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Métapo infos - Page 195

  • Alain de Benoist : « Séparer l’identité et le social est un non-sens.»...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Breizh-Info, dans lequel il évoque la question de l'identité à l'occasion de la sortie de son dernier essai, Nous et les autres (Rocher, 2023).

    Philosophe et essayiste, directeur des revues Nouvelle École et Krisis, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Contre le libéralisme (Rocher, 2019),  La chape de plomb (La Nouvelle Librairie, 2020),  La place de l'homme dans la nature (La Nouvelle Librairie, 2020), La puissance et la foi - Essais de théologie politique (La Nouvelle Librairie, 2021) et L'homme qui n'avait pas de père - Le dossier Jésus (Krisis, 2021).

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    Alain de Benoist : « C’est une erreur de croire que l’ampleur des préoccupations identitaires replace les questions d’ordre économique à un niveau secondaire »

    Alain de Benoist vient de publier un (nouvel) essai remarquable intitulé «Nous et les autres » qui s’attaque à la question de l’identité. Pour en discuter, nous l'avons interrogé.

    Breizh-Info.com : Tout d’abord, est-ce que ce livre part de la volonté d’apporter une réponse aux débats actuels sur l’identité ou les identités, débats monopolisés médiatiquement et curieusement par l’extrême gauche et par une certaine gauche ?

    Je dirais plutôt qu’il part de la volonté d’y voir plus clair dans ces débats qui, aujourd’hui, ressemblent à des foires d’empoigne. De nos jours, tout le monde parle de l’identité, mais c’est le plus souvent sur le mode de la litanie ou du slogan. Quand on demande à ceux qui en parlent le plus de dire ce qu’ils entendent par là, quel contenu ils donnent à l’identité, quelle idée ils s’en font, on obtient des réponses parfaitement contradictoires. Mon livre est une tentative de mise au point. La première partie, la plus théorique, s’efforce de montrer comment la notion d’identité s’est formée au cours de l’histoire sociale et de l’histoire des idées, en liaison notamment avec la montée de l’individu. La seconde, plus actuelle et plus polémique, analyse l’identitarisme racialiste proprement délirant des milieux indigénistes ou « postcoloniaux ».

    Je dis dans l’introduction que l’identité est à la fois vitale et floue. Vitale parce qu’on ne peut pas vivre sans identité, floue parce que l’identité est toujours complexe : elle comprend différentes facettes qui peuvent entrer en conflit les unes avec les autres. Les deux erreurs à ne pas commettre sont de croire que l’identité n’est pas vitale parce qu’elle est floue, ou qu’elle ne peut pas être floue si elle est vraiment vitale.

    Pour bien comprendre ce dont il s’agit dans la narration identitaire, il faut prendre en compte trois catégories de différences : entre l’identité héritée, en général à la naissance, et l’identité acquise (qui est tout aussi déterminante que la première : quand on meurt pour ses idées, on meurt pour une identité acquise), entre l’identité individuelle et l’identité collective, et surtout entre l’identité objective et la perception subjective que l’on s’en fait. Les différentes facettes de notre identité n’ont en effet pas à nos yeux la même importance, et c’est ce qui détermine notre sentiment de proximité par rapport aux autres. Si je suis un Breton, un Français et un Européen, est-ce que je me sens plus breton que français ou l’inverse ? Plus français qu’européen ou l’inverse ? Si je suis chrétien, est-ce que je me sens plus proche d’un chrétien du Mali que d’un païen norvégien (pour des raisons religieuses), ou l’inverse (pour des raisons culturelles) ? Si je suis une lesbienne de droite, est-ce que je me sens plus proche d’un homme de droite (pour des raisons politiques) ou d’une lesbienne de gauche (pour des raisons d’ordre sexuel) ? On peut imaginer mille questions de ce genre. Elles nous montrent que les différents aspects de notre identité ne s’harmonisent nécessairement entre eux.

    Breizh-Info.com : L’ère de la globalisation, l’avènement de la société libérale, notamment après les conflits civils du XXe siècle en Europe, semblaient avoir effacé en partie la question identitaire, qui revient aujourd’hui sous d’autres aspects. Le signe d’une force bien plus importante que toute question d’ordre économique notamment ?

    La question identitaire ne fait pas retour, elle surgit tout simplement. Dans les sociétés traditionnelles, la question de l’identité ne se pose même pas. C’est à l’époque moderne qu’elle commence à se poser parce que les repères s’effacent, et que de plus en plus de gens s’interrogent sur ce qu’ils sont et sur ce à quoi ils appartiennent. « Qui suis-je ? », « qui sommes-nous ? » sont des questions qui ne se posent que lorsque l’identité est menacée, incertaine, ou qu’elle a déjà disparu. C’est ce qui rend cette notion intrinsèquement problématique. Censée constituer la solution, elle fait aussi partie du problème.

    C’est une erreur de croire que l’ampleur des préoccupations identitaires replace les questions d’ordre économique à un niveau secondaire. L’économique et le social font aussi partie de l’identité. Notre identité économique, sociale, professionnelle ou autre, n’est pas dissociable des autres facettes de notre personnalité. C’est tout particulièrement vrai pour les classes populaires, qui sont bien conscientes de faire actuellement l’objet d’une discrimination à la fois culturelle et sociale : elles se sentent étrangères dans leur propre pays et subissent un mépris de classe constant. Elles se sentent donc doublement exclues. Séparer l’identité et le social est un non-sens. C’est ce que n’a pas compris Eric Zemmour, qui a cru pouvoir ressusciter le clivage gauche-droite en associant un discours anti-immigration des plus anxiogènes à des options économiques libérales. Les classes populaires lui ont tout naturellement préféré Marine Le Pen.

    Breizh-Info.com : Ce début de XXIe siècle semble également marquer le retour de la question de la race, du racialisme, dans le débat identitaire, notamment du fait des mouvements indigénistes (mais pas que). Estimez-vous que ce débat soit fondamental ou bien qu’il constitue au contraire une forme de retour en arrière, d’essentialisation de l’identité au travers de ce prisme ?

    Les races existent, et les facteurs raciaux sont à prendre en compte comme tous les autres. Leur donner une importance centrale, vouloir tout expliquer par eux, est inconséquent. J’ai déjà publié trois livres contre le racisme, je n’y reviendrai pas. La véritable nature de l’homme, c’est sa culture (Arnold Gehlen) : la diversité des langues et des cultures résulte de la capacité de l’homme à s’affranchir des limitations de l’espèce. Vouloir fonder le politique sur la bioanthropologie revient faire de la sociologie une annexe de la zoologie, et interdit de comprendre que l’identité d’un peuple, c’est d’abord son histoire. Ce n’est pas seulement une régression de type réductionniste, c’est aussi profondément impolitique. On en voit le résultat avec les délires racialistes de l’idéologie « woke », qui sont parfaitement comparables aux délires du suprémacisme blanc américain : le degré zéro de la pensée politique.

    Breizh-Info.com : Pourquoi avez-vous choisi de vous attarder particulièrement sur la question de l’identité juive ? Qu’est-ce qu’elle nous dit aujourd’hui ?

    Breizh-Info.com : Je consacre à cette question un « excursus » placé en appendice de mon livre. La raison en est simple. Au cours des deux derniers millénaires écoulés, le peuple juif n’a cessé d’être confronté (et de se confronter) à la question de son identité. Alors que tant d’autres peuples ont disparu au cours de l’histoire, il a réussi à se maintenir en diaspora par une discipline intellectuelle constante et par le moyen de la proscription des mariages mixtes. Sans cette endogamie rigoureuse, il aurait sans doute disparu. Ce qui est également intéressant, c’est que la pensée juive a toujours été tiraillée entre un pôle universaliste et un pôle particulariste. La réponse que le judaïsme orthodoxe donne à la question : « Qui est juif ? » diffère totalement des législations antisémites qui distinguent des « demi-juifs », des « quarts de juifs », ce qui ne veut pas dire grand-chose. Selon la tradition de la halakha, ce qui prévaut est la loi du tout ou rien : on est juif si l’on est né d’une mère juive, on ne l’est pas si l’on est né d’un père juif et d’une mère non juive. Bien sûr, au fil des siècles, tout cela a donné lieu à des discussions passionnées, qui se sont encore amplifiées après la création de l’Etat d’Israël. J’ai choisi cet exemple pour montrer que l’identité n’est jamais une chose simple.

    Breizh-Info.com : Vous avez consacré l’essentiel de votre vie à la défense de l’identité, et notamment de la civilisation européenne. Comment votre regard, et votre propre perception de ce que vous êtes et de ce que les autres sont, ont-ils évolué sur plusieurs décennies ? Et aujourd’hui, qui êtes-vous, qui sont les autres ?

    Mon regard s’est sans doute affiné, mais il n’a jamais changé. Personnellement, je me définis fondamentalement comme un Européen, solidaire de son histoire et de sa culture. A l’heure de la crise généralisée des doctrines universalistes, je souhaite que l’Europe devienne une puissance civilisationnelle autonome. Mais cette définition de la « nostrité » n’est pas exclusive des autres. Elle n’entraîne ni la xénophobie ni le refus de reconnaître les valeurs et la grandeur des autres cultures du monde, bien au contraire (sur certains points, nous devrions même prendre exemple sur elles). Dans nos rapports avec les autres, nous devons comprendre que toute identité est dialogique : on n’a pas d’identité si l’on est seul. Les systèmes universalistes s’efforcent de faire disparaître l’altérité au profit d’un monde unidimensionnel. Ce sont ces systèmes qui représentent l’ennemi principal, parce qu’ils veulent éradiquer les différences entre tous les peuples.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Yann Vallerie (Breizh-Info, 13 février 2023)

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  • Tour d'horizon... (238)

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    Au sommaire cette semaine :

    - sur Grand Continent, Alice Pannier évoque la question des technologies critiques qui font l’objet d’affrontements géopolitiques pour leur appropriation...

    Entre la guerre et la recherche : maîtriser les technologies critiques dans la recomposition

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    - sur le site de La Règle du Jeu, l'intervention de Stéphane Zagdanski au colloque «Heidegger et "les Juifs"», qui s'est tenu en janvier 2015 à la Bibliothèque nationale de France...

    Colloque «Heidegger et « les juifs »» – Stéphane Zagdanski

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  • Feu sur la désinformation... (408) : Palmade et les "autres victimes"...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un numéro de l'émission I-Média sur TV libertés consacrée au décryptage des médias et animée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, et Jules Blaiseau.

    Au sommaire :

    • 1 - L'image de la semaine
      Une image curieuse qui floute les limites du vrai et du faux en matière d'information. Si la technologie est excitante, elle comporte également son lot de dangers...
    • 2 - Palmade et les "autres victimes"
      Solidarité des médias vis à vis du showbiz, statut victimaire, inversion accusatoire et contre-feu médiatique ? Jean-Yves Le Gallou revient sur l'"affaire" de la semaine : le carambolage causé par l'humoriste Pierre Palmade.
    • 3 - Revue de presse
      Jules Blaiseau et Jean-Yves Le Gallou consacrent la revue de presse hebdomadaire à un dossier sur les dernières productions audiovisuelles du service public. France 2, France 5 ou encore France Culture en prennent pour leur grade.
    • 4 - La sanction record de l'ARCOM à l'encontre de C8
      3,5 millions d'euros d'amende et une ministre de la censure/culture de plus en plus menaçante envers le groupe Canal.

     

                                              

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  • Au cœur de la guerre froide...

    Les éditions des Syrtes viennent de publier un essai historique de Nicolas Ross intitulé Au cœur de la guerre froide - Les combats de l'émigration russe de 1945 à 1960.

    Spécialiste de l'histoire russe et de celle des Russes blancs, Nicolas Ross est notamment l'auteur de La Crimée blanche du général Wrangel (Syrtes, 2014), de Koutiepov, le combat d'un général blanc : de la Russie à l'exil (Syrtes, 2016), de De Koutiepov à Miller - Le combat des Russes blancs 1930-1940 (Syrtes, 2017) et dernièrement de Entre Hitler et Staline - Russes blancs et Soviétiques en Europe durant la Seconde Guerre mondiale (Syrtes, 2021). 

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    " Si Entre Hitler et Staline évoquait le difficile choix des Russes blancs et des Soviétiques dans l’espace européen durant la Seconde Guerre mondiale, Au cœur de la guerre froide poursuit l’exploration de l’histoire de l’émigration russe à un moment d’extrême tension mondiale.

    Vie politique intense, activités sociales et culturelles variées, associations religieuses, organisations humanitaires, mouvements de jeunesse, publications, radios en langue russe : tout un ensemble d’éléments ont contribué à la survie de cette vie communautaire spécifique.

    Largement impliquée dans le processus de renaissance des valeurs traditionnelles de son pays perdu, l’émigration russe a contribué à la chute de l’URSS. "

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  • Jean-Paul Brighelli : « l’Education nationale fabrique des consommateurs »

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un entretien donné au mois de février 2023 par Jean-Paul Brighelli  à Livre noir pour évoquer la faillite de l’Éducation nationale en France et proposer quelques pistes de changement.

    Normalien et agrégé de lettres, ancien professeur de classes préparatoires, Jean-Paul Brighelli est un polémiste de talent auquel doit déjà plusieurs essais comme La fabrique du crétin (Folio, 2006), A bonne école (Folio, 2007), Tableau noir (Hugo et Cie, 2014), Voltaire et le Jihad (L'Archipel, 2015), C'est le français qu'on assassine (Blanche, 2017) ou  La fabrique du crétin - Vers l'apocalypse scolaire (L'Archipel, 2022).

     

                                                  

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  • Traîtres !...

    Les éditions Passés composés viennent de publier un ouvrage dirigé par Vincent Haegele et Franck Favier et intitulé Traîtres - Nouvelle histoire de l'infamie.

    Agrégé et docteur en histoire, Franck Favier a notamment publié une biographie du maréchal Bernadotte et une autre du maréchal Berthier. Archiviste paléographe et docteur en histoire, également spécialiste de l'Empire, Vincent Haegele est l'auteur d'une biographie du maréchal Murat.

     

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    " L’histoire regorge d’exemples plus ou moins édifiants, qu’ils soient individuels ou d’ordre collectif, d’actes de trahison. Plus d’un événement marquant a en effet pu être occasionné par la décision d’un personnage ou de son entourage de changer de camp, ou de refuser d’obéir. Parfois la trahison est devenue, avec le recul du temps, un acte de bravoure… Toujours elle éclaire un caractère, met en valeur une faiblesse très humaine ou exprime un sentiment blessé. En bousculant l’ordre social, la trahison est un geste fort et, d’une certaine manière, un sacrifice personnel qui demeure complexe à comprendre.

    Pour tenter, justement, de saisir les enjeux que soulève la question de la trahison, les auteurs de ce livre original sur un sujet d’ordinaire abordé de manière caricaturale font le portrait d’une quinzaine de grands « traîtres » du XVe au XXe siècle. Ils dessinent ainsi une nouvelle histoire de l’infamie à travers les vies de ces hommes et femmes hauts-en-couleur dont les aventures parfois rocambolesques trouvent une conclusion souvent tragique. "

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