Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

nazisme - Page 8

  • Ici pas de survivants...

    Les éditions de l'Aube viennent de publier Ici pas de survivants, un récit d'Ingrid Brunstein. Née en 1937 en Allemagne et fille d'un officier de la Wehrmacht, l'auteur s'appuie sur ses souvenirs de petite fille et raconte par les yeux de sa jeune héroïne une période occultée de l'histoire allemande.

     

     

    Ici pas de survivants.jpg

    " On connaît les atrocités du national-socialisme. Mais que sait-on du vécu des enfants allemands pendant la guerre ? De leurs souvenirs, de la vision du monde qui en surgit, de l’Allemagne qu’ils ont reconstruite ? Festivités nazies, absence des pères, bombardements, fuite devant les Russes perçus comme la menace suprême, exils successifs à travers une Allemagne dévastée… C’est ce qu’une petite fille a vu et nous raconte : trop petite pour comprendre mais assez grande pour deviner ce dont personne ne voudra plus jamais parler. Il y a Lotte, la fillette allemande. Et Charlotte, l’adulte devenue française. Lotte et Charlotte ne sont qu’une et nous livrent, ensemble, une histoire jamais racontée. 
    Un récit-document remarquable. "
    Lien permanent Catégories : Livres 0 commentaire Pin it!
  • Le salaire de la destruction ?...

    Les éditions Les Belles Lettres ont publié en fin d'année 2012 une étude monumentale et brillante de l'historien britannique Adam Tooze intitulée Le salaire de la destruction - Formation et ruine de l'économie nazie. Passionnant et donnant des analyses inattendues, ce livre bénéficie d'une excellente traduction et mérite d'être lu par tous ceux qui sont intéressés par la période.

    Nous reproduisons ci-dessous la critique qu'en a fait Michel Lhomme sur Metamag.

     

    Tooze.jpg

    LE SALAIRE DE LA DESTRUCTION

    Un ouvrage de référence sur la raison économique du nazisme

    Certes, le titre, Le Salaire de la destruction est condescendant à l’air du temps et il a, sans doute, été choisi commercialement par l’éditeur car il rend compte maladroitement de la portée de la publication. Or, il s’agit là d’un ouvrage monumental et inédit sur le système économique du IIIe Reich, devenu ouvrage de référence, une somme époustouflante sur les fondements et les ressorts du nazisme.

     
    Unanimement reconnu à l'étranger mais toujours dérangeant pour les Français (Reds don’t read !), l'ouvrage propose l’histoire la plus aboutie de l’économie nationale-socialiste et en même temps, il amorce une nouvelle lecture de la Seconde guerre mondiale, changeant par exemple radicalement la place occupée par les États-Unis dans cette histoire du point de vue de l’Allemagne. 

    Le livre d’Adam Tooze est de ces livres qui déclassent tous les ouvrages antérieurs écrits sur la question. Très sérieux, le style y est à la fois précis et haletant, jamais technique en fait comme dans les meilleurs livres d’historien (Braudel, Duby). Par ses trouvailles, son approche globale de la question nazie et le nombre d'idées reçues sur le régime remises ici en question, cet ouvrage va devenir pour beaucoup une lecture indispensable. Il était paru en anglais en 2006. Son auteur est diplômé de King's College (Cambridge) et de la London School of Economics, il  enseigne l'histoire de l’Allemagne à Yale. Il avait déjà publié Statistics and the German State, 1900-1945: The Making of Modern Economic Knowledge (Cambridge University Press, 2001) que les spécialistes de la période avaient déjà remarqué. Dans Le salaire de la destruction dont le sous-titre est Formation et ruine de l’économie nazie, Adam Tooze passe au crible les rouages économiques du système nazi, de la prise de pouvoir à l’anéantissement final.

    En donnant naissance au mythe du Blitzkrieg, le succès foudroyant et inattendu de la campagne de France avait accrédité l'image d’une Allemagne national-socialiste invulnérable, forte technologiquement, riche et assise sur une économie industrialisée d’une grande efficacité. Prenant le contrepied des nombreuses histoires exclusivement politiques du régime, Tooze en décline les entraves et les défaillances puis s’efforce de montrer que la guerre eut au contraire sa source non dans la puissance économique du 3ème Reich, un leurre une désinformation montée de toutes pièces mais dans les faiblesses du Reich. Pour ce faire, Tooze a revisité le pourquoi de chaque événement, de chaque décision, démontant ainsi la rationalité économique fondamentale à l’œuvre derrière le nazisme.
     
    Pionnier dans l’analyse économique du IIIème Reich, il jette un sort aux mythes issus des allégations d’Albert Speer et parfois colportées (notamment par l’économiste Galbraith, dès la fin de la guerre) affirmant que l’Allemagne d’Hitler était un miracle économique. Non, les trains n’arrivaient pas à l’heure sous le Troisième Reich (la dégradation du parc roulant fut un handicap jusqu’à la fin de la guerre), le régime n’a jamais connu le plein emploi et passé l’euphorie des premiers mois de gouvernement, c’est allé de crise en crise jusqu’en 1938, avant que la crise tchèque ne décide le chancelier à mettre son pays sous perfusion, en vase clos, au service de ses ambitions guerrières, auxquelles tout allait être désormais subordonné. La guerre comme porte de sortie d’un échec économique du nazisme, c’est une position originale quand on sait que l’argumentaire classique des défenseurs du régime est de relever justement la force économique du régime et même d’appuyer le clou sur sa réussite matérielle.
     
    L’historien britannique nous montre alors comment la stratégie d’Hitler s’est efforcé au début des années 30 de coller aux aspirations allemandes liées à leurs conditions de vie difficiles, comment il a fallu ensuite durant la guerre mener une politique de razzia vu l’échec productif du régime. Relisant les textes mêmes de Hitler et des théoriciens de l’agrarianisme, l’auteur décentre aussi l’histoire de la guerre en donnant une place capitale aux États-Unis, devenus la véritable obsession de Hitler. Dès 1938, la question importante devint chez lui, plus que la question juive, la question américaine, l’Amérique synonyme du monde de la finance, des banquiers et des usuriers de tous ordres. Or, le Führer savait dès 1939 qu’avec ses armées sous-équipées, il avait peu de chance de l’emporter dans une guerre longue contre le monde occidental, contre l’Amérique.
     
    C’est donc un Hitler nouveau qui nous est présenté : versatile, œuvrant au grès des circonstances matérielles et économiques mais arc-bouté à un but, à une idéologie éco-démographique et géopolitique : reculer de 1 000 kms les frontières de l’Allemagne vers l’Est pour constituer une « Grande Allemagne », et ainsi donner à la Germanie son espace vital agricole mais surtout énergétique afin de constituer au cœur de l’Europe une nation comme fer de lance politique et militaire d’une puissance capable de s’opposer à la civilisation américaine.

    Le livre du britannique Adam Tooze est remarquable par l’analyse rigoureuse des sources, des statistiques et des documents internes, souvent exploités pour la première fois. Toutes ces nouvelles archives consultées présentent du IIIème Reich l’image d’un régime toujours aux abois économiquement et qui ne dut de tenir si longtemps qu’à des pratiques de spoliation et d’asservissement perpétuelle. Sans le fanatisme idéologique mais aussi sans cette agressivité économique dans la guerre, jamais l’Allemagne n’aurait pu tenir si longtemps.

    Le texte, à un moment donné, revient sur l’opération Barbarossa, celle du 22 juin 1941 où Hitler envahit sans déclaration de guerre l’Urss, pays avec lequel il avait pourtant signé un pacte défendu par le Parti Communiste français un an plus tôt. L’auteur reprend ici la thèse officielle et commune d’un chancelier germanique qui décida pour triompher de cet adversaire de lancer rapidement l’opération Barbarossa en accord avec des projets d’extermination, d’asservissement et de colonisation de l’Est parfaitement définis dès les années 1930. Nous ne partageons pas cette vision de l’événement. Il faut revoir l’opération Barbarossa à la lumière du programme de Staline qui s’apprêtait à mettre main basse sur la Pologne et à engager un conflit unilatéral. Aussi, pour l’opération Barbarossa, nous ne saurions que recommander l’ouvrage traduit récemment en Français de Joachim Hoffmann, La Guerre d’extermination de Staline. Cet ouvrage rétablit la vérité historique sur les événements de l’été 41. Comme Le salaire de la destruction, La Guerre d’extermination est un livre indispensable pour qui veut comprendre le plus objectivement possible la Seconde Guerre mondiale.

    Dans Le Salaire de la destruction, l’auteur, Adam Tooze termine son analyse par la question qui nous taraude : l’Allemagne a perdu la guerre, la paix est revenue et l’Allemagne est toujours là. Aujourd’hui, l’Europe se range dans les bras de l’Otan et se prépare à recevoir le coup mortel, le dernier coup qui l’abattra, signer le Traité Transatlantique. C’est le triomphe de l’occidentalisme (l’identification de la vision américaine à la vision européenne) d’une culture américaine qui n’a rien à voir avec la culture européenne ou n’en est que sa forme dégénérée. Les Etats-Unis restent l’ennemi et Tooze de s’interroger alors carrément : « Que pourrait être la politique en Europe, au-delà des fastidieuses chamailleries d’abondance insatisfaites ? ». Ainsi, son livre synthétique et riche de thèses nouvelles, bouleverse non seulement des idées reçues, constitue un tournant dans l’historiographie de la seconde guerre mondiale mais en plus, réinterroge le sens même des vaincus de l’Histoire présente et passée.
     
    Michel Lhomme (Metamag, 22 octobre 2013)

    - Adam Tooze, Le Salaire de la destruction. Formation et ruine de l’économie nazie, trad. Pierre-Emmanuel Dauzat, Les Belles Lettres, 812 pages, 28 euros.
    - Joachim Hoffmann, La Guerre d’extermination de Staline, Akribéia, juin 2012, 450 pages, 30 euros.
     
     
    Lien permanent Catégories : Livres 1 commentaire Pin it!
  • Une histoire soviétique...

    Les éditions Little Big Man diffusent en DVD The soviet story, un documentaire d'Edvins Snore consacré au stalinisme. Cinéaste letton, Edvins Snore a rassemblé des images percutantes qui permettent de rappeler la similitudes des pratiques totalitaires nazies et soviétiques...

     

    Histoire soviétique.jpg

    " Une impressionnante récapitulation des crimes de masse du communisme, de la famine planifiée en Ukraine (7 millions de morts en 1932-1933) à l’extermination stalinienne des « ennemis de classe » (11 millions entre 1937 et 1941). Les archives révèlent aussi la collaboration à grande échelle entre nazis et soviétiques pour la « solution finale du problème juif ». The Soviet Story souligne l’impunité totale de l’Union soviétique, à l’abri dans le camp des vainqueurs de 1945.

    10 ans d’enquête pour un documentaire essentiel de vérité ! "

    Lien permanent Catégories : Films 0 commentaire Pin it!
  • Nos ancêtres les Germains ?...

    Les éditions Tallandier publient cette semaine une étude historique de Laurent Olivier, intitulée Nos ancêtres les Germains - Les archéologues au service des nazis. Archéologue lui-même et conservateur au musée de Saint-Germain-en-Laye, l'auteur, au travers de ce livre souligne le caractère éminement politique de cette science qui fait parler les ruines et les traces... Pour d'autres exemple, plus contemporains, d'Israël aux Etats-Unis en passant par l'Inde, de cette politisation de l'archéologie, nous ne pouvons que renvoyer les lecteurs intéressés vers l'essai de Jean-Pierre Payet,  La guerre des ruines (Choiseul, 2010). 

     

    Nos ancêtres les Germains.jpg
     

    "« Le métier d’archéologue n’est pas une pratique innocente. Il interroge les origines à partir desquelles nous envisageons notre identité collective.

    De quelles cultures du passé nous pensons-nous les héritiers, de quels peuples anciens nous considérons-nous les plus proches ? […]

    Depuis la Seconde Guerre mondiale, cette profession cache le rôle qu’a joué la recherche allemande au service du nazisme. Plus que toute autre organisation professionnelle, les archéologues allemands ont soutenu massivement l’idéologie du régime. Après la conquête des territoires à l’Ouest du Reich, ils se sont engagés dans une entreprise dirigée par les plus hautes instances du parti nazi ou de la SS. Ce projet visait à démontrer que, depuis la Préhistoire, les pays conquis étaient des terres de colonisation germanique. En France occupée, les chercheurs envoyés par les autorités nazies ont bénéficié de la coopération des archéologues français. Pour la plupart, ceux-ci leur ont apporté leur aide. Certains sont allés très loin, appelant, au nom de ces prétendues racines germaniques préhistoriques, à l’annexion d’une partie de la France au territoire de l’Allemagne nazie. »

    Des recherches sur le mégalithisme breton, en particulier à Carnac, à l’effacement des pertes territoriales dues au Traité de Versailles (démontrer que le mur d’enceinte du Mont Sainte-Odile avait été édifié par les germains vers 200 av. JC pour protéger l’Alsace contre les incursions des Gaulois), la « science historique » nazie tentait de montrer que, depuis les origines de l’humanité, les grandes civilisations étaient d’origine biologique « aryenne ».

    Wilhelm Reusch, directeur du Landesamt de Metz dira, à propos du programme de fouille de la nécropole mérovingienne d’Ennery (rebaptisé Hochschloss), que l’objectif est de « lever le voile d’ombre qui recouvre l’ancienne histoire germanique de notre pays ».

    En 1941, la tapisserie de Bayeux est même présentée comme un « élément inestimable pour la connaissance de la Préhistoire germanique » !

    Cette « nouvelle archéologie » allemande fut servie avec enthousiasme par une génération de jeunes chercheurs qui poursuivirent brillamment leur carrière après 1945. Cette continuité a directement contribué à entretenir une véritable omerta sur le passé nazi de la discipline archéologique.

    Ces dernières années, l’étude des archives européennes révèle l’étendue de cette entreprise d’instrumentalisation au profit de l’idéologie nazie et souligne l’importance de cet encombrant héritage dans l’archéologie européenne actuelle."

    Lien permanent Catégories : Livres 0 commentaire Pin it!
  • Un film d'Allemagne...

    « Un des films les plus importants vus depuis longtemps » Serge Daney.
    « Le film de Syberberg est un beau monstre. Je dis monstre parce que c’est cela qui m’a le plus impressionné … » Michel Foucault


    Les éditions des Films du paradoxe viennent de publier en DVD, Hitler, un film d'Allemagne, le chef d'oeuvre d'Hans-Jürgen Syberberg qui était devenu absolument introuvable depuis de nombreuses années. Conservateur-révolutionnaire, Hans-Jürgen Syberberg a su dénoncer simultanément la catastrophe que le nazisme a été pour l'Allemagne mais aussi la rééducation et l'américanisation qu'a subies son pays après sa défaite...

     

    hitler fim d'Allemagne.jpg

    "Film polyphonique de plus de 6 heures d’une extraordinaire liberté formelle tourné en studio en à peine plus de vingt jours. Une œuvre d’art totale qui plonge au tréfonds de l’âme allemande, expose ou démonte la « machine de guerre » Hitler et insiste sur sa présence refoulée dans l’Allemagne des années 70
    La densité de la bande-son est saisissante : traversée par les extraits de Wagner, elle donne à entendre toute l'esthétisation sonore de la politique nazie, avec un montage d'enregistrements d'actualités, de discours d'Hitler, Himmler ou Goebbels, de cris de foule, et de chants militaires.
    Un long rêve ou un long cauchemar sur les décombres de l’Allemagne. Un film hors norme sur un homme hors norme que le cinéaste prend au sérieux pour comprendre la force de séduction des mondes imaginaires qu’il inventa et sur lesquels se cristallisèrent les aspirations de millions de compatriotes. Un film qui évoque la désolation morale de l’Allemagne « nouvelle » qui se serait reconstruite sur la destruction de son identité et de son histoire."

    Lien permanent Catégories : Films 0 commentaire Pin it!
  • Pourquoi BHL est intouchable...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Philippe Bilger, cueilli sur le site de Marianne et consacré aux raisons de l'invulnérabilité médiatico-judiciaire de BHL... 

     

    BHL 2.jpg

     

    Pourquoi BHL est intouchable

    Marine Le Pen va assigner BHL en justice parce qu'en substance, dans son bloc-notes du Point, celui-ci lui a imputé une responsabilité dans l'agression odieuse des trois jeunes Juifs à Villeurbanne, près de Lyon (Le Point, nouvelobs.com, Marianne 2).

    Le combat n'est même pas inégal, BHL est gagnant par KO avant même de l'avoir livré.

    MLP, après tout, ne représente que plus de six millions d'électeurs qui sont par définition des obtus et des fascistes. En plus, elle n'est même pas reçue à l'Elysée par un président qui pourtant semblait avoir fait de l'équité et de la normalité ses guides.

    Il est évident qu'elle n'a pas d'honneur, qu'on a le droit de tout se permettre avec elle. Elle a beau avoir renvoyé aux oubliettes les obsessions de son père sur la Seconde Guerre mondiale, le nazisme, le racisme et l'antisémitisme même si elle a connu une lamentable rechute à Vienne sans doute à cause d'une fidélité à la part sombre de son père si obstinément présent. Ses paroles et ses déclarations n'ont pas l'ombre d'une importance puisque, comme pour Eric Zemmour ou quelques autres, on lui impute, derrière elles aussi décentes qu'elles soient, pensées forcément mauvaises et, s'il le faut, arrière-pensées nauséabondes. MLP est faite comme un rat dans l'étau et la bonne conscience de ses adversaires fanatiques. Pour la politique, elle s'en débrouille.

    Elle a fait huer le nom de BHL dans ses meetings. Quoi qu'ait accompli ou dit ce dernier, il est scandaleux de s'en prendre à lui parce que ce ne sont jamais ses actions, ses attitudes et ses invectives qui sont mises en cause mais seulement la donnée qu'il est juif. Il est donc interdit, dans tous les cas, d'avoir un différend avec lui : on est naturellement indigne. Celui qui prétendrait ne pas l'aimer à cause de ses oeuvres, de ses écrits, de ses paroles et, plus généralement, de la haute opinion qu'il a de lui-même et que la révérence médiatique lui permet de cultiver serait inéluctablement de mauvaise foi puisqu'il se méprendrait sur la cause exclusive de son dissentiment: parce que BHL est juif ! Peu importe le fait que lui-même, à tous moments et sur tous les plans, l'évoque. C'est comme cela : il est intouchable.

    MLP n'a pas d'honneur ni de sens de l'honneur. Donc tout outrage est possible, confortable, bienvenu.  BHL, lui, a tous les honneurs. Ceux qu'on lui octroie et ceux dont il se pare. Son omniprésence, sa surabondance, son film sélectionné à Cannes en dernière extrémité dans l'urgence, la Libye surexploitée sur le vif, par le livre, par l'image, la rhubarbe et le séné pour Nicolas Sarkozy et lui, sa volonté de se constituer et d'apparaître sans cesse comme un justicier éthique, l'arbitre des élégances morales et des initiatives historiques, le vibrion exemplaire des causes dans l'instant sublimes et durablement perverses - encore la Libye ! -, BHL incontestable, incontesté, applaudi, fêté, encensé, une ou deux critiques négatives sur son film n'altèrent pas sa médiatisation forcenée, BHL une lumière, une clarté pour notre monde sans repères ! On a le droit, même le devoir de dire du bien de lui, ce n'est pas parce qu'il est juif. Du mal : c'est parce qu'il l'est.

    Comment BHL aurait-il dû, dans ces conditions, s'abstenir d'accabler MLP ? Il n'avait aucune raison de se gêner puisqu'avec elle on a toute licence, même celle de lui imputer une quelconque responsabilité dans la commission d'actes odieux et qu'elle a jugés très graves avant même l'intimidation de BHL. Il sera assisté, lors de l'audience où tel que je le devine il sera présent, par un avocat remarquable tandis que MLP sera aux côtés d'un conseil obligatoirement choisi par connivence politique et donc perfectible. Parce que d'autres meilleurs, sans doute scandalisés autant qu'elle dans leur for intérieur, se garderaient bien, sollicités, de venir plaider sa cause. On n'est jamais trop prudent, trop lâche !

    Je ne doute pas une seconde que BHL saura, si on lui objecte que l'influence de Merah a été peut-être décisive sur le comportement de ces brutes, par un habile retournement démontrer que MLP et Merah doivent être unis dans la même opprobre. Je relève avec intérêt que l'auteur principal présumé des violences s'est présenté à la police mais qu'aucune indication n'est fournie sur son identité et son origine (20 minutes) même si les victimes ont évoqué la présence de "trois jeunes gens d'origine maghrébine"(Le Monde).

    A vous dégoûter donc de pourfendre, de dénoncer et d'être injuste puisque, quand on s'appelle BHL, on triomphe sans gloire, on est vainqueur avant le match.

    Philippe Bilger (Marianne, 8 juin 2012)

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!