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Métapo infos - Page 169

  • L’Europe, l’Occident et ses menaces...

    Nous reproduisons ci-dessous le texte d'un entretien accordé par David Engels au site Rage dans lequel il livre sa vision de la situation de l'Occident et de l'Europe...

    Historien, essayiste, enseignant chercheur à l'Instytut Zachodni à Poznan après avoir été professeur à l'Université libre de Bruxelles, David Engels est l'auteur de deux essais traduits en français, Le Déclin. La crise de l'Union européenne et la chute de la République romaine (Toucan, 2013) et Que faire ? Vivre avec le déclin de l'Europe (Blauwe Tijger, 2019). Il a  également dirigé un ouvrage collectif, Renovatio Europae - Plaidoyer pour un renouveau hespérialiste de l'Europe (Cerf, 2020). 

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    L’Europe, l’Occident et ses menaces

    Edgar Bug : Bonjour David Engels et merci d’avoir accepté de répondre à nos questions. Votre travail est très inspiré de celui d’Oswald Spengler, quels sont les éléments que vous partagez avec lui ? Quels sont vos points de divergences ?

    David Engels : Très généralement, je partage avec Spengler le constat selon lequel toutes les grandes civilisations traversent des stades morphologiques parallèles et sont mortelles, permettant de prédire au moins les lignes générales de l’évolution future des civilisations non encore pétrifiées. Et tout comme Spengler, je crois que la civilisation occidentale sera bientôt arrivée au bout de son parcours. En revanche, je ne partage pas la philosophie vitaliste de Spengler, dont le dualisme et le réductionnisme esthétique me semblent assez problématiques, ce pourquoi je préfère sous-tendre mon approche morphologique personnelle d’une structure plutôt dialectique. Il y a aussi certaines dissensions techniques entre Spengler et moi : j’ajouterais une demi-douzaine de civilisations in- ou méconnus par Spengler à sa liste, et procéderais à quelques datations différentes. Et finalement, je ne peux partager son enthousiasme pour la perspective d’une Europe dominée, selon lui, par l’Allemagne comme la « nouvelle Rome », même si l’évolution de l’Union européenne actuelle comme système hégémonique germanique semble lui donner raison…

    La civilisation occidentale est au cœur de vos travaux, comment la définiriez-vous ?

    Je procéderais par deux étapes. D’abord, celle historique, bien connue de tous : la civilisation occidentale ou européenne dont l’évolution morphologique proprement dite débute, selon moi, avec les Carolingiens et les Ottoniens, puise ses inspirations dans la loi de l’Ancien Testament, la philosophie gréco-romaine, la transcendance chrétienne et les traditions multiples des peuples européens autochtones. Puis, il y a l’étape psychologique : la civilisation occidentale est animée par un esprit unique souvent décrit comme élan « faustien », et qui distingue la vision du monde de l’homme occidental de celles des autres grandes civilisations, comme l’importance de la corporalité des Grecs, du patriarcat des Levantins, de la vision karmique des Indiens ou de l’immanence des Chinois. Cet élan faustien nous pousse à décliner les différentes phases dialectiques de notre civilisation dans un esprit de dépassement de soi, de quête de l’impossible, de démesure – en bien comme en mal, dans la transcendance comme dans le matérialisme, dans la contemplation comme dans la technologie. Pour visualiser cette particularité, il suffit de penser à l’opposition (et en même temps la continuité) entre la cathédrale gothique et le gratte-ciel new-yorkais…

    Quels sont les dangers qui la menacent ?

    L’occident actuel est menacé par deux dangers. L’un vient du dehors : il s’agit de la situation globale extrêmement dangereuse, où notre faiblesse a rendu possible la montée en puissance de la Chine, le danger de la migration de masse depuis l’Afrique, la radicalisation de l’Islam, l’agression de la Russie, etc. L’autre, plus importante, vient de l’intérieur : c’est l’autodestruction de l’occident qui suit à peu près les mêmes lignes que celle de toutes les autres grandes civilisations en fin de parcours : effondrement de la démographie, déclin de la religion, migration de masse, déconstruction de la famille, mondialisation, haine de soi, polarisation sociale, hédonisme, règne des milliardaires, pollution environnementale, une culture du pain et des jeux, et j’en passe.

    Qu’est ce que « l’Hespérialisme » ? En quoi peut-il constituer la solution aux problèmes de notre civilisation ?

    Le vieillissement et la fossilisation de notre civilisation me semblent inévitables. En revanche, deux questions restent ouvertes. Premièrement : qui décidera de la forme finale que prendra notre civilisation avant de se pétrifier pour les siècles à venir ? A Rome, ce fut la restauration augustéenne qui permit de mettre fin aux horreurs de la guerre civile et de donner un cadre politique définitif à la méditerranée gréco-romaine sous forme de l’Empire romain. Deuxièmement : comment transmettre notre héritage culturel ainsi finalisé et canonisé aux générations futures et même aux civilisations qui succéderont, un jour, quelque part, à la nôtre ? L’hespérialisme tente de donner des éléments de réponse aux deux questions en mettant en avance l’urgence du développement d’un sentiment de patriotisme occidental, évitant à la fois la myopie du souverainisme nationaliste, totalement inapte à protéger nos intérêts dans un monde dominé par des États-civilisation, et l’erreur mondialiste visant le brassage indistinct des cultures et l’établissement chimérique d’un État mondial.

    Quel regard portez-vous sur la guerre en Ukraine ? Cette guerre est-elle celle de Poutine ou assistons-nous à un conflit de civilisations ?

    L’un n’exclut pas l’autre. Il est évident que cette guerre est liée à l’ambition de Poutine d’effacer du moins en partie la « honte » de la dissolution de l’Union soviétique en rendant à la Russie une partie essentielle de son ancien espace impérial. Mais au-delà de l’aspect individuel, cette guerre est en effet une guerre des civilisations. D’un côté, nous avons la logique civilisationnelle occidentale à laquelle une majorité des Ukrainiens souhaitent adhérer, et qui est marquée par l’État-nation (bien que son indépendance actuelle se trouve de plus en plus réduite par des structures fédérales telles que l’OTAN et l’UE), une société civile forte (bien que largement kidnappée par la gauche), des structures démocratiques participatives (bien que de plus en plus sous la domination idéologique du wokisme), une économie libérale (bien que dominée désormais par le « socialisme des milliardaires) et une certaine exaltation de la liberté individuelle (bien qu’aboutissant dans l’hédonisme, le matérialisme et le consumérisme). De l’autre côté, nous voyons, dans la civilisation russe, une approche bien distincte de la nôtre, et marquée par l’approche impériale du « mir » russe où la fragmentation volontaire des identités nationales non-russes se mêle à une exaltation métaphysique de l’identité russe, le messianisme historique de la Troisième Rome, une idéalisation de l’autoritarisme comme seule forme de gouvernement adéquate à l’esprit russe, une manipulation massive de la religion (non seulement orthodoxe, mais aussi musulmane) à des fins politiques, etc. Spengler prévoyait déjà, en accord avec la plupart des penseurs russes du XIXe siècle, que la Russie, nonobstant une certaine occidentalisation « pétrinienne » superficielle, était une civilisation bien distincte de la nôtre, bien que nettement plus jeune, et la guerre actuelle me semble confirmer ce diagnostic.

    Comment expliquez-vous qu’en dépit de cette agression directe et brutale envers l’Occident, Poutine et la Russie ne soient toujours pas identifiés comme ennemis par de nombreux mouvements se réclamant du patriotisme en Europe et aux Etats-Unis ?

    D’un côté, le rejet de ce que notre civilisation est en train de devenir explique assez bien qu’aux yeux de bon nombre de conservateurs, quiconque s’oppose ouvertement aux dérives actuelles – immigrationnisme, culte LGBTQ, folie écologiste, multiculturalisme, hédonisme, instrumentalisation des droits de l’homme, américanisation, bienpensance, haine de soi etc. – semble être un allié naturel ; et Poutine sait jouer très bien la carte du défenseur des valeurs conservatrices, relayée depuis des années par des médias et des influenceurs pro-russes. Qui, en France ou en Allemagne, sait que la Russie actuelle est loin d’être la « Sainte Russie » des images d’Épinal et est caractérisée par une oligarchie mafieuse, un déclin prononcé de l’orthodoxie, un essor spectaculaire de l’islam, un taux d’avortement unique en Europe, une politique vaccinale nettement plus répressive qu’en Europe, et que les opposants au régime ne voient pas seulement, comme en occident, leur comptes dans les réseaux sociaux bloqués, mais aussi leur propre personne enfermée dans des camps de concentration ? Puis, d’un autre côté, n’oublions pas le budget considérable versé depuis la Russie afin de se constituer, parmi la droite, une Cinquième Colonne fidèle : pour beaucoup de conservateurs, mis aux ban de la société et exclu des fortunes versées par la gauche sur ces fidèles, c’est la seule véritable source de revenu…

    La droite refusant d’ouvrir les yeux face à la Russie comme la gauche face à l’Islam, comment l’Occident peut-il sortir de ce double aveuglement ?

    Tout d’abord, par une grande honnêteté intellectuelle. Les États-Unis ne sont pas l’antidote universel au danger russe, car dans sa critique des dérives idéologiques de la gauche occidentale, Poutine marque sans doute des points, et il serait naïf et dangereux de le nier : il nous faut, en effet, un retour à un patriotisme culturel basé sur la valorisation de nos structures de solidarité traditionnelles, non pas sur leur déconstruction. En revanche, la Russie ne m’en semble pas le meilleur garant d’un tel projet « hespérialiste » : d’abord, parce qu’en dépit de quelques ressemblances superficielles, les valeurs « conservatrices » russes sont assez divergentes culturellement de celles des conservateurs européens à cause de la vision très différente du monde et de l’homme ; puis, parce que la Russie veut, avant tout, protéger son propre espace impérial. Si, par chance, les conservateurs européens arrivaient à construire un véritable empire européen, les Russes s’en sentiraient autant menacés que par l’OTAN – et se mettraient à financer immédiatement une opposition de gauche… En même temps, il ne faut pas non plus se leurrer sur l’agenda des États-Unis : même si je ne partage par leur diabolisation si courante en France – après tout, il s’agit probablement du pays occidental où le conservatisme est encore le plus présent au sein de la société et des structures de pouvoir, nonobstant l’immense influence qu’exerce le wokisme par le biais du deep state sur le gouvernement actuel et, par lui et la culture hollywoodienne, sur le monde entier –, l’Europe ne peut éternellement se confiner au rôle de parent pauvre de l’empire américain. Et bien que les États-Unis réclament depuis des années un investissement militaire plus conséquent de la part des États européens au sein de l’OTAN, je ne suis pas sûr qu’ils verraient l’établissement d’une véritable force militaire et politique autonome sur notre continent d’un très bon œil… Ni les Russes, ni les Américains ne peuvent nous « sauver » : comme l’Italie au XIXe siècle , l’Europe doit « se faire elle-même ».

    Quelles leçons l’Occident doit-il tirer de cette guerre ? Ce drame ne démontre-t-il pas l’urgence de délivrer l’Occident des errances idéologiques dans lesquelles il s’est enfermé ?

    En effet, il est grand temps d’abandonner le suicide identitaire et spirituel dont souffre l’occident et de nous « réarmer », tant dans le sens littéraire que littéral du mot. Malheureusement, une grande partie des Occidentaux est déjà entrée dans la « posthistoire » à un tel point que je doute de la possibilité d’en « refaire un peuple » : un tel revirement pourra, au mieux, concerner une petite élite qui, une fois aux manettes d’un appareil médiatique, institutionnel et éducatif adéquat, pourra mener une part majoritaire des citoyens vers une acceptation superficielle de positions « conservatrices », bien que plutôt par opportunisme que par véritable conviction. Après tout, je ne crois pas que l’adhésion aux positions de gauche soit fondamentalement plus enthousiaste : les hommes de la posthistoire veulent surtout jouir de leur vie et être débarrassés du poids du passé…

    Depuis le début du conflit, le couple franco-allemand se trouve discrédité, alors que la Pologne s’est montrée exemplaire dans tous les domaines : l’accueil des réfugiés, la livraison d’armes à l’Ukraine, etc… Pensez-vous que la Pologne puisse devenir une puissance majeure de l’Europe dans les années à venir ?

    Non, je ne le crois pas – malheureusement. D’abord pour des raisons de taille, non seulement démographique, mais aussi économique : bien que l’économie polonaise actuelle s’accroisse, profitant à la fois de la non-saturation du marché national et de la délocalisation d’entreprises et de capitaux venant de l’occident, cette expansion connaîtra, tôt ou tard, un déclin analogue à celui qu’on constate en France ou en Allemagne. À défaut d’investir massivement dans le développement de technologies futuristes, la Pologne subira, à la longue, le même sort que ses voisins. Certes, elle pourra profiter un moment de son statut d’îlot préservé de la migration de masse si l’occident s’embrase dans le « clash des civilisations » – mais si la France et l’Allemagne sombrent, la Pologne sombrera aussi. Puis, pour des raisons d’idéologie : tant que Berlin, Paris, Bruxelles et surtout Washington continueront à être dominés par la gauche woke, celle-ci fera tout pour faire chavirer le conservatisme polonais… Ce serait uniquement grâce à un partenariat étroitissime avec les autres États Visegrad et Trimarium que la Pologne pourrait tenter de devenir un troisième pôle de pouvoir en Europe. Mais j’avoue ne pas avoir observé beaucoup de progrès à ce niveau ces dernières années ; au contraire : tous les projets de ce genre piétinent sur place. De même, l’espoir de voir l’Ukraine, une fois la guerre terminée, se transformer en un allié inconditionnel de la Pologne me semble assez naïf : Kiev s’alignera sur celui qui financera sa reconstruction. Et dans l’état actuel des choses, cet argent viendra de Berlin, non pas de Varsovie.

    Cette guerre a fait sauter un tabou, l’Allemagne et le Japon ont annoncé un réarmement sans précédent depuis la fin du dernier conflit mondial, c’est une page de l’histoire qui se tourne. Pensez-vous possible que ce mouvement puisse également emporter la mauvaise conscience de l’Occident héritée de cette période, et qui constitue la principale arme de guerre psychologique de nos ennemis ?

    Je ne crois pas. D’abord, ce « réarmement » allemand est un grand leurre : jusqu’à présent, rien de concret n’a encore été fait, et l’état de la Bundeswehr est plus mauvais que jamais ; et il y a fort à parier que les sommes faramineuses annoncées depuis mars 2022 aboutiront dans des programmes de formation à la diversité, au financement de la parité homme-femme au sein des troupes, à l’extension du programme de construction de chars adaptés au besoin de femmes enceintes (ce n’est pas une blague) ou au recrutement systématique de minorités musulmanes. Le seul point sur lequel je vois, en effet, un durcissement du langage martial en Allemagne, c’est dans le renforcement de la « lutte contre la droite » : depuis la guerre en Ukraine, la persécution du conservatisme a connu un nouveau sommet en Allemagne, et une bonne partie de la justification de cette lutte est la mise en avant de la similitude (apparente) entre les « valeurs » de l’ennemi russe et les valeurs conservatrices occidentales. Celui qui défend, aujourd’hui, la famille ou s’oppose à l’avortement se voit critiqué pour délit d’imitation de Vladimir Poutine… 

    David Engels (Rage, 21 juillet 2023)

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  • La restauration de la propriété...

    Les éditions Perspectives libres viennent de publier un essai d'Hilaire Belloc intitulé La Restauration de la Propriété. Hommes de lettre anglais du siècle dernier, Hilaire Belloc, auteur de près de 150 ouvrages, était avec son ami G.K. Chesterton, le fer de lance du distributisme, philosophie économique de « troisième voie » entre le socialisme d'État et le capitalisme, inspirée par la doctrine sociale de l’Église.

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    " Définie de manière équivoque, critiquée de toutes parts ou simplement oubliée ; la propriété reste l’enjeu politique le plus pressant, le plus décisif de notre temps. À l’heure où l’on voudrait nous en dispenser, elle représente la clé de toute résistance humaine à un modèle en faillite – un modèle dont l’État servile sera le prolongement logique. « Il nous faut choisir dès à présent entre la propriété d’un côté, et l’esclavage, privé ou public, de l’autre. Nous n’avons pas d’autre alternative »."

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  • Feu sur la désinformation... (430) : Enzo, encore une victime du “jeunistan” !

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés consacrée au décryptage des médias et animée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, et Floriane Jeannin. 

     

                                              

    Au sommaire :

    La météo de l’info : au double standard

    L’image de la semaine : Enzo, encore une victime du "jeunistan"

    Le dossier : Police justice, la grogne !

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    Les pastilles de l’info :

    Darmanin et ses espoirs déçus

    Attal adulé

    Top ou Flop ? Twitter devient X

    Défigurée pour une tenue

    Le tour de France “trop blanc” ?

    Julien Pain et son mea culpa

    Geoffroy Lejeune et l’extrême droite

    Conclusion

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    Portrait piquant : Geoffroy Lejeune

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  • L’ « assimilation », vieille utopie pour une France devenue « colonie de ses colonies »…

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Bernard Lugan cueilli sur le site de L' Afrique réelle et consacré à la vieille lune de l'assimilation.

    Historien et africaniste, Bernard Lugan a publié de nombreux ouvrages, dont Histoire de l'Afrique (Ellipses, 2009), Atlas historique de l'Afrique (Rocher, 2018), Esclavage, l'histoire à l'endroit (L'Afrique réelle, 2020) et dernièrement Pour répondre aux « décoloniaux », aux islamo-gauchistes et aux terroristes de la repentance (L'Afrique réelle, 2021).

    Il est également l'auteur de deux romans avec Arnaud de Lagrange, Le safari du Kaiser (La Table ronde, 1987) et Les volontaires du Roi (réédition : Balland, 2020) ainsi que d'un récit satirique, Le Banquet des Soudards (La Nouvelle Librairie, 2020).

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    L’ «assimilation», vieille utopie pour une France devenue «colonie de ses colonies»…

    Trois semaines après les dévastations subies par la France, tétanisés devant un réel qu’ils niaient et qui a fini par leur  exploser au visage, les responsables politiques n’ont qu’un remède à proposer : l’« ASSIMILATION ». Vieil avatar de l’utopie universaliste, cette nuée ne permettra évidemment pas de transformer ceux qui « niquent la France » en Français de cœur… Retour sur l’histoire.
     
    En 1937, le Manifeste du PPA (Parti populaire algérien) qualifiait l’assimilation « d’utopie chimérique (car) nous ne serons jamais Français, ni par la race, ni par la langue, ni par la religion ».
     
    En 1945, Edouard Herriot, grande conscience « humaniste » disait que l’ « assimilation » ferait de la France « la colonie de ses colonies ».
     
    Le général de Gaulle dont toute la classe politique française se réclame aujourd’hui, considérait pour sa part  l’« assimilation » comme « un danger pour les Blancs, une arnaque pour les autres » dont la conséquence ferait que « Colombey-les-Deux-Eglises (deviendrait) Colombey-les-Deux-Mosquées ! »
     
    Durant la période coloniale la France tenta une politique d’ « assimilation ». Son postulat était que, grâce à la diffusion de la culture et de la langue française, colonisés et colonisateurs coaguleraient au sein d’une même nation sous les plis du drapeau tricolore…et pour la plus grande gloire de la République française universelle…
     
    L’échec fut à la hauteur de l’illusion. Cependant, aucune leçon n’en fut tirée puisque la classe politique française parle de nouveau d’« assimilation ».
    Or :
     
    - Comment « assimiler » une déferlante migratoire devenue majoritaire sur une partie du territoire français et qui impose peu-à-peu ses normes vestimentaires, alimentaires, culturelles, juridiques et religieuses sur l’ensemble du pays?
     
    - Comment oser parler d’ « assimilation » quand, par leurs déclarations irresponsables au sujet de la colonisation, François Hollande et Emmanuel Macron ont humilié la France, ne donnant ainsi guère envie aux « citoyens du monde » de s’y assimiler ?
     
    - Comment imaginer que la solution est l’ « assimilation » quand la France qui accueille, nourrit, habille, soigne, loge et éduque des millions d’étrangers, est présentée comme une nation « génétiquement esclavagiste et raciste » ?
     
    - Comment les partisans de l’ « assimilation » vont-ils concrètement proposer leur « martingale » à des groupes animés par un sentiment à la fois revanchard et conquérant ? Notamment à Madame Houria Bouteldja qui ne craint pas de dire que :
     
    « Notre simple existence, doublée d’un poids démographique relatif (1 pour 6) africanise, arabise, berbérise, créolise, islamise, noirise, la fille aînée de l’Eglise, jadis blanche et immaculée, aussi sûrement que le sac et le ressac des flots polissent et repolissent les blocs de granit aux prétentions d’éternité (…) ».
     
    - Comment assimiler des francophobes assumés, dont Madame Hafsa Askar, vice-présidente du syndicat étudiant UNEF, qui a osé dire le 15 avril 2019, jour de son incendie :
     
    « Je m’en fiche de Notre-Dame de Paris, car je m’en fiche de l’histoire de France…Wallah  …on s’en balek (traduction : on s’en bat les c…), objectivement, c’est votre délire de petits blancs ».
     
    Une Hafsa Aksar qui a également pu déclarer sans être immédiatement traduite devant les tribunaux :
    - « On devrait gazer tout (sic) les blancs (resic) cette sous race.
    - « Tout ce que j’ai à dire c’est les blancs ( sic) arrêtez de vous reproduire ».
    - « Non à la mixité avec les blancs (sic)»
    - « Je suis une extrémiste anti-blanc »
    - « Le monde serait bien mieux sans les blancs (sic) » etc.,
     
    - Comment les héritiers des « Lumières » qui gouvernent la France en la conduisant avec application sur les pentes de la disparition peuvent-ils parler d’« assimilation » quand ceux qu’ils prétendent « assimiler » rejettent leurs dogmes fondateurs, qu’il s’agisse des « valeurs de la République », des « droits de l’homme », du « vivre ensemble » ou de la « laïcité » ?
     
    La vérité est que ceux qui croyaient aux chimères du sacro-saint laïcisme républicain ne voient pas que leur idéologie est morte. Prisonniers de l’immédiat, sans mémoire, sans culture et sans courage, ils ne voient pas qu’un cycle s’achève et qu’un nouveau émerge dans le chaos.
    Aux porteurs des forces créatrices de saisir cette opportunité historique pour imposer un salutaire changement de paradigme. Autrement, les civilisations étant mortelles, la population indigène, celle qui a créé la France devra s’adapter au changement anthropologique en cours. Donc accepter de ne plus être chez elle sur la terre de ses ancêtres… Comme les Serbes au Kosovo…
     
    Bernard Lugan (L'Afrique réelle, 20 juillet 2023)
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  • Les imposteurs : pourquoi il faut les dégager !...

    Le nouveau numéro de la revue Éléments (n°203, août - septembre 2023) est en kiosque!

    A côté du dossier consacré aux 501 imposteurs les plus nuisibles, on découvrira l'éditorial, les rubriques «Cartouches», «Le combat des idées» et «Panorama» , un choix d'articles variés et des entretiens, notamment avec Michel Maffesoli,  Frédéric Rouvillois et Jean-Pierre Dionnet...

    Et on retrouvera également les chroniques de Xavier Eman, d'Olivier François, de Laurent Schang, de Nicolas Gauthier, de Bruno Lafourcade, de Guillaume Travers, d'Yves Christen, de Bastien O'Danieli, de Bernard Rio, d'Ego Non et de Slobodan Despot...

     

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    Au sommaire :

    Éditorial

    Face à la technique Par Alain de Benoist

    Agenda, actualités

    L’entretien

    Michel Maffesoli : « La parole du pouvoir est devenue vide » Propos recueillis par Alain de Benoist

    Cartouches

    L’objet disparu : les cigarettes de jadis Par Nicolas Gauthier

    Une fin du monde sans importance Par Xavier Eman

    Cinéma : Damiano Damiani, une gauche assez adroite Par Nicolas Gauthier

    Curiosa Erotica : pour l’amour d’une sylphide Par David L’Épée

    Champs de bataille : Portugal, petit pays, grand empire Par Laurent Schang

    Les Diafoireux (1ère partie) Par Bruno Lafourcade

    Jean-Daniel Verhaeghe, un romancier derrière la caméra Par Michel Marmin

    Pierre Gripari, un élu des dieux de l’imaginaire Le regard d’Olivier François

    Économie Par Guillaume Travers

    Bestiaire : pieuvre, d’un cauchemar l’autre Par Yves Christen

    Sciences Par Bastien O’Danieli

    Le combat des idées

    Avant-guerre civile en France : cinq jours de chaos Par François Bousquet et Pascal Eysseric

    Frédéric Beigbeder, quasiment un écrivain Par François Bousquet

    Frédéric Rouvillois : les régimes libéraux ou la démocratie sans le peuple Propos recueillis par Thomas Hennetier

    Les Français de souche, une histoire vieille de 4 200 ans Par Gabriel Piniés

    Populisme : l’analyse à géométrie variable d’Antoine Chollet Par David L’Épée

    Le mythe de la compensation écologique : le Grand Remplacement de la nature Par Guillaume Travers

    Le mythe de l’entrepreneur, portrait du portrait en idéaliste visionnaire Par David L’Épée

    Inclassable Corelli Barnett, le pourfendeur des élites anglaises Par Trystan Mordrel

    Thierry Gillybœuf : Virgil Gheorghiu, la résurrection d’un écrivain calomnié Propos recueillis par Daoud Boughezala

    Olga Semenova : Julian Semenov, un espion soviétique chez les SS Propos recueillis par Daoud Boughezala

    Une taupe chez les soviets : Tolkachev, l’homme qui a vendu l’URSS à la CIA Par Daoud Boughezala

    Contre l’esprit de sérieux, la nostalgie amusée de Thomas Morales Propos recueillis par Nicolas Gauthier

    Jean-Pierre Dionnet : la série B, le cinéma d’avant les marchands Propos recueillis par Nicolas Gauthier

    Saint Christophe, le colosse en guimauve Par Christophe A. Maxime

    Le naturisme à l’italienne, vers un futurisme des champs Par Adriano Scianca

    La révolte des gueux au XXe siècle : le chef-d’œuvre de Louis Paul Boon Par Gérard Landry

    Dossier
    Les imposteurs : pourquoi il faut les dégager

    Notre classement des 501 imposteurs Par Daoud Boughezala et François Bousquet

    Notre questionnaire pour l’été : sur la plage, sachez détecter les imposteurs

    Panorama

    L’œil de Slobodan Despot

    Reconquête : nostalgie des paysages florentins Par Slobodan Despot

    La leçon de philo politique : Maurice Barrès Par Ego Non

    Un païen dans l’Église : le diable, le dragon et la dame d’Andlau Par Bernard Rio

    C’était dans Éléments : le bel avenir de la guerre urbaine Par Laurent Schang

    Éphémérides

     

     

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  • Émeutes : nihilisme festif et inframondisation...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jure Georges Vujic, cueilli sur Polémia et consacré aux émeutes qui ont dévasté nos villes au début du mois...

    Avocat franco-croate, directeur de l’Institut de géopolitique et de recherches stratégiques de Zagreb, Jure Georges Vujic est l'auteur de plusieurs essais, dont Un ailleurs européen (Avatar, 2011),  Nous n'attendrons plus les barbares - Culture et résistance au XXIème siècle (Kontre Kulture, 2015) et Les convergences liberticides - Essai sur les totalitarismes bienveillants (L'Harmattan, 2022).

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    Émeutes : nihilisme festif et infra-mondisation

    Les dernières nuits d’émeutes et de pillages dans plusieurs villes françaises illustrent très bien ce qu’analysait Philippe Muray, à savoir une version criminogène de la « festivisation » générale de la société (homo festivus), avec cependant une déclinaison sociale et médiatique d’un hyperfestif violent, criminalisé et destructeur.

    Il est vrai que la sidération reste grande à contempler le triste spectacle de hordes de jeunes ensauvagés en train de piller en toute impunité les magasins de grandes marques tout en se filmant sur leurs smartphones, un nihilisme festif bien relayé, amplifié et diffusé en temps réel par les réseaux sociaux. Bien sûr, les phénomènes d’accélération et de contagion de ce nihilisme festif, brutal et juvénile, s’expliquent en grande partie par la tiktokisation sociale mondiale, qui pulvérise les déterminants géographiques et temporels. La toxicité des réseaux sociaux, loin d’être idéologiquement neutre, puisqu’elle propage une vision du monde de l’aliénation consommatrice et techno-ludique, permet non seulement une contagion criminogène mimétique, mais aussi la scénarisation narcissique et individuelle en temps réel des prouesses destructrices des vidéos de réalité des acteurs eux-mêmes. La réalité amputée de ses origines et de ses finalités, de sa consistance, fait place à l’éternel présent, forme d’hyperréalité diminuée, fantasmatique et narcissique. Parce que celui-ci est diffusé en temps réel sur les réseaux sociaux du monde entier par une sorte de « jokérisation » des esprits, on assiste à une escalade médiatique de la violence urbaine à la fois mimétique et « ludique », dont le seul défi est de faire toujours mieux et plus sensationnel en vandalisme et violence, plus qu’à Haïti, Mexico, New York, Chicago ou Los Angeles. La ville devient, malgré les millions d’euros engloutis dans les infrastructures des politiques d’intégration urbaine des banlieues, une sorte d’espace de jeu (Muray parlait du monde contemporain comme d’un « parc d’attractions mondialisé ») mortifère et criminogène, analogue aux jeux de guerre virtuels.

    Nihilisme festif et nihilisme de déni

    En effet, cette effusion de violence urbaine qui s’est généralisée dans une ivresse autodestructrice n’est bien sûr que le symptôme prégnant d’un nihilisme plus profond de plusieurs générations déstructurées sur fond d’immigration massive. Le nihilisme en effet, au-delà de la dimension doctrinaire, révèle un état d’esprit auquel manquent toute forme de représentation d’un sens, une hiérarchie des valeurs, un horizon axiologique porteur de sens et d’avenir. Ainsi, contrairement à ce que l’on pourrait penser, le nihilisme brutal et destructeur des bandes de banlieue que l’on pourrait personnifier par des vandales, des pillards, des incendiaires qui allient l’hyperfestif et le violent, ne peut se développer que grâce à un autre nihilisme plus sournois, le nihilisme du « dernier homme » conformiste, qui peut être aussi celui des élites ou de la majorité silencieuse, qui refuse toute forme d’action, plongé dans le déni de réalité et l’immobilisme de la compassion ou celui de la consternation passive.

    Le nihilisme festif, lui, est féroce, irruptif et sporadique, s’inscrit dans une logique de conquête et de délimitation de territoires, mais reste toujours présent à l’état latent, dévastateur, narcissique et grégaire. Le nihilisme du déni, qui correspond au « à quoi bon », lui, est silencieux, poli, civilisé et dans une posture d’impuissance et de défense, respectant scrupuleusement les convenances sociales du moment, lequel refuse obstinément d’affronter la réalité d’une société fracturée, violente, réduite au refus du choix et au refus d’endosser une responsabilité quelconque. Et c’est en ce sens qu’il s’agit bien d’un nihilisme de soumission.

    Émeutiers ou insurgés ?

    Même si le discours de l’excuse et celui de la misère des « nouveaux misérables » des banlieues semblent ici incongrus et inadaptés, il est intéressant de noter que dans Les Misérables, Victor Hugo opposait émeute et insurrection. L’émeute est un moment chaotique de destruction. L’insurrection, au contraire, est le moment où un groupe qui a conscience de lui-même et qui veut construire quelque chose se projette politiquement dans l’avenir. Les séquences des premières nuits d’émeutes festives de pillages et de vandalisme ne correspondaient en rien à une insurrection politique et idéologique et étaient purement motivées par des considérations matérielles et ostensibles (pillage des boutiques de grandes marques) et des pulsions destructrices. Cependant, la séquence qui s’est greffée sur cette vague de pillages avec la destruction coordonnée des lieux et des symboles de la nation (écoles, bibliothèques, mairies, centres de loisirs, transports, casernes de pompiers…), auxquelles ont bien sûr aussi participé des bobos, des antifas de service et des black blocs, pourraient très bien s’apparenter à des formes d’insurrection contre l’ordre public. Il est important de rappeler que cette logique de la conflictualité et de la légitimation insurrectionnelle est au cœur de l’idéologie révolutionnaire de la gauche radicale, qui ne se cache d’ailleurs pas de se référer à la Constitution de 1793 (article 35 : « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque partie du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs. »). Ainsi, la tentative d’assassinat du maire de L’Haÿ-les-Roses pourrait bien s’inscrire dans une stratégie de chaos et de terreur destinée à chasser et contenir les pouvoirs publics de l’État hors des territoires contrôlés par des groupes criminels, fortement communautarisés, qui entendent asseoir leur domination sur ces portions de territoire. En revanche, étant donné le caractère organisé des émeutes, de l’utilisation de techniques de guérilla urbaine et de l’importance du nombre d’armes utilisées, tout porte à croire qu’il s’agit de groupes organisés et facilement mobilisables.

    Inframondisation sociétale

    Ainsi, la restauration d’un ordre public fictif et soumissionnaire, dans le seul but de se voir accorder un sursis de plus « pour que les affaires reprennent », ne fera que différer et exacerber les mêmes causes et les mêmes effets, qui à l’avenir seront encore plus dévastateurs. En l’absence de toute forme de visibilité verbale et de revendications, cette violence gratuite condense de manière paroxystique et très violente la problématique de la désaffiliation sociale et familiale, la faillite de toute forme d’autorité (parentale, scolaire et sociale), mais aussi celle de la déstructuration de l’identité, du sentiment d’appartenance à la nation et de l’enfermement dans un communautarisme ethnoconfessionnel qui fonctionne comme une société parallèle, un contre-monde régi par ses propres lois et ses codes culturels, une sorte d’inframonde zonal. Mais n’assistons-nous pas à une inframondisation sociétale de la postmodernité globale, à une inversion générale des valeurs, par le culte de l’individualisme matérialiste et déraciné, la transgression élevée au rang de norme, célébrés par ce que Muray nomme les « matons » et « mutins de Panurge » et les « rebellocrates » ? Nous vivons bien, comme l’avait observé Philippe Muray, une régression anthropologique, sur fond d’indifférenciation généralisée et de « réanimalisation » de l’espèce et de la société. En revanche, l’hyperfestif comme récit dominant de l’idéologie libérale du marché et du tout-économique se conjugue très bien avec la figure de l’homo violens, de l’homme violent, et explique comment la violence mimétique hyperindividualiste reste motivée par ce même désir mimétique de possession, plein de ressentiment et de haine alors que cette volonté de conquête motivée par les frustrations identitaires et sociales apparaît soudain comme constituant un inconscient victimaire qui détermine et oriente la dynamique de la sécession violente. Le nihilisme festif auquel nous avons assisté ces derniers jours se nourrit de la culture de l’impunité (du nihilisme du déni), et ces deux phénomènes sont parfaitement solubles dans la société du crime mondialisé, qui, des caïds de banlieues aux cartels de la drogue, sont les principaux leviers de la sécession territoriale et communautaire.

    Jure Georges Vujic (Polémia, 12 juillet 2023)

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