Pour bien commencer l'année, nous ne pouvons que vous conseiller à nouveau la lecture du remarquable essai d'Hervé Juvin, Le renversement du monde (Gallimard, 2010), qui, selon Alain de Benoist, "n'est pas seulement une analyse perspicace de la crise financière actuelle, mais aussi une des analyses de la mondialisation les plus pénétrantes parues à ce jour".
Hervé Juvin, s'il dresse un tableau terrible de l'Europe d'aujourd'hui, n'en est pas pour autant un décliniste chagrin, tourné vers le bon vieux temps. C'est, au contraire un formidable professeur d'énergie. On rêve qu'un candidat (ou une candidate !...) à l'élection présidentielle de 2012 s'inspire de son livre et propose enfin aux Français un projet politique ambitieux...
Bref, il faut lire Juvin, et le faire lire !
Nous reproduisons ci-dessous quelques extraits de son livre :
"L'exercice qui nous interroge depuis le monde qui vient nous appelle surtout à confesser notre identité, nous, Français, Européens, d'ici, de cette terre et des nôtres, moins comme origine que comme projet. Savons-nous ce que nous voulons être, représenter, incarner comme Français, comme Européens, et savons-nous comment et avec qui nous voulons le faire? L'idéologie individualiste ne nous apporte aucune réponse, pis, elle nous interdit de répondre. Le drame est que son aboutissement, la production du monde, la production des corps et de la vie, et la fin de l'histoire dans 1e triomphe de la volonté humaine, fait disparaître toutes les réponses possibles, les escamote plus encore qu'il ne les interdit en les reconduisant à des problèmes individuels: si vous vous sentez seuls, allez voir un psy! Le drame est que l'effort immense de dispense du réel et de sortie de l'histoire et de la géographie des Européens, engagé depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, appelle un effort symétrique: aussi intense et aussi puissant, pour renouer les fils de l'honneur et de la fidélité des nations d'Europe à elles-mêmes. Vivre avec la crise appelle un immense travail de recontextualisation, c'est-à-dire un travail exactement inverse de celui auquel a procédé l'idéologie du marché, de la concurrence pure et parfaite, de la vérité des comptes, de la mise en conformité des décisions, de la contractualisation des relations. Réaliser la décolonisation de l'Union européenne contre l'entreprise mondialiste est le premier et l'immense travail politique qui vient. Travail de retour à l'histoire et à la géographie. Travail de situation de tout ce qui parle, affiche, publie, témoigne, influe: d'où vient-il, et de qui? Travail de survie., qui appelle le tour de garde de sentinelles éveillées : que chacun donne son mot de passe, que chacun dise quel est son nom, d'où il vient et de qui, qui le paie et pourquoi, nous n'avons plus le luxe de croire que les idées viennent de nulle part et que ceux qui parlent entendent seulement nous divertir. Travail de repérage, de mesure, de détection des cristaux que charrie la boue quotidienne de l'événement et de l'information. Travail de détection, de sélection et de discrimination, pour reconnaître les amis des ennemis et veiller aux portes. Travail d'arpenteur ou de géomètre, sans doute, travail de portraitiste, d'entomologiste ou d'herboriste surtout, travail de reconnaissance des écarts, de révélation du divers, d'invention du séparé, de découverte du particulier, là où la loi des comptes, des nombres, des modèles et des normes travaillait à réduire au même, à conformer au modèle, là où le droit, le marché et le contrat travaillaient à dispenser l'action et la relation humaines de tout contexte et de toute singularité, là où le nouveau conformisme autorise des entreprises à évaluer et noter leurs collaborateurs en fonction de leur appétit pour la diversité, c'est-à-dire de leur capacité à oublier les leurs, leur sang et leurs liens. Faudra-t-il parler d'art et de la capacité à enchanter ce qu'une étonnante conjuration de forces s'est employée à banaliser? Pour comprendre la crise, pour dépasser la crise, nous avons moins besoin de politiques que de photographes et de conteurs d'histoires, moins d'économistes que d'ethnologues et de philosophes, moins d'experts et de spécialistes que de passeurs et de curieux. Où sont les arpenteurs des champs du savoir et de la conscience qui se riaient des disciplines, des catégories et des appellations? Où sont ces trafiquants du savoir, journalistes un jour, ethnologues le lendemain, et romanciers de leur vie toujours, qui ont fait mieux que nous dire le monde, qui nous l'ont fait rêver ?"
"Affirmer ses fondamentaux est l'un des moyens de traverser la crise. L'épée des convictions seule peut trancher les contradictions du système. Au sortir espéré de la crise, les citoyens, les fidèles ou les croyants n'attendent qu'un seul discours: l'affirmation de ce qui ne changera pas; de ce qu'est la nation ou l'empire, sa mission, son projet, indépendamment des marchés, des changes, de la Chine et des subprimes. Parler de durée, de long terme, c'est commencer par énoncer clairement ce qui ne changera pas. C'est définir son identité et aller jusqu'au bout; définir ce que l'on est, c'est définir ce que l'on n'est pas, c'est exclure ce et ceux qui n'en seront pas, c'est circonscrire son action, son ambition, se reconnaître des limites, et c'est discriminer ce qui et ceux qui peuvent en être, qui en seront, par rapport à ceux qui n'en sont et n'en seront pas."
"L'ordre ancien a vu l'opposition des religions les unes contre les autres, des nations les unes contre les autres, des peuples les uns contre les autres. Le système nouveau est celui de l'opposition des peuples, des nations et des religions contre le mondialisme qui prétend les abolir, les réduire, les soumettre, et contre ceux qui prétendent diriger le monde vers son unité, au nom de leur élection prétendue ou de leur supériorité autoproc1amée. Et le système nouveau est celui qui organisera la coopération de peuples souverains, distincts, unis et divers. Ceux qui organisent dans l'ombre la conspiration des sachants, des experts et des banquiers, ceux qui exposent en plein jour leur projet de directoire mondial, planifient le chemin de la démocratie planétaire et se préparent au gouvernement universel, ceux-là sont les pires ennemis de tous les peuples, de tous les hommes de leur terre, de leur sang et de leur foi, de tous les rebelles, résistants et insurgés contre le bien unique, la conformité imposée et le métissage de rigueur. Ils savent que la frontière est la limite de l'autorité légitime et de l'action utile. Ils savent que la discrimination est la condition de tout projet de société consistant. Ils savent que la préférence des siens par rapport aux autres est le fondement de la liberté des uns et des autres à suivre leur voie et à approfondir leur unité interne. Ils savent par-dessus tout que la diversité des collectivités humaines est le seul véritable garant de la survie de l'humanité, et qu'elle résume à elle seule la condition politique. Ils connaissent leurs ennemis, et ils sauront sans trembler, sans frémir et sans remords le moment venu d'en finir."
Hervé Juvin, Le renversement du monde, Paris, Gallimard, 2010, 264p
mondialisme - Page 14
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Lire Juvin et refaire l'histoire !...
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Localisme et identité
Samedi 4 décembre 2010 à Paris :
Colloque "Localisme et identité, la réponse au mondialisme"
Lieu : NOVOTEL Pont de Sèvres, 13 grande rue, 92 310 Sèvres
Organisateurs : Associations alternatives, localistes, démocrates et identitaires (Coopérative Parisienne ; Ti Breizh, la maison Bretonne ; Académie pour la défense des êtres humains ; Projet Apache ; Parti des Français Progressistes ; Terres Arvernes ; Lien en Pays d'Oc ; Terroirs et Productions de France).Programme :
9h00 : accueil
9h30 : ouverture des travaux, présentation de la journée.
9h45 : exposés
- Georges GOURDIN, communication et médias : les fêtes enracinées ou le cadeau planétaire jetable? L'exemple de Noël.
- Dominique LAMBERT, ingénieur en environnement, Londres : l'urbanisme, les transports et l'énergie au service de la relocalisation des activités humaines.
- Jacques DAUDON, enseignant retraité, maraicher bio : les conditions alimentaires et environnementales pour rétablir santé et bien être de notre population.
- Philippe MILLIAU, responsable de formation : l'alternative économique et fiscale du localisme face à l'ordre mondial et à la destruction de la terre.
11h00 pause
11h15 : table ronde avec les orateurs de la matinée et questions écrites de la salle. Animateur : Arnaud NAUDIN, journaliste.
- à quelle échelle pertinente peut on appliquer les préconisations et propositions des conférenciers ?
- crise mondiale, ou crise du système mondialiste ?
- du concret au quotidien, ou l'attente du " grand soir" de la fin du mondialisme
- la relocalisation, une vision archaïque, ou futuriste ?
- questions écrites.
12h30 déjeuner14h30 : exposés :
- Arnaud GOUILLON, ingénieur et responsable d'ONG : localisme, écologie, démocratie, actions humanitaires et valeurs humaines : la synthèse identitaire.
- Philippe CONRAD, historien : identité et devenir de la civilisation Européenne.
- Philippe PERCHIRIN, consultant et dirigeant de PME dans un cadre Européen : face à la régression totalitaire mondialiste, demain la démocratie directe.
- Isabelle LARAQUE, professeur de philosophie : de la cité Grecque au citoyen du monde, un chemin à l'envers.16h00 pause
16h15 : table ronde avec les orateurs de l'après midi, et questions écrites de la salle. Animateur : Xavier DELAUNAY, journaliste.
- l'argent roi, une incompatibilité avec la démocratie...
- l'histoire de l'Europe est elle écrite ? Le monde peut il se passer de l'Europe?
- l'explosion démographique Africaine et musulmane : un danger pour l'équilibre du monde ?
- la démocratie directe et les libertés locales : inciter le citoyen à se prendre en charge
- questions écrites
17h45 : synthèse et conclusions.---
Lieu : NOVOTEL Pont de Sèvres, 13 grande rue, 92 310 Sèvres
Date : Samedi 4 Décembre, de 9h à 18h
Prix d'entrée : 10 euros.
Repas de midi facultatif et UNIQUEMENT sur réservation : 30 E. Règlements auprès du service accueil du colloque, sur place.
Inscriptions à faire parvenir avant le 2 Décembre à :
Ti Breizh, milin coz, 29650 GUERLESQUIN
mail : milin.coz@gmail.com
tel : 02 98 72 89 33 et 06 01 15 92 37 -
Contre l'homogénéisation planétaire !
Dans notre rubrique archives, nous mettons en ligne un éditorial de Robert de Herte (alias Alain de Benoist), dans la revue Eléments (n°100, mars 2001), consacré au localisme.
L'heure de la micropolitiqueA l'époque de la modernité, la politique a été pensée de façon essentiellement institutionnelle ou constestataire de l'institution. Le pouvoir central était l'enjeu des pratiques et des luttes politiques. Quand les mécontents étaient trop nombreux, on assistait à des mouvements de colère, voire à des insurrections. Aujourd'hui, on assiste à une implosion. On ne se mobilise plus, on se détourne. Non seulement les pouvoirs officiels sont de plus en plus impuissants, mais l'abstention ne cesse de progresser. D'autant plus coupés du peuple qu'ils veulent être " proches de lui ", les politiciens ont beau assurer de façon pathétique leur " souci de transparence ", leurs programmes n'intéressent plus.Ceux qui ne comprennent pas que le monde a changé s'en désolent. Voyant s'effacer leur paysage familier, ils éprouvent un sentiment de dissolution. Ils confondent la fin d'un monde - le leur - et la fin du monde. Ils oublient que l'histoire est ouverte, et que ce qui se défait annonce des recompositions nouvelles. Comme la vague, dit Michel Maffesoli, qui avance alors qu'elle paraît reculer.Il ne faut pas en effet se tromper sur ce mouvement de retrait, en l'interprétant par exemple comme une " désertion " de type classique. Il s'agit en effet d'une nouvelle secessio plebis. Comme parfois chez l'individu, le corps ne suit plus. Mais ici, c'est du corps social qu'il s'agit. Dans un mouvement de sédition instinctive, ce corps social se dérobe à la conscience de l'institution, de la puissance sociétale. Il ne se reconnait plus dans l'institué, dans la classe politique. Ce n'est pas qu'il est devenu indifférent à tout. C'est seulement qu'il a compris que la vraie vie est ailleurs.Cette dynamique est déroutante parce que, contrairement à ce que l'on voyait autrefois, elle ne se finalise pas. Elle n'est pas guidée par de vastes théories, et ne se fixe pas de grands objectifs à atteindre. Les grandes notions abstraites (patrie, classe, progrès, etc.) à la lumière desquelles on avait voulu changer le monde pour le rendre meilleur, avec pour seul effet de le rendre pire, apparaissent désormais comme vides de sens. L'Histoire (avec une majuscule) est désertée au profit des histoires particulières, les " grands récits " au profit des narrations locales. Après quinze siècles de doctrines qui prétendaient dire comment le monde devait être, on en revient à l'idée que le monde doit être pris tel qu'il est. Il ne faut pas avoir peur de ce mouvement, de ce foisonnement à la fois opaque et prometteur.La mondialisation, qui constitue désormais le cadre de notre histoire, n'est pas moins paradoxale. D'un côté, elle est unidimensionnelle, semblant provoquer partout l'extinction de la diversité sous toutes ses formes. De l'autre, elle entraîne une fragmentation inédite. Ce faisant, elle restitue la possibilité d'un mode de vie " autopoïétique ", fondé sur l'auto-organisation à tous les niveaux, et d'abord la possibilité d'un type de pratique démocratique qui était devenu impossible dans des ensembles unitaires trop grands.L'action locale permet en effet d'envisager un retour à une démocratie directe, de type organique et communautaire. Une telle démocratie, prenant en compte aussi bien le moment de la délibération que celui de la décision, implique d'abord une large participation. Elle repose ensuite sur les notions de subsidiarité et de réciprocité. Subsidiarité : que les collectivités puissent le plus possible décider par elles-mêmes pour ce qui les concerne, en ne déléguant au niveau supérieur que la part de pouvoir qu'elles ne peuvent exercer. Réciprocité : que le pouvoir de décider donné à quelques-uns soit assorti du pouvoir donné à tous de contrôler ceux qui décident. Une telle démarche répond à la définition du pouvoir donné par Hannah Arendt, non comme une contrainte, mais comme un pouvoir de faire et d'agir ensemble. Elle revient à penser la vie politique à partir de la notion d'autosuffisance, en cherchant à créer les conditions de cette autosuffisance à tous les niveaux : familles élargies ou recomposées, communautés de quartier, de villes et de régions, comités locaux, systèmes intercommunaux, écosystèmes et marchés locaux.La Révolution de 1789, consacrant les droits de l'individu indépendamment de toute appartenance communautaire, a voulu mettre fin au système des associations, auquel elle reprochait de faire écran entre l'individu et l'Etat souverain. Rousseau n'était pourtant pas hostile au régime associatif, dont Tocqueville devait faire après lui l'un des outils de la liberté. Au XIXe siècle, le modèle de la représentation n'a cessé d'être concurrencé par celui de l'association. " L'idée proudhonienne du fédéralisme, rapporte Joël Roman, fut explicitement proposée en opposition à la représentation politique, et le mouvement ouvrier naissant se retrouva davantage dans la notion d'association." (La démocratie des individus, Calmann-Lévy, 1988, p. 129). Ce modèle a par la suite inspiré les expériences les plus diverses (conseillistes, communautaires et coopératives). Il renaît aujourd'hui, avec une portée nouvelle.La notion de communauté est directement liée à celle de démocratie locale. En même temps qu'une réalité humaine immédiate, la communauté est un instrument de création de l'imaginaire social. C'est à partir d'elle qu'il est possible aujourd'hui de recréer le collectif. La dimension collective associe ceux qui ont une cause à faire valoir en commun : appartient à ma communauté celui qui, dans la vie de tous les jours, ets confronté aux mêmes problèmes que moi. Mettre l'accent sur les communautés revient à réhabiliter les " matries " charnelles, concrètes, à côté de la patrie abstraite, surplombante, anonyme et lointaine. Ce réenracinement dynamique, ouvert, n'est pas de l'ordre de la régression, de la clôture ou du sur-place. Il privilégie les notions de réciprocité, d'entraide, de solidarités de proximité, d'échanges de services et d'économies parallèles, de valeurs partagées. La résistance à l'homogénéisation planétaire ne peut se faire qu'au niveau local.Penser globalement, agir localement : tel est le mot d'ordre de la micropolitique. Il s'agit d'en finir avec l'autorité et l'expertise qui viennent d'en haut, édictant à partir du sommet de la pyramide des règles générales, en même temps qu'avec une société où la richesse augmente au même rythme que se défait le lien social. Contre la mentalité d'assistance et l'Etat-Providence, il s'agir de travailler à la reconstitution de réseaux de réciprocité, à la resocialisation du travail autonome, à l'apparition de nouvelles " niches " sociales, à la multiplication des " noeuds " au sein des " réseaux ". Il s'agit de faire réapparaître l'" homme habitant " (Pierre George) par opposition à l'homme qui n'est que producteur ou consommateur. Il s'agit de remettre le local au centre, et le global à la périphérie. Retour au lieu, au paysage, à l'écosystème, à l'équilibre. La vraie vie est ailleurs !Robert de Herte (Eléments n°100, mars 2001) -
Gouvernance mondiale : ils en rêvent !...
Christine Lagarde, ministre de l'économie, Angel Gurria, secrétaire général de l'OCDE, Pascal Lamy, directeur général de l'OMC, François Bourguignon, directeur de l'école d'économie de Paris et Michel Camdessus, ancien président de la Banque mondiale publient aux éditions Autrement, avec le concours du journaliste Jean-Marc Vittori des Echos, un livre collectif intitulé Pour une gouvernance mondiale, qui a le mérite d'afficher clairement la couleur. On notera - mais faut-il le préciser ? - que ces notables de l'hyperclasse sont tous membres d'officines discrète telles que le groupe de Bilderberg, la commission trilatérale ou le forum de Davos...
"La mondialisation, la crise économique et financière, les enjeux climatiques planétaires, toutes ces questions brûlantes pour chaque citoyen de la planète rendent chaque jour plus brûlante la question de la gouvernance mondiale. Qu’en est-il en réalité ? Faut-il la renforcer, l’assouplir, la réformer ? Comment se pratique-t-elle au quotidien ? Quel est son avenir ? C’est sur ces questions cruciales que Jean-Marc Vittori, éditorialiste aux Echos, a interrogé des « grands de ce monde », qui sont tous des acteurs, à travers leur expériences et leurs responsabilités nationales ou internationales, de cette gouvernance mondiale. Dans un langage clair, accessible à tous, vous découvrez une réflexion générale sur le fonctionnement politique et économique de la planète et les dangers qui s’y profilent."