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macron - Page 27

  • La macronie face au Covid-19 : communication de crise ou crise de la communication ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy cueilli sur Polémia et dans lequel il analyse la communication de Macron et de son équipe dans la crise du Coronavirus. Ancien haut-fonctionnaire, Michel Geoffroy a récemment publié La Superclasse mondiale contre les peuples (Via Romana, 2018).

     

    Macron_Sibeth Ndiaye.jpg

    La macronie face au Covid-19 : communication de crise ou crise de la communication ?...

    On apprend [1] que la présidence de la République a modifié, une nouvelle fois, son pôle de communication. La porte-parole du gouvernement aurait fait de même. Mauvais présage car, en macronie, tout commence et finit par la communication. Pour le pouvoir, face au coronavirus, la communication de crise ne tournerait-elle pas à la crise de communication ?

    Nous sommes en guerre… mais comme en 1940

    Au début de la crise, le président de la République a choisi, comme à son habitude, une pose théâtrale : contre le virus « nous sommes en guerre », affirme-t-il au moins six fois de suite, dans son allocution du 16 mars 2020.

    Le président, qui n’a pas fait son service militaire, aime jouer au chef de guerre ou se prendre pour Clemenceau.

    Las, il est bien vite apparu que l’on faisait la guerre, mais plutôt comme en 1940 : sans stratégie bien claire ni surtout sans moyens adaptés.

    On faisait la guerre à l’épidémie, mais sans contrôler les frontières, avec des hôpitaux publics et des services d’urgence en crise, sans stocks de masques suffisants ou sans respirateurs, et sans pouvoir procéder au dépistage du virus dans la population.

    Ne restait donc dans les arsenaux que le confinement qui ne requérait que peu de moyens, sinon policiers.

    Le choix du mensonge

    Curieusement, le gouvernement a alors choisi de mentir aux Français alors même que sa responsabilité dans cette absence de moyens n’est pas exclusive, même si cela fait plus de deux ans et demi qu’il est aux affaires.

    Il a d’abord menti en faisant croire que tout était sous contrôle, au temps d’Agnès Buzyn.

    Puis, avec l’aide de ses fidèles médias mainstream, il a seriné que les masques ne servaient à rien [2] ou qu’il fallait les réserver aux personnels de santé, que les contrôles aux frontières ne servaient à rien, que les virus ne s’arrêtaient pas aux frontières, que le dépistage n’était pas utile, etc.

    Mais, à l’âge d’Internet et des réseaux sociaux, il est de plus en plus difficile à un gouvernement de mentir durablement !

    Bien vite, les témoignages du désastre sanitaire et logistique auquel étaient confrontés les personnels de santé sont apparus. Il suffisait aussi de se rendre dans une pharmacie pour voir une affichette qui résumait à elle seule la déroute française : « Pas de masques ni de gel hydroalcoolique ». Il suffisait enfin de regarder les médias pour voir qu’à l’étranger, manifestement, on pensait que les frontières, les masques et les tests étaient utiles.

    Le contraste était donc visible et palpable entre le discours martial du pouvoir et la réalité des moyens qu’il pouvait mobiliser.

    Il mentait donc pour la bonne cause : la sienne, en essayant de transformer un manque de moyens en vertu thérapeutique !

    Volte-face

    Voyant que le désastre logistique passait mal et que le fait d’applaudir à 20 heures les personnels de santé ne suffisait pas, on a ensuite fait volte-face pour communiquer sur… les commandes massives de masques ou de réanimateurs effectuées par les autorités.

    Et on annonce maintenant que l’on va procéder à des tests massifs. Comme on a rétabli les contrôles aux frontières.

    Mais alors, pourquoi ce qui était présenté comme inutile ou absurde hier, devient-il maintenant un axe fort de la communication de crise du pouvoir ?

    Une telle volte-face donne surtout à penser que les décideurs n’ont pas de cap.

    Les experts à la peine

    Le gouvernement a choisi aussi de s’appuyer en permanence sur les analyses d’un conseil scientifique, pour justifier ses décisions.

    Mais, comme il était à prévoir, cette posture allait déboucher sur une polémique entre experts sur les réseaux sociaux, démontrant à l’évidence que le corps médical dans son ensemble était loin de soutenir les choix gouvernementaux.

    Cette attitude donnait aussi le sentiment que nos gouvernants ne gouvernaient plus vraiment mais abandonnaient les choix aux experts.

    Pire, l’ancienne ministre de la santé, s’est mise à affirmer publiquement que le gouvernement n’avait pas pris suffisamment au sérieux ses avertissements quant à l’ampleur de la crise. Et que, par conséquent, la guerre avait été déclarée avec retard.

    La question de la chloroquine a constitué un autre désastre de la communication gouvernementale puisque la polémique publique opposant le conseil scientifique, le gouvernement et ses médias aux travaux et affirmations du professeur Raoult a donné le sentiment que les décideurs tergiversaient dans l’adoption d’un remède contre le virus, pour des raisons incompréhensibles ou peu avouables.

    Et, une nouvelle fois, on a diabolisé une option, pour ensuite commencer de s’y rallier à moitié !

    Tragediante ! Commediante !

    Le gouvernement a enfin choisi, avec l’aide des médias mainstream, toujours avides de catastrophisme bon pour l’audience, de tenir un discours de dramatisation, affirmant chaque jour que demain serait pire.

    « Les 15 prochains jours seront encore plus difficiles que les 15 jours écoulés », affirme ainsi le Premier ministre, le 28 mars 2020. En écho à Emmanuel Macron pour qui « la vague est là […]. Nous allons affronter une crise financière sans précédent, une crise de l’économie réelle. Nous ne sommes pas au bout de ce que cette épidémie va nous faire vivre […]. C’est une guerre. Elle va durer [3] ».

    Un discours qui a évidemment permis aussi de faire passer dans l’opinion groggy un « état d’urgence sanitaire » ouvrant la voie au gouvernement par ordonnances et au renforcement de mesures liberticides.

    Mais un discours qui donne aussi le sentiment que l’on se borne à suivre l’évolution naturelle de l’épidémie et de ses conséquences, sans les maîtriser. Car ce discours comporte en lui-même ses propres limites lorsqu’on joue au chef de guerre : si vous affirmez « savoir » que demain sera pire, on finit fatalement par vous demander : que faites-vous donc pour empêcher ce scénario ? Et si vous n’y parvenez pas, à quoi donc servez-vous ?

    Union nationale ? Non, défiance nationale

    Cette communication calamiteuse a ancré nos concitoyens dans une forte défiance à l’égard des annonces gouvernementales dans la gestion de la crise.

    L’union nationale invoquée par Emmanuel Macron a cédé progressivement la place à une nouvelle défiance nationale à l’encontre de son action et de celle du gouvernement. Après la crise des Gilets jaunes et la réforme des retraites, cela commence à faire beaucoup.

    Un sondage montre ainsi que 69 % des personnes interrogées estiment que le gouvernement n’est « pas clair » face à la pandémie de Covid-19 et 70 % qu’il « ne dit pas la vérité aux Français ». 75 % considèrent qu’il n’a pas pris les bonnes décisions au bon moment et la même proportion pense qu’il « ne fait pas ce qu’il faut pour bien équiper les hôpitaux et les soignants face à l’épidémie ». De plus, 75 % des interrogés disent ne pas être « rassurés » par un gouvernement qui, pour 79 % d’entre eux, ne « sait pas où il va [4] ».

    « Il n’est pas de vent favorable pour celui qui ne sait pas où il va », écrivait Sénèque.

    Avec le coronavirus, la macronie vient une nouvelle fois de l’illustrer.

    Michel Geoffroy (Polémia, 10 avril 2020)

     

    Notes :

    [1] Le Monde.fr du 31 mars 2020.

    [2] Sibeth Ndiaye a même expliqué que bien se servir d’un masque était compliqué, ce qui sous-entendait que les Français ne sauraient pas le faire.

    [3] Interview au JDD du 22 mars 2020.

    [4] Enquête d’opinion menée les 24 et 25 mars 2020 par Odoxa et Dentsu Consulting pour Le Figaro et France Info.

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  • La macronie face au Covid-19 : communication de crise ou crise de la communication ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy cueilli sur Polémia et dans lequel il analyse la communication de Macron et de son équipe dans la crise du Coronavirus. Ancien haut-fonctionnaire, Michel Geoffroy a récemment publié La Superclasse mondiale contre les peuples (Via Romana, 2018).

     

    Macron_Sibeth Ndiaye.jpg

    La macronie face au Covid-19 : communication de crise ou crise de la communication ?...

    On apprend [1] que la présidence de la République a modifié, une nouvelle fois, son pôle de communication. La porte-parole du gouvernement aurait fait de même. Mauvais présage car, en macronie, tout commence et finit par la communication. Pour le pouvoir, face au coronavirus, la communication de crise ne tournerait-elle pas à la crise de communication ?

    Nous sommes en guerre… mais comme en 1940

    Au début de la crise, le président de la République a choisi, comme à son habitude, une pose théâtrale : contre le virus « nous sommes en guerre », affirme-t-il au moins six fois de suite, dans son allocution du 16 mars 2020.

    Le président, qui n’a pas fait son service militaire, aime jouer au chef de guerre ou se prendre pour Clemenceau.

    Las, il est bien vite apparu que l’on faisait la guerre, mais plutôt comme en 1940 : sans stratégie bien claire ni surtout sans moyens adaptés.

    On faisait la guerre à l’épidémie, mais sans contrôler les frontières, avec des hôpitaux publics et des services d’urgence en crise, sans stocks de masques suffisants ou sans respirateurs, et sans pouvoir procéder au dépistage du virus dans la population.

    Ne restait donc dans les arsenaux que le confinement qui ne requérait que peu de moyens, sinon policiers.

    Le choix du mensonge

    Curieusement, le gouvernement a alors choisi de mentir aux Français alors même que sa responsabilité dans cette absence de moyens n’est pas exclusive, même si cela fait plus de deux ans et demi qu’il est aux affaires.

    Il a d’abord menti en faisant croire que tout était sous contrôle, au temps d’Agnès Buzyn.

    Puis, avec l’aide de ses fidèles médias mainstream, il a seriné que les masques ne servaient à rien [2] ou qu’il fallait les réserver aux personnels de santé, que les contrôles aux frontières ne servaient à rien, que les virus ne s’arrêtaient pas aux frontières, que le dépistage n’était pas utile, etc.

    Mais, à l’âge d’Internet et des réseaux sociaux, il est de plus en plus difficile à un gouvernement de mentir durablement !

    Bien vite, les témoignages du désastre sanitaire et logistique auquel étaient confrontés les personnels de santé sont apparus. Il suffisait aussi de se rendre dans une pharmacie pour voir une affichette qui résumait à elle seule la déroute française : « Pas de masques ni de gel hydroalcoolique ». Il suffisait enfin de regarder les médias pour voir qu’à l’étranger, manifestement, on pensait que les frontières, les masques et les tests étaient utiles.

    Le contraste était donc visible et palpable entre le discours martial du pouvoir et la réalité des moyens qu’il pouvait mobiliser.

    Il mentait donc pour la bonne cause : la sienne, en essayant de transformer un manque de moyens en vertu thérapeutique !

    Volte-face

    Voyant que le désastre logistique passait mal et que le fait d’applaudir à 20 heures les personnels de santé ne suffisait pas, on a ensuite fait volte-face pour communiquer sur… les commandes massives de masques ou de réanimateurs effectuées par les autorités.

    Et on annonce maintenant que l’on va procéder à des tests massifs. Comme on a rétabli les contrôles aux frontières.

    Mais alors, pourquoi ce qui était présenté comme inutile ou absurde hier, devient-il maintenant un axe fort de la communication de crise du pouvoir ?

    Une telle volte-face donne surtout à penser que les décideurs n’ont pas de cap.

    Les experts à la peine

    Le gouvernement a choisi aussi de s’appuyer en permanence sur les analyses d’un conseil scientifique, pour justifier ses décisions.

    Mais, comme il était à prévoir, cette posture allait déboucher sur une polémique entre experts sur les réseaux sociaux, démontrant à l’évidence que le corps médical dans son ensemble était loin de soutenir les choix gouvernementaux.

    Cette attitude donnait aussi le sentiment que nos gouvernants ne gouvernaient plus vraiment mais abandonnaient les choix aux experts.

    Pire, l’ancienne ministre de la santé, s’est mise à affirmer publiquement que le gouvernement n’avait pas pris suffisamment au sérieux ses avertissements quant à l’ampleur de la crise. Et que, par conséquent, la guerre avait été déclarée avec retard.

    La question de la chloroquine a constitué un autre désastre de la communication gouvernementale puisque la polémique publique opposant le conseil scientifique, le gouvernement et ses médias aux travaux et affirmations du professeur Raoult a donné le sentiment que les décideurs tergiversaient dans l’adoption d’un remède contre le virus, pour des raisons incompréhensibles ou peu avouables.

    Et, une nouvelle fois, on a diabolisé une option, pour ensuite commencer de s’y rallier à moitié !

    Tragediante ! Commediante !

    Le gouvernement a enfin choisi, avec l’aide des médias mainstream, toujours avides de catastrophisme bon pour l’audience, de tenir un discours de dramatisation, affirmant chaque jour que demain serait pire.

    « Les 15 prochains jours seront encore plus difficiles que les 15 jours écoulés », affirme ainsi le Premier ministre, le 28 mars 2020. En écho à Emmanuel Macron pour qui « la vague est là […]. Nous allons affronter une crise financière sans précédent, une crise de l’économie réelle. Nous ne sommes pas au bout de ce que cette épidémie va nous faire vivre […]. C’est une guerre. Elle va durer [3] ».

    Un discours qui a évidemment permis aussi de faire passer dans l’opinion groggy un « état d’urgence sanitaire » ouvrant la voie au gouvernement par ordonnances et au renforcement de mesures liberticides.

    Mais un discours qui donne aussi le sentiment que l’on se borne à suivre l’évolution naturelle de l’épidémie et de ses conséquences, sans les maîtriser. Car ce discours comporte en lui-même ses propres limites lorsqu’on joue au chef de guerre : si vous affirmez « savoir » que demain sera pire, on finit fatalement par vous demander : que faites-vous donc pour empêcher ce scénario ? Et si vous n’y parvenez pas, à quoi donc servez-vous ?

    Union nationale ? Non, défiance nationale

    Cette communication calamiteuse a ancré nos concitoyens dans une forte défiance à l’égard des annonces gouvernementales dans la gestion de la crise.

    L’union nationale invoquée par Emmanuel Macron a cédé progressivement la place à une nouvelle défiance nationale à l’encontre de son action et de celle du gouvernement. Après la crise des Gilets jaunes et la réforme des retraites, cela commence à faire beaucoup.

    Un sondage montre ainsi que 69 % des personnes interrogées estiment que le gouvernement n’est « pas clair » face à la pandémie de Covid-19 et 70 % qu’il « ne dit pas la vérité aux Français ». 75 % considèrent qu’il n’a pas pris les bonnes décisions au bon moment et la même proportion pense qu’il « ne fait pas ce qu’il faut pour bien équiper les hôpitaux et les soignants face à l’épidémie ». De plus, 75 % des interrogés disent ne pas être « rassurés » par un gouvernement qui, pour 79 % d’entre eux, ne « sait pas où il va [4] ».

    « Il n’est pas de vent favorable pour celui qui ne sait pas où il va », écrivait Sénèque.

    Avec le coronavirus, la macronie vient une nouvelle fois de l’illustrer.

    Michel Geoffroy (Polémia, 10 avril 2020)

     

    Notes :

    [1] Le Monde.fr du 31 mars 2020.

    [2] Sibeth Ndiaye a même expliqué que bien se servir d’un masque était compliqué, ce qui sous-entendait que les Français ne sauraient pas le faire.

    [3] Interview au JDD du 22 mars 2020.

    [4] Enquête d’opinion menée les 24 et 25 mars 2020 par Odoxa et Dentsu Consulting pour Le Figaro et France Info.

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  • Covid-19 : Macron s'en va-t-en guerre, Eléments fait le bilan !...

    En congé forcé pour cause de confinement, Le Plus d'Éléments n'en est pas pour autant au chômage partiel. Retrouvez ses journalistes pour un rendez-vous hebdomadaire sur TV Libertés. Billets d'humeur et nouvelles perspectives sont au programme avec dans ce numéro, Nicolas Gauthier, François Bousquet et Bruno Lafourcade !

     

                                  

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  • Vers une crise économique d'une ampleur au moins égale à celle de 1929 ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Breizh Info, dans lequel il évoque les conséquences possibles de la crise du Coronavirus... Philosophe et essayiste, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Ce que penser veut dire (Rocher, 2017), Décroissance ou toujours plus ? (Pierre-Guillaume de Roux, 2018) et Contre le libéralisme (Rocher, 2019).

     

    Coronavirus_Crise économique.jpg

     

    Alain de Benoist : « Je m’attends à une crise économique qui aura au moins l’ampleur de celle de 1929 »

    BREIZH INFO : Tout d’abord, que vous inspire la direction du gouvernement, qui semble ne pas vraiment savoir où donner de la tête depuis le début de cette pandémie ? Michel Onfray évoque une fin possible de régime en conséquence, y croyez-vous alors que les cotes d’opinion d’Emmanuel Macron et d’Édouard Philippe n’ont jamais été aussi hautes ?

    ALAIN DE BENOIST. Michel Onfray a dit, avec plus de talent que je n’en ai, tout ce qu’il y avait à dire sur la désastreuse gestion de la crise sanitaire actuelle par l’équipe d’Emmanuel Macron. J’avais écrit il y a quelques années que c’est dans le cas d’exception que l’on pourrait prendre la pleine mesure du personnage. On sait maintenant ce qu’il en est. Un homme d’État décide, ordonne, réquisitionne. Macron s’en remet au conseil des « experts » qui, comme d’habitude, ne sont pas d’accord entre eux. Il redécouvre les vertus de la « souveraineté nationale et européenne », mais c’est après avoir multiplié les réformes libérales qui ont favorisé les délocalisations et la dépendance aux importations. Il salue et remercie ceux qui se battent et qui se dévouent, mais nul n’a oublié qu’avant l’arrivée du Covid-19, il s’était refusé à entendre leurs revendications.

    En témoigne l’état lamentable de nos services de santé, à qui l’on a imposé des objectifs de rentabilité à courte vue, et dont on mesure aujourd’hui le délabrement : masques et tests de dépistage manquants, lits supprimés, personnel soignant au bord du collapsus, services hospitaliers saturés. On a voulu inclure dans la logique du marché un secteur qui est par définition hors marché. On a systématiquement affaibli et détruit les services publics. Nous en payons le prix. Et ce n’est qu’un début, car le confinement va encore durer des semaines, sinon des mois. Nous ne sommes pas à la fin du début, et encore moins au début de la fin.

    Je ne crois pas un instant à la montée de la cote de popularité d’Emmanuel Macron. Dans un premier temps, comme il est de règle, tout le monde s’est serré les coudes. Mais quand on en sera arrivé au « jour d’après », et que le moment sera venu de rendre des comptes, le jugement du peuple sera impitoyable. Si, comme je le crois, toute cette affaire débouche sur une crise sociale de première ampleur, le mouvement des Gilets jaunes apparaîtra plus que jamais comme une répétition générale. On voit bien d’ailleurs dès maintenant que c’est pour les classes populaires et les classes moyennes que le confinement est le plus difficile à vivre.

    La figure du Professeur Raoult, qui a émergé récemment, ne vous apparaît-elle pas comme un besoin pour les médias, une fois de plus, de dresser des icônes (d’un côté, l’icône gouvernementale, de l’autre l’icône un peu rebelle ?) à proposer à nos concitoyens. N’est-on pas finalement en plein cœur de la société du spectacle dans cette crise ?

    Le professeur Raoult est apparemment le seul qui ait commencé à obtenir des résultats dans la lutte contre l’épidémie. Au lieu de lui en tenir gré, on l’a présenté comme un rigolo et comme l’« idole des conspirationnistes » ! On annonce maintenant des recherches « plus approfondies » qui ont surtout pour objet de mettre au point un médicament qu’on présentera comme « bien meilleur » que la chloroquine et qui aura surtout pour avantage de coûter (et donc de rapporter) beaucoup plus cher. Société du spectacle ? Nous avons plutôt affaire ici à une guerre des egos et à une querelle de gros sous.

    Il y a un mois, vous nous évoquiez votre scepticisme eu égard à la fermeture des frontières. L’êtes-vous toujours alors que l’intégralité des États ont pris ces mesures ?

    Je suis bien sûr partisan de la fermeture et du contrôle des frontières. J’ai seulement voulu dire qu’il est techniquement presque impossible d’empêcher quiconque d’entrer ou de sortir d’un pays, et qu’une frontière fermée n’est pas une frontière étanche. La preuve en est que le coronavirus fait aujourd’hui des ravages dans tous les pays, y compris ceux qui ont été les premiers à fermer leurs frontières.

    L’Union européenne n’est-elle pas en train de définitivement se suicider du fait de cette crise sans précédent ? Il semblerait en effet que ce soit chacun pour soi désormais…

    Elle ne s’est pas suicidée pour la simple raison qu’elle était déjà morte. L’un des mérites de la crise a seulement été de permettre à tout le monde de voir son cadavre. Devant l’épidémie, les dirigeants de la Commission européenne sont apparus en état de sidération. Ils vont maintenant débloquer de l’argent qu’ils distribueront par « hélicoptère », après avoir fait fonctionner un peu plus la planche à billets. Mais concrètement, rien n’a suivi. Ce n’est pas l’Europe qui est venue au secours de l’Italie, mais la Chine, la Russie et Cuba. Revanche posthume de Fidel Castro !

    Quelles conséquences économiques voyez-vous à l’horizon, dans les mois, années à venir… Le fait que l’on ne puisse plus acheter de l’or, que les États fassent tourner la planche à billets, est-ce que cela devrait nous inquiéter ?

    Je m’attends à une crise économique qui aura au moins l’ampleur de celle de 1929. Elle durera beaucoup plus longtemps que l’épidémie actuelle, fera beaucoup plus de dégâts et tuera beaucoup plus de monde. Si elle se double d’une crise financière planétaire, on assistera à un tsunami : crise économique, et donc sociale, crise financière, crise sanitaire, crise écologique, crise migratoire. J’avais publié en 2011 un livre intitulé Au bord du gouffre. Il me semble que nous y sommes.

    Mais il faut s’attendre aussi à des conséquences politiques et géopolitiques de première grandeur. Le développement de l’épidémie dans un pays comme les États-Unis, dont le système de santé, organisé bien sûr sur le mode libéral, est l’un des moins performants du monde, est appelé à jouer un rôle décisif et mérite d’être suivi de très près (l’épicentre mondial de l’épidémie se trouve aujourd’hui à New York). Les États-Unis risquent de s’en sortir beaucoup plus affaiblis que la Russie et la Chine, qui sont leurs deux seuls rivaux du moment. Encore une fois, nous n’en sommes qu’au commencement.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Yann Vallerie (Breizh Info, 2 avril 2020)

     

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  • Les snipers de la semaine... (197)

    Michael Caine.jpg

     

    Au sommaire cette semaine :

    - quand Acrimed et l'OJIM prennent l'histrion-médecin Michel Cymes dans leur viseur...

    Michel Cymes

    Docteur Cymès et mister Michel, experts médiatiques en coronavirus

    Michel Cymes.jpg

    - sur la Pompe à Phynance, Frédéric Lordon remet une rafale sur le gang de Macron...

    Opération Résiliation

    Macron_Masque.jpg

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  • Le flicage plutôt que le dépistage...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy cueilli sur Polémia et consacré aux mesures liberticides prises tranquillement par le gouvernement sous couvert de la crise sanitaire largement provoquée par son inaction face à l'épidémie... Ancien haut-fonctionnaire, Michel Geoffroy a récemment publié La Superclasse mondiale contre les peuples (Via Romana, 2018).

     

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    « Français, vos papiers ! » Le flicage plutôt que le dépistage

    Le ministre de l’Intérieur en avait sans doute rêvé : voilà les Français assignés à résidence pour une durée indéterminée. Et les rassemblements interdits. Finis les Gilets jaunes ! Oubliée la claque reçue par le parti présidentiel lors du premier tour des municipales ! Puisque de toute façon le second tour n’est pas pour demain.
    Avec le coronavirus, on a enfin muselé ces Gaulois jamais contents. Ah, Dieu, que la pandémie est jolie !

    Les Français, coupables de l’épidémie

    Faute de masques, de dispositifs de dépistage, de respirateurs, et compte tenu de la saturation de notre système hospitalier, le gouvernement ne pouvait que prendre la voie du confinement durable des Français.

    Même si cela surprend les Chinois et suscite les critiques du corps médical. Mais le conseil scientifique, qui semble désormais diriger la France, en a, paraît-il, décidé ainsi. Don’t acte.

    Ah ! Ces cochons de Français rebelles au confinement, aux gestes barrière et à la distanciation sociale, on va les mâter !

    Les médias et les ministres ne cessent de les diaboliser : bientôt la pandémie sera de leur faute. Pas celle de la mondialisation débridée, du sans-frontiérisme, de la réduction des emplois et des dépenses publiques au nom du pacte de stabilité européen et de la bureaucratisation des professions de santé.

    Non, c’est la faute aux Français qui ne se confinent jamais assez bien !

    Curieusement on nous parle moins de ce qui se passe dans les banlieues ou les quartiers de l’immigration, manifestement à des années-lumière du confinement national. Mais il parait que «ce n’est pas une priorité que de faire respecter dans les quartiers les fermetures de commerces et de faire cesser les rassemblements», pour le Secrétaire d’État Laurent Nuñez. Il ne faut pas les stigmatiser comme dirait Sibeth Ndiyae, la porte-parole du gouvernement.

    De même on glisse sur les bobos, alliés du pouvoir, qui ont quitté les villes pour se réfugier à la campagne, emportant nonchalamment le virus avec eux.

    Non ce qui importe ce sont, encore et toujours, ces maudits français souchiens, ceux de la France périphérique, qui d’après nos médias ne comprendraient jamais rien.

    Avec le coronavirus, on va plus loin

    Le choix gouvernemental du confinement permet d’aller encore plus loin dans le flicage des Français.

    Le gouvernement a déjà rétabli les Ausweis : pour sortir il faut désormais exhiber le bon papier lors des contrôles. Sinon, Achtung ! On menace les Français d’amendes alourdies, voire de prison, au moment où le ministre de la Justice souhaite relaxer 5 000 détenus en fin de peine pour… lutter contre l’épidémie dans les maisons d’arrêt. Comprenne qui pourra.

    Peut-être demain rétablira-t-on les tickets de rationnement, comme au bon vieux temps, pour empêcher les autochtones de faire trop souvent leurs courses ? Le préfet de l’Aisne ne voulait-il pas interdire la vente d’alcool comme au temps de la prohibition ?

    Certains maires mettent déjà en place un couvre-feu avec l’accord des préfets, donc de l’État (mais pas en Seine-Saint-Denis, ce ne serait pas approprié, nous dit-on). D’autres rêvent de géolocalisation qui permettrait de mieux pister les malades et surtout les Français récalcitrants. On lâche les drones de surveillance.

    On en vient donc à adopter ce que l’on condamnait hier en Chine.

    Où va-t-on s’arrêter ?

    L’état d’urgence était-il urgent ?

    Emmanuel Macron a déjà fait entrer en 2017 les dispositions de l’état d’urgence contre le terrorisme dans le droit commun, ce qui signifie qu’il a réduit à due concurrence les libertés des Français. Mais cela ne suffisait pas, manifestement.

    Nous voilà donc maintenant sous le régime de l’état d’urgence sanitaire, qui autorise de nouvelles restrictions aux libertés et au droit de propriété, pour une durée de deux mois. Au-delà il faudra une loi pour le proroger, mais, comme LREM a encore la majorité des suffrages à l’Assemblée nationale, cela ne constitue pas vraiment une garantie !

    En outre, l’état d’urgence sanitaire concerne tous les Français sans restriction, alors que les mesures antiterroristes ne touchaient qu’un nombre limité de personnes.

    Mais cette urgence était-elle nécessaire ? Pour fabriquer des masques ? Pour construire des hôpitaux ? Ou pour continuer de déconstruire le droit social ?

    La peur, c’est bon pour l’audience, coco !

    Les mêmes qui, il y a quelques semaines encore, relayaient les messages lénifiants de Mme Buzyn alors ministre de la Santé, nous bombardent maintenant de nouvelles toujours plus effrayantes, appliquant une nouvelle fois une vieille recette de la désinformation : la méthode du fil de fer, consistant à tordre l’opinion dans un sens et dans un autre, pour la briser.

    On nous dit que, dans l’Est, les cadavres vont s’entasser dans les patinoires. Dans les EHPAD, nos anciens tomberaient comme des mouches. On s’attendrait à des centaines de milliers de morts. Nous ne sommes qu’au début de la crise, avertissent les experts médiatiques. Voyez ce qui se passe en Italie…

    La peur, c’est bon pour l’audience, donc pour la pub, coco ! Et le confinement c’est aussi bon pour l’audimat et la propagande !

    La peur, instrument de la stratégie du chaos

    La peur permet surtout la sidération de la population. Elle nous fait entrer dans l’émotionnel et abandonner le rationnel.

    Elle relève de la stratégie du chaos, qui sert à déconstruire les défenses immunitaires du corps social, pour lui imposer ce qu’il ne veut pas.

    Comme l’écrivait Jacques Attali, « l’histoire nous apprend que l’humanité n’évolue significativement que lorsqu’elle a vraiment peur [1] ». C’est pourquoi le mondialisme va de pair avec le catastrophisme : l’annonce par les experts (les sachants) de catastrophes à venir permet de justifier la marche vers un gouvernement mondial auprès de la population.

    Aujourd’hui, le coronavirus a nettement remplacé les vociférations de Greta Thunberg, dans le registre de la peur surmédiatisée en Occident.

    Un flicage disproportionné

    Nos concitoyens ont peur de l’épidémie et globalement, malgré ce que prétendent les médias, ils respectent les règles de confinement. Il suffit de voir nos villes vidées de leurs habitants pour s’en convaincre. Même s’ils se montrent critiques vis-à-vis de la façon dont on a géré jusqu’à présent l’épidémie et s’ils se méfient des mensonges du pouvoir [2].

    Dans ce contexte, le prurit répressif qui s’est emparé des autorités et des édiles, semble plus que disproportionné. Mais il est, avec la propagande et ses mensonges, une composante essentielle de la macronie.

    Il sert aussi à masquer la médiocre efficience de nos autorités dans la gestion, jusqu’à présent, de cette crise.

    Face au virus , le flicage ne remplacera pas le dépistage. Mais il risque de renforcer la dictature Macron.

     

    Michel Geoffroy (Polémia, 30 mars 2020)

     

    Notes :

    [1] L’Express du 3 mai 2009.

    [2] Selon un sondage Elabe pour BFMTV, publié le 25 mars 2020, trois Français sur quatre considèrent que la France n’est pas préparée pour lutter contre l’épidémie. La moitié n’approuve pas les actions du gouvernement. Enfin, près de neuf sondés sur dix sont préoccupés par la situation.

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