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Métapo infos - Page 1366

  • Dominique Venner, un homme qui a choisi de mourir debout...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Alain de Benoist à Boulevard Voltaire à propos du suicide de Dominique Venner...

     

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    Dominique Venner, un homme qui a choisi de mourir debout

    Vous connaissiez Dominique Venner depuis 1962. Au-delà de la peine ou du chagrin, êtes-vous étonné par son geste ? Se place-t-il dans la logique de sa vie, de son combat politique, même si la politique, il avait arrêté d’en faire depuis longtemps ?

    Dans l’immédiat, je suis surtout empli de dégoût en lisant les commentaires qui me tombent sous les yeux. « Suicide d’un ex-OAS », écrivent les uns, tandis que d’autres parlent d’une « figure de l’extrême droite », d’un « opposant violent au mariage gay » ou d’un « islamophobe ». Sans compter les insultes de Frigide Barjot, qui a révélé le fond de sa nature en crachant sur un cadavre. Ces gens-là ne connaissent rien de Dominique Venner. Ils n’ont jamais lu une ligne de son œuvre (plus de cinquante ouvrages et des centaines d’articles). Ils ignorent même qu’après une jeunesse agitée, qu’il avait évoquée dans l’un de ses plus beaux livres – Le cœur rebelle (1994) -, il avait définitivement rompu avec toute forme d’action politique il y aura bientôt un demi-siècle. Je peux même donner la date exacte, puisque j’étais présent lorsqu’il déclara prendre cette décision : c’était le 2 juillet 1967. À compter de ce jour, Dominique Venner s’était entièrement consacré à l’écriture, d’abord avec des ouvrages sur la chasse et les armes (il était, en ce domaine, un expert reconnu), ensuite avec des travaux d’historien, écrits avec une plume étincelante et dont beaucoup font aujourd’hui autorité. Il était enfin le fondateur de La Nouvelle Revue d’histoire, un bimestriel de haute qualité.

    Je n’ai absolument pas été surpris par son suicide. Je savais depuis longtemps qu’à l’exemple des vieux Romains, et aussi de Cioran, pour ne citer que lui, il admirait la mort volontaire, qu’il y voyait la façon la plus conforme à l’éthique de l’honneur d’en finir avec la vie dans certaines circonstances. Il avait en tête le souvenir de Yukio Mishima, et ce n’est pas un hasard si son prochain livre, à paraître le mois prochain chez Pierre-Guillaume de Roux, s’intitulera Un samouraï d’Occident. On peut dès à présent en mesurer le caractère testamentaire. Je n’ai donc pas été étonné par cette mort exemplaire. Je suis seulement surpris du moment et du lieu.

    Dominique Venner n’avait aucune « phobie ». Il ne cultivait aucun extrémisme. C’était un homme attentif et secret. Au fil des années, le jeune activiste de l’époque de la guerre d’Algérie s’était mué en historien méditatif. Il soulignait volontiers à quel point l’histoire des hommes reste toujours imprévisible et ouverte. Il y voyait motif à ne pas désespérer, car il récusait toute forme de fatalité. Mais il était avant tout un homme de style. Chez les êtres, ce qu’il appréciait le plus était la qualité humaine, laquelle se résumait chez lui à un mot : la tenue. En 2009, il avait consacré à Ernst Jünger un bel essai dans lequel il expliquait que son admiration pour l’auteur de Sur les falaises de marbre tenait d’abord à sa tenue. Dans son univers intérieur, il n’y avait place ni pour les cancans, ni pour la dérision, ni pour les disputes de la politique politicienne qu’il méprisait à juste raison. C’est pour cela qu’il était respecté. Parfois jusqu’à l’excès, il recherchait la tenue, le style, l’équanimité, la hauteur d’âme, la noblesse d’esprit. Ce sont là, malheureusement, des mots dont le sens même échappe sans doute à ceux qui regardent les jeux télévisés et se ruent chez Virgin Megastore pour profiter des soldes…

    Dominique Venner était païen et ne s’en cachait pas. Il aura pourtant choisi une église pour mettre fin à ses jours. Y voyez-vous une contradiction ?

    Je pense qu’il a lui-même répondu à votre question dans la lettre qu’il a laissée derrière lui, en demandant qu’elle soit rendue publique : « Je choisis un lieu hautement symbolique, la cathédrale Notre-Dame de Paris, que je respecte et admire, elle qui fut édifiée par le génie des mes aïeux sur des lieux de culte plus anciens, rappelant nos origines immémoriales. » Lecteur de Sénèque et d’Aristote, Dominique Venner admirait surtout Homère : l’Iliade et l’Odyssée étaient à ses yeux les textes fondateurs d’une tradition européenne qu’il avait reconnue pour sa patrie. Il faut vraiment être Christine Boutin pour s’imaginer qu’il s’est « converti à la dernière seconde » !

    Politiquement, cette mort spectaculaire sera-t-elle utile, tel cet autre sacrifice demeuré célèbre, celui de Jan Palach, en 1969 à Prague, ou celui, plus récent, de ce petit commerçant tunisien ayant en partie déclenché le premier « printemps arabe » ?

    Dominique Venner s’est aussi exprimé sur les raisons de son geste : « Devant des périls immenses, je me sens le devoir d’agir tant que j’en ai encore la force. Je crois nécessaire de me sacrifier pour rompre la léthargie qui nous accable. Alors que tant d’hommes se font les esclaves de leur vie, mon geste incarne une éthique de la volonté. Je me donne la mort pour réveiller les consciences assoupies. » On ne saurait être plus clair. Mais on aurait bien tort de ne pas voir que cette mort volontaire va bien au-delà du contexte limité des débats sur le « Mariage pour tous ». Dominique Venner ne supportait plus, depuis des années, de voir l’Europe sortie de l’histoire, vidée de son énergie, oublieuse d’elle-même. L’Europe, disait-il souvent, est « en dormition ». Il a voulu la réveiller, à la façon d’un Jan Palach en effet, ou en d’autres temps d’un Alain Escoffier. Il a ainsi fait preuve de tenue jusqu’au bout, restant fidèle à l’image qu’il se faisait de ce que doit être l’attitude d’un homme libre. Il a écrit aussi : « J’offre ce qui me reste de vie dans une intention de protestation et de fondation. » Il faut retenir ce mot de fondation, que nous lègue un homme qui a choisi de mourir debout.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 23 mai 2013)


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  • Aller aux « racines du mal » ? ...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Malika Sorel au site Atlantico, à propos des violences commises par les casseurs de banlieue au Trocadéro et sur les Champs-Elysées...

     

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    Casseurs du Trocadéro : Hollande veut aller "aux racines du mal" mais sommes-nous prêts à les regarder en face ?

    Atlantico : Quelles sont ces fameuses "racines du mal" dont parle le président de la République ? De quels renoncements profonds ce mal est-il le produit ?

    Malika Sorel : Au vu de ses premières mesures, je pense que le Président se trompe de diagnostic. Ses mesures ont quasiment toutes déjà été testées par ses prédécesseurs, avec les extraordinaires résultats que les Français ont sous les yeux. Il continue de miser sur la politique de la ville avec le programme de rénovation urbaine qui avait été mis sur pied par Jean-Louis Borloo et qui est un échec cuisant sur le plan de l’intégration. Récemment, en Seine-et-Marne, la présidente du Front national les a rejoint dans la croyance en les miracles de la rénovation urbaine, prônant "la destruction des cités construites dans les années 55 à 70 et leur remplacement par un habitat de taille et d'esthétique traditionnelles", poursuivant avec un "on peut déjà éviter (...) de donner à la Seine-Saint-Denis une architecture traditionnelle de bétonnage, parce qu'en fait, c'est ça le problème". Rappelons que le programme Borloo a coûté la bagatelle de 43 milliards d’euros sur 10 ans. À l’heure où l’on en vient à vouloir priver une partie des familles d’allocations familiales, cela compte. Le Président a aussi ressorti les emplois jeunes de Lionel Jospin, qui n’ont rien donné sur le moyen et le long terme en matière d’employabilité, et dont tout le monde s’accorde aujourd’hui à dire qu’ils comportent de nombreux effets pervers. De toute façon, nous sommes là sur des chiffres minuscules au regard des chiffres actuels du chômage des jeunes, sans compter que chaque année 150 000 élèves sortent du système éducatif sans rien en poche.

    Évoquons à présent les racines du mal. Il y a une racine principale et des racines secondaires. La plus importante, la racine principale, c’est l’ignorance et l’incompétence de très nombreux acteurs politiques sur le sujet de l’immigration-insertion-intégration, et ce depuis maintenant plus de trente ans. J’ai pu le mesurer, toutes ces dernières années, au travers des nombreuses réunions auxquelles j’ai participé. Cela a constitué un véritable choc. Comme tout citoyen, je pensais en effet que l’accession à de hautes responsabilités, que ce soit dans la haute administration ou dans le monde politique, avait rapport avec les compétences détenues sur les dossiers à traiter. Aujourd’hui, j’ai compris que cela n’était pas nécessairement corrélé. Cela continue de me choquer, et même de m’indigner.

    La déferlante de lundi dernier au Trocadéro est en rapport direct avec la question de l’intégration, que les hommes et femmes politiques de tous bords ont instrumentalisé chacun à leur tour. Cette instrumentalisation n’est pas étrangère au fait qu’il a été impossible de traiter les problèmes considérables que cela posait, pose et posera de plus en plus à la France. L’instrumentalisation fait donc aussi partie du mal.

    Comme j’ai maintes fois eu l’occasion de le dire et de l’écrire, l’importance des flux migratoires qui a conduit à la reconstitution des terres culturelles d’origine sur le sol d’accueil a fini par rendre impossible l’intégration des entrants suivants. C’est ce que le Premier ministre Michel Rocard avait déjà pronostiqué en 1990. Que se passe-t-il aujourd’hui ? Nous constatons que l’intégration dans la communauté nationale a échoué pour un nombre conséquent d’enfants de l’immigration, et même que l’insertion au sein de la société – le simple respect des règles du vivre-ensemble – pose problème pour un nombre inquiétant d’entre eux. Or qu’ont fait les gouvernements successifs ? Aucun n’a résolu ce problème des flux. L’immigration familiale est considérable. Elle s’accroît sans cesse par le biais des mariages contractés entre les deux rives de la Méditerranée. Sous le précédent gouvernement, on avait créé de nouvelles portes d’entrée avec le travail en signant des accords avec les pays sources de l’immigration. Aujourd’hui on en rajoute une couche avec le ministre de l’Intérieur qui ouvre de nouvelles portes pour les étudiants et instaure des titres de séjour pluriannuels. Autre racine du mal : dans ce sujet de l’immigration, la dimension culturelle est capitale et on la voit régulièrement ressortir par exemple dans les questions de laïcité. Or elle a été systématiquement négligée alors que Georges Marchais avait insisté sur cette dimension dès 1981.

    Bien sûr, il y a d’autres racines que j’ai déjà eu l’occasion d’évoquer. Je vais en citer quelques unes de nouveau, comme la responsabilité des parents de l’immigration qu’il faudrait engager dans bien des situations et ce, pour le bien de leurs enfants ; l’impunité qui entraîne les incivilités et la violence qui gangrènent le vivre-ensemble ; l’école qui ne parvient plus à jouer son rôle intégrateur – et ce ne sont pas les réformes rachitiques de Vincent Peillon qui risquent de l’y aider, je le regrette vivement car il avait l’intelligence pour agir ; le poison de la repentance qui déprécie la France aux yeux des enfants de l’immigration et les amène à la mépriser puis à la violenter ; l’idéologie de la victimisation qui a fini par convaincre bien des jeunes qu’ils ne réussiraient jamais puisque les Français entraveraient leur réussite – cette victimisation attise leur rage ; la géopolitique avec le retour des crispations religieuses et identitaires…

    Parmi les 36 gardés à vue, il n’y a aucun interdit de stade. Pourtant le soir des évènements les commentateurs se sont focalisés sur les ultras. "Il s'agit d'un problème spécifique au PSG" a même déclaré le président de la République. N’y a-t-il pas une forme d’hypocrisie dans cette présentation des faits ? En quoi ? 

    Malika Sorel : Le président de la République peut bien dire ce qu’il veut, les Français ont vu les images qui ont tourné en boucle, et cela leur suffit pour se faire une idée de la réalité des faits. Heureusement d’ailleurs que des cameramen ont pu tourner avant que les équipes médias ne soient évacuées. On se demande au demeurant qui a donné l’ordre d’évacuation des journalistes. Sommes-nous encore dans une démocratie ? Même sur les théâtres de guerre, il y a des équipes qui filment ! Les tentatives de camouflage, le  déni du réel ne font que renforcer la défiance qui s’est installée dans notre pays. Certes cette défiance, et les études sont là pour en attester, ne date pas d’hier, mais le haut niveau qu’elle atteint désormais commande un autre comportement de la part de la classe politique.

    Au sujet des commentateurs qui se sont focalisés sur les ultras : j’ai eu la chance de tomber ce soir-là sur BFMTV sur une table ronde à laquelle participaient des journalistes sportifs. Les vrais sujets ont de ce fait été d’emblée posés sur la table. Tout dépend donc de qui parle. Les journalistes politiques (radio, télé, presse écrite) sont malheureusement, pour un nombre non négligeable d’entre eux, de connivence avec le personnel politique car ils font partie du même monde. Dans mon dernier livre, j’ai beaucoup abordé le rôle, dangereux pour notre démocratie, joué par les médias. Beaucoup trop de journalistes ont changé de registre et sont devenus des acteurs politiques à part entière. Sur les sujets importants, il faut que les citoyens tirent parti des moyens technologiques que notre époque met à notre disposition pour recouper les informations, croiser les données et ainsi être en mesure de se forger leur propre opinion.

    Ces affrontements témoignent-ils d'un problème plus large en France qui touche à la question de l'intégration ?

    Malika Sorel : Oui, c’est une évidence. Il suffit d’analyser les territoires choisis par Manuel Valls pour en faire des Zones de Sécurité Prioritaires.

    Les affrontements qui ont eu lieu au Trocadéro se sont aussi produits à Lyon, Saint-Étienne, Marseille, certes avec une moindre ampleur. Mais c’est parce que cela s’est produit à Paris, et que Paris est aux yeux du monde la vitrine de la France, que cela a autant marqué les esprits. En gros, tant que cela ne se voit pas trop, on détourne le regard et on laisse faire. L’ennui, c’est que le laxisme conduit toujours à un point de non-retour. C’est le laxisme qui a conduit au sentiment de toute-puissance des voyous. Regardez ce qui se passe à Marseille. Et des élus marseillais ont osé publier récemment un communiqué relayé par la presse dans lequel ils imputaient la situation marseillaise à la pauvreté ! Tous les politiques qui osent justifier la violence et la délinquance devraient être débarqués. Participer à leur donner du pouvoir, c’est collaborer à la mise en danger de notre société. Quand les citoyens comprendront-ils qu’ils ne sont pas neutres et qu’ils ont leur part de responsabilité dans la situation que nous vivons ?

    En quoi peuvent-ils être le reflet d'une certaine crise de l'autorité ?

    Malika Sorel : Je pense avoir répondu à cette question en abordant celle du laxisme et du refus de responsabiliser les parents ; comme si leurs enfants tombaient du ciel ! De manière générale, jusque très récemment nous étions dans une société où ceux qui faisaient preuve d’autorité et assumaient leurs responsabilités managériales n’étaient pas appréciés. Pour être apprécié il fallait toujours faire des sourires, jouer dans le registre de la séduction, dire aux citoyens ce qu’ils souhaitaient entendre. Si les bobos de gauche comme de droite ont tant proliféré et prospéré, c’est qu’ils correspondaient aux attentes de l’époque. Avec la perception d’un certain nombre de tensions, les citoyens éprouvent désormais le besoin de se sentir protégés et renouent de ce fait de plus en plus avec le besoin d’autorité. Ce besoin d’autorité a été mesuré dans de récentes études et enquêtes.

    Les images qui tournaient en boucle sur les chaînes d’infos rappelaient les émeutes de 2005. Peut-on parler d’un choc Paris/banlieue ? Cela signifie-t-il que les violences urbaines s’étendent ? Cela peut-il modifier le regard parfois complaisant des habitants des centres-villes sur les banlieues ?

    Malika Sorel : Vous pointez là une des racines du mal : tant que les citoyens ne sont pas concernés dans leur quotidien, ils vivent et réagissent en égoïstes et non comme des membres d’une communauté nationale. Dès qu’ils sont concernés dans leur vie quotidienne, que ce soit directement ou à travers l'école de leurs enfants, alors oui, leur regard et leurs comportements évoluent, mais c’est souvent trop tard. L’image qui me vient à l’esprit n’est pas celle du choc Paris/banlieue que vous évoquez, mais celle d’un choc bien plus grave qui est celui entre deux systèmes de normes collectives.

    En 1998, après la victoire de l’équipe de France, on avait célébré la France Black/Blanc/Beur. Aujourd’hui, les images de liesse sur les Champs-Élysées ont laissé place à des images de groupes violents dévalisant les cars de touristes. Comment en est-on arrivé là ?

    Malika Sorel : Il faut oublier l’image de 1998. C’était une illusion. À l’époque, les problèmes étaient déjà là. Depuis, ils n’ont fait qu’empirer. Les politiques de l’époque ont voulu s’étourdir avec ces images-clichés et ont refusé d’agir. Ils portent une très lourde responsabilité. Pourtant, la plupart sont encore là dans le paysage politique !!! Il est urgent, si l’on veut sauver notre société, de trouver le moyen de faire en sorte que la politique ne soit plus un métier.

    Malika Sorel (Atlantico, 19 mai 2013)

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  • Léonard de Vinci, l'homme de guerre !...

    Les éditions Alma publient cette semaine Léonard de Vinci, homme de guerre, un essai de Pascal Brioist. Maître de conférence à l'université de Tours, spécialiste de l'histoire culturelle, Pascal Brioist a signé avec Hervé Drevillon et Pierre Serna une passionnante étude consacrée au duel du XVIème au XVIIIème siècle, intituler Croiser le fer (Champ Vallon, 2002).

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    " Proposant ses services à Ludovic le More, duc de Milan, Léonard de Vinci vante en dix points ses talents d'ingénieur : construction de ponts, machines de siège, fortifications, bombardes, chars de combat, catapultes etc. La peinture n'apparaît qu'en fin de liste. Travaillant à partir de sources négligées, souvent inédites, l'historien Pascal Brioist suit la carrière d'un ambitieux qui parcourt l'Italie dans le sillage des chefs de guerre et des politiques.
    Qu'il s'agisse de proposer aux fantassins des armes contre la cavalerie ou de perfectionner la poudre à canon, rien ne semble impossible à l'infatigable ingénieur militaire. Fasciné par César Borgia, il devient l'un de ses indispensables collaborateurs. Autour de Léonard, Pascal Brioist fait revivre la prodigieuse vitalité, la brutalité et les raffinements de la Renaissance italienne. Il montre aussi le traumatisme provoqué chez Léonard par son expérience de la guerre avec ses massacres et ses destructions.
    On est loin du rêveur, écologiste avant la lettre, que certains se sont plu à imaginer. "

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  • Sexes et races : deux réalités !...

    Nous reproduisons ci-dessous un excellent point de vue de Nancy Huston et de Michel Raymond, publié dans le quotidien Le Monde et consacré au refus de l'existence des différences raciales ou sexuelles. Romancière et essayiste franco-canadienne, Nancy Huston a récemment publié Reflets dans un oeil d'homme (Actes sud, 2012), un ouvrage dans lequel elle s'attaquait à l'absurde théorie du genre. Michel Raymond, quant à lui, est directeur de recherches au CNRS et spécialiste de la biologie évolutionniste.

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    Sexes et races, deux réalités

    Sciences humaines et sciences naturelles ne font pas bon ménage. Quand les biologistes s'aventurent dans les domaines de l'anthropologie et de la psychologie, ils extrapolent souvent abusivement des causes matérielles aux conséquences sociales. L'homme fait certes partie de la nature, mais les lois biologiques expliquent-elles tous les comportements ? L'hérédité est certes un facteur puissant, mais comment nier que l'histoire des sociétés comme celle des individus a un impact sur notre identité ? Les analyses sociobiologiques des arts et des cultures, à force de se croire capables de tout expliquer à leur aune, laissent souvent sceptique.

    Du côté des sciences humaines et sociales, c'est moins la boulimie que l'anorexie qui fait des ravages : penseurs et philosophes contemporains semblent avoir adopté pour devise la célèbre formule "Commençons par écarter tous les faits". D'où vient cette cécité volontaire, obstinée, parfois loufoque, vis-à-vis des sciences naturelles ? En grande partie, bien sûr, de la catastrophe qu'a représentée, au XXe siècle, l'interprétation finaliste de la découverte darwinienne, qui a débouché sur l'idéologie nazie et sur sa traduction dans le réel.

    Hitler croyait au déterminisme biologique, Hitler était un salaud, donc le déterminisme biologique n'existe pas : le caractère spécieux du raisonnement saute aux yeux. On aurait pu aussi bien tirer la conclusion inverse à partir des pratiques adoptées en Russie communiste au cours des mêmes années, où l'on envoyait les généticiens dans les camps et idolâtrait l'agronome Trofim Lyssenko (1898-1976), d'après qui l'hérédité était inexistante et la nature des plantes pouvait être modifiée à volonté par les conditions environnementales et les hommes. Malgré ces excès, l'idée que l'intervention volontariste peut être utile n'a pas été pourfendue autant que celle de la pertinence du biologique.

    UNE DIFFÉRENCE BIOLOGIQUE

    Certains domaines sont tout simplement désossés de toute influence biologique ; la thèse qui en résulte n'est pas bien différente d'une mythologie moderne. Ainsi de l'idée selon laquelle toutes les différences non physiologiques entre hommes et femmes seraient construites ("la théorie du genre", introduite depuis peu dans les manuels scolaires français). Dans le monde vivant, mâles et femelles diffèrent toujours biologiquement, y compris pour une partie de leurs comportements, car chaque sexe a une façon spécifique de se reproduire, ainsi chez les gorilles, chimpanzés et bonobos, dont nous sommes les plus proches cousins.

    Quelle force mystérieuse aurait effacé ces différences dans notre espèce à nous ? Les faits, quand on cherche à les connaître, nous montrent que déjà à la naissance – donc avant toute influence sociale – filles et garçons n'ont pas les mêmes comportements. Et comment ne pas reconnaître que le pic d'hormones de la puberté, que partagent les adolescents humains avec les adolescents chimpanzés, a une origine biologique et un effet marqué sur les comportements ? A cela s'ajoute bien évidemment une forte intervention sociale, qui aura le plus souvent tendance à exacerber les différences biologiques.

    Autre exemple : celui des différences entre groupes humains. Il existe une multitude de races de chiens, neuf sous-espèces de girafes, quatre de chimpanzés, quelques variétés de mésanges bleues, une liste impressionnante de sous-espèces de ratons laveurs. Quel que soit le mot employé, il s'agit là de différences génétiques. Et chez Homo sapiens ? La fiction actuellement à la mode nous assène que les différences génétiques entre groupes humains sont proches de zéro, que la notion de race est scientifiquement infondée.

    "AUSSITÔT TAXÉ D'ESSENTIALISME"

    Idée aussi généreuse dans ses intentions politiques que farfelue sur le plan des faits. La diversité de l'espèce humaine est grande : une partie de notre héritage génétique est largement partagée, mais une autre est caractéristique de groupes géographiques. D'ailleurs, il suffit de séquencer le génome d'un inconnu pour savoir d'où proviennent ses ancêtres. Comment nommer ces différences ? Le mot "race" fait peur – il va du reste prochainement disparaître de la Constitution française, on se demande s'il sera suivi par "sexe" –, mais peu importe le terme, il s'agit de ne pas enseigner des inanités.

    Ces mythes modernes ont en commun avec les religions de reposer sur la dénégation tranquille de faits physiques et biologiques avérés et irréfutables. Ils ont aussi en commun avec les religions de nous flatter et nous rassurer sur notre statut "unique", "choisi", "élu" parmi les espèces terriennes : loin de faire partie du règne animal et de la nature, nous assurent-ils, les humains jouiraient d'un statut à part. Les races et les sexes, c'est bon pour les plantes et les animaux. Nous, on est supérieurs ! On décide de notre propre sort !

    Cet orgueil inné de l'humain est particulièrement coriace en France, où il se combine avec la certitude nationale de disposer d'une intelligence exceptionnelle. Ainsi les faits biologiques ont-ils tendance, ici, à être instantanément traduits en concepts philosophiques.

    Si vous affirmez l'existence chez les humains de deux sexes, plutôt que d'un seul ou de toute une kyrielle, vous êtes aussitôt taxé d'"essentialisme". Pourtant, dire que seules les femmes ont un utérus, ou que les hommes ont en moyenne un niveau de testostérone plus élevé qu'elles, ce n'est ni spéculer quant à l'"essence" de l'un ou l'autre sexe, ni promouvoir une idéologie sexiste, ni décréter l'infériorité des femmes par rapport aux hommes, ni recommander que les femmes soient tenues à l'écart de l'armée et les hommes des crèches, c'est énoncer des faits ! Des faits qui, en l'occurrence, ont eu un impact décisif sur l'histoire de l'humanité – son organisation sociale (patriarcat), familiale (mariage, primogéniture), politique (guerre). Nier la différence des sexes, c'est s'interdire toute possibilité de comprendre, donc d'avancer.

    L'IDENTITÉ, RÉSULTAT DE NOS INTERACTIONS

    De même, affirmer que Homo sapiens, à partir d'une même souche africaine voici soixante-dix mille à cent mille années, a évolué de façon relativement autonome dans différentes parties du globe et s'est peu à peu diversifié en sous-espèces, ou variétés, ou – pardon ! – races différentes, ce n'est pas une opinion, encore moins un décret politique, c'est une simple réalité. Elle n'implique aucun jugement de valeur ; la génétique moderne se contente de décrire.

    Le racisme hitlérien, scientifiquement aberrant, s'enracinait – comme toutes les autres formes de racisme – dans des convictions autrement anciennes et tribales.

    Notre identité biologique est elle-même le résultat, non seulement de l'hérédité, mais aussi de l'interaction avec le milieu dans lequel nous vivons. Depuis des millénaires, les populations humaines se sont adaptées au terrain, au climat et aux conditions de vie extrêmement variables d'une partie du globe à l'autre. Aujourd'hui, les différentes populations humaines n'ont ni la même pilosité, ni la même couleur de la peau, ni les mêmes maladies et systèmes de défense contre celles-ci.

    Les médecins savent qu'il existe une variation dans la réponse aux médicaments – les psychotropes par exemple – selon le groupe auquel appartient le malade. Les Inuits sont adaptés au froid, tout comme les sherpas de l'Himalaya sont adaptés à la vie en altitude. Même si des traits culturels interviennent également, ces adaptations sont génétiques.

    DÉPASSER UNE CÉCITÉ RÉCIPROQUE

    L'évolution ne s'arrête jamais. Ces différents groupes humains donneront-ils à l'avenir de véritables espèces ne pouvant plus se croiser ? C'est une possibilité, assez banale dans l'histoire des mammifères et plusieurs fois observée dans notre lignée évolutive récente. A l'inverse, si les reproductions entre les groupes actuels deviennent très fréquentes, cela pourrait homogénéiser l'ensemble. On en est bien loin, même aux Etats-Unis. A l'heure actuelle, donc, les groupes humains génétiquement différenciés existent.

    Soulignons au passage que la différence des sexes est d'une autre nature que celle-là, car les sexes ne se métissent pas : en croisant un mâle et une femelle, on n'obtient ni un hermaphrodite ni une transsexuelle mais, dans la quasi-totalité des cas, un mâle ou une femelle. La connaissance du vivant n'a pas à se soumettre au choix politique entre droite conservatrice, qui exagère toujours le poids du donné, et gauche révolutionnaire, qui croit tout transformable. Il est temps de passer outre ces réponses simplistes à des questions infiniment difficiles, car si nous continuons à ignorer et à maltraiter le monde, nous risquons de compromettre nos chances de survie. L'antagonisme entre nature et culture est intenable. L'être humain est un animal pas comme les autres : pas facile d'accepter vraiment les deux parties de cette phrase en même temps !

    Comme l'on ne disposera jamais d'un discours unique, capable de rendre compte de sa complexité, au lieu de se cantonner dans le sectarisme et le dogmatisme qui conduisent à la cécité réciproque, nous avons tout intérêt à partager nos différents savoirs. Ceux d'entre nous qui gagnent leur vie par la pensée devraient donner l'exemple en matière de modestie et de curiosité.

    Nancy Huston et Michel Raymond (Le Monde, 19-20 mai 2013)

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  • L'appel de l'Eurasie...

    Les éditions Avatar viennent de publier L'appel de l'Eurasie, un livre d'entretien entre Alexandre Douguine et Alain de Benoist. Théoricien russe du néo-eurasisme et géopolitologue influent, Alexandre Douguine a vu un de ses essais La quatrième théorie politique récemment publié en France aux éditions Ars magna.

    Ce livre sera disponible à la vente à l'occasion de la conférence sur le thème de La voie eurasiste, qui se déroulera le 25 mai à Paris en présence d'Alexandre Douguine et d'Alain de Benoist.

     

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    " « Ce qui frappera sans doute le plus le lecteur français à la lecture de ce livre, c’est l’originalité profonde des idées eurasistes. Sur certains points, elles recoupent des notions ou des réflexions qui peuvent nous être familières, mais sur quantité d’autres elles font appel à des schémas qui nous paraissent inédits, car elles s’appuient sur des problématiques auxquelles nous ne sommes pas habitués. C’est la raison pour laquelle toutes les interprétations que l’on a pu faire de l’eurasisme tombent dans la propagande réductrice dès l’instant qu’on cherche à le ramener à autre chose qu’à lui-même. »

    Dans le sillage de cet extrait de la préface d’Alain de Benoist, le lecteur trouvera matière considérable pour appréhender les multiples facettes d’une véritable Weltanschauung, riche et foisonnante, parfois déconcertante, en se plongeant dans cette dense et captivante conversation, au cours de laquelle la figure de proue du néo-eurasisme, Alexandre Douguine et son interlocuteur français, rivalisent de dextérité et d’érudition.

    Celle-ci est augmentée, pour cette nouvelle édition revue et corrigée, de plusieurs textes rédigés par le théoricien russe, comme « Mission eurasienne », « La bataille pour l’Ukraine », « L’unipolarité est mauvaise » ou « Le projet de la Grande Europe ». "

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  • Que des ennemis à droite ?...

    Nous reproduisons ci-dessous une excellente mise au point de Xavier Eman, cueillie sur Zentropa et consacré à la "stratégie" d'union des droites...

     

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    Que des ennemis à droite !

    Enfant bâtard de l’actuelle mobilisation contre le « mariage pour tous »: le serpent de mer de « l’union des droites » est à nouveau sur beaucoup de lèvres et dans non moins d’esprits.

    Alors que le clivage gauche/droite semblait avoir définitivement démontré son inanité et que de véritables recompositions pouvaient être espérées autour des vraies césures fondamentales que sont libéralisme/socalisme et localisme/mondialisme, l’actualité à offert une occasion inespérée de ragaillardir la tartufferie éculée en une nouvelle crispation partisane autour de sujets sociétaux certes non négligeables mais qui ne doivent pas faire perdre de vue l’essentiel. Las! Les prurits droitards refleurissent comme boutons d’acné sur un visage d’adolescent. Chassez le naturel, il revient au galop. Au nom de la « stratégie » et de l’opportunité du moment, on glisse des montagnes du Chiapas aux arrières-boutiques de l’UMP… quelle dégringolade! C’est la grenouille qui croit qu’elle va manipuler le boeuf. Les sirènes des alliances locales, voir nationales, le fumet des postes et des prébendes, même bien modestes, font frétiller les sens et peuvent troubler les consciences…

    Une fois de plus la jeunesse patriote et rebelle semble sur le point de se faire berner, enfermer dans des calculs à courte vue et des tactiques qui ont pourtant déjà démontré maintes fois, notamment en Italie, qu’elles ne menaient qu’au fiasco, à la trahison et à l’infamie. Et ce piège nous y tomberons encore et encore tant que nous n’aurons pas compris, intégrés, admis, affirmés et réaffirmés que nous ne sommes pas de droite. Nous, jeunes et moins jeunes patriotes, identitaires, solidaristes, fascistes n’avons rien de plus ni de moins en commun avec la pseudo opposition de droite qu’avec la majorité de gauche. Hollande n’est pas notre président mais Sarkozy ne l’était pas non plus et Copé le serait encore moins, si tant est que cela soit possible. Nous ne devons et pouvons pas admettre des assimilations voire des coopérations avec les fossoyeurs de la nation, les domestiques des Etats-Unis et de la finance internationale, les fourriers de l’immigration et les chantres du libéralisme, c’est à dire de la mondialisation.

    Contrairement aux moutons et aux veaux, nous n’avons pas la mémoire courte! Le regroupement familial, l’IVG, l’imposition du Traité européen pourtant rejeté par référendum (déni de démocratie d’une autre ampleur que le mariage pour tous!), la réintégration de l’Otan, la guerre en Libye, le boom de la vidéosurveillance, la loi Hadopi, le travail du dimanche (Où était les sourcilleux catholiques d’aujourd’hui?), la suppression de la dite « double peine », la création de la Halde… tout cela, nous savons à qui nous le devons!

    De Christine Lagarde, glissant d’un ministère où elle rédigeait ses notes de service en anglais au fauteuil de présidente du FMI, à Claude Goasguen prolongeant son engagement à Occident au sein de l’association France-Israël en passant par Boutin la tartuffe et ses missions sarkozystes à 9000 euros par mois, Guéant et ses mallettes de pognon, Parisot et sa morgue, Peltier le minot serial-arriviste, tous ces sinistres pantins sont l’antithèse de ce que nous sommes, de ce en quoi nous croyons et de ce que nous espérons pour notre peuple et notre civilisation! Il faut le dire et le marteler: nous n’avons que des ennemis à droite!

    Xavier Eman (Zentropa, 15 mai 2013)

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