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macron - Page 28

  • Des LBD au confinement strict: la France à l’heure de l’Etat total...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Eric Werner cueilli sur Antipresse et consacré au basculement progressif de la France dans le despotsme. Penseur important et trop peu connu, Eric Werner est l'auteur de plusieurs essais marquants comme L'avant-guerre civile (L'Age d'Homme, 1998 puis Xénia, 2015), De l'extermination (Xénia, 2013), ou Un air de guerre (Xénia, 2017), et de recueils de courtes chroniques comme Ne vous approchez pas des fenêtres (Xénia, 2008) et Le début de la fin et autres causeries crépusculaires (Xénia, 2012). Il vient de publier dernièrement Légitimité de l'autodéfense (Xénia, 2019).

     

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    Des LBD au confinement strict: la France à l’heure de l’Etat total

    Il faut, comme Tocqueville, s’écarter un peu de la France pour voir à quel point la réalité de ce pays contredit les principes dont il se réclame. Par-delà les questions de personnes et de partis, n’est-il pas temps de faire table rase de son culte inconsidéré de l’État? À moins de se laisser délibérément tomber dans la tyrannie absolue ou la guerre civile.

    Nous avions évoqué il y a quelques semaines le chef-d’œuvre de Tocqueville, son grand livre sur la Démocratie en Amérique. Revenons-y une nouvelle fois, car on ne se lasse pas de le faire.

    Tocqueville est bien sûr intéressant par ce qu’il nous dit de l’Amérique. L’Amérique est le sujet du livre. Mais le lecteur comprend vite en parcourant l’ouvrage qu’il n’y est pas seulement question de l’Amérique, mais de la France. C’est peut-être même elle, surtout, le sujet. Tocqueville feint de nous parler de la démocratie en Amérique, mais au travers même de ce qu’il en dit, il nous parle de la France et de la démocratie en France. Tocqueville emprunte ce détour pour aborder des problèmes qu’il estime ne pouvoir aborder que de cette manière: non pas donc directement, mais indirectement. On est ici dans le non-dit. Mais ce non-dit se lit bien entre les lignes.

    C’est en quoi Tocqueville est un très grand penseur. Ce qu’il dit de l’Amérique est certes important. Mais ce qu’il dit de la France est presque plus important encore. Pas seulement parce qu’il le dit indirectement («obliquement», dirait Montaigne. Les choses importantes se disent toujours obliquement: sans les dire tout en les disant), mais parce qu’il est plus ou moins le seul à l’avoir dit. Que dit-il en effet? Que la France, tout comme le reste de l’Europe, va très vite, si ce n’est pas déjà fait, basculer dans la démocratie (la démocratie telle que lui, Tocqueville, la définit: non pas comme un certain régime politique, la démocratie par opposition à la monarchie, mais comme un certain type de société, celle articulée à l’idée d’égalité), mais qu’il n’est pas sûr pour autant qu’elle ne bascule pas en même temps dans le despotisme. Tant il est vrai qu’on peut très bien imaginer l’égalité sans la liberté. On l’imagine même mieux sans qu’avec.

    Égalité se passe fort bien de Liberté

    L’Amérique, elle, a très bien su concilier l’égalité et la liberté. Tocqueville est relativement optimiste sur l’Amérique. Mais il n’est pas sûr que la France, elle, réussisse à le faire. On est même porté à penser le contraire. Tocqueville nous en donne les raisons: une tradition de l’État fort remontant à l’Ancien Régime et que la Révolution française, les guerres aidant, n’a fait que renforcer encore, la centralisation qui lui est associée, la peur de l’anarchie et l’aspiration (en découlant) à l’ordre quel qu’il soit, la disparition des corps intermédiaires, l’habitude, enfin, bien ancrée en France consistant à tout attendre de l’État, alors qu’aux États-Unis les citoyens se débrouillent très bien entre eux pour résoudre les problèmes (en créant par exemple des associations).

    Voilà en gros ce que nous dit Tocqueville dans la Démocratie en Amérique. L’Amérique nous offre l’exemple d’une société égalitaire, mais tempérée par un ensemble d’habitudes et d’institutions faisant barrage au despotisme, alors qu’en France de telles habitudes et institutions n’existent pour ainsi dire pas, avec pour conséquence, effectivement, le risque de basculement dans le despotisme. C’est en comparant la société française à la société américaine que Tocqueville parvient à cette conclusion. Insistons sur l’originalité de sa démarche. Tocqueville a compris que pour parler intelligemment de la France, il lui fallait prendre un certain recul, en parler donc non pas de l’intérieur, mais de l’extérieur. C’est ce point de vue décentré qui le hisse au niveau des très grands penseurs politiques (en France, sans doute même, le plus grand). Encore une fois, s’il l’est, ce n’est pas à cause de ce qu’il dit de l’Amérique, mais de la France. Il parle de la France comme personne d’autre, après lui, ne le fera plus. En ce sens, il est resté sans héritier.

    Pourquoi est-ce que je dis tout ça? On ne reviendra pas ici sur les violences policières qui ont marqué, en France, l’épisode des Gilets jaunes. Sauf qu’elles ont eu un rôle de révélateur. Elles en ont amené plus d’un à s’interroger sur la réalité, aujourd’hui en France, de l’État de droit, en même temps que sur la nature exacte du régime aujourd’hui en place à Paris. L’État français s’érige volontiers en donneur de leçons quand il s’agit de pays comme la Hongrie et la Pologne, leur reprochant de sortir des rails en un certain nombre de domaines. En Pologne c’est l’indépendance de la justice qui est menacée, en Hongrie celle des médias, etc. C’est l’histoire de la paille et de la poutre. Demandez à François Fillon ou à Jean-Luc Mélenchon ce qu’ils pensent de l’indépendance, en France, de la justice. Ou aux gens en général ce qu’ils pensent de l’indépendance des médias publics ou même privés en France. Ou de la loi Avia.

    Dois-je le préciser, le risque actuel de basculement dans le despotisme ne se limite évidemment pas aujourd’hui à la France. Partout ou presque en Europe (davantage, soit dit en passant, en Europe occidentale que centrale et orientale), on a de bonnes raisons de s’inquiéter pour l’avenir des libertés fondamentales. La liberté d’expression est en particulier très menacée. Partout ou presque, également, on assiste à un renforcement des pouvoirs de la police et des services spéciaux, au prétexte de lutte contre le terrorisme. Sauf qu’en France cela va beaucoup plus loin qu’ailleurs. On vient de faire référence à l’épisode des Gilets jaunes, mais l’épisode actuel, celui du Covid-19, est aussi très éclairant. La France n’a pas été le seul pays d’Europe à instaurer un confinement strict de sa population, mais nulle part ailleurs la répression policière en lien avec la mise en œuvre de cette mesure, en elle-même, il est vrai, déjà très discutable, n’a comporté des traits d’une telle férocité, parfois même d’inhumanité. Certaines vidéos en font foi. L’État français traite aujourd’hui sa propre population comme s’il était en guerre avec elle. Une telle situation est complètement atypique et même unique en Europe.

    Observons au passage que les Français dans leur ensemble n’en ont pas ou que rarement conscience. Il faudrait que quelqu’un prenne un jour la peine de le leur expliquer: leur dire que nulle part ailleurs sur le continent la police ne se permettrait de traiter ainsi les gens. Ce n’est même pas imaginable. Le leur dirait-on qu’ils se montreraient peut-être moins timides dans leurs protestations. Quand on croit que c’est la même chose ailleurs, on a tendance à dédramatiser, quand ce n’est pas à banaliser. Or, justement, ce n’est pas la même chose ailleurs.

    En finir avec le culte de l’État

    Pour expliquer toutes ces dérives et d’autres encore (il semble bien, par exemple, que l’État français ait limité par directive l’accès aux urgences des personnes âgées, ce qu’on interprétera comme on voudra, mais assurément pas comme un acte de particulière philanthropie), certains rappellent que la Cinquième République est née en France d’un coup d’État militaire et que ceci explique peut-être cela. La constitution de 1958 confère au président de très grands pouvoirs. Le poste avait été taillé sur mesure pour le général de Gaulle, qui était un dictateur, mais à la romaine, autrement dit complètement dévoué au bien commun. Après lui, le poste aurait raisonnablement dû être repensé. Tout pouvoir corrompt, le pouvoir absolu corrompt absolument, disait Lord Acton. On insistera dans ce contexte sur le fait que le président actuel et son entourage donnent souvent l’impression d’être dépourvus de tout surmoi et par voie de conséquence aussi particulièrement sujets à succomber à certaines tentations dans ce domaine. On l’a vu lors de l’épisode des Gilets jaunes, mais pas seulement (affaire Benalla).

    Ces explications éclairent une partie de la réalité, mais restent insuffisantes. Il faut remonter plus haut encore dans le temps. Je suis toujours frappé quand je lis les déclarations des hommes politiques en France par le fait que tous, qu’ils soient de droite ou de gauche, participent du même culte inconsidéré de l’État, culte les conduisant, presque unanimement également, à ne rien remettre en question de ce qui en découle: le nucléaire civil, entre autres, mais aussi militaire. C’est ici, peut-être, qu’il pourrait être utile de relire Tocqueville. La démocrature macronienne, biberonnée à l’idéologie managériale et aux nouvelles théories du maintien de l’ordre enseignées dans les séminaires de l’OTAN, n’a qu’un lointain rapport avec la statolâtrie capétienne et son retapage gaullien au XXe siècle. Mais même lointain il n’en imprime pas moins sa marque à la réalité française actuelle. Il serait peut-être temps de remettre les compteurs à zéro.

    Eric Werner (Antipresse n°232, 10 mai 2020)

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  • La crise sanitaire vue par Michel Onfray...

    Le 5 mai 2020, Michel Onfray répondait aux question de Sputnik à propos de la crise sanitaire et de sa gestion par le gouvernement français. Philosophe populaire, tenant d'un socialisme libertaire, Michel Onfray a publié de nombreux ouvrages, dont une trilogie  Cosmos (Flammarion, 2015), Décadence (Flammarion, 2017) et Sagesse (Flammarion, 2019), et récemment Grandeur du petit peuple (Albin Michel, 2020).

     

                                      

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  • On ne voit qu'une solution, c'est la dissolution !...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une chronique mordante et réjouissante de la France de Campagnol, par Christian Combaz, consacrée à la crise du coronavirus et à la manière dont elle est ressentie par les Français d'en-bas. A déguster !

    Romancier et journaliste, Christian Combaz est notamment l'auteur de Gens de Campagnol (Flammarion, 2012), de Portrait de Marianne avec un poignard dans le dos (Le retour aux sources, 2018) et de La France de Campagnol (La Nouvelle Librairie, 2020).

     

                                        

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  • Les snipers de la semaine... (198)

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    Au sommaire cette semaine :

    - sur son site, Michel Onfray allume Macron, le prétendu chef de guerre...

    Le président de la République

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    - sur Hashtable, H16 dézingue la gestion de la crise par l'état et ses excroissances médiatiques...

    La mort par principe de précaution

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    - sur le site de Marianne, Régis Debray mouche en finesse la communication politique bavarde qui masque mal l'impuissance et l'irrésolution...

    Le dire et le faire

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  • Feu sur la désinformation... (277)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un numéro de l'émission I-Média sur TV libertés consacrée au décryptage des médias et animée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, et Nicolas Faure.

    Au sommaire :

    • 1 : L’image de la semaine
      La visite d’Emmanuel Macron au CHU du Kremlin-Bicêtre a été une opération de communication très contrôlée… sans la presse !
    • 2 : Macron prend les Français pour des confinés
      Emmanuel Macron a annoncé la fin progressive du confinement à partir du 11 mai. Si les journalistes étaient ravis de ce discours, un flou incroyable subsiste encore sur de nombreux points.
    • 3 : Revue de presse
      Facebook qui censure à tire-larigot les médias alternatifs…
      Un premier média au bord de la faillite à cause du Coronavirus…
      Dans cet I-Média, nous reviendrons sur l’actualité médiatique de la semaine.
    • 4 : Messe clandestine : le bobard pascal des médias
      En guise d’œuf de Paques, Le Point et l’AFP nous ont pondu un énorme bobard sur une prétendue messe clandestine dans la paroisse de Saint-Nicolas du Chardonnet. Pendant ce temps-là, les émeutiers de Grigny étaient tranquilles !

     

                                         

     

     

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  • La macronie face au Covid-19 : communication de crise ou crise de la communication ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy cueilli sur Polémia et dans lequel il analyse la communication de Macron et de son équipe dans la crise du Coronavirus. Ancien haut-fonctionnaire, Michel Geoffroy a récemment publié La Superclasse mondiale contre les peuples (Via Romana, 2018).

     

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    La macronie face au Covid-19 : communication de crise ou crise de la communication ?...

    On apprend [1] que la présidence de la République a modifié, une nouvelle fois, son pôle de communication. La porte-parole du gouvernement aurait fait de même. Mauvais présage car, en macronie, tout commence et finit par la communication. Pour le pouvoir, face au coronavirus, la communication de crise ne tournerait-elle pas à la crise de communication ?

    Nous sommes en guerre… mais comme en 1940

    Au début de la crise, le président de la République a choisi, comme à son habitude, une pose théâtrale : contre le virus « nous sommes en guerre », affirme-t-il au moins six fois de suite, dans son allocution du 16 mars 2020.

    Le président, qui n’a pas fait son service militaire, aime jouer au chef de guerre ou se prendre pour Clemenceau.

    Las, il est bien vite apparu que l’on faisait la guerre, mais plutôt comme en 1940 : sans stratégie bien claire ni surtout sans moyens adaptés.

    On faisait la guerre à l’épidémie, mais sans contrôler les frontières, avec des hôpitaux publics et des services d’urgence en crise, sans stocks de masques suffisants ou sans respirateurs, et sans pouvoir procéder au dépistage du virus dans la population.

    Ne restait donc dans les arsenaux que le confinement qui ne requérait que peu de moyens, sinon policiers.

    Le choix du mensonge

    Curieusement, le gouvernement a alors choisi de mentir aux Français alors même que sa responsabilité dans cette absence de moyens n’est pas exclusive, même si cela fait plus de deux ans et demi qu’il est aux affaires.

    Il a d’abord menti en faisant croire que tout était sous contrôle, au temps d’Agnès Buzyn.

    Puis, avec l’aide de ses fidèles médias mainstream, il a seriné que les masques ne servaient à rien [2] ou qu’il fallait les réserver aux personnels de santé, que les contrôles aux frontières ne servaient à rien, que les virus ne s’arrêtaient pas aux frontières, que le dépistage n’était pas utile, etc.

    Mais, à l’âge d’Internet et des réseaux sociaux, il est de plus en plus difficile à un gouvernement de mentir durablement !

    Bien vite, les témoignages du désastre sanitaire et logistique auquel étaient confrontés les personnels de santé sont apparus. Il suffisait aussi de se rendre dans une pharmacie pour voir une affichette qui résumait à elle seule la déroute française : « Pas de masques ni de gel hydroalcoolique ». Il suffisait enfin de regarder les médias pour voir qu’à l’étranger, manifestement, on pensait que les frontières, les masques et les tests étaient utiles.

    Le contraste était donc visible et palpable entre le discours martial du pouvoir et la réalité des moyens qu’il pouvait mobiliser.

    Il mentait donc pour la bonne cause : la sienne, en essayant de transformer un manque de moyens en vertu thérapeutique !

    Volte-face

    Voyant que le désastre logistique passait mal et que le fait d’applaudir à 20 heures les personnels de santé ne suffisait pas, on a ensuite fait volte-face pour communiquer sur… les commandes massives de masques ou de réanimateurs effectuées par les autorités.

    Et on annonce maintenant que l’on va procéder à des tests massifs. Comme on a rétabli les contrôles aux frontières.

    Mais alors, pourquoi ce qui était présenté comme inutile ou absurde hier, devient-il maintenant un axe fort de la communication de crise du pouvoir ?

    Une telle volte-face donne surtout à penser que les décideurs n’ont pas de cap.

    Les experts à la peine

    Le gouvernement a choisi aussi de s’appuyer en permanence sur les analyses d’un conseil scientifique, pour justifier ses décisions.

    Mais, comme il était à prévoir, cette posture allait déboucher sur une polémique entre experts sur les réseaux sociaux, démontrant à l’évidence que le corps médical dans son ensemble était loin de soutenir les choix gouvernementaux.

    Cette attitude donnait aussi le sentiment que nos gouvernants ne gouvernaient plus vraiment mais abandonnaient les choix aux experts.

    Pire, l’ancienne ministre de la santé, s’est mise à affirmer publiquement que le gouvernement n’avait pas pris suffisamment au sérieux ses avertissements quant à l’ampleur de la crise. Et que, par conséquent, la guerre avait été déclarée avec retard.

    La question de la chloroquine a constitué un autre désastre de la communication gouvernementale puisque la polémique publique opposant le conseil scientifique, le gouvernement et ses médias aux travaux et affirmations du professeur Raoult a donné le sentiment que les décideurs tergiversaient dans l’adoption d’un remède contre le virus, pour des raisons incompréhensibles ou peu avouables.

    Et, une nouvelle fois, on a diabolisé une option, pour ensuite commencer de s’y rallier à moitié !

    Tragediante ! Commediante !

    Le gouvernement a enfin choisi, avec l’aide des médias mainstream, toujours avides de catastrophisme bon pour l’audience, de tenir un discours de dramatisation, affirmant chaque jour que demain serait pire.

    « Les 15 prochains jours seront encore plus difficiles que les 15 jours écoulés », affirme ainsi le Premier ministre, le 28 mars 2020. En écho à Emmanuel Macron pour qui « la vague est là […]. Nous allons affronter une crise financière sans précédent, une crise de l’économie réelle. Nous ne sommes pas au bout de ce que cette épidémie va nous faire vivre […]. C’est une guerre. Elle va durer [3] ».

    Un discours qui a évidemment permis aussi de faire passer dans l’opinion groggy un « état d’urgence sanitaire » ouvrant la voie au gouvernement par ordonnances et au renforcement de mesures liberticides.

    Mais un discours qui donne aussi le sentiment que l’on se borne à suivre l’évolution naturelle de l’épidémie et de ses conséquences, sans les maîtriser. Car ce discours comporte en lui-même ses propres limites lorsqu’on joue au chef de guerre : si vous affirmez « savoir » que demain sera pire, on finit fatalement par vous demander : que faites-vous donc pour empêcher ce scénario ? Et si vous n’y parvenez pas, à quoi donc servez-vous ?

    Union nationale ? Non, défiance nationale

    Cette communication calamiteuse a ancré nos concitoyens dans une forte défiance à l’égard des annonces gouvernementales dans la gestion de la crise.

    L’union nationale invoquée par Emmanuel Macron a cédé progressivement la place à une nouvelle défiance nationale à l’encontre de son action et de celle du gouvernement. Après la crise des Gilets jaunes et la réforme des retraites, cela commence à faire beaucoup.

    Un sondage montre ainsi que 69 % des personnes interrogées estiment que le gouvernement n’est « pas clair » face à la pandémie de Covid-19 et 70 % qu’il « ne dit pas la vérité aux Français ». 75 % considèrent qu’il n’a pas pris les bonnes décisions au bon moment et la même proportion pense qu’il « ne fait pas ce qu’il faut pour bien équiper les hôpitaux et les soignants face à l’épidémie ». De plus, 75 % des interrogés disent ne pas être « rassurés » par un gouvernement qui, pour 79 % d’entre eux, ne « sait pas où il va [4] ».

    « Il n’est pas de vent favorable pour celui qui ne sait pas où il va », écrivait Sénèque.

    Avec le coronavirus, la macronie vient une nouvelle fois de l’illustrer.

    Michel Geoffroy (Polémia, 10 avril 2020)

     

    Notes :

    [1] Le Monde.fr du 31 mars 2020.

    [2] Sibeth Ndiaye a même expliqué que bien se servir d’un masque était compliqué, ce qui sous-entendait que les Français ne sauraient pas le faire.

    [3] Interview au JDD du 22 mars 2020.

    [4] Enquête d’opinion menée les 24 et 25 mars 2020 par Odoxa et Dentsu Consulting pour Le Figaro et France Info.

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