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Métapo infos - Page 123

  • Paul-François Paoli : « L’angoisse des Corses est quasiment d’ordre anthropologique »

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par le journaliste et essayiste Paul-François Paoli au site de la revue Conflits à l'occasion de la sortie de son livre intitulé Une histoire de la Corse française (Tallandier, 2023).

     

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    « L’angoisse des Corses est quasiment d’ordre anthropologique ». Entretien avec Paul-François Paoli

    Pourquoi avoir écrit une nouvelle histoire de la Corse ? Les ouvrages ne manquent pourtant pas sur le sujet.

    Il y a en effet d’excellentes histoires de la Corse à notre disposition, que je cite d’ailleurs abondamment dans mon essai : celles de Michel Vergé-Franceschi, d’Olivier Jehasse et Jean-Marie Arrighi ou encore de Robert Colonna d’Istria pour ne citer que les plus récentes. Mais celle-ci a deux spécificités : tout d’abord, il s’agit de l’histoire de la Corse française essentiellement. C’est-à-dire une histoire de la relation entre la Corse et la France, relation qui commence bien avant le Traité de Versailles (1768). Et c’est une histoire parfaitement subjective au sens où je ne prétends pas effectuer un travail d’historien qui revient aux sources. Je ne suis pas universitaire, mais journaliste et écrivain. Je me suis fondé sur les travaux des historiens reconnus, notamment ceux que je viens de vous citer, pour écrire un essai qui tente de comprendre, dans la durée, la relation paradoxale entre la France et la Corse.

    Pourquoi paradoxale ?

    Paradoxale parce que la Corse, en toute logique, aurait dû être italienne, du fait de sa proximité géographique, ethnique et linguistique avec les peuples italiens qui lui sont si proches. Or elle a choisi, au fil du temps, de devenir française. Une des spécificités de mon essai est d’insister sur le fait que l’attraction pour ce que représentait la France, sa puissance et donc le prestige qui en découle, a commencé bien avant le siècle des Lumières. La France monarchique du XVIe siècle, celle de François Ier et d’Henri II semble exercer une authentique fascination sur des mercenaires comme Sampiero Corso. Celui-ci a un but : délivrer la Corse du joug génois et il considère que la France peut y concourir. Mais ce n’est pas un nationaliste avant l’heure. Le nationalisme au sens moderne et démocratique n’a aucun sens à cette époque. La “fidélité” de Sampiero Corso va au Roi de France et à sa personne. Les historiens semblent d’accord sur ce point. Quand Henri II renonce à intégrer la Corse à la monarchie lors du Traité de Cateau-Cambrésis, ce renoncement est vécu en Corse comme un parjure, c’est d’ailleurs ainsi que l’historien Michelet décrit la situation dans son Histoire de France

    Vous vous inscrivez en faux par rapport au récit nationaliste. Pourquoi celui-ci est-il biaisé selon vous?

    Il est biaisé car anachronique et a-historique. Les nationalistes ont interprété la relation entre la France et la Corse sous l’angle d’un anticolonialisme qui n’a pas le moindre sens quand se noue la relation entre la France et la Corse au XVIe siècle. Ils ont greffé sur l’histoire de la Corse un logiciel inadapté. Le colonialisme est une idéologie du XIXe siècle. Et c’est, en outre, une idéologie progressiste inhérente au projet républicain puisqu’il s’agit de dispenser les Lumières de la Science et de la Raison aux peuples arriérés.

    Une disparité inégalitaire flagrante existe évidemment au XVIIIe siècle entre la France, qui se perçoit comme une nation très civilisée et une Corse perçue comme sauvage. Mais la relation qui se noue durant le Traité de Versailles, si elle est de nature impériale et dominatrice, comment en serait-il autrement entre le pays le plus puissant d’Europe et une île de 150 000 habitants, ne procède pas du colonialisme. La France de Louis XV veut empêcher la Corse de tomber dans la nacelle de l’Angleterre, pour des raisons stratégiques. Mais c’est aussi une politique de séduction, notamment à l’endroit des élites corses, on le voit avec l’action du marquis de Cursay qui, à Bastia, va restaurer l’Académia dei vagabondi, association de poètes et d’écrivains corses et italiens. Les Français sont intrigués par les Corses, ils ne les méprisent nullement. La relation qui se noue n’a rien à voir avec un certain paternalisme parfois raciste qui sera inhérent au colonialisme.

    Au-delà des clivages idéologiques, les Corses semblent avoir des aspirations communes. Quelles sont-elles selon vous ?

    L’aspiration essentielle des Corses aujourd’hui, toutes tendances confondues, est d’ordre écologique au sens large du terme. Les Corses veulent préserver leur cadre de vie, d’où les réactions parfois épidermiques face à l’afflux massif de touristes. J’habite dans le Cap corse et il est étonnant de voir soudain les routes du Cap complètement saturées, à partir du mois de mai, par des troupes de motards dont la conduite est parfois dangereuse.

    La Corse est l’île la moins peuplée de la Méditerranée, à peine 360 000 habitants, et elle est soudain submergée par une masse humaine. Il n’est pas question de traiter ceux qui viennent en Corse comme des envahisseurs, mais tout est question de proportion. Vous connaissez peut-être la fameuse phrase de Proust: « le meilleur moment de la soirée c’est quand les invités s’en vont ». On peut l’appliquer à la Corse. Les insulaires que nous sommes ressentons un certain soulagement quand, à partir du mois d’octobre, l’Île retrouve cette tranquillité qui la rend d’ailleurs si attractive, ce qui constitue en quelque sorte un cercle vicieux.

    La deuxième grande aspiration des Corses relève de l’identité. Les Corses ne désirent pas être mondialisés, c’est quelque chose que je ressens fortement. Les revendications sur la langue ou sur l’autonomie sont souvent des alibis idéologiques qui cachent la forêt. Nous sommes peu nombreux, même en comptant les Corses de la diaspora, et comme tous les petits groupes humains nous avons la hantise de la dilution et de l’insignifiance. L’angoisse des Corses est quasiment d’ordre anthropologique. Les Corses insulaires ne veulent pas se fondre dans une masse indifférenciée, aussi bariolée soit-elle.

    Et c’est ici que les nationalistes ont, paradoxalement, fait fausse route. Un certain nombre d’entre eux commencent d’ailleurs à s’en apercevoir. Ce n’est pas la France qui menace l’intégrité de la Corse, c’est la mondialisation qui transforme les peuples en troupeaux de consommateurs hagards et déracinés. La France et la Corse sont, là encore, confrontées aux mêmes problèmes.

    Existe-t-il des fléaux propres à la Corse ?

    Le fléau essentiel aujourd’hui est la criminalité mafieuse. Cette notion de mafia a longtemps été contestée concernant la Corse. Elle est aujourd’hui pleinement admise. Ce n’est pas un fléau spécifique, bien évidemment. Comparativement à Marseille, la Corse reste une région assez tranquille, même si le niveau de criminalité est élevé. Les Corses ont encore les moyens d’endiguer ou de limiter le phénomène, notamment en se mobilisant contre le trafic de drogue, comme ils l’ont fait cet été dans une cité d’Ajaccio.

    Vous écrivez que la Corse est à la croisée des chemins, qu’entendez-vous par là ?

    Les nationalistes au pouvoir depuis 2015 ont emmené la Corse dans une impasse idéologique dont ils ne savent comment sortir. Ils ont diffusé un fort sentiment francophobe dans la jeunesse et demandent maintenant la reconnaissance du “peuple corse” dans le cadre constitutionnel français.

    De deux choses l’une : ou la Corse a été colonisée ou elle ne l’a pas été. Il n’existe pas de peuple colonisé qui n’ait, tôt ou tard, accédé à l’indépendance, une indépendance dont les nationalistes ne veulent pas, quoi qu’ils prétendent. Ils sont donc dans une situation étonnante, un peu à la manière d’un enfant qui demande un jouet et qui ne veut pas s’en servir quand on est prêt à le lui donner.

    Ce que veulent les nationalistes, c’est le pouvoir sans la responsabilité régalienne. Ils ont confondu l’aspiration légitime à l’identité et la sécession avec la France. L’identité corse peut-elle être reconnue dans le cadre français ? Il semble bien que oui. La Bretagne n’est pas autonome politiquement et son identité culturelle est pleinement admise, que je sache. Les Bretons peuvent parler le breton et l’écrire et s’ils ne le font pas c’est qu’ils n’en ressentent pas le besoin. On ne peut quand même pas les y forcer ! On peut être breton et ne pas parler breton. Chacun sent qu’en Bretagne on est dans un pays qui a sa personnalité. Et cela n’empêche pas la Bretagne d’être française.

    On peut donc être Corse et Français, de même que l’on peut être Breton et Français. Les Bretons ne revendiquent pas le statut de peuple au sens juridique et politique du terme. Ils forment néanmoins une communauté singulière. Car quand on revendique la notion de peuple au sens politique, c’est de nation qu’il faut parler. Peuple est une notion très vague. Le mot peut indiquer aussi bien un statut social qu’un groupe ethnique. Les nationalistes corses sont dans l’incapacité de définir très précisément ce qu’ils appellent le “peuple corse”. Le peuple corse inclut-il les non-Corses qui vivent dans l’île ? Ceux-ci sont-ils des Corses en devenir ? Et que deviennent les Corses de la diaspora dans le cadre d’une Corse autonome ? Le Corse que je suis, dont la famille est présente depuis le XVIIIe siècle au moins, appartient-il à deux peuples ? Le peuple français et le peuple corse ?

    Nous sommes dans un imbroglio juridico-politique. Ce qu’il faut, c’est clarifier les choses. On est Corse ou on ne l’est pas. Et l’on peut avoir appris des rudiments de Corse à l’école sans être Corse pour autant. Être Corse, comme être Breton, Picard ou Aveyronnais relève de la généalogie, pas d’un choix subjectif. Ce n’est pas parce que j’ai une passion pour le Japon que je suis Japonais. Les idées fausses sont toujours dangereuses à terme. Je pense qu’un référendum pourrait clarifier les choses. Les Corses savent-ils au juste ce qu’ils veulent devenir ? Il faudrait peut-être le leur demander.

    Paul-François Paoli, propos recueillis par Antoine-Baptiste Filippi (Conflits, 19 octobre 2023)

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  • Maurice Barrès : sur la ligne de crête...

    Le quarante-troisième numéro de la revue Livr'arbitres, dirigée par Patrick Wagner et Xavier Eman, est en vente, avec un premier dossier consacré aux relations entre littérature et gastronomie, un deuxième aux écrivains d'Alsace et de Lorraine et un troisième à Maurice Barrès...

    La revue peut être commandée sur son site :  Livr'arbitre, la revue du pays réel.

     

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    Au sommaire de ce numéro :

    Éditorial

    Plaisirs solittéraires

    Coups de cœur

    Pierre Michon

    Richard Millet

    Rémi Mosca

    David Happe

    Bernard Rio

    Coup de projecteur

    Thomas Morales

    Pierre Gripari

    Portrait

    Stijn Streuvels

    Pierre Drieu la Rochelle

    Dossiers

    Littérature et gastronomie

    Écrivains d'Alsace et de Lorraine

    Entretien

    Nicolas d'Estienne d'Orves

    Eric Naulleau

    Romaric Sangars

    Jean-Philippe Trottier

    Domaine étranger

    Henry David Thoreau

    Paul Wenz

    Polar

    Alexis Legayet

    Philippe Randa

    Aristide Leucate

    Histoire - Panorama

    Sollers et le C.I.E.L.

    A.D.G. en Nouvelle-Calédonie

    Jean-Claude Zylberstein, le passeur

    Essai

    Yannick Gomez

    Rémi Soulié

    In Memoriam

    Maurice Barrès

    Carrefour de la poésie

    Michel de Ghelderode

    Peinture en prose

    Edgardo Franzosini

    Roger Arthur Régis D.

    Littérature jeunesse

    Exposition Alain d'Orange

    Jean-Philippe Rouillier

    Bande-dessinée

    Le Meilleur des mondes

    Nouvelle

    La souche

     

     

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  • Vers la biocivilisation !...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un entretien donné récemment par Julien Rochedy à Livre noir pour évoquer son nouvel essai intitulé Surhommes et sous-hommes - Valeur et destin de l'homme (Hétairie, 2023).

    Publiciste et essayiste, Julien Rochedy, qui est une figure montante de la mouvance conservatrice et identitaire, a déjà publié plusieurs essais dont Nietzsche l'actuelL'amour et la guerre - Répondre au féminisme et Philosophie de droite.

     

                                            

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  • Feu sur la désinformation... (439)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un numéro de l'émission I-Média sur TV libertés consacrée au décryptage des médias et animée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, et Floriane Jeannin

     

                                             

    Sommaire:

    L’image de la semaine : Frappe sur l’hôpital Al-Ahli

    Le dossier : Des attentats qui sèment la terreur

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    Les pastilles de l’info :

    “Goys” et “interprète juive” : bourdes en direct

    BFMTV et Laurent Ruquier à la peine

    Radio France interpellé par Caroline Parmentier

    Le cas Obono chez LFI

    Bonne Soeur placage : panique sur les écolos gauchos

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    Conclusion Portrait piquant : Cyril Hanouna, un animateur entre vedette et vendetta

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  • Tour d'horizon... (250)

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    Au sommaire :

    - sur Geopragma, un texte de Vladislav Sourkov, l'homme qui a inspiré Giuliano da Empoli pour son roman Le mage du Kremlin...

    La naissance du Nord

     

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    - sur le site Nonfiction, un  entretien avec l'historien Julien Peltier après la publication de son livre L'autre histoire des samouraïs (Perrin, 2023)...

    Les samouraïs, cultures mondiales d’un guerrier japonais

     

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  • Lorsque tous trahiront...

    Les éditions de La Manufacture des Livres viennent de publier un roman de Pierre Olivier intitulé Lorsque tous trahiront. Celui-ci s'est vu délivrer le premier Prix du roman d'espionnage.

     

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    " Février 1945. Dans les petites villes autour de Sigmaringen, les Français partisans du régime nazi se rassemblent. Miliciens en déroute, collabos en exil, chacun essaie de faire les bonnes alliances pour tirer son épingle du jeu et éviter les tribunaux militaires. 
    Sur une route de campagne, Jacques Doriot, un des chefs collaborationnistes réfugiés en Allemagne, est tué dans le mitraillage de sa voiture par un avion non identifié. La présence sur les lieux du drame d’un officier des services de renseignement nazis sème le doute. Et si le «Grand Jacques» avait été victime d’un complot, liquidé par ses amis ?
    Un jeune lieutenant se trouve être l’un des premiers témoins de l’affaire et va être chargé de comprendre qui avait intérêt à cette mort. Mais dans cette période trouble, encore faut-il savoir à qui se fier et débusquer les traitres. "

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