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Métapo infos - Page 1544

  • Presse et propagande...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Claude Bourrinet, cueilli sur Voxnr et consacré à la propagande des nouveaux chiens de garde de la presse...

     

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    Presse et propagande : le nouveau militant

    L’historien notera que le développement et l’influence de la presse, ont été inversement proportionnels à l’évolution du clergé. Là où celui-ci déclinait, celle-là triomphait. Le philosophe Hegel faisait remarquer, dans la période postrévolutionnaire, qui vit l’avènement de l’époque contemporaine, que la lecture du journal du matin avait remplacé, pour l’homme moderne, la prière. Ce « devoir », comme l’avait bien relevé Jacques Ellul dans son ouvrage de grande lucidité « L’Illusion politique », donne en effet l’impression d’être en phase avec l’actualité, de communier avec les battements du temps qui marche, qui va de l’avant, et de posséder quelque importance, surtout lorsque au bureau, on est le premier à rapporter, auprès de collègues épatés, le dernier ragot des rédactions. C’est en effet par le journal, d’abord imprimé, puis télévisuel, que l’on connaît ce qu’il est bon de penser des tribulations du monde, si bien que l’âge laïc a produit ce miracle, que ne réussissait pas toujours l’Eglise de jadis, de répondre à la requête de l’ouaille, en lui transmettant un message d’une luminosité et d’un vérité aveuglantes.

    Il n’est pas non plus anodin que la presse d’opinion ait dû croiser l’itinéraire du militant. Elle n’en sortit pas indemne. Les feuillets imprimés de la révolution de 89 étaient des armes, des diatribes ravageuses qui conduisaient parfois amis comme ennemis à la guillotine. Qui s’étonnera, en comparant les journaux ouvriers des XIXe et XXe siècles, du fond et du ton frondeurs qu’ils manifestaient, y compris la presse communiste ? L’arrière-plan insurrectionnel fut longtemps une composante politique de la vie publique, que les jeunes générations, à l’esprit et à l’intelligence ravalés au karcher du politiquement correct, ont de la peine à imaginer. Cependant, l’Internationale situationniste accusait, dans les années soixante, Le Monde, pourtant « journal de référence », apparemment dans l’opposition, d’être toujours du côté du pouvoir. Le style doctoral de ce journal du soir, attaché à la réflexion de fond, n’est pas sans évoquer l’assurance dédaigneuse de celui qui sait, autrement dit le style « philosophe des Lumière » face à l’ignorant, nécessairement victime de préjugés, de superstition, peuple d’en bas à qui on apposera sur la gueule le masque grotesque du « beauf », ou celui de Dupont la joie. Le Monde servirait de modèle, mais, l’évolution des mœurs aidant, sur un mode plus agressif, plus démagogique, plus près du ruisseau.
    Aussi, comme il existe un haut et un bas clergé, y a-t-il une presse ambitieuse, et une presse « bas de gamme », bien que les deux possèdent de nombreux liens. Là où la première mobilise des régiments d’inévitables « spécialistes », tous experts d’instituts, de « clubs de réflexion » ayant poussé, depuis quelques lustres, comme des champignons, tout en donnant caution à la leçon du jour, les mass médias plus populaires ramènent les messages à un langage plus sommaire, plus à la portée du commun. Ce sont parfois d’ailleurs les mêmes qui œuvrent à ces deux étages. Ce qui nous vaut, à longueur de journée, comme la répétition obstinée d’un moulin à prière, les prétendues analyses du même acabit, prouvant que les choses étant ce qu’elles sont…, ou bien que les Bons devant se défendre contre les Méchants…

    Les progrès technologiques dans le domaine de la communication, le développement des réseaux télévisuels, des téléphonies et la réactivité de la communication, ont élargi la puissance de persuasion des machines propagandistes. La concentration de la presse et les rapports incestueux entre mondes politique, économique et médiatique ont eu pour conséquence une saturation sans réelle concurrence des organes de diffusion du système. En outre, la disparition, après la chute du mur de Berlin, des voix « différentes », comme celles qui se faisaient entendre, durant la Guerre froide, notamment contre la guerre du Vietnam, pour ne prendre qu’un exemple emblématique, donne l’impression d’une morne plaine, malgré l’incroyable choix de canaux mis à la disposition de chacun. Si bien qu’on a l’impression de n’avoir qu’un seul journal, qu’une seule chaîne de télévision, comme dans tout système totalitaire qui se respecte. L’absence quasi-totale de critique visible et audible lors des événements de Libye ou de Syrie, l’impossibilité de rencontrer un point de vue dérangeant quand il s’agit de l’Iran, d’Israël ou de la Russie, les discours fatalistes sur la crise et la rigueur, contribuent à créer une atmosphère lourde, pesante, obscure, propice à toutes les explosions. Le pouvoir croit tenir l’opinion, mais la perte de crédibilité de la presse est patente. Et c’est, paradoxalement, la première à s’en étonner.

    On pourrait arguer qu’elle est pourtant bien placée pour savoir de quoi il retourne. Qui saura distinguer l’avidité et la duperie ? On avancera donc que la déduction fiscale accordée à la profession par Juppé en 2008, ainsi que tous les avantages matériels ou de prestige qu’octroie le métier de journaliste, quand on appartient au moyen ou au grand clergé, ne sont pas pour rien dans le jeu des conviction, dans la pratique de la censure ou de l’autocensure, ou dans la volonté cynique de manipuler l’opinion. Comme le remarquait déjà Pascal, un avocat bien payé se trouve des talents insoupçonnés. Toutefois, il faut faire la part de la conviction, et même de la certitude la plus bétonnée de se trouver dans le vrai. Un cynique sait qu’il ment, et c’est pour cela qu’il n’est pas entièrement médiocre. Au fond, un traître, qui érige sa tâche à l’état d’art, n’est jamais inintéressant. Il ne faudrait pas croire cependant que nos petits journaleux se hissent à ces sommets. Les « héros » qu’ils donnent à l’imaginaire du bon peuple, et singulièrement aux adolescents revenus des « french doctors » passablement discrédités par Kouchner, sont de cette pâte dont on fait les braves soldats un peu niais. Si l’on fait abstraction des incohérences, des mensonges aisément identifiables de l’épopée de tel ou telle (par exemple Edith Bouvier et William Daniels, rescapés de Bab Amr), il ne sera pas difficile de démêler quelle part de foi, de conviction idéologique, d’aveuglement politique entre dans leur détermination à se rendre sur le terrain. Ne parlons pas de ceux qui, en lieu sûr, colportent les fantaisies d’Observatoires des droits de l’homme ou d’autres officines partisanes, comme si elles étaient paroles d’Evangile. Ces gens-là font leur job de propagandistes, dont l’attirance pour l’Amérique ou Israël est évidente. Quant aux premiers, tout aussi atlantistes par ailleurs, nous remarquons qu’ils risquent leur vie, et que, d’ailleurs, certains ont péri. Les héros rejoignent ainsi la condition des martyrs. Les Che du micro, de la caméra et de l’appareil photo ne peuvent qu’avoir raison, puisqu’ils ont mis leur peau en jeu.

    C’est là une vieille histoire qui, des premiers chrétiens aux fondamentalistes islamistes, prouve seulement une chose, c’est que des hommes peuvent éventuellement se sacrifier. Qu’il entre, dans l’affaire, de la griserie, de l’aventure, le frisson que tout combattant savoure, en un âge si terriblement ennuyeux, on peut en convenir. Mais qu’on n’aille pas dire que le danger garantit la véracité des faits ! A ce compte, combien auront eu raison, qui ont été pourtant désavoués par l’Histoire ?
    Car c’est au fond un phénomène majeur dans l’évolution de la presse, que la prolifération d’un nouveau type de militant, « nouveau chien de garde » (annoncé au demeurant par Albert Londres ou Arthur London). La presse prétendait, dans la société industrielle, informer et former le citoyen. Elle le formatait aussi. Il semblerait que ce seul dessein fût son dernier rôle. Le reporter, devenu personnage de fiction, une sorte de Tintin postmoderne, est beaucoup plus proche, dans sa psychologie et sa manière d’être, d’un membre très engagé des anciens partis fascistes ou communistes. La vérité n’est plus qu’une opinion empreinte de relativité. La fin justifie les moyens, et le but final, la « Raison » régnant sur le globe, accrédite toutes les dérives. La falsification des faits devient alors une espèce de « mentir-vrai », une fiction, la projection d’un fantasme manichéen sur le champ du réel.

    Claude Bourrinet (Voxnr, 8 mars 2012)

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  • Le bûcher des vaniteux...

    Les éditions Albin Michel viennent de publier Le bûcher des vaniteux, un recueil des chroniques radiophoniques qu'Eric Zemmour a écrites au cours de l'année 2011. Une relecture décapante de cette année riche en événements...

     

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    « J’ai tenu, chaque matin, le journal de bord de cette année surprenante, inquiétante, mirobolante. De mon poste d’observation privilégié, j’ai vu brûler les bûchers des vaniteux. Comme au temps de Philippe Le Bel, le petit peuple de Paris, sidéré et vaguement inquiet, regarda brûler celui des Templiers.
    J’y ai même glissé ma petite allumette. Ni vu ni connu. Pas pu m’empêcher. Un réflexe, une mauvaise habitude. Une revanche aussi. Je vous en prie, ne me dénoncez pas. Suis en sursis. »


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  • La Libye, de la « libération » à la somalisation...

    Nous reproduisons ci-dessous un excellent article de Camille Galic, cueilli sur Polémia et consacré à la situation en Libye, où, comme prévu, l'anarchie s'installe...

     

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    La Libye, de la « libération » à la somalisation

    Alors que les turbulences se poursuivent en Egypte et en Tunisie, où l’asphyxie du tourisme et le départ des investisseurs provoquent un chômage sans précédent, le risque (prévisible) de sécession de la Cyrénaïque remet la Libye au premier plan, affolant chancelleries et rédactions.

    Le 8 mars était trompettée une excellente nouvelle : après « trente-trois ans » de total dévouement à un régime qu’il vient de découvrir « criminel », Abdo Hussameddine, vice-ministre syrien du Pétrole, choisissait de « rejoindre la révolution du peuple qui rejette l'injustice » et de reprendre ainsi « le droit chemin ». Cette miraculeuse conversion à la démocratie est aussi une inestimable prise de guerre pour les rebelles syriens réputés, par notre ministre Alain Juppé en particulier, incarner les droits de l’homme.

    Mais cette sensationnelle annonce faisait bientôt place à une autre, beaucoup moins réjouissante pour les zélateurs des « printemps arabes » : l’éventualité de la « dislocation de la Libye », avec la proclamation unilatérale de l'autonomie de l'Est libyen par des dignitaires locaux, chefs de tribu et commandants de milice réunis à Benghazi – deuxième ville du pays et berceau de l'insurrection qui a renversé Muammar Kadhafi – devant des milliers de personnes qui les ont follement applaudis. Moustapha Abdeljalil, président du Conseil national de transition (CNT) au pouvoir, répliquait aussitôt à cette « provocation » par la menace de « recourir à la force » pour mater les « séparatistes ». S’il réprime la rébellion de ces derniers avec la vigueur d’un Bachar al-Assad, quel dilemme pour Nicolas Sarkozy qui, le 1er septembre à l’Elysée, et au nom des « Amis de la Libye » (dont le Britannique David Cameron, l’onusien Ban-Ki-Moon et l’émir du Katar), remettait au même Abdeljalil 15 milliards de dollars pour la « reconstruction de la Libye nouvelle » ! Un mirage exalté par tous les médias.

    Un pays livré à des milices surarmées

    Du coup, c’est l’affolement dans les rédactions. « Libye : l’autonomie de l’Est fait craindre une partition du pays », titrait Le Parisien, « Menace d‘une nouvelle guerre civile », s’inquiétait Libération, « Libérée de Kadhafi, la Libye s’enfonce dans le chaos », constatait avec tristesse Le Nouvel Observateur ; l’AFP évoquait un « risque de somalisation » et Le Point lui-même, où sévit Bernard-Henri Lévy, héraut de la « croisade » contre Kadhafi et tombeur du raïs, admettait par la plume de son correspondant Armin Arefi l’extrême gravité de la situation : « Ce devait être le grand succès international du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Mais la Libye post-Kadhafi semble inexorablement basculer dans l'impasse. L'annonce de l'autonomie de la région de Cyrénaïque a fait l'effet d'une bombe. » Les conséquences en seront d’autant plus graves et plus sanglantes que, depuis la révolution, la Libye souffre d’un « fléau » : « l'abondance d'armes en libre circulation à travers le pays ». Ces armes, fournies notamment par les « officiers de liaison » français envoyés par Paris, avaient été « confiées aux rebelles organisés en milices pour se débarrasser de Muammar Kadhafi ». Las ! Les milices sont désormais « hors de contrôle » et, selon le diplomate français Patrick Haimzadeh cité par l’hebdomadaire de François Pinault, il n'est donc pas exclu que les autonomistes de Benghazi « aillent à l'affrontement avec le gouvernement central, en cas de refus », tant ils sont convaincus que « la révolution a été déviée » et qu’elle leur a été confisquée par Tripoli.

    Conclusion de Armin Arefi : « Si le candidat Nicolas Sarkozy peut se targuer d'avoir évité le bain de sang que promettait Muammar Kadhafi à Benghazi, il semble bien moins se soucier aujourd'hui du sort d'un pays miné par les intérêts personnels et les rivalités, tant régionales que tribales […] Nicolas Sarkozy s'attendait à une guerre pliée en une semaine, car il ne connaissait pas la société libyenne. Or on ne change pas une culture politique en quelques mois. Cette situation va durer au moins dix ans. »

    « Silence médiatique » malgré le tocsin

    Mais qu’importait, sans doute, aux yeux du président-candidat ! « Le temps où les caméras, appareils photo et plumes du monde entier informaient non-stop sur la Libye paraît bien loin. La Libye est retournée au silence médiatique. Les regards se sont tournés vers la révolution suivante, en Syrie », commentait de son côté Gaël Cogné sur France TV Info, grand service de « l’actu en continu » lancé en fanfare le 14 novembre dernier par le géant France Télévisions, avec l’ambition d’être « la première plateforme d'informations en temps réel du service public », alimentée par les multiples rédactions de la télévision d’Etat.

    Evoquant les cent cinquante tribus composant la société libyenne et agitées de violents antagonismes, Gaël Cogné écrit benoîtement que « ces divisions ne sont pas une surprise ».
    Eh bien si, c’en est une, et de taille pour le bon peuple, qui a financé de ses deniers durement gagnés une intervention militaire (au coût exorbitant en ces temps de crise : plus de 350 millions d’euros, estimait L’Express du 28/09/2011) mais dont on lui avait juré qu’elle procurerait un avenir radieux au peuple libyen et, à la France, un marché du siècle : « A ceux qui parlent d’argent, je fais remarquer que c'est aussi un investissement sur l'avenir », avait osé déclarer un mois plus tôt notre inénarrable ministre des Affaires étrangères au quotidien Le Parisien (du 27/8/2011). Un investissement bien compromis par les événements actuels.

    Pourtant, les mises en garde n’avaient pas manqué. Le fils du colonel Kadhafi, Seif Al-Islam, avait prédit dès les premiers temps de l'insurrection que les tensions entre tribus « pourraient causer des guerres civiles ». Une mise en garde avait été lancée d’emblée par Polémia qui, sur son site, avait multiplié les alertes (1) dans des articles où était clairement souligné le risque de « partition » du pays, à partir des travaux de Bernard Lugan. Dès le 13 mars 2011, le célèbre africaniste avait déploré qu’ « en écoutant BHL et non les spécialistes de la région, le président Sarkozy ait involontairement redonné vie au plan Bevin-Sforza rejeté par les Nations unies en 1949 ». Et Lugan d’expliquer : « Ce plan proposait la création de deux Etats, la Tripolitaine, qui dispose aujourd’hui de l’essentiel des réserves gazières, et la Cyrénaïque, qui produit l’essentiel du pétrole. Voilà donc la première étape de ce plan oublié désormais réalisée avec la reconnaissance par la France, suivie par l’UE, du gouvernement insurrectionnel de la Cyrénaïque… Deux Etats existent donc sur les ruines de la défunte Libye : la Cyrénaïque – provisoirement ? – aux mains des insurgés, et la Tripolitaine. C’est à partir de cette donnée qu’il convient d’analyser la situation, tout le reste n’étant une fois encore que stérile bavardage, vaine gesticulation et soumission à la dictature de l’émotionnel. »

    La fidélité de BHL… à Israël

    Mais qui avait écouté Lugan (2) parmi les innombrables « spécialistes » de France Télévisions et des autres médias qui nous affirment aujourd’hui assister « sans surprise » aux déchirements libyens ?

    Le seul qui ait eu alors droit à la parole était M. Lévy, promu par le chef de l’Etat véritable ministre en exercice des Affaires étrangères et de la Guerre (et même des Finances puisqu’il nous fit attribuer en juin dernier une première aide de 290 millions d'euros à ses protégés du Conseil national de transition) alors qu’on sait aujourd’hui qu’il n’agissait nullement au profit de la France. Au contraire. Dans l’affaire de Libye, « J'ai porté en étendard ma fidélité à mon nom et ma fidélité au sionisme et à Israël », devait-il proclamer fièrement le 20 novembre devant le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) qui tenait à Paris sa première convention nationale – voir le « Billet » de Polémia du 22/11/2011. Allez savoir pourquoi, cette brûlante profession de foi (et d’allégeance à un Etat étranger) fut occultée… comme l’avaient été les risques de notre interventionnisme en Libye, et les fruits amers qu’il ne manquerait pas de porter, en commençant par l’éclatement du pays prétendument libéré – avec la vague migratoire et la réaction islamiste que cela ne manquera pas de susciter. Ce n’est du reste pas un hasard si, sans doute informés des intentions des « séparatistes » de Benghazi, les barbus libyens, déjà très influents au sein du CNT, avaient créé le 3 mars le parti Justice et Construction présidé par Mohammed Sawane, représentant des Frères musulmans… et farouchement opposé à l'autonomie de la Cyrénaïque, qu'il considère selon Armin Arefi comme « une première étape avant la scission totale de la région ».

    Une dislocation organisée

    Mais la « dislocation géopolitique mondiale » ne fut-elle pas l’objectif de l'OTAN en Libye, comme le soulignait ici même Xavière Jardez le 9 août 2011 en commentant un rapport du Laboratoire européen d'anticipation politique (LEAP), think-tank monégasque dirigé par Franck Biancheri (3)? L’entreprise était alors menée par Washington, le Katar se chargeant d’une partie du financement et de la mise en scène médiatique, celle de la « libération » de Tripoli par exemple. Or, simple hasard, cet émirat pétrolier serait aujourd’hui très actif auprès des autonomistes de Benghazi.

    Evoquant la campagne de l’OTAN, X. Jardez écrivait : « On demanda à l’opinion publique d’approuver, non de penser. » Et voilà cette opinion frappée de stupéfaction quand elle apprend que le pays qu’on lui avait dit arraché à la tyrannie et à la barbarie risque de connaître l’épouvantable destin de la Somalie, livrée à des factions se livrant une guerre inexpiable et redevenue un repaire des pirates. Ce que furent, soit dit en passant, la côte des Syrtes et celle de la Cyrénaïque pendant des siècles.

    Camille Galic (Polémia, 9 mars 2012)

    Notes

    (1) Voir entre autres les articles sur Polémia

    (2) Une interview par Robert Ménard fut déprogrammée en catastrophe fin décembre dernier par la chaîne itélé car elle n’était pas « dans la ligne » – voir http://www.polemia.com/article.php?id=4408
    (3)
    Opérations militaires de l'OTAN en Libye : accélérateur d'une dislocation géopolitique mondiale ?

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  • L'empire de l'illusion...

    Les éditions Lux viennent de publier en langue française L'empire de l'illusion - La mort de la culture et le triomphe du spectacle, un essai-enquête du journaliste américain Chris Hedges. L'auteur, ancien correspondant de guerre pour le New York Times, prix Pulitzer, est désormais journaliste indépendant.

     

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    "« La culture de l’illusion est une forme de pensée magique grâce à laquelle des prêts hypothécaires sans valeur se transforment en richesse, la destruction de notre assise manufacturière se transforme en possibilité de croissance, l’aliénation et l’anxiété se transforment en conformisme pétulant, et un État qui mène des guerres illégales et administre des colonies pénitentiaires où l’on pratique ouvertement la torture à l’étranger devient la plus grande démocratie du monde. »

    Avec son bonheur de façade et ses émotions fabriquées, la culture de l’illusion étend son emprise sur les États-Unis. D’un salon de l’industrie de la pornographie à Las Vegas aux plateaux de la télé-réalité, en passant par les campus universitaires et les séminaires de développement personnel, Chris Hedges enquête sur les mécanismes qui empêchent de distinguer le réel des faux-semblants et détournent la population des enjeux politiques réels.

    Le portrait qui s’en dégage est terrifiant : régie par les intérêts de la grande entreprise, la culture américaine se meurt aux mains d’un empire qui cherche à tirer un maximum de profit de l’appauvrissement moral, intellectuel et économique de ses sujets."

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  • Vers une Europe héroïque et secrète...

    Nous reproduisons ci-dessous un article de l'essayiste espagnol Javier R. Portella, publié dans la revue Éléments et consacré au livre de Dominique Venner publié à l'Automne 2011, Le Choc de l'Histoire. Javier R. Portella vient de publier un essai  aux éditions David Reinharc intitulé Les esclaves heureux de la liberté.

     

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    Avec Dominique Venner vers une Europe héroïque et secrète

    L’imprévu est de retour, et quel choc pour nos contemporains ! Au cœur de ce basculement historique, Dominique Venner exhume la tradition européenne de la mare folkloriste, niaise et guindée où les réactionnaires l’ont enfoncée pour en faire la condition d’une renaissance. Un essai revigorant.

    Le Choc de l’histoire… Voilà un livre bien choquant par les temps qui courent. Il fait sauter en mille morceaux l’ultime verrou de la modernité : le rejet de l’ancrage historique des Européens qui, devenus des atomes épars, crachent sur leurs ancêtres, oublient leurs descendants et essayent de masquer leur propre mort. Car aussi épars que soient les atomes, ils n’en restent pas moins attachés au temps et à la tradition historique. A une tradition… « non traditionaliste », appelons-là ainsi. Car qu’est ce que finalement la tradition sinon le cœur, déployé dans le temps d’une civilisation : l’ensemble, autrement dit, des spécificités qui, se survivent dans notre inconscient et « constituent, écrit Dominique Venner, (…) notre façon unique d’être (…) devant la vie, la mort, l’amour, l’histoire, le destin ».

    Ainsi faut-il comprendre la tradition. Non pas pour revenir au « bon temps », mais pour que les temps présents deviennent aussi « bons » et beaux, aussi grands et vrais qu’ils pourraient être.

    Grand pourfendeur de la déchéance européenne, Dominique Venner ne tombe pas dans les jérémiades, mais garde une vitalité clairvoyante qui lui fait déceler au cœur de nos misères la possibilité de l’histoire.

    Quel espoir ? Celui qui nous dit que le feu sacré ayant allumé le cœur de l’Europe, aujourd’hui « en état de dormition », finira un jour par être rallumé. Il le sera sous des modalités qui nous sont tout à fait inconnues. Aussi inconnues que les modalités nouvelles l’ont toujours été avant qu’elles ne viennent changer le cours de l’histoire, cette déesse, n’en déplaise aux sieurs Hegel et Marx, qui avance montée sur le char de l’imprévisible et de l’inattendu. Reste la grande question de Lénine : Que faire ? Que faire pour que nos idéaux, toujours restés à l’état théorique, prennent corps un jour dans le réel ? Que faire pour que ce jour, le jour du Grand Soir arrive ?

    Prendre le pouvoir ? N’y songeons plus. Evitons le rêve funeste ? Ou plutôt : gardons le rêve là où se tiennent les rêves et les mythes par lesquels les hommes se dressent debout : telle est la réponse de Venner.

    Où se tiennent les rêves et les mythes fondateurs ? Enfoncés dans le cœur des hommes et incarnés dans la religion et l’art. C’est là qu’ils doivent se tenir, non dans la sphère du politique, poursuit Venner, en s’appuyant sur notre histoire récente, de 1918 à 1945. Telle aura été la grande monstruosité moderne, celle qui débute avec la Révolution française : prétendre porter le souffle d’un sacré dès lors dénaturé dans le domaine du politique, transformer celui-ci en « religion », incarner les grands rêves et idéaux, purs, parfaits et absolus. C’est là plus qu’une erreur, un fourvoiement. « Quand les foules européennes se sont données au rêve communiste ou au rêve fasciste, elles éprouvaient une attente que les religions classique de leur époque ne pouvaient plus étancher. » Car, écrit Venner, « la politique appartient à un ordre qui (…) est celui du pouvoir et de l’action en vue du pouvoir. Elle est le domaine de l’ambition, de la ruse et luttes sans pitié, très rarement celui de l’honneur et de la loyauté. Le cynisme, la fourberie et la dissimulation sont ses règles ». Il en découle qu’ « une religion politique aussi vigoureuse soit-elle, est implicitement condamnée par sa finalité dont l’essence est éphémère et soumise au verdict des résultats ».

    Faut-il en conclure qu’il ne nous reste qu’à rentrer dans notre coquille, qu’à nous enfermer dans une tour d’ivoire ? Nullement ! L’action des hommes dans la cité est non seulement indispensable : elle doit être fortement revigorée. Regagnant l’espace public qui est le sien, la politique doit quitter l’espace privé où l’Etat libéral ce Grand Moloch marchand et prestataires de services, l’a fait tomber.

    Mais comment y parvenir lorsqu’on constate que la sphère politique ne peut ni ne doit être le lieu du salut, de la morale, de la régénération des hommes ?

    Tout simplement en cessant de croire au salut en tant que tel. Il faut certes combattre les grands malheurs qui nous frappent et on a là du pain sur la planche ! Mais avoir aussi la sagesse d’accepter que malheur, opacité et imperfection persistent, inhérents à la nature des hommes et du monde.

    Il faut, autrement dit, envisager la politique, non pas comme le lieu donneur de sens à la vie, mais comme le lieu où se déploie la puissance, le pouvoir, l’imperium qui tient ensemble la vie d’un peuple. Or, puisque dès qu’il entend les mots puissance et pouvoir, l’homme libéral se met à trembler comme une feuille, il faut lui préciser que ce pouvoir loin d’être synonyme de domination doit l’être de liberté. Mais il ne s’agit pas de la liberté vide et nihiliste avec laquelle le libéralisme nous écrase (seuls les objets et l’argent la remplissent). Il s’agit d’une liberté vivante, créatrice, débordante de sens et de contenu. Il s’agit d’une liberté acheminée, comme le voulait le philosophe espagnol Georges Santayana, vers la réalisation d’un grand projet où l’esprit, loin d’être écrasé, vienne à régner en maître.

    Mais quel projet, quel mythe (quel mythème disait Giorgo Locchi), quel grand souffle collectif peut animer le monde dès lors que la politique en est incapable et que la religion a disparu de l’espace public ? Serait-ce peut-être l’art ? Laissons la question ouverte : c’est l’une de celles que ce livre, comme tout grand livre, ne pose pas ouvertement, mais suggère implicitement.

    Posons une autre question. Qui et comment veillera à ce que les « hommes de pouvoir » comme les appelle Venner, ne s’écartent pas de la mission qui leur incombe. Il ne s’agit pas seulement de les contrôler, mais d’insuffler les grandes idées porteuses d’une nouvelle conception du monde. Qui pourrait assumer une telle mission. Seule une nouvelle aristocratie, une aristocratie de l’esprit et non du sang (une aristocratie secrète selon Venner, vouée à devenir publique), serait à même d’entreprendre une telle tâche, jadis impartie à l’aristocratie du sang, censée incarner et défendre les plus hautes valeurs. Un rôle un peu analogue a été joué, au sein de l’Eglise, par ce que Venner appelle son « corps mystique », opposé de façon dialectique aux « hommes de pouvoir ». Composé par « une partie du clergé, les ordres monastiques, certaines congrégations et nombre de théologiens, le « corps mystique » n’a pas cessé d’exercer, écrit-il, une sorte de surveillance conflictuelle sur les hommes de pouvoir au sein de l’Eglise ». C’est pourquoi, conclut Venner, « il n’est pas interdit d’imaginer qu’à l’avenir, dans de nouvelles configurations historiques, un genre nouveau de « corps mystique », militant, se dotant d’institutions durables, ne se dessine en marge de la sphère proprement politique, afin d’être la structure formatrice d’une nouvelle classe dirigeante fondée sur une ferme conscience identitaire et sur l’acceptation volontaire de devoirs plus grands ».

    S’il est évidemment exclu d’en revenir aux institutions sociales et politiques de la Grèce, il nous faut, par contre, nous imprégner du message qu’Homère nous transmet, à savoir « cette contamination d’héroïsme et de beauté » écrit Venner, qui découle d’une vision du monde où le sacré, un sacré immanent, voilà la question, est présent partout. Un sacré où ce sont les dieux, autant dire : « les mystères de la vie », qui nous apportent la seule réponse vaillante à notre angoisse : « Si les  dieux nous ont fait un dur destin, c’est afin que nous soyons plus tard chantés par les hommes à venir » (Iliade, VI, 357-358).

    Javier R. Portella (Eléments n°142, janvier - mars 2012)

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  • Où va la Justice ?...

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    Le numéro de mars 2012 de la revue Le spectacle du monde est en kiosque. 

    Le dossier est consacré aux errances de la Justice. On pourra y lire, notamment, des articles de Gilles Gaetner ("Sarkozy, Président et garde des Sceaux", "Le juge indéboulonnable", "Le casse-tête de la récidive"), de Xavier Prague ("Le poison des affaires", "L'erreur judiciaire, faille de l'Amérique") et de Thomas Renteag ("Les jurés populaires en question"), ainsi qu'un entretien avec Philippe Bilger ("La magistrature est devenue une pétaudière").

    Hors dossier, on pourra aussi lire un entretien avec Christophe Bourseiller ("Nombre d'idées nouvelles ont surgi à la périphérie") et des articles de Michel Marmin ("La Grande Illusion, un émerveillement renouvelé"), d'Olivier Maulin ("Julien Blanc, tout au bout de la nuit") ou de Jérôme Leroy ("Le paradoxe Ben Laden"). Et on retrouvera aussi  les chroniques de Patrice de Plunkett et d'Eric Zemmour.

     

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