, oui il s’efface dans certaines luttes transversales), et ce d’autant plus que l’on s’éloigne du centre.
    A droite surtout l’idéal civilisationnel se réduit aux proportions d’une publicité des années 1950, l’idéal esthétique à des copies diminuées, l’idéal moral à du signalements de vertu catholique pour salauds sartriens. La gauche n’est pas indemne : la chouinerie y a remplacé le terrorisme, les vaines festivités la grève générale, l’ordre moral mesquin l’anarchie.
    Une constatation d’échec s’impose, mais n’est que le premier goût, amer, du remède.

    A première vue, la gauche semble mieux s’en sortir : elle a conservé son internationalisme universalo-fraternel qui veut que Boubakar ait toute légitimité pour cloîtrer ses trois femmes et voiler des douze filles sur le sol Européen et Camille l’obligation morale de se sentir solidaire des Ouighoures et autres Afghanes. C’est grand. C’est crétin, mais c’est sans frontières.
    Elle a conservé sa foi dans un Progrès à la fois technologique et moral qui permettrait bientôt de faire disparaître tout préjugé à l’encontre de Frank et Théo, parents grâce à l’androgénèse assistée par utérus portatif (chacun pouvant le porter à tour de rôle contre la peau nue de son ventre _ il y a un brevet à déposer). C’est ambitieux. C’est absurde, mais c’est innovant.
    Elle a conservé son énergie révolutionnaire en créant de nouveaux concepts pour entreprendre un renversement civilisationnel radical qui décrète la laideur parfaite (ou plutôt « djeuste peurfècte, couine ») et la beauté fasciste. C’est avant-gardiste. C’est satanique mais c’est grandiose et infiniment reproductible (car valant pour la stupidité contre le privilège d’intelligence – dont la mesure serait raciste et classiste ; pour l’incivilité urbaine contre l’habitus raciste de la courtoisie ; pour le crime contre la petite bourgeoisie de l’attachement la propriété ; pour le viol contre la transphobie des lesbiennes… ad nauseam…).

    Ainsi attendrait-on, si elle avait été aussi conservatrice que la gauche, une droite conquérante, chevaleresque, élitiste, élégante… Si l’on demande à la gauche un portrait robot des tares de droite on trouvera la domination, l’ordre, la rigueur, l’impérialisme, la raison d’état, la tenue (pour cacher, on s’en doute, d’infâmes turpitudes), c’est à dire un méchant doté malgré tout d’une grandeur non nulle, le type qu’on aime affronter en fin de jeu ou de film et qui devient légendaire par sa noirceur (et son bel uniforme).
    Si la droite ressemblait à ce croque-mitaine elle serait un rien moins pathétique que le spectacle qu’elle offre quotidiennement.
    Oui, si la gauche a su préserver son feu (que celui-ci soit gnostico-prométhéo-satanique est une autre question) la droite s’étiole dans le culte des cendres.

    En effet qu’a-t-on (d’Utique) en place de ce terrible conquistador ?

    On a, depuis quelques années, un rabougrissement général autour d’une nostalgie de boomeur, d’acquis théoriques périmés jamais remis en question, de formules toutes faites qui tournent en boucle depuis les années 1970 quand ce ne sont pas les années 1930 dont les intellectuels font désormais figures de gourous indépassables.
    La droite se paie de mots et, grenouille triste, se représente par mille déclarations d’intentions, bréviaires, programmes et manifestes comme un puissant taureau.

    Il est question d’élitisme quand ses références historiques sont obsolètes depuis des décennies non à cause d’une censure politiquement correcte mais à cause de l’avancée de la recherche ; quand ses synthèses sur les questions scientifiques sont partisanes et conduites par des personnes soit intellectuellement incapables d’avoir accès aux sources premières soit psychologiquement incapables de les considérer avec objectivité ; quand ses productions artistiques sont accueillies et promues par amitié et complaisance et dépit de leur valeur réelle ; quand, enfin, aucun concept n’est défini, fort peu de termes bien employés, ce qui n’empêche pas la masse de les scander avec ferveur, chacun remplissant leur plasticité de ses fantasmes particuliers (on pense aux fameuses « valeurs traditionnelles », au « surhomme » etc.).

    Il est question de Tradition quand celle-ci a pour horizon indépassable la nostalgie des années 1950, ses images publicitaires et illustrations populaires. La « famille traditionnelle » pour laquelle tous combats doivent être menés n’est que la vision sentimentale d’une nucléarité bourgeoise mise en avant au XVIIIème siècle par les Lumières (si décriées par ceux qui la défendent) et qui s’est imposée comme idéal à travers la Révolution. Et cela ne serait pas un problème si on n’essayait pas de faire porter sa cause à l’Histoire : on peut très bien avoir des idéaux qui aient moins de cinq cents ans, moins de trente, moins de deux, même, pourquoi chercher autre caution que leur essence propre ? Deux siècles et demi n’est pas le temps de la Tradition (il est paradoxal de devoir rappeler que l’histoire des mentalités, des rôles sociaux et de la famille ne commence pas en 1789) ni le pompidolo-gaullisme l’état parfait et abouti d’un corps social qui n’en devrait plus bouger (ou seulement en remplaçant la bourse par des corporations).

    Il est question de conquête quand les usuels tribuns portent un discours d’assiégés agis par leurs adversaires, de pure réaction aux offensives ; quand personne ne propose de voie nouvelle, d’idée, de système, de champ nouveau ; quand seuls deux esprits fantasques (dont l’un est mort) proposent des univers archéofuturistes pleins d’enthousiasme et d’énergie, projetant des archétypes ancestraux vers leurs métamorphoses futures. On se passe en boucle les disques de la Nouvelle Droite depuis cinquante ans : trop souvent, les originaux sont rayés et les reprises manquent de souffle comme de fond.

    Il est question d’élégance et d’esthétique quand chacun se vêtit comme son milieu l’exige, comme ses influenceurs le réclament, des clones en gazelles, jean, t-shirt péchu fait en Chine mais floqué en France aux mauvais cosplays de Peaky Blinders , pantalons étriqués et vestes moulantes, en passant par les sempiternels lodens et robes à fleurs, ce qui serait fort bon si cela correspondait à une recherche personnelle et non à un uniforme de classe qui permet « d’en être » et de se débarrasser d’une question qui n’importe finalement que quand il s’agit de mépriser ceux qui ont choisi d’être d’ailleurs ou d’être à eux-même.

    Il est question d’aristocratie de l’esprit et de lutte contre les « valeurs bourgeoises » quand les affinités se font avant tout par milieu, par souci du qu’en dira-t-on, par potentiel ou capital estimé, quand on cultive un entre-soi centré autour de l’éducation des enfants et de la préservation et acquisition du patrimoine, quand on méprise ou craint les bohèmes et les marginaux, bref, quand règne l’esprit Verdurin. On veut fonder l’aristocratie nouvelle sur l’audace et l’indépendance d’esprit et on piétine inlassablement sur les sentiers battus de la pensée de telle barbe du XXème siècle, on se gargarise des aphorisme du Grand Homme autorisé (lequel diffère selon le groupuscule), on crée des chapelles autour de Maîtres dont il va de soi qu’ils écrivent d’or chaque ligne.

    Il est, enfin et surtout, question de chevalerie, de discipline et de tenue morale quand les excités de la dévirilisation se caractérisent d’abord par la fragilité de leurs nerfs et l’hystérie de leur ton ; quand les prêcheurs les plus médiatiques des « valeurs traditionnelles » (que l’on est toujours bien en mal de définir) offrent en public, ou cachent habilement, des pratiques incompatibles avec leurs discours sur la famille et la parole donnée ; quand on ne définit son éthique qu’en creux, par l’inversion turbulente du nouvel ordre moral de gauche. Ainsi au lieu d’hommes impeccablement violents dans le combat et impeccablement courtois en société (l’idéal chevaleresque contrebalance l’extrême brutalité épée en main par l’extrême douceur dans le service _ mot important _ des civils, des dames et des faibles) il est devenu tendance d’être impeccablement médiocre dans son agir et impeccablement mufle dans son parler. Une certaine droite semble s’être donné pour mission d’incarner les caricatures les plus viles tendues par la gauche, du basket of deplorables au kéké de plage ( chad ) ou fratboy odieux, toutes tendances venues des États-Unis. La mode contrarienne glorifie ainsi l’inversion des valeurs chevaleresques : il faut être moqueur avec les pauvres, méprisant avec les faibles, cruel avec ses semblables, médisant avec tous, discourtois avec les femmes ; il faut cracher sur la charité (si possible en insultant un clochard), souiller l’environnement (et jeter ses mégots au sol, car évidemment il faut fumer), frapper les freluquets isolés (bonus si on se filme le faisant avec une diction de racaille). Être un parfait soudard de papier associé à un parfait cultivateur d’hémorroïdes de bureau. Devenir une merde pour le seul panache de donner des nausées à la gauche. Devenir, par anti-sartrisme, l’incarnation même du Salaud.
    Et, ce faisant, afficher un catholicisme d’opérette tridentine.

    Ayant annexé la morale dans sa lutte contre toute domination, c’est bien la gauche qui semble désormais jouer le rôle du chevalier défendant l’orphelin (en priorité d’importation) et la veuve (singulièrement celle du brigand), étatisant la charité et résumant la courtoisie à une novlangue politiquement correcte. Mais elle aussi a perdu en superbe.

    Devenue chasse gardée d’urbaines véganes du tertiaire, de peubo (petites-bourgeoises bohêmes), sa radicalité s’est dissoute dans la consommation et le confort et elle se réduit la plupart du temps à veiller et dénoncer, si possible derrière un Mac dans un café biovégé. Parfois des rendez-vous sont donnés IRL pour une action collage-insta ou une chorégraphie américaine (latine ou afro-étatsunienne). Les Black Blocks sont principalement là pour le folklore et emmerder les PME en brisant leurs vitrines, les antifas pour économiser le prix d’une domina en se faisant later gratos par des zouaves en gazelles. On va twerker devant tel ministère, saccager telle succursale de quartier d’une quelconque banque mais surtout laisser tranquilles les sièges des média, des GAFAM, de Monsanto, ne pas toucher aux data centers. On va massivement emmerder le monde aux repas de famille plutôt que prendre tel PDG en otage.
    La violence est passée de l’intensité ciblée à une généralisation de la cassecouillerie geignarde, du cobra au moustique.

    Les manifestations, elles, se dissolvent dans la répétition et l’inéluctable folklorisation au bout de six itérations : la grève générale, le bon gros blocus à échelle nationale sur plusieurs jours, semble impossible. Serait-ce parce que les syndicats ont passé les vingt dernières années à cultiver les divisions identitaires et réclamer des mesures esthétiques à base de porc ou de son absence et de congés halaux (pluriel de halal) plutôt qu’à entretenir une solidarité et une sociabilité ouvrières ? Ce serait en tout cas la réponse pré-pensée de la droite.

    Enfin et surtout, le rabougrissement le plus flagrant, celui qui fait le plus honte à la gauche historique, est sa transformation en petite ligue de vertu chiante qui scrute avec mesquinerie la compatibilité de toute vie et de toute œuvre avec la dernière édition de son credo. Cette gauche qui subissait la censure en a pris le contrôle avec hargne, celle qui réunissait les proscrits est désormais l’origine de tout bannissement, celle qui, avec Brassens, se réjouissait d’avoir « mauvaise réputation » mène des campagnes de communication pour détruire la réputation d’écrivains et de saltimbanques divers et ne présente jamais la moindre excuse quand elle a frappé à tort.

    Face à ce consternant tableau, que faire ?

    Tout d’abord se réjouir : le plus pénible est passé et la joie peut accompagner la reconstruction (c’est en général le moment où on perd la gauche qui se satisfait des choses déconstruites, c’est à dire des friches ou des ruines).
    Une fois n’est pas coutume, détournons une formule états-unienne : Make Extremes Great Again. Quoi de mieux que le « MEGA » pour lutter contre le minirabougri ?
    L’important n’est pas extremes : le centre aussi ou les bords mous peuvent avoir ambition de grandeur ; c’est encore moins again : il faut inventer et non imiter, regarder en avant, non en arrière et, tel Golgoth, créer sa piste là où il n’y a plus de route ; l’important c’est évidemment great. Pas minable, pas petit : pas dissimulateur de lames de rasoir dans les autocollants, pas bastonneur de demi-portions, pas aigri moqueur des internets, pas harceleur grégaire, pas consommateur gâté pressé de gagner un point de morale sur le dos des créateurs qui ont enchanté son enfance, pas censeur des voix opposées, pas aveugle volontaire à tout ce qui dérange son safe space mental.


    Voici donc, en synthèse à emporter dans sa poche ou entre deux neurones, le manifeste MEGA (où du nom que vous voudrez bien lui donner) :

    Soyons grands !

    Choisissons la création, non la réaction. Traçons notre propre route, créons nos propres concepts. Que nous importe de répondre aux questions d’actualité, aux injonctions du camp d’en face ? Ne nous laissons sommer ni par le quotidien ni par nos adversaires : créons l’actualité, définissons les enjeux de demain, inventons une voie dans l’espace vierge.

    Choisissons l’exigence, non la complaisance. Exigence envers soi-même, mais laissons aussi l’œil sévère et objectif de nos camarades nous aider et en retour sachons dire à ceux de notre bord ce qui doit être revu, retravaillé, repensé, comme ce qui n’aurait pas dû se produire. Soyons exigeants dans nos œuvres intellectuelles et artistiques comme dans notre tenue. Sachons condamner notre propre bord plus fermement encore que celui d’en face puisqu’il nous est plus cher. Soyons maîtres de nous avant que d’essayer de l’être de l’univers,

    Choisissons l’audace, non la reproduction. Osons allez où nos pairs rechignent, osons mettre sur la table ce qui circule à bas bruit, osons nous extraire du nid familier, du poêle ronronnant, osons regarder de l’autre côté de la colline. Et si les plantes qui poussent de l’autre côté de la colline peuvent nous être profitable, peuvent être admirables, sachons le reconnaître et en faire usage. L’objectivité doit dépasser la partisanerie et les vertus cultivées pour elles-mêmes sans se soucier de leur étiquette du moment. Quand bien même l’entièreté de notre chapelle nous donnerait tort, sachons faire confiance à notre propre pensée et poursuivre notre propre quête.

    Choisissons la gratitude, non la plainte. Gratitude envers ce que notre temps nous offre de bon et d’agréable, envers ce qui nous a élevé, nous a ému ou ravi, envers tous les facteurs et les personnes qui nous permettent d’être qui l’on est aujourd’hui. La facilité est de rejeter, de condamner, de se plaindre de l’ici en idéalisant un ailleurs temporel, géographique ou idéal. Il faut reconnaître les bienfaits dont on profite, même venus de ce que l’on condamne idéologiquement.

    Choisissons la grandeur, non le calcul. Soyons fidèles à ce qui ne passe pas : la vérité, la justesse, le bien agir, la beauté et non soumis à d’éphémères intérêts de groupuscule ou de camp. Qu’importent les conséquences de votre prise de position ou de votre action sur l’opinion d’autrui, de votre camp ou d’un autre, pourvu qu’elle soit juste ? Pensons large, agissons avec générosité.

    Associons la plus grande violence à la plus grande bonté. Que la main droite combatte et que la main gauche serve et honore. Rejetons les demi-mesures : il faut être extrêmement violent dans son corps et dans sa pensée et extrêmement doux dans son service des humbles, des faibles et de nos pairs. Il faut détruire ce qui nous menace sans l’insulter, tuer sans déshonorer, dominer sans brutaliser, et hors de la lice ou du ring, tel le plus grand roi, servir en souriant.

    Et moi, ayant pensé cela, j’aurai autant de mal à l’appliquer que vous, autant de mal à sortir de mon propre rabougrissement, l’observateur n’échappant pas à l’observation. Mais nous nous efforcerons, chacun et ensemble, à être chaque jour moins minable que la veille.

    Mahaut Hellequin (Flamberge et Belladone, 5 décembre 2021)

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