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localisme - Page 2

  • Relocaliser l’économie : un impératif vital !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Xavier Eman cueilli sur son blog A moy que chault ! qui rappelle que la résistance identitaire à la mondialisation passe par un localisme économique bien compris.

    Animateur du site Paris Vox, rédacteur en chef de la revue Livr'arbitres et collaborateur de la revue Éléments, Xavier Eman est l'auteur de deux recueils de chroniques intitulé Une fin du monde sans importance (Krisis, 2016 et la Nouvelle Librairie, 2019) et d'un polar, Terminus pour le Hussard (Auda Isarn, 2019).

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    Relocaliser l’économie : un impératif vital

    La rupture effective avec le totalitarisme de la mondialisation exige le retour à des espaces limités, autonomes, largement auto-suffisants, à taille humaine au sein desquels des communautés homogènes et solidaires puissent s’épanouir autour de leurs identités charnelles régénérées.

    Pour qu ce « retour au localisme », tel que notamment théorisé par la Nouvelle Droite1, ne reste pas une simple utopie romantique servant à nourrir les conversations de fin de soirées de jeunes urbains alcoolisés, il nécessite plusieurs impérieux préalables :

    - La fin de l’omnipotence citadine et le renoncement à l’idéologie pavillonnaire (qui n’est rien d’autre que l’extension infinie d’une non-ville au sein d’une non-campagne composant peu à peu un immense no-man’s land individualisto-petit bourgeois) au profit d’un réel réaménagement du territoire réinvestissant la ruralité 2.

    - La dénonciation de l’idéologie de la croissance perpétuelle et du gaspillage organisé nécessitant une production toujours plus massive et toujours plus délocalisée pour en minimiser les coûts et en augmenter ainsi l’attractivité, à laquelle on substituera la valorisation de la frugalité et de la simplicité volontaire.

    - La réhabilitation de l’apprentissage des arts, techniques et métiers, préféré au culte délirant d’un secteur tertiaire déifié et producteur de cet immense prolétariat « intellectuel » pourrissant sur pattes dans les blocs de bétons de nos cités tentaculaires.

    La tâche est donc immense mais seul ce triptyque semble capable de permettre une évasion viable du système libéral et financier globalisé, nouvel esclavagisme moderne, en permettant non pas une fumeuse, bien que séduisante en théorie, « sortie de l’économie » mais une refondation de celle-ci sur des principes de proximité, d'utilité collective et de mesure. En un mot et pour rependre l’analyse aristotélicienne: s’arracher à la chrématistique (volonté d’accumulation des moyens d'acquisition en général, et plus particulièrement la monnaie, pour eux-mêmes et non en vue d'une fin autre que son plaisir personnel) pour revenir à une économie « naturelle » (les échanges nécessaires à l'approvisionnement de l'oïkos, c'est-à-dire de la famille élargie au sens de communauté).

    Non pas nier l’économie mais la remettre à sa place.

    Pour réaliser ce qui n’est rien moins qu’une révolution civilisationnelle, un certain nombre de prises de conscience et de changements de comportements, individuels puis collectifs sont nécessaires, aussi modestes dans leur apparence qu’immenses dans leurs conséquences.

    Chacun doit notamment comprendre que tous ses actes d’achats de biens ou de services sont des actes politiques sans doute concrètement aussi importants, si ce n'est plus, que le collage d’une affiche ou l’assistance à une conférence (l’un n’excluant évidemment pas l’autre, bien au contraire.). Ainsi l’analyse systématique des origines des produits consommés et leur « discrimination » en fonction de celles-ci permettra sur le long terme une « pression au local » susceptible de susciter un certain nombre de « relocalisations ».

    Car il faut garder à l’esprit qu’acheter un tshirt fabriqué en Chine et imprimé en Indonésie barré d’un slogan farouchement révolutionnaire européen ou d’un symbole de la Tradition n’est pas un acte réellement identitaire mais simplement une participation à l’une des innombrables « niches tribales» de la consommation mondialisée. Achetez ses fruits et légumes, ses œufs et son fromage en vente directe auprès d’agriculteurs locaux, choisir un pull marin tricoté dans un atelier de Bretagne, privilégier systématiquement les artisans sur les grandes surfaces, renoncer à une futilité technologique fabriquée par les enfants-cerfs du tiers-monde sont par contre de véritables actes de résistance identitaire. Moins « visibles » peut-être, mais plus utiles assurément3.

    Cette optique est bien entendu incompatible avec la recherche perpétuelle du « plus bas prix », cette idéologie de l’accumulation névrotique par le « discount »; c’est au contraire une prise en compte permanente de la « qualité », de « l’éthique » et de la « durabilité » et non uniquement du « prix » affiché, généralement inversement proportionnel au coût social et identitaire. Une telle démarche nécessite des moyens financiers importants ? C’est en effet un contre-argument souvent avancé mais qui ne résiste pas à l’analyse.

    Ainsi lorsque l’on sait qu’entre 30 et 35% de la nourriture achetée est finalement jetée sans être consommée, il apparaît évident qu’une gestion plus raisonnée des quantités acquises compenserait largement le surcoût de produits alimentaires locaux, de saison et de qualité4.

    Ainsi une telle volonté de « politisation des achats », pour être viable, doit s’accompagner de l’acceptation d’une sobriété bien comprise. «Moins mais mieux », encore et toujours.

    Cet « activisme de la consommation », s’il est indispensable, n’est évidemment pas à lui seul suffisant pour entraîner une rupture profonde avec la logique mondialiste de la production marchande. Pour y parvenir, l’action politique étatique parait incontournable. Celle-ci pourrait prendre notamment la forme d’une fiscalité progressive en fonction de le proximité du producteur et du consommateur (« TVA local » : plus la production est proche, plus la TVA est basse. Proposition intéressante avancée notamment par les Identitaires lors de leur convention d’Orange). Elle pourrait aussi s'incarner dans une rigoureuse politique de sanctions, au niveau européen, envers les entreprises recourant aux délocalisations (amendes, fermeture des marchés à leur production, saisie des avoirs...).

    Les possibles destructions d'emploi provoquées au sein des usines à gadgets et des diverses multinationales par une décroissance raisonnée pourraient pour leur part être compensées par un renouveau des services de proximité (petits commerces, services à la personne, enseignement, dépannages et réparations, atelier coopératifs travaillant sur les matières premières locales, mise en valeur du patrimoine...) et par un recours plus massif à la main d'œuvre dans des exploitations agricoles désindustrialisées. Ainsi, aux États-Unis, certains agriculteurs productivistes, confrontés à une prolifération de mauvaises herbes devenues résistantes à toutes les saloperies chimiques balancées sur leurs champs (notamment ce poison violent qu'est le round-up), ont été contraints de stopper l'utilisation de pesticides et de recourir à l'arrachage manuel, créant ainsi, à leur corps défendant, un cercle vertueux: création d'emplois générant des revenus permettant d'écouler en local des fruits et légumes au coût de production plus élevé mais à la qualité gustative et sanitaire bien supérieure.

    Politiquement, socialement, écologiquement, la relocalisation de notre économie est une nécessité absolue. A nous d’opposer à l’uniformisation mercantile de la globalisation ce que les Anciens appelaient le « genus loci » et Heidegger le « Er-örterung », c’est-à-dire « l’assignation au site».

    « Ce que nous appelons un site est ce qui rassemble en lui l’essentiel d’une chose » précisait le philosophe allemand.

    Il est grand temps aujourd’hui d’y revenir.

    Xavier Eman (A moy que chault ! , 29 mars 2021)

     

    Notes :

    1 Revue « Eléments », numéro 100.

    2 Le néo-ruralisme, comme son nom l'indique d'ailleurs, n'est pas une imitation plus ou moins maladroite d'un modèle passé mais une recréation, une nouvelle forme d'investissement de l'espace rural. Ainsi le « retour à la paysannerie » est-il simplement l'un des aspects de cette démarche et non la voie unique d'une réappropriation de la terre. Les courageuses initiatives de quelques camarades néo-paysans sont autant d'exemples remarquables, démontrant la faisabilité de ruptures radicales. Cependant tout le monde n'a pas été et ne sera pas paysan et c'est bien l'ensemble du spectre des activités humaines qu'il faut redéployer dans la sphère rurale, selon le génie propre de chacun.

    3 Certains sites internet permettent d'aiguiller cette pratique de « l'achat localiste

    4 Cet exemple est transposable à bien d'autres domaines, de l'habillement, avec ses armoires dégueulant d'habits jamais portés, aux équipements hifi ou audiovisuels inutiles, sitôt achetés sitôt « dépassés » par de nouvelles versions, en passant par les voyages lointains mais inutiles car réduits au préfabriqué occidentaliste des « agences de voyages » et même criminels car participant à la destruction des identités réelles sous l'action du rouleau compresseur du tourisme international de masse.

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  • Qu'est-ce que l'ingénierie sociale ?...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une conférence de Laurent Ozon donnée à l'Academia Christiana au cours de l'été 2020 et consacrée au thème de l'ingénierie sociale. Essayiste et analyste politique, tenant d'une écologie localiste et identitaire, Laurent Ozon est l'auteur de l'excellent essai intitulé France, années décisives (Bios, 2015).

     

                                           

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  • Coronavirus et localisme...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un entretien donné par Laurent Ozon à Pensées plurielles pour évoquer l'impact de la crise sanitaire sur le système et le localisme comme principe politique et écologique désirable. Essayiste et analyste politique, tenant d'une écologie localiste et identitaire, Laurent Ozon est l'auteur de l'excellent essai intitulé France, années décisives (Bios, 2015)...

     

                                              

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  • La question corse : autonomie, souveraineté, localisme...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous L'Hebdo politique de TV Libertés, présenté par Élise Blaise, qui, le 10 février 2018, recevait Laurent Ozon, pour évoquer la question corse après la visite dans l'île d'Emmanuel Macron... Essayiste et analyste politique, tenant d'une écologie localiste et identitaire, Laurent Ozon est l'auteur de l'excellent essai intitulé France, années décisives (Bios, 2015)...

     

                                 

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  • Immigration : les trois politiques...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Laurent Ozon, cueilli sur son blog Centurie News et consacré aux politiques d'immigration envisageables. Chef d'entreprise et essayiste, Laurent Ozon est l'auteur de France, années décisives (Bios, 2015), un ouvrage lucide et stimulant.

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    Immigration : les trois politiques

    On n’empile pas des peuples issus du monde entier, dans un pays à la culture millénaire, sans fabriquer du conflit. Les sociétés multiculturelles sont instables, on pourrait même dire non viables, car lorsque des tensions historiques surviennent (guerres, épidémies, crises économiques), les différences de religion, de culture, de sensibilité, etc. deviennent des fossés et la société explose sous l’effet de son manque de cohésion, d’unité. Ce constat est celui de tous les réalistes politiques et ne souffre aucune exception dans l’histoire connue.

    Ainsi, face aux tensions prévisibles dans notre avenir proche, les politiques devront résorber cette diversité anarchique, en reformant un corps social plus uni et stable. Tous les politiques qui réfléchissent savent que cette « homogénéité relative » est la condition de la stabilité de la société. Si cette question n’est pas traitée, notre société se fragmentera dans la violence dans les trente années à venir, incapable de faire face à son histoire. Notre pays s’embrasera et des foules se jetteront à l’assaut de tout ordre social, les unes contre les autres.

    Il y a donc trois façons de résorber politiquement cette diversité sans complémentarité fabriquée par un laxisme suicidaire. La première de ces solutions est libérale et individualiste, la deuxième assimilationniste et républicaine, et la troisième localiste et « remigrationniste ».

    La première solution consiste à rechercher une forme d’unité presque entropique par la dissolution de toutes les formes collectives d’appartenance en s’attaquant aux formes sociales non individualisées (famille, religion, etc.) afin de produire une population presque mixée, sans existence de sous-groupes légitimes. Le détricotage de la culture populaire et de ses normes, notamment via le « mariage homosexuel », s’inscrit bien par exemple dans cette logique.

    La deuxième consistera à vouloir reformer une collectivité nationale souveraine et protectrice, structurée autour d’un État fort et laïc ayant relégué les religions dans la sphère individuelle. Ce modèle de société sera cimenté par une politique d’assimilation volontariste et par le rejet des communautés non assimilables hors de la communauté nationale. La principale difficulté de ce modèle, c’est sa compatibilité problématique avec les dépendances réciproques d’une société mondialisée dans laquelle les interactions sont nombreuses et les contraintes de co-gouvernance plus contraignantes (autonomie énergétique, monétaire, financière, sanitaire, etc.).

    La dernière solution, construite sur le localisme et la « remigration », veut s’appuyer sur des souverainetés politiques retrouvées afin d’organiser la relocalisation des populations par une politique vigoureuse de retour au pays. Celle-ci s’inscrira dans le cadre de partenariats stratégiques ambitieux avec les pays du Maghreb. Elle présente l’avantage d’être compatible avec un exécutif plus « distribué » et des formes de pouvoir plus subsidiaires. Elle peut jeter les bases d’une diplomatie ouverte et dynamique compatible avec les besoins de nos voisins européens et ceux des populations arabo-berbères en situation d’êtres englouties sur leurs terres dans les quarante années à venir par la marée subsaharienne.

    La quatrième, qui n’en est pas une, c’est la politique du chien crevé au fil de l’eau, qui débouchera sur l’effondrement et des souffrances que nous n’avons pas connues en Europe depuis la guerre de Trente Ans. Le temps s’écoule. Celui ou celle qui relèvera le défi de la puissance et du réalisme renouera avec le génie politique de la France.

    Laurent Ozon (Centurie News, 25 août 2016)

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  • OGM, le temps du politique...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue stimulant de Laurent Ozon, cueilli sur son blog Centurie News et consacré à la question des OGM. Agitateur d'idées, tenant d'une écologie localiste et identitaire, Laurent Ozon est l'auteur de l'excellent essai intitulé France, années décisives (Bios, 2015).

     

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    OGM, le temps du politique

    Les OGM sont des organismes vivants dont les gènes ont été modifiés par intervention humaine avec des techniques de biologie moléculaire. Elles consistent à attribuer des caractéristiques génétiques d’une espèce à une autre espèce ou d’un sujet génétique à un autre sujet génétique. De ce fait, les OGM sont des organismes transgéniques fabriqués pour conformer leurs caractéristiques à des objectifs déterminés par ceux qui les réalisent. Cette pratique a débuté au début des années 70 au nom de visées thérapeutiques. La première application commerciale sera celle de la production de l’insuline dite « recombinante » en 1982 par l’introduction d’un gène humain dans une bactérie qui déboucha sur la production d’insuline à l’origine de la plupart des traitements actuels du diabète. La même année, le transfert du gène d’une hormone de croissance du rat sur une souris aboutit à la naissance d’une souris géante, le premier animal génétiquement modifié. A partir de cette période, les modifications visant à modifier des plantes (1983) puis progressivement l’ensemble des organismes vivants seront utilisés par l’industrie à des fins diverses : résistance aux maladies ou à des insectes et nuisibles, résistance à des traitements chimiques, stérilisation de semences, digestibilité des aliments,  amélioration de productivité, adaptation à des écosystèmes, amélioration de caractéristiques esthétiques ou gustatives, et d’une façon générale, toute modification susceptible de servir des objectifs définis par les chercheurs.

    Loin de se justifier pour des questions de productivité agricole, les études de productivité comparées à l’hectare entre les productions OGM aux Etats-Unis et celles des agriculteurs européens (sans OGM) font apparaître que si les gains de productivité de l’agriculture américaine sur ces denrées grâce aux OGM lui ont permis d’approcher les rendements (sans OGM) des cultures similaires des européens, elles ne leurs ont pas permis de les dépasser. Les plantes OGM sont cultivés depuis 1996 aux États-Unis, en Argentine et au Canada. En 2013, les PGM sont cultivées sur 175 millions d’hectares dans 27 pays (sur 197). Toutefois, 87% des surfaces GM sont concentrées sur le continent américain (nord et sud).

    Malgré la volonté d’encadrer, de limiter, voire d’interdire ce type de pratiques, le développement de la modification génétique du vivant se généralise et ses répercussions aboutissent progressivement à la conformation du vivant dans son ensemble (directement ou par contamination) aux  objectifs déterminés par les acteurs de celles-ci. Les arguments des opposants à ces pratiques sont à classer en cinq catégories parfois utilisés de façon croisées :

    1/ Le principe de précaution à cause des risques liés à une connaissance imparfaite des effets induits par les transferts génétiques, de la contamination de l’ensemble du vivant et des déplacements de pouvoirs induits par la brevetabilité des organismes créés.

    2/ Le principe naturel au nom d’une vision conservatrice d’un vivant à préserver en l’état des modifications « aveugles » d’une humanité qui bricole et veut « jouer à Dieu ».

    3/ Le principe politique dans la mesure où ces pratiques engendrent la privatisation et la marchandisation du vivant au nom d’intérêts privés engageant l’arraisonnement et la conformation du monde à leurs objectifs et leurs pouvoirs.

    4/ Le principe sélectionniste porté par ceux qui considèrent que le « Génie Génétique » est non viable dans la mesure où il ne peut reconstituer les conditions de la sélection naturelle du fait de l’impossibilité des chercheurs et acteurs de ces techniques à mathématiser les effets de leurs « innovations » et des interactions qu’elles génèrent.

    5/ Le principe de liberté. De ce fait, les OGM viseraient à court-circuiter les processus de sélection naturelle et à imposer des modifications à des organismes sur la base d’anticipations utilitaristes (obtenir un effet à un instant T), ce qui engagerait l’humanité à résoudre les difficultés qu’elle se crée en poussant toujours plus loin l’ingénierie génétique, comme elle sera tentée de le faire avec l’ingénierie sociale, climatique, etc.

    Cette révolution engendrera un effet domino à trois dimensions qui aboutira à la conformation totale du vivant, de ses manifestations, de ses comportements et attributs afin de limiter l’impact des expériences précédentes sur la société.

    Si ces arguments sont largement recevables, la probabilité pour qu’ils puissent empêcher la généralisation de ces pratiques est nulle. Les arguments des acteurs de la transformation génétique seront humanitaires (nourrir le monde, soigner les maladies, lutter contre les effets de telle ou telle évolution climatique, environnementale, etc.) et l’argument darwinien (si nous ne le faisons pas, nous laissons aux autres le soin de le faire et de nous imposer leurs règles, leur puissance et leur compétitivité) est et sera le meilleur moteur de la généralisation des OGM. L’apparition de technologies BioGM visant par exemple à attribuer des caractéristiques de résistance à des organismes afin de se dispenser de l’utilisation d’intrants chimiques, achèvera de fragmenter le camp des opposants aux technologies de modifications géniques.

    Plus encore, avec les technologies du type CRISPR-Cas9, les outils disponibles pour intervenir sur les gènes deviennent accessibles à des budgets de plus en plus faibles et l’on peut prévoir que ces manipulations deviendront tout aussi accessibles au grand public dans le futur qu’une simple analyse de sang. Les politiques n’ont plus à déterminer s’il faut ou non utiliser ces techniques, mais quels types d’objectifs leur assigner, quels objectifs poursuivre et quels acteurs limiter en fonction de leurs objectifs propres ?

    De fait, l’opposition parfaitement légitime des opposants aux modifications génétiques a empêché une approche pragmatique et politique de la question de l’utilisation du génie génétique, laissant à des intérêts privés le soin d’investir massivement des champs de recherche pour leurs propres profits et d’accumuler des compétences et des moyens qu’aucune politique d’endiguement n’empêchera durablement de proliférer. Il nous faudra probablement, face à la prolifération incontrôlable des technologies de manipulations génétiques et sans méconnaître les arguments solides des opposants aux OGM, opérer une distinction entre OGM nuisibles aux mains des transnationales de l’agrochimie et de futurs BioGM souverains. Jamais dans l’histoire, une technologie n’a disparu de la surface de la terre sans avoir été dépassée en puissance ou en efficacité ou sans  l’élimination de ses utilisateurs.

    Laurent Ozon (Centurie News, 9 décembre 2016)

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