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Métapo infos - Page 1548

  • Comment rétablir la sécurité ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un excellent article de Xavier Raufer, cueilli sur le site de Valeurs actuelles, qui expose la nécessité d'une vraie politique contre le crime organisé.

     

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    Comment rétablir la sécurité

    Pour la première fois depuis longtemps, l’homicide régresse en Occident, des États-Unis à l’Europe de l’Ouest. Mais en France comme ailleurs, émerge un phénomène redoutable : la prise de contrôle des zones périurbaines par des bandes criminelles. Leur démantèlement est une priorité politique.

    Si la politique a un sens, toute grande campagne électorale est l’occasion d’un dialogue national sur les sujets clés, dans la perspective du quinquennat à venir. Or jusqu’à présent, les principaux candidats sont peu loquaces sur la sécurité. Certes, crise oblige, l’emploi est devenu, tous les sondages l’attestent, le souci quotidien des Français. Mais comment oublier que 15 millions de Français vivent dans des espaces périurbains où la violence fait désormais partie du paysage ?

    Voyez le sondage (Ifop-Paris Match-Europe 1), publié dans la Croix le 5 décembre dernier. Au printemps 2006, 40 % des sondés estimaient qu’“on ne se sent en sécurité nulle part” ; en 2010, 50 % des personnes interrogées étaient de cet avis ; ils sont aujourd’hui 56 %. L’Europe maintenant. En novembre 2011, la Direction générale de la justice et des affaires intérieures de l’Union européenne publiait un sondage sur la sécurité du continent : le crime organisé est-il un défi croissant pour l’Europe ? 48 % des Français le pensent. Dans ce domaine, la France en fait-elle assez ? Non : 48 %; oui : 39 %.

    Pour la campagne présidentielle la sécurité reste donc un enjeu fort. Peut-il être relevé ? Bien sûr, si l’on pratique le réalisme criminel, comme les États-Unis le font depuis vingt ans, au grand dédain des Diafoirus-sociologues, les nôtres et les leurs. Or, ce qui résulte de ce réalisme criminologique est énorme – on peut même parler ici du glas définitif de la “culture de l’excuse”.

    L’Amérique, le Far West plus Chicago ? C’est désormais une image d’Épinal. Alors que la crise s’installe outre-Atlantique et que ses conséquences sociales deviennent si tragiques que, selon le réputé Pew Research Center de Washington, 66 % des Américains – dont 55 % des sympathisants républicains – croient désormais qu’une “lutte des classes” oppose les riches au peuple, la criminalité s’effondre, notamment dans sa forme fatale, l’homicide. Donc, la misère ne provoque pas le crime, mais l’affaiblit, et ce, de manière significative : les très officiels Centers for Disease Control and Prevention révèlent ainsi en janvier que, pour la première fois depuis quarante-cinq ans, l’homicide n’est plus l’une des quinze causes majeures de mortalité aux États-Unis. En 2010, l’homicide était quinzième et dernier de la liste – le voici remplacé en 2011 par… la pneumonie des vieillards !

    Crime : la dialectique du local et du mondial

    À l’ère de la mondialisation, la question n’est plus seulement de maintenir classiquement l’ordre public dans les quartiers, c’est de frapper à la tête le crime organisé international et les banditismes locaux qui fonctionnent en réseau avec les grands trafics transcontinentaux (êtres humains, stupéfiants, etc.). Selon l’Onu, le marché mondial des stupéfiants, quelque 235 milliards de dollars par an pour la vente en gros (celle qui enrichit les cartels et mafias), est devenu, en effet, le troisième marché au monde, après ceux (licites) du pétrole et des armes de guerre. En 2009 (dernières données disponibles), le “chiffre d’affaires” du crime mondial (organisé ou non) s’est élevé à environ 1 570 milliards d’euros, soit 3,6 % du produit brut mondial (PBM). Là-dessus, l’argent criminel blanchi (donc réinjecté dans l’économie licite) est de 1 200 milliards d’euros, 2,7 % du PBM. Or seulement 1 % environ de cet argent a été mondialement confisqué par les services concernés.

    C’est sur ce sujet d’abord et surtout que les candidats devront répondre par des constats réalistes et des propositions pertinentes. Et ce, d’autant qu’en cette période de rigueur obligatoire, le crime coûte cher. Une étude récente de l’Institut pour la justice (“Que coûte l’insécurité ? ”, avril 2010) a décompté, de juillet 2008 à juin 2009, les coûts directs et indirects de tous les crimes et délits, sauf infractions au code de la route : préjudices financiers et moraux pour les victimes, dépenses publiques et privées de sécurité, etc.). Total pour la France : 115 milliards d’euros (5,6 % du PIB). Pour ce qui relève du crime organisé, la facture annuelle approche les 70 milliards d’euros.

    France : un problème criminel inquiétant, les bandes

    Depuis des années, la France connaît un problème massif de “criminalité de rues” provoquée par des bandes : règlements de comptes, racket, braquages, agressions violentes, cambriolages, incendies volontaires, etc. Or l’entrée dans ces bandes a lieu très jeune : 12 ans, 10 parfois. Chaque année, environ 150 000 mineurs sont poursuivis par le parquet, dont 50 000 d’entre eux seulement sont présentés à un juge des enfants.

    Les violences urbaines et suburbaines affectent surtout 26 départements métropolitains. Au milieu d’une nuée de mineurs “à problème”, les acteurs essentiels de cette criminalité sont des individus jeunes (16-25 ans), agressifs et dangereux, agrégés en “noyaux durs”. Les données disponibles montrent qu’ils sont assez peu nombreux, quelques milliers d’individus pour toute la France.

    Pas plus ? Non, car la criminologie contemporaine a révélé un type criminel hyperactif, le “prédateur violent”, qui, le plus souvent en “meute”, commet une énorme masse d’infractions.

    Des statistiques d’Île-de-France montrent ainsi que 5 % des malfaiteurs commettent la moitié des méfaits ; avant 18 ans, ces criminels en série – qu’une loi pénale naïve et surannée tient encore pour des “enfants” – sont déjà connus pour 50 infractions et plus ! S’agit-il pour autant de “paumés” ? de malheureuses victimes de l’exclusion ? Non : ces “criminels d’habitude” usent d’innombrables pseudos, vivent sous de fausses identités et n’habitent évidemment jamais à l’adresse indiquée sur leurs papiers.

    Or la plupart de ces hyperactifs du crime ont déjà été condamnés – et devraient donc être incarcérés – mais sont en liberté. Environ 80 000 peines de prison exécutoires, dont quelque 7 000 de plus d’un an, sont, de fait, non exécutées par la justice ! Un fait vivement regretté par la préfecture de police de Paris qui arrête parfois des braqueurs condamnés à cinq ans de prison. Libres comme l’air, ils poursuivent paisiblement leur business illicite après avoir déménagé !

    Ces quelques milliers de bandits aguerris sont-ils des inconnus ? Évoluent-ils dans la clandestinité ? Nullement. À domicile, ils sont célèbres, passant leur vie entre le commissariat et le bureau du juge. À force de rédiger des procès-verbaux à leur propos, les brigades anticrimes de banlieue en savent localement la liste par coeur.

    Bandes, prédateurs violents, hyperactifs du crime…

    Justice, travail social, “politique de la ville” : en amont même du travail éducatif, préventif ou répressif, les dysfonctionnements sont graves et les chantiers immenses.

    D’abord, que faut-il réformer ? Un aveu affligeant du ministère de la Justice donne, en creux, la marche à suivre : 80 000 peines de prison, on l’a vu, ne sont pas exécutées, celles prononcées étant pudiquement dites “en attente d’exécution”. Traduisons : par milliers, des bandits sont dans les rues, prêts à voler, voire à tuer. Où cette situation est-elle le pire ? Dans les ressorts de justice les plus populaires que sont Bobigny, Évry, Pontoise, Marseille, Lille, etc.

    D’où la question de la validité de la “politique de la ville” menée à coups de milliards depuis plus de vingt ans. À la fois pharaonique et ruineuse, cette politique, qui a pour seul objet de resocialiser les habitants des “quartiers sensibles” en améliorant leur habitat, leur accès à l’emploi et aux prestations sociales, est parfaitement inopérante en matière criminelle. Elle doit donc être totalement refondée. Sur l’un de ses territoires favoris, la Seine-Saint- Denis, on compte un vol à main armée par jour, week-end inclus. De sorte que plus on s’acharne à gaspiller des milliards, plus on aboutit à créer un paradigme de l’agriculture soviétique : pas moins de chômage ni de misère, et toujours plus de crime.

    Quelles solutions pour demain ?

    D’abord, il faudra élaborer en surplomb une stratégie anticrime proactive, du type de celles adoptées aux États-Unis, en Grande-Bretagne, en Allemagne, et même désormais aux Pays-Bas, c’est-à-dire inspirée d’une conception criminologique réaliste selon laquelle la seule origine réelle et palpable du crime, c’est le criminel lui-même. Partant, quels outils efficaces utiliser ? Le renseignement criminel et l’injonction civile.

    Le renseignement criminel. Ayant pour cibles les gangsters et pour double objectif l’aide à la décision et la procédure judiciaire, il repose sur deux piliers : l’anticipation et l’articulation stratégique entre recherche et analyse.

    On sait ainsi que les criminels hyperactifs, imperméables à tout travail social, récidivent le plus souvent, dès qu’ils sont sortis de réinsertion. Ici, un renseignement criminel ciblé les neutralise efficacement, comme le prouve une expérience menée en 2001 : avant le passage à l’euro et ses multiples convois de billets de banque, la police a précisément ciblé les gangs de braqueurs de fourgons ; elle a anticipé leurs actions, ne les a pas lâchés. Résultat : un braquage de fourgon dans l’année, contre, d’ordinaire, deux par mois ! Faute de renseignement criminel pointu et précoce, la criminalité ne pourra qu’empirer : au plus tôt, l’État doit en savoir le plus possible sur l’activité, les effectifs, les projets et préparatifs des gangs commettant l’essentiel des crimes. Objectif : les surprendre en flagrant délit afin de les mettre pour de bon hors d’état de nuire.

    Une politique qui fait office de dissolvant antibandes

    L’injonction civile. Sous cette anodine appellation technique, voici une arme de destruction massive pour les gangs. Inventée aux États-Unis, désormais pratiquée en Grande-Bretagne, cette injonction prononcée par un juge interdit à des voyous organisés de fréquenter, à partir d’un jour J, certains quartiers et d’y rencontrer leurs comparses. En termes clairs, plus moyen pour le gang de se réunir une fois l’injonction prononcée – et surtout plus dans son fief. Utilisée en conjonction avec le renseignement criminel, cette politique d’injonction est le plus puissant dissolvant antibande jamais mis en oeuvre. Encore faut-il le vouloir et s’en donner les moyens.

    Tout programme électoral sérieux devra donc considérer ces indéniables réalités criminologiques, en gardant à l’esprit ce qui peut advenir si on ne se décide pas à réagir : la prise de contrôle total d’un territoire par des armées criminelles organisées, comme le feraient celles d’un État au sens traditionnel.

    Exagération ? Ce qui se passe aujourd’hui à la frontière américano-mexicaine devrait nous convaincre de prendre le phénomène au sérieux. Pour la première fois dans l’histoire contemporaine, à notre connaissance, l’“armée” purement criminelle des Zetas, mégagang encadré et dirigé par des déserteurs de l’armée et de la police mexicaine, a “libéré” un territoire au nord du Mexique, à la frontière même des États-Unis. Les Zetas y règnent seuls depuis la fin 2010 : tout militaire ou fonctionnaire mexicain y est assassiné, sitôt repéré. Une base criminelle géante, grande comme le Koweït, s’est implantée à quelque deux cents kilomètres de l’agglomération de San Antonio au Texas (2 millions d’habitants). Nous n’en sommes heureusement pas là en France. Mais n’est-ce pas la raison d’être des politiques que d’anticiper les évolutions à partir des ingrédients qui, chez nous, donnent déjà à réfléchir ?

    Xavier Raufer (Valeurs actuelles, 23 février 2012)

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  • La parabole d'Esther...

    Les éditions de la Demi Lune viennent de publier un essai du musicien et romancier Gilad Atzmon, intitulé La parabole d'Esther - Anatomie du Peuple Élu. Cet ouvrage, qui, comme ceux de Norman Finkelstein et Rony Brauman ("L'industrie de l'Holocauste"), de Mearsheimer et Walt ("Le lobby pro-israélien et la politique étrangère américaine") ou de Shlomo Sand ("Comment le peuple juif fut inventé"), devrait ouvrir quelques brèches dans le discours politiquement sur Israël, est préfacé par le scientifique et intellectuel belge, Jean Bricmont.

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    "Qu’est-ce que l’identité juive, et quels en sont les fondements ? À travers cette question, dérangeante, ATZMON nous entraîne dans une réflexion sur les concepts légitimes de judaïsme et de judéité, mais également sur les déviances qui leur sont aujourd’hui associées.

    Dans la lignée des études menées par Shlomo SAND et les nouveaux historiens, cet ouvrage apporte une analyse critique et rigoureuse de la radicalisation de l’identité juive, amorcée au début du XIXe siècle et ayant pour seul fondement l’idéologie anti-goyim.

    Ce livre n’est pas une simple critique acérée du sionisme de plus : l’auteur y dénonce le discours martelé par les politiques israéliennes face à l’Histoire et à ses « vérités », ainsi que l’utilisation du drame de l’Holocauste, relayé par des groupes de pression et un lobbying puissants, dans un but unique : légitimer l’existence d’un État et son héritage tribal.

    Ayant grandi en Israël dans un milieu ultra-sioniste, Gilad ATZMON dénonce aujourd’hui la négation, par la société dont il est issu, de l’existence de ce pays où il est né : la Palestine."


     

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  • Tout le monde réarme, sauf les Européens...

    Nous reproduisons ci-dessous un article d'Alain Frachon, cueilli dans le quotidien Le Monde, qui dresse un constat inquiétant et pose, au final, une question essentielle. On aimerait savoir ce qu'en pensent les candidats à l'élection présidentielle... 

     

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    Tout le monde réarme, sauf les Européens 

    La Russie réarme, à grande vitesse. La Chine pourrait doubler son budget de la défense d'ici à 2015. Les Etats-Unis entendent rester la première puissance militaire mondiale. Un seul continent désarme, comme s'il avait chassé la guerre de son horizon : l'Europe. Est-ce que c'est important ?

    Commençons par l'actualité la plus récente, celle des propos fracassants tenus par Vladimir Poutine au début de la semaine. A quelques jours de l'élection présidentielle du 4 mars, qu'il n'imagine pas perdre, M. Poutine a annoncé le plus gigantesque programme militaire russe depuis la fin de la guerre froide. L'une de ses priorités sera de moderniser et de transformer de fond en comble l'appareil militaire du pays, écrit-il dans le quotidien Rossiyskaya Gazeta.

    L'ennemi principal est désigné : l'Ouest. La plus grande menace qui pèse sur la Russie, celle qui peut rendre obsolète son arsenal de missiles, est le bouclier antimissile américain, poursuit le premier ministre. Ce système de défense antimissile, auquel Washington a proposé à Moscou de participer, est censé protéger l'Europe. Vladimir Poutine ne l'entend pas ainsi. "Nous devons contrer les efforts des Etats-Unis et de l'OTAN en matière de défense antimissile", assure-t-il. Pas question d'accepter l'offre de collaboration des Etats-Unis : "On ne saurait être trop patriotique dans cette affaire", dit l'ancien président ; la réponse de la Russie sera "de tenir en échec le projet américain, y compris sa composante européenne".

    Dans les dix années à venir, M. Poutine prévoit de passer pour 772 milliards de dollars (583 milliards d'euros) de commandes militaires. La liste des courses est éclectique : 400 nouveaux missiles balistiques intercontinentaux ; 2 300 blindés de la dernière génération ; 600 avions de combat ; 8 sous-marins porteurs de missiles nucléaires et 50 bâtiments de surface - sans compter une palanquée de matériels plus légers.

    A l'arrivée, en 2022, le poste défense dans les finances publiques russes représentera de 5 % à 6 % du produit intérieur brut (PIB) du pays.

    La plupart des experts s'accordent sur trois points. L'état de l'armée russe actuelle n'est pas brillant et justifie une politique de modernisation. Mais le programme de M. Poutine n'en est pas moins marqué par quelque chose qui relève de la paranoïa. Enfin, il est à peu près sûr que l'industrie de défense russe est incapable de fournir ce que lui demande le candidat.

    Le deuxième effort militaire le plus notable sur la planète est celui de la Chine. D'ici à 2015, son budget militaire aura doublé, estiment cette semaine les spécialistes de la revue Jane's Defence. Il devrait alors atteindre 238 milliards de dollars (180 milliards d'euros). Cela fait plus de vingt ans que son taux de progression est à deux chiffres.

    Jane's Defence juge que le total des dépenses militaires chinoises se montera à 120 milliards de dollars en 2012, soit plus que le budget militaire combiné des huit premiers membres de l'OTAN, à l'exception des Etats-Unis. Méfiants et très concernés, les Japonais assurent que les Chinois ne donnent pas les vrais chiffres de leurs dépenses militaires. Jane's Defence considère qu'elles ne sont pas disproportionnées : elles représenteraient 2 % du PIB de la deuxième économie mondiale.

    Qui est l'ennemi ? Cette fois encore, les Etats-Unis. Mais les analystes de la politique de défense chinoise disent que Pékin n'a aucunement l'intention d'égaler la puissance militaire américaine. Le premier objectif stratégique des Chinois est de protéger leur environnement maritime, ces 1 800 kilomètres de côtes qui s'étirent de la mer Jaune au nord à la mer de Chine méridionale. Voies d'eau essentielles qui acheminent une énorme partie de l'approvisionnement énergétique et alimentaire du pays.

    La Chine considère que cette zone maritime relève de sa tutelle. C'est là, et pas ailleurs, qu'elle entend afficher sa prépondérance. Les armes qu'elle développe - missiles anti-porte-avions, porte-avions, bombardiers furtifs - n'ont qu'un objectif : chasser les Etats-Unis du Pacifique occidental.

    Les Américains ne vont pas se laisser faire. Au contraire. Ils veulent rester une puissance militaire écrasante - plus de 40 % de l'effort militaire mondial à eux seuls. Avec plus de 700 milliards de dollars, leur budget de défense 2011 est à peine inférieur à ce que M. Poutine veut dépenser d'ici à 2022.

    L'Amérique sort de dix ans de guerre, en Irak et en Afghanistan, avec des résultats mitigés. Lancés par George W. Bush, qui a simultanément diminué les impôts, ces deux conflits ont fait exploser la dette américaine.

    Pour des raisons financières et stratégiques, Barack Obama veut dégager les Etats-Unis de ces engagements prolongés à l'étranger. Il a commencé à réduire le budget de la défense, un peu. L'objectif affiché est de passer en dix ans d'un volume de quelque 700 milliards de dollars annuels à un peu moins de 500. Ce qui devrait assurer aux Etats-Unis une domination militaire incontestée jusqu'au beau milieu du siècle...

    Mais M. Obama réoriente aussi les priorités stratégiques du pays. Il veut contrer le projet chinois : l'Amérique restera, dit-il, une puissance militaire du Pacifique. Elle y renforce ses alliances et en noue de nouvelles. Aucune coupe dans le budget de la défense ne concernera cette région. Le réalignement américain se fait aux dépens de l'Europe.

    Il n'y restera bientôt plus que 30 000 soldats américains, contre 100 000 encore à la fin de la guerre froide.

    L'Europe choisit ce moment précis pour désarmer. Massivement. Elle ne s'estime pas concernée par la course aux armements alentour. Ni par le retrait américain du Vieux Continent ou par les années de turbulences qui s'annoncent au Proche-Orient.

    A l'exception de la France et de la Grande-Bretagne, tous les pays européens taillent dans leur défense. Ils avancent qu'ils modernisent et rationalisent leurs armées. Mais l'argument cache mal la réalité : les Européens désarment. Renonceraient-ils à être l'un des acteurs du siècle ?

    Alain Frachon (Le Monde, 23 février 2012)

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  • Les coups tordus de l'Empire...

    La revue Réfléchir et agir publie dans son dernier numéro (hiver 2012), disponible en kiosque, un excellent dossier sur les coups tordus de l'Empire.

     

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    Au sommaire du dossier :

    Dossier : Les coups tordus de l'Empire

    Qui dirige l'Empire ?

    Le totalitarisme américain

    Les false flags

    Le 11 septembre, un nouveau Pearl Harbor

    La voracité politique des USA

    Les coups tordus de l'Empire

    Les financiers qui mènent le monde : le groupe des 30

    Entretien avec Pierre Jovanovic : « Nous sommes dans une situation pré-révolutionnaire »

    L'Empire écologique

    En dehors du dossier, on pourra aussi lire, notamment, un entretien avec Michel Maffesoli, un hommage au journaliste et romancier Jean Lartéguy, un article de Pierre Gillieth sur le cinéma de Sacha Guitry et de nombreuses notes de lecture. Bref, un bon numéro, qu'il convient de se procurer.

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  • Pour en finir avec la Françamérique !...

    Les éditions Ellipses viennent de publier un court essai de Jean-Philippe Immarigeon, intitulé Pour en finir avec la Françamérique !. Avocat, bon connaisseur des Etats-Unis, Jean-Philippe Immarigeon est l'auteur de plusieurs essais d'une grande lucidité comme American parano (Bourin, 2006), Sarko l'Américain, (Bourin, 2007) ou L'imposture américaine (Bourin, 2009).

     

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    "Coincés entre le mythe d’une civilisation commune et un modèle de puissance idéalisé, les Français s’accrochent au rêve utopique d’une Amérique en charge des affaires du monde. Mais pourquoi maintenir à tout prix un lien essentiellement affectif et ne pas envisager à notre tour notre indépendance, à l’heure où les États-Unis ne sont plus capables de tenir leur rang ?"

    Au sommaire :

    Préface

    1. Du rêve et des rêveurs

    Y’a bon, l’Amérique !

    Du rêve atlantique au virus atlantiste

    2. Bécassine à New York

    BHL et les Indiens

    La nation infalsifiable

    3. Deux siècles et demi de mésalliance

    L’ennemi français dans la construction de l’identité américaine

    Le malentendu Tocqueville

    4. Au pays des grands cowboys dépressifs

    Déprime et dystopie

    De la Tea Party au Tea Party

    5. Désinventer l’Amérique

    Prétendre éclairer le monde à la chandelle

    Unfriends .

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  • Une solidarité européenne à sens unique...

    Nous reproduisons ci-dessous le point de vue de l'économiste dissident Jean-Luc Gréau sur le Mécanisme européen de stabilité. Les propos ont été recueillis par Gil Mihaely pour le site Causeur.

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    Gil Mihaely. Le 21 février, à la demande du gouvernement, l’Assemblée nationale a examiné en procédure d’urgence le projet de loi ratifiant le Mécanisme européen de stabilité (MES), sorte de Fonds monétaire européen. Son rôle : soutenir la stabilité d’un État membre dont les difficultés financières risquent de menacer la zone euro. Est-ce un bon outil pour résoudre les problèmes de la dette en Grèce ainsi qu’au Portugal et en Espagne ?

    Jean-Luc Gréau. Je ferai une double observation préliminaire : pourquoi faut-il sauver les pays que l’euro protégeait et favorisait et sauver en même temps cet euro qui paraissait bâti pour durer des siècles ? Pourquoi les dirigeants européens passent-ils désormais l’essentiel de leur temps en négociations interminables alors que leur présence et leur action sont réclamées par ailleurs (au train où vont les choses, ils seront en conclave européen permanent) ?
    Sur le Mécanisme européen de stabilité, nouvelle mouture du Fonds européen de stabilité financière (FESF), nous devons statuer : pouvons-nous sortir de la faillite grecque, irlandaise, portugaise, voire espagnole en surendettant un peu plus les voisins ? Je crois que c’est un contresens. Il fallait, dès mai 2010, accepter le défaut de paiement de la Grèce et sa sortie de l’euro.
    D’ailleurs, l’efficacité du MES sera mise à l’épreuve dès le 20 mars, jour où le Trésor grec devra lever plus de 14 milliards d’euros pour se refinancer, somme qui équivaut à 110 ou 120 milliards pour un pays comme la France ou l’Italie. Les prêteurs accepteront-ils de souscrire sur la base des garanties accordées par l’Europe ? Peut-être avec l’argent que la Banque Centrale Européenne leur prête à un taux d’1%. Mais ce n’est même pas sûr.
    Dans l’immédiat, la Grèce continue de s’enfoncer. Une entreprise sur quatre a mis la clef sous la porte. La moitié des entreprises restantes n’est pas en mesure de payer ses employés à l’échéance. Les salaires du privé ont baissé de 15% en moyenne, ceux du public de plus de 20%. Une économie de troc a commencé à s’installer, qui ne paie évidemment pas d’impôts. Les Grecs des villes commencent à retourner à la campagne pour exploiter des lopins de terre.

    GM. Le MES n’aura de comptes à rendre ni au Parlement européen ni aux parlements nationaux. Et pour avoir accès aux aides du MES, un État devra avoir accepté toutes les dispositions sur l’austérité budgétaire inclues dans le traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance dans l’Union économique et monétaire (TSCG). La solution à l’actuelle crise de l’euro est-elle d’accélérer l’intégration européenne et de renoncer à la maîtrise de notre budget national ainsi qu’à une part importante de notre souveraineté ?

    JLG. Le lien politique entre le MES et le traité de discipline budgétaire crée un imbroglio. Le traité vaut pour tous, même pour les Etats dont la dette n’a pas encore été menacée, c’est-à-dire que même la France devrait faire approuver son budget national par cette instance. Ce point devrait être, avec l’euro et les institutions européennes, au cœur de la campagne électorale. Son absence démontre la faiblesse des politiques. Peut-on croire un seul instant que François Hollande fera amender le traité ?
    Quant à la « gouvernance » européenne, cette question pose un problème technique : sur quels critères apprécier la situation d’un pays ? Il y a quatre ans, l’Irlande affichait une dette publique de 25% du PIB et un excédent budgétaire. L’Espagne, une dette de 40% du PIB et un excédent budgétaire. Y avait-il de quoi les mettre sous surveillance ? Non, mais le problème se situait ailleurs, dans l’immobilier et le crédit bancaire.

    GM. Cette question n’est pas technique mais éminemment politique… Les élections d’avril, mai et juin gardent-elles encore un quelconque intérêt lorsque quand les questions les plus importantes ne sont pas à l’ordre du jour ?

    JLG. Vous avez raison et j’allais y venir. L’autre face de la question de la gouvernance européenne est évidemment politique : si, effectivement, le nombre d’ambassades, de lycées français à l’étranger, d’avions de chasse de la France doit être fixé à Bruxelles, nous n’avons guère de raison de voter. La Grèce et l’Italie sont aujourd’hui gouvernées par des banquiers nommément désignés pour appliquer des programmes « européens » de redressement de leur pays. La démocratie est au bord du gouffre. J’ajoute un point sur lequel nos politiques et nos journalistes sont muets. La Grèce et l’Irlande se sont proclamées « portes d’entrée de la Chine en Europe » pour attirer les capitaux chinois. Or, nous avons subventionné ces deux chevaux de Troie par le biais des fonds structurels européens puis engagé le crédit de la France, de l’Allemagne et des Pays-Bas (entre autres) pour éviter leur défaut de paiement instantané. Pourquoi la solidarité joue-t-elle dans un sens et pas dans l’autre ?

    Jean-Luc Gréau (Causeur, 23 février 2012)

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