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Métapo infos - Page 196

  • Rebelle par fidélité !...

    Les éditions de La Nouvelle Librairie viennent de publier le troisième tome des Carnets rebelles de Dominique Venner, qui couvrent la période 1991-1996, avec une préface de Philippe Conrad.

    Écrivain, journaliste et historien, figure de proue du combat identitaire et inspirateur de l'Institut Iliade, Dominique Venner (1935-2013) a publié un grand nombre d’ouvrages, parmi lesquels Le Cœur rebelle (1994), Histoire et tradition des Européens (2002), Le Siècle de 1914 (2006) et Un samouraï d'Occident (Pierre-Guillaume de Roux, 2013).

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    " Écrivain dissident et historien méditatif, Dominique Venner était hanté par l’Histoire, à la fois comme acteur, témoin et bâtisseur inscrit dans la longue durée. Après les tumultes de la guerre d’Algérie, les épisodes de prison et l’engagement politique des jeunes années, l’essentiel de sa vie fut consacré à la quête des origines : retrouver, à travers les entrelacs millénaires de la culture, de la religion et de l’histoire, les permanences inaltérables de la civilisation européenne – pour en extraire les éléments de réponse à la crise mortifère dans laquelle l’Europe contemporaine s’est enfoncée. Plus riche que jamais, ce troisième volume des Carnets rebelles – le grand massif d’inédits posthumes – nous plonge au cœur du travail de Dominique Venner. Les réflexions philosophiques, historiques et littéraires y côtoient les travaux préparatoires de certaines de ses publications les plus célèbres, telles que Le Cœur rebelle ou son Histoire critique de la Résistance, mais également les méditations personnelles d’un insoumis aux prises avec les transformations de son époque. Il couvre la période allant de juillet 1991 à janvier 1996. "

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  • Nietzsche affirme la vie...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Pierre Le Vigan consacré à Nietzsche et cueilli sur le site de la revue Éléments.

    Urbaniste, collaborateur des revues Eléments, Krisis et Perspectives libres, Pierre Le Vigan a notamment publié Inventaire de la modernité avant liquidation (Avatar, 2007), Le Front du Cachalot (Dualpha, 2009), La banlieue contre la ville (La Barque d'Or, 2011), Écrire contre la modernité (La Barque d'Or, 2012), Soudain la postmodernité (La Barque d'or, 2015), Achever le nihilisme (Sigest, 2019), Nietzsche et l'Europe (Perspectives libres, 2022) et La planète des philosophes (Dualpha, 2023).

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    Nietzsche affirme la vie

    Le cœur de la pensée de Nietzsche, c’est le constat que nous n’arrivons pas à « affirmer la vie ». Nous n’y allons pas franchement. Nous n’osons pas la vie. Derrière nos opinions, se cache souvent quelque chose. Derrière nos rationalisations, se dissimule souvent une peur : peur de nous affirmer, d’être vraiment nous-mêmes. C’est la philosophie du soupçon. Avec Nietzsche, on peut remonter de soupçon en soupçon, de caverne profonde en caverne encore plus profonde, toujours plus en amont. On peut et on doit remonter. Nous ne devons pas craindre ce que nous découvrirons dans cette enquête. Terrible périple, qui fait bien sûr une place à l’idée d’inconscient, ou de préconscient (qui précède la conscience, comme un préjugé précède le jugé).  

    On peut dire aussi que Nietzsche déconstruit le sujet, au sens où il déconstruit son évidence. Non, le sujet n’est pas toujours rationnel ; non, il n’est pas toujours prévisible. C’est pour le reconstruire, mais différemment, avec moins de faux semblants, que Nietzsche ausculte le sujet. De l’homme au surhomme, qui est un homme au-delà de l’homme : voilà le chemin que défriche Nietzsche. Le surhomme selon Nietzsche est l’homme qui comprend et qui accepte ceci : nous sommes portés par un souffle de vie qui nous dépasse. La volonté est ce qui nous permet d’accepter d’être traversés par des forces qui nous poussent vers plus d’être, vers plus de puissance, vers plus de vie, vers plus de création. Mais comment dire cela et peut-on le dire avec des mots ?

    Pourquoi Nietzsche est irréfutable

    Philologue – il est professeur à Bâle dès l’âge de 25 ans –, Nietzsche se pose la question : la réalité peut-elle être entièrement saisie par le langage ? Il ne le croit pas. Les mots deviennent des idoles : amour, société, humanité, progrès… Dieu lui-même est une idole. « Je crains que nous ne puissions-nous débarrasser de Dieu, parce que nous croyons encore à la grammaire » (Crépuscule des idoles, « La raison dans la philosophie », 1888). Nous sommes prisonniers de la fixité des choses, ou plutôt de notre propension à voir les choses dans leur fixité, parce que cela nous rassure. Nous sommes prisonniers de la croyance hégélienne comme quoi tout ce qui est réel est rationnel et tout ce qui est rationnel est réel. Nietzsche refuse ainsi l’esprit de système. Cet esprit qui veut rassurer, et empêche de remonter vers les cavernes les plus profondes. « L’esprit de système est un manque de probité » (Crépuscule des idoles, paragraphe 26). Contre le systématisme, Nietzsche prône le perspectivisme. Les choses sont toujours mises en perspective, et ces perspectives changent toujours. C’est un mobilisme (comme quoi les choses ne cessent de se transformer), comme celui d’Héraclite. Panta Rhei : « Tout coule ». Tout est soumis à un devenir. Emporté par un devenir. Ce sont les pulsions, ou encore les instincts qui donnent du sens à des phénomènes. « Tout ce qui est bon sort de l’instinct — et c’est, par conséquent, léger, nécessaire, libre » (Crépuscule des idoles, « Les quatre grandes erreurs », 2).

    Les points de vue sont des éclairages. Ce sont des torches qui éclairent dans une direction. C’est pourquoi Nietzsche s’exprime souvent par des aphorismes qui, plus que des paroles, sont des sons. « Les sons ne permettent-ils pas de séduire à toute erreur comme à toute vérité : qui songerait à réfuter un son ? » (Le Gai savoir, paragraphe 106). Il y a ainsi, plutôt que des possibles réfutations de Nietzsche, de multiples interprétations possibles de sa pensée. « L’éléphant est irréfutable », disait Alexandre Vialatte. Nietzsche aussi. Surtout, il y autant d’interprétations de Nietzsche que de lecteurs de Nietzsche. Ce dernier dit lui-même : « On veut non seulement être compris lorsque l’on écrit, mais certainement aussi ne pas être compris. Ce n’est nullement encore une objection contre un livre quand il y a quelqu’un qui le trouve incompréhensible : peut-être cela faisait-il partie des intentions de l’auteur de ne pas être compris par “n’importe qui”. » (Le Gai savoir, paragraphe 381).

    Le bon et le mauvais nihilisme

    Au début des années 1880, Nietzsche s’éloigne de la pensée de Schopenhauer. Pour celui-ci, l’homme est le jouet d’un vouloir-vivre universel et sans but. Schopenhauer en concluait qu’il fallait renoncer au désir, seul moyen de ne pas être balloté par celui-ci. Au contraire, Nietzsche pense qu’il faut s’ancrer dans le désir. Celui-ci doit opérer la réconciliation du corps et de l’âme. C’est pourquoi la santé de l’âme et celle du corps sont un seul et même sujet. Le philosophe est un médecin de la culture. Il étudie les symptômes de la maladie ou des maladies qui affectent la culture. Et il désigne la cause des maladies, par exemple les religions culpabilisatrices, ou les philosophies qui dévalorisent la vie, au profit d’un arrière-monde, monde « d’avant », ou monde qui « devrait être », mais n’est point, ou monde « sauvé » qui viendra « après » la vie, etc.

    De ce refus des arrière-mondes vient la critique par Nietzsche du nihilisme. Ce dernier peut être passif. C’est le plus courant. Nihilisme du « à quoi bon ». Nihilisme de la fatigue de vivre et d’être soi. On ne croit plus en rien, et on ne croit plus en soi. C’est l’acédie [J’en dis deux mots dans Le malaise est dans l’homme]. Le nihilisme peut être actif : il veut détruire ce qui vaut quelque chose, il veut avilir. Il veut enlever le goût du travail bien fait, le sens de l’honnêteté, la pudeur, etc. C’est un cynisme. Puisque la société n’est pas parfaite, que tout le monde soit le plus imparfait possible. C’est un nihilisme de la rage. Et c’est moins la rage de vivre que la rage contre la vie.

    Il y a encore une forme subtile de nihilisme qui ne consiste pas à vouloir détruire, mais au contraire à affirmer des valeurs. Mais il s’agit de fausses valeurs selon Nietzsche, ou plutôt de valeurs faibles : l’amour universel, la petite charité sans générosité, les droits de l’homme, l’égalitarisme, le culte du progrès, le positivisme d’un Auguste Comte… Il faut démanteler cette forme subtile de nihilisme, qui ne se donne pas pour destructrice, mais qui ne laisse subsister que ce qui est bas et médiocre. Et pour ce démantèlement, il peut y avoir (enfin !) un bon nihilisme : un nihilisme actif qui consiste à balayer ce qui nous abaisse, à mettre à terre les valeurs basses, les valeurs non aristocratiques. Ce nihilisme actif est alors une négation de la négation, et cette négation est nécessaire.

    Proactif, pas réactif

    Il s’agit de lutter contre ce qui nous nie, et parmi ce qui nous nie, il y a toutes les utopies, de cellede Thomas More (1516) à 1984 de George Orwell (1949) en passant par Nous autres de Zamiatine (1920), La cité du soleil de Campanella (1602) et La République de Platon. Ces utopies sont des « forces réactives ». Elles veulent réagir contre ce qui empêcherait l’homme d’être heureux, ou juste, ou bon, ou ouvert au progrès, ou tout cela ensemble. Elles voudraient que l’homme soit parfait, rationnel, prévisible. Osons dire qu’il serait alors formidablement ennuyeux ! Il faut donc à la fois se garder des idéaux autour de grandes idées comme l’impératif moral catégorique de Kant, ou l’Esprit Absolu réconciliant la Logique et la Nature chez Hegel, et refuser les utopies qui imaginent un homme réconcilié avec lui-même et le monde parce que sa nature même aurait changé (ou aurait été changée). Les deux processus, l’un d’apparence métaphysique (exemple : Hegel), l’autre d’apparence imaginative (exemple : Campanella), sont tous deux des utopies et peuvent se recouper.

    Faut-il alors détruire ces forces réactives que sont les grands récits trompeurs et les utopies elles-mêmes ? Nietzsche ne le pense pas. Nous avons besoin de ces forces réactives comme ennemies. C’est dans le corps à corps avec ces forces réactives que nous pouvons élaborer de nouvelles valeurs, qui affirment l’immanence de la vie. Il s’agit de faire de nos vies des œuvres d’art et donc de faire triompher les valeurs esthétiques sur les valeurs morales. Mais dans l’esthétique, il y a l’acceptation de la joie comme de la souffrance. L’éternel retour – une idée qui vient à Nietzsche au bord du lac de Silvaplana, en Engadine, en août 1881 – veut dire l’éternel retour de tout, de la joie comme des peines. C’est un oui inconditionnel à la vie, et pas seulement un oui aux bonheurs de la vie. Si la volonté de puissance est le moteur de cet éternel retour, elle n’est pas la seule volonté de jouissance, elle n’est pas non plus principalement la volonté de domination, à moins d’inclure dans la domination la domination sur soi. Comme Heidegger l’écrira dans son Nietzsche II (Gallimard, 1971, p. 36), la volonté de puissance est ce qu’est la vie (son essence) dans son immanence (le quid, la quiddité), tandis que l’éternel retour est le comment elle se manifeste comme immanence (le quod, la quoddité).

    Désir du désir et volonté de volonté

    La volonté de puissance s’oppose à la volonté de vérité, car la recherche maladive de la vérité à tout prix peut être l’exact opposé de la volonté. La volonté de puissance est d’abord volonté d’ordonner ses passions. Nietzsche critique « l’anarchie des instincts » (il la voit chez Socrate, l’homme qui dit : « La vie n’est qu’une longue maladie », l’homme malade de l’hypertrophie de sa raison raisonnante.) Ainsi, la volonté de puissance est-elle avant tout une volonté de volonté. Nietzsche récuse par avance toute interprétation purement libertaire, hédoniste et spontanéiste de l’abandon aux forces instinctives. Pour le dire autrement, Dionysos doit être mise en forme par Apollon. L’un sans l’autre n’ont aucun sens. Sans Dionysos, il n’y a pas de vie. Sans Apollon, la vie ne produit aucune œuvre d’art. Si Nietzsche accuse Socrate, et la métaphysique, et la dialectique d’avoir dévalué la vie, c’est bien qu’il se veut, lui, médecin, et prescripteur de remèdes pour la « grande santé ». À la métaphysique et à la dialectique, Nietzsche oppose la danse. Il manqua à Nietzsche de rencontrer une Lucette Almanzor !

    Toute la quête de Nietzsche consiste à récuser les mensonges d’un sens du monde déjà-là, qui ne serait que consolation, avec le christianisme et les autres religions, d’un salut dans l’au-delà. Nietzsche ne nie pas qu’il faille trouver un sens à nos vies, mais sa philosophie du soupçon fait qu’il rend le sens, de l’exploration de caverne profonde en caverne toujours plus profonde insaisissable. De là le pari de Nietzsche : il faut dissocier la question du sens de la question de la vérité. Le sens ne se trouve pas dans les profondeurs, mais à la surface même de la vie.  Dans Le Gai savoir (préface IV), Nietzsche écrit : « Ah ! Ces Grecs comme ils savaient vivre. Cela demande [de] la résolution de rester bravement à la surface, de s’en tenir à la draperie, à l’épiderme, d’adorer l’apparence et de croire à la forme, aux sons, aux mots, à tout l’Olympe de l’apparence. Les Grecs étaient superficiels… par profondeur. »

    Pierre Le Vigan (Site de la revue Éléments, 11 mai 2023)

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  • Une brève histoire des opérations secrètes de Washington...

    « Pourquoi n’y a-t-il jamais de coup d’état aux États-Unis ? Parce que là-bas, il n’y a pas d’ambassade américaine. »

    Plaisanterie populaire en Amérique du Sud

     

    Les éditions Critiques viennent de publier un ouvrage de l'historien indien Vijay Prashad intitulé Une brève histoire des opérations secrètes de Washington. Historien de nationalité indienne, Vijay Prashad a enseigné aux États-Unis.

     

     

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    " Dans cet ouvrage percutant et très accessible, l'historien indien Vijay Prashad dresse le bilan des assassinats, coup d'États et massacres commandités et soutenus par les États-Unis à travers le monde aux XXe et XXIe siècles. Véritable guide des méthodes d'infiltration, de déstabilisation et de renversement de régimes, ce livre révèle de façon factuelle la face la plus sombre de l'impérialisme américain, où comment la nation qui se prétend la championne des droits de l'homme et de la liberté a méthodiquement brisé les espoirs de millions d'êtres humains désirant prendre leur destin en main et sortir du sous-développement. "

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  • L’homme selon Arnold Gehlen...

    Dans ce nouveau numéro de l'émission de TV Libertés, « Les idées à l’endroit », pour évoquer la figure du philosophe Arnold Gehlen, auquel la revue Nouvelle École a consacré son dernier numéro et dont on a récemment traduit deux ouvrages essentiels, L'Homme - Sa nature et sa position dans le monde (Gallimard, 2021) et Morale et hypermorale (La Nouvelle Librairie, 2023), Rémi Soulié reçoit Alain de Benoist, historien des idées, philosophe, François Poncet, traducteur, et Benjamin Demeslay, chargé d’enseignement en sciences politiques et essayiste.

     

                                               

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  • Eléments de stratégique...

    Les éditions Economica viennent de publier Éléments de stratégique, le dernier essai du général Lucien Poirier, terminé peu de temps avant sa mort, avec une préface de François Géré. Théoricien de la dissuasion nucléaire et stratégiste, Lucien Poirier est l'auteur de plusieurs ouvrages importants dont Les voix de la stratégie (Fayard, 1985) et Le chantier stratégique (Hachette, 1997).

     

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    " À l’heure de l’intelligence artificielle et de la guerre cognitive, cet ouvrage d’épistémologie stratégique introduit le lecteur à la compréhension des mécanismes fondamentaux de l’intelligence naturelle dont tout procède.
    Terminée en 2010, aboutissement d’un demi-siècle d’études théoriques sur la pensée et la pratique de la violence armée organisée depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours, cette somme encyclopédique, unique en son genre, vaudra à son auteur d’être reconnu comme le Clausewitz français. Théoricien rigoureux, logicien implacable, écrivain exigeant, le général Poirier démontre que la stratégie est la politique en acte, tout comme, selon la formule célèbre du stratégiste prussien, la guerre est la continuation de la politique.
    Ainsi la stratégie, domaine de la raison et du calcul, s’impose-t-elle, en tension permanente, contre la guerre, domaine des passions, de la chance et du hasard. "

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  • Dominique Venner, dernière victime de la dictature Macron...

    Dans cet article cueilli sur Polémia, Camille Galic revient sur la scandaleuse interdiction de la réunion d'hommage à Dominique Venner, organisée par l'Institut Iliade, qui aurait dû se tenir à Paris dimanche dernier. Analyse d'une dérive liberticide qui devient de plus en plus inquiétante...

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    Dominique Venner, dernière victime de la dictature Macron

    Venus tout spécialement – pour certains de Bretagne ou de Provence – nous nous réjouissions d’assister ce dimanche 21 mai à Paris à l’hommage qui, sous l’égide de l’institut Iliade et de la Nouvelle Librairie — et fort peu clandestin puisqu’il avait été constamment annoncé depuis une quinzaine sur plusieurs sites, dont celui de Polémia —, devait être rendu à Dominique Venner, qui s’était donné la mort voici dix ans tout juste à Notre-Dame dans l’espoir de « réveiller les consciences » européennes. Mais, arrivés devant le Pavillon Wagram, nous avons trouvé porte close et une police présente en nombre. Arrivés, et ensuite repartis en compagnie de l’équipe des bolchos de Quotidien, les flics nous sommèrent de nous disperser. Motif : par arrêté n° 2023-00540, sciemment diffusé trop tard pour que le référé-liberté aussitôt déposé puisse être examiné par le tribunal administratif, le préfet de police de Paris Laurent Nuñez avait souverainement (et scandaleusement) interdit la réunion, certes politique mais aussi littéraire, le fondateur d’Europe Action puis de La Nouvelle Revue d’histoire (où écrivit notamment la grande helléniste et académicienne Jacqueline de Romilly) ayant été un écrivain et un essayiste majeur, d’ailleurs couronné par l’Académie française.

    Nuñez démission !

    Cette mesure d’interdiction est aussi révoltante que misérable par son argumentation. Bien incapable de la justifier, compte tenu du lieu choisi et de la parfaite honorabilité des orateurs annoncés dont Jean-Yves Le Gallou ou l’historien Philippe Conrad, par le classique risque de trouble à l’ordre public, M. Nuñez excipait en effet du passé évidemment nauséabond à ses yeux de Dominique Venner, qui fut « condamné à 18 mois de prison pour appartenance à l’Organisation Armée secrète (OAS), organisation terroriste clandestine proche de l’extrême droite ». Si bien que sa « célébration ne signifie pas un simple hommage » à l’auteur du Cœur rebelle, mais « une incitation à l’émeute » et à « allumer des feux ».

    Faut-il rappeler à celui qui fut secrétaire d’État à l’Intérieur sous la houlette du ministre Castaner de 2018 à 2020, et donc en première ligne contre les Gilets jaunes, avec le cortège de violences et de mutilations qui s’ensuivit, que les crimes de l’OAS (simple délit dans le cas de Venner dont la peine fut insignifiante au regard des multiples condamnations à mort ou à la réclusion perpétuelle ensuite prononcées) furent amnistiés par les lois des 17 juin et 31 juillet 1968 et que les évoquer hors contexte historique entraîne automatiquement le délit de diffamation comme Le Nouvel Observateur en fit l’expérience quand il fut condamné pour avoir souligné la participation de Louis de Condé à l’attentat du Petit-Clamart et la lourde condamnation qui lui avait été infligée ? Faut-il rappeler à M. Nuñez que certains chefs de l’OAS, tel le capitaine Pierre Sergent, n’avaient jamais été « proches de l’extrême droite » mais se référaient à la Résistance, à laquelle ils avaient appartenu ? Faut-il lui rappeler enfin que, préfet de police, il resta impavide le 23 mars dernier, « journée d’action » contre la réforme des retraites, devant les innombrables feux allumés — non pas métaphoriquement, mais réellement — un peu partout par les Black Blocs dans maintes villes, dont Paris ? Ainsi sur les Grands Boulevards où un arbre récemment planté fut brûlé en face du théâtre du Gymnase… sans qu’aucun écolo s’en émeuve.

    Un Teknival non autorisé mais très chouchouté

    Cet abus de pouvoir est d’autant plus inqualifiable que, simultanément, se déroulait près d’Issoudun une gigantesque rave-party qui, interdite par le préfet de l’Indre, mobilisa nonobstant quatre jours durant plus de 30 000 participants attroupés sur des champs, dont le propriétaire n’avait pas été averti de ce débarquement massif. Que croyez-vous qu’il arriva dans ce cas ? Les pouvoirs publics se bornèrent à déployer toujours plus de gendarmes, près de 400, et, dans ce territoire qui est un désert médical, autant de pompiers et de soignants. Histoire de venir en aide aux précieux festivaliers transformés en zombies par la musique techno, camés ou ivres-morts car toutes sortes de drogue circulaient à l’envi et l’alcool coulait à flots. D’où moult évacuations et hospitalisations en urgence — dont nous devrons payer la note. Mais un Teknival, c’est sacré. Pas question donc d’employer des canons à eau ni de saisir l’impressionnant matériel de sonorisation utilisé par les organisateurs de cette « fête », que seule a troublée l’apparition de vipères perturbées par la foule et l’infernal boucan.

    À la remorque de Mediapart

    Tandis qu’étaient tacitement autorisé le Teknival et interdit l’hommage à Dominique Venner, Gérald Darmanin soignait, lui, sa stature internationale en participant à Washington puis à New-York (où, selon Europe 1, il a été « reçu en grande pompe, par les plus hautes instances policières des États-Unis ») à une réunion sur les thèmes plutôt mystérieux « de la coopération policière et de la décolonisation ». Mais on ne peut évidemment l’exonérer de la décision inique prise par le préfet de Paris, bien entendu avec l’aval de son ministre, lequel n’avait vu d’ailleurs aucun inconvénient à la conférence faite en mars dernier à la faculté de Bordeaux par l’ancien terroriste Jean-Marc Rouillan, assassin en chef d’Action directe, à la faculté de Bordeaux.

    Pourquoi cette répression sélective ? Sans doute la Place Beauvau veut-elle se concilier l’ultragauche qui, par ses outrances, rend de signalés service à la Macronie : le 19 mai, quelques heures avant l’annonce de l’arrêté préfectoral, Le Monde, toujours aussi cafard, s’inquiétait « des risques sérieux pour que, à l’occasion de cet hommage, des propos incitant à la haine et à la discrimination (…) soient tenus ». Et, surtout, le site Mediapart du camarade Edwy Plenel avait mis en ligne un article de Nicolas Lebourg où était longuement exposée l’extrême dangerosité de l’homme Venner (comment Lebourg s’est-il procuré l’analyse psychiatrique suivant l’arrestation de 1961 ?) et, partant, de ses idées et de son enseignement, plus que jamais actuels et suivis par la jeunesse française, en raison de sa capacité à « mobiliser des mémoires dans le cadre d’une méditation sur la décadence », qui était sa hantise. Tâche poursuivie par l’institut Iliade, propulsé donc comme ennemi numéro un de la République et de notre belle démocratie.

    Darmanin veut-il la guerre civile ?

    Mais, connaissant la perversité du ministre de l’intérieur, il n’est pas exclu qu’en interdisant systématiquement des manifestations par nature pacifiques tels les hommages à Jeanne d’Arc et à Dominique Venner — et pourquoi pas, demain, à Louis XVI, à Charette et aux victimes de la Grande Révolution ? — que Darmanin veuille convaincre les jeunes Français écœurés par la décadence de leur pays que, les voies légales étant coupées, il n’est d’autre recours pour se faire entendre que la violence aveugle. Transformer les contestataires en desperados redoutés et haïs par le marais, ne serait-ce pas le meilleur moyen d’en finir avec l’ultradroite, l’extrême droite, et même la droite pas encore totalement couchée ?

    Nous sommes conscients de la gravité de cette question mais, devant la dérive liberticide de l’État-Macron, dictature dénoncée ici dès 2019, elle mérite, nous semble-t-il, d’être posée.

    Camille Galic (Polémia, 22 mai 2023)

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