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immigration - Page 9

  • Les émeutes de Bruxelles, symbole de l'échec de la politique migratoire belge...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Alain Destexhe cueilli sur le Figaro Vox et consacré aux  violents heurts qui ont eu lieu à Bruxelles, Anvers et Liège après le match de la coupe du monde de football opposant le Maroc à la Belgique. Sénateur honoraire belge, Alain Destexhe est l'ex-secrétaire général de Médecins Sans Frontières.

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    Coupe du monde 2022: «Les émeutes de Bruxelles sont le symbole de l'échec de la politique migratoire»

    Après le match Maroc-Belgique, des émeutes ont eu lieu à Bruxelles, Anvers et Liège où un commissariat a été attaqué par une cinquantaine de «jeunes», mais aussi dans plusieurs villes des Pays-Bas. Au-delà de ces incidents, la liesse populaire dans les quartiers à prédominance marocaine de Bruxelles, notamment à Molenbeek, a montré que l'identité marocaine restait bien plus forte que la belge alors que la plupart des habitants ont la double nationalité.

    Il fallait faire preuve d'aveuglement et chercher à tout prix à faire cadrer la réalité avec l'idéologie du vivre ensemble pour ne pas voir que les sympathies des Marocains de Belgique allaient à l'équipe du Maroc et pas à celle de «leur seconde patrie». Certains journalistes s'y sont pourtant essayés, avec des titres comme «Molenbeek s'attend à vivre un dimanche festif», «peu importe qui gagne entre la Belgique et le Maroc ce sera la fête», ou encore un sujet télévisé dégoulinant le politiquement correct sur une des deux chaînes francophones de télévision qui montrait le contraire de ce qu'affirmait le commentaire !

    La fête eut bien lieu, à Molenbeek, Anderlecht, Schaerbeek et Bruxelles, des communes où la communauté marocaine est plus nombreuse que les autres y compris que les Belges d'origine. Il fallait voir l'enthousiasme de ces supporteurs klaxonnant et arborant des drapeaux marocains dans les rues de la capitale dans leur voiture avec une plaque belge.

    Pour beaucoup de Belges d'origine, ce spectacle cassait le mythe de l'intégration (personne ne parle plus d'assimilation depuis longtemps en Belgique) et avait un côté excessif voire indécent pour la Belgique qui a permis à ces Marocains de vivre dans un pays prospère et de bénéficier des avantages de l'État-providence.

    Les chaînes de télévision n'ont pas montré cette image tellement symbolique d'un manifestant décrochant un drapeau belge d'un immeuble sous les applaudissements de la foule, ni ce face-à-face saisissant entre des centaines de Marocains dansant et chantant à deux pas de la Grand-Place de Bruxelles, bloqués par un cordon de policiers, tous Européens de souche, casqués et matraqués, leur interdisant l'accès du centre de la ville.

    Selon Statbel, l'office belge de statistiques, la population bruxelloise est désormais à 46% d'origine extra-européenne (au sens de l'UE27 plus le Royaume-Uni) et 24% seulement d'origine belge. Les Marocains représentent 7% de la population du royaume, mais 12% dans la Région de Bruxelles-Capitale, la plupart détenant aussi la nationalité belge. La croissance du nombre de Marocains en Belgique a été exponentielle : 460 seulement en 1961, 39.000 en 1970 et 800.000 quarante ans plus tard. Conséquence de cette évolution démographique et de la facilité d'acquérir la nationalité belge (dans certains cas après trois ans de résidence sans autre condition), le pays compte désormais 26 députés, régionaux ou fédéraux, d'origine marocaine et plusieurs bourgmestres, qui, souvent, encouragent le communautarisme. Parmi les moins de 18 ans, les Marocains sont plus nombreux que les Belges d'origine belge et de nombreuses écoles de Bruxelles sont composées exclusivement d'enfants d'origine extra-européenne. Dans celles du réseau public où les parents ont le choix du cours de religion, la musulmane est désormais suivie par une majorité des élèves.

    Que l'on qualifie ces changements de diversification de la population ou de bouleversement démographique importe peu, l'évolution est considérable en quelques décennies et modifie la physionomie et la vie sociale des grandes villes belges. Le voile y est de plus en plus présent et il est porté par une majorité de femmes dans certaines communes. Lors du Ramadan, la quasi-totalité des commerces et des restaurants sont fermés dans certains quartiers. Le nombre des mosquées explose et tous les courants de l'islam sont représentés à Bruxelles où les tensions entre Sunnites et Chiites ou même entre Marocains et Turcs sont parfois vives, notamment au sein de l'Exécutif des Musulmans de Belgique, une structure que les autorités ont tenté de mettre sur pied pour dialoguer avec un interlocuteur unique mais qui va de crise en crise. Alors que l'abattage des animaux sans étourdissement est interdit en Flandre et en Wallonie, le lobby musulman au Parlement bruxellois a réussi à bloquer une proposition législative allant dans ce sens. Lors des procès d'assises ou des élections, il est fréquent de voir arriver des femmes avec leur mari, expliquant qu'elles ne peuvent être retenues comme juré ou comme assesseur car elle ne parle aucune langue nationale, témoignant ainsi d'une intégration complètement ratée. Le vivre ensemble encensé par le monde politique francophone est un mythe, les communautés se côtoyant sans se fréquenter, ni se mélanger. Les Marocains épousent des Marocaines et les Turcs des Turques qu'ils vont souvent chercher au pays, le regroupement familial constituant la première cause d'immigration en Belgique comme en France.

    On se souvient du match France - Algérie de 2001 qui avait dégénéré. Régulièrement, le passé colonial est évoqué pour justifier la colère des jeunes maghrébins en France, une explication qui ne tient pas puisque des incidents similaires se déroulent en Belgique, un pays qui n'a aucun lien historique avec le nord de l'Afrique. C'est une convention de 1964 qui a ouvert la voie d'une immigration économique qui n'a plus de raison d'être depuis longtemps, mais qui se poursuit indéfiniment par le biais du regroupement familial, que les Américains appellent à juste titre la «migration en chaîne».

    Le plus navrant est le déni et l'absence totale de débat sur les enjeux de l'immigration et de l'intégration du côté francophone du pays. Ni les médias, ni les partis politiques n'en parlent. Les émeutes de dimanche dernier ont été attribuées par le bourgmestre de Bruxelles à des «voyous et des crapules», un discours largement repris, sans autre précision, ni analyse. Le lien avec une immigration excessive, supérieure à celle de la France en nombres relatifs, n'est plus jamais fait. Alors qu'en France et en Flandre, le débat est vif autour de ce thème, c'est comme si la Belgique francophone avait renoncé, acceptant son destin de pays multiculturel avec à brève échéance une majorité musulmane dans sa capitale et une nouvelle normalité faite de temps à autre d'émeutes urbaines, de fusillades et d'attentats terroristes.

    Alain Destexhe (Figaro Vox, 28 novembre 2022)

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  • Michel Onfray : " Les passeurs et Mélenchon sont les nouveaux négriers !"...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous l'entretien donné par Michel Onfray à Régis Le Sommier sur Omerta, dans lequel il revient sur l'actualité politique.

    Philosophe populaire, polémiste, tenant d'un socialisme libertaire, Michef Onfray a publié de nombreux ouvrages, dont dernièrement sa trilogie  Cosmos (Flammarion, 2015), Décadence (Flammarion, 2017) et Sagesse (Flammarion, 2019), Théorie de la dictature (Robert Laffont, 2019), La nef des fous - Des nouvelles du Bas-Empire (Bouquins, 2020) ou Puissance et décadence (Bouquins, 2022). Il est également fondateur et directeur de la revue Front populaire.

     

                                             

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  • La pitié, arme de destruction massive...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Eric Delcroix, cueilli sur Polémia et consacré à l'invasion migratoire.

    Juriste et ancien avocat, Eric Delcroix a publié notamment Le Théâtre de Satan- Décadence du droit, partialité des juges (L'Æncre, 2002), Manifeste libertin - Essai révolutionnaire contre l'ordre moral antiraciste (L'Æncre, 2005) et Droit, conscience et sentiments (Akribeia, 2020).

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    Immigration. La pitié, arme de destruction massive

    L’invasion de l’Europe par les masses venues du tiers-monde n’est possible que parce que les immigrants indésirables arrivent chez nous armés de notre propre pitié – laquelle, d’ailleurs, ne provoque chez eux que mépris et arrogance. De mémoire, dans Les Sept piliers de la sagesse, T. E. Lawrence, dit Lawrence d’Arabie, écrivait : « J’eus pitié d’Ali et ce sentiment nous dégrada tous deux ». L’état de déliquescence des Occidentaux est tel qu’ils sont bien incapables, comme l’avait pressenti Jean Raspail, dans le Camp des saints (1973), de s’opposer à un envahisseur venu de pays en pleine explosion démographique. En Occident, sous l’empire des droits de l’homme et de l’antiracisme, les gueux exotiques sont sacrés et suscitent une mauvaise conscience apitoyée. Le cas typique de l’Ocean Viking, au mois de novembre, est à cet égard saisissant. Voilà que le gouvernement français reproche au gouvernement italien de ne pas se comporter comme il conviendrait à un ordre de sœurs de charité… Des organisations puissantes, réputées non gouvernementales (ONG), arment (!) des navires qui vont chercher des immigrants en phase avec les passeurs dont ils sont les complices objectifs. Il s’agit bien d’une politique de destruction de l’homogénéité du tissus civilisationnel et ethnique européen ; il s’agit bien d’une politique de grand remplacement de nos peuples millénaires psychologiquement désarmés par des décennies d’ordre moral anti-discriminatoire.

    État souverain et contrôle des frontières

    Le député RN Grégoire de Fournas a été sanctionné pour s’être exclamé dans l’hémicycle, au sujet des passagers importuns de l’Ocean Viking : « Qu’ils retournent en Afrique. » Pour ce propos d’un bon sens élémentaire, il a été sanctionné par ses pairs, non pas certes pour la substance dudit propos, mais hypocritement pour avoir provoqué le chahut… de ses collègues gauchistes. ! Après les affaires de Jean-Marie Le Pen devant le parlement européen, cette péripétie disciplinaire en dit long sur la décomposition de l’inviolabilité parlementaire.

    Un État qui n’a pas la maîtrise de ses frontières, fût-ce en collaboration avec d’autres, n’est plus souverain.

    Bien sûr, il y a des solutions, énoncées ci-après, pour tarir cette immigration inopportune, mais aucune n’est suffisamment humanitaire pour les droits de l’homme (les solutions 2, 3 et 4 étant en réalité subsidiaires, tant la mesure n° 1 paraît pouvoir éliminer les parasites qui sont légion).

    1. Refus de toute aide publique ou sociale ;
    2. Restauration d’un délit de séjour illégal sur le territoire national pour les expulsés, avec interdiction à vie de solliciter la résidence ou la naturalisation ;
    3. Internement administratif illimité pour ceux qui ne justifient pas de leur pays d’origine ou n’obtiennent pas de passe consulaire de ce pays (nonobstant des mesures de rétorsions contre ledit pays) ;
    4. Refus de tout asile politique pour qui ne justifie pas de façon sûre de son identité (même privés de leurs papiers Assange et Snowden peuvent justifier de qui ils sont).

    Si nous ne sommes plus capables de cela, alors la question se pose de savoir s’il est raisonnable de conserver une armée, incongrue dans un État qui a pour objet principal les droits de l’homme et le droit d’asile universel et illimité (convention de Genève de 1951, dévoyée car caduque), donc la charité universelle.

    Volonté et instruments juridiques

    Depuis 1945, sous influence américaine, les États européens n’ont cessé de s’emberlificoter de liens moraux qui les désarment. Pour ne pas s’enliser dans la multitude de conventions ou traités, nous n’en mentionnerons ici que les trois plus saillants.

    1. La Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et son protocole additif donnant compétence à la cour européenne des droits de l’homme de condamner les États, au profit de n’importe quel individu. La Cour se donne les apparences de dire le droit, mais elle juge en réalité en équité, ce qui lui donne toute licence de faire purement et simplement de la morale (pitié), en rupture avec notre tradition juridique.
    2. La Convention de Genève de 1951 sur le droit d’asile, qui avait un sens à l’époque, savoir garantir à ceux qui fuyaient l’Europe communiste le non refoulement et le droit corrélatif de vivre dans le monde libre. Aujourd’hui la convention de 1951 rend potentiellement éligibles tous ceux qui vivent dans des pays non démocratiques et sûrs, c’est à dire, à la louche, quelques sept milliards d’êtres humains… L’asile politique, comme en bénéficia Victor Hugo aux Îles anglo-normandes, doit rester un privilège rare. Julian Assange ou Edward Snowden auraient dû en bénéficier, mais en aucun cas des quidams improbables. Bien sûr, aucune allocation ne doit être versée à un quémandeur d’asile.
    3. Le Conseil constitutionnel doit être remis à sa place initiale, celle d’avant sa jurisprudence de 1971 et la réforme Sarkozy qui l’a ouvert aux recours individuels (2008) à la manière américaine, ce qui n’avait jamais existé en France.

    Dissolution de la volonté régalienne

    Cela dit, en attendant et bout du compte, face aux bateaux des ONG qui prétendent faire du sauvetage en mer, tels l’Ocean Viking, y-a-il des solutions ?

    Ces bâtiments richement subventionnés (notamment par nos collectivités locales de gauche !) sollicitent objectivement les passeurs et recueillent les passagers volontaires d’embarcations dont 99/100 ne sont pas en naufrage, puis ils refusent de les conduire dans les ports les plus proches. Ces ports, tels Sfax (Tunisie) ne seraient pas sûrs, proposition fausse et raciste (un port de pays musulman serait-il par nature non-sûr?).

    Pour les empêcher de venir exclusivement dans les ports européens, nous avons certes une marine militaire. Mais que vaut-elle en l’état de décomposition apitoyée de notre société et, qui plus est, sous le surveillance menaçante des juges ?

    Dans le Camp des Saints, Jean Raspail imaginait une exercice test, effectué par un commandant dans l’ignorance de l’équipage à la demande du Ministère : approcher un bateau chargé d’envahisseurs désarmés, hommes, femmes et enfants, et faire se préparer les hommes au tir pour l’arrêter. Raspail imagine alors une mutinerie des marins de « l’escorteur 322 » : « Ici la tourelle. Commandant ! Commandant ! Nous ne tirerons pas ! Nous ne pouvons pas !… Ici la mitrailleuse avant. Ce n’est pas possible, Commandant ! Ne donnez pas cet ordre ! Nous refusons d’obéir ! » (chapitre XXVII).

    Sommes-nous capables de résister ? Notre armée a-t-elle encore une justification ? L’empire de la pitié promet à toute nation une déliquescence rapide, impitoyable et honteuse.

    Éric Delcroix (Polémia, 18 novembre 2022)

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  • Immigration : réflexion sur l'exemple danois...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Vincent Coussedière, recueilli par Figaro Vox et consacré à la victoire des sociaux-démocrates danois adeptes de la fermeté en matière d'immigration.

    Professeur de philosophie et essayiste, Vincent Coussedière a notamment publié Eloge du populisme (Elya, 2012), Le retour du peuple - An I (Cerf, 2016), Fin de partie - Requiem pour l'élection présidentielle (Pierre-Guillaume de Roux, 2017) et Eloge de l'assimilation - Critique de l'idéologie migratoire (Rocher, 2021).

     

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    Vincent Coussedière: «La gauche française doit-elle prendre exemple sur les sociaux-démocrates danois ?»

    FIGAROVOX. - La gauche danoise a emporté une courte victoire aux élections législatives de ce 2 novembre. Après la récente percée de l'extrême droite en Suède, que vous évoque ce succès de la gauche dans une Scandinavie qui reste, dans l'imaginaire, un bastion de la social-démocratie ?

    Vincent COUSSEDIÈRE. - Il faut distinguer la courte victoire du bloc de gauche et le succès de Mme Frederiksen et du Parti social-démocrate. En effet, l'élection a eu lieu dans un contexte particulier en raison d'une forme de chantage du Parti social-libéral, pourtant allié à Mme Frederiksen depuis 2019. Ce parti a menacé de retirer son soutien à celle-ci et de voter une motion de censure si elle n'acceptait pas l'anticipation des élections, voulant ainsi se démarquer de sa gestion du Covid, et surtout du scandale de l'abattage massif des visons par crainte de leur rôle dans la contamination. Or malgré ce contexte qui aurait pu la fragiliser, Mme Frederiksen a amélioré le score du Parti social-démocrate de 2,5 % (27,5 % en 2022 contre 25,5 % en 2019). Ce qui explique la courte victoire de la gauche est donc bien davantage la stagnation ou l'érosion du score des alliés du Parti social-démocrate.

    En effet, si le Parti populaire socialiste reste relativement stable, la liste Unité régresse, et le Parti social libéral passe de 8,6 % en 2019 à 3,8 % en 2022, ce qui montre d'ailleurs que sa manœuvre a été perçue comme politicienne de la part des électeurs. De plus, avant même les élections, tous les sondages montraient que les Danois désiraient majoritairement que Mme Frederiksen reste Première ministre. Il s'agit donc incontestablement d'un succès pour celle-ci et le parti social-démocrate. La situation partisane au Danemark n'est pas comparable à celle de la Suède ou d'autres démocraties européennes, où les partis sociaux-démocrates faiblissent au profit de la montée des partis populistes de droite. Le Parti social-démocrate reste de loin le premier parti du Danemark, et le Parti populaire danois (dit «populiste») qui, autrefois, frisait les 20 %, a continué sa dégringolade déjà spectaculaire en 2019. C'est cette spécificité danoise qui est importante.

    De longues discussions s'annoncent avec les autres partis pour former un gouvernement. La droite se trouve à l'opposé de l'échiquier politique, et les Modérés s'exposeraient aux critiques de celle-ci en cas de ralliement aux sociaux-démocrates. Sur qui peut compter la Première ministre Mette Frederiksen pour arriver à ses fins ?

    Rappelons d'abord qu'en 2019, Mme Frederiksen a déjà pris quelques libertés avec les usages partisans traditionnels en assumant de former un gouvernement minoritaire, c'est-à-dire en ne nommant pas de ministres issus des partis du bloc de gauche, s'appuyant ainsi sur une coalition de soutien au parlement, mais pas sur une coalition de participation au gouvernement. C'était déjà une manière de donner des gages d'«ouverture» à la droite, gages que sa politique concernant l'immigration allait renforcer, puisqu'elle poursuivait la politique restrictive suivie par la droite depuis dix ans, voire l'accentuait. Aujourd'hui, elle fait un pas supplémentaire en proposant la formation d'un gouvernement majoritaire ouvert aux partis traditionnels du bloc de droite, c'est-à-dire les Modérés et les Libéraux. Il est vrai que si les premiers semblent ouverts à cette possibilité, les seconds se sont déclarés «sceptiques». Il est également vrai que même au Danemark, ce dépassement du clivage gauche/droite n'est pas dans les mœurs politiques, et réclamera sans doute du temps et des négociations. Mais cela ne semble pas non plus impossible, justement parce que la question de l'immigration ne clive plus fondamentalement le Parti social-démocrate d'avec la droite.

    Pour espérer former son gouvernement, la gauche devrait composer avec les questions migratoires, thème cher à la droite. Quelle part ces questions occupent-elles dans le logiciel des sociaux-démocrates ? Cette gauche peut-elle s'intéresser à l'immigration ?

    Les sociaux-démocrates sous l'influence de Mme Frederiksen ont fortement intégré la nécessité d'un strict contrôle de l'immigration depuis l'élection de celle-ci à la tête du parti en 2015. Encore dans l'opposition en 2018, elle appelait déjà à la réforme du système d'asile du Danemark, y compris à la création de centres d'accueil hors de l'Europe, et elle devenait Première ministre en 2019 sur la base de la promesse de poursuivre la politique ultra-restrictive de la droite en matière d'immigration. Tout ceci aboutira au projet de loi d'externaliser la demande d'asile vers des pays tiers qu'elle fera voter au parlement le 3 juin 2021. Des contestations de cette politique existent bien sûr à gauche, pour des raisons essentiellement humanitaires, mais elles existent aussi à droite chez les libéraux, pour des raisons économiques de pénurie de main-d’œuvre. Mais cette politique rencontre un très fort assentiment chez une grande majorité de Danois et il n'y a pas de raisons que Mme Frederiksen modifie sa stratégie: elle mettra la gauche sous pression en mettant en avant dans les négociations la question migratoire, et en étant prête à conclure une alliance de gouvernement avec une partie de la droite si la gauche se cabre.

    Dans ce panorama, aucun populisme de gauche ne semble exister, pourquoi ? Peut-il émerger à la faveur de ces négociations ?

    Il semble peu probable qu'un «populisme de gauche» émerge puisque, comme nous l'avons vu, le Parti social-démocrate lui a coupé l'herbe sous le pied. Que pourrait être en effet, au Danemark comme ailleurs, un véritable «populisme de gauche»? Ce pourrait être une offre politique liant la survie de l'État providence et la réduction des inégalités au strict contrôle de l'immigration, conditionnant celle-ci, non pas à une idéologie identitaire (populisme de droite), mais à une idéologie assimilationniste. Or c'est très exactement la politique suivie par la social-démocratie danoise, ce qui empêche, non seulement l'émergence d'un populisme de gauche, mais ramène aujourd'hui le populisme de droite (le parti populaire danois) à 2,5 % des voix… Le projet de Mme Frederiksen d'une alliance avec les partis traditionnels de droite semble donc finalement logique, puisque celle-ci défend la même politique en matière d'immigration. Quant aux capacités de mutation de l'aile gauche de Mme Frederiksen, la question est posée de savoir si elles seront au rendez-vous, ou si les partis de gauche ne voudront pas accompagner plus loin Mme Frederiksen dans son aventure, et dans le lien qu'elle fait entre maintien de l'État providence et contrôle restrictif de l'immigration.

    Pourquoi la gauche française n'ose pas faire sienne la question de l'immigration ?

    La gauche française a fait sienne la question de l'immigration, et ce depuis très longtemps… Mais elle l'a fait dans le sens contraire des Danois, dans le sens d'un laisser-aller, laisser-faire, dans le sens d'un immigrationnisme idéologique. L'immigrationnisme et le multiculturalisme ont fait partie intégrante du logiciel du parti socialiste français et ce depuis plus de quarante ans. Je me permets ici de renvoyer à mon dernier livre, Éloge de l'assimilation, critique de l'idéologie migratoire, dans lequel je montre comment le parti socialiste a recueilli tout un héritage gauchiste, dans sa lutte avec un PCF resté ouvriériste, pour conquérir l'hégémonie à gauche. Pour aller vite, la figure de l'immigré est depuis longtemps centrale dans une gauche française dominée par le Parti socialiste, et a depuis longtemps éclipsé celle du prolétaire.

    De plus, et contrairement au Danemark, la question de l'immigration en France est intimement liée à celle de la colonisation, puisque nos immigrés viennent essentiellement de nos anciennes colonies ou zones de protectorat ou d'influence considérable (Algérie, Tunisie, Maroc, Afrique). L'«immigré» en France évoque immanquablement l'ancien colonisé, ce qui alimente la mauvaise conscience et la difficulté de mettre au point une véritable politique de contrôle de l'immigration. Il est donc parfaitement improbable que la France suive le même trajet que le Danemark. Ce n'est pas le devenir «populiste» de la social-démocratie (laquelle n'est plus représentée par le PS mais par la «Macronie») qui permettra d'affronter enfin la question de l'immigration incontrôlée en France, mais peut-être au contraire le devenir «social-démocrate» du populisme. C'est sans doute l'enjeu de la poursuite de la mutation du RN...

    Vincent Coussedière (Figaro Vox, 7 novembre 2022)

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  • Bientôt le chaos ?...

     

     

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un entretien donné le 30 octobre 2022 par Laurent Obertone à Livre noir pour évoquer le dernier tome de son roman de politique-fiction, Guérilla - Le dernier combat, qui fait suite à Guérilla - Le jour où tout s'embrasa (Ring, 2016) et Guérilla - Le temps des barbares (Ring, 2019). Quand la réalité rejoint la fiction...

    Journaliste, Laurent Obertone est l'auteur de trois enquêtes essentielles, La France Orange mécanique (Ring, 2013), La France Big Brother (Ring, 2015) et La France interdite (Ring, 2018), qui ont contribué à fissurer l'édifice du politiquement correct, ainsi que du récit Utøya (Ring, 2013). Il a publié récemment un essai intitulé Game over - La révolution antipolitique (Magnus, 2022).

     

                              

     

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  • « Les immigrés font le boulot que les Français ne veulent pas faire » : un slogan mensongé !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jean-Yves Le Gallou cueilli sur Polémia et consacré au démontage d'une allégation fréquemment entendue dans la bouche des représentants du lobby immigrationniste concernant les emplois que viendraient occuper les immigrés.

    Ancien haut-fonctionnaire et homme politique, président de la Fondation Polémia, Jean-Yves Le Gallou a, notamment, publié La tyrannie médiatique (Via Romana, 2013),  Immigration : la catastrophe - Que faire ? (Via Romana, 2016), Européen d'abord - Essai sur la préférence de civilisation (Via Romana, 2018), Manuel de lutte contre la diabolisation (La Nouvelle Librairie, 2020) et  La société de propagande - Manuel de résistance au goulag mental (La Nouvelle Librairie, 2022).

     

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    « Les immigrés font le boulot que les Français ne veulent pas faire » : slogan éculé et mensonger

    « Les immigrés font le boulot que les Français ne veulent pas faire. » Tel est le pont aux ânes des immigrationnistes. Une affirmation constamment répétée depuis un demi-siècle (!) qui mérite un sérieux décryptage. Réfutation en 7 points.

    Un mensonge total

    1– Remarquons d’abord que cet argument s’inscrit dans une stricte logique économique. À supposer qu’il soit vrai (nous démontrerons que ce n’est pas le cas), il devrait être mis en balance avec d’autres facteurs et d’abord avec les conséquences nuisibles de l’immigration en termes d’identité, d’éducation, de sécurité ou encore de budget.

    2– Observons ensuite que les étrangers déjà présents en France ont un taux de chômage plus élevé que la moyenne nationale (18 % pour les étrangers venus d’Afrique contre 7 % pour les Français).

    Il en va de même pour les descendants d’immigrés non européens dont le taux de chômage cinq ans après l’entrée dans la vie active est deux fois plus élevé que celui d’un Français de souche (voir Immigration la catastrophe, que faire, page 46).
    Quitte à garder le slogan « Les immigrés font le boulot que les Français ne veulent pas faire », il serait donc plus juste de l’adapter et d’affirmer « les nouveaux immigrés font le travail que les Français et surtout les immigrés plus anciens et les descendants d’immigrés ne veulent pas faire. »

    3– En fait, la réalité est la suivante : l’entrée de nouveaux immigrés, même réguliers et surtout clandestins, fausse le marché du travail.
    L’arrivée d’une main d’œuvre précaire, au départ peu exigeante et souvent clandestine, biaise la concurrence et tire les salaires à la baisse. Ce qui décourage les anciens résidents en France de prendre ces emplois.
    Ceci vaut notamment dans les secteurs de l’hôtellerie/restauration, du bâtiment et des travaux publics, du contrôle et de la sécurité ainsi que des services à la personne.

    4– Nuançons toutefois ce propos. Cette fuite des Français de certains métiers concerne bien davantage les grandes villes que la France périphérique. Cela s’explique par les surcoûts immobiliers dans les grandes métropoles et le fait que les classes populaires de souche ont été refoulées très loin des centres villes. Ainsi le profil du personnel hospitalier et des soignants en EHPAD n’est pas le même en province et dans les grandes métropoles. Et ce alors même que dans les grands ensembles à forte population immigrée l’aide sociale et les trafics assurent souvent des revenus substantiels.

    5– Ceci étant, le recours à une main d’œuvre étrangère – clandestine ou non – n’est pas une fatalité. Bien au contraire il apparaît que les employeurs n’ont pas toujours le libre choix de l’embauche. SOS Racisme a réalisé un test sur les recherches en personnels des entreprises de bâtiment et des travaux publics et déplore que 45 % d’entre elles (45 %, ce n’est pas rien !) auraient aimé pouvoir discriminer à l’embauche selon l’origine en excluant les candidats de type non européen. Preuve s’il en est que l’africanisation de ces métiers n’est pas inéluctable.

    Les particuliers cherchant des aides ménagères ou à domicile se heurtent à la même difficulté d’orientation de leur recrutement. Une difficulté contournée par le personnel offrant ses services et précisant parfois « Français » ou « Dame portugaise ».

    6– L’argument selon lequel « les immigrés font le boulot que les Français ne veulent pas faire » est encore plus faux pour les métiers du contrôle et de la sécurité. Il y a encore 20 à 30 ans, beaucoup de jeunes Français de souche ayant poursuivi des études modestes trouvaient des débouchés comme agents de sécurité. L’idéologie « anti raciste » les a progressivement exclus de ces métiers. Pour une raison simple: en cas de conflit entre un agent de sécurité et une personne contrôlée et refoulée c’est la règle du « deux poids, deux mesures » qui s’applique :

    • l’agent de sécurité européen en conflit avec un Africain ou un Maghrébin sera souvent présumé « raciste » par les médias et les juges.

    • a contrario, c’est le quidam européen en contentieux avec un agent de sécurité africain ou maghrébin qui risquera d’être présumé « raciste ».

    Pour les employeurs, le choix est donc vite fait ! Sans parler du fait que recruter les membres d’une bande de racaille peut servir de police d’assurance…

    Dans ce secteur, il est particulièrement faux de dire qu’on ne trouve pas de Français de souche pour travailler puisqu’ils sont exclus de fait de l’accès à l’emploi !

    7– Ajoutons que les politiques publiques ont pu créer des pénuries artificielles de main d’œuvre : on pense en particulier à la médecine et à la chirurgie dentaire.
    Difficile d’affirmer que personne ne veut être médecin hospitalier ou dentiste, mais le numerus clausus organisé par les gouvernements successifs a créé des pénuries artificielles.

    Recréer une dynamique du travail français

    Voilà qui permet d’affirmer que recréer une dynamique du travail français est possible par un ensemble de mesures :

    • une dissuasion réelle du travail clandestin par un strict contrôle aux frontières et la fermeture administrative des entreprises employant des clandestins ;

    • l’abrogation de la loi Pleven pour rendre aux employeurs le libre choix de leur personnel et recréer un marché d’emploi pour les autochtones ;

    • et ce dans le cadre de la préférence nationale rétablie dans la Constitution ;

    • la révision du code des marchés publics pour y imposer la préférence nationale à l’emploi et la traque des sous-traitants indélicats.

    Cet ensemble des mesures produira mécaniquement une réévaluation de ces métiers (hôtellerie, restauration, sécurité, aides ménagères, aides à la personne, bâtiments/travaux publics) par l’amélioration des conditions et des relations de travail comme par la hausse mécanique des salaires par le jeu de l’offre et de la demande. D’autant que la diminution des coûts sociaux et médicaux du fardeau de l’immigration devrait permettre une baisse des charges sociales.

    Enfin les parcours scolaires devraient accompagner ce mouvement en revalorisant les métiers manuels et de force. Par une réhabilitation de l’apprentissage, de l’enseignement professionnel et de l’exercice physique.

    Jean-Yves Le Gallou (Polémia, 3 novembre 2022)

     

     

     

     

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