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Métapo infos - Page 203

  • Quand le français n'est plus perçu comme un héritage mais comme une mise à jour d'iPhone sans fin...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un point de vue de Carl Bergeron cueilli sur Figaro Vox et consacré à la volonté de certaines associations de généraliser l'écriture inclusive. Carl Bergeron est un écrivain québécois.

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    « Au Québec aussi, le français n'est plus perçu comme un héritage mais comme une mise à jour d'iPhone sans fin »

    Dans mon pays, une «Association des professeur.e.s de français» a dénoncé la «langue poussiéreuse» que ses membres auraient le fardeau d'enseigner et de transmettre. À en croire son porte-parole, ils rêveraient la nuit de «moderniser» l'usage du participe passé avec l'auxiliaire avoir pour le rendre invariable. Enseigner des règles «décidées il y a 400 ans» prendrait trop de temps, et ne serait pas en phase avec la «réalité des jeunes».

    Les «professeur.e.s.» ne savent plus faire ce que les « professeurs » savaient faire (ah bon, que s'est-il passé ?). Il serait donc urgent, non de corriger leur pédagogie, mais de changer les règles de grammaire, en affectant d'assouplir une langue qu'on aura pris soin de décréter raidie par les siècles. Ô Passé rigide, que de crimes commet-on en ton nom !

    Prétendue élitiste, la langue française souffrirait de la comparaison avec un certain anglais mondialisé, qui emporterait l'adhésion de la jeunesse branchée. Pour «s'adapter» aux Gafam, il nous faudrait un français «liquide», débarrassé de ses scories et ouvert aux manipulations des linguistes, qui prendrait le pli du monde tel qu'il se décide en Californie. La langue n'est plus un héritage : elle devient une mise à jour d'iPhone sans fin.

    Telle serait la manifestation du «sens de l'Histoire», qui nous placerait devant le choix de l'adhésion enthousiaste ou de l'exclusion aigrie. Les réfractaires qui trouveraient quoi que ce soit à y redire seraient ou des bêtes de cirque délirantes, qu'il importerait de calmer par de pédantesques appels à la mesure, ou des grincheux sous le joug de passions tristes (il est bien connu que ceux qui veulent soumettre la langue à leurs fantasmes politiques et en appellent à la mort sociale de leurs adversaires sont de joyeux drilles).

    C'est la base du mensonge révolutionnaire : déclarer «mort» tant du point de vue du sens de l'Histoire («poussiéreux»), de la démocratie («discriminatoire»), de l'esthétique («ringard») que de l'efficacité («inutile») ce que l'on cherche à liquider. Le mensonge se pare de l'apparence de l'évidence, par des formules truquées, censées introduire des principes démocratiques inédits, que peu de citoyens auront l'idée de remettre en cause, sous peine de se voir expulsés du «cercle de la raison», cette nouvelle nef des fous.

    Ainsi ladite «écriture inclusive», qui ment sur ce qu'elle est, en expropriant la langue qu'elle se propose de moraliser. D'abord parce qu'il ne s'agit pas d'écriture, mais bien de réécriture, soit de falsification : ladite «écriture inclusive» est un parasite qui se greffe sur la langue pour la vider de son sens – ou de son sang. Les complications qu'elle introduit par la porte d'en arrière n'augmentent pas la puissance ou la beauté du français, comme les «vieilles règles décidées il y a 400 ans», présumées vermoulues par les incultes, mais multiplient dans le maillage de la phrase les verrous contre la pensée, au nom de la vertu.

    Que nous dit l'«Association des professeur.e.s. de français» lorsqu'elle se présente sous ce nom dégradé, sinon que la langue qu'elle revendique n'est justement plus le français, tel qu'il nous a été transmis par nos ancêtres, mais un ersatz qui promeut le faux et interdit le vrai ? Une non-langue, qui n'est pas, ne peut penser et exprimer ce qui est. Elle ne peut que ratifier le faux en rendant impraticable le vrai. Et séduire trois catégories de gens : les terroristes intellectuels, les notables qui «collaborent» et les conformistes.

    L'apathie des élèves est-elle vraiment due aux Gafam, au manque d'heures d'enseignement, ou au mépris à peine voilé que leur vouent les adultes en autorité, qui leur destinent un français à rabais et plastifié, tout en ayant le culot de prétendre au passage que 1) c'est ce qu'ils demandent ; 2) c'est ce que la «réalité d'aujourd'hui» exige ?

    Disons que j'offre à un adolescent de choisir entre un jeu vidéo ou un roman de Flaubert, et qu'il opte pour le jeu vidéo, dis-je toute la vérité si je prétends que c'est ce qu'il demande ? Rien ne suscite plus l'apathie des jeunes gens que d'être placés devant des adultes inconséquents, qui ne croient pas en ce qu'ils doivent enseigner et transmettre.

    Lorsqu'une association de professeurs de français assume la falsification du langage jusque dans son nom, elle fait plus que d'y céder : elle y consent pour en faire un point de doctrine. Elle invite ses membres à s'effacer derrière le signe abstrait du collectif. Faites le test, pour voir. Inscrivez-vous à une association avec un nom en «inclusif» et à une autre avec un nom régulier, et osez dire que vous y avez la même liberté de parole ?

    Plus l'idéologie progresse dans son usurpation de la réalité et de l'être, plus elle prétend que la réalité et l'être ne sont qu'une fiction. Le critère de vérité ne se voit plus convoqué dans l'examen de la légitimité d'un propos : est «vrai» ce qui est digne d'exister, soit ce qui est jugé idéologiquement conforme. L'humilité devant le donné, qu'il vienne de la nature (différence sexuelle) ou de la culture (langue française), fait place à un orgueil prométhéen déviant, qui prétend pouvoir tout : changer arbitrairement les règles de grammaire ; décréter le bien et le mal, le moderne et le ringard ; mais aussi désigner dans la cité qui est le citoyen, le résident ou le paria – l'intellectuel, le polémiste ou le facho.

    Puisqu'il ne leur a pas été donné de convertir les cœurs, de renouveler la langue de l'intérieur dans des œuvres belles qui leur survivent, ils se vengent en «moralisant» et en «changeant» le patrimoine de l'extérieur. «La-langue-qui-évolue» n'est qu'un alibi.

    La langue française, ce continent englouti et ce merveilleux jardin, qu'une vie ne suffirait pas à explorer, fût-ce en partie (il suffit de plonger dans un gros tome Littré du XIXe siècle pour être saisi de vertige devant ce qu'elle peut), n'est plus reçue en tant que réalité organique, co-création des hommes et des siècles, mais comme un bibelot poussiéreux qu'on peut tripatouiller selon ses caprices. C'est toute une vision du monde qui se révèle.

    Pour s'ouvrir au génie d'une langue ou entrer dans une œuvre, l'on commence par se mettre en retrait et par enlever ses sandales. Je m'inspire pour l'allégorie d'un prêtre, présent à la table ronde de la «Nuit Pascal», organisée récemment par le Figaro Histoire au collège des Bernardins, qui évoquait pour lors non le génie d'une langue ni l'esprit d'une œuvre, mais le geste de Moïse devant le Buisson-ardent. «Je me suis souvent demandé, a-t-il dit selon mon souvenir, ce qui se serait passé si Moïse n'avait pas retiré ses scandales, s'il n'avait pas fait ce que lui avait demandé le Seigneur.» La réponse du prêtre est extraordinaire : « je crois que le Buisson se serait tout simplement éteint ».

    Si l'art et la littérature ne sont pas le sacré, ils en sont des reflets : la Lumière dont ils témoignent veut que l'homme diminue pour qu'Elle grandisse. Ce n'est qu'à cette condition que leur floraison peut donner ses fruits et élever les pauvres créatures que nous sommes. Or, les usurpateurs de la «réécriture inclusive» refusent de retirer leurs sandales. Ils s'en font même une fierté et y voient la marque de leur «indépendance».

    «Écriture inclusive» et censure, «réécriture inclusive» et réécriture exclusive» marchent main dans la main. On inclut dans la langue des greffes artificielles qui la désarticulent et la défigurent, tandis qu'on viole l'intégrité des œuvres en excluant tout ce qui exprime l'altérité, la «négativité» de l'existence. Le projet : démettre le langage de son socle symbolique pour en faire un code binaire, une série de 0 et de 1 chargés de transmettre «l'information» ; réduire les langues nationales à l'état de flux marchand (l'anglais interchangeable des Gafam). Chaque jour, les esclaves des réseaux sociaux actualiseront leur fil pour savoir qui insulter ou qui applaudir, qui lyncher ou qui adorer.

    Ne vous demandez pas si « Parent 1 » et « Parent 2 » et « personne qui s'identifie comme homme » ou « comme femme » est français et humain ; si cela sonne correctement dans la bouche et l'oreille d'un être pourvu d'entendement ; mais si les mêmes termes dans le microphone de ChatGPT sont plausibles. Demain, l'histoire des peuples ne sera plus racontée avec le verbe des écrivains et des artistes, qui peut seul dire l'unité concrète d'un destin, mais sera réécrite par une machine avec des mots qui n'existent pas, pour l'inculper de crimes qui auront été fabriqués en laboratoire. L'idole du progrès le veut.

    Des faits isolés, sans lien les uns avec les autres, seront fondus en une unité abstraite, pour raconter toujours la même « histoire » (on sait laquelle). Le reste sera rejeté en tant que « fabulation mythique ». Rien n'échappera au révisionnisme de cette époque qui n'aime qu'elle-même, et ne veut voir dans l'histoire que la confirmation de sa supériorité.

    Je suis Québécois. C'est au XVIIe siècle que nos ancêtres quittent la France. Une partie passe par l'Acadie, avant de migrer au Québec puis ailleurs en Amérique, notamment en Louisiane, dans la foulée de ce qu'on a appelé «le Grand dérangement». Entre 1755 et 1763, l'Acadie connaît un «nettoyage ethnique à grande échelle» (John Mack Faragher).

    Le régime qui se met en place après la Conquête britannique (1760) et, davantage, après les Rébellions matées de 1837-38, s'établit sur la primauté anglaise et la servitude française. La survivance» qui s'inaugure au Québec au XIXe siècle, sous l'égide de l'Église, n'est pas déshonorante mais laisse un souvenir ambigu. La ponction sur ce peuple réduit à la pauvreté fut énorme. Si les rapports avec la France n'ont certes jamais cessé dans la période, ce n'est qu'avec les années 1960 qu'ils prennent un tour plus souverain.

    Je suis ce que le poète Gaston Miron appelait un «Québecanthrope», un homme qui porte dans son corps, dans son esprit et dans son âme la mémoire de la patrie humiliée. Je me souviens de la honte ; je me souviens de l'espérance ; je me souviens de la langue tordue, verrouillée, nouée par l'humiliation de ne pas ressembler au maître, mais aussi de la langue rétablie, libérée, dénouée. Je me souviens de «l'effort inouï, inimaginable, qu'il nous a fallu pour nous mettre au monde, qui nous a pompé jusqu'à notre ombre» (Miron). Mais plus encore, je me souviens du rêve de nos pères et du cœur de nos mères.

    Je me souviens des grands départs de La Rochelle, Honfleur et Dieppe ; de Champlain et de la Grande Tabagie de Tadoussac ; de Marie de l'Incarnation, venue couronner « ses petites princesses » au bout du monde ; de la Grande Paix de 1701, et du discours et de la mort de Kondiaronk ; de Brébeuf et des Grands Lacs, de La Vérendrye et de l'Ouest, de Cavelier de La Salle et du Mississippi ; de Guillaume Couture et du baron de Saint-Castin, que la forêt américaine a convertis et baptisés, avant d'en faire des héros de légende.

    Bien avant que le fleuve Hudson fût le fleuve Hudson, le Français qui n'était déjà plus Français, y chantait sur son canot d'écorce À la claire fontaine, au Canadien qu'il devenait.

    Le Québec et l'Acadie sont les orphelins, ou les bâtards mal-aimés, d'une Amérique qui aurait pu être franco-amérindienne, et que le Godon (surnom de l'Anglais) a parqué dans des enclaves. Résultat : deux siècles après la Conquête et la Déportation des Acadiens, nous étions « l'un des rares lieux dans le monde où le français est un signe d'infériorité », selon Miron en 1981 à Apostrophes. C'était quatre ans après l'adoption, par Camille Laurin et le gouvernement de René Lévesque, de la Loi 101, qui avait remis la langue française à sa juste place - la première ; ce qui ne s'était pas vu depuis la Nouvelle-France.

    La langue, qui est symbolique, réunit ce qui a été séparé. La non-langue sépare ce qui avait été réuni, et introduit la division en interdisant toute communion. Plus que d'une « guerre culturelle », nous nous trouvons au milieu d'un combat métaphysique à même le langage, entre ce qui cherche à réunir par le haut (symbolus) et à désunir par le bas (diabolus). L'agressivité nihiliste contre la langue, contre les nations et leur histoire est une gifle à tous les dépossédés, qui attendent en périphérie de l'empire la fin du délire.

    Dans L'homme rapaillé («rassemblé» et, par métaphore : «réconcilié»), Miron voit la langue comme l'instrument de l'unité retrouvée. Le poète y fait apparaître le pays blessé, par les « chemins défoncés de son histoire / aux hommes debout dans l'horizon de la justice » : il annonce une histoire de dignité reconquise qui reste à écrire, non à réécrire.

    La révolution se manifeste quand la vérité et le mensonge deviennent une question de vie ou de mort, selon Soljénitsyne ; l'illusion de la mise en scène sociale, de la gauche et de la droite éclate. Chacun est renvoyé à sa conscience : dois-je continuer de consentir au mensonge ? Ou dois-je dire la vérité, en prenant le risque de me faire bannir de la cité ?

    D'une certaine façon, par-delà ses horreurs qui ne sont pas souhaitables, on peut penser à l'instar d'un Berdiaeff que la révolution recèle un sens caché, pour des nations qui ont pensé pouvoir vivre indéfiniment de la rente du passé, à l'abri de l'épreuve de la liberté et du combat spirituel pour la vérité. Le mensonge de la «réécriture inclusive», qui scelle l'alliance de la perversité intellectuelle et de la lâcheté mondaine, ne veut pas la justice mais la parodie de la justice, au point de nous faire oublier et la justice et la possibilité du mal. C'est la ruse du diable, ce ringard absolu, que de se faire passer pour neuf, lui qui ne sait pas créer ; qui ne sait que parodier l'Esprit en altérant tout ce qu'il touche et réécrit.

    Carl Bergeron (Figaro Vox, 4 mai 2023)

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  • A la rencontre d'un coeur rebelle...

    Les éditions de La Nouvelle Librairie viennent de publier A la rencontre d'un cœur rebelle - Entretiens sur Dominique Venner, un livre d'entretiens d'Antoine Dresse avec Clotilde Venner.

    Clotilde Venner, épouse de Dominique Venner, fut également sa collaboratrice à la Nouvelle Revue d’histoire. Elle a notamment participé avec lui au livre d’entretien Le Choc de l’histoire (Via Romana) sous le pseudonyme de Pauline Lecomte.

    Antoine Dresse, né en 1996 à Liège, en Belgique, a suivi des études de philosophie à Bruxelles. Il anime la chaîne de philosophie politique Ego Non sur YouTube et écrit régulièrement dans la revue Éléments.

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    " Dix ans après la mort volontaire de Dominique Venner à la cathédrale Notre-Dame, sa veuve prend la parole dans ce livre-témoignage piloté par Antoine Dresse. « On le disait froid, mais c’était un volcan sous la glace. » Au fil des pages, Clotilde Venner éclaire les contours de ce personnage secret que la pudeur retenait toujours au seuil de l’aveu. Elle revient sur leur relation, scellée par une évidente complicité, où le dissident et l’écrivain ne s’éclipsent jamais tout à fait derrière le mari. Une confession poignante où semble battre le cœur rebelle du samouraï. De la tenue ! jusque dans l’intimité du foyer. Et les idées, toujours, au bout du fusil. "

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  • Bernard Lugan et le temps des colonies...

    Dans ce nouveau numéro d’Orages de papier, réalisé par TV Libertés en partenariat avec la Nouvelle Librairie, François Bousquet évoque avec Bernard Lugan son dernier livre intitulé On savait vivre aux colonies (La Nouvelle Librairie, 2023), la suite de ses aventures africaines dont il avait débuté le récit dans Nouvelles incorrectes d’une Afrique disparue (La Nouvelle Librairie, 2021).

    Historien et africaniste, Bernard Lugan a publié de nombreux ouvrages, dont Histoire de l'Afrique (Ellipses, 2009), Atlas historique de l'Afrique (Rocher, 2018), Esclavage, l'histoire à l'endroit (L'Afrique réelle, 2020) et dernièrement Pour répondre aux « décoloniaux », aux islamo-gauchistes et aux terroristes de la repentance (L'Afrique réelle, 2021).

    Il est également l'auteur de deux romans avec Arnaud de Lagrange, Le safari du Kaiser (La Table ronde, 1987) et Les volontaires du Roi (réédition : Balland, 2020) ainsi que d'un récit satirique, Le Banquet des Soudards (La Nouvelle Librairie, 2020).

     

                                               

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  • La collaboration Staline-Hitler...

    Les éditions Tallandier viennent de publier une étude historique de Jean-Jacques Marie intitulée La collaboration Staline-Hitler - 10 mars 1939-22 juin 1941. Août-septembre 1944. Historien, russophone, spécialiste reconnu de l'Union soviétique et du communisme, Jean-Jacques Marie est notamment l'auteur de biographies de Lénine, Staline, Trotsky et Beria. On notera également qu'il est membre de l'Organisation communiste internationaliste (trotskiste) et de ses surgeons depuis 1965...

     

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    " Depuis l’invasion de l’URSS par l’Allemagne, la propagande et à sa suite l’historiographie soviétiques présentent le pacte germano-soviétique comme le fruit de la suprême habileté de Staline : devant le refus manifesté par la France et l’Angleterre de s’entendre avec l’Union soviétique contre le péril nazi, Staline aurait choisi de gagner du temps afin de mieux préparer son pays à l’inévitable guerre entre le fascisme et le progressisme et c’est grâce à ce sursis qu’il aurait ensuite gagné la guerre.

    Le malheur c’est que toute la documentation (ouverture de nombreuses archives jusqu’alors restées secrètes, documents du Comintern, mémoires de multiples protagonistes soviétiques…), apparue à partir de 1989-1990, prouve que Staline a mené un double jeu de 1933 à 1939. Il a exploré à la fois la possibilité d’une alliance avec les démocraties occidentales et avec l’Allemagne nazie, qu’il a régulièrement sondée. Sa proposition de collaboration séduit immédiatement Hitler, qui l’accepte en août 1939. Cela lui permet d’annexer sans coup férir la moitié de la Pologne et les pays Baltes, d’attaquer la Finlande, de récupérer la Bessarabie et même d’envisager le ralliement de l’URSS au pacte tripartite des pays fascistes et la dissolution du Comintern, que Hitler n’a cessé de dénoncer. Jusqu’à la veille du déclenchement de Barbarossa, le 22 juin 1941, l’Allemagne a été inlassablement approvisionnée en matières premières soviétiques. La confiance absolue de Staline en la parole de Hitler et la désorganisation de l’armée suffisent à expliquer la sidération et l’impuissance qui se sont emparées de Staline et de l’Union soviétique. Fruit de longues recherches dans une documentation multilingue, cet ouvrage apporte une révision décisive du plus grand mensonge historique du XXe siècle. "

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  • L’Occident danse sur un volcan… et monte le son !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Caroline Galactéros, cueilli sur Geopragma et consacré à l'impasse stratégique dans laquelle la France et l'Europe se sont volontairement enfermées depuis le déclenchement de la guerre entre la Russie et l'Ukraine.

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    L’Occident danse sur un volcan… et monte le son

    La France va mal : l’inflation dérape, les taux de crédit s’envolent, l’immobilier est à l’arrêt, et, comme pour nous mettre le nez dans notre incurie, notre note financière vient d’être de nouveau dégradée à AA- par une grande agence américaine. Ce déclassement n’est pas anecdotique. Il traduit la réalité de la dégradation de nos comptes publics, accroit encore notre dépendance aux États-Unis et la menace d’un défaut sur notre dette abyssale, et creuse notre déficit de crédibilité donc d’utilité internationale. Ce coup de semonce ne peut en effet que paralyser plus encore notre capacité résiduelle à faire bouger les lignes en portant un discours de raison et d’intelligence face au désastre de l’attitude occidentale dans le conflit en Ukraine…On me dira que c’est un faux problème car il faudrait encore en avoir le courage.

    Aux Etats-Unis, la folie de l’auto-enfermement des néoconservateurs américains dans une escalade militaire permanente face à Moscou précipite la destruction totale de l’État et du territoire ukrainiens et fait grandir le risque d’un dérapage, menaçant concrètement toute l’Europe. Pourtant, la haine ouverte de la Russie, le rêve éveillé succès que constituerait son anéantissement et son démembrement s’expriment ouvertement. Les médias occidentaux, confits dans l’ignorance et l’arrogance, devenus les pathétiques chambres d’écho d’une propagande délirante, n’ont plus aucune crédibilité. On est revenu aux pires heures du Maccarthysme ou pire, du fascisme de la pensée, de la calomnie et de la délation. Ce bouquet d’indignité empeste mais il nous est en permanence jeté à la figure, certes de façon de plus en plus ridicule et désespérée. Car le rideau et les masques sont en train de tomber face au réel récalcitrant. Pourtant, la rage et désormais la panique américaines cherchent encore à perpétuer le fantasme d’une « victoire » à venir, dont on ne s’est évidemment jamais donné la peine de définir les contours. Que peut bien vouloir dire « gagner » la guerre en Ukraine ? No Clue. Aucune vision en ce domaine. Quant à gagner la paix, on n’en veut pas. Quelle horreur ! Comment faire la paix avec Vladimir Poutine ?!!! cela parait impossible à des hémiplégiques volontaires englués dans leur rhétorique de bac à sable qui ne pensent qu’à humilier un « ennemi systémique » et en sont à faire des danses de la pluie (ou plutôt contre la pluie et la boue qui font s’embourber leurs chars de la dernière chance) pour conjurer l’inévitable. C’est donc la fuite en avant dans la haine inexpiable du Russe…jusqu’au dernier ukrainien. Le vertige est si grand face au gouffre que l’on ne sait plus qu’appuyer sur l’accélérateur de la déroute militaire et stratégique et sombrer dans une démence haineuse et sans issue. Cette haine se diffuse et infuse partout en Europe, surtout chez nos « élites » vassalisées et / ou stipendiées, elles aussi emportées dans ce piège tragique qu’elles font mine d’ignorer. Pourtant, le fiasco militaire est sans équivoque depuis déjà des mois. Même les « Mainstream media » commencent, sur ordre ou via d’opportunes fuites, à laisser filtrer l’implacable vérité : sur la réalité militaire du terrain, sur les désertions en chaine des malheureux jeunes ukrainiens ramassés dans les rues et jetés de force dans « le hachoir à viande russe », sur les pertes véritables, sur l’incapacité structurelle des forces de l’OTAN à fournir l’Ukraine en quantité en rythme et en qualité pour pouvoir prétendre tenir le choc et moins encore, pour renverser le rapport de force face à la Russie. Certes, au Pentagone comme dans les États-majors européens, on sait bien depuis des mois déjà que la messe est dite et le pari perdu. Il n’y a plus que les Polonais et les Baltes pour pousser à la roue. Mais l’on ne veut pas se réveiller, et l’on continue à inonder l’Ukraine d’armes (en grande partie détournées) et de monceaux d’argent pour assurer la « grande contre-offensive » – d’été …ou d’automne – aux allures de baroud d’honneur, dont l’échec anticipé servira à démontrer que « le camp du Bien » a fait tout ce qu’il a pu, mais que l’Ukraine n’a pas su vaincre la Russie (comme si elle le pouvait !) et qu’il faut « pour sauver l’Ukraine et son peuple » (amplement sacrifié pendant 2 ans) enfin se résoudre à négocier avec Moscou. Sans doute pas avec un président Zelenski carbonisé par son jusqu’au-boutisme et de plus en plus menacé par son entourage d’ultra-droite aux relents ouvertement fascistes. Notre déréliction morale est totale mais là encore, on le nie. Nous soutenons à bout de bras depuis 2014, avec un cynisme décomplexé une clique aux antipodes des valeurs dont nous nous gargarisons pour fomenter et mener cette « proxy war » de trop.

    Malheureusement, ce sont encore les « Neocons » de la Maison Blanche, de la CIA du NSC et du Département d’État qui font la loi à Washington. Et ils n’admettent pas que La Russie a gagné et ne s’effondrera ni militairement ni économiquement. Tout au contraire. Ses armes hypersoniques sont pour l’heure sans égales, elle a su anticiper et déjouer le piège des sanctions, son économie a tenu, son peuple soutient toujours assez massivement la réponse militaire à la menace militaire de l’OTAN à ses frontières. Surtout, elle fait désormais cause commune avec la Chine. Certes c’est une alliance en apparence du moins déséquilibrée. Mais une alliance vitale, ne nous en déplaise. Une convergence tactique et stratégique d’intérêts. Le Président Xi se frotte les mains, s’érige en pôle de stabilité financière et politique de substitution et se propose même comme faiseur de paix (rapprochement Iran-Arabie saoudite, plan en 12 points, etc…). Il rassemble ses nouvelles ouailles, troupeau disparate d’égarés en mal de protection qui n’en peuvent plus du Maitre américain et de ses pratiques de cowboy. Un rassemblement massif. Pas moins de 19 pays se pressent désormais à la porte des BRICS+, véritable « contre G7 ». Un processus d’intégration gigantesque s’ébauche à partir de ce noyau accueillant et à géométrie variable, autour de la Communauté des États indépendants (CSI), de l’Union économique eurasiatique (EAEU), de l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS), de l’OPEP+ et par extension, du Conseil de coopération du Golfe (GCC). Tout cela au profit de la BRI (Belt and Road initiative) chinoise, de la fortification impérative de son Corridor économique d’Asie du centre et de l’Ouest, mais aussi du Corridor international de transport Nord-Sud (INSTC) qui reliera la Russie et l’Iran à l’Inde. Les instruments financiers de cette intégration gigantesque que sont la BAII (banque asiatique pour les investissements et infrastructures) et la Shanghai Petroleum and Natural Gas Exchange sont déjà très actifs…

    C’est tragique mais clair et net : Nous sommes nos propres fossoyeurs. Ce sont notre anti-russisme pathologique et notre bellicisme en Ukraine pour provoquer Moscou en espérant l’embourber et la séparer de l’Europe à jamais qui ont accéléré la grande Bascule du monde, l’émergence d’une structure multilatérale englobante et rassurante capable de mettre à bas l’hégémonie du dollar, et qui menacent l’Europe d’une crise économique financière plus grave encore que celle de 2008.

    En France, naturellement, on fait comme si de rien n’était. On «s’étonne» de la dégradation de notre note financière, alors que tous les voyants sont au rouge de part et d’autre de l’Atlantique depuis déjà des mois, et que les premières secousses bancaires aux Etats-Unis comme en Allemagne et en Suisse ont été précipitamment étouffées. Peut-on éviter une crise majeure et systémique en la traitant par le mépris ? Cela parait douteux. Quoi qu’il en soit, la présidentielle de 2024 à Washington se profile mal pour le camp démocrate. Donald Trump pourrait bien de nouveau l’emporter en dépit du mur d’affaires et d’accusations dressé contre lui. Il a le cuir épais. Et puis, le fameux verdict de James Carville, conseiller de Bill Clinton, en 1992 s’impose de nouveau : « It’s the economy, stupid ! » Les Américains ne se préoccupent pas tant de l’Ukraine agressée « de manière non provoquée » ou de la victoire de la démocratie dans le monde que de leur porte-monnaie et de la fragilisation croissante de leur dollar dont la domination s’érode à vue d’œil. Dans sa curée anti-russe, Washington a en effet commis une faute cardinale en gelant de façon totalement arbitraire une fois encore, les 300 milliards de dollars d’avoirs russes au printemps 2022. Funeste décision. Bien des États ont ce jour-là compris que ce pouvait être demain leur tour. Cette démonstration de puissance a été la goutte de trop dans le vase déjà plein de rancœurs et de fureur devant les méthodes léonines de Washington en matière de sanctions et d’extraterritorialité juridique des « règles américaines ». Bien au-delà de la Russie de l’Iran ou de la malheureuse Syrie dont le calvaire n’en finit pas. Or, personne ne supporte plus ce « Rules based World Order ». Chacun a compris que seule l’Amérique édictait ces fameuses « règles » et les modifiait au gré de ses seuls intérêts. Les principes contenus dans l’imparfaite Charte des Nations unies sont bien plus protecteurs. Le dollar n’est plus ce qu’il fut longtemps, un gage de stabilité. Il incarne désormais l’incertitude, et la pure domination. Or les échanges internationaux ne peuvent se passer de sécurité et de stabilité. Le gel des avoirs russes a donné le signal d’une défiance en chaine de multiples pays qui ont compris qu’il leur fallait désormais se protéger des oukases washingtoniens et donc regarder du côté du nouveau pôle sino-russe. Pas pour s’aligner, pour doser et équilibrer leurs dépendances selon les sujets ou les secteurs. C’est l’ère du « poly-alignement » – c’est-à-dire la fin de l’alignement façon Guerre froide et le retour en grâce du non-alignement – dont la France devrait savoir se faire le chef de file. Les chiffres sont sans appel : la part du dollar dans les réserves globales est passée de 73% en 2001 à 55% en 2021 et…. 47% en 2022. L’accélération depuis 20 ans est considérable. Sans une correction urgente, qui suppose un changement de pied drastique des États-Unis dans leur comportement vis-à-vis du reste du monde, la chute devrait se poursuivre. 70% du commerce entre la Russie et la Chine se fait désormais en Yuan ou en roubles. La Russie et l’Inde commercent en roupies, le CIPS (système interbancaire chinois qui se pose en alternative au SWIFT) fonctionne à plein régime. Total et son homologue Chinois CNOOC viennent de signer un accord gazier…. en Yuan ! Pas par amour de la Chine. Parce que c’est une question de survie pour l’entreprise, que le pragmatisme convient aux affaires mieux que le dogmatisme, et que l’idéologie est en train de mettre à bas l’économie occidentale. Le monde est multipolaire et l’on ne peut plus faire semblant de l’ignorer. Le FMI reconnait que les cinq BRICS contribuent à eux seuls pour 32,1% de la croissance mondiale contre 29,9% pour les pays du G7. Et il y a encore 19 candidats…La coopération étroite entre Moscou et Ryad est aussi de mauvais augure pour l’Amérique. Elle permet à la Russie d’équilibrer sa coopération stratégique avec l’Iran, et renforce la main de Vladimir Poutine et celle de MBS dans leur fronde face à Washington en matière de prix du pétrole. Les BRICS ont de leurs cotés toutes les « commodities » et ressources naturelles du monde et défient désormais ouvertement la seule domination qui restait aux pays du G7, celle de la finance.

    Derrière tous ces faits, il y a un « sous-texte », une réalité que nous devrions saisir avant que le boomerang ne frappe trop massivement nos économies européennes et que la Chine, au-delà de son effort pour échapper, grâce à la BRI, à la domination américaine des mers et des routes maritimes de transport vers l’Europe, n’en vienne à nourrir un rêve de puissance plus offensif. Cette réalité, c’est que la révolution actuelle dans la géopolitique mondiale correspond à un rééquilibrage nécessaire des rapports entre les États. Il y aura des heurts, des crises, des conflits dans les prochaines années, mais nous sommes en phase de restabilisation après le déclin de l’hégémon américain devenu insoutenable et qui ne correspondait plus à la réalité du champ de forces géopolitiques et géoéconomiques. Notre planète a besoin d’apaisement, de stabilité, de respect, de rétablissement d’une forme d’égalité formelle et en tout cas d’équité réelle entre ses membres, petits ou grands. On me dira que je suis angélique. Je pense que c’est la motivation première de pays et régions entières du globe qui veulent se développer et refusent ce jeu à somme nulle que l’Amérique a cru pouvoir imposer ad vitam aeternam. C’est valable pour les puissances du Moyen-Orient (Iran, Syrie, Libye) qui doivent sortir du marasme, pour l’Afrique – qui voit dans cette ouverture du jeu de vastes opportunités-, pour l’Amérique latine -qui est en train de reléguer aux oubliettes la doctrine Monroe. C’est enfin valable pour l’Asie elle-même, qui donne certains signes de crainte et de circonspection devant la nouvelle cible chinoise du bellicisme américain provoquée à grand renfort de déclarations martiales (Taiwan). Seule l’UE parait vivre dans une bulle. Qui ne la protège plus. Elle semble ne pas voir que tout a changé, qu’elle est située sur le continent eurasiatique qui est une terre d’opportunités vers laquelle il lui faut se projeter avec vigilance mais sans crainte. Son avenir n’est pas dans une coupure radicale avec la Russie ou un alignement sur Pékin. Il n’est pas d’avantage dans une vassalisation consentie envers Washington, qui après l’Ukraine, ambitionne déjà de jeter l’Otan (qui n’a vraiment plus rien d’une alliance régionale défensive) vers les eaux de la mer de Chine. A quoi bon ? Pour nourrir le complexe militaro-industriel américain ? Pour poursuivre la déstabilisation et la fragmentation du monde ? En quoi ces objectifs servent-ils nos intérêts nationaux, économiques et sécuritaires ? L’Europe doit comme je le dis depuis des années, sortir enfin de son enfance stratégique et apprendre à marcher la tête haute. Sans béquille ni laisse.

    Les néoconservateurs américains ont mis non seulement l’Amérique mais l’Europe en grand danger. Il est plus que temps de mettre fin à cette folie et de hâter la conclusion d’un cessez-le-feu en Ukraine et d’une refondation durable de la sécurité en Europe. Le peuple ukrainien, la sécurité de l’Europe toute entière, l’économie occidentale et nos peuples le méritent. C’est de l’intérêt de tout le monde. Qu’attendons-nous ?

    Caroline Galactéros (Geopragma, 2 mai 2023)

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