Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

élites - Page 5

  • Pourquoi les décideurs occidentaux sont majoritairement immigrationnistes ?...

    Nous reproduisons ici un point de vue cueilli sur le site Rage et consacré à l'appétence des décideurs occidentaux pour l'immigration.

    On rappellera que Rage est un magazine en ligne explorant toutes les formes prises par l’imaginaire européen et ses projections, esthétiques, culturelles et scientifiques, passées ou à venir, qui mérite tout particulièrement d'être suivi.

     

    ONU_Marrakech.png

    Pourquoi les décideurs occidentaux sont majoritairement immigrationnistes ?

    Alors que les sondages montrent que les citoyens occidentaux s’opposent massivement à l’immigration, les décideurs soutiennent résolument le phénomène. Financement des ONG complices des passeurs, dépense à fonds perdus dans les journaux immigrationistes, diffusion de fictions et de documentaires pro immigration à la télévision et au cinéma, les électeurs sont littéralement matraqués par la propagande du vivre ensemble. En réaction, nombreux sont ceux qui crient au complot, cherchant les raisons de cette étrange lubie partout sauf là où elles se trouvent.

    Les arguments moraux immigrationnistes ne sont qu’une façade

    Le pivot central des thèses conspirationnistes est la volonté présumée de l’aristocratie de remplacer les Occidentaux par un mélange instable de peuples extra-européens. Ce remplacement serait motivé, entre autre, par une volonté de laver les pêchés passés des blancs, de la colonisation (œuvre civilisatrice de la gauche) à la Shoah en passant par l’esclavage.

    Bien que ce délire d’auto-détestation soit au centre des discours des SJW [Social justice warrior] et autres indigénistes, il ne faut pas confondre éléments de langages utilisés par les petits mercenaires de la cause et les déterminants de fond. Si les promoteurs de l’immigration avaient une vraie empathie pour les habitants des pays pauvres, ils adopteraient une approche utilitariste, cherchant à maximiser l’aide concrètement apportés aux pauvres étrangers avec les moyens limités dont ils disposent. Or ce n’est absolument pas leur démarche.

    L’immigration, une action humanitaire particulièrement inefficace

    Les arguments humanitaires en faveur de l’immigration sont absurdes, le cas de l’accueil des mineurs isolés l’illustre parfaitement. La prise en charge d’un seul de ces « enfants » coute 50k€ par an au contribuable, ce chiffre méconnu est tout simplement indécent. Si des âmes charitables désiraient vraiment aider les enfants des rues africains, ils adopteraient l’approche la plus efficace au plan économique et social. L’installation d’établissements en Afrique pourrait, à budget égal, décupler le nombre d’enfants abandonnés bénéficiant d’une alimentation, de soin et d’une éducation de qualité.

    La crise des migrants de 2015 fut une autre occasion de dévoiler la mauvaise foi des immigrationnistes. L’argument des « réfugiés qui fuient la guerre » fut répété ad nauseam.  L’absolue nécessité de déporter en Europe des gens parfaitement en sécurité en Turquie, Jordanie et Liban est incompréhensible. Les fonds et l’énergie humaine mobilisés pour tenter d’insérer ces masses musulmanes dans une civilisation totalement différente de la leur seraient bien plus utile pour reconstruire leurs pays.

    L’émigration brise les pays pauvres

    L’émigration n’est pas forcément une bonne affaire pour les pays pauvres. Les premiers à partir sont les individus les plus doués et les plus productifs. Ce drainage des forces vives handicape l’appareil de production local, enclenchant un cercle vicieux de la pauvreté et motivant en retour une émigration de plus en plus massive.

    La fameuse immigration « choisie » pratiquée notamment par le paradis inclusif et bien pensant canadien est une activité criminelle. En Centrafrique il n’y a qu’un médecin pour 20 000 habitants, contre 2.5 pour 1000 habitants au pays de Justin Trudeau. S’emparer d’un médecin africain par confort au lieu d’en former selon ses propres besoins revient à condamner à mort des malades africains.

    Du charity washing aux conflits d’intérêts

    Quand de grandes fortunes sponsorisent des ONG d’aide aux migrants elles sont forcément intéressées. Le cas Phoenix, un des bateaux récupérateurs de clandestins en méditerranée symbolise parfaitement les motivations douteuses de ces bienfaiteurs de l’humanité autoproclamés. Affrété par Migrant Offshore Aid Station, le Phoenix est la vitrine de Regina et Christopher Catrambone.

    Ce couple de millionnaires américains est propriétaire du groupe TANGIERS, basé à Malte (place forte de l’optimisation fiscale) spécialisé dans, cela ne s’invente pas, le service médical, le sauvetage et l’assurance pour les « voyageurs », notamment en zone de guerre et de non droit. Plus croustillant encore ils doivent la majeure partie de leur fortune aux conflits irakien et afghan. Difficile dans leur cas de faire le tri entre auto-promotion, auto-absolution et charity-washing.

    Les décideurs privés ne jettent pas d’argent par les fenêtres. S’ils ne voyaient pas des perspectives de retour sur investissement dans l’immigration de peuplement ils n’alimenteraient pas la machine à propagande et les ONG aux actions aussi spectaculaires qu’improductives. S’ils n’avaient d’autres motivations que de combler leurs élans humanitaires, ils investiraient dans des opérations soigneusement pensées et réalisées, comme celles de la Fondation Bill & Mélinda Gates

    Le migrant est un pousseur de caddie comme les autres

    Pour comprendre l’intérêt économique de l’immigration de masse mettez vous à la place d’un investisseur intervenant dans les secteurs les plus imbriqués avec l’appareil étatique (BTP, immobilier, téléphonie, grandes et moyennes surfaces commerciales, transports et les médias). Que représente un migrant pour vous ?

    Un migrant, même improductif, c’est une bouche à nourrir, un forfait 4G et un smartphone vendu à crédit, un logement (droit opposable, même pour un clandestin), une télévision, un abonnement à des chaines TV payantes, des tickets de bus/métro etc. Multipliez ces dépenses par 250 000 entrées légales par an, multipliez par quatre décennie de flux migratoires intenses, et vous vous rendrez compte que l’enjeu n’a absolument rien à voir avec la morale humanitaire et l’enrichissement culturel.

    De nombreuses entreprises incapables d’innover et protégées par des États réticents à la destruction créatrice misent principalement sur la croissance de la population pour maintenir leur taux de profit. Pour s’assurer un afflux incessant de nouveaux pousseurs de caddies elles mobilisent leurs réseaux d’influence pour peser sur les politiques migratoires.

    Les élus sont d’autant moins réticents que les immigrés extra européens et leurs descendants constituent, malgré son abstentionnisme élevé, une clientèle électorale disciplinée. Pour profiter de la « stratégie Terra Nova » il suffit de procéder à de menus accommodements communautaristes. Qu’importe si les contribuables doivent emprunter pour financer les tentatives d’intégration des nouveaux venus. Quand des « économistes » comme Emmanuelle Auriol affirment que le coût de l’immigration n’est qu’une forme de relance keynésienne, pourquoi s’en priver?

    L’humain, objet économique échangeable et interchangeable

    D’un point de vue libre échangiste, l’immigration de peuplement n’est qu’une application de la théorie des avantages comparatifs. L’Afrique et le monde arabo-musulman surproduisent des humains à très bas coût et acceptent de les exporter gratuitement (ou presque) vers des pays qui n’en produisent pas suffisamment, handicapés par des coûts de logement, d’alimentation, de santé et d’éducation prohibitifs. Rien que l’enseignement jusqu’au baccalauréat représente à lui seul 100 000€ de dépense par Français.

    Le marché mondial de l’humain dérégulé ouvre aux décideurs économiques une source quasi inépuisable de travailleurs/consommateurs prêts à l’emploi, parfois formés gratuitement par leurs pays d’origine. Même si l’État dépense pour tenter de les mettre au niveau et de les adapter à leur nouvel environnement culturel, le coût de revient d’un humain d’importation reste largement plus faible que la (re)production humaine locale.

    Un calcul économique plus que douteux

    Les décideurs ignorent cependant le très faible niveau de compétence professionnel des migrants. Le niveau d’une licence africaine est inférieure à un bac européen. Ce fait modifie complètement le rapport coût/bénéfice de l’immigration. L’intégration des nouveaux européens sur le marché du travail, dépendant de longues et coûteuses années de formation, est un pari des plus risqué. De l’aveu même de Aydan Özoğuz, ministre de l’intégration, seul 25 à 30% des « réfugiés » pourraient rentrer sur le marché du travail dans les cinq prochaines années. Les autres auront besoin d’assistance sociale pendant au moins 10 ans.

    " Il semble que la majorité des réfugiés auraient d’abord besoin d’un entrainement intensif, et même avec cela, ce n’est vraiment pas sûr que cela marche”

    Ludger Wößmann directeur du centre IFO pour l’économie de l’éducation, 2016

    Au Royaume Uni les statistiques sur les pays d’origine des migrants révèlent des éléments intéressants. Les migrants venant d’Europe ont une contribution fiscale très positive de +2300£, et même de +3700£ pour ceux venant de l’UE. En revanche les migrants extra européen ont une contribution négative de -800£ par personne. Toute l’arnaque de l’immigration rentable repose sur l’agrégation des effets de l’immigration intra européenne, constitué de jeune travailleur, et de l’immigration de peuplement extra européenne prolifique mais sans formation professionnelle.

    La pensée magique immigrationniste face au réel

    Les promoteurs de l’importation d’humain sont absolument convaincus que les migrants de pays improductifs, superstitieux et violents se transformeront en citoyens pacifiques, tolérants et productifs une fois déplacés sous nos latitudes. Après quatre décennies où assimilation républicaine et intégration multiculturelle ont lamentablement échoué, seule la pensée magique fait tenir le front immigrationniste.

    Mais pour combien de temps encore? La science, défiant la censure et l’anathème, détricote petit à petit l’idée selon laquelle l’espèce humaine ne serait pas structurée en population porteuses de traits physiologiques et cognitifs distincts, adaptés à leurs conditions environnementales et culturelles respectives. Bientôt les masses humaines ne seront plus considérées comme de simples commodités économiques interchangeables, mais bien comme des entités agissantes, indissociables de leurs fondamentaux identitaires.

    Alors tout sera remis en cause.

    Techno-Prêtre (Rage, 5 juin 2019)

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Le sabordage de la noblesse...

    Les éditions Passés composés viennent de publier un essai historique de Fadi El Hage intitulé Le sabordage de la noblesse - Mythe et réalité d'une décadence. Docteur en histoire, spécialiste de l’histoire de la France moderne, Fadi El Hage est l'auteur de plusieurs ouvrages et contribue régulièrement au magazine Guerres & Histoire.

     

    El Hage_Le sabordage de la noblesse.jpg

    " Au XVIIIe siècle, la noblesse française comme l'aristocratie, minorité ô combien plus «médiatisée», sont perçues comme décadentes par la grande majorité du peuple de France. Rongée par les dissensions internes, minée par les rumeurs et les scandales, contestée dans sa légitimité à revendiquer une supériorité sociale, la noblesse paraissait au plus grand nombre indigne de sa vocation à servir le royaume. Elle vivait alors la clôture d'un cycle, dont 1789 ne serait que l'ultime conséquence. En somme, et l'image perdure jusqu'à nos jours, la noblesse, en dérogeant à l'honneur, aurait perdu sa raison d'être. Mais y avait-il, dans les faits, une inconscience collective de la noblesse ? Pour démêler le vrai du faux, Fadi El Hage retrace son histoire au XVIIIe, dans toutes ces composantes, de l'aristocratie versaillaise aux vieilles familles prestigieuses mais désargentées, sans oublier la noblesse de robe. Fondé sur une relecture des sources et l'étude de documents inédits, cet essai novateur invite le lecteur à s'interroger sur la place et le rôle d'une noblesse victime autant de fantasmes que de l'image sociale et morale qu'elle renvoyait au public. "

    Lien permanent Catégories : Livres 0 commentaire Pin it!
  • Tour d'horizon... (154)

    Oberst.jpg

     

     Au sommaire cette semaine :

     - sur Accattone,

    La volonté d’impuissance ou l’ochlocratie comme révolte des élites

    Hédonisme.jpg

    - sur La voie de l"épée, Michel Goya évoque le devenir de la guerre au XXIe siècle...

    Les évolutions en cours de la guerre terrestre

    Soldat-du-futur.jpg

    - Theatrum Belli nous fait découvrir un texte de Werner Jaeger, tiré de son essai Paiedeia, consacré à Sparte...

    L’idéal spartiate : L’appel de Tyrtée à l’areté

    Leonidas.jpg

    Lien permanent Catégories : Tour d'horizon 0 commentaire Pin it!
  • Une désastreuse présidentialisation du régime...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Maxime Tandonnet, cueilli sur Figaro Vox et consacré à l'évolution présidentielle du régime politique de notre pays. Ancien haut-fonctionnaire, spécialiste des questions d'immigration, et désormais enseignant, Maxime Tandonnet a été conseiller à l'Elysée sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Il a donné un témoignage lucide et éclairant de cette expérience dans Au cœur du volcan (Flammarion, 2014).

    Macron_Congrès_Versailles.jpg

    Le Congrès de Versailles ou la désastreuse présidentialisation du régime

    Continuer de parler encore de la Ve République à propos du régime politique français actuel relève du contresens absolu. L'organisation et le fonctionnement du pouvoir n'ont aujourd'hui plus aucun rapport avec le système instauré par le général de Gaulle en 1958 et en 1962. La Ve République reposait sur un chef de l'État souverain, élu pour 7 ans, «guide de la Nation», au-dessus des partis et des factions, tenant sa légitimité de la confiance du peuple. Le gouvernement, la politique quotidienne, les choix de politique économique et de société, relevaient de la seule mission du Premier ministre et des ministres sous le contrôle du Président de la République et du parlement.

    Le régime a été radicalement transformé par la réforme du quinquennat depuis 2000, qui aligne le mandat des députés sur celui du Président, le transforme en chef d'une majorité et place l'Assemblée nationale sous la quasi-tutelle de l'Élysée. Cette mutation se prolonge aujourd'hui avec la banalisation du Congrès de Versailles qui achève de transformer le chef de l'État en un super-Premier ministre présentant son programme, ou son bilan de politique générale devant le Parlement.

    Le problème, c'est que ce président/chef de Gouvernement, désormais en première ligne de la politique au quotidien de la Nation, est lui irresponsable pendant cinq ans, échappant à toute sanction politique. D'où une situation contraire à un principe fondamental républicain: la source de pouvoir essentielle échappant au principe de responsabilité.

    En outre, il manque désormais à la France ce qui faisait la spécificité de la Ve République, un président visionnaire, au-dessus de la mêlée, symbole de sagesse, incarnant l'unité nationale et le destin à long terme du pays, responsable de la politique étrangère et de défense, tout en déléguant au Premier ministre le gouvernement du pays.

    Les nouvelles institutions de la France, transgression de la Ve République, sont un véritable désastre. Elles se traduisent par l'émergence du culte médiatique d'une image personnelle omniprésente. Elles favorisent l'illusion de l'autorité à travers la sublimation du mythe du chef. Pourtant, elles sont contraires à l'autorité et à l'efficacité dès lors qu'elles entraînent l'affaiblissement de toutes les sources de gouvernement du pays - absorbées dans le rayonnement élyséen - et courroies de transmission entre les dirigeants et le peuple, gouvernement, ministres, parlementaires, collectivités et élus locaux, services publics.

    La politique s'éloigne toujours un peu plus de l'action concrète pour devenir un grand jeu de manipulation des émotions collectives. Elle oscille entre idolâtrie et lynchage, amour et détestation de l'icône présidentielle, chute dans le manichéisme. Le nouveau régime favorise la division et le déchirement du pays. La fuite dans l'émotionnel favorise les haines et les fureurs. La vie politique dérive dans le spectacle permanent et stérile autour d'un héros des uns, antihéros des autres, et tout logiquement, de son combat du bien contre le mal.

    D'ailleurs, l'une des phrases clés du discours de Versailles oppose le «progressisme au nationalisme», autrement dit, le bien libéral et mondialiste contre le mal «populiste» ou la vile multitude de Thiers. La fracture entre les élites et le peuple ne cesse de se creuser d'année en année.

    La réélection présidentielle devient l'objectif suprême de la vie politique au détriment de l'intérêt général à long terme du pays, favorisant la démagogie sous toutes ses formes, la communication, les illusions, les coups et le faire semblant, au détriment de l'action en profondeur sur les grandes questions de fond: l'endettement public, l'écrasement fiscal, le chômage de masse, la pauvreté, la maîtrise de l'immigration, le communautarisme, la violence, le déclin scolaire...

    L'actuel président de la République n'est pas le seul responsable de cette évolution déjà à l'œuvre depuis des années. Il ne fait que la porter à son paroxysme. La personnalisation extrême du pouvoir, ou le culte médiatique de la personnalité, qui caractérise la politique française, se présente avant tout comme un masque de l'impuissance publique et du renoncement, par le monde dirigeant, à régler les problèmes de fond de la société française.

    L'opposition républicaine, à travers sa guerre des chefs en vue des présidentielles, n'a pas (encore?) su rompre avec cette logique de personnalisation outrancière des enjeux au détriment du débat d'idées et du bien commun. Elle seule pourrait avoir un rôle majeur à jouer dans ce contexte en prônant le retour de la politique au sens noble du terme: non pas un spectacle narcissique mais une volonté d'action collective, modeste et désintéressée, en faveur de l'intérêt général. Le rétablissement du septennat (non renouvelable) est une piste de réforme constitutionnelle intéressante. En aucun cas elle ne serait suffisante: c'est une transformation des mentalités politiques qui est nécessaire: le retour au sens de l'intérêt général contre toute forme d'obsession narcissique et de culte d'un chef mythique, contraire au principe d'efficacité et d'autorité véritable.

    Maxime Tandonnet (Figaro Vox, 10 juillet 2018)

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Survivalisme et trahison des élites...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un entretien donné par Piero San Giorgio au site Les non-alignés à propos de la vague d'attentats qui secoue l'Europe et de l'incapacité des élites politiques à assurer la protection des citoyens européens. Tête pensante dans le monde francophone d'une forme de survivalisme ou de décroissance résiliente et identitaire, Piero San Giorgio est l'auteur de Survivre à l'effondrement économique (Le Retour aux sources, 2011) et de Rues barbares (Le Retour aux sources, 2012).

     

                                     

    Lien permanent Catégories : Entretiens, Multimédia 0 commentaire Pin it!
  • Elites installées, élites naturelles et populisme...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue cueilli sur le site Idiocratie, qui rappelle avec talent la différence entre la technocratie prédatrice et l'aristocratie organique...

    aristocratie organique_Braveheart.jpg

     

    Élites installées, élites naturelles et populisme

    Dans le langage officiel sans cesse martelé, celui des élites installées, le « populisme » semble synonyme d'immaturité politique. Mais, peut-on se demander, ce travers d'immaturité, à quoi conviendrait-il de le reconnaître ? A la fâcheuse volonté de poser certaines questions, notamment celles qui renvoient à des enjeux décisifs ? Curieuse immaturité ! Pourtant, c'est ce qu'expriment nombre de dirigeants politiques, le plus souvent à mots couverts, mais parfois directement comme le fit un jour Ségolène Royal.

     
    Celle-ci répondit en effet à un journaliste qui l'interrogeait quant à la possibilité d'un référendum sur le maintien de la France dans l'UE : « nous croyons en la démocratie, mais nous croyons aux bonnes questions par rapport aux bonnes réponses ». Autrement dit, nous, classes dirigeantes, décidons unilatéralement quelles sont les bonnes réponses. Résultat : il n'y a pas vraiment de questions, pas autrement que pour la forme. Ce qui témoigne d'une vision purement oligarchique de la démocratie et énonce la vérité profonde du système. A ce titre, on ne saurait trop remercier Ségolène Royal pour l'inégalable candeur dont elle fait preuve dans l'expression du cynisme. Pour cela, nul doute, on la regrettera.
     
    Remarquons-le, si l'élite dirigeante prétend ainsi exercer une tutelle éclairée sur la communauté politique, c'est précisément parce qu'elle se considère éclairée : elle posséderait d'emblée les bonnes réponses. A vrai dire, le mode de connaissance qu'elle revendique ainsi implicitement procède d'une fonction oraculaire, vieille comme le monde mais jamais disparue. C'est le tropisme archaïque des initiés qu'ont notamment vécu les Romains pendant quelque temps avec les fameux pontifes, détenant seuls la connaissance mystérieuse des règles applicables, et dont la communauté civique s'est par la suite libérée au profit des jurisconsultes et de l'élaboration ouverte du droit. C'est cette tendance récurrente, dans l'histoire des sociétés, selon laquelle se forment périodiquement des castes se voulant productrices et dépositaires d'un savoir, non pas issu d'un effort dialectique, comme toute connaissance exigeante, mais d'un savoir autogène et imposé comme tel. Aujourd'hui, il y a là un trait qui ne trompe pas, quant à la nature oligarchique de l'élite qui nous gouverne.
    Or, barricadée dans ce fantasme oraculaire, cette élite tente constamment de disqualifier le courant populiste. Non seulement en déniant tout jugement lucide au commun de la population sur ce qui le concerne, mais encore en laissant planer l'idée suivante : le peuple - qui, en pratique, correspond à l'ensemble de la communauté nationale, interclassiste par définition - serait dépourvu d'élites par nature. En somme, l'excellence serait du côté du système (haute finance, grands médias et gouvernants) et la médiocrité dans le camp de ceux qui le subissent. On doit le constater, il s'agit bien là d'une vision dualiste de la communauté politique, dans laquelle existerait ainsi une séparation étanche entre les meilleurs et les autres, vision relevant d'un biais cognitif proprement oligarchique.
     
    De fait, la sécession des élites, évoquée par Christopher Lasch, est d'abord une sécession accomplie dans les représentations. L'oligarchie ne conçoit la cité qu'à travers une division de principe : d'un côté, une caste qui, forte du magistère qu'elle n'hésite pas à s'attribuer, exerce un pouvoir unilatéral, de l'autre, une masse indifférenciée. Sur la base de cet imaginaire, cette même oligarchie entretient avec la cité un rapport ambivalent. Elle est dans la cité, mais sans en jouer le jeu. Elle est à la fois à l'intérieur et en dehors, son but, en tout état de cause, n'étant pas de détruire la cité mais de l'instrumentaliser à son profit.
     
    Selon une conception traditionnelle de type aristocratique, apparaît au contraire un tout autre rapport entre les meilleurs et les autres, entre le petit nombre et le grand nombre. Prenons ici la notion d'aristocratie non au sens sociologique mais en référence au principe d'excellence réelle. Principe que, comme l'enseigne la moindre expérience, certains individus incarnent mieux que d'autres (d'où une inégalité foncière, différenciation irréductible qui constitue sans doute l'invariant anthropologique le plus embarrassant pour notre époque).
     
    L'excellence à la place des oracles
     
    On peut observer que, dans le monde hellénique et romain, toutes considérations de statut mises à part, les meilleurs (aristoï, en grec) sont, idéalement, ceux qui pratiquent le mieux les vertus de courage, de sagesse pratique (phronesis) et de justice. Il faut insister ici sur la notion de phronesis. Disposition de la personne au jugement perspicace non dogmatique et sens aigu des limites, elle constitue « l'une des facultés fondamentales de l'homme comme être politique dans la mesure où elle le rend capable de s'orienter dans le domaine public, dans le monde commun », selon les termes d'Hannah Arendt. Cette phronesis, comme l'avait antérieurement montré Aristote, s'inscrit dans une conception délibérative de l'action et notamment de l'action commune. A ce titre, notons-le particulièrement, elle apparaît comme un précieux garde-fou contre toute velléité de sécession.

     

    Pour bien saisir à quel point une telle vertu favorise un engagement non faussé dans la vie de la cité, il faut situer la question au niveau des modes de perception commune. Il apparaît en effet qu'en pratiquant la vertu prudentielle de phronesis, les meilleurs, s'ils cultivent une exigence singulière, n'ont pas pour autant un rapport au réel foncièrement différent de celui du peuple en général. Ils procèdent là pleinement de la matrice communautaire. De ce point de vue, il n'y a donc pas de fossé entre les meilleurs et le grand nombre, tous partageant, pour l'essentiel, la même vision du monde. Qu'il s'agisse de mythes, de religions ou de toute autre conception globale de l'existence, il y a unité de tradition. N'en déplaise aux défenseurs d'un lien social magique, prétendument libre de toute détermination, la solidarité du cadre de perception est une condition de la solidarité de destin.
    Dans un modèle de ce type, le souci de stabilité qui anime les meilleurs reflète ainsi largement les préoccupations de la population. D'où la volonté aristocratique traditionnelle, attestée dans la Rome antique et dans l'ancienne Europe, d'assurer la protection des mœurs et des coutumes. A rebours de la chimère des avant-gardes éclairées, les meilleurs n'incarnent, à ce titre, que la composante la plus dynamique de la sagesse commune. Aussi n'est-il pas absurde de dire que l'aristocratie bien comprise, loin de tout esprit de caste, n'est que la fine fleur du peuple. Du moins tant qu'elle n'emprunte pas la voie d'un contrôle et d'une transformation de ces mœurs et règles communes et ne se transforme alors elle-même, de facto, en oligarchie, avec son esprit de rupture, sa vulgarité et ses rêves de yachts.
     
    Différenciation et liberté commune
     
    On ne doit pas cesser de le dire, la communauté politique, aujourd’hui comme hier, recèle des élites naturelles, lesquelles ne s'adonnent généralement pas à la vaine quête du pouvoir. De toute évidence, le rejet des élites que manifeste le populisme ne relève donc nullement d'une quelconque opposition à la compétence, à l'efficacité, au principe de l'élite en soi. C'est au contraire en vertu de ce principe qu'est contestée la nomenklatura, souvent douée pour l'incurie.
     
    Il n’en faut pas moins tenir compte de l’entropie actuelle. Celle-ci peut être enrayée cependant. De fait, en misant davantage sur les ressources de l'excellence, en donnant la priorité à ses élites naturelles, toujours renaissantes, sur les technocraties prédatrices et niveleuses, la communauté peut et doit retrouver toute la vitalité de ses différenciations organiques. Rien n'est pire en effet qu'un peuple réduit à l'état de foule sentimentale et versatile, tantôt saisie d'une saine réactivité, tantôt séduite par les illusionnistes au pouvoir et inclinant à la servitude volontaire. Qui dit foule dit aliénation et, partant, impuissance à défendre la liberté commune : question vitale au cœur de l'enjeu populiste. A cet égard, notons-le, il est bien établi qu'une longue tradition aristocratique, avec son art de la bonne distance, sa lucidité au long cours et sa culture de l'exemple, a beaucoup fait, dans l’histoire européenne, pour la liberté concrète du peuple. C'est précisément à ce rôle salutaire joué par les meilleurs que faisait allusion Ernst Jünger quand il parlait, dans « Le Noeud gordien », de « la liberté élémentaire, c'est-à-dire la liberté des patres*, dont dispose un peuple ». En définitive, serait-il hasardeux de penser qu'un populisme conséquent ne saurait qu'être, au sens indiqué du terme, aristocratique ?
    Des idiots (Idiocratie, 13 mai 2017)

    *patres : la noblesse romaine, dans la rhétorique latine classique. Sens symbolique, ici.

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!