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Métapo infos - Page 353

  • Zemmour, stop ou encore?...

    Le numéro 48 du mensuel conservateur L'Incorrect est en kiosque. On peut notamment découvrir à l'intérieur un dossier consacré à Eric Zemmour (curieusement très à charge et qui tombe un peu à plat après les premières prestations publiques de l'intéressé en tant que candidat...) et un autre à l'islam des champs, un entretien avec Marcel Gauchet, ainsi que les rubriques habituelles "Monde", "Essais", "Culture", et "La fabrique du fabo"...

    Le sommaire complet est disponible ici.

    éric zemmour, marcel gauchet, islam, islamisme,

     

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  • L'Europe contre l'Union européenne...

    Nous reproduisons ci-dessous le texte d'une conférence de David Engels donnée le 3 décembre 2021 à l’occasion du colloque “How to Reform the Union for the Future of Europe” (« Comment réformer l’Union pour le futur de l’Europe »), publiée sur le Visegrad Post et consacrée aux valeurs historiques de l'Europe.

    Historien, spécialiste de l'antiquité romaine et président de la société Oswald Spengler, David Engels, qui vit en Pologne, est devenu une figure de la pensée conservatrice en Europe et est l'auteur de deux essais traduits en français, Le Déclin. La crise de l'Union européenne et la chute de la République romaine (Toucan, 2013) et Que faire ? Vivre avec le déclin de l'Europe (Blauwe Tijger, 2019). Il a également dirigé un ouvrage collectif, Renovatio Europae - Plaidoyer pour un renouveau hespérialiste de l'Europe (Cerf, 2020).

     

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    L’Europe contre l’UE : comment ancrer les valeurs historiques de l’Occident dans la constitution d’une future confédération européenne ?

    L’Europe traverse une crise profonde, car elle est confrontée simultanément à des défis aussi divers que : mondialisation, migration de masse, désintégration de la famille, Cancel Culture, déclin démographique, déchristianisation, désindustrialisation, dégâts environnementaux, polarisation sociale, chômage, crise de la dette, guerres asymétriques, dé-démocratisation, islamisation, fondamentalisme, délabrement des infrastructures, terrorisme, hédonisme, obsolescence, relativisme juridique, ultralibéralisme, idéologie LGBTQ, augmentation des dépenses sociales, criminalité, bureaucratie dysfonctionnelle, folie des genres, etc. – pardonnez-moi cette longue énumération, mais ce n’est que lorsque nous aurons pris conscience de toute l’ampleur de notre déclin que nous pourrons réfléchir à des solutions adéquates.

    Cette crise n’est pas imposée de l’extérieur, elle est faite maison. Ce que craignaient déjà les pères fondateurs comme Robert Schuman, à savoir qu’une Europe unie ne doit pas rester une entreprise économique et technocratique, se paie aujourd’hui : il lui faut une âme, une prise de conscience de ses racines historiques. Sans identité commune, il ne peut y avoir de solidarité européenne en période de bouleversements comme aujourd’hui ; une telle identité doit toutefois se référer à autre chose qu’aux droits de l’homme universels, mais doit tenir compte de ce qui est propre à l’Europe et aux Européens : une vision occidentale de l’homme profondément enracinée dans la tradition et l’histoire. Si une telle entreprise échoue, il n’y a que deux possibilités : l’éclatement en États-nations, qui seront alors à la merci de puissances telles que la Chine, la Russie, le monde islamique ou les États-Unis, ou bien un centralisme bureaucratique et sans âme.

    Bien sûr, les partisans de l’actuelle UE politiquement correcte affirment que tout scepticisme à l’égard de l’UE est « conservateur » et donc condamnable, car il devrait automatiquement entraîner un retour au nationalisme, à l’autoritarisme d’extrême droite et finalement à la guerre et au génocide. Pourtant, le nombre de ceux qui veulent combiner patriotisme conservateur et défense de l’identité occidentale pour faire face aux nombreuses menaces intérieures et extérieures qui pèsent sur notre civilisation ne cesse de croître. Les pays de Visegrád sont sans aucun doute à la pointe de ce mouvement à l’heure actuelle, ce qui explique pourquoi il s’agit précisément d’une institution polonaise, l’Association des artistes pour la République (Stowarzyszenie Twórców dla Rzeczypospolitej), qui a pris l’initiative, sous la présidence de Zdzisław Krasnodębski, de commander en 2020 un préambule pour une future constitution d’une « confédération de nations européennes ». Cette constitution doit pouvoir servir de point de ralliement à tous les conservateurs qui veulent s’efforcer de défendre l’Occident, indépendamment des familles politiques auxquelles ils peuvent appartenir au Parlement européen. L’objectif du préambule était d’inscrire fermement dans la Constitution les valeurs conservatrices attaquées par l’UE actuelle, en éliminant les erreurs idéologiques fondamentales de l’ancien projet de Constitution de Valéry Giscard d’Estaing.

    Ce fut un grand honneur pour moi de pouvoir rédiger en ce sens ledit « préambule », qui, entre-temps, a été publié dans de nombreuses langues européennes et paraîtra également sous forme de livre dans les prochains mois, et qui s’inscrit pleinement dans la continuité de l’idéologie de l’hespérialisme telle que je l’ai développée en 2019 dans le livre Renovatio Europae. L’idée de base de l’« hespérialisme » est très simple : il est grand temps de revenir aux valeurs qui ont jadis fait la grandeur de l’Occident, si nous voulons éviter les pires scénarios. La défense de la famille naturelle, une régulation stricte de l’immigration, le retour au droit naturel, la protection d’un modèle économique socialement responsable, la mise en œuvre radicale de la subsidiarité, la renaissance des racines culturelles de notre identité et le renouvellement de notre sens de la beauté – tels sont, en résumé, les piliers d’une telle nouvelle Europe « hespérialiste ». Si l’Europe veut survivre en tant que civilisation au 21e siècle, elle doit revenir aux valeurs et traditions historiques qui l’ont façonnée depuis le Moyen-Âge et réduire drastiquement la tendance bruxelloise au centralisme. En même temps, elle doit garantir un partenariat étroit entre les nations européennes dans certains domaines politiques clés, tels que la protection des frontières, la recherche, la lutte contre la criminalité, les infrastructures, la défense, les ressources stratégiques ou les normes juridiques. L’exemple idéal d’une telle communauté d’États n’est donc pas les États-Unis ou la République fédérale d’Allemagne, mais plutôt les grands empires pré-modernes comme l’Union polono-lituanienne ou le Sacrum Imperium, le Saint Empire romain germanique.

    On peut se demander pourquoi l’Europe a besoin d’une véritable constitution, car d’une part la dernière tentative d’élaborer une constitution explicite s’est soldée par un véritable fiasco, tandis que d’autre part, les conservateurs semblent justement plutôt favorables à une réduction, voire à un démantèlement des institutions européennes et s’opposent donc généralement à toute constitution commune contraignante. Mais c’est une erreur : d’abord, l’opposition de nombreux citoyens n’était clairement pas dirigée contre l’idée générale de l’unification européenne, mais contre sa forme concrète et très problématique ; pui, la Constitution envisagée ici ne doit pas livrer les Européens encore plus qu’avant à l’administration bruxelloise et à son idéologie de plus en plus gauchiste, mais plutôt à les en protéger : notre projet est certes une Constitution « pour » l’Europe, mais une Constitution « contre » l’UE.

    Notre Constitution veut refonder une Europe forte, fière et patriotique, qui défend son identité au lieu de la salir ; qui respecte les nations au lieu de les fusionner ; qui honore son héritage historique au lieu de le soumettre au multiculturalisme ; qui combat la polarisation sociale au lieu de faire de la politique pour les élites ; qui protège et met en œuvre la démocratie au lieu de déléguer le pouvoir à des institutions internationales sans âme et non démocratiques ; qui défend l’importance de notre continent dans le monde au lieu de le brader. Cette Europe, nous devons la reconquérir – avec les citoyens, contre ses élites actuelles. L’union politique de toutes les vraies forces conservatrices et patriotiques autour d’un tel objectif commun est un premier pas dans cette voie – espérons donc que l’histoire s’écrira aujourd’hui dans ce sens.

    David Engels (Visegrád Post, 12 décembre 2021)

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  • Mémoires intempestifs sur une vie de cinéma...

    Les éditions Via Romana viennent de publier sous le titre Ma vie et le cinéma - Mémoires intempestifs, les mémoires de Philippe d'Hugues, avec une préface de Frédéric Vitoux.

    Ancien administrateur de la Cinémathèque française, écrivain et historien du cinéma, Philippe d'Hugues est notamment l'auteur de L'envahisseur américain (Favre, 1999), Les écrans de la guerre (De Fallois, 2005), Chronique buissonnière des années 50 (De Fallois, 2008), Les Causeries du dimanche (Auda Isarn, 2013), Au temps de la Nouvelle Vague (Auda Isarn, 2016) et dernièrement Viva Cinecittà ! - Les douze rois du cinéma italien (De Fallois, 2019).

     

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    " En matière de cinéma, de génériques de films certes, mais bien au-delà, dans ce qui fait la matière même d’une vie : choses vues, choses lues, rencontres, dialogues ou conversations, il semble tout emmagasiner, de par sa volonté ou en dépit de celle-ci. Et parce qu’il est un homme de haute culture, son capital de données, comme on le dit en informatique, s’enrichit des leçons, des appréciations et des jugements qu’il en tire. On peut appeler ça une forme de sagesse.

    Mieux, ce qu’il a ainsi retenu, voilà qu’il s’en délivre soudain, au soir de sa vie, pour nous offrir ce livre de souvenirs qui ressemble à un torrent où tournoient des centaines, des milliers de silhouettes, célèbres ou pas, des anecdotes en pagaille, plus savoureuses les unes que les autres, des portraits vitriolesques ou tendres, des jugements péremptoires, des émotions contradictoires parfois. Epoustouflant !

    À ses Mémoires, Philippe d’Hugues a associé l’épithète d’intempestif. Retenons-la ! Selon son étymologie, est intempestif ce qui est hors de saison, ne prend pas sa place au moment qu’il convient. Parfait ! Tout pour combler notre auteur durablement fâché avec son époque, ses lâchetés, ses conformismes et qui, aux idées reçues, a toujours préféré l’inconfort des convictions qui l’éloignent de ses contemporains. Pourtant, sa carrière professionnelle nous paraît assez sage. Après avoir travaillé à l’Institut national d’études démographiques, il eut la bonne idée d’attraper la varicelle en mai 68 et d’en suivre les turbulences du fond de son lit. Où pouvait-on être mieux, en ces semaines-là, pour se garder de la tentation de trop d’espoirs fous, de slogans catégoriques et de sottises sans appel ?

    Par la suite, il sera engagé comme chargé de mission au Centre national de la cinématographie. Le cocon rêvé, pour ce cinéphile impénitent, placé soudain au cœur du réacteur qui accompagnait et encourageait le 7e art. Mieux, il rejoindra aussi, un peu plus tard, le Conseil d’administration de la Cinémathèque. Et le temps lui sera laissé pour écrire, collaborer à diverses revues et signer des ouvrages de référence sur l’histoire du cinéma français qu’il connaît mieux que personne… Mais basta ! Ce livre de mémoires, intempestif et torrentiel à la fois, est le joyau d’un misanthrope qui aima sans doute le cinéma plus encore que la vie et qui n’a pu s’empêcher de tout retenir et de tout nous livrer – jetant sur notre époque un regard singulier mais nous livrant surtout un témoignage fraternel.

    Frédéric Vitoux "

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  • Un monde entre punks à chien et punks à fric...

    Le 12 octobre 2021, Pierre Bergerault recevait sur TV libertés Javier Portella pour évoquer avec lui son essai N'y a-t-il qu'un dieu pour nous sauver ? (La Nouvelle Librairie, 2021).

    Directeur d’El Manifiesto et essayiste, Javier Portella écrit régulièrement dans la revue Éléments ou sur les sites Boulevard Voltaire et Polémia. Il est déjà l'auteur de  Les esclaves heureux de la liberté (David Reinarch, 2012).

     

                                            

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  • Le quartier des antipodes...

    Les éditions Auda Isarn viennent de publier un recueil de nouvelles d'Arnaud Bordes intitulé Le quartier des antipodes.

    Éditeur, créateur des éditions Alexipharmaque, Arnaud Bordes est l'auteur de recueils de nouvelles comme Voir la vierge, Le bazar de Clodagh, La matière mutilée et Le Magasin des accessoires, ainsi que de romans, Pop conspiration, On attendra Victoire et d'un volume du Hussard, Surprise-partie pour le Hussard, tous parus chez Auda Isarn.

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    " C’est souvent l’automne dans ces nouvelles, ou l’hiver. Il y a des soldats, des gentilshommes de fortune, des chefs de la Brigade de sûreté, des coureurs des bois… Il y a aussi des écrivains, Nerval, Charlotte Brontë, Alain-Fournier, Théophile Gautier… Et tous, des ruelles sombres de Paris aux Indes orientales, des déserts égyptiens aux steppes enneigées de Russie, de la Prusse aux Honduras, en passant par le Yorkshire et autant de champs de bataille, se souviennent et se racontent – se souviennent d’épouvantes, parfois mystérieuses, parfois sanglantes.

    Le Quartier des antipodes est une invitation au voyage, dans les confins, dans l’horreur, mais aussi dans les références et les livres. "

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  • La Nation, l’État, le droit ou le désordre juridique européen...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Hervé Juvin, cueilli sur son site personnel et consacré au conflit juridique entre l'Union européenne et certaines des nations qui la composent.

    Économiste de formation et député européen, Hervé Juvin est notamment l'auteur de deux essais essentiels, Le renversement du monde (Gallimard, 2010) et La grande séparation - Pour une écologie des civilisations (Gallimard, 2013). Il a également publié un manifeste intitulé France, le moment politique (Rocher, 2018).

     

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    La Nation, l’État, le droit ou le désordre juridique européen

    Le futur de l’Europe se joue-t-il en Pologne ?

    L’actualité le suggère. Depuis l’arrêt de la Cour de justice polonaise du 7 octobre dernier considérant les articles 1 et 19 du traité de l’Union européenne contraires à la Constitution polonaise, la Pologne est sous le feu des maximalistes de l’Union européenne, au nom du principe ; « toujours plus d’Union » contre lequel nul ne saurait s’élever. Il est tentant de reprendre la longue histoire d’arrêts contradictoires, depuis « Costa contre Enel » de la Cour de Justice des Communautés européennes de 1964 établissant en effet le principe de supériorité des traités européens sur les lois nationales passées et à venir, jusqu’aux arrêts des trois plus hautes juridictions françaises limitant cette supériorité aux domaines de la compétence européenne (principe de la compétence des compétences), et aux arrêts successifs de la cour constitutionnelle allemande de Karlsruhe rappelant le principe essentiel ; la souveraineté in fine appartient au peuple. Mais à quoi bon ? Derrière les arguties juridiques, c’est de politique qu’il est question. Si la décision des juges polonais a suscité une réponse agressive de l’Union, c’est qu’elle touche à l’essentiel sur trois points au moins.

    La légitimité du droit

    Le premier est la source du droit. D’où procède le droit, quelle est la source des lois, et où se fonde la légitimité du droit ? Le général de Gaulle aurait donné à Jean Foyer, premier garde des Sceaux de la restauration gaulliste de 1958, la consigne définitive que rapporte Alain Peyrefitte ; «  D’abord la Nation. Ensuite l’État. Après, le droit ». Nous en sommes loin. Figure obligée de l’Union, « l’état de droit » entend précisément que la Nation et l’État soient soumis au droit. Il s’agit d’en finir avec la raison d’État, de borner le débat et le suffrage, d’encadrer la démocratie.

    Et il s’agit d’instituer une autonomie du droit à l’égard des pouvoirs politiques nationaux. C’est ainsi que l’État français est poursuivi pour ne pas remplir ses « obligations » concernant la lutte contre le changement climatique — quelles obligations au juste ?

    C’est ainsi qu’un tribunal a jugé que la réforme de l’assurance chômage enfreignait le droit — mais quel est ce droit à la main des juges qui s’imposerait au gouvernement de la France ? La question de la source du droit, et de cet « état de droit » devenu le « Sésame ouvre toi » de la bonne réputation politique, est savamment évitée. Car d’où vient ce « droit » qui s’imposerait aux Nations et aux États, et pourrait invalider le suffrage universel ? Qui a donné aux juges, aux Cours et à l’Union l’extraordinaire pouvoir de dire le droit ? Si la source du droit n’est pas la volonté des peuples exprimée par le suffrage universel, où est-elle ? Tour à tour, ou conjuguant leurs efforts, des organisations internationales, des institutions supranationales, comme l’Union européenne, des ONG et des Fondations, des Cours constitutionnelles et des magistrats entendent dire le droit, décider du droit des Nations, et imposer leurs jugements contre la volonté des peuples, notamment en interprétant à leur guise des « déclarations des droits », texte lyrique, proclamations de combat, jamais conçus pour être traduits en droit positif.

    Il faudra pourtant le reconnaître ; chaque fois que l’Union en appelle aux « valeurs », chaque fois qu’elle invoque « l’état de droit », et la primauté des traités, chaque fois la liberté des peuples recule, l’autonomie des Nations s’étouffe, et le gouffre du droit s’ouvre devant l’Union.

    Restreindre toujours plus les nations

    Le second est la hiérarchie des normes. La tentative de l’Union européenne d’étendre sans cesse le domaine du droit interroge l’affirmation de Carl Schmitt selon laquelle celui qui détient le pouvoir est celui qui peut décréter l’état d’urgence. Toute occasion est bonne, du COVID19 au réchauffement climatique, de la crise des migrants à celle des dettes publiques, pour une Union avide d’ôter aux Nations ce qui demeure leur privilège ; la capacité d’agir. L’Union entend décréter et gérer à leur place l’état d’urgence. Elle empiète ainsi sur les compétences qui demeurent celles des États, selon les termes mêmes des traités ; défense et sécurité, diplomatie, culture, éducation, santé, justice et droit de la nationalité — des compétences sans cesse remises en cause par les ingérences de la Cour européenne de Justice, opérant selon le principe «  tout ce qui est l’Union est à l’Union, tout ce qui est aux Nations est à prendre ».

    C’est ainsi que l’Union s’est saisie du COVID19 pour se mêler de la santé publique, alors même que la santé demeure une prérogative des États membres — mais l’occasion de négocier des commissions avec les « Big pharma » était trop belle ! C’est ainsi que des ONG, des mouvements divers, relayés par l’Union européenne, ont décrété l’état d’urgence contre les gouvernements polonais et hongrois, essentiellement coupables de vouloir décider des lois et des mœurs pour lesquels ils ont été élus, et peu importe si l’Irlande a vécu hors de maintes prétendues « valeurs » européennes » pendant longtemps, du droit à l’avortement au mariage gay.

    Les mêmes sont accusés de réformer un système judiciaire notoirement infiltré par les globalistes — et peu importe si le mode de désignation des juges polonais ressemble à s’y méprendre au processus de désignation des juges en Allemagne (élus sur proposition de la coalition au pouvoir). C’est ainsi que l’Union décide d’un état d’urgence écologique, concrétisé dans un « Green Deal » aux conséquences sociales dramatiques, aux conséquences politiques non maîtrisables, mais qui assure à Mme Van der Leyen de parader dans les cénacles internationaux et d’étaler sa bien-pensance. Et voilà l’un des enjeux de la confrontation entre la Pologne et l’Union ; l’affirmation d’une compétence générale qui ne figure nulle part dans les traités, au nom d’invocations lyriques à l’état de droit, aux Droits de l’homme, aux valeurs européennes, dont le Président E. Macron est d’autant plus adepte qu’elles donnent un chèque en blanc à qui les mobilise, qui justifient toutes les ingérences dans les compétences exclusives des États, et vont jusqu’à délégitimer le suffrage universel, la démocratie représentative, et cette manifestation impitoyable de la volonté populaire qu’est le referendum.

    Le Brexit a effondré le mythe européen

    Le troisième est politique. Le Brexit a ébranlé les certitudes des européistes, et démontré que les Nations qui ont choisi d’entrer dans l’Union peuvent tout aussi bien décider d’en partir. Certains comme Nicole Gnesotto, invitant la Pologne à quitter sans délai l’Union européenne (lire « Le 1 Hebdo », 27 octobre) l’ont bien compris ; l’Union n’est pas une prison, et le serait-elle qu’elle se condamnerait elle-même. Désormais, de même que les États-Unis entreprennent de répondre à l’effondrement de l’universalisme libéral, de même l’Union européenne doit-elle dépasser la formule totalitaire «  toujours plus d’Union » pour donner des limites à son projet, faute de se condamner à l’explosion. De même doit-elle entreprendre de répondre à l’incertitude qui subsiste quant à la forme politique qu’elle entend se donner.

    Car le fédéralisme n’est plus à l’ordre du jour. La déclaration de Jean Claude Juncker selon laquelle « il ne peut y avoir de décision démocratique hors des traités » résonne en arrière-plan des décisions de la Cour de Justice européenne, des mises en demeure du Conseil et de maintes déclarations au Parlement ; c’est de construire un État Nation européen dont il s’agit quand il est question de « souveraineté européenne », de « Défense européenne », de « gouvernement économique européen », même si le mot est tabou et si la chose demeure indéfinie — qui croit vraiment qu’existe un peuple européen ? L’alternative n’est pas la fédération d’États Nation, ni l’Empire, mais bien la définition d’une institution supranationale gouvernée par les États-Nations européens, qui lui délèguent en toute souveraineté les compétences qu’ils définissent et qu’ils peuvent toujours reprendre, et qui en conviennent par des traités qui s’imposent à leurs lois nationales dans les domaines expressément définis, sans qu’il soit porté atteinte à leur identité constitutionnelle, et sans que puisse être remise en cause ou limitée la source unique de légitimité du droit, des lois et des traités ; la volonté populaire exprimée par le suffrage universel et par la voie des représentants élus des Nations ou par referendum.

    Le message est clair ; ce qu’un traité a fait, un traité peut le défaire. Bénéficiaires nets des fonds européens, dont la Pologne a été et demeure de loin la grande gagnante, Pologne et Hongrie sont facilement désignées comme les cibles idéales d’une Union en mal de réaffirmer son autorité et de retrouver une dynamique. Tout serait bien différent si un Etat membre de l’Union, contributeur net, entreprenait de ramener à la raison, à la démocratie et à la légitimité les apprentis sorciers des cours européennes. Pas seulement parce que l’Union serait privée de l’arme de dissuasion que constitue la blocage des financements. Mais bien plutôt parce que l’Union serait contrainte d’argumenter et de se justifier sur le fond. Sortir du système fermé sur lui-même, autoréférentiel, savamment construit pour que l’Union refuse tout débat dont elle n’aurait pas fixé les termes, et soient soustraites à tout jugement dont elle ne déterminerait pas la cause, les arguments recevables, et le jugement final. Accepter que souffle sur les Parlements clos et les Commissions étanches le grand vent des libertés citoyennes. Voici à tout le moins ce qui devrait constituer le cœur d’un projet crédible pour une Union qui accepte ses limites, se confronte à ses résultats, et soit jugée par les seuls légitimes à le faire ; les peuples des Nations d’Europe.

    Hervé Juvin (Site officiel d'Hervé Juvin, 21 novembre 2021)

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