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musulmans - Page 2

  • Des noms et des mots...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une nouvelle chronique de Richard Millet, l'auteur de La confession négative (Gallimard, 2009) et de Tuer (Léo Scheer, 2015), cueillie sur son site personnel et consacrée aux derniers attentats islamistes...

     

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    Des noms et des mots

    Dans un de ses prétendus « débats internes » (et non plus intérieurs, ni de conscience, la vraie conscience et l’intériorité ayant disparu avec la tolérance psychanalytique et l’idée de rachat et de salut), la presse stipendiée fait mine de se demander s’il faut continuer à diffuser le portrait et le nom des terroristes islamistes – cette dernière épithète ayant, remarquons-le une nouvelle fois, disparu sous le tapis de la « radicalisation », le mot musulman étant devenu un oursin dans la bouche des dirigeants socialo-bruxellois et des laquais du grand mensonge médiatique. S’il nous est indifférent, à nous autres, de ne pas voir la tronche de ces dégénérés, il convient de ne pas cacher leurs noms, dût leur accumulation constituer une nébuleuse onomastique révélant la vraie nature, ethnique et religieuse, de l’ennemi, même dans  le cas d’un « métis » comme Abdel Malik Petitjean, qui a prostitué à l’islamisme sa part française. Trop de noms arabes ne risquent-ils pas d’accroître le légendaire « racisme ordinaire » des Français, murmurent les valets de pied ? Le propre du nom de l’ennemi est cependant un élément de la guerre – cela seul, même, qui demeure de la dimension métaphysique de la guerre ? N’est-ce pas ce que je suggérais, en 2011, à l’émission de Finkielkraut, sur France-Culture, en disant qu’un Arabe de la deuxième ou troisième génération se prénommant encore Mohammed ou Rachida ne pouvait être français? Le djihadisme commence dans le multiculturalisme ; on a crié au scandale : on voit où on en est aujourd’hui le pays qui porte encore le nom de France.

                La « cohésion nationale » prônée par Hollande comme riposte aux crimes islamistes a depuis longtemps volé en éclats. Si la décadence d’un pays se jauge à l’état de ses mœurs, de sa langue, de sa littérature, de son système d’enseignement, on a pu en prendre la mesure avec la loi sur le mariage homosexuel, le naufrage de l’enseignement public (à propos de quoi il faut lire les excellentes analyses de Jean-Paul Brighelli dans Causeur et dans Le Point), l’insignifiance de la littérature. On le voit aussi avec la radiation « définitive » de la corrida du « patrimoine immatériel » de la France, le gouvernement obéissant, comme pour le mariage homosexuel, à un lobby de plus en plus puissant, dont la caisse de résonance est la Commission européenne, chargée, on le sait, de préparer un monde meilleur, voire le meilleur des mondes.

    Les réactions à l’assassinat du père Hamel (que la presse athée s’obstine à n’appeler pas ainsi, préférant parler du « prêtre de Saint-Etienne-du-Rouvray ») ont donc été d’une immense fadeur, pour ne pas dire d’une hypocrisie insigne, les commissaires du peuple allant même jusqu’à reprocher à Mgr Vingt-Trois d’avoir rappelé la doctrine de l’Eglise sur le mariage homosexuel. Le pas d’amalgamisme est plus que jamais à l’œuvre, alors que tout montre l’incompatibilité de l’islam avec la civilisation européenne, ou ce qu’il en reste. On ne s’étonnera donc pas de lire sous la plume de Jacques Julliard que « seul un Bernanos aurait su trouver les mots qui conviennent » pour parler de ce meurtre : on lui accordera que ce ne sont pas des légions d’écrivaillons post-littéraires encensés par la presse qu’il sert qu’on peut attendre la vérité, Julliard ne faisant là, sans le savoir, qu’entériner la fin de la France littéraire et catholique : Bernanos, aujourd’hui, serait envoyé par Julliard et ses alliés devant la XVIIe chambre correctionnelle ; et pourquoi aller chercher un mort ? Il est vrai que les écrivains qui pourraient parler n’ont pas accès à la presse officielle. Quant à L’Obs, magazine libéral-gauchiste, il s’est fait l’écho de ce qui ce qui « arrive » à une « élue » de Brest, ville célèbre pour sa mosquée salafiste : une dame Le Goïc s’est trouvée menacée après avoir diffusé sur Twitter une « blague de mauvais goût » et « d’un timing mauvais », selon le magazine. La voici : « Du coup, le prêtre mort en martyr, il a droit à 70 enfants de chœur au paradis ? », a écrit cette chienne de garde, qui n’aurait bien sûr jamais osé « twitter » quelque chose de ce genre à propos d’un imam, la christianophobie n’existant pas, comme on le sait, les prêtres étant évidemment tous pédophiles, et le blasphème toujours à sens unique. Cette « élue », qui ne représente rien, dans l’insignifiance, la déchéance, la prostitution générale des fonctions, se félicite d’avoir réveillé la « fachosphère », dont on se demande d’ailleurs en quoi elle consiste, mais ne regrette pas d’avoir insulté un prêtre égorgé par deux musulmans. Voilà qui est montre bien sur quoi repose la « cohésion démocratique » prêchée par Hollande, lequel n’a plus que neuf mois pour avorter de lui-même, et laisser la place à d’autres avortons politiques qui ne trouveront pas davantage de solutions à l’immigration, à la montée de l’islam en France, non plus qu’à l’abjection morale à quoi œuvre le gauchisme médiatico-politique.

                Que l’Etat français se soit décomposé dans le parlementarisme et le Spectacle, le récent communiqué du FNLC du 22 Octobre le montre à l’envi, malgré une rhétorique anticolonialiste d’un autre âge et une mise en scène kitsch, où il prévient, avec raison, les islamistes installés en Corse contre toute attaque : celle-ci déclencherait « une réponse déterminée, sans état d’âme. » A l’israélienne, donc, ce qu’on ne peut qu’approuver, et souhaiter voir s’exercer dans les autres régions françaises. C’est d’ailleurs ce que je suggérais, il y a quelques jours, en rappelant le rôle du GAL dans la question basque. Au lieu de s’interroger sur les cellules d’aide psychologique à mettre en place pour les terroristes de retour de Syrie et pour leurs émules restés en France, qu’on les abatte discrètement : il n’y aura que leurs mères pour croire que c’étaient des enfants incapables de faire du mal à une mouche.

                Entre le brouillard socialiste, les vapeurs du catholicisme de gauche et l’abjection de l’élue brestoise, comment oublier que la guerre est bel et bien là, et que, contrairement à ce que déclare le Pape, c’est une guerre de religion, si on entend par religion ce qui nourrit l’esprit d’une civilisation. Qu’on demande aux chrétiens d’Orient ce qu’ils en pensent. Nous ne vivons pas dans le même monde que Hollande. Nous sommes déterminés à nommer les choses, témoins jusqu’à la mort, en soldats du Christ, contre la clique culturelle qui fait en sorte que le terrorisme, comme la crise économique et la misère morale, sont devenues une manière d’être, trompant les peuples ou ce qu’on prend encore pour tels.

    Richard Millet (Site officiel de Richard Millet, 31 juillet 2016)

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  • "Une France plongée en état d’apesanteur et noyée dans la moraline"...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire et consacré aux suites des attentas des 7, 8 et 9 janvier 2015...

    On pourra regretter le caractère un peu superficiel de la réponse à la dernière question...

    D'abord pourquoi parler d'islamophobie ? Le fait de ne pas apprécier l'islam, religion monothéiste extra-européenne, ou à tout le moins de s'inquiéter de la place un peu envahissante qu'il commence à prendre en France, n'est pas une maladie mentale mais bien une opinion, pas totalement absurde me semble-t-il.

    Il faudrait faire une distinction entre islam et islamisme... Soit. Mais on nous demande maintenant de faire une distinction entre islamisme modéré et islamisme radical... Reconnaissons que cela devient un peu compliqué. Le "vivre-ensemble" implique-t-il de devenir des spécialistes de théologie islamique ? Comme le notait fort justement Vincent Coussedière  dans un texte intitulé « Six thèses sur l'angélisme qui nous gouverne » : "Pourquoi les Français devraient-ils être savants en matière d’islam et être rendus responsables de la difficile articulation entre islam et islamisme? C’est aux musulmans, par définition «savants» en islam, qu’il appartient de ne pas s’amalgamer à l’islamisme et de montrer à leurs concitoyens, par leurs paroles et par leurs actes, qu’il n’y a pas lieu d’avoir peur et que cet amalgame est effectivement infondé".

    Enfin je ne vois pas en quoi le rejet de l'islam envahissant impliquerait automatiquement l'approbation du mode de vie occidental et de l'américanisation de la société... Il me semble que les Etats-Unis ont assez vigoureusement critiqué la loi interdisant le port de la burqa dans l'espace publique. L'islam envahissant et le communautarisme qu'il génère ont donc, au contraire, tout à voir avec l'américanisation de la société. En fréquentant un peu la banlieue, on le découvre rapidement : une jeune femme peut avoir des Nike aux pieds et porter le voile intégral !...

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    « Une France plongée en état d’apesanteur et noyée dans la moraline »

    Près de quatre millions de personnes qui défilent, après les attentats, pour un journal qui vendait péniblement à 30.000 exemplaires, c’est en soi un événement. Grand moment de communion nationale ou psychose collective ?

    Les manifestations auraient eu du sens si elles s’étaient bornées à exprimer de façon solennelle le refus du terrorisme par le peuple français. Organisées par le gouvernement et les partis politiques, elles se sont transformées en une immense vague d’identification victimaire symbolisée par le slogan « Je suis Charlie », promu de manière orwellienne nouveau mot d’ordre « républicain ». Dès lors, il ne s’agissait plus tant de condamner des attentats et des assassinats que de s’identifier aux « valeurs » de Charlie Hebdo, c’est-à-dire à la culture du blasphème et de la dérision.

    Durant la manifestation et les jours qui ont suivi, dans une France plongée en état d’apesanteur et noyée dans la moraline, on aura tout vu. Les cloches de Notre-Dame de Paris sonnant le glas pour les bouffeurs de curé. L’« union nationale » sans le Front national. La « liberté d’expression » réduite au droit au blasphème et s’arrêtant à Dieudonné. Celle des caricaturistes dépendant de la personne visée (Mahomet en train de sodomiser un porc : tellement drôle ! Christiane Taubira en guenon : intolérable !). Des bataillons de chefs d’État (deux fois le G20 !) chantant les louanges d’un titre dont ils n’avaient jamais entendu parler huit jours plus tôt. Des millions de zombies se ruant dans les kiosques pour acheter, tel le dernier smartphone, un journal qu’ils n’avaient jamais eu la curiosité d’ouvrir depuis vingt ans. Le badge « Je suis Charlie » succédant au ruban pour le SIDA et à la petite main de « Touche pas à mon pote ». Spectacle surréaliste ! Tout le monde il est gentil, tout le monde il est Charlie, dans le grand hospice occidental transformé en bisounurserie. Les rédacteurs de Charlie Hebdo, qui se voulaient tout sauf « consensuels », auraient été les premiers stupéfaits de se voir ainsi canonisés. Quant aux djihadistes, ils ont dû bien rigoler : un défilé des moutons n’a jamais impressionné les loups.

    Ces cortèges peuvent-ils être mis sur le même plan que le défilé gaulliste sur les Champs-Élysées en 1968, les marches contre Jean-Marie Le Pen en 2002 ou la déferlante de la Manif pour tous ?

    Je ne le crois pas. Pour Valls et Hollande, la manifestation avait au moins six objectifs : marginaliser le Front national et neutraliser l’UMP (qui est évidemment tombée dans le panneau la tête la première) au nom de l’« union sacrée », solidariser les Français autour d’une classe politique gouvernementale discréditée, justifier l’engagement de la France dans une nouvelle guerre d’Irak où elle n’a rien à faire, mettre en place un espace policier européen où l’on sait d’avance que ce ne sont pas seulement les islamistes qui seront surveillés (Manuel Valls affirmant sans rire que les « mesures exceptionnelles » qu’il s’apprête à prendre ne seront pas des mesures d’exception !), faire croire que le terrorisme auquel nous sommes aujourd’hui confrontés a plus à voir avec le Proche-Orient qu’avec l’immigration et la situation des banlieues, enfin persuader l’opinion que, « face au terrorisme », la France, fidèle vassale du califat américain, ne peut qu’être solidaire de pays occidentaux qui n’ont jamais cessé d’encourager l’islamisme, tout en noyant leurs erreurs et leurs crimes derrière le rideau de fumée du « choc des civilisations » (Poutine n’avait bien sûr pas été invité !). Force est de reconnaître que tous ces objectifs ont été atteints.

    J’ai eu le tort, dans un entretien précédent, de parler de réactions spontanées. Celles auxquelles ont eu droit les journalistes de Charlie Hebdo – mais non le malheureux otage français Hervé Gourdel décapité en Algérie trois mois plus tôt – ont en réalité été mises en forme par les injonctions sociales et médiatiques, la grande fabrique postmoderne des affects et des émotions. Il faudrait un livre entier pour analyser dans le détail ce coup de maître qui a permis, en l’espace de quelques heures, de récupérer la colère populaire au bénéfice d’une adhésion « républicaine » à l’idéologie dominante et d’une « union nationale » avant tout destinée à redresser la courbe de popularité du chef de l’État. La classe politique gouvernementale apparaît ainsi comme la principale bénéficiaire de la légitime émotion soulevée par les attentats.

    On a enregistré ces derniers jours une recrudescence des actes antimusulmans (attaques contre des mosquées, etc.). Cela vous surprend ?

    Cela me surprend d’autant moins que les attentats sont faits pour ça : stimuler une islamophobie que les terroristes djihadistes considèrent comme un « vecteur de radicalité » privilégié. Les terroristes islamiques adorent les islamophobes. Ils souhaitent qu’il y en ait toujours plus. Ils savent que plus les musulmans se sentiront rejetés par les non-musulmans, plus ils pourront espérer les convaincre et les radicaliser. Les djihadistes assurent qu’ils représentent le « véritable islam », les islamophobes leur donnent raison en disant qu’il n’y a pas de différence entre l’islam et l’islamisme. Que les premiers commettent des attentats alors que les seconds verraient plutôt sans déplaisir se multiplier les pogroms contre ceux qui « rejettent le mode de vie occidental » (le sympathique mode de vie mondialisé de la consommation soumise) n’y change rien. Les islamophobes sont les idiots utiles de l’islamisme radical.

    À l’époque de la guerre d’Algérie, que je sache, on ne faisait pas grief aux harkis d’être musulmans, et l’on ne s’étonnait pas non plus qu’il y ait des mosquées dans les départements français d’Alger, d’Oran et de Constantine. Pour ma part, je ne ferai pas aux terroristes islamistes le cadeau de devenir islamophobe. Et je ne fantasmerai pas non plus sur la « France musulmane » comme Drumont fantasmait sur La France juive (1885), en associant mécaniquement islam et terreur comme d’autres associaient naguère les Juifs et l’argent.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 18 janvier 2015)

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  • Eric Zemmour fait face à la meute !...

    Accusé par Jean-Luc Mélenchon et par les médias du système d'avoir déclaré à un journal italien qu'il était favorable à la déportation des Musulmans résidant en France, Eric Zemmour fait face à la meute hurlante, rendue hystérique par le succès de son livre Le suicide français (Albin Michel, 2014), démonte la manipulation et expose son point de vue.

     


    Éric Zemmour s'exprime face à la polémique par rtl-fr

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  • Histoire d'un Arabe...

    Nous vous signalons la parution aux éditions Labor et Fides d'un ouvrage de Tilman Nagel intitulé Mahomet - Histoire d'un Arabe ; invention d'un prophète. Son auteur a été professeur de langue et de civilisation arabe à l'université de Götingen, en Allemagne, pendant plus de vingt-cinq ans. Ce livre trouvera sa place à côté de celui de René Marchand, Mahomet - Contre-enquête (Editions de l'Echiquier, 2006).

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    "L'ouvrage du professeur Tilman Nagel est la première biographie historicocritique de Mahomet parue depuis plus de cent ans. Pour cela, il met à profit les importants progrès faits ces dernières décennies par la recherche historique sur l'Arabie préislamique et utilise l'intégralité des sources à disposition. Il peut ainsi à la fois revisiter l'image dogmatique de la vie de Mahomet transmise par les traditions musulmanes et proposer une biographie du fondateur de l'islam inscrite de façon aussi précise que possible dans l'histoire politique, religieuse et sociale de son temps. Dans les derniers chapitres du livre, Nagel montre par quels chemins et pour quelles raisons la vie du Prophète a été par la suite l'objet d'une dogmatisation qui en a estompé les contours historiques. C'est en ce sens qu'on peut parler de l'invention d'un Prophète. Cette seconde démarche n'explique pas seulement comment est née la conception habituelle de la vie de Mahomet; elle fournit aussi les clés nécessaires pour soumettre à la critique historique ces traditions et les rendre ainsi utilisables pour une discussion informée sur l'islam et son fondateur."

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  • Suisse : la citadelle en « Camp des saints »...

    Nous reproduisons ci-dessous un article de Jean Bonnevey, cueilli sur Metamag et consacré aux inquiétudes de la Suisse face aux tensions qui s'accumulent en Europe...

     

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    Suisse : la citadelle en « Camp des saints »
     
    Quand on étudiait encore l’histoire en France, on parlait de « grandes invasions ». Cette période de grande mutation avec la chute de l’empire romain d’occident est qualifiée en Allemagne de « grandes migrations » En fait, il s’agit de déplacements massifs de peuples, poussés par des invasions certes (notamment celles des Huns), celle des peuples qui  venaient dans l’empire romain,  plus pour se réfugier et s’assimiler que pour le conquérir et le dénaturer. Autres temps, autres mœurs.
     
    L’histoire ne se répète pas, elle bégaye certes, mais les mêmes causes provoquent des conséquences similaires ou comparables. C’est en tout cas, l’avis de nos amis helvètes qui semblent vouloir appliquer le fameux principe de précaution à leurs frontières.

    En septembre dernier, l'armée suisse s'est entraînée sur des scénarios de violences civiles liées à l'instabilité économique de l'Europe. Berne s'inquiète ouvertement d'une désorganisation des armées voisines liée à la crise de l'Euro et des mesures d'austérité imposées par Bruxelles qui force les Etats à réduire les budgets destinés à la sécurité (police, gendarmerie, armée.)
     
    Il n’y a pas le feu au lac, mais ça pourrait venir.

    Le ministre de la Défense suisse souligne : "Je n'écarte pas la possibilité que nous aurons besoin de l'armée dans les années à venir". "Si un terroriste similaire au norvégien Anders Brievik cible des musulmans, les choses pourraient devenir incroyablement dangereuses très rapidement, ce qui pourrait déclencher des soulèvements généralisés de musulmans à travers toute l'Europe.". 
     
    Pour les suisses, le résultat d'une politique financière qui consiste à soutenir en priorité un système bancaire en faillite plutôt que son dispositif de sécurité, représente une mise en danger pour les populations... et les helvètes sont convaincus que les forces de l'ordre des pays voisins n'auront plus les moyens nécessaires de contenir les révoltes si les vagues de protestations sociales se poursuivent en Europe.
     
    Les Suisses qu’on ne prend jamais au dépourvu, s’organisent tranquillement.
     
    L’omerta médiatique en France est totale. Seule BFM Business en parle : « Forte de son armée de 200 000 hommes, elle a organisé du 6 au 21 septembre, un exercice militaire du nom de « Stabilo Due » destiné à vérifier « sa disponibilité opérationnelle » pour faire face au chaos social européen. »

    La chaîne américaine CNBC News écrit sur son site Internet, «avec des protestations anti-austérité en Europe, découlant de l'instabilité civile dans les rues d’Athènes et de Madrid, le pays européen, connu pour sa neutralité, prend des mesures de précaution inhabituelles.» 
    Selon le conseiller aux Etats, Jean-René Fournier (PDC/VS), «sur le fond, il est certes du devoir des responsables de la sécurité de planifier l'engagement de l'armée dans toutes les situations prévisibles, et l'instabilité en Europe en est une. Mais nous n'en sommes pas là, et nos voisins pourraient se sentir blessés.» Le conseiller national UDC, Yvan Perrin, pense au contraire que «si on veut être préparé au pire, il faut bien s'exercer». Et pour le démocrate du centre, nos voisins n'ont aucune raison de s'en offusquer.
     
    Au contraire, du côté de la gauche, on pense que cet exercice est «une grande maladresse vis-à-vis de nos voisins» et que la Suisse «doit se trouver des ennemis», comme le relève le conseiller national jurassien Pierre-Alain Fridez (PS). Interviewé par CNBC, le vice-président des Verts, Joseph Lang, pense que l'armée utilise «les contestations sociales et l'instabilité en Europe» pour se donner «plus de crédibilité». Et peut-être aussi pour justifier l'augmentation de son budget. Comme le rappelle Sonntag, André Blattman prévoit de soumettre en décembre à Ueli Maurer, la création de quatre bataillons de policiers militaires soit un total de 1600 hommes. 
    Et revoilà le réduit alpin- dont rêvaient les nazis, Hitler ayant par prudence renoncé à envahir un  pays neutre surarmé et sans enjeu  stratégique. La suisse deviendra-t-elle le «  camp des saints » de Jean Raspail ?
     
    Ce qui est sur, c’est que cette inquiétude ne devrait pas être un objet d’ ironie facile mais nous interpeller et même nous inquiéter.
     
    Jean Bonnevey (Metamag, 22 octobre 2012)
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  • Halal/Casher : qu'en pensent les moutons ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Frédéric Malaval, cueilli sur Polémia et consacré à la question de l'abattage rituel, qu'il soit casher ou halal...

     

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    Halal/Casher : qu'en pensent les moutons ?

    Marine Le Pen a lancé le débat. Puis, Claude Guéant, François Fillon, Nicolas Sarkozy l'ont relayée, chacun tentant d'attirer quelques électeurs de plus en pointant les pratiques halal/casher.

     

    Choquée que ce thème soit utilisé à des fins électorales, la bien-pensance monta au front arguant que des sujets bien plus importants devaient être privilégiés. Pourtant, le maintien de rites ancestraux au nom d'identités d'essence religieuse manifeste la volonté de minorités d'être en contravention avec la règle commune. Notons que les représentants de l'Ecologie politique officielle sont d'une discrétion absolue sur ce sujet. Eva Joly a même osé qualifier cela de « rideau de fumée qui masque les véritables enjeux ». Elle préfère parler de chômage ou de politique étrangère… Si les «écologistes patentés ne s'intéressent pas à la nature et aux animaux, qui va le faire ?

     

    Plus globalement, la singularité religieuse casher/halal affirme une volonté de se singulariser au sein d'une civilisation européenne qui accorde de plus en plus de droits à la nature, en général, et à l'animal, en particulier. Parmi ceux-ci : celui de ne pas souffrir. Relevons que sur ce thème aucun mouton, vache, poulet, etc., n'a été interrogé alors qu'ils sont les premiers concernés. Personne ne peut légitimement se revendiquer leur tuteur. Ce constat, entre autres, amène de nombreux juristes à considérer que le droit anthropocentré qui organise nos écosystèmes artificiels est désormais obsolète.

     

    Hier, la souffrance animale était envisagée comme une illusion. Assimilé à une machine dans la philosophie de Descartes, car dépourvu d'âme, l'animal était offert à toutes les abominations. La vivisection du XIXe siècle fut la conséquence paroxystique de cette conception. En parallèle émerge une conscience naturaliste dont la législation actuelle est l'héritière. Dès le XIIIe siècle, saint François d’Assise diffuse l’idée d’une nature distincte de l’homme, certes, mais dont les éléments comme les oiseaux sont nos frères. Aussi, on trouve dans la tradition chrétienne l'idée que l'homme n'est que le « gérant » ou l' « intendant » de la Création divine à laquelle il doit rendre compte de ses actes. Hans Jonas (1903-1993), philosophe allemand, fut une des personnalités ayant popularisé les enjeux philosophiques de cette relation à la nature.

     

    Les historiens considèrent que c'est au XIXe siècle que cette reconnaissance des droits de l'animal prend forme. Les modifications industrielles qui conduisent au remplacement de l'énergie animale par la vapeur ou l'électricité font que l'animal de référence n'est plus seulement l'animal de travail, usé à la tâche, souvent traité avec indifférence ou cruauté, mais l'animal de compagnie, observé et aimé. C'est ainsi qu'après les guerres napoléoniennes apparaissent les premières sociétés de protection des animaux. Les traitements inhumains des animaux (élevage ou abattage des animaux de boucherie, dressage des animaux de cirque, bêtes de trait maltraitées) sont stigmatisés. Les chasses cruelles sont condamnées. On dénonce la vivisection. On fait interdire les combats d'animaux. Toute une série de lois assure la protection juridique des animaux. En Angleterre comme en France, le combat contre la souffrance animale est associé à la lutte contre l'esclavage et au développement de la démocratie. C’est une composante du Progrès de l’HOMME.

     

    Jeremy Bentham dans Introduction aux principes de la morale et de la législation, déclarait ainsi en 1789 : « Il y eut une époque, et j'avoue avec tristesse qu'en bien des lieux ce temps n'est pas révolu, où la plus grande partie de l'espèce, sous la dénomination d'esclaves, était considérée aux yeux de la loi de la même manière que les animaux des races inférieures sont traités en Angleterre par exemple. Le jour viendra peut-être où le reste du règne animal retrouvera ses droits qui n'auraient jamais pu lui être enlevés autrement que par le bras de la tyrannie. Les Français ont déjà réalisé que la peau foncée n'est pas une raison pour abandonner sans recours un être humain aux caprices d'un persécuteur. Peut-être finira-t-on un jour par s'apercevoir que le nombre de jambes, la pilosité de la peau ou l'extrémité de l'os sacrum sont des raisons tout aussi insuffisantes d'abandonner une créature sensible au même sort. »

     

    Depuis, le droit de la nature et des animaux est devenu un pilier de notre civilisation européenne. La directive 2004/35/CE du Parlement européen et du Conseil, du 21 avril 2004, sur la responsabilité environnementale en est la pierre angulaire. Auparavant, en mai 1999 était entré en vigueur le protocole sur la protection et le bien-être des animaux. Ils y sont reconnus comme des êtres sensibles. S'appuyant sur des législations anticipatrices, la directive 74/577/CEE du Conseil du 18 novembre 1974 imposait l'étourdissement des animaux avant leur abattage. Les procédés d'étourdissement autorisés doivent plonger les animaux dans un état d'inconscience qui doit durer jusqu'à leur abattage, de manière que toute souffrance leur soit épargnée. Or, les pratiques casher/halal s’affranchissent de cette règle de fond.

     

    Pourtant, la pression est forte. La chaîne de télévision Arte alimente le combat pour le droit des animaux. Le mardi 27 mars 2012, elle diffusera un reportage sous le titre : « Doit-on encore manger des animaux ? » Hier, elle faisait une large publicité au livre Faut-il manger les animaux ? de Jonathan Safran Foer. Une multitude de vidéos sur l'abattage casher ou halal circulent sur le Web. Personne ne peut dire : je ne sais pas. Alors pourquoi des dérogations halal/casher ? Beaucoup de juifs et de musulmans n'approuvent pas leurs coreligionnaires extrémistes. Mais ils sont discrets.

     

    En imposant, on ne sait comment, des pratiques d'un autre âge, et alors que le combat pour la dignité animale est loin d'être gagné, le maintien de ces pratiques d'abattage halal/casher trahit une volonté de se situer résolument à la marge d'une évolution organique de la civilisation européenne. La polémique déclenchée par Marine Le Pen est donc symptomatique d’un enjeu de civilisation fondamental. Au contraire d’une dispute factice sur les avantages réciproques de la prime pour l’emploi ou de la TVA sociale, elle est digne d’une élection présidentielle. Encore faudrait-il l’aborder franchement et appeler un mouton, un mouton. Cela participerait à la mutation d’un droit anthropocentré en un droit écocentré, seul garant de l’avènement d’une réelle société écologique.

     

    En guise de conclusion, et pour étouffer d'emblée toutes déformations de ces lignes, précisons que si les prosélytes du halal/casher apportaient la preuve que leurs pratiques limitaient la souffrance animale, alors il faudrait immédiatement que tous les abattoirs s'y adonnent.

    Frédéric Malaval (Polémia, 17 mars 2012)

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